Chapitre 11 : explications et problèmes

Vendredi soir 2 jours après la tempête

[PDV Tim]

Depuis le début janvier j'avais intégré un groupe d'aide pour les élèves en difficulté. Pas que j'en ai vraiment besoin, mais c'était toujours mieux que de rentrer le soir et de voir mon père vautré dans le canapé en train de se morfondre. Et puis, j'avais besoin de rattraper un peu le retard depuis la rentrée. Après tout je n'étais là que depuis début Décembre.

Il y avait 2 groupes de terminale encadré par Cosima, Chloé et Scott. Puis deux autres pour le groupe des premières Rory et Clark. Ainsi qu'une fille et un garçon de seconde qui s'occupait des plus jeunes : Rachel et Sam. Ils étaient plutôt sympa et l'ambiance était vraiment au travail, je devais avouer que c'était agréable d'avoir des gens de mon âge qui voulaient réussir. Pas que je déteste les soirées et que je sois vraiment solitaire le nez plongé dans les bouquins… Mais en ce moment parler de ma vie a mes amis ne faisait pas parti du programme. Je n'avais pas envie que tout le monde connaisse mon passé. Avant le décès de ma mère tout allait bien, j'avais passé pratiquement 1 ans dans le chaos par la suite. Depuis, j'ai fini par prendre l'habitude d'être sur la réserve et la défensive. Ça m'a plutôt bien réussi jusque la.

De plus en plus d'élèves s'étaient incrustés a ces cours, début janvier, en voyant que les épreuves du bac approchaient. Je savais que certains profs donnaient des cours particulier en plus, mais je n'avais pas envie d'aller chez un prof. Surtout Castle, il risquait de me poser des questions sur ma vie dont je n'avais pas envie de répondre.

Nous étions 2 par élèves, Clark s'occupait d'Alice et moi… Mais il avait dû laisser tomber les cours du soir a cause de rendez vous réguliers chez le médecin. Il s'était cassé la jambe durant les fêtes, et ça semblait assez sérieux. Alexis s'était donc retrouvée a nous aider a partir de Janvier.

C'était le 5 ème cours que j'avais avec elle. Si au départ j'avais été plutôt distant, connaissant les frasques de son père, je réalisais assez vite qu'elle n'avait rien a voir avec lui. Elle était cultivée et avait eu la possibilité de faire pas mal de choses intéressantes. Lorsque nous parlions du théâtre elle nous avait raconté qu'elle était allé a une représentation du malade imaginaire. Elle nous avait expliqué certains passage et le fait qu'elle comprenait bien mieux le sens des scène pour les avoir vues en vrai. Nous avions ensuite parlé de cinéma et de la différence entre les acteurs de théâtre et du grand écran. Alice avait fini par nous planter la, s'ennuyant fermement. Je me demandais d'ailleurs pourquoi elle venait a ses cours. Elle avait du mal dans tout, ne savait absolument pas analyser et faire une argumentation.

Bonsoir! entendis je. J'étais assis à notre table, j'avais ouvert mon livre de français pour regarder les exercices que l'on devait faire pour demain. Avec la tempête qu'il y avait eu quelques jours plus tôt, les cours et les devoirs avaient rapidement repris…

Elle posa un paquet de feuilles sur la table. Alice n'est pas la? Demandait elle en regardant autour de nous. Nous étions dans une salle du CDI, Cosima et Rachel avaient arrangé les tables de façon à ce que nous soyons que des petits groupes de 2 ou 3.

Elle n'était pas la de la journée. Malade, je crois. Dis je en récupérant les documents. Objet d'étude : Convaincre, persuader, délibérer, dis je à haute voix, lisant le titre du sujet. Aussi passionnant soit ce thème, j'aurais voulu bosser sur mes exercices de français aujourd'hui… On pourrait faire ça la semaine prochaine ? Demandais je en levant les yeux vers elle. Je n'aurais pas le temps de les faires ce soir.

Si tu veux... Dit elle en venant s'asseoir tout en soupirant.

Dure journée? Demandais je en la voyant fermer les yeux.

Juste mon père… Dit elle en me regardant. Il est bizarre depuis quelque jours… J'ai l'impression qu'il prépare un truc… Et ce n'est jamais une bonne nouvelle.

Pourquoi? C'était la première fois qu'elle me parlait de son père, bien sur je savais qui c'était. On révisait le français depuis plusieurs jours ensemble Alice s'était amusée à lui dire qu'elle aurait plus vite fait de voler les copies de son père. Si au départ je ne savais pas qu'ils étaient liés, je l'avais appris a peine le premiers "cours" entamé. J'étais resté méfiant mais je voyais bien qu'elle n'était pas du même genre… Rien à voir avec son père qui m'avait proposé son aide a la fin d'un cours, alors que je n'avais rien demandé.

S'il prépare un truc, peu importe ce que c'est. Tu peux être sur que ça va lui retomber dessus. continua t elle.

Je me mis à sourire légèrement, j'en avais entendu pas mal a mon arrivée ici. Le nom de Castle ressortait dans toutes les bouches et les histoires. Surtout celles les plus délirantes. Et tu ne sais pas de quoi il s'agit, j'imagine? demandais je prudemment, ne sachant pas si elle voulait vraiment en parler.

Ça aurait été génial si mon père se promenait avec une pancarte expliquant le tout dessus mais… Malheureusement non.

De toute façon tant que ça ne retombe pas sur toi… Dis je en posant le document sur lequel on travaillerait probablement la semaine prochaine.

Je préférerais, dès fois. Au moins je saurais à quoi m'en tenir. Elle soupira à nouveau. Bon allez, on se met au travail?

Je souris et décalais mon cahier afin qu'elle puisse voir le thème des exercices. Au bout d'une heure, nous avions déjà fini et j'hésitais à tout ranger pour partir. Je n'avais pas vraiment envie de rentrer "chez moi", surtout qu'il était 17 heures et que mon père était sans doute rentré a la maison.

Alexis rangeait ses affaires et se stoppa dans son geste en me voyant lire le document qu'elle voulait qu'on travaille.

Tu veux qu'on le commence? Me demanda t elle en désignant le devoir d'un geste de la tête.

Je vais essayer de commencer le plan de la disserte mais tu n'es pas obligée de rester pour ça. Dis je en parcourant les questions demandés. Surtout que tu dois être crevée, vous n'aviez pas 2 heures de sport ce matin?

Si, mais ça va. Et puis c'est toujours mieux que de se prendre la tête sur ce que prépare mon père.

Je souris légèrement, elle ne le savait probablement pas mais d'un côté nous avions plus ou moins le même problème. Aucun de nous ne voulait rentrer chez lui pour affronter les problèmes de nos pères.

Au fur et a mesure que les minutes passaient, les élèves sortaient petit à petit. Nous n'étions plus que deux et nous devions quitter le CDI puisque l'établissement allait fermer. Il était 18 heures 30. Après avoir rangé en silence nos affaire puis nous avons marché côte à côte sans parler, jusqu'à la sortie. Le portable d'Alexis sonna et elle souffla de nouveau.

Super. murmura t elle. Elle rangea son téléphone mais je sentais que quelque chose n'allait pas.

Un problème? demandais je en voyant son air contrarié.

Mon père va rentrer tard… Dit elle légèrement agacée.

Nous étions devant la porte d'entrée et j'avais récupéré mon scooter dans le petit parking des élèves juste avant la sortie.

Tu veux que je te ramène? éludant d'autres questions peut être un peu trop personnelle.

Tu devrais probablement rentrer chez toi. Il se fait tard, tes parents vont s'inquiéter. Dit elle avec un sourire rassurant.

Ça m'étonnerais. Grommelais je.

Elle me fixa, sans rien ajouter de plus. Alors d'accord. Elle m'indiqua la rue et je lui tendis un second casque. Elle monta a l'arrière et s'accrocha assez fort a ma veste. Je ne pu m'empêcher de sourire en voyant qu'elle n'avait pas l'air très rassuré mais qu'elle se gardait de tout commentaires.

Je la conduisis plutôt prudemment jusqu'à chez elle, et une fois arrivée, je coupais le moteur et la laissais descendre. Merci. Dit elle en me tendant le casque. Cependant, elle restait plantée là sans rien faire. Est ce que… Tu es aussi tout seul chez toi ce soir? Demanda t elle avec hésitation.

Non, mon père est la. Mais ça ne change pas grand chose. Dis je avec un haussement d'épaules.

Et ta mère? Demanda Alexis toujours hésitante. Elle n'osait pas trop me poser de questions personnelle mais je sentais qu'elle voulait surtout s'assurer de quelque chose. Peut être savait elle ce que c'était d'être seul. Après tout, son père semblait la laisser facilement en tête à tête avec elle même.

Je mis quelques temps avant de répondre. Après tout je ne la connaissais pas depuis très longtemps. J'avais hésité à lui mentir, mais son regard et son timide sourire avait fini par délier ma langue, il faut croire. Elle est décédée l'an dernier.

Oh… Je suis désolée. Dit elle penaude.

Je lui souris, plus pour la forme et commence à ranger son casque dans le coffre. Tu n'y peux rien, dis je avec un sourire compatissant.

Si j'avais su, j'aurais évité d'en parler. Dit elle légèrement mal à l'aise.

Tu ne pouvais pas savoir… Je refermais le coffre et me tournais vers elle. Aucun élèves de l'école ne l'est.

Oh… Ok. Me dit elle avec un hochement de tête. Elle semblait avoir compris ma demande sous entendue.

Et la tienne? Demandais je, ne voulant pas continuer sur le sujet.

Ma mère? demanda Alexis avec un sourire désabusé. Elle doit probablement être avec son nouveau mec sur une plage a Miami. Ou peut être dans un magasin de luxe quelque part à Paris.

Je suis désolé, dis je avec un petit sourire qu'elle me rendit.

Tu ne pouvais pas savoir… Nous nous mîmes à rire légèrement. Ah… La famille. Dit elle avec un soupir.

C'est sur! J'enfilais mon casque, voyant que nous avions fait le tour des conversations possible. Bon, bah je vais y aller…

Ok, passes une bonne soirée! me dit elle avec un dernier sourire. Je montais sur mon scooter tandis qu'elle franchissait la porte de son immeuble.

[...]

Je rangeais mon scooter dans le garage, posant mon casque dessus comme d'habitude. La voiture de mon père était la, preuve qu'il était rentré. Il était tard, mais il se fichait pas mal de mon sort. Tant que j'arrivais à l'heure pour manger et que je préparais le repas tout allait bien.

Une fois passé la porte qui menait dans le couloir je su qu'il y avait quelque chose qui clochait. Je n'arrivais pas tout de suite a mettre le doigt dessus, seul mon odorat reconnu l'odeur. L'alcool. Le couloir empestait et je compris rapidement la cause : une bouteille de vin brisée traînait au sol. Mon père avait pour objectif de ne pas avoir de bouteilles a la maison. Ça faisait parti de ces nombreuses règles de son cercle des "Alcooliques Anonymes".

Je sentis un frisson le long de ma colonne vertébrale. Quelque chose n'allait pas, cette bouteille n'était pas la pour rien. J'avançais alors vers le bruit de la télé dans le salon. La vision qui s'offrait à moi me figea sur place. Mon père était totalement vautré sur le canapé, bouteille en main. Mais le pire était le nombre de cadavre sur la table basse… Il y avait quoi, 5 bouteilles facile.

Qu'est qu'… Qu'est ce… Qu't'as fichu?! Me demanda mon père en me pointant du doigt, la voix pâteuse. Tu… Tu sais com… Combien d'… D'temps que… Qu'j't'attends?!

C'est quoi ça? Demandais je d'un ton dur, désignant les bouteilles vides.

T'occupes! Cria presque mon père. Est ce qu'… Qu'je… Te d'… Demande c'que… C'que t'as fou.. Fichu hein?!

Je bossais. Dis je platement. Je n'osais pas trop m'avancer, je savais ce qui pouvait m'en coûter.

Ouais… Ouais, c'est… c'ça… Il se leva avec difficulté et je me retiens de l'aider. Rester éloigné me permettait d'avoir une meilleur option pour la fuite. Va… Va faire… La bouffe!

Je soufflais d'agacement, sachant que ma soirée était complètement ruinée à présent. Il fallait que je fasse profil bas et que je me taise jusqu'à demain matin. Je trouverais une solution pour demain, je ne pouvais pas partir comme ça. Même si il me dégoûtait en cet instant, je ne pouvais pas le laisser seul.

Eh p'tit con! dit mon père d'une voix forte. Parles… Parles aut'ment a… A ton père! Si mon soupir d'énervement l'agaçait, il ne valait mieux pas que je jette de l'huile sur le feu.

Je préférais ne pas répondre et me dirigeais vers la cuisine. Je faisais cuire mes pâtes tranquillement quand je l'entendis approcher. Je me figeais, cherchant tout de suite le moyen le plus rapide pour fuir. C'était une réaction presque inconsciente que j'avais acquise cette dernière année.

Il se posta a côté de moi et regarda la casserole.

Encore?! Il s'appuyait contre le plan de travail, preuve qu'il était bien alcoolisé et que j'aurais plus de chance pour lui échapper. Il leva le bras et renversa la casserole, je m'écartais a temps avant de voir toute l'eau bouillante se répandre sur la plaque de cuisson et sur le sol. J'veux pas… D'ça! Cria t il en essayant de venir vers moi. Par chance il devait s'appuyer constamment sur les objets autour de lui et ça le ralentissait. Me permettant ainsi de contourner la table et de sortir par la porte sans qu'il ait le temps de m'attraper par le bras, comme il le faisait pour me stopper dans ma fuite. REVIENT LA! Hurla t il alors que je m'emparais de mon sac de cours que j'avais posé dans le couloir. J'ouvris la porte du garage et je le vis apparaître dans le couloir. Il tentait d'avancer le plus vite possible tout en se tenant aux murs.

J'ouvris la porte rapidement et la claquait derrière moi. Pas le temps de fermer à clefs, il fallait que j'ouvre la grosse porte du garage et que je démarre avant qu'il n'ait le temps d'arriver. Je l'entendais hurler des grossièretés derrière la porte close.

Je me précipitais pour ouvrir rapidement la porte du garage et revenais au plus vite vers mon scooter. La porte s'ouvrit alors que je tentais de faire démarrer ma bécane. Mon père se jeta presque sur moi, par chance, j'avais pu faire vrombir le moteur et je m'étais écarté pile à temps. Je me retournais quelques secondes pour voir mon père au sol, il avait relevé la tête et saignait sur une bonne partie du visage. Il devait s'être cassé le nez en tombant.

TIIIIIIIIIIIIIIIIIIMMMMMM! Hurla t il alors que je tournais pour rejoindre la route.

Quelques heures plus tôt [PDV Rick Castle]

Depuis notre dernier baiser dans le gymnase, je n'avais pas pu voir Kate. Je savais qu'elle m'évitait, et la seule fois ou je l'avais croisé en salle des profs elle m'avait salué, l'air de rien. Mais sa posture figée voulait tout dire. Elle faisait comme si de rien était, mais elle n'en pensait pas moins. De mon côté, j'étais déterminé à avoir une conversation avec elle. Certes, ce baiser avait été court, mais elle ne m'avait pas repoussé. J'avais bien senti ses lèvres se mouver contre les miennes, elle ne pouvait plus nier. Ou alors j'avais une sacré imagination…

Sauf que les mots de Madison résonnaient encore. Si sa meilleure amie le savait, il était impossible que Kate se voile autant la face. Elle pouvait se mentir a elle même comme ça, après ce qu'il s'était passé les choses avaient changé. Elle avait dû y penser, peut être… Ce qui pouvait jouer en ma faveur, puisqu'elle avait tout fait pour faire semblant de rien jusqu'à présent. Mais maintenant, moi aussi j'étais plus qu'au courant elle ne pouvait plus reculer et me mentir à nouveau. Surtout que j'avais toujours été très avenant avec elle. Trop sans doute, essayant de lui faire passer un message. Qu'elle ne souhaitait pas recevoir, ou ne pas voir…

Je soufflais un grand coup, face à sa porte ma détermination avait diminué de moitié. Je n'avais pas vraiment réfléchi à ce qu'elle pourrait me répondre, certes, j'avais mon argumentation en tête mais ses réponses je ne les avaient pas…

Je levais le bras et m'apprêtais a frapper a la porte quand celle ci s'ouvrit brusquement. Kate, face à moi prête à sortir, visiblement.

Castle? Dit elle en me dévisageant, ne s'attendant pas à me voir la.

Heu… Bonsoir! Dis je avec un petit sourire d'excuse.

Il y a un problème? Demanda t elle concernée.

Tout dépend de ce que tu entends par problème, éludais je. Après tout c'était un problème de ne pas vouloir en parler, tout dépendait pour qui.

Castle… Fit elle d'une voix traînante. Je m'apprêtais à sortir, donc accouches j'ai pas toute ma soirée.

Sortir pour quoi? Elle leva les yeux au ciel. Je peux t'accompagner si c'est urgent. Proposais je. Enfin, si mon aide peut être requise… Je ne voudrais pas m'imposer, expliquais je poliment.

Comme si ça te dérangeais dit elle en soupirant. J'allais sortir m'acheter deux trois trucs pour ce soir… Je n'ai pas eu le temps de faire les courses ces derniers temps. Avec cette histoire de tempête j'ai perdu du temps dans ma correction et comme Cuddy voulait des rapports détaillés de la soirée, ça m'a retardé.

Je fis une petite grimace sachant très bien de quoi elle voulait parler. Cuddy avait voulu un rapport de tous les profs concernant la soirée au lycée. Vu ce qu'il s'était passé pour Kate et moi notre rapport était plus long que les autres. Tout comme ceux de Maddie et Remy, du moins je le supposais, je ne leur en avais pas parlé.

Finalement, je l'avais aidé a porter ses petites course, ça avait été bizarre nous étions côte à côte en train de flâner dans les rayons a la recherche d'aliments… Un peu comme un vieux couple, et je me surprenais a aimer ça. C'était totalement stupide! Aller faire des courses était tout sauf génial. Oui… sauf que j'avais toujours fait mes courses seul ou avec ma fille, pas avec Kate.

Je n'avais pas pu m'empêcher de critiquer certaines marques qu'elle choisissait, ou même de hausser un sourcil lorsque je la voyais prendre une quantité de pot de glace hallucinante.

Pas de commentaires la dessus, m'avait elle coupé.

Je n'ai rien dit. Dis je en pinçant les lèvres essayant de retenir ma petite pique sarcastique.

C'est majoritairement pour Maddie, quand elle vient squatter à la maison, ne put elle s'empêcher d'argumenter.

Oui, bien sur… Répondis je ironiquement. Elle me tourna le dos, ne voulant pas en dire plus pour s'enfoncer mais de mon côté je n'avais pu m'empêcher de faire un large sourire. Oh oui, faire les courses avec Katherine Beckett était très enrichissant!

Nous étions dans son appartement et rangions les courses. Enfin, j'avais le sac devant moi et je me contentais de lui tendre ce qu'elle me demandait. Au bout de quelques minutes tout était rangés et nous étions installés sur le canapé devant un café. Le silence devenait pesant, peut être uniquement pour moi vu que Kate ne semblait pas vouloir le briser. Se doutait elle de quelque chose? Avait elle comprit la raison de ma venue? Le stress qui m'avait quitté jusqu'à présent refaisait surface.

Je m'assis de façon plus droite et non avachi comme je l'étais, je sentis le regard de Kate sur moi et je tentais de rester calme.

Je crois que nous devons parler de ce qu'il s'est passé. Je l'entendis soupirer et me tournais vers elle en fronçant les sourcils. Je tentais de lire sur son visage un agacement quelconque mais je ne vis que de la lassitude.

Pourquoi. Se contenta t elle de dire. Il n'y a pas grand chose a dire… Soupira t elle tout en fixant son café, prenant bien soin d'éviter mon regard.

Donc, nous allons faire comme si de rien n'était, c'est ça? Je secouais la tête agacé de voir qu'elle fuyait à nouveau. Pourquoi tu ne veux pas l'admettre enfin! M'agaçais je. Je me levais frustré de voir qu'elle resterait probablement borné un long moment.

Admettre quoi?! Dit elle en se levant et en haussant le ton. Il ne s'est strictement rien passé de… Commença t elle.

Oh alors tu veux dire que j'ai inventé ce baiser, que ce n'était pas tes lèvres qui étaient sur les miennes?

Castle soupira t elle. Ce n'était… Qu'un… Moment d'égarement. Dit elle, cherchant ses mots.

Je me retournais violemment pour la regarder avec effarement. Un moment… D'égarement?! Dis je en écarquillant les yeux. Elle baissa les yeux quelques instants, mal a l'aise. J'en profitais pour la pousser dans ses retranchements, après tout je n'avais pas grand chose à perdre. Ou peut être que si, mais j'étais tellement agacé que mes paroles semblaient dépasser mes pensées. Alors j'ai du aussi rêver quand je t'ai sentis répondre à mon baiser… Ou alors tu t'étais sacrément égarée en chemin. Maugréait je.

Je n'ai pas…

Ose me dire que tu n'y a pas répondu. La coupais je en sachant pertinemment qu'elle allait nier. Elle ne répondit pas, se contentant de fermer les yeux pour ensuite les poser sur le tapis. Elle n'osait même pas me regarder en face. C'est quoi ton problème a la fin! m'agaçais je.

Qu'est ce que tu veux que je te dise?! Que j'ai répondu a ton baiser? Très bien, je l'ai fait, et maintenant? Elle était en train de s'énerver d'un coup, sans que je ne comprenne pourquoi. Elle s'était éloignée de moi de quelques pas et s'était retourné vers moi le regard noir.

Je restais immobile, ne m'attendant pas a ce qu'elle explose ainsi. J'avais cru qu'elle se fermerait et qu'elle nierait tout en bloc. Au moins elle ne fuyait pas tout ça, c'était déjà quelque chose. Eh bien… Commençais je en me grattant la nuque. Je pensais que ça changerait peut être quelque chose.

Comme quoi? Dit elle en croisant les bras. Son regard dur, cependant, semblait cacher quelque chose que je n'arrivais pas à définir.

Je ne sais pas, a toi de me le dire.

Pour moi les choses sont clair, il n'y a que toi qui y voit quelque chose d'autre qu'un simple… Moment d'égarement. Dit elle sans se démonter.

Il y avait définitivement quelque chose de louche dans son comportement. Elle ne s'énervait pas comme ça si facilement. Bon, peut être que si, mais pas pour un simple baiser. Et puis, elle semblait prendre un malin plaisir a me torturer avec ces derniers mots. Comme si elle ne voulait pas aller plus loin. Les paroles de Maddie, concernant le fait qu'elle semblait vouloir mettre toutes les personnes un peu trop proche a l'écart me revint en mémoire. Elle voulait m'éloigner et usait de toutes les choses qui pouvait me blesser pour y parvenir. Il fallait que je garde mon sang froid et que je la pousse elle même dans ses retranchements.

Parce que je sais que je ne suis pas le seul à y penser… Malgré tout ce que tu dis, je ne te crois pas. Je m'avançais vers elle, essayant de garder le ton le plus neutre possible.

Elle me regarda quelques secondes, se demandant pourquoi je semblais si facilement retrouver mon calme, puis éloigna le bras que je voulais poser sur son avant bras.

Arrête. Dit elle avec agacement

Kate, dis je d'un voix plus douce. Je ne peux pas le deviner si tu ne me parles pas…

J'ai été très clair Castle. Dit elle d'un voix froide. Je savais qu'elle tentait tout les moyens possible pour m'éloigner mais je continuais d'avancer vers elle pour l'envahir dans son espace personnel. Et ça semblait marcher. Le fait que je ne me démonte pas et que je continuais à vouloir m'approcher, tandis qu'elle s'éloignait, ça semblait lui faire perdre un peu de contenance.

Kate… Il faut que tu me parles. Commençais je alors qu'elle se retrouvait bloquée contre son armoire. Chose qui l'étonna, puisqu'elle ne devait pas se rendre compte qu'elle reculait peu a peu.

Il n'y a rien a dire. Le son de sa voix semblait flancher un peu plus. Je levais une main pour lui relever le menton afin qu'elle me regarde dans les yeux. Ce dialogue silencieux semblait lui faire perdre toute sa fausse colère. Elle détourna les yeux à nouveau. De longues minutes s'écoulèrent avant que j'entende le son de sa voix.

Je ne peux pas… Commença t elle la voix brisée. Ce qui me fendit le cœur.

Tu ne peux pas quoi… J'avais du mal a saisir ou elle voulait en venir. Mais je savais qu'elle avait enfin abandonné l'idée de vouloir me mettre de côté.

Castle, souffla t elle tout en se dégageant de ma main pour tourner la tête. Tu ne comprends pas… Je pensais fortement qu'elle n'allait pas franchement m'aider si elle parlait en mots cryptés, mais je sentais qu'elle était déjà en train de faiblir et de m'avouer ce qu'elle avait au fond du cœur. Je ne peux pas être avec toi. Je fronçais des sourcils ne comprenant pas pourquoi elle en était si sûre.

Quelques secondes passèrent et elle ne semblait pas vouloir m'en dire plus. Pire, elle s'était éloigné a nouveau de moi physiquement. Je ne vois pas pourqu…

Mais parce que je te ferais forcément souffrir! Dit elle en se tournant vers moi agacée. Je sursautais ne m'attendant pas à ce qu'elle me crie dessus, mais la voir si vulnérable était quelque chose dont je n'avais pas l'habitude.

J'avais envie d'enjamber ces quelques mètres qui nous séparaient pour l'enlacer. Comment… Comment tu peux être si sûre de toi?

Regardes autour de toi Rick! Tout ceux a qui je tiens et que j'ai aimé ont souffert… Ma mère, mon père, mes amis…

Je commençais seulement à comprendre ou elle voulait en venir. Je m'approchais d'elle, tant pis si elle se reculait je n'allais pas la lâcher. J'essayerais de trouver les mots justes. Ils s'en sont remis, regardes ton père va bien mieux. Madison t'as pardonné depuis très longtemps, le problème ne vient pas de ces personnes que tu penses avoir, soit disant, fait souffrir Je tentais un geste, lui prenant le bras pour qu'elle lève a nouveau le regard vers moi. Le problème Kate, c'est que tu n'arrives pas a te pardonner. Alors qu'eux ils l'ont fait depuis un long moment déjà.

Je sentais que j'avais probablement cassé un des murs autour de son coeur. J'aurais dû me réjouir de voir qu'elle s'ouvrait a moi, mais son regard embué par les larmes me rendais plus triste qu'autre chose. Je ne pu me résoudre plus longtemps à rester planter là et je vins rapidement l'enlacer. Pour mon plus grand plaisir elle se laissa faire.

S'ils ont réussi à le faire, tu peux le faire aussi. Je la serrais un peu plus dans mes bras et soupirais d'aise en voyant qu'elle s'était mise à m'enlacer aussi. Personne ne va te détester de tourner la page, d'oublier… Elle ne t'en voudra pas de vouloir avancer. continuais je.

Stop. S'il te plait, tait toi. me dit elle d'une voix étouffée à travers mon épaule.

Nous profitons de ce cours moment silencieux à deux. Lorsque nous étions ensemble il y avait toujours quelqu'un du lycée pour nous pourrir nos moments. Soit une personne rentrait dans la pièce, brisant l'instant… Ou alors nous étions trop entourés pour intenter quoi que ce soit.

Les pièces du puzzles prenaient place dans mon esprit peu à peu. D'un côté Kate ne voulait pas oublier, en grande partie à cause de sa mère et d'un autre elle semblait prendre tous les problèmes sur le dos. Comme si tout ce qui avait eu lieux était uniquement de sa faute. Alors quoi? Elle allait s'interdire le bonheur tout simplement parce qu'elle pensait détruire l'autre?

J'aimerais que tu y réfléchisses. Dis je dans un murmure.

Nous restions quelques minutes en silence et enlacés, c'était un nouveau sentiment que je découvrais et que j'appréciais. Ces courts moments au lycée ou même ici n'étais jamais assez pour moi. Je n'avais pas le temps de les savourer.

Au bout de longues minutes, elle s'écarta de moi et tenta de s'éloigner physiquement a nouveau. Kate... Murmurais je tout en lui attrapant le bras, je n'avais pas envie qu'elle rompe ce moment. Elle plongea son regard dans le mien et je sentis que quelque chose commençait a germer dans son esprit. Son regard changeait. J'avais peut être eu les mots justes, du moins je l'espérais.

Je m'approchais alors de son visage, posant ma main contre sa joue. Elle continuait de me fixer les yeux encore luisant sans opposer de résistance, je m'approchais encore plus pour venir l'embrasser doucement. Frôlant ses lèvres, m'enivrant de son parfum. Je souris lorsque je la sentis se presser contre mes lèvres, alors que je tentais uniquement d'imprimer toutes ces sensations.

Son impatience n'était jamais très loin. Rapidement, elle entrouvrit les lèvres pour me donner plus d'accès et je ne me fis pas prier. J'étais en plein rêve éveillé. Un magnifique rêve. Une réalité. Un moment que je ne voulais pas briser.

[PDV de Tim]

Mon scooter fit un bruit étrange et je jetais un coup d'oeil vers la jauge d'essence. Merde. Bien entendu je n'avais pas assez d'argent pour faire le plein. En fait, je n'avais pas assez d'argent pour faire quoi que ce soit. Je soufflais tout en éteignant le contact. Pas la peine d'aggraver la situation en d'être en panne de batterie. Je poussais alors mon deux roues vers un coin plus tranquille et j'attachais la première roue a un poteau. Bon, maintenant qu'est ce que j'allais bien pouvoir faire? Je décidais d'aller m'assoir sur le banc le plus proche, la nuit risquait d'être longue j'appuyais ma tête contre mes mains. Les coudes sur les genoux, les larmes aux yeux je sentais que j'allais flancher en pleine rue… Et ce n'était pas le moment! Hors de question qu'une personne me voit comme ça! Me redressant, je respirais un grand coup et fixais l'immeuble en face. Je fronçais des sourcils en voyant une personne que je connaissais en sortir. En réalité je n'avais jamais été dans cet endroit, j'avais juste traversé la ville en essayant de m'éloigner le plus possible de mon père.

Mon prof de français traversait tranquillement la rue sans me jeter un regard. Non, il fixait quelque chose, ou plutôt quelqu'un a la fenetre. Quelqu'un que je reconnu immédiatement. Ma prof d'économie, Melle Beckett. Elle non plus ne me jetais pas un regard et je fronçais des sourcils, moi qui voulais être transparent je l'étais.

Seulement, mon cerveau avait réfléchi a la situation a toute allure. Si il y avait bien quelqu'un qui pouvait m'aider c'était elle. Castle s'éloigna de la rue et elle resta la a le regarder. Mais, a mon plus grand étonnement, elle ne s'éloigna pas de la fenêtre tout de suite et commença a parcourir la rue du regard. Rapidement, elle me fixa et je sentais qu'elle m'avait reconnu. Elle baissa le rideau et disparue de ma vision. M'avait elle vraiment vu? J'eu la réponse rapidement lorsque je vis la porte d'entrée de son immeuble s'ouvrir. Elle regarda rapidement la rue pour traverser et se dirigea vers moi. Je ne m'étais pas trompé, elle m'avait bien aperçu.

Tim? Me dit elle concernée. Qu'est ce que tu fais ici?

Panne d'essence, dis je simplement en tournant la tête pour lui désigner ma bécane du menton.

Elle suivit mon regard mais le reporta rapidement sur moi sans rien dire. Je soufflais, comprenant qu'elle n'allait pas en rester la. Je n'avais pas vraiment le choix, je ne savais pas trop ou aller. Ma tante habitait trop loin d'ici et je n'avais pas le courage d'aller la déranger a une heure pareille. Quand a mon père, impossible de retourner la bas. Elle s'assit à mes côtés, prêt à attendre la suite.

Je me suis disputer avec mon père. Commençais je tout en fixant son immeuble. Je n'avais pas envie de voir la pitié dans ses yeux. De longues minutes passèrent sans qu'elle ne prononce la moindre chose et ça finissait par me mettre mal a l'aise. J'avais l'impression qu'elle lisait beaucoup trop bien entre les lignes. Qu'elle n'avait pas besoin de mots pour me faire cracher le morceau.

Il a replongé. Dit elle simplement d'un air compatissant. Je ne pu en dire plus, me contentant d'hocher la tête légèrement.

Ça faisait seulement 6 mois. Murmurais je.

Les premiers mois sont les plus difficiles. Je tournais la tête vers elle en fronçant des sourcils. Était elle, elle aussi… ? Mon attitude la fit sourire tristement. Mon père aussi. Ça fait 13 ans maintenant. Les deux premières années ont été très dur. Il a replongé plusieurs fois.

Je détournais le regard tout en soufflant un "Génial", désabusé, je n'étais qu'à seulement 6 mois, j'allais devoir attendre encore 1 an et demi avant que tout soit stabilisé? J'avais mon Bac l'an prochain, je n'allais pas pouvoir faire face a tout ça.

Tu as appelé ta tante? Je secouais la tête face à sa question. Tu as quelqu'un chez qui tu peux dormir, Eric ou Jason par exemple? Je secouais la tête a nouveau. Ou tu vas dormir ce soir? Je haussais les épaules. Toutes ces questions je me les étaient déjà posés et elles n'avaient pas eu de réponses claires. Elle se leva puis se tourna vers moi. Suis moi. Me dit elle simplement. Elle avança vers son immeuble et je me figeais.

Elle semblait avoir compris que je ne la suivais pas et se retourna a nouveau. Il est hors de question que je te laisse dormir dehors. Pour ce soir je t'héberge, on verra demain ok?

C'était probablement la meilleure chose a faire, vivre au jour le jour. C'était ce que j'avais fait durant les 5 mois de cohabitation avec mon père a la mort de ma mère. Nous avons vécu les jours les uns après les autres. Sans un regard vers le futur… Au contraire, il ne faisait que regarder le passé et se lamenter sur ce qu'il avait perdu. Il en oubliait que de mon côté je devais avancer et vivre. J'étais beaucoup trop jeune pour me morfondre sur mon court passé, contrairement à lui.

Je m'étais levé, attrapant mon sac d'une main et l'avait suivi jusque chez elle. Une fois à l'intérieur c'était bizarre. C'était comme si j'étais chez une sorte de célébrité ou un endroit interdit ou je n'aurais jamais du pénétrer. Mais j'étais trop fatigué et mon cerveau était tellement rempli de questions que je n'avais pas trop le temps de faire attention à la décoration ni à l'agencement de son appartement.

Elle fit le tour de l'îlot central alors que je déposais mon sac par terre pour venir m'attabler face à elle.

T'as mangé? me demanda t elle en ouvrant son frigo.

Non, mais c'est bon j'ai pas faim de toute façon. Elle n'allait quand même pas faire la cuisine pour moi, si?

Elle sortit une pizza de son congélateur. Même pas pour une pizza? Me demanda t elle avec un sourire, que je lui rendis. Je hochais la tête.

Si vous me prenez par les sentiments… Commençais je avec un petit sourire. Elle ouvrit le carton et plaça la pizza dans son four. C'était vraiment étrange de la voir agir comme une personne normale. Je savais que les profs avaient une vie mais je n'avais encore jamais eu l'occasion d'en faire plus ou moins parti. C'était vraiment trop déroutant.

Je l'aidais ensuite à mettre la table puis à faire le lit dans la seconde chambre de son appartement. C'était plus un bureau qu'autre chose et j'allais dormir dans le clic clac de la pièce, mais c'était toujours mieux que de trouver le sommeil sous un pont. Nous avons fait tous ces gestes dans le silence le plus total, elle m'avait juste indiqué la salle de bain, les toilettes et avait déposé une serviette, puis nous étions enfin revenus dans la cuisine. L'odeur de pizza était dans l'air et mon ventre gargouillait, ce qui la fit sourire.

Je pense qu'il est temps. Dit elle en ouvrant le four. C'est prêt, installes toi.

Après avoir mangé une part et demi, mon cerveau se remettait en marche et je commençais a me poser pleins de questions. Certaines un peu trop personnelle comme la vue du prof de Français sortant de chez elle en pleine soirée… Et d'autres qui nous concernait. Et que je pouvais poser sans créer de malaise.

Pourquoi vous faites tout ça? demandais je, la question me brûlait trop la langue pour que je la retienne plus longtemps.

Parce que j'aurais aimé qu'on le fasse pour moi a une certaine époque. Dit elle avec un soupir.

Je fronçais des sourcils, elle ne me prenait pas vraiment en pitié. Enfin, au vu de sa façon de me regarder ce n'était clairement pas ça. Elle avait vécu la même chose, mais se pouvait il qu'elle ait dû y faire face seule? Cependant, je n'osais pas trop lui demander, de peur qu'elle commence elle aussi a me poser des questions personnelles. C'était une devise que je m'interdisais. Moins tu demandes, moins on te questionne.

Poses la ta question. Dit elle avec un sourire en coin. Je ne vais pas te manger, j'ai beaucoup mieux. Continua t elle en désignant la part de pizza dans sa main. Je me mit a sourire. Puis je fixais ma part, sachant que ma question risquait probablement de plomber l'ambiance.

Personne n'a été la, pour vous? demandais je sans la regarder.

Au début non. Parce que j'étais trop fière pour admettre que je n'y arrivais pas toute seule. Elle savait, sa voix n'était pas aussi triste que je l'avais pensé. Elle s'était douté de ma question depuis le début. Mais j'étais plus vieille que toi, j'avais 20 ans. Elle marqua une courte pause et j'osais enfin lever les yeux vers elle. Ma mère est décédée en décembre 1999 et mon père s'est mit a boire très rapidement. Au départ ce n'était que quelques verres et ça lui permettait "d'oublier". Mais rapidement, c'est devenu un état constant. Il ne passait pas une seule journée sans boire une goutte d'alcool.

Cette histoire faisait tellement écho a la mienne que je comprenais beaucoup mieux sa réaction vis à vis de mon "cas".

Je n'ai pas su déceler les signes. Au début j'avais essayé de parler avec lui. De lui montrer que ça ne résolvait rien… Et puis j'ai fini par agir, mais beaucoup trop tard. Ensuite ça n'a été qu'une chasse à la bouteille. Je faisais en sorte qu'il n'y en ait plus. Ça ne l'a pas empêché de sortir boire dans les bars. Il m'aura fallu 6 mois pour réaliser que le faire sortir de la maison m'avait probablement beaucoup plus aidé. Au début personne n'était au courant, mais en le voyant totalement ivre mort dans les rues… Ça à vite rendu les choses impossibles pour moi, c'était dur de le cacher aux autres. Les voisins savaient et certains ont même tenté de m'aider. Ce n'est que grâce a eux que j'ai commencé a me tourner vers nos amis. Elle marqua une courte pause, même si nos histoires étaient différentes dans le fond, nous savions ce que l'alcool pouvait faire. Certains étaient aussi démunis que moi d'autres me proposaient de m'héberger le temps que ça se tasse. Mais je ne voulais pas laisser mon père seul. Il nous aura fallu presque 8 mois avant qu'on arrive à le faire rentrer en cure de désintox. Et deux fois plus de temps pour qu'il soit totalement remi.

Après avoir replongé la première fois, comment ça s'est passé?

Il s'en est voulu… Premièrement parce que j'étais en plein examen a ce moment la et que j'avais loupé un maximum de test pour lui. Ensuite parce qu'il s'était rendu compte dans quel état il avait été et ce qu'il était en train de bousiller…

Vous avez loupé vos examens? dis je surpris.

Pas ceux de prof, me répondit elle avec un sourire. J'étais en 1 ème année de Master de Droit. Je voulais faire avocate. Elle marqua une courte pause et fit un fin sourire. J'ai tout plaqué pour faire un Master de management et économie et, devenir prof. Elle se mit a me sourire. Peut être que j'ai eu raison de changer de branche… Après tout quand tu es avocat tu te dois de défendre les conneries de quelqu'un. Alors que quand t'es prof tu essayes d'apprendre aux autres à les éviter.

Vous auriez été une super avocate, dis je avec un sourire. Vu comment elle se démenait pour les cours, je n'en doutais pas.

Probablement… On ne saura jamais vraiment. Puis elle laissa passer quelques secondes. Tu veux une glace en dessert?

Après la pizza? Je la regardais avec de grands yeux. Les filles n'étaient pas censées se bourrer de salade et bannir les glaces et tout autre trucs méga calorique ou je sais pas quoi?

Elle me fit un sourire tout en secouant la tête. Faut arrêter avec les préjugés, c'est ça qui est néfaste pour la santé.

Alors, ok pour une glace. Vous avez quoi? Je me levais pour venir voir dans son congélateur. Une montagne de glace avait pris place et j'haussais les sourcils. Wow… Vous allez vous allez faire une reconversion ou quoi? Ça m'avait échappé. Je n'étais pas du genre a sortir ces phrase la, habituellement je les retenais et je les gardais pour moi.

Elle se mit à rire légèrement. On peut dire ça, j'ai une multitude de grands gamins qui passent à la maison. J'ai trouvé le moyen de les calmer qu'avec ça.

J'avais rapidement compris la référence à Castle. Ou peut être à d'autres profs, mais je ne voyais pas lesquels. D'ailleurs ça me faisait penser qu'il était sortit de chez elle, donc il devait y venir souvent.

Après avoir choisi mon parfum, nous nous installions à nouveau face à nos assiettes. Et, après quelques minutes de silence je décidais de reprendre la parole.

Comment était votre père quand… Il était en manque? Elle releva les yeux vers moi et fronça des sourcils. Je veux dire, quand vous aviez planqué les bouteilles ou qu'il n'en avait plus du tout… Avant qu'il décide de sortir, quoi.

Il était très incohérent, il… Elle semblait fouiller dans sa mémoire et je m'en voulais de lui faire revivre ces instants pénibles. Il me menaçait, la plupart du temps… Et puis il se mettait à pleurer l'instant suivant. En fait, il faisait tout ce qui était possible pour que je flanche et que je lui donne de l'alcool. Intimidation, chantages, menaces…

Il… Est ce qu'il lui est arrivé de s'en prendre à vous physiquement? Ma demande la fit froncer des sourcils et elle me scruta, je ne pu m'empêcher de baisser les yeux.

Il a eu quelques gestes brusques mais jamais… Elle marqua une courte pause. Ton père a déjà levé la main sur toi?

Je savais que je n'aurais jamais du poser cette question, mais toutes ces paroles ressemblaient tellement à ce que je vivais que j'étais presque sûre qu'elle aussi avait déjà vécu ça. Qu'elle ne l'avait pas dit uniquement pour ne pas me mettre mal à l'aise. Ou peut être parce que c'était trop douloureux.

Ma réponse silencieuse la fit continuer. Tim, tu ne peux pas le laisser faire. Ton père est malade, il a besoin d'aide. Si ta simple présence n'est pas suffisante alors tu dois parler. Ne garde pas ça pour toi, tu n'as pas a avoir honte. Contrairement à ton père.

Ma tante ne peux pas me garder. Avec les jumeaux c'est infernal chez elle. Je ne veux pas aller en foyer, j'ai bientôt 18 ans, c'est complètement débile! Je soufflais, tout en m'écartant de la table. Je croisais les bras, voyant qu'elle ne pourrait pas m'aider plus. Mais je n'avais pas le choix pour ce soir, si je partais maintenant j'allais probablement dormir dehors. Pire, elle pouvait très bien appeler la police.

Il y a d'autres moyens. Mais fuir, ou essayer de résoudre tout seul le problème ne sont pas les bons.

Je soufflais, je n'avais pas envie de parler de ça. Le ton de prof qu'elle employait ne me donnait plus envie de me confier. Tout à l'heure j'avais au moins l'impression de parler à une égale. A présent, j'avais l'impression d'être en conseil de classe. Je suis fatigué, je crois que je vais aller me coucher.


J'espère que le passé de Kate colle plus ou moins avec le personnage. Au niveau des dates c'est bon (il me semble) mais pour le reste c'est légèrement freestyle ^^. Court Chapitre, mais il est nécessaire pour la suite!

A vendredi prochain! et profitez bien de ce long week end!

Maia Calista