Wakiza était donc le plus heureux des hommes et un excellent père, mais leur bonheur fut noirci par l'attaque d'une tribu rivale. Ils profitèrent qu'une partie des hommes soient à la chasse pour attaquer. Par chance, quelques hommes étaient encore là, donc ils avaient commencé à défendre le village, aidés par des femmes. Les plus vieilles étaient rassemblées dans le tipi de Gaagii avec tous les enfants. Un garçon, Gini, âgé de 10 ans, avait été envoyé au triple galop rappeler les chasseurs pour que ces derniers viennent défendre le village. Le petit garçon partit sans attendre, et Minerva dû attraper un fusil pour essayer de défendre la tribu du mieux qu'elle pouvait. Elle s'était postée à un endroit stratégique, et elle tirait sur les adversaires qui arrivaient à cheval pour essayer de les attaquer. Toutefois, à cause de la cohue, elle n'entendit pas un ennemi qui arrivait dans son dos. Celui-ci la saisit par la taille d'un bras, et plaqua son autre main sur sa bouche pour la réduire au silence. La blonde se débattait comme si le diable avait pris possession de son corps, et elle essayait de mordre, mais l'autre semblait totalement insensible à la douleur de ses dents qui entamaient pourtant la chair de ses doigts. L'ennemi commença à tirer la blonde en arrière, elle ne savait pas s'il allait la lancer dans un coin pour la violer, la tuer, ou simplement la ramener chez eux comme un trophée ! Après tout, une femme blanche, blonde aux yeux bleus, qui vivaient parmi les indiens, ça ne courrait pas les rues ! L'homme face à elle la lança en travers de sa monture telle un sac à patate et partit au galop en direction de la sortie du village. Dans cette position, Minerva ne pouvait rien fait, lorsqu'elle voulait se redresser, ses mains glissaient sur le flanc du cheval, et ses pieds n'avaient aucune prise non plus pour lui permettre de prendre appui. Elle était perdue !
Au bout d'un temps qui parut une éternité, une flèche transperça en pleine gorge l'homme qui avait enlevé Minerva. La blonde vit son kidnappeur pousser un gargouillis étrange en portant ses mains à sa gorge alors que du sang sortait de sa bouche, puis il bascula et tomba de son cheval. Bientôt, Sicheii, le fils de Giiga et mari de Kate, attrapa le cheval sur lequel était Minerva et le stoppa. La blonde sauta à bas du cheval et regarda le mari de son ami :
-Ils sont vaincus ?
-Oui, mais il y a eu des morts et des blessés.
-Oh...
-Mais Manitou a été généreux avec nous, tous les enfants sont sains et saufs !
Le duo rentra au village avec le cheval de l'ennemi assassiné et Minerva ne put retenir ses larmes en voyant les cadavres qui avaient été placés dans un coin. Toutefois, la blonde fut ravie de voir que son mari n'était pas parmi les victimes. Elle s'approcha de son tipi, les enfants étaient là, assis dans un coin, Wakiza était allongé sur le lit, le tient cireux, le bras en sang et il semblait être en nage. Minerva se jeta à genoux à son chevet :
-Mais qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?! Oh mon guerrier !
Elle l'embrassa et épongea le front de son mari avec un linge humide. Elle se tourna vers Nokomis qui avait été aux côtés de son frère en attendant le retour de Minerva, et la blonde demanda :
-Qu'est-ce qui s'est passé ?
-Ils sont arrivés juste après que tu aies été enlevée par le guerrier de l'autre tribu. Wakiza s'est aussitôt lancé à sa poursuite pour te récupérer, mais il a reçu une balle de fusil dans l'épaule et trois flèches... Nasha a été violée et tuée, Niyol violée mais elle a réussi à survivre car nos hommes sont revenus et ont tué les ennemis jusqu'au dernier. Nascha et Ahiga ont réussi à retirer la balle et les pointes de flèches, mais celles-ci étaient infectées. Il a fallu nettoyer les plaies avec du whisky et cautériser les plaies, mais Wakiza a perdu beaucoup de sang alors nous sommes très inquiètes pour lui.
-Mais comment est-ce possible ? Comment ont-ils pu tous l'attaquer au bras ?
-Ce n'est pas un secret pour les tribus alentours, Wakiza est notre meilleur guerrier, tout le monde le connaît. Alors quand ils l'ont vu partir à la poursuite de leur meilleur guerrier à eux, ils se sont dit qu'il fallait qu'ils arrêtent Wakiza à tout prix. Du fait, tous les guerriers à proximité l'ont visé et lui ont tiré dessus avec l'arme qu'ils avaient. Et mon frère a eu de la chance, un des ennemis a tiré avec sa hache, mais elle a tué son cheval sans le toucher lui ! Je crois que tu es un peu sorcière Mahala, car je suis sûre que c'est ton amour qui l'a ainsi protégé !
Minerva hocha la tête, elle avait l'impression que les paroles de sa belle-sœur étaient très loin, que tout devenait flou. Toutefois, la jeune femme devait rester forte pour aider son mari à guérir, et elle devait s'occuper de leurs enfants !
Les jours suivants, elle passa donc tout son temps au chevet de son mari, elle ne dormait même plus. Quand elle ne s'occupait pas de lui, elle s'occupait des enfants, car ils étaient aussi inquiets pour leur père, mais ils méritaient de garder leurs âmes d'enfants.
Elle leur racontait donc les histoires du Corbeau qui était à la fois bon et mauvais, du Coyote, le Décepteur chez de nombreuses tribus un personnage comique qui vole la lumière, le feu, l'eau, la nourriture, les animaux ou même l'humanité et les perd ensuite ou les lancent à l'aventure pour qu'ils créent le monde tel qu'il est aujourd'hui. De la belle Estsanatlehi, la déesse du changement qui avait été si généreuse avec eux, de Hastsezini le dieu du feu qui avait touché Tokela, de Godasiyo une sage et belle princesse. Elle parla aussi de Manitou la divinité puissante appelée aussi Grand Esprit, avec lui c'était le mythe Plongeur terrestre, selon lequel le Grand Esprit ou encore le Transformeur plonge ou ordonne aux autres animaux de plonger dans des eaux originelles pour en retirer de la boue avec laquelle il fabrique la Terre. Elle leur conta également les histoires de Naste Estsan la femme-araignée, de Teelget, une énorme bête à quatre pieds et tête ornée de cornes de cerf, fut chassée par le héros Nayenezgani. Les enfants étaient sûrs que c'était leur père ce héros, mais qu'il avait dû choisir un autre nom après avoir accompli cet exploit. Minerva avait trouvé ça adorable, et elle leur avait parlé de Tieholtsodi le monstre aquatique, de Tonenili le Dieu de la pluie qui aimait jouer des tours, et qui devait sûrement être à l'origine de la naissance des jumelles cette nuit d'orage, de Tsohanoai le Dieu Soleil et Yolkai Estsan la Déesse de la mer qui avait donné la couleur si particulière aux yeux de Kai.
Ces histoires faisaient du bien aux enfants, et la blonde savait que son mari les entendait aussi, car elle le voyait sourire, malgré le fait qu'il soit toujours inconscient. Mais peu à peu, il reprenait des couleurs car la fièvre avait fini par tomber.
Trois semaines après l'attaque, Wakiza rouvrit enfin les yeux. Il avait maigri et avait l'air fatigué, mais il avait tout de même l'air en meilleur santé que lorsque Minerva l'avait retrouvé dans le tipi juste après le combat. Elle lui fit plusieurs soupes et tisanes qui l'aidèrent davantage à se rétablir. De plus, et elle en était convaincue, les baisers et câlins de leurs enfants, finirent de guérir son mari. Bientôt, le navajo retrouva toutes ses forces et pu reprendre sa vie comme avant. Son bras portait les cicatrices de l'attaque, mais il pouvait l'utiliser normalement, ce qui était formidable.
Minerva était heureuse de la vie qu'elle avait auprès des navajos. Elle se sentait comme l'une des leurs maintenant, et plus comme une blanche. Les enfants grandissaient bien, et les deux années qu'elle avait promis de vivre auprès des indiens étaient passées depuis longtemps, mais elle ne ressentait pas l'envie de partir, au contraire. Chaque jour lui donner un peu plus envie de rester ! Wakiza était plus beau de jour en jour, et elle aimait le voir apprendre diverses choses à leurs enfants, de bonnes choses, mais aussi des bêtises ! Car au fond, le plus valeureux guerrier de la tribu était aussi très espiègle et il adorait faire des bêtises avec ses enfants ou faire des farces à sa femme. Oui, Minerva était heureuse d'avoir choisi d'être envoyée ici plutôt que de se faire pendre. Épouser Wakiza avait été la meilleure décision de sa vie, et elle remerciait chaque jour le Seigneur, mais aussi tous les dieux indiens d'avoir été si généreux envers elle et de lui avoir offert une si merveilleuse vie !
Fin.
