Salut les Goldophiles!
Travaillée par le grand âge, la nostalgie et l'ennui du moment, je me suis amusée à commettre un hommage affectueux à la série de notre enfance, sous la forme d'un petit pastiche. J'espère qu'en le lisant, vous entendrez les voix de la VF comme moi en écrivant. Voici sans plus attendre un ÉPISODE INÉDIT de Goldorak avec tout ce qu'on aime.
Copyright Go Nagai / Dynamic / Toei, merci à Michel Gatineau pour l'inoubliable VF, merci aux exégètes sur les forums et aux érudits du wikirak pour leur science.
Toute bourde est entièrement ma faute. Merci de votre indulgence, et bonne lecture.
AUJOURD'HUI
GOLDORAK DANS:
LE CHANT DE LA TERRE
Au Camp de la Lune Noire, la voix d'un soldat interrompt le ronronnement des machines – et les ruminations de Minos.
"Commandant Minos ! Le radar a repéré un vaisseau en approche !"
Minos se rend à son poste de commandement, jette un œil sur l'écran.
"C'est l'un des nôtres," dit-il en découvrant une soucoupe amirale bleu-vert. "Mais qui cela peut-il bien être ? Nous n'avons pas demandé de renforts, que je sache !"
"MINOS !" La voix du Grand Stratéguerre résonne dans la salle de contrôle.
"Grand Véga." Minos se prosterne avant même que le visage de son maître n'apparaisse à l'écran.
"Je t'ai envoyé deux brillants jeunes officiers, Déimos et Phobos. Ce sont des éléments extrêmement prometteurs. Ils ont fait leurs preuves sur d'autres théâtres d'opérations. Je les ai chargés de régler définitivement le problème de Goldorak."
"Tu es trop bon, Grand Stratéguerre mais je t'assure que nous n'avons nullement besoin-"
"VOUS ÊTES DES INCAPABLES !" tonne Véga. "Tu avais pour mission d'annexer une planète provinciale, peuplée de primitifs ! Tu as échoué ! Tu n'as même pas réussi à éliminer le Prince d'Euphor ! Un seul homme suffit à vous tenir en échec, toi et tes armées ! Sais-tu seulement ce que ton incompétence coûte à l'Empire ?"
C'est Minas qui prend la parole. "Grand Véga, avec tout le respect que je te dois... il possède Goldorak ! Aucun de nos stratagèmes n'a encore été en mesure de nous débarrasser de cette maudite machine !"
"Justement," rétorque Véga. "Le moment est venu de tenter une nouvelle approche. Je te conseille donc de réserver un bon accueil à ces deux nouveaux officiers. Ils répondent directement à ma personne. Je vous ordonne de leur obéir en tout point, c'est compris ?"
"À tes ordres," répond Minos servilement.
Le visage démoniaque du despote disparaît de l'écran.
Minos frappe du poing sur la console et laisse éclater sa rage. "Ah, il nous prend vraiment pour des imbéciles !"
"Il n'a peut-être pas tout à fait tort," siffle Minas, perfide.
"Ah, toi, ça va, fiche-moi la paix ! Je te signale que toi non plus tu n'as rien imaginé qui permette de neutraliser Goldorak."
"Patience, Minos ! Voyons déjà quel genre de petits génies Véga nous envoie. Ou bien serais-tu satisfait des initiatives de ce crétin d'Hydargos ?"
Minos se contente de grogner pour toute réponse.
"Accueille-les avec tous les honneurs," lui conseille Minas. "Soutiens-les, flatte-les. Laisse-les donc s'amuser avec le Prince d'Euphor. S'ils réussissent, la gloire rejaillira sur toi. S'ils échouent, ça n'est pas ton problème."
"Tu es vraiment d'une ingéniosité diabolique, Minas."
"C'est ce qui te plaît chez moi, avoue."
Actarus se réveille en sursaut. Il a dû crier dans son sommeil. Il s'assoit dans son lit, se passe les mains sur le visage, essaie de calmer sa respiration saccadée, attend que les battements affolés de son cœur ralentissent. Il est trempé de sueur.
Mon dieu, quel cauchemar atroce.
Il revoit très clairement les images de son rêve, ressent encore l'angoisse qui l'a étreint.
Il était sur Euphor, comme à chaque fois. Il combattait des golgoths. Il avait beau les abattre les uns après les autres, il en venait plus, toujours plus. Lorsque l'un tombait, deux autres prenaient sa place. Et puis ce n'était plus deux, c'était dix. Des golgoths par centaines. Toute une armée de golgoths, marchant sur Euphor, et lui se retrouvait comme paralysé. Il essayait de bouger, mais ses membres étaient pris dans une carapace de métal, rigide comme un sarcophage. Il aurait voulu hurler, mais aucun son ne sortait de sa bouche il se rendit compte qu'il n'en avait plus. Il avait beau se débattre, avait beau hurler, il restait immobile et muet, figé comme une statue, tandis que les monstres déferlaient sur sa planète. Il voyait les incendies ravager la ville, engloutir les palais et les jardins il assistait impuissant au massacre de son peuple – et toujours les golgoths avançaient, sans lui prêter plus d'attention que s'il était déjà mort.
N'ai-je pas vu assez d'horreurs comme ça, faut-il encore que mon esprit endormi en invente de nouvelles ?
Il se lève, se rend à la fenêtre, écarte le rideau. Regarde dehors.
Il voit la plaine en contrebas, à peine baignée par un pâle clair de lune. Le ranch, dans sa rassurante banalité. À l'aube il y retournera. Il n'y a rien de tel que de pelleter du fumier pour s'ancrer dans le réel. Rien de tel pour se recentrer, pour s'épuiser, pour espérer dormir sans rêver. Rien de tel que de sentir le soleil sur son visage et le vent dans ses cheveux pour oublier – la brûlure des incendies nucléaires, le froid glacial des abysses intersidéraux. Rien de tel que les paisibles herbivores et les gens simples pour ne pas penser aux images qui le tourmentent, aux visages qui le hantent – les visages des bourreaux et des victimes.
Comme il aimerait n'être qu'Actarus. Il n'aurait alors à se soucier que d'une jument qui va mettre bas, ou des brimades de Rigel.
Comme il aurait aimé n'être qu'Actarus, sans être sans cesse rappelé à cet autre monde, cet univers de métal et de sang.
Il ne peut pas fuir. Il ne peut plus fuir. Il ne veut plus fuir.
Il est si fatigué d'être vigilant.
Il regarde la lune.
La sueur refroidit sur son torse. Il frissonne.
La soucoupe amirale a aluni. Un soldat annonce l'arrivée des nouveaux officiers.
"Faites-les entrer," lui ordonne Minos.
Les portes du poste de contrôle s'ouvrent. Les jeunes protégés de Véga s'avancent dans la pièce.
"Lieutenant Phobos, officier de renseignement de la Division Ruine," déclare le premier en claquant des talons, son physique avantageux sanglé dans un uniforme noir et argent. L'emblème de l'étoile à quatre branches scintille sur sa poitrine. Il a le regard d'un fanatique.
"Docteur Déimos, détaché du ministère impérial des sciences," dit l'autre, plus fin et plus discret dans une tunique magenta, mais non moins inquiétant. Celui-là a l'air d'une intelligence redoutable. Minos ne saurait dire lequel des deux le met le plus mal à l'aise.
"Le Grand Stratéguerre m'a prévenu de votre arrivée. Soyez les bienvenus," dit Minos, s'efforçant d'être mielleux.
Phobos le toise. "Le Grand Stratéguerre subodore un manque de zèle de la part de vos unités, Commandant Minos. À moins que ce ne soit de votre part ?"
"Il a placé le Camp de la Lune Noire sous notre responsabilité et nous a chargés de la conquête de la Terre," renchérit Déimos. "Nous attendons votre pleine coopération."
"Naturellement," répond Minos avec un rictus. "Vous jouissez de la confiance du Grand Stratéguerre, vous avez la mienne."
"Bien ! Nous ferons en sorte d'améliorer le moral des troupes ! La discipline laisse à désirer ici. Pas étonnant que cette campagne s'embourbe."
"Quand les méthodes obsolètes de la vieille garde ne donnent pas de résultats, il faut des hommes aux idées neuves."
Minos s'étouffe presque de rage. C'est Minas qui prend le relais.
"Vous êtes frères ?" s'enquiert-elle. Les deux officiers ont un air de famille.
"Effectivement."
"Votre père peut s'estimer fier d'avoir deux fils aussi talentueux. Vous me semblez promis à un brillant avenir. Soldats ! Conduisez le Docteur Déimos et le Lieutenant Phobos à leurs quartiers. J'ai hâte vous voir à l'œuvre - dès que vous vous serez reposés de votre long voyage."
Déimos et Phobos saluent et quittent la pièce.
"Non mais tu as entendu ça ?" fulmine Minos. "Ils osent nous menacer !"
"Ils sont très motivés, je te l'accorde," répond Minas, songeuse.
"Ce sont des fanatiques !"
"Ce sont les étoiles montantes du régime, Minos. Si nous voulons conserver les bonnes grâces de Véga, il va falloir être gentil avec eux."
"Oh toi, je te trouve un peu trop gentille."
"Serais-tu jaloux, par hasard ?"
"Moi, jaloux de ces roquets ? Ha !"
Actarus arrive à la salle de contrôle du Centre, vaguement inquiet.
"Bonjour, père. Tout est calme ?"
"Ah, Actarus," répond Procyon de son poste de travail, "tu tombes bien. Est-ce que toi et Alcor pouvez garder la boutique demain ? Je vais devoir m'absenter. Le Professeur Newton inaugure son tout nouveau réacteur photonique demain et je tiens à être présent."
"Entendu, père. Tu seras absent longtemps ?"
"Non, la centrale est près du Mont Basalte, je serai de retour dans la soirée."
"Très bien. Je vais prévenir Rigel."
"Actarus... quelque chose ne va pas ?"
"Hmm ? Oh, je n'ai pas très bien dormi. Ce n'est rien père, ne t'inquiète pas."
Le visage d'un homme vêtu d'un complet en tweed et à l'abondante chevelure grisonnante apparaît sur l'écran de communication.
"Ah tiens, justement, voilà le Professeur Newton. Comment allez-vous, cher ami ?" dit Procyon d'un ton cordial.
"Procyon, vieille branche ! Alors, je peux compter sur vous pour demain ?"
"Absolument ! Je ne raterais cette occasion pour rien au monde, voyons. Cela fait combien de temps que vous travaillez sur ce projet audacieux ?"
"Je ne croyais plus le réaliser un jour, Procyon. Vous avez été l'un des seuls à me soutenir, et je vous en suis très reconnaissant."
"Mais c'est tout naturel. Une source d'énergie propre serait un bienfait pour l'humanité."
Une jeune femme blonde en blouse de laboratoire apparaît à l'écran. "Père," dit-elle, "nous sommes prêts pour les tests."
"Ah, Andromède, mon petit !" lance Procyon. "Vous êtes toujours aussi ravissante."
Elle lui adresse un salut de la tête. "Professeur," répond-elle poliment. "Nous nous réjouissons de vous voir demain."
"Dis-leur que j'arrive tout de suite", dit Newton à sa fille. Puis, à Procyon : "Je vais devoir vous laisser, il y a encore quelques petits réglages à faire."
"Faites donc, cher ami ! Nous nous entretiendrons demain. J'ai un projet sur lequel j'aimerais vous consulter."
"Formidable ! J'aime mieux ça que de faire des courbettes aux investisseurs et aux gens du Ministère..."
Procyon rit. "Hélas, c'est notre fardeau à tous. À demain !" Il coupe la communication.
Actarus sourit. "Dis donc, vous avez l'air de vous entendre, lui et toi."
"Oui, c'est un homme très débonnaire. Nous avions sympathisé lors d'un congrès, et j'ai suivi ses travaux avec intérêt. C'est un pionnier dans le domaine de la recherche photonique."
"Et tu dis qu'il a conçu un réacteur ?"
"Oui, je crois que ce serait intéressant d'échanger avec lui là-dessus."
"Toi, tu mijotes quelque chose."
"Moui, peut-être, répond Procyon," souriant dans sa moustache.
"Bien, je te laisse. Bonne journée, père !"
"Bonne journée, mon garçon."
Dans la salle de commande de la base, Déimos et Phobos ont convoqué une réunion d'état-major.
"Vous devriez prêter un peu d'attention à ce qui se passe sur Terre, Commandant Minos," dit Phobos, l'espion de la Division Ruine. "D'après nos renseignements, un de leurs savants a réussi à mettre au point quelque chose qui s'apparente à l'énergie photonique."
Son frère Déimos actionne un projecteur holographique ; l'image tridimensionnelle d'une centrale énergétique apparaît, ainsi que les contours d'un réacteur et le visage d'un homme à l'abondante chevelure grisonnante.
"Les Terriens ?" dit Minos. "Allons donc, ne me faites pas rire. Ces gens-là en sont encore à l'âge de pierre. Nos propres scientifiques se sont cassé les dents sur le problème de l'énergie photonique."
"Certes, la technologie terrienne n'en est qu'à un stade primitif," dit Déimos "mais s'ils parvenaient à exploiter cette énergie, ils pourraient nous mettre des bâtons dans les roues. En revanche, si nous pouvions mettre la main sur cet appareil, cela pourrait nous conférer un avantage décisif."
"Ah oui ?"
"Un tel réacteur constitue une source d'énergie presque illimitée," dit Phobos. Si nous pouvions en construire d'autres, en équiper la flotte... Vous vous rendez compte de l'avantage stratégique que cela représente ? Nous ne serions plus dépendants des ressources en lasernium qui, je vous le rappelle, ne sont pas infinies. Avec l'énergie photonique, plus rien ne s'opposerait à notre conquête de l'Univers !"
Les deux frères partent d'un rire diabolique.
Minos est horripilé par la morgue des petits nouveaux, mais doit reconnaître qu'ils n'ont pas tort. "Que comptez-vous faire ?" leur demande-t-il.
"Nous emparer du réacteur !" dit Phobos.
"Une fois qu'il sera connecté aux systèmes de notre soucoupe, il pourra générer une énergie phénoménale," explique Déimos. "Nous focaliserons cette énergie en un rayon photodardeur d'une puissance inouïe. Même Goldorak n'y résistera pas !"
"La Terre est à nous," conclut Phobos avec un sourire carnassier. Ses crocs sont étincelants contre sa peau grise.
"Votre plan me paraît absolument brillant," dit Minas d'une voix caressante. Elle rend son sourire à Phobos, avec un regard appuyé. "Allez, et revenez victorieux ! Vous serez récompensés."
"Ce qu'ils peuvent m'agacer, ces petits arrogants aux dents longues !" siffle Minos lorsqu'ils sont partis.
"Moi ils me plaisent beaucoup," observe Minas. "Ces jeunes gens iront loin." Elle a un faible tout particulier pour le fringant jeune officier du renseignement.
"Oui, c'est tout à fait ton genre. Ça ne m'étonne pas."
"Tu ferais mieux d'en prendre de la graine," rétorque-t-elle, acide.
"Allô, Professeur ? Professeur Procyon, vous m'entendez ?"
Le visage paniqué de Mademoiselle Newton apparaît à l'écran du Centre.
"Qu'y a-t-il, mon enfant ?" répond Procyon.
"Nous sommes attaqués ! La centrale a essuyé des tirs de... oh, vous allez me prendre pour une folle..."
"De qui, Andromède ? Qui est-ce qui vous attaque ?"
"Des soucoupes volantes, Professeur !"
Oh ! encore un coup de Véga ! se dit Procyon.
"Quelque chose de gigantesque a éventré la salle du réacteur et... Professeur, ils ont enlevé mon père ! ...à l'aide d'une sorte de rayon gravitationnel... ils ont pris le réacteur..."
La communication est coupée.
Procyon sent la sueur perler sur son front. Newton ! Non !
"Actarus, Alcor ! Vous me recevez ? Les soucoupes ont kidnappé le Professeur Newton ! Il faut que vous partiez tout de suite !"
"Entendu, Professeur !"
"J'arrive, père !"
Pourvu qu'ils arrivent à le sauver...
Actarus sort de l'écurie en courant.
"Rigel, je suis désolé mais je dois y aller."
"Dis-donc, espèce de tire-au-flanc !" le houspille Rigel du haut de son mirador. "Ça n'est pas parce que je t'ai accordé ta journée de demain que tu dois te sentir autorisé à te la couler douce aujourd'hui !"
"Il y a une urgence au Centre. Mon père a besoin de moi." Actarus enfourche sa moto et démarre en trombe.
"Reviens ici tout de suite !" fulmine le vieil homme. "Mais qu'est-ce que j'ai fait au ciel pour écoper d'un fainéant pareil !"
"Papa, arrête un peu !" lui crie Vénusia d'en bas. "Si le Professeur a besoin de lui, c'est sans doute important !"
"Qu'est-ce que tu as encore à défendre ce garçon ?" vitupère-t-il. "C'est un bon-à-rien, tu entends ? Il ne fera jamais rien de sa vie, celui-là !"
"S'il est tellement bon à rien, tu pourras bien te passer de lui quelques heures, non ?"
"Ah là là, mais comment ai-je pu donner le jour à une tête de mule pareille ? Je me demande bien de qui elle tient ça."
L'OVT surgit de la grange. Son décollage en flèche fait sursauter Rigel. Le vieil homme tente de se raccrocher à son télescope, perd prise, et tombe de son poste d'observation, fort heureusement sur le tas de paille qu'Actarus n'a pas rentrée.
"Ah ces maudits jeunes ! Plus aucun respect pour leurs aînés, alors ! Aïe, mon lumbago."
Vénusia suit des yeux la moto qui s'éloigne. Actarus, sois prudent !
Le réacteur photonique trône à présent au milieu d'une salle étrange, aux parois courbes et violettes.
Newton regarde autour de lui. Ronronnement de machines, indicateurs qui clignotent. Soldats encagoulés partout. Pas moyen de s'échapper. Un officier hautain en tenue magenta s'approche de lui.
"Professeur Newton. Vous allez relier cet engin aux systèmes d'armement du vaisseau, c'est compris ?"
Newton dévisage l'extraterrestre. Ses intentions semblent tout sauf pacifiques.
"Jamais, vous m'entendez ?" répond le scientifique. "Jamais !"
L'extraterrestre le frappe au viasage. Malgré sa maigreur, il est d'une force terrifiante. Newton choit à terre, le visage ensanglanté.
"Il faudra me tuer d'abord !" crie-t-il à l'envahisseur.
"Je crois que ce ne sera pas nécessaire d'en arriver là. Non, je crois que vous allez coopérer de votre plein gré, Professeur..."
L'extraterrestre rit d'une façon sinistre.
La soucoupe jaune survole les contreforts du Mont Basalte.
"OV-Terre appelle le Centre. J'arrive au niveau de la centrale."
"Alcor, que vois-tu ?" La voix de Procyon, légèrement métallique dans le haut-parleur.
La soucoupe décrit un cercle autour du site.
"Des civils en fuite. Ils sont hors de danger. La centrale est totalement éventrée. Ça ressemble à l'œuvre d'un golgoth !"
"Et les soucoupes ?"
"Je vois une escadrille par nord-nord-ouest. Elle escorte une soucoupe amirale. Je vais les poursuivre !"
"Non Alcor, laisse, je vais m'occuper de la soucoupe amirale."
"Ah Actarus, te voilà enfin ! Désolé, mais premier arrivé, premier servi."
"Alcor, essaie plutôt de localiser le golgoth. Je ne le vois pas sur mon radar. Il est peut-être encore dans les parages."
"Bon d'accord, je vais tâcher de le débusquer. Bonne chasse !"
Alcor décrit des cercles de plus en plus larges autour de la zone, à l'affut du moindre mouvement, guettant un signal radar ou l'éclat de couleurs inhabituelles dans ce paysage montagneux.
Il entend un bang supersonique et voit Goldorak filer en direction de l'escadrille.
"Amuse-toi bien, vieux frère !" lui lance-t-il avec une pointe d'envie.
"Ah, Goldorak! Te voilà donc !"
Un officier de Véga apparaît sur leurs écrans. Il arbore un air cruel, et une lueur mauvaise scintille dans ses yeux jaunes.
"Je te conseille de ne pas t'approcher de la soucoupe amirale, ou tu le regretteras."
"Qui est-tu pour me menacer ?" demande Actarus.
"Je suis le Docteur Déimos, du ministère impérial des sciences."
"Libère immédiatement le Professeur Newton, Déimos, et je te laisserai peut-être la vie sauve."
L'officier sourit, révélant ses crocs acérés. "Ah, mais ce que tu ne sais pas, c'est que nous détenons également sa fille !"
Il appuie sur une touche. À l'écran, Andromède apparaît, harnachée dans un fauteuil relié à des câbles.
Actarus, Procyon et Alcor poussent tous les trois un cri de surprise.
Un autre officier paraît aux côtés d'Andromède. Celui-ci porte un uniforme noir et l'insigne de la Division Ruine.
"Et toi, qui es-tu ?" lui demande Actarus, sentant la sueur perler sur sa tempe.
"Lieutenant Phobos. Tu reconnais cet insigne, n'est-ce pas? Ha ha ha." Actarus serre les dents. "Si tu tentes quoi que ce soit pour libérer le scientifique, sache que c'est cette charmante demoiselle qui en fera les frais."
"Ne l'écoutez surtout pas !" s'écrie la jeune femme. "Il faut sauver mon père-"
Phobos la gifle violemment. "Silence !"
"Andromède, non !" s'écrie Newton, épouvanté.
Dans le vaisseau-mère, Déimos se détourne de son écran vers le savant.
"Quant à vous, Professeur, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Sinon..." Il s'approche du microphone. "Frère, montre-leur le sort qui attend sa fille s'il n'obtempère pas."
À l'écran, Phobos administre une sorte de choc ou d'impulsion à Andromède. Elle se crispe, serre les dents, finit par crier. Entre ses cris, elle déverse un torrent d'injures sur ses ravisseurs. Avec un plaisir évident, Phobos augmente l'intensité de la douleur. Elle traite Phobos de tous les noms. "Gestapistes! Salopards! Sadiques! N'espèrez pas vous en tirer comme ça!"
Newton est épouvanté. "Arrêtez !" crie-t-il, "je vous en supplie, arrêtez !"
"Salaud de fasciste !" hurle la jeune femme à son tortionnaire.
"Nous lui ferons subir ce traitement toutes les dix minutes, Professeur. Jusqu'à ce que vous ayez fini... ou jusqu'à ce son cœur lâche."
"Mon dieu !"
"Il ne tient qu'à vous de la sauver, Professeur," lui susurre Déimos.
"SS d'opérette!"
"Entendu," finit par dire Newton, brisé "je ferai ce que vous voulez, mais ne faites pas de mal à ma fille !"
"Vous avez une heure," lui assène Déimos froidement. "Si vous n'avez pas fini d'ici-là... mon frère réglera son compte à cette jeune femme."
"Oh !" s'exclame Actarus. "Ils détiennent le père et la fille dans deux vaisseaux différents !"
"Qu'allons-nous faire ?" demande Alcor.
"Vous ne pouvez pas tenter une attaque directe contre la soucoupe amirale," constate Procyon "pas tant qu'Andromède sera entre leurs mains."
"Il faut absolument délivrer Mademoiselle Newton," s'écrie Alcor. "Ces brutes vont continuer à la torturer !"
"Elle doit se trouver à bord de l'antérak. Commençons par découvrir où il se cache," propose Actarus.
"Et après, une fois que nous l'aurons trouvé ?"
"J'ai une idée," dit Actarus.
Dans son antérak, Phobos coupe la communication avec le vaisseau-mère.
"Reconduisez la fille dans la cellule," ordonne-t-il à ses soldats "elle me tape sur les nerfs."
"À vos ordres, Lieutenant." Les soldats détachent Andromède du fauteuil et la soulèvent sans ménagement. Elle tremble violemment, très éprouvée par ce qu'elle vient de subir.
"Ordure nazie !" crache-t-elle à Phobos.
Il lui assène une énième gifle. "Tu vas te taire, oui ?"
"Actarus, j'ai localisé l'antérak ! Il se terre dans une caverne sur le flanc nord du Mont Basalte, je t'envoie les coordonnées."
"Bien reçu ! Alcor, je vais tenter de m'approcher discrètement. Tu peux le distraire ?"
"Avec plaisir !"
"Goldorak, BROUILLAGE RADAR !"
"Lieutenant, je capte un OVT en approche, que dois-je faire ?"
Phobos jette un œil sur l'écran, voit la petite soucoupe jaune, et fronce les sourcils. "Qu'est-ce que c'est que ce moucheron ? Ces gens ne sont vraiment que des primitifs. Détruisez-le."
"À vos ordres !"
Le soldat prend les commandes et manœuvre l'antérak jusqu'à l'entrée de la caverne. Une tête reptilienne surgit entre ses hémisphères, déroule un long cou, et guette le survol du petit aéronef.
Lorsque celui-ci paraît, l'antérak darde des rayons de ses yeux en direction de l'intrus. L'OVT esquive les tirs, revient, tournoie au-dessus de son adversaire, le nargue avec une agilité exaspérante. L'antérak tire, encore et encore, ne parvenant à toucher que les parois rocheuses d'en face.
Enfin, un rayon semble avoir effleuré l'OVT, car un panache de fumée noire s'échappe soudain de son fuselage. Touché, il décide de ne pas s'attarder et prend le large.
"Il est parvenu à esquiver nos tirs !" dit le soldat. "Il s'enfuit ! Dois-je le poursuivre ?"
"Bah, laissez-le filer," dit Phobos. "C'est sans importance. Celui qui nous intéresse, c'est Goldorak. J'ai hâte de me mesurer à lui !" Mais je doute qu'il ose pointer le bout de son nez par ici tant que nous détiendrons la fille. C'est dommage, je vais être obligé de la maintenir en vie encore quelque temps - jusqu'à ce que le scientifique ait fini de brancher le réacteur sur les systèmes du vaisseau-mère...
L'antérak se retourne lourdement et disparaît à nouveau dans son antre.
Une agile silhouette rouge et noire s'y faufile derrière lui.
"TRANSLUCIDATEUR !"
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