Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit en l'honneur de l'anniversaire de Charles Dance !
Après Tywin et Cersei, on part du côté Tywin et Jaime, avec mon 2e prompt préféré sur Jaime (après la couture) : Jaime et sa dyslexie
Cela faisait une heure que Jaime et lui étaient enfermés dans son bureau. Bien que son fils tâchait de ne pas le montrer, il avait les larmes aux yeux. La faute en était au livre coincé entre eux deux.
- La... la... bate ? lut le blond.
- La date, Jaime ! Par les Sept, fait un effort !
Il regretta sa phrase aussitôt l'avoir prononcé. Il savait que Jaime ne faisait pas exprès de buter sur les mots. Au début, quand les mestres lui avaient annoncé qu'il ne faisait aucun progrès dans ses lettres, Tywin avait cru qu'il se montrait simplement fainéant. Son fils avait après tout toujours préféré les activités au grand air plutôt que les études. Il avait donc décidé de conduire les séances lui-même, pensant régler rapidement la situation. Force était de constater qu'il se trompait : Jaime avait de réelles difficultés.
Il est touché par un trouble de la lecture, avait expliqué un mestre une fois Tywin disposé à l'écouter. Les lettres se mélangent dans sa tête. C'est rare, mais pas non plus inexistant.
Tywin s'était donc résolu de continuer de mener les cours de lecture à Jaime, espérant qu'à force de travail, son fils parvienne à dépasser cette difficulté. Si il avait réalisé quelques progrès, l'activité lui demandait toujours de gros efforts. Il les fournissait cependant, par volonté de ne pas le décevoir.
Le disputer en clamant qu'il n'en faisait pas était donc la pire chose qu'il aurait pu dire, puisque c'était faux.
Toutefois, Tywin ne s'excusa pas.
La tentation de le faire était pourtant grande. Parfois, il avait aussi celle de se montrer plus doux et conciliant. Mais à chaque fois qu'il envisageait de dire à Jaime que leur séance était écourtée ou que ce n'était pas grave qu'il se trompe, il revoyait son propre père. Il entendait les rires des autres, revoyait la façon dont même les domestiques se moquaient ouvertement de leur Seigneur. Il revoyait aussi la façon dont son père faisait semblant de rire, sa douleur d'être moqué, ainsi que sa honte d'être ainsi humilié devant son propre fils.
Il refusait catégoriquement que Jaime ne subisse les mêmes outrages. Son fils devrait être respecté. Bien sûr, en raisonnant ainsi, il avait l'honneur du nom Lannister en tête. Mais quand il imaginait Jaime subir les pires moqueries, c'était surtout son cœur de père qui saignait.
Alors Tywin, comme toutes les fois précédentes, fit semblant de ne pas voir la larme de frustration et rancœur couler sur la joue de Jaime. Il savait qu'aux yeux de son fils, il se comportait comme un monstre, mais peu lui importait.
Tout cruel qu'il était, il le serait toujours moins que la société. Et c'était son rôle de protéger Jaime de cette dernière.
