Cela fait un moment que j'avais le thème en tête... ne m'en jetez pas la pierre. Ici le Comte va sur ses dix-sept ans et donc n'est plus un enfant - on se mariait dès l'âge de quinze ans à l'époque victorienne.


Lessons

Sebastian en eut les yeux ronds - ce qui, il était nécessaire de le souligner, lui arrivait peu.

Avait-il bien saisi la demande, certes bafouillée à voix basse, de son maître ?... Ou s'agissait-il d'un mirage auditif ?... Le démon était pourtant connu pour son ouïe extra-fine.

"Je vous demande pardon, my Lord ?..."

"Tu as parfaitement entendu, Sebastian."

Petit rire presque embarrassé du démon millénaire. "Excusez-moi mais il existe d'autres personnes bien plus qualifiée que moi et qui saur..."

"C'est un ordre, Sebastian."

L'ultime injonction venait de tomber. Et face à elle, le démon ne pouvait cabrer.

Michaelis se contenta d'une grimace amère. Il pratiquait ce fake Earl depuis bien trop longtemps maintenant pour savoir qu'une fois l'idée en place, elle ne quitterait pas sa caboche !

"Yes, my Lord." résigné, main sur la poitrine, légèrement penché en avant.

"Je veux un cours théorique suivi par une mise en pratique."


Sebastian eut bien du mal à accomplir ses tâches domestiques ce jour-là. Et ce n'était pas comme s'il n'avait que le quotidien à gérer ; les noces du Comte approchant, il était très sollicité !... La demande tombait donc très mal. Fort heureusement, les démons de sa condition n'avaient guère besoin de sommeil !...

Le soir venu, Sebastian était fébrile. Gamin, déjà, son jeune Maître était difficile à contenter. Maintenant qu'il avait atteint l'âge adulte, ses demandes n'en demeuraient pas moins complexes à exécuter. Celle-ci en particulier.

Le Comte prit place dans le bureau.

"Bien. Avant toute chose, sachez que cette situation m'embarrasse."

Petit sourire en face. "Voyons. Tu l'étais bien moins lorsque tu t'es affiché avec une prostituée à chaque bras, mon brave Sebastian." faisant référence au comportement inapproprié de son démon de majordome lors d'une enquête. "Pas plus que l'assaut vigoureux que tu as offert à cette jeune nonne pour qu'elle livre des informations.

Fort heureusement, le jeune Maître ignorait la façon dont Sebastian s'était pris avec la dompteuse de fauves nommée Beast !...

Il grimaça.

"Reste factuel."

Sebastian se racla la gorge. "Je me suis permis de... réunir quelques estampes licencieuses afin de demeurer le plus explicite possible. Voici... l'anatomie féminine."

Le Comte fixait l'image sans presque rougir.

"Comme vous pouvez le constater par vous-mêmes, le corps féminin est très différent de celui masculin."

"Continue."

"Aussi exige-t-il un traitement spécifique. Tournez la page, je vous prie."

Cette fois le chaud monta aux oreilles du Comte.

"Voici un sexe féminin."

Le regard du Comte allait de l'image au visage embarrassé de son majordome.

"Ça... ressemble à ça ?..."

"En effet. Ceci n'est que l'aspect extérieur. Les organes de la femme demeurent plutôt internes, exception faite de ceci qui peut être comparé, bien que différent en proportions, au pénis masculin." désignant le petit capuchon de chair sur l'image. "Notre belle époque censure cet organe. Allez savoir pourquoi, les hommes se sentent menacés par sa..."

Le Comte s'était emparé du livre et le tournait dans tous les sens.

"Monsieur. Un peu de tenue, je vous prie." s'irrita Sebastian.

"Et... où... entre-t-on ?..."

La question de la part du Comte empourpré manqua de déclencher l'hilarité de Sebastian.

"Monsieur, nous n'en sommes pas là." sévère.

Le Comte libéra l'ouvrage.

"Considérez ceci comme une fleur. Il est nécessaire d'appliquer quelques règles élémentaires pour voir la fleur ouvrir ses pétales."

"L'analogie est douteuse, Sebastian."

"Ceci doit en effet être manipulé avec beaucoup de persévérance et de tact." désignant l'organe clé du plaisir féminin. "Nous pourrions le comparer à... l'extrémité de notre sexe. Vous sentirez que vous êtes sur la bonne voie en vous fiant à sa capacité à atteindre la rigidité et au souffle de votre partenaire. Vous noterez également que ceci va s'ouvrir et s'humidifier à mesure que vous lui prodiguerez du plaisir. Ainsi, vous pourrez commencer à envisager une pénétration."

"Je pense que nous allons immédiatement passer à la pratique, j'en ai suffisamment entendu." refermant le livre.

"Bien. Dois-je changer de forme ?"

"Serais-tu stupide, Sebastian ? Bien évidemment !... Ce n'est pas un homme que j'épouse après-demain, que je sache !"

Sebastian n'était pas totalement au goût du Comte, même plongé dans un corps féminin.

Les deux êtres disposaient d'un très lourd passif qui les faisaient ressembler à chien et chat.

Les mesquineries étaient de mise entre ces deux esprits forts et aucune vacherie n'était épargnée !...

"Bien." s'installant sur le lit, à côté du jeune Maître. "Tout d'abord l'art des caresses et des baisers. Il s'agit d'un passage obligé, vous n'y couperez pas."

Le Comte grimaça. "Cela m'ennuie déjà à mourir." réprimant un bâillement.

"Young Master !... La situation ne m'amuse pas non plus, figurez-vous."

"Bien. Que dois-je faire ?"

"Vous devez mesurer la pression de vos paumes, rendre agiles vos doigts." initiant le mouvement. "Que vous êtes raide !... Détendez-vous. Commencez par le visage, tout en la flattant de mots tendre et doux."

"Je ne sais pas faire."

"Mettez-y un peu du vôtre, young Master !"

Les caresses étaient hésitantes.

"Je te préférerai blonde."

"Cessez de pinailler, je vous prie. Je ne suis pas ici pour que vous vous entichiez de moi."

"Il n'y a pas de risque." mauvais.

"Votre main ici. L'autre là. Restez concentré et ne nous faites pas perdre notre temps." agacé.

"Du temps, tu en disposes à revendre, démon."

"Silence."

Grands yeux du Comte.

"Plus agiles, les doigts. J'ai l'impression que le râteau du jardinier m'effleure !..."

"Grrr."

"Bon sang, allez-y plus franchement, je ne suis pas en sucre !"

"Je déteste ton grain de peau."

"Ne vous cherchez pas d'excuses bancales !"

"Et il faut que je t'embrasse ? Je n'ai aucune envie de mêler ma salive à la tienne."

Petit rire du démon. "Mais quelle mauvaise foi !..."

"Je ne te permets pas. Rends-toi plus désirable."

"Je vais finir par vous acheter un mannequin à Nina Hopkins et vous laisser vous débrouiller."

"Tu n'oserais pas."

"Ne me provoquez pas, young Master."

Le Comte souffla. "Rien à faire. Je n'y arrive pas."

"Bon. Je vais vous donner l'exemple. Soyez attentif." commençant à caresser les cuisses du Comte. Ce dernier sentit une douce chaleur lui envahir le bassin. "Vous aimez décidément qu'on vous serve mais dans un couple il faut savoir aussi bien donner que recevoir."

La main de Sebastian passa sous la chemise, au niveau du ventre, là où le tumulte se manifestait.

Le Comte commençait à avoir le souffle pris.

Le démon savait diablement y faire !... Des siècles d'observation et de pratique.

Ses doigts et ses paumes, sur la peau vierge du Comte, étaient un délice et une torture à la fois.

Le Comte se mit à geindre. C'est à ce moment que le démon vint clore ses lèvres d'un baiser à la fois ferme et tendre, exigeant.

Le jeune homme sentit son cœur s'emballer. C'était... bon et chaud à la fois. Et puis... il n'avait pas si mauvais goût, au final, ce démon.

Lorsque sa langue s'invita, le Comte eut un mouvement de recul.

"Beurk !" s'essuyant la bouche d'un revers.

Sebastian soupira. "Je m'en passerai volontiers également." attirant le Comte à lui par une main passée dans sa nuque, reprenant là où ils s'étaient arrêtés.

Les pensées du Comte se bousculaient dans sa tête. Sebastian en éprouvait-il du plaisir ?... Difficile à dire au vu de la nature de son corps !... L'animal !...

Le Comte souhaitait s'en assurer et sa main se mit à vagabonder sur la cuisse de sa déterminée partenaire.

Il gagnait en agilité, ce qui soulagea Sebastian dont les reins commençaient à s'agiter.

Il connaissait parfaitement l'anatomie de son Maître pour l'avoir déshabillé et habillé des milliers de fois ainsi que lui donner le bain.

La puberté du Comte avait tardé. Du fait du trauma. Ce n'était que vers la quinzaine qu'il commença à manifester certains caractères masculins. On dut attendre sa dix-septième année pour songer au mariage.

Sebastian appuya la paume contre le renflement de son Maître, flattant là, lui arrachant des geignements crus.

Certes, Elizabeth ne serait guère aussi agile la première nuit - bien que cette demoiselle demeurait capable de surprendre son entourage !... - ceci étant, les couinements délectés du Comte commençaient à faire leur chemin à travers tout le corps de Sebastian.

Il tenait sous les doigts un jeune adulte, les yeux voilés de plaisir, la bouche ouverte pour chercher l'air tandis que ses sens basculaient. Et cela, le diable y était férocement sensible !

Sebastian savait profiter de la moindre occasion pour asseoir sa dominance. Et celle-ci était trop véritablement en or !

"Commencez-vous à apprécier, young Master ?..." de sa voix ordinaire, tranchant diablement sur ses appâts féminin. "Etes-vous atteint de ce vertige comparable à l'ivresse ?..."

"Seb... astian..."

Cela enflait et durcissait à loisir sous l'assaut.

Sebastian jugea ceci suffisant et ouvrit le bouton pour descendre la tirette, rendant ses caresses plus vives encore, main glissée entre les jambes du Comte.

"Mmm... oui... il semble."

"Cess... ngh..."

"Voilà un secret supplémentaire que je ne divulguerai pas."

"Je l'espère... pour... oooooh..." dodelinant de la tête.

"De quoi avez-vous envie, à présent, Master ?... Que je vous prenne tout entier en bouche à la façon de la plus hardie des amantes ?..."

Le souffle emballé du Comte émit un hoquet délecté.

"Ou souhaitez-vous me chevaucher à votre guise ?... ou inversement ?..."

"Sebas... haaaah !..." ayant du mal à contenir les sensations qui étouffaient son jeune corps.

"Contenez-vous, young Master !"

"Je..." doigts crispés sur la tenue de Sebastian.

"Contenez-vous, j'ai dit !" attrapant ses joues en tenaille - un kink que le démon appréciait de tout temps !... "Que penserait Mademoiselle Elizabeth si vous veniez à maculer sa précieuse tenue de noce ?"

"Dé... mon !..." tâchant de reprendre le contrôle des sensations.

"Vous vous devez de demeurer un gentleman jusque sous l'édredon, Master."

Les lèvres de Sebastian courraient dans son cou gracile, faisant circuler les délices et les chatouilles.

"Ngggh... haaah..."

Sebastian venait d'ouvrir la chemise du Comte et ses paumes partaient à l'assaut de cette peau peu habituée aux attouchements.

"Je vous conseille de vous montrer le plus hardi des deux et d'initier la conquête de votre belle. Sans quoi vous passeriez pour un époux d'une mollesse éprouvante." toujours aussi cynique et moqueur.

"La... ferme ! Contente-toi de... haaaaah !"

Il profitait clairement de son avantage, le bougre !...

Le Comte n'était à présent plus que palpitations exacerbées. Son corps frappait, orgasme prêt à déferler.

Sebastian venait de l'extirper, notant à quel point il suintait de délice.

"Vous êtes-vous décidé pour la suite ?..."

"Haaaaaan... nggghhh..."

"My, my. Votre dignité me semble à présent totalement envolée."


"Tu ne m'as rien enseigné du tout, Sebastian."

Le majordome haussa le sourcil. "Vous ne me ferez pas croire une ineptie pareille. Même si vous avez été un élève pitoyable, vous ne ressemblerez point à un jeune chiot pataud face à Mademoiselle Elizabeth le moment venu."

"Grrr. Démon !"

"La réalité viendrait-elle de vous frapper au visage ?"

"Je veux que nous recommencions cette nuit."

"Je vais finir par croire que vous y avez réellement pris goût, n'est-ce pas ?"

"Silence. Je veux... être irréprochable pour Elizabeth."

"Vous l'aimez donc ? Comme ceci est touchant. Ah, l'amour... voilà bien une idiotie dont seuls les humains savent faire preuve."


Sebastian le déshabilla comme à l'ordinaire, lui faisant enfiler cette large chemise de nuit en lin fin, déposant le cache de son œil sur le chevet.

"Viens ici." tapotant la place en bord de lit.

Le majordome s'installa.

"Nous allons peaufiner tout cela."

"L'argenterie m'attend, young Master."

"Je veux te faire geindre de la même façon."

"My, my. Voilà qui me paraît très ambitieux."