J'ai l'impression que plus personne lit mais soit j'ai dit que je finirais x)


Chapitre 11 : Calixte

Bella pouvait sentir son corps tanguer, comme si elle était sur un bateau. L'alcool devait en être la cause et elle ne voulait pas ouvrir les yeux. Elle se laissait guider par cette accablante sensation, distraite par le brouillard qu'entourait son esprit. Ce n'est que quand la lumière se fit trop forte qu'elle osa ouvrir un œil.

Ses souvenirs revenaient à la surface, comme si elle avait été dans un rêve. Elle se souvenait des évènements de la soirée comme s'ils avaient eu lieu dans une autre vie.

Abasourdie par d'autres souvenirs, plus anciens mais tellement proche en même temps, elle se redressa. Elle contempla d'abord le paysage avec une sensation de déjà-vu et sa respiration se coupa.

La clairière.

Tout était comme dans ses souvenirs, beaucoup trop blanc, trop lisse. La cabane face à elle, l'arbre, l'herbe à ses pieds…

D'autres souvenirs, d'une chute, de sa mort. Était-elle morte ? Ca ne pouvait être le cas. Elle avait beaucoup bu, mais pas assez pour tomber dans un coma éthylique. Pas vrai ?

Pas à dix-sept ans, non.

La créature sortie de la cabane. A l'instar de la première fois, elle s'assit et prit une fleur avant d'en détacher les pétales.

Bella était déboussolé, complètement perdue mais moins que la première fois. Elle commençait à comprendre, elle commençait à retrouver ses souvenirs de sa vie d'avant.

Sans attendre, téméraire, elle approcha la créature.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? » lui dit-elle.

La créature ne releva pas la tête. Ses longs cheveux blancs encerclaient son visage et il était impossible de la voir clairement.

« Pourquoi je suis en train de revivre ma vie ? » questionna encore Bella, toujours en attente des réponses.

Le silence qu'elle rencontra la mise en colère, elle ne pouvait attendre plus longtemps. La créature leva enfin la tête. Ses yeux noirs s'encrèrent dans les sienne. Si la créature ne souriait pas, elle n'en était pas moins effrayante.

« Qu'en penses-tu ? » finit-elle par dire.

Bella n'avait pas la force de jouer avec la chose. Elle ne voulait pas de ses énigmes puériles, elle voulait la vérité.

« Je sais que je recommence ma vie, » finit-elle par répondre. « Je ne sais pas pourquoi, ni en quoi c'est si différent de la première fois. »

La créature leva un sourcil, se redressant un peu.

« Tu ne vois pas en quoi c'est différent ? »

La question avait été innocente, ingénue mais incrédule. Comme si la créature n'en revenait pas, comme si la créature ne pouvait pas s'imaginer que Bella n'ait pas vu la différence évidente dans son histoire.

Bella se souvenait de tout, pourtant. Ici, elle avait ses souvenirs de sa vie passée et de sa vie actuelle. Elle savait ce qui était différent. Sa vie avait pris définitivement une autre direction à partir de maintenant.

« Tu te souviens comment tu es arrivée ici la première fois ? » demanda la chose.

« Je suis morte, » répondit Bella.

Elle haussa les épaules, se remémorant sa morosité, son état d'ébriété et sa mélancolie.

« Je ne sais toujours pas qui est mort, » avoua-t-elle. « Je ne me souviens pas d'Edward non plus, dans mon ancienne vie… »

La créature fit un petit « oh » avant d'arracher une autre fleur et d'en tirer les pétales. Bella réfléchissait, tentant de trouver un sens à cette histoire.

« Edward a un rapport avec tout ça ? » finit-elle par demander à la créature.

« Edward Masen… » chuchota la chose.

Quelques secondes s'écoulaient et aucune réponse ne suivit. L'esprit de Bella tournait vite, fort, beaucoup trop fort. Elle se sentait exploser, elle voulait des réponses.

« Qui es-tu ? Où suis-je ? Pourquoi je recommence tout ? Pourquoi tu dis que j'ai raté ? Réponds-moi ! »

« Bella Swan, calme-toi. Tu peux poser les questions gentiment, je vais y répondre. »

Mais se calmer était impossible, elle était beaucoup trop tendue.

« Je suis Calixte, Maezin d'Irrivin. »

Bella regarda la chose, incrédule.

« Je suis supposé savoir ce que ça veut dire ? »

La chose – Calixte – souffla.

« Un Maezin c'est un travailleur du destin. Un ange, si tu veux. Tu es dans un monde que j'ai créé, c'est une illusion si tu veux. Dans les limbes, en fait. »

La réalisation frappa Bella et elle s'en voulait soudainement de ne pas avoir pris conscience plus tôt de ce qu'il se passait. Évidemment que le destin avait quelque chose à voir avec tout ça, mais jamais elle n'aurait pensé qu'il existait des « travailleurs du destin » ou des « Maezin » comme ça s'appelle, vraisemblablement. Elle aurait pu le deviner, si elle n'avait pas été prise au dépourvu et que sa colère n'avait pas été si impulsive.

« Donc, tu es ici parce que dans les limbes tu serais perdue. Ton âme est encore emprisonnée dans ton corps d'humaine et tu es encore sensible aux variations cosmiques. Tu es avec moi parce que je m'occupe de régler les choses dans l'Aanorian. Il faut que tu recommences et que tu rétablisses quelques-unes de tes erreurs. »

« Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai à faire là-dedans ? »

« Tu verras bien assez vite quel est ton rôle à jouer. »

Bella prit une grande inspiration, prenant conscience de l'ampleur de cet enjeu. Elle n'était qu'un pion, un pion qu'il fallait bouger pour une mission dont elle n'en avait pas conscience.

« Tu ne t'en souviendras pas en revenant sur Terre, je te le promets. Tu deviendrais folle, si c'était le cas. »

« Je ne peux pas en savoir plus ? »

« Que veux-tu savoir ? »

« Qui est mort ? »

Calixte sourit, un air innocent sur le visage.

« Tu le découvrira bien assez vite, Bella. Ne soit pas si hâtive, laisse toi guidée. »

« Pourquoi je suis venue, aujourd'hui ? »

« Je voulais que tu te rendes comptes du chemin accompli. Pour répondre à tes questions. »

« Tu savais que j'avais des questions ? »

La créature rit, d'un éclat cristallin adorable et enfantin.

« Je sais tout, Bella Marie Swan. »

Et le monde autour d'elle changea encore une fois.

Comme si rien ne s'était passé, comme si elle n'était pas une âme perdue et enfermée dans son être d'humaine insignifiante et sans importance, elle se retrouva projetée sur Terre, dans le lit aux côtés de son ami endormi.

Comme si de rien était, elle ouvrit les yeux, avec un mal de tête indescriptible mais un immense sourire aux lèvres lorsqu'elle vit la mine endormie d'Edward, paisible. Elle se surprit à le regarder, contempler les moindres courbes de son visage, à regarder longuement ses lèvres, son souffle régulier.

Pour une fois, il avait l'air apaisé.

Elle s'approcha de lui et plaça sa main contre son crâne, caressant ses cheveux. Ils étaient si doux, elle aurait aimé s'approcher encore plus mais elle ne voulait surtout pas le réveiller.

Son cœur battait la chamade. Elle ressenti une impression étrange au fond de son estomac.

Quelques secondes plus tard, elle se rendormie, une main toujours posée sur la joue d'Edward.