01 - Akashi Seijuro x OC - Un mariage à sauver
Voilà à présent deux ans et demi que Yuna était mariée à Akashi Seijuro. Seulement ce n'était pas un mariage d'amour. Cette union avait été arrangée par leurs pères respectifs et elle avait eu lieu dès la fin du lycée. Ils avaient donc tous les deux presque vingt-et-un ans. Seijuro travaillait dans l'entreprise de son père qui le formait afin de prendre sa place, tout en participant régulièrement à des tournois de shogi, elle le voyait donc peu.
Cependant ce n'était pas le pire… En effet, la jolie brune aux yeux verts était tombée amoureuse malgré elle de son mari, alors qu'elle avait l'impression de ne pas exister à ses yeux. Rares étaient les fois où il la voyait et cela la faisait souffrir. A croire qu'il lui reprochait ce mariage… Mais elle non plus n'avait pas eu son mot à dire. Parfois elle regrettait même de l'avoir épousé car sa souffrance augmentait de jour en jour.
De plus, leur union n'avait jamais été consommée, contrairement à ce que tout leur entourage pensait. Et c'était terriblement frustrant pour elle. Surtout qu'ils dormaient ensemble. Seijuro avait refusé qu'ils fassent chambre à part, disant que sa place était auprès de lui. Mais pourquoi faire ? Ils ne se couchaient jamais en même temps, il attendait toujours qu'elle soit endormie pour venir s'allonger à son tour. Il était si proche d'elle mais en même temps tellement inaccessible… C'était un vrai supplice de ne pas pouvoir le toucher…
Presque chaque nuit, Yuna se réveillait pour voir si Seijuro dormait bien avec elle. C'étaient les seuls moments où ils étaient proches physiquement parlant, donc elle en profitait le plus possible. Elle ressentait sa chaleur et cela l'apaisait. C'était paradoxal mais vrai… Mais parfois, cela ne lui suffisait pas donc, quand son empereur de mari dormait profondément, elle ne pouvait résister à l'envie de frôler son beau visage de ses doigts. La nuit, son masque de dureté disparaissait et il lui semblait plus jeune et encore plus beau ainsi.
Ne ressentait-il donc rien pour elle ? Lui était-il complètement indifférent ? Jamais elle n'avait connu le bonheur d'être dans ses bras, jamais il ne lui avait même simplement pris la main…
_ Dire qu'avant, je ne le supportais même pas, murmura-t-elle avec amertume.
Un sourire triste étira ses lèvres alors qu'elle fermait les yeux, retenant ses larmes de frustration. Pourquoi avait-il fallu qu'elle soit si sensible à son charme envoûtant ? Elle n'avait jamais voulu tomber amoureuse de lui, et encore moins être attirée autant par lui. Aimer quelqu'un sans retour était vraiment douloureux… et épuisant nerveusement.
De toute façon, la brune n'espérait plus rien de lui, ainsi elle se faisait moins souffrir. Elle prenait ce qu'il lui donnait -pas grand-chose- et ne demandait rien de plus. Même si ce n'était pas ainsi qu'elle avait espéré le mariage… Cette mascarade, un mariage ? Cela n'en avait que le nom. Certes, elle portait le nom de son mari mais rien de plus.
Yuna avait d'ailleurs fait la connaissance de la Génération Miracle qui l'appréciait beaucoup. Mais seul Kuroko Tetsuya était au courant de ce qu'elle ressentait pour Seijuro, car il avait réussi à lire au plus profond d'elle. Il lui avait conseillé plusieurs fois de les lui avouer mais elle craignait sa réaction et ne voulait pas se faire rejeter définitivement. Elle se rappelait d'ailleurs de leur dernière conversation, deux mois plus tôt…
Flash Back :
Yuna ne cessait de poser ses prunelles émeraudes sur la silhouette de son mari, discutant avec Midorima Shintaro, en face d'elle. Un petit soupir lui échappa, ce que ne manqua pas son voisin.
_ Yuna-san, tu devrais lui dire, tu sais, lui conseilla-t-il à voix basse.
_ A quoi bon ? soupira-t-elle. Tu sais, Kuroko-kun, je m'y suis habituée, et je n'attends plus rien de lui.
Tetsuya la regarda, une lueur de tristesse dans ses beaux yeux clairs. Il n'aimait pas la résignation qui assombrissait le sourire de son amie. Oui, elle était devenue son amie, lors de l'annonce des fiançailles de son ancien capitaine avec elle. Yuna méritait mieux qu'un mariage de façade. Lui avait eu plus de chance qu'elle : il allait se marier avec la femme qu'il aimait…
_ N'abandonne pas sans te battre, cela ne te ressemble pas, Yuna-san, l'encouragea-t-il avec un léger sourire, posant doucement sa main sur la sienne.
Se battre ? Mais de quelle façon ? La jeune femme ne voyait pas trop où il voulait en venir, pour le moment. Peut-être comprendrait-elle plus tard, du moins Kuroko l'espérait, pour elle…
_ Merci, Kuroko-kun, tu es un ami précieux, fit-elle avec un sourire.
Sentant un regard lourd peser sur elle, elle se tourna dans sa direction et vit qu'il s'agissait de son mari qui fixait leurs mains enlacées, les lèvres pincées. Elle le savait depuis longtemps : Seijuro était un homme possessif avec ce qui lui appartenait et elle ne faisait pas exception. Mais ce n'était pas cela qu'elle attendait de lui, ce n'était plus assez. En croisant son regard écarlate, Yuna se sentit frémir de la tête au pied avant qu'il ne se détourne d'elle rapidement, lui arrachant un sourire triste.
Fin flash back.
En y repensant, la brune se sentait toute chose. Mais elle se reprit presque aussitôt : impossible que Akashi soit jaloux, cela ne lui ressemblait pas. Et surtout, cela voudrait dire qu'il ressentait quelque chose pour elle, aussi infime soit ce sentiment. Et jamais Yuna n'avait vu dans le comportement de son mari quelque chose qui pouvait l'indiquer.
La jeune femme posa son livre sur la table du salon en soupirant. C'était inutile d'insister, elle ne parvenait pas à se concentrer. Oui, Kuroko avait raison, elle devait se battre pour que son mari la remarque. Elle avait enfin compris ce que son ami avait voulu dire par là. Elle devait le rendre jaloux, le séduire… Mais en serait-elle capable ? Elle se sentait intimidée à cette idée mais cela en valait la chandelle. Elle aimait son mari, elle le désirait donc elle savait ce qui lui restait à faire.
Seulement, avant de le séduire, Yuna devait le forcer à l'écouter. Et elle avait déjà sa petite idée. Un sourire narquois naquit sur son visage à cette pensée. Oui, elle avait hâte de voir sa réaction. C'était quitte ou double : soit cela ne lui ferait rien, soit il refuserait en bloc. Et si c'était la deuxième solution, elle lui en demanderait la raison. Elle pouvait d'ailleurs prévoir la suite, ce serait amusant, elle avait hâte de mettre Akashi Seijuro au pied du mur. Enfin, la mise en place de cette solution dépendrait surtout s'il changeait sa façon de se comporter avec elle ou non, elle verrait bien.
Surtout que le week-end prochain, ils devaient se rendre chez Kise qui avait organisé une soirée pour qu'ils se retrouvent tous et où chacun venait avec sa compagne, le cas échéant. Ces soirées avaient lieu tous les deux mois environ… Elle pourrait commencer à ce moment-là, même si rien n'interdisait de prendre un peu d'avance. Peu importe le temps que cela prendrait, elle se jura de le faire succomber.
_ En fin de compte, je pense que je vais bien m'amuser, souffla-t-elle en levant les yeux au plafond. Merci pour ton idée, Kuroko-kun.
Sur ces mots, elle se leva et se dirigea dans la chambre conjugale -que de nom- afin d'accéder à son dressing et commença à chercher la tenue qu'elle porterait pour la soirée de Kise. Au bout de trente minutes, la brune aux yeux verts trouva son bonheur : une robe rouge qu'elle n'avait jamais porté, par peur du regard de son époux. Mais à présent, elle allait faire tout ce dont elle avait envie et tant pis s'il lui faisait une remarque.
OoOoOoO
Pendant ce temps, Akashi se trouvait dans son bureau, en train de passer un coup de fil important pour l'obtention d'un contrat. Il travaillait dessus depuis plusieurs mois et les choses étaient sur la bonne voie. Après une vingtaine de minutes de discussion, la conversation se termina. Le jeune homme reposa le combiné en retenant un soupir, puis leva la tête vers l'horloge en face de lui. Il allait encore rentrer tard, ce soir, se dit-il en passant sa main dans ses cheveux rouge framboise. Sa femme serait sans doute déjà endormie, pour changer.
Sa femme. Akashi Yuna, de son nom de jeune fille Reiko Yuna. Une belle jeune femme aux longs cheveux noirs ondulés lui arrivant à la taille et ses yeux verts si transparents, que l'on pouvait y lire ses émotions comme dans un livre ouvert. Même si dernièrement, un voile était apparu, masquant ses émotions, ce qui n'était pas vraiment pour lui plaire. Leur mariage n'était qu'une comédie ordonnée par leurs pères. Seulement, les choses étant ainsi faites, il devait vivre avec cette situation. Le divorce n'était pas permis dans sa famille.
Il ne savait même plus pour quelle raison il avait accepté de l'épouser alors qu'il ne l'aimait pas. Cependant, Akashi ne niait pas qu'elle lui plaisait. Puis, il s'était habitué à sa présence dans sa vie, même s'il ne faisait pas particulièrement attention à elle. Parfois, il se demandait si Yuna n'était pas lasse de tout cela. Et même si elle l'était, cela ne changerait rien. Elle lui appartenait, il ne permettrait pas autre chose.
Seijuro secoua la tête afin de chasser ces pensées inopportunes. Il avait autre chose à faire et il ne voulait pas perdre de temps. Pendant les deux heures qui suivirent, il remplit des dossiers, envoyait des mails à tour de bras. Une fois ces tâches effectuées, il s'adossa contre le dossier de son fauteuil en poussant un léger soupir avant de fermer brièvement les yeux.
Cette routine le lassait, songea-t-il en regardant par la fenêtre. Mais l'impulsion pour changer les choses dans son mariage ne viendrait pas de lui, il se connaissait assez pour l'affirmer. Yuna aurait-elle assez de cran pour leur permettre de recommencer à zéro ? Il ne la connaissait pas très bien donc il ne saurait le dire. Seijuro était en partie responsable de cette situation, il avait ignoré les efforts de son épouse au début de leur mariage pour apprendre à se connaître et elle s'était lassée de ces efforts inutiles. Le regrettait-il ? Peut-être. Les choses auraient sans doute été différentes entre eux si il l'avait encouragée. Peut-être auraient-ils même pu tomber amoureux…
De toute façon, il ne servait à rien de s'attarder sur des choses qui n'existaient pas. Sur cette pensée, le jeune homme se leva enfin de son fauteuil et alla enfiler son manteau. Il était plus que temps de rentrer chez lui, à présent, se dit-il en constatant qu'il était plus de 22h. Heureusement que le lendemain, il n'avait pas à se rendre au bureau, il était épuisé.
Vingt minutes plus tard, son chauffeur le déposa devant chez lui en lui souhaitant une bonne fin de soirée. Akashi le remercia et passa le seuil de sa maison. Les lumières étaient déjà éteintes, signe que Yuna se trouvait dans leur chambre, sans doute endormie. Retenant un soupir de frustration, il retira son manteau ainsi que ses chaussures avant de se rendre dans la salle de bain du rez-de-chaussée pour se rafraîchir un peu.
_ Je fais peur à voir, murmura-t-il pour lui-même en examinant son reflet dans le miroir au-dessus du lavabo.
Sa peau était plus pâle que d'ordinaire, les cernes sous ses yeux s'assombrissaient de jour en jour, ses traits étaient tirés. Il avait vraiment besoin de repos, soupira-t-il intérieurement. Mais ce n'était pas encore le moment, le contrat n'était pas encore obtenu et il voulait prouver à son père qu'il avait eu raison de lui faire confiance. Cela ne lui ressemblait pas de se montrer si faible. Que lui arrivait-il ?
Hélas, cette question ne trouvait pas de réponse. Enfin, il devrait aller dormir plutôt que de rester ainsi sans bouger. Seijuro sortit de la salle de bain et monta les marches afin de se rendre dans sa chambre. En arrivant devant la porte, le jeune homme fronça les sourcils. Une lumière tamisée éclairait la pièce, cela voulait donc dire que sa femme ne dormait pas encore. Il ouvrit doucement la porte et entendit la voix douce et calme de Yuna le saluer, avec un petit sourire.
_ Bonsoir Seijuro-kun.
_ Yuna, la salua-t-il en retour avant de fermer la porte. Tu ne dors pas ?
_ Je lisais.
A croire qu'elle soit encore éveillée le dérangeait, songea tristement la jolie brune. Ce serait sans doute les seuls mots que son mari daignerait lui adresser jusqu'à temps qu'il ne s'endorme… Yuna retint un soupir avant de s'asseoir sur le matelas et lever les yeux au plafond. Soudain, elle retira les couvertures posées sur elle et se leva sans dire un mot.
_ Que fais-tu ? lui demanda Akashi alors qu'il retirait sa chemise noire.
_ As-tu mangé, ce soir ?
_ Je n'ai pas eu le temps.
Toujours ces mêmes réponses laconiques sans la regarder… Méritait-elle si peu l'attention d'Akashi Seijuro ? Elle était quand même sa femme, bon sang ! Seulement sur le papier, certes, mais elle l'était !
_ Eh bien, pour cette fois, tu prendras le temps de manger un peu, lui fit-elle en s'approchant de lui. Je t'ai préparé une assiette, je vais te la chercher.
La résolution contenue dans la voix de Yuna surprit le rouge qui ne s'y attendait pas. Habituellement, ils s'ignoraient, dans le meilleur des cas. Et voilà qu'elle se préoccupait de lui. Très étonnant. Akashi la regarda passer la porte de leur chambre, les sourcils une nouvelle fois froncés. Que cherchait-elle à faire, au juste ? Il profita de son absence pour retirer le reste de ses vêtements et resta en boxer. Alors qu'il venait à peine de rabattre les couvertures sur ses jambes, sa femme revint dans la pièce avec un plateau d'où provenait une délicieuse odeur. La faim se réveilla en lui et il s'adossa à la tête de lit.
_ Pourquoi fais-tu tout cela ? s'enquit-il brusquement.
En effet, si cela n'avait tenu qu'à lui, il se serait couché sans manger, se rattrapant le lendemain. Seijuro regrettait un peu le ton qu'il avait employé mais n'en montra rien à la brune. Après tout, elle voulait simplement lui rendre service, bien que cela ne soit pas habituel.
Retenant à grand-peine un tressaillement à l'entente de son ton dur, Yuna prit le temps de poser le plateau sur les genoux de l'ancien capitaine avant de répondre calmement :
_ Je ne pense pas avoir besoin d'une raison, Seijuro-kun.
La jeune femme plongea son regard vert dans celui écarlate de son empereur de mari et remarqua une brève lueur de reconnaissance, disparue aussi vite qu'elle était apparue. Elle lui adressa un petit sourire avant de reprendre sa place dans le lit conjugal.
Yuna s'était enfin décidée à passer à l'action, elle ne pouvait plus supporter cette distance entre eux. Et puis, ils méritaient tous les deux d'être heureux. Donc elle sauverait leur mariage, peu importe le temps que cela prendrait. Après avoir retiré son déshabillé d'un geste gracieux, la jeune femme se retrouva en simple nuisette de soie bleu nuit ornée de dentelle. Et étrangement, elle sentit un regard lui brûler la nuque. Elle se tourna donc vers son mari qui mangeait son assiette avec appétit, tout en la fixant.
_ Tout va bien, Seijuro-kun ? s'inquiéta-t-elle en voyant son visage sombre.
_ Oui ça va, lui répondit-il en se détournant d'elle.
Akashi s'était fait surprendre comme un débutant et cela l'agaçait. Il n'y avait jamais vraiment fait attention auparavant mais sa femme possédait un corps à damner un saint. Et lui était loin d'en être un. La couleur de sa nuisette faisait ressortir la blancheur de sa peau et il se demandait si elle était aussi douce qu'elle en avait l'air. Le jeune homme ressentit un picotement le long de sa colonne vertébrale et se demanda ce qui lui arrivait. Serait-il possible qu'il soit attiré par elle ?
Ayant terminé son assiette, l'ancien capitaine se leva et enfila son peignoir de soie rouge avant de rapporter le plateau en cuisine. Il avait parfaitement senti les yeux de sa femme posés sur lui et il en avait étrangement été satisfait. Cela voulait dire qu'elle le trouvait à son goût. Habituellement, Seijuro ne faisait pas attention à cela mais pour une fois, il pouvait bien prendre le temps de réfléchir à son mariage avec Yuna. Peut-être pouvait-il lui aussi faire des efforts, pas flagrants au début, pour sauver leur union ? Après tout, elle avait fait le premier pas, alors à son tour de faire le suivant.
En revenant dans la chambre avec deux tasses fumantes, le rouge esquissa un léger sourire en voyant la jolie brune allongée dans leur lit, couverte jusqu'à la taille, en train de lire. Il devait admettre que la scène était agréable à regarder.
_ Yuna, l'appela-t-il en s'approchant d'elle, je t'ai apportée un thé.
_ Oh, merci Seijuro-kun, fit-elle en lui adressant un doux sourire.
Un thé ? Son mari lui avait apporté un thé ? Étrange mais gentil de sa part. C'était la première fois qu'il faisait une chose pareille. Pourquoi maintenant ? En prenant la tasse de la main de Akashi, Yuna frôla par inadvertance ses doigts et ressentit un intense frisson. Elle se donna une contenance en buvant une gorgée du thé délicieux que lui avait servi son époux.
_ C'est bien la première fois depuis notre mariage que nous prenons du temps pour nous, comme ça, fit remarquer la brune en posant sa tasse sur sa table de nuit. Que nous est-il arrivé ? Tu le sais, toi ?
_ En effet, confirma Akashi en fermant brièvement les yeux. Non, je l'ignore.
Toujours ces mêmes réponses brèves mais cette fois au moins, il ne l'avait pas ignorée comme il le faisait jusqu'alors. Elle prit le temps de s'allonger sur le dos confortablement après avoir ramené les couvertures sur elle.
_ Tiens-tu toujours à connaître la raison de mon geste de tout à l'heure ? s'enquit-elle en tournant la tête vers lui.
_ J'avoue être curieux, je ne m'y attendais pas, fit Seijuro en s'allongeant à son tour. Et je m'attendais encore moins à te retrouver éveillée à mon retour du travail.
_ Je sais, le taquina-t-elle avec un sourire en coin. Mais j'étais plongée dans mon livre et je n'ai pas vu l'heure, lui apprit-elle.
Pour la première fois depuis très longtemps, Yuna se sentait bien. Et puis le petit sourire amusé qu'elle avait entre-aperçu sur le visage d'Akashi avait fait battre son cœur plus vite et en même temps, lui avait fait plaisir. En effet, il n'avait jamais montré une quelconque émotion quand il était seul avec elle, préférant habituellement l'ignorer. Elle ne savait pas trop ce qui se passait mais une chose était certaine : les choses commençaient à changer, et pour le mieux.
_ Tu es mon mari, Seijuro-kun, et cela, pour le meilleur et pour le pire, fit-elle en se tournant vers lui. Mon rôle est de te soutenir, même avec de petits gestes comme celui-ci. Et puis, cette distance entre nous m'insupporte… ajouta-t-elle en soupirant. Ne pouvons-nous pas au moins être amis ?
Le moins que l'on puisse était que l'ancien lycéen de Rakuzan ne s'attendait pas à une telle réponse venant de son épouse. Mais il avait eu raison sur une chose : elle était lasse de leur routine. Tout comme lui. Et la distance entre eux, il en était le principal responsable.
_ Amis ? répéta-t-il les yeux levés au plafond. Je pense que c'est possible.
Le regard plein de chaleur que lui adressa la jolie brune fit naître en lui une drôle de sensation. Mais Seijuro se contenta de l'ignorer. Il espérait seulement trouver plus de temps à lui accorder mais entre ses tournois de shogi et son travail dans l'entreprise de son père, il avait très peu de temps pour lui. Il verrait bien, après tout.
OoOoOoO
Une semaine s'était écoulée depuis cette fameuse soirée où le couple s'était vraiment parlé pour la première fois. La soirée chez Kise était prévue d'ailleurs pour le lendemain. Elle espérait que tout allait bien se passer et qu'il n'y aurait pas trop de débordement signé Aomine Daiki. Elle l'appréciait beaucoup mais il fallait dire ce qui est : le futur policier ne tenait pas en place et n'avait pas sa langue dans sa poche. Heureusement que son mari et Tetsuya étaient présents pour le contenir un peu.
En parlant de son époux, leur relation était devenue plus chaleureuse au fil des jours passés. Chacun avait des petites attentions pour l'autre. Seijuro essayait de faire en sorte de rentrer plus tôt du bureau pour manger avec sa femme qui cuisinait elle-même le repas. Après le dîner, soit ils parlaient, soit ils regardaient un film ensemble dans leur chambre. Tout dépendait de la fatigue accumulée dans la journée.
Alors qu'elle se trouvait dans la cuisine en train de surveiller la cuisson de son plat, Yuna esquissa un doux sourire. Même si ce n'était pas encore parfait, à présent son mari faisait attention à elle. Et la veille, elle avait eu l'agréable surprise de recevoir un bouquet de fleurs que Akashi avait fait livrer pour elle, s'excusant de rentrer un peu plus tard. Elle l'avait d'ailleurs remercié quand il était rentré.
_ J'espère que Seijuro-kun ne sera pas trop fatigué, ce soir, s'inquiéta la jeune femme en mélangeant doucement le contenu de la casserole. Il ne tiendra plus très longtemps à ce rythme.
La jeune femme commençait sérieusement à avoir peur pour la santé de l'ancien capitaine de l'équipe de basket de Rakuzan. Mais elle ne pouvait encore trop rien dire donc elle veillait au grain du mieux qu'elle pouvait.
Pour une fois, Yuna avait préparé un plat occidental qui lui avait mis l'eau à la bouche, rien qu'en lisant la recette et qui était bien plus consistant qu'un repas japonais traditionnel. Après tout, sa moitié avait besoin de reprendre des forces, n'ayant sans doute pas eu le temps de manger ce midi.
Il s'agissait de spaghetti à la sauce bolognaise avec sa viande de bœuf. L'odeur qui se dégageait de la sauce lui donnait envie de manger tout de suite mais il n'était pas encore l'heure du dîner, malheureusement pour elle. La brune lâcha un léger rire à cette pensée.
Les pâtes ayant fini de cuire, elle les mit à égoutter tranquillement pendant quelques minutes et les versa ensuite dans un grand saladier. Plus qu'à attendre que la sauce bolognaise maison finisse de mijoter afin qu'elle puisse y ajouter les pâtes et la viande, cuite auparavant.
Une demi-heure plus tard, le repas était prêt. Yuna pouvait maintenant aller se détendre sur le canapé en attendant l'arrivée de Seijuro qui ne devrait plus trop tarder, à présent, vu que le vendredi soir, il partait un peu plus tôt, à de rares exceptions près. Du moins, c'était une des concessions qu'il avait accepté de faire en précisant que ce serait dans la mesure du possible. Ce que la brune avait parfaitement compris.
Soudain, le bruit de la porte d'entrée la fit sursauter et en levant la tête, Yuna ne put que remarquer l'air gentiment moqueur sur le visage de Akashi.
_ Bonsoir, Yuna, la salua-t-il. Alors tu rêvais éveillée ?
_ On ne peut rien te cacher, répliqua-t-elle en se levant du canapé. Je pensais à la soirée de demain.
En effet, Seijuro se souvenait que le lendemain, la soirée de la réunion de la Génération Miracle avait lieu chez Kise, ce qui ne l'enchantait pas vraiment. Le blond était aussi énergique qu'à l'époque du lycée et pour lui qui en manquait, c'était plutôt difficile à supporter. Ne pas se méprendre, il appréciait chacun de ses anciens coéquipiers mais avec le travail de fou qu'il avait en ce moment, le rouge aurait bien voulu passer une soirée au calme, chez lui avec Yuna.
_ Tu as trouvé ce que tu allais porter ? s'enquit-il en la suivant dans la cuisine.
_ Oui mais c'est une surprise, le taquina-t-elle avec un sourire. Le repas est prêt si tu as faim.
Akashi hocha la tête pour montrer qu'il l'avait entendu mais il ressentait le besoin d'aller se rafraîchir un peu avant d'aller manger. La journée avait été épuisante, nerveusement parlant.
_ Je vais prendre une douche, je te rejoins après, l'avertit-il avant de sortir de la pièce.
En refermant la porte derrière lui, le jeune homme poussa un soupir. Il ne savait pas vraiment encore comment il parvenait à donner le change à sa femme mais il n'en pouvait plus. Même son père commençait à s'inquiéter en le voyant si pâle et faible. Seulement Akashi avait juste une semaine de plus à tenir car si tout allait bien, le contrat qu'il désirait obtenir serait finalisé le jeudi qui suivait. Il prendrait après des vacances bien méritées.
Il retira prestement ses vêtements avant d'entrer dans la cabine de douche. L'eau chaude ruisselait sur son corps endolori par les courbatures, lui procurant un soulagement indéniable. Cela lui rappelait les douches qu'il prenait après les entraînements de basket harassants concoctés conjointement par le coach et lui pour augmenter les capacités de l'équipe au maximum.
Cette époque lui manquait, s'avoua-t-il, les yeux fermés. Le basket lui manquait… Il n'avait plus le temps d'en faire et cela le frustrait au plus haut point. Ce serait un bon défouloir pour le purger de toute la frustration accumulée dans son travail. Parfois, il revoyait ses anciens coéquipiers de Rakuzan, n'ayant pas voulu perdre le contact avec son passé de basketteur. Moins souvent que les membres de la Génération Miracle, certes, mais il appréciait ces moments. Et d'après ce que Yuna lui avait dit, elle aussi. Elle lui avait confié que Hayama et Nebuya la faisaient rire et qu'elle appréciait discuter avec Mibuchi et Mayuzumi, beaucoup plus calmes et posés que les deux autres.
_ Je ne dois pas y penser pour le moment, soupira-t-il en se lavant les cheveux.
En tout cas, Seijuro devait avouer que l'ambiance chez lui était beaucoup plus agréable. Chaque soir, Yuna l'accueillait avec un doux sourire et ils partageaient un repas des plus délicieux. Ils prenaient plus de temps pour parler et il avait l'impression de la connaître de mieux en mieux. Il parvenait même parfois à prévoir certaines de ses réactions et cela pouvait s'avérer amusant. Le jeune homme s'était surpris plus d'une fois à sourire à ce qu'elle lui racontait.
Seulement, un problème était apparu dans le même temps : à mesure qu'il se rapprochait d'elle, son attirance pour elle augmentait considérablement. Il avait de plus en plus de difficultés pour retenir ses pulsions. Parfois, la nuit, il se levait pour prendre une douche froide. Il ne comptait pas le nombre de fois qu'il en avait eu besoin, cette semaine…
Peut-être était-il temps de faire évoluer leur relation amicale vers quelque chose de plus… intime ? Akashi ignorait ce que sa femme en pensait mais rien n'avait laissé présager dans son comportement qu'elle ressentait les mêmes tourments que lui… De toute façon, il verrait bien ce que l'avenir lui réservait. Et puis, rien n'interdisait à ce qu'il se montre plus tactile avec elle, ainsi il saurait ce qu'il en était vraiment. C'était décidé : à partir de ce soir, il commencerait à ne plus réprimer son envie de la toucher.
Une vingtaine de minutes plus tard, Yuna finissait de mettre la table quand elle vit son époux entrer dans la salle à manger. Il lui adressa un petit sourire auquel elle répondit avant qu'elle n'aille chercher le plat.
_ Tu arrives bien, je viens de terminer, lui fit-elle en posant le plat sur la table.
_ Je vois ça, dit-il en souriant. Un plat occidental ?
_ Tu as besoin de reprendre des forces, je me suis dit que c'était une bonne idée, lui répondit la brune alors qu'elle prenait place en face de lui.
Ah non, en fait sa femme n'était pas dupe, soupira intérieurement Akashi. Elle avait bien remarqué sa fatigue, ce qu'il cherchait justement à éviter, ne voulant pas l'inquiéter. Si on lui avait dit qu'il aurait pensé une telle chose par rapport à elle, dix jours auparavant, il n'en aurait pas cru un mot. Mais c'était quand même agréable d'avoir quelqu'un qui se souciait de lui.
_ Tu as bien fait, la rassura le rouge en voyant l'appréhension sur son beau visage. Et en plus, ça sent bon.
Les deux époux mangèrent dans un silence reposant. Ils profitaient simplement de la compagnie de l'un et de l'autre et parfois s'échangeaient des petits sourires.
Yuna ne comprenait pas vraiment ce qui était en train de se passer. Elle se faisait des idées ou bien Seijuro n'était pas comme d'habitude ? Que lui arrivait-il ? De toute façon, en connaissant la personnalité de son mari, elle en saurait plus tôt ou tard. Puis, en levant de nouveau la tête vers lui, elle ne put manquer la lueur ardente qui enflammait ses prunelles écarlates. Euh… La jeune femme sentit ses joues chauffer et détourna les yeux, prétextant devoir aller dans la cuisine pour une broutille.
Se retenant à l'évier, Yuna cherchait à reprendre son souffle et à calmer ses battements de cœur effrénés. En fait, non elle ne rêvait pas : l'ancien lycéen de Rakuzan était en train de changer les règles de leur cohabitation. Voulait-il qu'ils deviennent un vrai couple ? Et si c'était le cas, pourquoi maintenant ?
_ Que me fais-tu, Seijuro-kun ? murmura-t-elle pour elle-même. Je ne peux plus faire semblant…
Sans qu'elle ne s'en rende compte, des gouttes salées se mirent à couler sur ses joues. Jouait-il avec elle ? Ce serait pire que tout. Certes, tout allait mieux entre eux depuis quelques jours mais cela ne lui suffisait plus. La situation était encore plus douloureuse car même s'ils s'étaient rapprochés suffisamment pour devenir des amis, elle l'aimait trop pour s'en contenter. Yuna ne voulait plus de faux espoirs. Elle voulait tout ou rien.
De son côté, Akashi était à la fois satisfait et troublé. Il fallait dire que leur dernier regard échangé avait saturé l'air en électricité autour d'eux. Et la fuite de la brune le laissait deviner qu'elle non plus n'était pas indifférente à ce qui venait de se passer entre eux. Seulement, il ne comptait pas s'arrêter maintenant. Maintenant qu'il savait qu'elle était sensible à sa présence, il allait continuer sur sa lancée.
Le rouge décida de la suivre dans la cuisine et en arrivant dans la pièce, il vit son épouse penchée sur l'évier, dos à lui. Il prit le temps d'admirer la vue qu'elle lui donnait sur sa chute de rein avant de s'approcher doucement d'elle. Puis l'ancien basketteur remarqua les soubresauts des épaules de la brune. Pleurait-elle ? Il posa sa main sur son épaule, la faisant sursauter. Et il y avait de quoi, songea-t-il amèrement. Hormis le jour de leur mariage, c'était la première fois qu'il posait la main sur elle.
Le murmure soufflé par Yuna atteignit ses oreilles au même moment. Que cela voulait-il dire ? Que c'était lui qui la faisait souffrir ainsi ? Et faire semblant de quoi ? Akashi l'attira donc contre lui avant de l'entourer de ses bras. Il sentit les mains fines de son épouse agripper son T-shirt dans son dos en se serrant contre lui.
_ Désolée, un moment de faiblesse, s'excusa Yuna sans le regarder, honteuse qu'il l'ait vue ainsi.
_ Ne me mens pas, Yuna, lui chuchota-t-il à l'oreille. J'ai entendu ce que tu as dit, quand tu te pensais seule. Dis-moi ce qui se passe, lui ordonna-t-il doucement.
Quoi ? Il avait entendu ? Yuna se figea dans les bras de son mari. Tout ce qu'elle voulait éviter… Avec tout cela, elle réalisa avec plusieurs minutes de retard qu'elle se trouvait serrée contre lui et ses bras puissants autour d'elle. Elle cacha son rougissement en plongeant son visage contre le torse du rouge, refusant de croiser son regard qui voyait tout. Dans ses bras… Enfin…
_ Rien de spécial, Seijuro-kun.
Rien de spécial ? Akashi n'en était pas si sûr. Sinon, pourquoi se mettrait-elle dans un tel état ? Une menteuse, une charmante mais mauvaise menteuse. Un petit sourire attendri naquit sur ses lèvres sans qu'elle ne puisse le voir.
_ Je n'en serais pas aussi certain à ta place, Yuna, fit-il en lui relevant le menton pour voir ses beaux yeux verts. Pourquoi ne me dis-tu pas la vérité ?
La chaleur qui irradiait des prunelles écarlates d'Akashi fit battre le cœur de la brune plus vite. Il battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait s'échapper de sa cage thoracique. D'ailleurs, son époux ne pouvait que le remarquer, observateur comme il l'était.
_ Et pourquoi tentes-tu de t'éloigner de moi ? la taquina-t-il en resserrant son étreinte autour d'elle.
En effet, Seijuro la sentait se débattre pour tenter de se libérer mais il la maintenait si fort contre lui que c'était inutile. Amusé, il vit le rouge de ses joues s'assombrir davantage.
_ Oh, je vois que je ne te laisse pas indifférente, lui dit-il avec un sourire à la fois amusé et attendri.
_ Ne dis pas n'importe quoi, Seijuro-kun, tenta de nier la jeune femme en détournant le regard de celui si troublant de son époux.
Mais que faisait-il ? Yuna était complètement perdue, elle ne savait plus sur quel pied danser avec le nouvel Akashi Seijuro qui lui faisait face. C'était la première fois qu'il se comportait ainsi avec elle…
_ Nous sommes mariés, tu n'as pas à avoir honte, tu sais, lui asséna-t-il doucement à l'oreille. En tout cas, je n'ai pas honte de te trouver attirante.
Le choc marquant le visage de la jolie brune fit rire l'ancien capitaine de Rakuzan qui la maintenait contre lui pour l'empêcher de tomber. Elle ne s'attendait sans doute pas à une telle annonce et il ne pouvait la blâmer. Après tout, il ne lui avait jamais montré le moindre intérêt avant ces derniers jours. Mais il ne mentait pas.
_ Tu n'as pas l'air de me croire, tu veux une preuve ?
Une preuve mais quel genre de preuve ? Euh… Le cerveau de Yuna était en mode veille, depuis l'annonce surprenante d'Akashi. Et le rire qu'il avait lâché un peu plus tôt lui avait donné des frissons intenses le long de son échine.
_ Mais avant cela, je veux savoir une chose, Yuna. Tu ne veux plus faire semblant de… quoi ?
A l'entente de cette question maudite, la brune écarquilla les yeux et sentit son souffle se couper. Il voulait savoir… cela ? Non, elle ne devait pas le lui dire, pas maintenant.
_ Rien du tout, maintenant lâche-moi, s'il te plaît, lui intima-t-elle, gênée.
_ Pas avant que je n'obtienne ma réponse.
Ce qu'il pouvait être têtu, quand même, soupira intérieurement la jeune femme tout en détournant une nouvelle fois les yeux. Mais à quoi jouait-il ? En sentant le souffle chaud d'Akashi sur sa joue, Yuna se mit à frémir intensément dans ses bras.
_ Lâche-moi, Seijuro-kun, répéta-t-elle plus fort.
Akashi ne prit même pas la peine de lui répondre et se contenta de l'observer avec attention. Comme cela, elle aussi était attirée par lui, elle avait bien caché son jeu, songea-t-il avec amusement. Seulement, maintenant qu'il le savait, il ne comptait plus la lâcher.
_ Dis-le moi, Yuna.
L'ancien basketteur plongea ses prunelles ardentes dans les siennes voilées et ce qu'il pouvait y lire le ravit au plus haut point. De la gêne, d'accord mais pas seulement. Il y avait aussi du désir, voire même… de l'amour mais il n'en était pas encore certain.
_ Je ne lâcherai pas le morceau, ma belle, alors… ?
"Ma belle" ? C'était une grande première ! Habituellement, son mari ne l'appelait que par son prénom… Cette soirée prenait des allures de plus en plus étranges, et elle pressentait que ce n'était que le début. Mais le rouge allait devoir se faire une raison : elle ne répondrait pas à cette question. Hors de question de se mettre à nu ainsi devant lui.
Ainsi donc, elle était déterminée à ne rien lui dire. Et bien, lui était déterminé à savoir ce qu'elle lui cachait. Surtout si, comme il l'avait entendu un peu plus tôt, cela le concernait.
_ Pourquoi tiens-tu tant à savoir ? demanda-t-elle dans un souffle.
Yuna commençait à lâcher prise, sinon elle n'aurait jamais posé cette question. A lui de faire en sorte d'obtenir ce qu'il désirait. Et ce ne serait pas particulièrement compliqué. Il n'aimait pas trop le fait de la pousser à bout ainsi mais il en avait trop entendu ou pas assez.
_ Je m'inquiète pour toi, c'est tout, fit-il avec un petit sourire. Et puis, je suis assez curieux aussi, surtout si c'est moi qui t'ai mis dans cet état.
_ Tu es impossible, Akashi Seijuro, marmonna-t-elle en levant les yeux au ciel.
Yuna sentit plus qu'elle ne vit l'amusement de l'ancien capitaine qui la serrait toujours plus contre lui. Seigneur, elle commençait à vaciller sur ses jambes… mais elle fut retenue par les bras puissants qui l'entouraient.
_ Tu sais, Yuna, je tiens beaucoup à toi, se dévoila-t-il en plongeant son visage dans son cou frêle.
Et Seijuro pensait vraiment ce qu'il disait. Oui, presque à son insu, la jolie brune s'était infiltrée dans son cœur et il n'avait pas l'intention de le nier. Peut-être était-ce dû au fait qu'elle prenait soin de lui sans qu'il ne le lui demande, ou à ses sourires plein de douceur… Ou seulement parce que c'était elle.
Quel gâchis, songea-t-il en déposant un léger baiser dans son cou avant de relever la tête. Ils avaient perdu beaucoup de temps, en grande partie par sa faute.
_ Tu tiens à moi ? répéta-t-elle, les yeux écarquillés. Pourquoi tu ne me l'as jamais dit, Seijuro-kun ?
_ Je répondrai à ta question quand tu auras répondu à la mienne.
Evidemment, ironisa Yuna en son for intérieur. Sinon cela aurait été bien trop facile… Et puis, elle devait avouer que les lèvres brûlantes de son époux dans son cou l'avaient rendue fébrile. Quand il la regardait ainsi, elle ne parvenait pas à lui résister. Soit. Elle allait lui avouer ce qu'elle lui cachait depuis presque deux ans.
_ Repose-moi la question, s'il te plaît, fit-elle tendue, sinon je n'y arriverai pas.
Sentant une grande tension dans le corps de sa femme, Akashi fronça les sourcils. Était-ce grave ? Allait-elle le rejeter ? Bon, de toute façon, il avait voulu savoir et ce n'était pas son genre de fuir comme un lâche.
_ Tu ne veux plus faire semblant de quoi, Yuna ?
La jeune femme ferma un instant les yeux, comme pour se donner du courage, puis les plongea dans ceux écarlates de son interlocuteur, le laissant lire en elle comme dans un livre ouvert.
_ De ne pas t'aimer, souffla-t-elle tristement. Je t'aime, Akashi Seijuro, ça fait presque deux ans que je souffre en silence, et c'est trop lourd à porter. Voilà, c'est ce que tu désirais tant savoir.
Sous le coup de la surprise, l'ancien lycéen de Rakuzan la lâcha et elle en profita pour fuir aussi vite qu'elle le pouvait. Bon sang, elle l'aimait ? Et lui ? Il n'avait rien vu ? Ou plutôt, se corrigea-t-il, il n'avait pas voulu voir, c'était différent. Parce que maintenant qu'elle le lui avait dit, il se rendait compte qu'elle avait laissé des indices assez révélateurs. Quel imbécile !
Yuna venait de s'enfermer dans la salle d'eau de leur suite et laissa couler ses larmes, sur le sol. C'était encore plus douloureux que ce qu'elle avait d'abord imaginé… Son mari l'avait repoussée et avait rejeté ses sentiments. Sinon pourquoi l'aurait-il lâchée ainsi et aussi vite ?
Soudain, elle entendit des coups frappés à la porte et la voix d'Akashi se fit entendre de l'autre côté du battant.
_ Yuna, ouvre-moi s'il te plaît.
_ Laisse-moi !
_ Certainement pas, surtout que je n'ai pas parlé, affirma-t-il sur un ton décidé. Et je préfère le faire en te regardant dans les yeux, tu mérites bien ça, ajouta-t-il plus doucement en posant sa main sur la porte.
Pendant quelques instants, Seijuro n'entendit aucun bruit venant de la salle de bain et il se demandait si elle allait vraiment finir par lui ouvrir cette porte. Puis, le loquet se déverrouilla et il entra aussitôt pour trouver Yuna, prostrée devant leur baignoire, la tête baissée. Cette vision lui était insupportable aussi Akashi se baissa à côté et posa une main apaisante sur l'épaule tremblante de son épouse. Quand elle tourna la tête vers lui, il vit qu'elle pleurait toujours. Ses sentiments pour lui la faisaient donc souffrir à ce point ? Non, plus jamais. Il était l'empereur, il devait protéger ce qui lui appartenait. Et Yuna, il le comprenait enfin, était son bien le plus précieux. Surtout son sourire…
_ Je suis désolé, Yuna, s'excusa-t-il la mine soucieuse, je n'aurais pas dû insister autant.
_ Ce qui est fait est fait, Seijuro-kun, déclara la jeune femme en s'essuyant les yeux. Et puis, je ne t'en veux pas, tu sais…
A sa grande surprise, l'ancien capitaine de Rakuzan sentit sa femme se blottir contre lui en posant la tête sur son épaule. Il esquissa un sourire attendri, qu'elle ne vit pas, et resserra son étreinte autour d'elle. Son parfum de rose envahit ses narines et il inspira profondément pour s'en enivrer.
Dans les bras de son mari, Yuna se sentait de plus en plus apaisée car, bien qu'il ne lui avait pas retournée ses sentiments, il ne la repoussait pas et ne l'ignorait pas. C'était ce qu'elle avait le plus craint, elle devait l'avouer. Les battements de cœur calmes d'Akashi la berçait et elle sentait ses yeux se fermer tout seuls… Sans doute le trop plein d'émotions qui l'avait épuisée.
_ Je crois que nous devrions aller dormir, lui chuchota-t-il à l'oreille.
Pour seule réponse, le jeune homme obtint un soupir de bien-être et il sentit Yuna se serrer davantage contre lui. Elle s'était donc endormie, songea-t-il à la fois amusé et attendri. Tant pis, la discussion attendrait le lendemain. Quelques heures de plus n'allait pas le tuer.
Tout en faisant attention à ne pas la réveiller, Seijuro se leva et la porta dans ses bras pour la poser sur leur lit. Elle serait plus confortablement installée, c'était certain. Il lui retira doucement ses vêtements avant de lui enfiler un T-shirt à lui, plus simple à enfiler que sa nuisette. Et puis, le fait de la voir porter son vêtement fit naître en lui un sentiment de protection qu'il ignorait posséder. Oui, elle n'aurait pas grand-chose à faire pour gagner son coeur, il lui appartenait déjà. Il faudrait qu'il pense à le lui dire, c'était vraiment important…
_ Que me fais-tu faire, ma belle ? murmura-t-il pour lui-même.
Sentant son désir d'elle se raviver, Akashi se dirigea sans plus attendre dans la salle d'eau et retira ses habits. Il entra dans la douche et frémit en sentant le jet d'eau glacée sur sa peau brûlante. En effet, le fait que Yuna se soit abandonnée dans ses bras ainsi avait failli le faire craquer pour de bon mais, heureusement pour lui, son self-control lui avait sauvé la mise, pour cette fois. Il resta sous l'eau encore une bonne dizaine de minutes avant de sortir de la cabine, calmé. L'ancien capitaine enfila son boxer et retourna dans la chambre en fermant la porte derrière lui.
Quand ses prunelles rosées se posèrent sur le lit, il secoua la tête, avant de sourire, amusé. Yuna était couchée en étoile et prenait toute la place, elle était vraiment adorable, ainsi… Seijuro la poussa doucement afin de se coucher et à peine s'était-il allongé que la brune vint se coller à lui, le faisant pousser un léger soupir de frustration. Mais au lieu de la repousser, il la prit dans ses bras et la serra contre lui en lui embrassant tendrement la joue.
_ Bonne nuit, Yuna.
_ Bonne nuit, Seijuro, lui murmura-t-elle, les yeux clos.
Tiens donc, elle ne dormait pas si profondément que cela… Peu importait. Le rouge cala sa tête sur celle de sa femme et le sommeil s'empara de lui quelques minutes plus tard. Sa dernière pensée fut pour Yuna et il se dit qu'elle n'avait pas fini de le surprendre.
Le lendemain matin, Yuna s'éveilla seule dans le lit conjugal. Pourtant, d'après ses légers souvenirs de la veille, elle s'était endormie dans les bras de Seijuro. Alors où était-il ? La porte de la chambre s'ouvrit soudain sur le jeune homme qui portait un plateau d'où provenait une délicieuse odeur. La brune se redressa et adressa un sourire timide au rouge alors qu'il posait son fardeau sur le lit.
_ Bonjour, Yuna, la salua-t-il en déposant un léger baiser sur son front, bien dormi ?
_ Bonjour, Seijuro-kun, oui je crois. En quel honneur tout ceci ? demanda-t-elle en désignant de sa main le plateau.
_ Je me suis dit qu'un petit-déjeuner au lit ne nous ferait pas de mal.
Ce baiser… Bon sang, elle ne s'y attendait pas ! Et puis, que cherchait-il à faire ? De toute façon, elle n'oserait pas lui demander, pas maintenant donc autant laisser couler. Même si son cœur battait la chamade…
En voyant l'étonnement se dessiner sur le visage de sa femme, Akashi se dit qu'il avait eu une bonne idée. Il retira ses chaussons et s'installa confortablement dans le lit, faisant face à Yuna, qui se frottait les yeux. Elle était vraiment adorable ainsi, songea-t-il en retenant un sourire attendri. Il avait l'impression de se répéter mais peu lui importait.
Pendant qu'ils mangeaient, les deux époux parlaient de tout et de rien, même si Yuna était encore mal à l'aise suite à sa déclaration de la veille. Son mari n'avait pas l'air de vouloir en parler maintenant mais cela allait devenir nécessaire, tôt ou tard. Ils ne pouvaient plus faire comme si rien ne s'était passé.
_ Kise-kun a-t-il dit à quelle heure nous devons nous rendre chez lui ? s'enquit la brune en s'essuyant la bouche avec une serviette.
_ Il m'a appelé ce matin pour annuler car on lui a organisé une séance photo à l'autre bout du pays, lui apprit l'ancien basketteur.
_ Oh d'accord.
Malgré elle, Yuna était un peu déçue de cette nouvelle car elle aurait bien aimé voir les amis de son mari qui étaient devenus les siens depuis leur mariage. Mais tant pis, ce serait pour une autre fois. Et puis, une soirée en tête à tête avec le rouge n'était pas pour lui déplaire, non plus.
_ Il nous tiendra au courant de la nouvelle date, ajouta-t-il avec un sourire.
Ayant terminé de manger, Seijuro débarrassa le plateau et le déposa sur sa table de nuit avant de se retourner vers la brune qui n'osait pas le regarder en face. Il ne pouvait pas ne pas l'avoir remarqué, elle n'était pas à l'aise, sans doute à cause de la veille.
_ Il faut qu'on parle d'hier soir, fit-il soudain d'un ton décidé.
_ Qu… quoi ? Main… maintenant ? bafouilla Yuna, prise au dépourvu.
Sa gêne augmenta quand la jeune femme vit Akashi s'asseoir juste devant elle en prenant son menton entre ses doigts, pour lui faire rencontrer son regard écarlate. Elle pouvait d'ailleurs y voir une étrange lueur qu'elle n'y avait jamais vue. Que cela voulait-il dire ?
_ Ne crois pas que ta déclaration ne m'a rien fait, même si je ne savais pas quoi te répondre sur le moment.
_ Seijuro-kun… Je n'attendais pas de réponse, tu sais, murmura-t-elle en rougissant.
Dire de telles choses avec un tel aplomb, son mari la surprendrait toujours. Quel était ce pressentiment étrange qui naissait en elle ?
_ Je sais, confirma-t-il en l'attirant contre lui, mais je compte bien t'en donner une, quand même.
Le moment de vérité, songea Akashi en sentant son rythme cardiaque battre des records de vitesse dans sa cage thoracique. Oui, il le reconnaissait enfin : il était tombé éperdument amoureux de son épouse sans s'en rendre compte, au fil du temps. Comme quoi, il n'était plus aussi absolu qu'à l'époque du lycée, se dit-il avec amusement.
_ Tu n'es pas la seule à t'être fait prendre au piège, Yuna.
Seijuro se leva et serra la jeune femme contre lui en dévorant son beau visage du regard. Il glissa une main dans sa nuque et se pencha vers elle avant de murmurer passionnément :
_ Je t'aime.
Sans lui laisser le temps de répondre, il s'empara de ses lèvres dans un baiser des plus langoureux, lui montrant tout ce qu'il gardait pour lui depuis un certain temps. Sans cesser de l'embrasser, il passa ses mains sous le T-shirt qu'elle portait afin de toucher cette peau pâle qui le tentait. Elle était encore plus douce qu'il ne l'imaginait.
Yuna, elle, se laissait emporter par le tourbillon de passion provoqué par son mari. Elle n'en revenait toujours pas. Il l'aimait, lui aussi. Elle enfouit ses doigts fins dans les cheveux rouge framboise d'Akashi et se serra encore plus contre lui. Mais le manque d'oxygène se fit soudain ressentir et elle s'écarta légèrement de lui pour reprendre son souffle.
_ Tout ira bien, maintenant, je ne compte plus te lâcher.
L'ancien lycéen de Rakuzan ne mentait pas. Yuna était à lui, c'était sa femme. Et le sourire radieux qu'elle affichait le fit sourire à son tour. Oui, il prendrait soin d'elle tout au long de leur vie.
_ Oui, tout ira bien, confirma la brune dans un souffle.
A présent, dans les bras de l'homme de sa vie, Akashi Yuna se disait que le meilleur restait à venir.
