Disclaimer : Magnificent Century Kösem est l'oeuvre de Yılmaz Şahin .
Résumé : Il est censé avoir été exécuté il y a quatre cents ans, presque jour pour jour. Alors, pourquoi le sultan Osman II se retrouve-t-il en 2022 chez une dunkerquoise ? [Magnificent Century : Kösem – UA!Moderne]
Note de l'auteur :Oui, j'ai craqué mon slip. Clairement. Je me tape mon bon gros délire et j'ai si peu honte que je le partage sur internet. Et ouais. Je dois être la soeur cachée de Viserys qui est mentionné dans cette fanfiction sont des choses qui touchent à ma vie privée. Il y a une partie que je peux révéler, une autre où je reste évasive, comme sur les noms de mes proches, que je n'écrirai pas ( et si certains prénoms passeraient, je ne mettrai jamais un nom de famille ). Je suis folle mais si une personne doit payer ma folie, c'est moi-même et non ma pauvre famille !
Tout est véridique ou presque : ma situation réelle est différente de celle qui sera dans cette fanfiction, parce que comme c'est pour du faux, je peux enjoliver ! La majorité des choses énoncées liées à ma vie seront vraies, comme les anecdotes etc, mais tout n'est pas à prendre au pied de la lettre.
Oui, je sais aussi que je me répète : genre, mes LAD et KMG. Et je m'en cogne !
Liste des dettes du Discord « Défis Galactiques » : 50 nuances de self-insert (06/50) + Osman II + Scorpion : Osman II + Prénom 202 : Osman + Défi des adultes 306 - Ecrire un cauchemar + Blessure 141 : Souvenirs traumatisants
L'âme de nos pupilles
Chapitre 6
Ce qui le réveilla, ce ne fut pas le bruit des véhicules roulant dehors. Ce ne fut pas le chant des mouettes. Ce fut un goût acre dans la gorge, une remontée qui lui secoua le corps alors que son esprit, lui, ressassait en boucle ce qui était arrivé. Il sentait à nouveau les coups contre son corps, la poussière de Yedikule, le frottement du lasso, et surtout cette poigne qui donna naissance à la plus vive des douleurs. Son cri qui s'échappa de sa gorge, lui donnant l'impression de saigner de l'intérieur. Sa peau qui se resserrait. Se sentir partir. Tomber. Et alors qu'il suffoquait, Osman ouvrit les yeux, le souffle court, le front en sueur et surtout le cœur au bord des lèvres. Il se leva d'un bond, se précipita aux toilettes, ses pieds nus sur le carrelage, avant de se laisser tomber près de la cuvette, l'agrippant et vomissant le peu qu'il restait du repas de la veille. Il tenta de reprendre ses esprits, de se calmer et remercia le Ciel que Marina était déjà partie travailler. Elle n'aurait donc pas à le voir aussi pathétique. Il eut encore quelques soubresauts et nausées, resta ainsi quelques instants, le temps de sentir son cœur reprendre des battements plus réguliers et normaux. Il se releva, tira la chasse comme on le lui avait montré et se dirigea mécaniquement vers la salle de bains. Son reflet lui fit peur mais ne l'étonna pas plus que cela : il avait l'air d'un mort. Livide, les joues creuses, les yeux cernés, les lèvres sèches, les cheveux poisseux, il était, en effet, le padichah du monde qui s'était retrouvé en-dessous du dernier des mécréants en une journée. Il passa de l'eau sur son visage, se lava, s'habilla, bénissant Allah ou le frère de sa protectrice d'avoir donné des habits dont les cols n'enserraient pas le cou. L'idée même de mettre une matière quelconque dessus lui était insupportable. Son entrejambe, elle, lui faisait un peu moins mal du fait des médicaments et des crèmes, mais il savait que ce n'était que temporaire. Un jour, il faudrait nécessairement revoir le médecin, lui montrer cette partie de lui et, déjà pudique de base, après ce qui lui était arrivé, c'était pour lui une épreuve insurmontable. Parce que c'était aussi raviver des souvenirs qu'il essayait d'enterrer. Des souvenirs qui faisaient plus mal encore que ce qu'il avait pu subir. Il voulait oublier. Tout oublier. Oublier jusqu'à ne plus savoir qui il était. Parce qu'en oubliant, il n'aurait plus mal. Chaque respiration ne lui paraîtrait pas aussi douloureuse. Chaque instant seul avec son cerveau ne serait plus une agonie honteuse. Parce qu'il arrêterait de blasphémer aussi : Allah l'avait sauvé, de quel droit se plaignait-il encore ? Parce qu'en oubliant, la malédiction de Mehmed n'aurait plus d'effet.
Parce qu'en oubliant, il serait peut-être heureux.
Il se rendit dans la cuisine. Marina lui avait laissé un petit mot, ainsi que quelques précisions si jamais il avait besoin d'elle pour une urgence. C'était, après tout, le premier jour sans elle. Il se força à avaler une tranche de pain, par acquis de conscience et pour ne pas que ses remèdes tombent sur son estomac déjà malmené. La seule chose qui le motivait, c'était de découvrir la suite de ces mystérieux disques.
Ils avaient regardé, la veille au soir, la suite. Il avait pu voir le visage de sa mère biologique. Sa nature aussi : elle l'aimait. Mais elle n'était pas réellement une bonne personne. Ou alors, c'était l'ambiance du harem. Il avait vu la naissance de Mehmed. Il avait été tenté de stopper le visionnage à cet instant, la vue de ce frère qu'il avait fait exécuter lui était insupportable... sauf qu'une partie de lui lui ordonnait de regarder la suite. Il devait savoir. Il devait voir sa vie entière, ce qu'il se serait passé. Alors, il tenta de mettre en marche le lecteur, y parvint après quelques essais et s'installa.
Marina rentrait vers une heure moins dix. Il avait donc quatre heures devant lui.
-Bonjour, Hunkarim.
Aucune réponse. Cela inquiéta Marina, laquelle ne se déchaussa pas et se précipita pour essayer de retrouver son colocataire. Etait-il malade ? Avait-il eu un problème ? Elle le trouva sur le canapé, silencieux, des larmes roulant sur ses joues... et sur l'écran de télévision, l'image figé de sa version fandomesque enlaçant Meleksima.
Ils venaient de perdre leur bébé.
Et si l'Osman qui lui faisait face était le même que celui de la série, alors, à la mort de son fils, il n'avait pas pleuré. Malgré son cœur brisé. Malgré ses yeux rouges, cette partie de lui détruite. Le choc et la peine étaient trop grands. Et aujourd'hui, éloigné de tout, il s'autorisait peut-être à verser des larmes.
Il pleurait la mort de Mehmed, lui qui ne se l'était jamais permis. On ne pleurait par les gens que l'on faisait exécuter, après tout.
Il pleurait son petit garçon, lui qui n'avait pas pu s'effondrer, même si cela lui aurait au moins permis d'extérioriser sa peine.
Dans l'esprit de la jeune femme, une seule idée fixe : le prendre dans ses bras. Pourtant, elle n'était pas tactile, ne touchait pas les gens sans leur demander leur avis... pourtant, c'était viscéral. Son être tout entier lui hurlait de fondre sur lui, de le serrer contre elle, et de le laisser pleurer tout son saoul. Elle s'approcha en silence, s'assit à ses côtés et posa une main sur son épaule. Ce fut lui qui chercha son contact. Elle l'enlaça sans un mot, reçut tous ses sanglots alors qu'elle se surprit elle-même à lui caresser les cheveux à l'instar d'une mère consolant son enfant.
Osman n'avait que dix-sept ans.
C'était ce que son cerveau lui répétait sans cesse.
Il n'avait que dix-sept ans.
S'il n'était pas un enfant dans le sens propre du terme, il n'était pas encore un adulte. C'était un adolescent. Un adolescent qui avait vu trop d'horreurs. Un adolescent qui avait trop souffert.
Elle se fit un peu peur quand elle se surprit à penser que c'était le sien...
Au travail, Marina avait du mal à se concentrer. Si elle faisait bien évidemment attention à ce qu'elle faisait, car les dossiers qu'elle avait entre les mains étaient la vie entière des gens qui consultaient sa patronne, son esprit revenait toujours vers Osman et elle se surprenait à vérifier plus régulièrement son téléphone, ses sms, dans le cas où il l'aurait contactée, tant bien que mal... avant de se dire que c'était idiot. Avait-il réellement retenu comment se servir d'un portable en une soirée à peine ? D'autres pensées traversaient son cerveau et elle s'étonna :
Elle était passée en mode « daronne ».
Il n'y avait pas d'autres mots.
Parce qu'elle pensait au fait qu'elle devrait acheter à son protégé des vêtements. Les dons de son frère dépannaient mais il méritait des choses neuves, bien à lui. Sauf qu'elle ne connaissait pas sa taille, ni sa pointure, ne pouvait que faire des estimations vagues : il flottait dans du XL, la belle affaire... Faire comprendre aussi au jeune homme que non, ce n'était pas de la charité, que c'était à lui, et qu'en aucun cas il ne lui était redevable. Il ne croyait tout de même pas qu'elle le laisserait cul nu, non ?
Cela signifiait aussi le convaincre de sortir, de faire des essayages... pour quelqu'un qui n'osait pas mettre un pied dehors et qui ne connaissait rien de la vie moderne, cela allait être une épreuve.
Parce qu'elle pensait à prendre rendez-vous pour lui, pour le contrôle de sa gorge et de sa zone pénienne. Cela devrait forcément être un vendredi ou un samedi... les spécialistes du CHD travaillaient-ils le samedi ? Elle demanderait à son père, patient auprès d'une pneumologue et d'une ORL.
Elle eut aussi peur d'une chose : Osman n'était vacciné... eh bien, contre rien du tout. Alors certes, il était en bonne santé, en tout cas ils n'avaient pas vu de choses étranges lors de leur passage à l'hôpital, mais si jamais il tombait malade ? Elle n'avait pas encore retrouvé de médecin traitant suite au départ à la retraite du sien... Osman n'avait pas de carte vitale, de carnet de santé, il ignorait certainement son groupe sanguin... Avait-il des allergies ? Seigneur, si jamais il venait à attraper la COVID-19... Il était jeune mais n'ayant aucune protection contre les maladies d'ici...
Devait-elle lui acheter un coran et un tapis de prière ? S'il était comme celui de la série, il était croyant. Il y avait une mosquée à Grande-Synthe et elle l'y emmènerait avec plaisir s'il le désirait. Mais offrir des biens religieux, c'était personnel. C'était intime. Elle ne voulait pas être indélicate.
Parce qu'il y avait l'administratif. Comment le déclarer ? Parce qu'il fallait le déclarer ! A la CAF ! Elle ne percevait plus le RSA, n'avait plus que la prime d'activité mais elle devait le déclarer ! Il faisait désormais partie du foyer, il avait un impact sur ses revenus. Il y avait la Sécurité Sociale, les impôts puisqu'elle ne vivait plus seule... Et ses papiers ? Comment lui procurer un passeport ? Une pièce d'identité ? Un titre de séjour ? S'il avait un jour besoin de son acte de naissance ! Comment cela se passait pour les personnages de fandom qui n'étaient pas retrouvés de suite ? Est-ce que le monde s'adaptait à eux ? Elle se disait qu'elle y penserait plus tard, mais elle n'y arrivait pas : ce genre de situation arrivait sans crier gare.
Elle pensa à son assurance, sa mutuelle. Pouvait-elle mettre Osman dessus ? Ou bien, devait-il être un concubin, voire un enfant pour en bénéficier ?
Légalement, il n'avait aucune existence et elle se gardait de le lui dire : il n'était pas bien, le lui annoncer serait criminel.
Elle soupira, regarda le paysage dehors, se fit un thé avant de reprendre la rédaction de sa requête conjointe en divorce, suivie des demandes d'état civil.
Même si ce sentiment ne la quitta pas :
Elle était « une daronne »...
Sans avoir accouché, sans jamais avoir voulu d'enfant.
L'ironie était belle...
Lorsqu'elle rentra, la télévision était éteinte, les télécommandes n'avaient pas bougé. Elle en déduisit que depuis le déjeuner, son protégé n'avait pas regardé la suite. Il n'en avait pas eu le courage ou l'envie, elle le comprenait. Elle le retrouva assis dans le jardin, à même la dalle, ses pieds nus foulant l'herbe, profitant de l'intimité offerte par les murs entourant le carré de verdure. Elle le trouvait toujours aussi pâle, n'osa pas lui demander s'il avait passé un bon après-midi.
A la place, elle s'installa à ses côtés et admira le ciel avec lui.
-Qu'aimeriez-vous manger ce soir ?
Il n'avait pas faim, elle le savait très bien. Il ne mangerait que parce qu'il le fallait bien.
-Qu'est-ce qu'un Döner ?
Elle fut saisie mais se mit à sa place : il avait dû entendre le mot ou le lire et voir un peu de turc dans la langue de Molière, ça avait dû l'interpeller. Elle entreprit donc de lui expliquer, brièvement, que c'était de la viande rôtie sur un rôtissoire vertical, lequel avait été inventé à Bursa deux siècles après sa mort.
-Il y en a ici ?
-Oui. Pas mal, même. Ils n'ont sans doute pas le goût des döners turcs mais ça vous donnera un aperçu.
-Si c'est possible, j'aimerais bien goûter.
Elle sourit, alla lui chercher le dépliant pour qu'il puisse le lire à son aise mais eut du mal à garder son sérieux en passant commande par Über Eats :
C'était quand même particulièrement cocasse, en vérité, d'offrir un kebab à un sultan mort il y avait quatre cents ans...
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