Le duo s'arrêta au milieu du village et ils mirent pied à terre. La jeune femme ne savait pas quoi dire ni quoi faire, tous les regards étaient braqués sur elle. Elle était la première blonde qu'ils voyaient sûrement. Un homme s'approcha, et Minerva se douta qu'il était le chef Gaagii. Il était grand, les épaules larges, une musculature encore bien présente malgré le fait qu'il devait avoir entamé la quarantaine. Il échangea quelques mots avec Smith, qui, par chance, parlait Navajo et l'adjoint du shérif regarda Minerva :

-Il est déçu que vous ne soyez que la deuxième femme blanche que le gouvernement leur ait envoyée, mais il est content car vous êtes belle. Il vous demande d'attendre ici, votre futur époux va arriver.

La blonde soupira de soulagement, une autre blanche était là, elle pourrait l'aider à s'intégrer ! Celle-ci arriva d'ailleurs et lui sourit :

-Bonjour, je suis Kate. Contente de voir une compatriote ! D'où tu viens toi ?

-D'un village à côté de Kansas City, et toi ?

-Philadelphie.

-Waouh, tu as dû mettre une éternité pour arriver ici !

-Presque deux semaines de train, et comme toi, quatre jours de cheval pour arriver ici.

-Dis donc tu as eu du courage ! Pourquoi tu es venue toi ?

-Je n'étais pas mariée, j'approchais de 25 ans donc je me suis dit que c'était ma dernière chance car je n'avais pas de prétendant.

-Pourtant tu es très jolie !

-Merci, mais il faut croire que ça ne leur suffisait pas !

La blonde fit la moue et un homme arriva. Il était vraiment très beau, Minerva ne pouvait pas le nier. Gaagii commença à expliquer quelque chose en Navajo et Kate traduisit :

-Il te présente Wakiza, celui qui sera ton mari. Son prénom signifie guerrier déterminé, c'est en effet le plus valeureux guerrier de la tribu. Tu as de la chance, c'est le plus beau parti, toutes les femmes se l'arrachent ! Gaagii voulait sûrement le garder pour une femme d'exception, et il a eu raison. Vos enfants seront magnifiques !

-Depuis combien de temps tu es là toi ?

-Little Wolf a fait sa demande il y a deux ans... je suis là depuis un an et demi. Dès que j'ai entendu la nouvelle j'ai saisi ma chance. Et toi au fait, pourquoi tu es là ?

-Je te raconterai ça plus tard.

La jeune femme hocha la tête, son attention était captivée par ce Wakiza. Il était très grand pour un indien, son corps musclé semblait avoir été taillé dans le roc, ses yeux noirs en amande avaient un côté mystérieux captivant, son nez droit, sa mâchoire carrée et ses lèvres fines complétaient le tableau de ce visage calme mais qui, au fond, semblait prêt à exploser en un clin d'œil. Il avait de longs cheveux noirs comme la nuit, noués en deux fines nattes. Sur son corps musclé, des motifs étaient peint en couleurs vives. L'indien la regardait d'un air impassible, ses bras musclés croisés sur son torse imposant. Si Minerva ne connaissait pas son tempérament fort et indépendant, elle pourrait croire qu'elle avait eu le coup de foudre pour son mari indien. Gaagii sourit et reprit la parole, traduit par Kate :

-Il dit que c'est bien, vous avez l'air de vous plaire. Jamais Wakiza n'a eu l'air aussi captivé par une femme. Ce soir nous célébrerons Hozho Naasha en ton honneur, c'est une cérémonie riche en festivités pour célébrer la culture Navajos. C'est un moyen de montrer que tu fais partie de la tribu à présent. Du fait, la cérémonie de l'union sera aussi effectuée ce soir. Il dit aussi qu'il voit que tu es encore vierge, alors Wakiza attendra que tu sois prête, mais il espère que tu t'offriras ce soir. Il dit que Manitou, le Grand Esprit, a dû plonger lui-même dans les eaux originelles et en extraire la plus belle boue pour te créer car tu es magnifique.

Minerva rougit sous ce compliment et Gaagii la regarda, continuant de parler et étant toujours traduit par Kate :

-Il dit que tu peux être rassurée, ton futur mari a déjà passé Kinaalda, la fête de la puberté. Avant cela, les navajos ne peuvent pas aider à la cuisine et au ménage. Mais bien qu'étant le meilleur guerrier, ton fiancé a passé ce rite pour aider sa future femme. Il a passé aussi le rite de passage pour devenir un homme et un guerrier, mais ça, je crois que toutes les civilisations, même celles qui ne sont pas forcément indiennes, font à leurs jeunes hommes. Bon, il pense que tu as déjà eu beaucoup d'informations pour ta première journée, alors on va s'arrêter là. Je vais t'emmener à la rivière pour que tu te laves, et je t'aiderai à te préparer pour la cérémonie de ce soir.

-Oh... d'accord.

En effet, Minerva avait eu énormément d'informations en à peine une heure, alors elle n'avait pas tout enregistré. Elle suivit donc docilement Kate jusqu'à la rivière.


Pendant le trajet qui menait à la rivière, Kate récupéra un bébé devant un tipi, Doli, sa fille. Kate lui expliqua qu'elle était mariée à Sicheii, le fils du chef. Minerva siffla :

-Bah dis donc, tu fais partie de la haute !

-Oui, on peut dire ça. Mais la tribu c'est comme si on était tous de la même famille.

D'autres femmes se joignirent bientôt à elles et Kate les présenta :

-Alors la plus âgée c'est Nascha, ma belle-mère, à ses côtés Niyol et Ahiga, ses filles. Juste derrière, Doba, la sœur de Gaagii. Et enfin, la petite dernière qui vient de nous rejoindre c'est Nokomis, ta future belle-sœur. Leurs parents sont morts quand Nokomis n'avait que 8 ans, malheureusement, alors elle est un peu comme la dernière fille de Gaagii et Nascha. C'est drôle comme nom Nokomis, ça veut dire fille de la lune, car apparemment elle est née une nuit de pleine lune. Le prénom de ma fille veut dire oiseau bleu, à cause de ses yeux. C'est assez drôle d'ailleurs quand tu vois que les miens sont couleur noisette, que ceux de mon mari sont noirs et que, d'autant que je sache, personne dans ma famille n'a les yeux bleus !

-Oui, de drôles de choses arrivent parfois. Dis, pourquoi toutes les femmes se joignent à nous ?

-Parce que c'est la coutume : elles doivent toutes préparer la future mariée. En plus, c'est leur devoir en tant que femmes de la famille du chef, ou de la famille des fiancés.

Minerva hocha la tête sans répondre, ces coutumes lui échappaient, mais ça ne lui déplaisait pas, elle qui était fille unique ! Elle se laissa donc menée à la rivière, et les femmes la lavèrent. Après ça, elles lui passèrent une robe traditionnelle de leur tribu, puis coiffèrent ses longs cheveux d'or en deux nattes de chaque côté. La robe était en peau de bête, peut-être de la biche, à la coupe simple, le bas du jupon formant de petites vagues. En dessous, on lui passa un pantalon turquoise avec des mocassins assortis. Sur les deux vêtements, des motifs géométriques étaient brodés en rouge et blanc. Sur sa tête on plaça un bonnet sur lequel étaient cousues des sortes de mèches en perles multicolores, et autour de son cou on passa un lourd collier formé de dizaines de petits colliers à perles blanches, turquoises et rouges. Minerva était assez surprise par tout cela, mais elle devait avouer qu'elle se sentait à l'aise dans de tels vêtements.


Une fois la mariée prête, les femmes retournèrent au village. Un feu avait été allumé au centre et les autres membres de la tribu attendaient. Wakiza était debout près de Gaagii, il portait une tunique de velours beige, un pantalon en lin de la même couleur, un gros collier de métal à disques ronds, avec, en chaque centre, une émeraude, et aux poignets, d'énormes bracelets assortis. Sur son front, un bandeau de satin beige était noué et ses longs cheveux étaient laissés libres. Minerva était épatée, cette tenue faisait ressortir la peau couleur de bronze de son futur mari. Les femmes s'approchèrent donc et laissèrent la future mariée près de son époux.

Gaagii commença la cérémonie, et Minerva essayait de suivre du mieux qu'elle pouvait, même si elle ne comprenait pas tout. Toutefois, Kate vint lui traduire les paroles lorsqu'elles furent importantes. Wakiza prononça quelques paroles, et Kate informa la nouvelle venue :

-Il dit qu'il fait de toi sa femme devant toute la tribu, qu'il te jure fidélité, qu'il te fera des enfants, et que jamais vous ne manquerez de quoi que ce soit. Il dit aussi qu'il est flatté d'avoir été choisi pour être le mari de la femme blanche, car tu es plus belle que ce qu'il aurait pu espérer et imaginer. Il te demande quel est ton prénom.

-Oh euh, Minerva.

L'indien fronça les sourcils et essaya de prononcer, mais n'y arrivant pas, il finit par dire après avoir manifestement râlé :

-Mahala.

Minerva lança un regard interrogateur à l'autre blanche de la tribu qui sourit :

-Ça veut dire femme. Il dit que ton prénom est impossible à prononcer dans sa langue, mais que Mahala s'en approche, et que comme tu es sa femme, ce sera le nom qu'il te donnera à présent.

La blonde hocha la tête, murmura quelque chose à Kate, qui répondit également en lui chuchotant à l'oreille, puis Minerva finit par s'adresser à son mari en langue navajo :

-Je suis fière d'être ta femme Wakiza, je t'offrirai de beaux enfants, et je suis très heureuse de porter maintenant le nom de Mahala.

Son mari eut un sourire éblouissant, il était très heureux que sa jeune épouse fasse l'effort de dire une phrase dans sa langue. Certes, la prononciation était loin d'être parfaite, mais il l'avait comprise malgré tout, et pour la première fois, ils n'avaient pas eu besoin d'attendre que Kate traduise. Minerva sourit, cela s'annonçait plus agréable que ce qu'elle pensait !


Un grand festin passa ensuite, ainsi que la cérémonie Hozho Naasha que Gaagii lui avait promise. Minerva s'amusait beaucoup, elle se surpris même à se dire qu'elle pourrait très bien se plaire ici et qu'elle resterait peut-être plus longtemps que les deux années pour lesquelles elle était engagée à l'origine. Tard dans la nuit, la jeune femme fut emmenée dans le tipi par Wakiza. Celui-ci prit sa main dans la sienne, y déposa un baiser et réussit à lui faire comprendre qu'ils n'étaient pas obligés de faire l'amour ce soir. En attendant, ils allaient dormir, ce serait déjà pas mal. Minerva regarda autour d'elle, l'intérieur du tipi comportait un petit feu avec un chaudron au-dessus, une table de bois avec deux tabourets, et dessus des assiettes, bols, couverts et gobelets en bois et dans un coin, un lit composé d'une base de bois, et de dizaines de peaux de bisons et autres bêtes entassées qui formaient matelas et couvertures. Minerva était morte de peur, c'était la première fois qu'elle allait dormir avec un homme ! Le couple se déshabilla et ils se couchèrent, nus, l'un contre l'autre. Wakiza respecta sa parole. Il passa ses bras autour de sa jeune épouse mais ne tenta rien de plus.