Chapitre 6 : Blanche neige et les nombreux nains…

Nouvelle Semaine:

8h, Début des cours.

[PV de Grégory House]

J'avais passé mon week-end à trouver quelque chose pour ces pourritures d'élèves de L. Heureusement pour moi les S et les ES continuaient de venir à mes cours... En même temps ils avaient plutôt intérêt! Ces petits merdeux de L allaient en voir de toutes les couleurs! D'une part je laissais le zéro à Rodgers et secundo j'en avais mis un général le jour où ils avaient tous séché. Eh oui! Comme c'est dommage y'avait "interro surprise ce jour-là!".

Le conseil de classe du second trimestre allait faire mal, moi je vous le dit! Heureusement pour eux, le cours de la semaine avait été annulés et donc, remplacés le lundi matin, première heure. Seulement ils avaient intérêt à être là!

Alors, après ce week-end enrichissant, j'avais débarqué le lundi matin à 8 heures histoire de voir si mes élèves allaient être là cette fois-ci. C'était sans doute la première fois de ma vie que je débarquais à l'heure au lycée. D'ailleurs dans le hall j'avais croisé Cuddy, vu son regard elle était aussi stupéfaite que moi. Pour lui faire comprendre qu'elle était carrément en train de me dévisager, je me plantais là, face à elle en l'imitant outrageusement. Bouche grand ouverte, de gros yeux. Elle leva les yeux au ciel, et je me dirigeais vers ma classe.

Vous voyez ce que ça fait de dévisager les gens de cette façon!

Sans attendre une réponse ni même lui jeter un regard, je continuais à me diriger vers ma salle. Rez-de-chaussée. C'était bien plus pratique que de monter avec ma canne. En arrivant près de ma salle, aucun élève dans le couloir. Bien entendu.

Je me dirigeais alors vers la salle des profs, j'étais trop en avance et je n'avais pas envie d'attendre mes élèves ou qu'ils me voient les attendre. Sur place, je croisais la dessinatrice, le savant fou, et les minorités. Le prof d'espagnol et la noire étaient visiblement en train de parler, mais assez proche quand même pour une simple conversation.

Embrassez-vous qu'on en finisse! Et si vous le faites sur la table, veillez à ne pas foutre le bordel dans mes papiers.

Ils me regardèrent comme si j'avais annoncé que j'étais Dieu. Et je l'étais. Dieu. Mais ça tout le monde semblait l'occulter.

Va te faire foutre gilipollas

Je vous signale qu'ici on est en France, veuillez donc parler la langue de Molière afin que tout le monde puisse comprendre vos insultes. A moins que vous n'ayez pas le cran de les dire en français?

Je ne jetais même pas de regards vers lui, la tête dans mon casier je fouillais afin de trouver ma feuille de présence. Cuddy voulait qu'on surveille les absents? Très bien j'allais, pour la première fois de ma vie, me plier à une de ses exigences débiles.

J'entendais derrière moi la noire calmer l'espagnol. A première vue il était trouillard, il balançait des insultes et faisait mine de vouloir casser la gueule des autres mais c'était juste du cinéma.

Je claquais la porte de mon casier, et me rendais enfin en cours. Pile sur le chemin la cloche s'était mise à sonner. Parfait, j'étais dans le timing. Bien évidemment personne n'était là. Je remplissais donc consciencieusement la feuille d'absence et me rendais vers la permanence. Blondie était là, et les élèves chahutaient. Bien entendu avec la blondasse, ils faisaient ce qu'ils voulaient. Cette nana laissait absolument tout passer.

Oyé Oyé Les élèves de première L, voici le communiqué de vos absences qui sera donc répertorié sur votre bulletin. De plus, je supprime l'heure de colle que je vous avais mise l'autre fois pour vous mettre à tous, un zéro général.

La foule se met à râler.

-h ouais! La dernière fois y'avait une interro surprise, malheureusement vous étiez tous en permanence donc... ZERO COLLECTIF! Comme c'est dommage! Dis-je sarcastiquement. Je vois Torres se lever. Toi la, assis!

Professeur House, ce n'est pas une raison pour être mal poli avec les élèves!

Blondie, occupes-toi de ton cul.

Okay ça suffit! Vous dégager de MA permanence, TOUT DE SUITE!

Une blonde en furie c'est définitivement sexy! On se calme Calamity Jane, j'informe juste mes élèves, qui squattent une salle qui n'est pas la leur.

Maintenant vous les avez informés. Sortez!

C'est à ce moment que Cuddy passe sa tête par la porte.

Madison est ce que je... Qu'est-ce que vous faites là House? Vous savez que les cours n'ont pas lieu en permanence!

Ce sont mes élèves qui sont en permanence, alors pour leur parler j'ai été dans l'obligation de me déplacer. Vous vous rendez compte! C'est scandaleux, ils obligent un infirme à venir jusqu'à eux!

Très bien. Je n'avais pas envie de me mêler de vos affaires, mais Mademoiselle Queller n'a rien à faire dans tout ça. Alors tous les élèves de Monsieur House se lèvent et le suivent dans leur salle de cours.

Pendant que tout le monde se lève pour Danette, je les regarde avec un air victorieux. Quoi que, un peu contrarié tout de même parce qu'ils écoutent Cuddy alors que ça fait 2 fois que je viens les chercher sans succès.

Pour une fois qu'il est là à une heure aussi matinale dit Cuddy à blondie non sans me quitter du regard. Profitons-en!

Puis, elle partit comme elle était entrée et je pu enfin faire mon cours. Quoi que, non en fait... Une fois installé dans la classe j'avais demandé le silence, et à ce que tout le monde mette la tête dans ses bras pour passer l'heure à attendre la fin du cours. Je n'allais quand même pas bosser à cette heure indécente!

(...)

Même jour, après l'incident en permanence:

Lundi, 10h25:

[PV de Madison Queller]

J'avançais telle une furie vers la classe de Kate. Ne prenant même pas la peine de frapper à la porte (qui était déjà ouverte, de plus) je déboulais en pleins cours et lui balançais la première chose que j'avais dans la main : Le cahier de texte que ses élèves avaient oublié de prendre devant la salle des pions.

-ON MAIS TU TE FOUS DE MA GUEULE?!

Kate avait dû me voir arriver, et elle se décala de justesse pour ne pas se prendre le cahier dans la figure. Les élèves s'étaient tous redressés avec surprise, mais je ne leur accordais aucun regard.

Kate était face au tableau, la main en l'air avec une craie... Elle devait probablement écrire quelque chose, mais là, elle restait figée en me regardant d'un air ébahit. Elle posa doucement sa craie, alors que j'enchaînais.

TU CROYAIS VRAIMENT QUE JE N'ALLAIS PAS M'EN RENDRE COMPTE?! TU M'AS PRIS POUR UNE PUTAIN DE BLONDE SANS CERVELLE OU QUOI?!

Kate se dirigea vers moi d'un pas décidé, mais ça ne faisait pas flancher ma colère du moment. Elle jeta un rapide coup d'œil à ses élèves.

Phoebe, tu continues je reviens.

La petite Buffay ne semblait pas vraiment continuer sur sa lancée, nous fixant. Mais je n'eus pas le temps d'en voir plus, Kate m'agrippait le bras fermement pour m'éloigner de sa classe et m'embarquer vers un coin plus tranquille : Les toilettes désertes du 2ème étage.

Non mais ça ne va pas?! C'est quoi ton problème! Tu te rends compte que tu me hurles dessus devant toute ma classe?! Et que tu balances en plus des insultes?!

Comme si ils n'en avaient jamais entendu avant ! Certains puritains peut-être et encore...

Notre petite promenade m'avait calmé quelque peu et le fait de parler d'autre chose m'avait fait oublier quelques secondes mon but ultime.

On s'en fout Madison! T'as pas à débarquer comme ça et à me balancer un putain de cahier de texte dans la figure devant mes ÉLÈVES!

Et toi, tu n'avais qu'à pas dire à Hadley de me draguer ouvertement parce qu'elle avait le champ libre!

Que... Quoi?!

Ne fais pas ton innocente! Pitié, pas de ça avec moi... Ça, ça marche avec ton père! Putain mais pourquoi tu t'es mêlée de ma vie sentimentale ?! Pourquoi le faire avec ma supérieure, MA SUPÉRIEURE KATE!

Je ne lui ai jamais dit de te draguer! Tu divagues carrément!

Je croisais les bras, en soupirant d'agacement.

La grande Katherine Beckett, la plus grosse menteuse de tous les temps. C'est bon, pas la peine, Remy m'a TOUT RACONTÉ!

Remy? me dit-elle en arquant un sourcil, Parce que... Vous en êtes aux prénoms maintenant?

Et là, ma colère retomba aussi sec. Des images de moi et Remy nues dans mon lit dansaient devants mes yeux.

Heu...

OH MON DIEU! Cria Kate en voyant mon attitude changer littéralement. Elle avait compris. MADISON GRACE QUELLER!

- CHUUUUTTT! Je m'étais approchée d'elle en la secouant par le bras. Pas la peine qu'elle hurle, ça raisonnait déjà assez dans ces fichues toilettes.

Tu as couché avec Remy Hadley?! dit-elle en chuchotant super fort.

En ce moment même je la détestais. Elle me connaissait beaucoup trop. Ma posture, ma façon de réagir…. J'avais couché avec trop de mecs durant mes années lycée et mon comportement ne changeait jamais lorsqu'elle essayait de le savoir.

Heu... Non? Bien sûr... qui j'essayais de convaincre là?

J'y crois pas... Tu as COUCHÉ avec elle!

Je ne savais pas comment interpréter ses paroles, je n'étais pas sûre de voir de l'agacement ou de la joie, ou je ne sais quelle chose qui aurait pu me permettre de répondre.

C'était comment?

Okay, elle se foutait de ma gueule. J'avais cru qu'elle le prendrait mal. Mais je ne voulais pas vraiment le croire, et en fait... Elle le prenait pas mal du tout.

N'essayes pas de m'embobiner! Pourquoi tu lui as dit tout ça? Pourquoi tu me faisais dires toutes ces choses à double sens pour qu'elle croit que j'avais des vues sur elle?

Tout ce que je vois, c'est que mes efforts ont été récompensés, on dirait. T'es radieuse!

Tu... Je lui tapais le bras avec un air faussement outrée. HEY! Arrêtes de te foutre de ma gueule! Répond plutôt à ma question.

Je ne sais pas... Je te voyais juste t'enfoncer dans des relations sans lendemain : Tu cherchais le type parfait mais tu tombais toujours sur des loosers. Et au final c'était moi qui te récupérais en morceaux... Je me suis dit après tout... Pourquoi ne pas essayer autre chose? Remy n'est pas tyrannique ou méchante que je sache. Et puis...

Court silence, pendant ce temps j'essayais d'imprimer ce que tout ça signifiait.

J'arrive pas à y croire t'as couché avec elle seulement après le second dîner! Remarque il t'a fallu plus de deux semaines avant de lui sauter dessus, ce qui est toujours mieux que certains mecs qui ne passent même par le stade du premier dîner.

Je lui lançais de nouveau un regard outré.

Ose me dire que ce n'est pas vrai. Ajoutait-elle

Je haussais les épaules sachant pertinemment qu'elle avait raison. Ouais mais tout de même t'avais pas à faire ça! Ma mère s'en chargeait déjà très bien avant toi et ça me gonflait tout autant!

Elle se mit à rire légèrement, elle savait de quoi je voulais parler.

Et donc... Ta première fois avec une nana…?

Ta gueule.

(...)

Quelques Minutes plutôt…

[PV de Kate Beckett]

Classe d'Eco-Droit avec les 1ère 3ES

Le Lundi Matin, 10h

Je venais tout juste d'ouvrir la porte de ma salle de cours, et anticipait déjà le brouhaha de mes élèves :

On s'installe en silence s'il vous plait, lançais-je tout en gagnant mon bureau sur la petite estrade.

Je posais ma mallette sur le bureau et l'ouvrit pour prendre possession des copies de devoirs que j'avais donné le vendredi précédent et que j'avais récupéré à la fin de l'heure de cours pour les corriger durant le week-end.

D'ailleurs en parlant du week-end, je l'avais passé à ne rien faire ! Enfin si, j'avais des trucs, mais...comment dire, je n'avais pas vraiment eu l'envie de bosser. Et ça s'était fait sentir : J'avais passé mon vendredi à zapper sur les chaînes télévisées pour me plaindre du programme avant de finalement appeler Lanie pour lui demander si un ciné l'intéressait. Elle m'avait alors fait comprendre qu'elle avait prévu de passer la soirée avec quelqu'un et donc qu'elle n'était pas disponible mais qu'on pouvait remettre ça au lendemain, mais je lui avait dit de passer une bonne soirée et de laisser tomber pour le samedi parce que j'avais prévu autre chose moi aussi.

Finalement, j'étais partie au cinéma toute seule. J'étais ensuite rentrée chez moi, et avait fini ma soirée à parler à Madison sur le net, jusqu'à pas d'heure. Comme d'habitude, on parlait de tout et rien et on n'avait pas fait gaffe à l'heure; j'avais cherché à en savoir un peu plus sur son programme du week-end et sur son futur rendez-vous avec Rémy, mais tout en restant la plus discrète et la plus vague possible sur ma curiosité mal placée. On avait aussi parlé de Castle et de son comportement bizarre depuis environ une semaine. Je lui avais signalé que je trouvais Rick légèrement distant en ce moment, et moins bavard...En réalité, je n'avais pas osé dire à Madison que ce qui me laissait croire que quelque chose n'allait pas, c'était parce qu'il ne m'apportait plus de café lors des habituels matins où on a cours tous les deux au même étage et à la même heure...Si je lui avais parlé de ça, elle aurait encore cherché à interpréter cette histoire de café. Alors je me suis abstenue...

Enfin bref, la nuit sur le net ne m'avait pas aidé à être plus active le lendemain, je m'étais levée tard, et avais décidé à corriger mes copies que le samedi après-midi, avant de me rendre chez mon père en début de soirée, pour dîner avec lui. J'avais repris la suite de mes copies le dimanche et finalement, n'avais pas vraiment profité de mon week-end.

Mes élèves s'installèrent lentement, pas plus pressés que moi de démarrer la journée - en même temps c'est normal, on est lundi - et j'allais d'ici quelques secondes leur faire regretter de s'être réveillés ce matin.

Bien ! Bonjour tout le monde, j'espère que votre week-end a été tout aussi enrichissant que le mien, dis-je ironiquement. J'espère que vous en avez bien profité et surtout, que les deux premières heures de la journée vous ont bien réveillé parce que...d'ici quelques minutes, vous allez déchanter.

Ça c'était dit. Pas de cadeau ! Après tout, eux même ne m'avait pas épargné avec leurs copies. J'enchaînais ensuite par :

Deux choses avant de commencer. La première : Le proviseur Cuddy passera tout à l'heure pour annoncer l'arrivée d'un nouvel élève dans votre classe… Il arrive avec quelques semaines de retard, mais je compte sur vous pour lui réserver un accueil chaleureux ! Il est difficile d'arriver dans un nouveau lycée, et de s'intégrer dans des groupes d'élèves déjà formés, alors… Un peu de compassion, ce n'est pas trop demandé !

Oui parce que, j'ai oublié de le stipuler mais, dans l'après-midi de Samedi, pendant ma correction de copies, Lisa Cuddy m'avait appelé pour me parler de ce nouvel élève que j'allais devoir récupérer. Apparemment il était survenu un évènement tragique dans sa famille, mais la proviseure ne m'en avait pas dit plus que cela. Elle préférait attendre ce lundi pour m'en dire davantage, avec la compagnie de la tante de l'élève en question. J'avais rendez-vous au bureau de Cuddy juste après mon cours normalement.

La deuxième chose, mais non la moindre : vous savez que vous avez des épreuves anticipées cette année, n'est-ce pas ?! Non parce qu'en corrigeant vos copies ce week-end, je me suis demandée à qui j'avais à faire : A des lycéens préparant leur examen, ou à des élèves de CM2 qui n'ont jamais eu de cours d'économie ?!

J'entendais déjà certains soufflé par désespoir et je profitais de ce moment pour descendre de l'estrade et de passer dans les rangs, d'un pas lent tout en continuant de m'adresser à eux.

Alors je sais ce que vous pensez : " FAIS CHIER la prof, elle commence déjà à nous prendre la tête avec les examens de fin d'années alors qu'on vient à peine de commencer notre rentrée !" - ou encore - " Cause toujours, tu m'intéresses" - ou bien - "Parles à mon ffiiiuuu (**sifflement de censure**), ma tête est malade..." – et enfin " Qu'est-ce qu'on mange ce midi au self ?" parce y'en a toujours un qui se pose jamais les bonnes questions... Tout en énonçant les diverses pensées possible, j'avais pu entendre quelques gloussement et rires... Soit parce que j'étais la seule à imager que ces pensées étaient effectivement possible, soit parce que je les avais clairement griller tous autant qu'ils étaient. Je penchais pour la deuxième option. Bref, ça vous barbe, je le conçois ! Mais faut être réaliste : c'est maintenant ou jamais qu'il faut se bouger, qu'il faut retirer ses œillères, qu'il faut se sortir les doigts du...

Oh-là ! J'oublie à qui je parle parfois. Je me suis coupée dans mon élan à temps...enfin non peut-être pas, je crois que même si je n'ai pas fini ma phrase, ils ont très bien compris ce que j'allais dire ! Il suffisait de voir leur tête en cet instant. Et les nouveaux rires en disaient long également. Bon, bah tant pis !

BREF ! Vous m'avez compris, plus vite vous vous mettrez à bosser, moins vous en aurez à rattraper en fin d'année. Sur ce, je vais vous achevez en vous rendant vos copies et je ...

Pas le temps d'ajouter quoique ce soit, on frappait à la porte...Sans doute Cuddy et le nouvel élève. BINGO !

Cuddy pénétrait dans la salle et saluait la classe, toute la classe se levant pour clamer un bonjour à l'unisson comme réponse...

Bonjour Mademoiselle Beckett, je vous amène votre nouvel élève, comme convenu...

La proviseure avançait pour monter l'estrade tout en prenant le jeune homme par l'épaule pour le guider au centre de la pièce, tandis que je revenais de ma petite promenade le long des rangs pour les rejoindre vers mon bureau. Une fois bien à la vue de tous, Cuddy présenta l'élève :

Il s'appelle Tim Riggins, et a récemment déménagé - lança-t-elle à l'attention des élèves puis ajouta : Alors je compte sur vous pour le guider, et l'accompagner dans sa scolarité.

Elle se tourna ensuite vers moi pour que je prenne rapidement le relai. Je regardais alors le nouvel élève avec un sourire pour tenter de le rassurer :

Tu es tombé sur la bonne classe, tu ne le regretteras pas...

C'n'est pas ce que vous disiez tout à l'heure M'dame ! m'interrompit alors Chandler Bing, un de mes élèves.

Non, tout à l'heure je faisais allusion à vos notes désastreuses ainsi que de votre manque de travail; je ne remettais cependant pas en cause votre bonne conduite sociale. Mais apparemment, je peux faire une exception te concernant Chandler ?!

Il secoua alors la tête alors que certains élèves se mettaient à glousser...Je repris alors mon attention sur le nouveau lycéen et en lui indiquant une place, et déclarais :

Tu peux t'installer juste là, au deuxième rang, à côté de Jason. On n'avait pas encore commencé le cours, j'allais leur rendre leurs copies et entamer une correction collective.

Je le fixais, et il restait là. Ce n'est qu'après une ou deux secondes qui m'ont paru être des minutes que le jeune homme se décida enfin à suivre ma directive. Et alors que je l'observais prendre place, je fus soudain frappé par son regard qui croisa le mien. Je ne savais pas trop quoi penser de ce ressenti...de ce regard. Cette détresse dans les yeux… A moins qu'il ne s'agisse finalement de fatalité ?! Je ne sais pas...Toujours est-il que ce regard m'était familier mais je n'arrivais pas à savoir d'où, ni pourquoi...

C'est le proviseur Cuddy qui me ramena à la réalité et me sortit de mon questionnement pour m'annoncer qu'elle partait.

Melle Beckett, on se voit dans mon bureau après le cours, n'oubliez pas.

Oui c'est noté !

Bien...bonne journée jeunes gens et rappelez-vous : je compte sur vous pour accueillir votre camarade comme il se doit.

Les élèves saluèrent la proviseure qui était reparti sans fermer la porte, puis commencèrent à bavasser entre eux sur l'événement qui vient de se produire...il fallait les rappeler à l'ordre.

Hey Oh ! Je crois que vous oubliez où on en était là...Alors on se tait, et on se concentre ! Je vous rends vos copies, ça aura au moins l'avantage de vous calmer un peu.

Je passais alors de rang en rang pour rendre les copies et une fois devant le nouvel élève je lui lançais :

Tim, c'est bien ça ?! Dis-je sans attendre sa réponse. Tu n'auras qu'à suivre les exercices via la copie de ton voisin, et tu prendras les notes de la correction. Ce devoir n'avait pour but que de revoir les bases apprises au cours de l'année dernière, alors ce sera un bon moyen pour toi de revoir les notions et de savoir où on en est dans le programme de tes camarades.

Encore une fois, son regard me fixait sans sourciller, et le même ressenti que tout à l'heure me frappait de nouveau. C'est assez déstabilisant en soi ! A tel point que mon ambition, de vouloir commenter sur les copies de mes élèves au fur et à mesure que je leur donnais leur copie, s'était envolée...Il m'avait tout simplement coupé dans mon élan.

Cinq minutes plus tard, on enchaînait la correction, directement au tableau, et tout se faisait le plus calmement du monde...jusqu'à ce que déboule une tornade imprévue. Madison Queller.

Tout s'était enchaîné très vite : Son entrée, le cahier de présence que j'avais vu de très près d'ailleurs...

NON MAIS TU TE FOUS DE MA GUEULE?!

Je m'étais décalée de justesse pour ne pas se prendre le cahier dans la figure et je venais de me découvrir une agilité surprenante, un réflexe hallucinant. Les élèves s'étaient tous redressés avec surprise, et moi j'étais face au tableau, la main en l'air avec une craie...C'est pas du tout comme ça que j'avais imaginé ma séance de correction de devoirs. Je restais figée en la regardant d'un air ébahi. Je posais doucement ma craie, parce que j'avais appris une chose en regardant des reportages animaliers à la télé : Il ne faut surtout pas exciter la bête ! Toujours avoir un geste lent et non agressif...

TU CROYAIS VRAIMENT QUE JE N'ALLAIS PAS M'EN RENDRE COMPTE?! TU M'AS PRIS POUR UNE PUTAIN DE BLONDE SANS CERVELLE OU QUOI?!

Non, hey oh, là elle abuse ! Moi je me fais chier à me couper dans mes mots plus ou moins grossiers, et elle, elle se laisse carrément aller ! Bête sauvage ou pas, il fallait la calmer la bougre ! Je me dirigeais alors vers elle d'un pas décidé, jetais un rapide coup d'œil à mes élèves puis dis :

Phoebe, tu continues s'il te plaît ?! Je reviens.

Je sortie alors très vite de la salle de cours pour embarquer Madison. Quant à mes élèves eh bien...

Elle avait raison quand elle t'a dit que t'étais bien tombé dans cette classe, déclara Jason Stackhouse à son nouveau voisin de Table, Tim Riggins. Tu ne le regretteras pas ! Concluait-t-il avec une pointe d'ironie avant de rire discrètement.

Même Jour (Lundi), 12h10:

[PV Kate Beckett]

Après le cours d'Eco-Droit de 10h

La pause déjeuner avait sonné et pendant que mes élèves se précipitaient vers la sortie, moi j'empilais mes affaires au centre du bureau, comme un jeu de LEGO, pour pouvoir tout récupérer d'un bras. C'est ainsi que je suivais le même chemin de mes élèves, un bras chargé, l'autre libre avec la clé en main pour pouvoir fermer la porte derrière moi. Je tournais le dos au couloir et n'avais pas vu que seul une élève n'avait pas suivi le troupeau : Tim, le petit nouveau. Et là, en me retournant, je compris qu'il m'attendait parce que lui aussi avait dû être convié au Rendez-vous chez Cuddy, lui aussi.

Il restait là planté, sans rien dire, impassible... Quant à moi, je ne saurais décrire ce que je ressentais en sa présence. Peut-être un mélange entre le malaise et une familiarité dans ce qu'il dégage. Je tentais alors de briser son silence.

Tu penses que ta tante est arrivée pour le rendez-vous ?

Il restait muet et se contentait de hausser les épaules. Bon c'était déjà ça, non ?! D'un signe de tête, je lui montrais alors le chemin et l'incitais à me suivre ce qu'il fit sans rechigner. Nous marchions donc côte à côte et nous approchions de l'escalier principal pour descendre. Je profitais de l'instant pour l'observer du coin de l'œil. Ce garçon n'avait pas l'air d'un gamin...il avait l'air d'un jeune homme ! Ce qui induisait qu'il vivait encore son adolescence, c'était ses fringues...et voire même sa coupe de cheveux. Quoique, les cheveux mi-longs et le côté rebelle, certains trentenaire l'adoptaient encore sans pour autant qu'on les prenne pour des adolescents.

Quoiqu'il en soit, fringues et cheveux mis à part, c'était sa physionomie qui me faisait douter...et je ne pus m'empêcher de lui demander son âge.

T'as quel âge déjà ?!

Il ne me répondit pas, restant faussement concentré sur les marches qu'on descendait. Il me faisait quoi là ?! Il jouait au roi du silence ? Non ! Il essaye peut-être de me faire comprendre qu'il ne parle pas aux profs, côté rebelle oblige ! Rebelle ou pas, j'l'ai été avant lui et son petit numéro je le connaissais par cœur. Du coup, c'était avec une indifférence simulée que je lui fis comprendre que je m'en foutais royalement.

Ok, tu préfères ne pas répondre, j'm'en fiche. Je n'ai pas besoin que tu ouvres la bouche pour savoir, j'aurais juste à regarder ton dossier scolaire, et me faire un avis sur toi uniquement par le biais de simple papiers administratifs, remplis de remarques de professeurs… Si c'est ce que tu souhaites après tout, Ca m'est égal. Si je te demande, c'est juste pour faire la conversation…

Toujours pas de réponse, et c'était moi qui haussais les épaules maintenant alors qu'on entamait la deuxième série de marches.

Et puis je n'aime pas bavarder avec les élèves, ajoutais-je, c'est une perte de temps, ça ne m'apporte rien ! donc t'as raison, reste muet ça m'arrange…

Il se décidait enfin à lâcher les marches du regard, pour tourner la tête vers moi : Il ne parlait pas pour autant mais ma phrase avait l'air d'avoir fait son effet. Il fronçait les sourcils, légèrement étonné par ma remarque.

Nous avions descendu toutes les marches et entamions notre route vers le hall principal où se trouvait l'accueil de la conciergerie, le secrétariat, le service compta...et dans un coin du hall, bien à l'abri du brouhaha du lycée, se trouvaient le bureau de la direction.

Sur les 15-20 mètres qui nous restaient à faire, je n'avais pas dit un mot. Après tout je venais de lui dire que je n'avais pas envie de taper la causette alors, malaise ou non, autant y aller jusqu'au bout. On était enfin face à la porte du bureau de Cuddy ; j'allais me mettre à frapper quand je sentis Tim s'installer sur une des chaises derrière nous. Je me tournais vers lui, et d'un air concerné, je l'interrogeais du regard :

Je ne rentre pas tout de suite, m'avait-il dit, ayant de ce fait très bien compris mon questionnement silencieux. Et j'avais enfin pu entendre sa voix…

Pourquoi ça ?!

Parce que ma tante me l'a demandé ce matin… répondit-il simplement

Il exécutait donc sans broncher ?! Le problème c'est : pourquoi sa tante lui avait-elle demandé de ne pas venir tout de suite à l'entretien. J'haussais une nouvelle fois les épaules, sans chercher à comprendre, et m'apprêtait à nouveau à frapper à la porte quand…

17. Déclara-t-il sans crier gare. Je tournais ma tête vers lui, et il se répéta : 17... J'ai 17ans.

Je lui souriais gentiment comprenant qu'il répondait à ma première question certes, mais aussi qu'il semblait accepter de me parler...bon signe, étant donné le phénomène. Quelques secondes plus tard, j'entrais dans le bureau de Cuddy.

A l'intérieur, une femme était déjà présente sur les lieux avec la proviseure. Sans se lever, elle tourna la tête vers moi et me gratifia d'un sourire tandis que Cuddy me désignait la chaise vacante à côté de cette femme. De son rôle de directrice, Lisa Cuddy fit les présentations.

Laissez-moi vous présenter Mme Kitsch, la tante de Tim Riggins, votre nouvel élève, dit-elle à mon attention. Mme Kitsch, voici Katherine Beckett, professeure d'Eco-Droit au sein de l'établissement mais également professeure principale de votre neveu. C'est avec elle qu'il faudra s'entretenir des éventuelles complications familiales pour Tim.

Ah, voilà qu'on entrait très vite dans le vif du sujet, mais sans en dire assez à mon goût. C'est pourquoi j'étais intervenu :

"Complications ?" demandais-je comme pour obtenir un complément d'informations.

Cuddy pencha la tête en me regardant, et ses yeux ronds me laissaient entendre que je posais une question idiote. Je pouvais lire dans son regard "Ça me semble évident qu'il y en aient" sauf que moi, on ne m'avait pas expliqué grand-chose mis à part le fait que j'allais récupérer un élève qui a dû changer d'école. Alors je tentais de mieux reposer ma question.

Je veux dire...'complications', c'est vaste comme concept. Un peu de précision, ça m'arrangerait afin d'en savoir plus sur cet élève...et sur les choses pour lesquelles je dois faire attention.

Mme Kitsch baissait le regard pour observer ses mains qu'elle triturait, et c'est Cuddy qui se chargea de me répondre.

La situation n'est pas banale. Tim a perdu sa mère…

Ok...J'ai compris. Cuddy continua : Elle est morte des suites d'une longue maladie. C'était il y a un an. Tim et son père ont dû vivre tous les deux durant les 5 mois qui ont suivi, mais Jack Riggins a très mal supporté la mort de sa femme au point de se laisser aller et d'être incapable de s'occuper de son fils. Mme Kitsch a estimé que la situation n'était pas saine pour son neveu et a donc décidé de prendre Tim avec elle et d'en être la responsable légale jusqu'à la majorité du jeune homme.

J'écoutais attentivement Cuddy et comprenait maintenant pourquoi le regard de ce jeune homme m'était familier : Il portait en lui une douleur que je ne connaissais que trop. J'étais perdue dans mes pensées et avais donc loupé une bonne partie des informations qui suivirent – celle qui concernait bien évidemment la vie personnelle de la tante - jusqu'à ce que je me reprenne et que l'écho de la voix de Cuddy me ramène à la réalité.

… Et étant donné ce changement de situation familiale et professionnelle de la famille Kitsch, il est évident qu'elle préfère que Tim retourne chez lui et suive une nouvelle scolarité.

Je repensais au parole de Tim juste avant que je n'entre dans le bureau et me décidait à faire partager mon questionnement.

Deux questions. La première, Quel classe a redoublé Tim exactement ?! les deux femmes me regardèrent sans comprendre. Il m'a dit avoir 17ans. Or, on est en début d'année scolaire. En 1ère, on commence en général l'année à 16ans, sauf si on est né en début d'année. donc...a-t-il redoublé ?!

Cette fois-ci c'est la tante de Tim qui prit la parole. Avec une voix qui semblait traduire une certaine culpabilité, elle déclara :

Tim n'a pas redoublé….Lorsque je l'ai pris chez moi, je ne savais pas trop comment m'y prendre avec tout ce qui est administratif. Je n'avais pas d'enfant à l'époque...Je ne me suis pas inquiétée de sa scolarité, préférant d'abord qu'il se ressource chez nous. Et puis…le temps a passé et quand j'ai voulu le remettre au lycée, on m'a signalé qu'il ne restait que deux mois d'école, qu'il était donc préférable de le réinscrire en septembre…

Très bien...mais on est en décembre. Et il en est quoi de ces épreuves du bac anticipées ?

Il n'a pas passez les épreuves, justement parce qu'on m'a dit de l'inscrire pour la rentrée suivante. d'où une nouvelle année en 1ère ici…

J'observais la tante m'expliquer tout ça. Ça me semblait logique mais pourtant, quelque chose en elle me laissait à penser qu'elle ne me disait pas tout. Cependant, je lui laissais le bénéfice du doute plutôt que de l'accabler de questions. Cuddy quant à elle, semblait pleinement satisfaite de cette explication...mais pourquoi Décembre pour l'inscription ?! Et puis il y'a avait cette autre question qui planait pour moi :

Et donc, pourquoi il débarque ici seulement maintenant ?!

Je pensais pouvoir le réinscrire dans le lycée qui m'avait suggéré de l'inscrire cette année….Ce lycée n'était pas loin de chez moi, et surtout c'était le lycée qu'il avait fréquenté avant 'tout ça'...Mais, les choses ont évolué. Aujourd'hui je ne peux plus m'occuper de lui. Je viens d'accoucher de jumeaux, et mon mari a eu quelques soucis professionnels. Nos finances sont à la baisse, et le lycée ou était Tim était un lycée privé. Je ne pouvais pas gérer tout ça.

Ok je comprends mieux….Désolée de vous poser toutes ces questions, mais je veux savoir ce qu'il en est de sa situation pour ne pas faire d'erreur avec votre neveu.

Elle me souriait, apparemment elle ne m'en tenait pas rigueur. Restait enfin ma dernière question. J'allais la poser, mais je vis Mme Kitsch jeter un regard sur sa montre, donnant l'air de devoir écourter le rendez-vous. Je tentai quand même :

Tim est dehors, il attend qu'on vienne le chercher...Il m'a dit que vous lui aviez demandé de ne pas venir tout de suite nous rejoindre, ce matin.

Oui effectivement, je préfère qu'il ne soit pas là pour expliquer tout ça.

Pourquoi ?! il est assez au courant de ce qu'il lui arrive, non ?!

Oui. Mais...Comment dire...parler de sa mère et de la situation familiale, c'est pas encore facile pour lui.

Pourquoi cette réponse ne me convenait-elle pas ?! Pas le temps de chercher à en savoir plus. Mme Kitsch s'excusa, prétextant un emploi du temps très strict, et un autre rendez-vous. Elle nous laissait donc prendre le relais avec son neveu. Cependant...Elle n'oublia pas de déclarer avant de partir :

Tim vit à nouveau avec son père… Mais je reste sa responsable légale aux yeux de la loi. Donc, si jamais il arrivait quelque chose à Tim, ou si vous deviez vous entretenir de son sujet, j'aimerais que vous m'appeliez moi plutôt que Jack.

Cette demande m'étonnait. Elle se débarrassait gentiment du neveu devenu encombrant pour la petite famille, mais elle voulait quand même gérer sa vie ?! Cuddy lui assura qu'elle ferait le nécessaire pour suivre ses directives et faire en sorte que le père ne se manifeste pas.

Quelques dernières paroles de politesse, des mains tendues, et voilà Mme Kitsch qui sortait du bureau, non sans embrasser son neveu au passage, pour ensuite le laisser pénétrer dans le bureau à son tour, pour quelques directives typiquement administrative entre l'école et lui, ses droits, ses devoirs, et le comportement à avoir au sein de l'école. Bref que du blabla, qui ne m'intéressait pas mais que je devais écouter parce que, malgré moi, j'étais sa prof principale ! Je subissais donc en silence, espérant au fond de moi finir très vite parce que la faim commençait à me gagner que je ne voulais pas louper ma pause déjeuné.

[...]

[Même jour, le soir PV Madison Queller]

Eh bien. Pour une journée de merde…C'en est une ! Dimanche avait été trop bizarre. Je veux dire : Je me suis réveillée dans mon pieu. Seule. Avec un mot de la main de Remy m'expliquant qu'elle avait un problème à résoudre avec son frère et donc, qu'elle n'avait pas pu assister au réveille de la belle aux bois dormant…C'était ses mots !

Quant à moi, j'avais passé ma journée à me morfondre de ce que j'avais fait. J'étais trop mal pour en parler à Kate tout de suite ; en fait, j'essayais surtout de cuver et après ça, il était déjà l'heure de manger. Comment j'aurais pu lui parler de ça de toute façon? Ma meilleure amie aurait eu besoin de toutes les cartes en main. Même si je lui avais dit que je m'étais rapprochée de Remy et qu'on s'entendaient bien, Kate n'avait aucune idée de la façon dont ça avait évolué. Enfin si, mais la, ça avait pris un tournant tellement impressionnant que moi même je n'arrivais pas a réaliser.

Un peu plus tard, ma mère avait eu la bonne idée de me téléphoner et de m'accaparer parce qu'elle "était dans le coin". Autant dire que je n'avais pas eu le temps de réfléchir le reste de la journée ! Le lundi matin, après avoir pété un câble contre ma meilleure amie, je m'étais dit que la meilleure chose à faire était d'éviter le "problème" le reste de la journée. Le lycée était grand, le pourcentage pour que je tombe sur Remy était plus que maigre. Sauf que j'avais un peu zappé que son bureau était en face de celui des pions. Putain. Enfin bref, j'avais plus ou moins réussi à l'éviter toute la journée, excepté les deux fois où je l'avais aperçu et dévisagé...et bien évidemment, Remy m'avait grillé et avait surtout compris mon petit manège. Je sais : on peut lire en moins comme dans un livre ouvert. Je n'avais vraiment pas réfléchit à ce que tout ça entraînerait et puis, j'étais complètement paumée. J'espérais juste qu'elle ne l'ait pas encore grillé.

Le reste de la journée avait été plutôt chiant à mourir. C'était mon tour de me taper la tarée !

Le soir, après ma dernière heure de perm, j'avais fermé la porte de la salle des pions et en me retournant, elle était là. Visiblement, elle m'attendait. Merde.

Salut. Dit Remy avec un autre énorme sourire.

Salut. Dis-je en essayant de paraître décontracté.

Je crois qu'il faut qu'on discute. Dit-elle en continuant de me fixer. C'était déloyal, parce que j'étais atrocement mal à l'aise maintenant.

C'est à dire que j'ai plein de trucs à faire en fait, il faut que j'aille voir une amie… Elle a quitté son mec et se sent trop mal. Parce que, soit disant c'était l'homme de sa vie et qu'elle était déjà prête pour l'étape…

Maddie. Me coupa-t-elle en posant sa main sur mon avant-bras. Je me stoppais dans mon discours pour regarder sa main. Sa main... Sur mon bras. Il faut qu'on discute. Continua-t-elle, comme si il n'y avait pas d'autres échappatoires. S'il te plaît ? Son ton semblait un peu plus hésitant vu que je restais la, à la regarder les yeux ronds.

Mais je… Mon amie? Tentais-je.

Elle souffla. Écoutes, c'est important. Si tu penses que consoler ton amie est plus importante que…

Non! La coupais-je. Ne voulant pas qu'elle dise tout haut ses paroles. C'est ok. Je… On va chez toi?

Pas sure que j'arrive à survivre si on discute chez moi. Le lieu du crime était encore trop frais dans ma mémoire.

Et, nous voilà marchant cote à cote vers l'appartement de Remy.

Le froid était mordant, et Remy semblait décider à ne pas me lâcher. Je ne savais vraiment pas quoi faire ni quoi dire. On avait couché ensemble parce qu'on était bourrée. Je ne pouvais pas dire que j'avais détesté cela, ça aurait été un mensonge… Seulement… Maintenant, que pouvait-il se passer?

Avoir une relation avec une femme ne me dérangeait pas, mais elle restait ma supérieure et je la croisais tous les jours au boulot… Ça allait être bizarre ! Elle avait raison, il fallait qu'on en parle. Mon problème était que je ne savais pas quoi dire, quoi penser de notre situation. Est-ce que j'étais prête à rentrer dans une relation avec elle? Non, en fait est-ce que j'étais prête à avoir une relation tout court ? C'était ça, la vraie question ! Comme l'avait si bien dit Kate je tombais toujours sur des connards de première. D'ailleurs le dernier m'avait pas mal refroidie et ça faisait un moment que je n'avais eu personne. Peut-être que c'était la raison pour laquelle j'avais succombé à ma supérieure si facilement ? Je secouais la tête : foutaises! J'en avais envie, voilà tout. J'avais fait comme je faisais souvent : agir sans conséquences…

T'es venue en voiture? Me demanda-t-elle, coupant le silence. Ce n'était pas ce genre de silence pesant, nous étions simplement dans nos pensées… Même si, de mon côté j'étais quand même mal.

Nan, elle ne démarrait pas ce matin. Mon voisin m'a accompagné.

Charmant voisin… Dit-elle. Je rêve ou elle semblait jalouse la? Le mien ne ferait pas ça. Ouais, elle l'est. Et ça me faisais sourire.

Néanmoins, j'essayais de le cacher. Si tu veux on échange hein? Mais tu te taperas aussi les soirées télé « Thalassa » super fort le soir, parce qu'il n'entend rien… Autant dire que s'il mate un film de boules je le grillerais tout de suite. Dis-je avec un petit ricanement. Je lui jetais un regard et me mordais l'intérieur des joues pour ne pas rire de son air soulagé. Satisfaite?

Elle semblait m'avoir grillé et leva les yeux au ciel. T'es pas possible!

C'est vrai que nos petites conversations où on se taclait pour rire m'avait manqué aujourd'hui. Hey, c'est toi qui as commencé! Répliquais-je pour me défendre.

J'ai rien commencé du tout! Se défendit-elle.

Ouais c'est ça, t'étais pas jalouse du tout là, hein?

Elle haussa les épaules alors que nous étions arrivées dans le parking des profs.

Ma voiture est là. Me dit-elle en désignant un vieille Ford. Je te ramène. Ça n'avait pas l'air d'être une question, de toute façon je n'avais pas envie de rentrer à pied. Je montais a la place passager et soupirais de bien être en ne sentant plus ce froid désagréable qui me glaçait la figure. L'air chaud n'allait pas tarder à me réchauffer.

Alors que je retirais mon écharpe, je l'entendis me dire quelque chose. Je me tournais vers elle les sourcils froncés. C'était quoi le problème? N'ayant pas de réponse de ma part elle continua. J'ai besoin de savoir.

Savoir quoi? Je n'étais pas sure de sa question

Ce qu'il va se passer ensuite…

Je soupirais, je pensais que t'allais me le dire.

Madison, dit-elle en gémissant. J'ai besoin de connaître ton point de vue.

Ça voulait dire quoi ça? Que pour elle tout était très clair? Dans quel sens? Je… Je soufflais. Je ne sais pas. Elle me fixait et ça me fis gigoter ; j'étais toujours mal à l'aise qu'elle me regarde si intensément avec son regard azur. Ok, faut que t'arrêtes juste de me fixer comme ça c'est… Déstabilisant, ok ?!

Elle fit un petit sourire et s'excusa.

Je ne sais pas où j'en suis parce que pour moi j'avançais dans une période de célibat… Mon dernier mec n'était pas quelqu'un de… Enfin, pour te la faire courte : il m'a trompé. Plusieurs fois.

Je marquais une pause, essayant de ne pas la regarder. Parce que je savais qu'elle le faisait, je pouvais sentir son regard sur moi.

Ça m'a refroidie et, je ne m'attendais pas à tomber dans une relation aussi vite. D'ailleurs, est-ce qu'on est quelque chose comme… Un couple? Je ne sais pas ce qu'on est ! Avant, je nous aurais qualifié d'amies : Je peux facilement parler avec toi, pas que ça soit difficile avec les gens en général mais… Je marquais une courte pause. Je ne vais pas te dire que j'ai détesté la soirée, ça serait un véritable mensonge… Mais je suis perdue, d'accord? Kate pensait bien faire en nous poussant dans les bras l'une de l'autre mais… Je ne sais pas si je suis prête.

Je m'exclamais d'un coup en la regardant. Pas que je n'ai pas confiance en toi, hein? C'est juste que… C'est nouveau. C'est compliqué aussi. T'es ma supérieure donc…

Oublie ça. Me coupa-t-elle.

Que tu es ma supérieure ? Comment veux-tu que je fasse! On va se croiser tous les jours au travail! Je ne peux pas faire comme si de rien n'était! Je ne sais pas faire ça en plus… Dis-je avec une petite grimace.

J'avais remarqué. Me dit-elle avec un sourire. Mon froncement de sourcils la fit continuer : J'avais compris que tu n'étais pas à l'aise… Toute la journée t'as tout fait pour m'éviter. Je grimaçais en m'excusant. Non mais je comprends! On aurait dû en parler le matin même. J'aurais dû te téléphoner… C'est aussi de ma faute.

Qu'est-ce qu'on fait alors?

Eh bien… Elle se mit à soupirer. Le mieux c'est qu'on ne dise rien au travail : On avance doucement et on fait le point quand tout semble plus clair pour toi… Pour nous.

Ouais, mais entre-temps on fait comment? Je veux dire… On reste amicale, ou on peut aller plus loin? Je ne sais pas pourquoi mais j'avais l'air d'une gamine qui demandait la permission de minuit à ses parents. J'étais pathétique. Elle se mit à rire doucement.

Tu veux déjà qu'on remette ça? Elle se mordit la lèvre inférieure et je sentais mes barrières mentales s'évaporer peu à peu. Insatiable. Souffla-t-elle en s'approchant.

Il ne me fallut pas très longtemps pour combler le vide qui nous séparait. Ce baiser était doux et lent. Je quémandais l'accès à sa bouche rapidement et ne put que laisser échapper un soupire lorsqu'elle entre ouvrit sa bouche avec un sourire.

Au bout de quelques minutes, je m'éloignais juste assez pour reprendre mon souffle. Son front collé au mien je me mis à ouvrir les yeux et à me plonger dans cet océan transparent.

On est des amies avec des sortes de privilèges donc? Demandais-je, ayant un besoin vital de mettre une étiquette sur ce qu'on était vraiment. Même si j'aurais été bien incapable moi-même de décrire notre relation.

Et des sacrés privilèges! me dit-elle avec un sourire carnassier.