Note des auteures : Retour au présent !

Bonne lecture,

Yzan & Lili.

PS : Eatsuna : On lit chaque semaine tes review avec grand plaisir. Et on y répond ! Pas directement évidemment vu que tu n'as pas de profil, mais sur un forum dédié aux réponses aux guests. Pour le trouver il te suffit d'aller sur notre profil et de cliquer sur le lien indiqué.


~ 7. Jours de repos pas très reposants~

Mars - Île de Nabu.

La journée était passée très vite, bien qu'ils n'aient pas fait grand chose de leurs dix doigts. Ils avaient profité du confort de leur chambre jusque tard dans la matinée, puis s'étaient promenés sur l'île, discutant avec plaisir avec les quelques locaux qu'ils croisèrent. Et à seize heures quarante cinq, les quatre héros professionnels en repos se tenaient devant un grand hangar industriel.

- T'es sûr que c'est là ? demanda Eijiro en posant un regard dubitatif sur le bâtiment aux murs nus et gris.

- Oui, confirma Shoto.

En silence, ils observèrent le hangar face à eux. Rien, absolument rien n'indiquait qu'il s'agissait d'une agence de héros. Sur la façade, il n'y avait qu'une seule et unique porte blindée. A droite de la porte, ils virent un interphone et une boîte aux lettres. Aucun nom n'était noté ni sur l'un, ni sur l'autre.

- Je m'attendais pas à ça, avoua Izuku.

Non, il ne s'attendait pas à ça du tout. Connaissant Katsuki, il s'attendait à trouver un endroit où tout respirait l'héroïsme et l'explosivité du propriétaire des lieux. Pas à un bâtiment industriel, gris et terne, totalement anonyme.

- Bon, décida Denki. On va pas prendre racine non plus.

Il appuya sur l'unique bouton de l'interphone, tendant l'oreille pour percevoir le bruit de la sonnerie à l'intérieur, mais en vain.

Un grésillement résonna dans le haut parleur de l'appareil, et une voix féminine se fit entendre :

- Dynamight Agency. C'est pour quoi ?

- Bonjour, répondit Denki. Nous sommes des amis de Dynamight. Il nous a donné rendez-vous ici à dix-sept heures.

- J'arrive !

Denki recula de quelques pas, rejoignant ses amis face à la porte.

- Il a une secrétaire ? s'étonna Shoto.

Mais avant que les autres puissent répondre, la porte s'ouvrit, dévoilant le visage souriant de Mahoro.

- Bonjour, les salua-t-elle. Vous êtes en avance ! Entrez, ils sont à l'intérieur.

- Salut Mahoro-chan, répondit Izuku en lui emboîtant le pas. Tu fais la secrétaire ?

- Ah ah, non ! rit l'adolescente. C'est vendredi aujourd'hui, Katsuma s'entraîne avec Bakugo-kun, et moi je les regarde en faisant mes devoirs.

- Katsuki entraîne Katsuma ? s'étonna Eijiro.

- C'est Katsuma qui le lui a demandé, expliqua la demoiselle. Il veut toujours devenir un héros. Mais comme son alter n'est pas très utile en combat, il a demandé à Bakugo-kun de lui apprendre. Ils s'entraînent ensemble tous les vendredis après les cours. Un peu plus pendant les vacances.

Tout en discutant, Mahoro guida les nouveaux venus à travers le bâtiment qui s'avéra bien plus chaleureux à l'intérieur qu'à l'extérieur. Le sol était en béton ciré et les murs blancs étaient décorés de grandes arabesques oranges et noires. La porte s'ouvrait sur un grand hall où étaient disséminés des fauteuils colorés d'allure confortable et de luxuriantes plantes vertes. Tout le bâtiment était éclairé par d'immenses velux.

Dans un coin du hall, il y avait un grand bureau avec un ordinateur et un téléphone posé dessus. Derrière, une baie vitrée laissait entrer la lumière. Mahoro contourna le bureau et fit coulisser la vitre, invitant les héros à la suivre. Ils arrivèrent sur une grande mezzanine, meublée de poufs bariolés et d'un bar.

- Lâche rien bordel ! claqua une voix bien connue, les attirant vers la rambarde vitrée.

La mezzanine surplombait, d'une bonne dizaine de mètres, une immense pièce servant sans aucun doute de lieu d'entraînement à Katsuki. Ce dernier se trouvait d'ailleurs en bas, en position de gainage, face à Katsuma dans la même position.

- Ils sont arrivés, lança Mahoro en dévalant les escaliers pour rejoindre les deux sportifs.

- Bonjour, s'exclama Hiro assis en indien sur le dos raide de son père, un grand sourire éclairant son visage poupin.

- Salut Hiro-chan, lui répondit Izuku. Qu'est-ce que tu fais ?

- J'aide papou, expliqua le bambin comme si c'était évident. Hein papou, je t'aide ?

- Ouais, confirma Katsuki avec un léger sourire sardonique. Alors le morveux ? Tu dis pas bonjour ? Sale gosse mal élevé !

- Bon... bonjour, souffla Katsuma qui transpirait à grosses gouttes, ayant visiblement du mal à tenir la position de gainage.

- Il te fait tenir depuis combien de temps ? s'enquit Eijiro en s'approchant de l'adolescent.

- Qua.. Quatorze minutes... et... cinquante secondes...

- Merde, Katsuki, rit Denki. T'abuses ! Même moi je tiens pas si longtemps.

- Tu devrais pas te vanter d'arriver à faire moins bien qu'un foutu gamin, espèce d'abruti ! claqua Katsuki.

- Tes mots doux m'ont tellement manqué, soupira dramatiquement Denki, faisant instantanément ricaner les autres.

Une sonnerie stridente résonna et Katsuma se laissa lourdement tomber au sol. Hiroshi sauta du dos de son père qui se releva, pas même essoufflé.

- On fait de la corde à sauter ? Hein papou ?! T'avais dit oui ! réclama Hiroshi en sautillant sur place.

- Va nous chercher à boire d'abord, répondit Katsuki avec un léger sourire.

Le petit bonhomme partit comme une flèche à l'autre bout de la pièce, Izuku lui emboîtant le pas pour l'aider.

Pendant ce temps, Eijiro aida Katsuma à se redresser et s'asseoir, Katsuki tendant une serviette à l'adolescent dégoulinant de transpiration.

- T'as entendu, lui signala Katsuki. Tu fais mieux que ce débile de Pikachu, héros professionnel.

- Oui ! répondit Katsuma avec un grand sourire. Mais je tiens pas encore aussi longtemps que toi.

- Ça va venir, lui assura Katsuki en lui tendant la main pour l'aider à se relever.

Hiroshi et Izuku revinrent à ce moment-là, les bras chargés de canettes fraîches, le plus jeune racontant sa palpitante journée d'école au plus âgé qui l'écoutait en souriant.

- Tu aides souvent ton père à s'entraîner ? s'enquit Shoto en acceptant le jus de fruits frais tendu par Hiroshi.

- Oui ! Mais je préfère quand on joue au vilain et au héros ! Papou fait le vilain et moi le héros ! Même que je gagne toujours parce que les héros gagnent toujours !

Une corde à sauter rouge vif surgissant devant son nez interrompit le petit garçon qui s'en saisit avec entrain. Sans un mot, Katsuki tendit à chacun de ses amis une corde à sauter, les mettant muettement au défi de refuser.

- Ouais ! s'exclama Hiroshi. On va sauter tous ensemble !

- Toi, sur le tapis, lui dit Katsuki en désignant un grand tapis de sol noir à côté de lui.

Docilement, le bambin s'installa au centre du tapis, faisant face à Katsuma. D'un geste, Katsuki invita les quatre héros à se positionner face à lui.

- On va voir si vous arrivez à suivre la cadence, bande de tocards, claqua-t-il avec arrogance.

- Ah ! On va te montrer ! rugit Eijiro piqué au vif. C'est toi qui suivra pas le rythme !

Le sourire carnassier de Katsuki s'agrandit devant le regard de défi que lui lancèrent ses potes.

- Hey, la morveuse ! La huit !

- C'est parti, répondit Mahoro en riant.

Une musique assourdissante et rythmée résonna dans la pièce et Katsuki s'élança.

Dix minutes plus tard, Denki avait abandonné, transpirant à grosses gouttes et à bout de souffle. Il n'avait jamais été le plus endurant de tous. Il n'avait jamais eu besoin de vraiment combattre au corps à corps. Quiconque le touchait se trouvait immédiatement électrocuté et vite assommé donc il combattait principalement à distance. Il était rapide et agile, mais pas endurant. Alors suivre le rythme effréné de Katsuki, c'était un peu trop pour lui.

Tout en reprenant son souffle, il observa le blond qui sautait toujours, enchaînant les bonds à une vitesse hallucinante sans perdre une seule fois le rythme, ni se prendre les pieds dans la corde. Il n'avait même pas l'air essoufflé. Katsuki avait toujours été un foutu acharné, capable de s'entraîner pendant des heures, des jours entiers juste pour réussir à faire très exactement ce qu'il voulait. Pas étonnant que même en étant sur une île tranquille et paisible, il continue à se maintenir en forme.

Denki admettait sans mal qu'il n'avait jamais été le plus sportif de leur classe, mais durant leur scolarité à Yuei il avait eu à cœur de suivre Katsuki, et s'était donné à fond dans les entraînements. Le départ du blond explosif l'avait laissé amer et un peu découragé. Il n'avait plus fait autant d'efforts lors des entraînements, n'ayant plus son ami pour lui foutre des coups de pieds au cul quand il faisait les choses à moitié.

Le départ de Katsuki avait changé beaucoup de choses dans la dynamique de la classe. Katsuki était une locomotive qui avançait toujours droit devant, défonçant les obstacles sur son chemin, ouvrant la voie aux autres. Et il en était totalement inconscient, ou s'en foutait royalement, au choix. Sans le blond braillard et déterminé, les autres membres de la classe avaient tous perdu un peu de leur enthousiasme durant les cours héroïques.

Bien sûr, il restait Deku et Shoto, qui étaient eux aussi des leaders qui s'ignoraient. Mais ce n'était définitivement pas pareil qu'avec Katsuki. Même eux avaient perdu un peu de leur hargne habituelle. Katsuki était un défi permanent, de ceux qui ne laissaient personne se reposer sur ses lauriers, lui-même n'étant pas comme ça. La pensée que, de son côté, le blond explosif devait se donner toujours à fond, avait finalement remotivé tout le monde. Ça et les moqueries acides dont Katsuki ne manquerait pas de les abreuver si à son retour ils n'avaient pas autant progressé que lui...

Au fil du temps, Denki s'était fait à l'absence de Katsuki, se contentant de quelques échanges par messages ou mails. Puis, comme tous les autres, il avait appris la paternité de son ami. Dire que ça avait été un choc était un doux euphémisme. Il avait longuement comparé la photo d'Hiroshi et celle de Katsuki à quatre ans, incrédule devant l'évidente ressemblance.

Katsuki, père ? Il n'en revenait pas. Mais une fois la nouvelle digérée, il avait été très curieux. Quel genre de père était-il ? Qui était la mère de son fils ? Katsuki était-il marié ? Et pourquoi, oui, pourquoi il ne leur avait jamais rien dit ? Ils étaient amis, non ? Alors, pourquoi ce silence ? Ce secret ? Si Eijiro n'avait pas rencontré par hasard le gamin, Katsuki leur en aurait-il parlé un jour ?

C'était donc la curiosité et l'envie de revoir Katsuki qui avaient motivé Denki à revenir sur Nabu. La veille, l'ambiance avait été un peu étrange, et Denki avait tenté d'en faire abstraction, discutant avec Katsuki de choses et d'autres. Il avait parfaitement eu conscience de la tension entre ses amis. Et le fait que Katsuki ne parlerait pas de cela devant son fils n'avait fait qu'augmenter le malaise. Heureusement, l'arrivée de Mahoro et Katsuma avait efficacement détendu l'atmosphère durant le repas.

Les explications, assez vagues, de Katsuki n'avaient nullement assouvi sa curiosité, mais Denki s'en était contenté. Il n'avait pas passé la nuit à se torturer les méninges là-dessus. Et il avait passé une journée agréable, à se balader dans des endroits qu'il avait découverts lors de son précédent séjour à Nabu, attendant avec impatience de revoir Katsuki et Hiroshi. Il avait aussi essayé de détendre ses compagnons de voyage, bien plus tendus que lui.

Denki laissa ses yeux dériver sur Shoto, Eijiro et Deku. Finalement, ce petit entraînement était une bonne chose, permettant aux trois autres de se défouler efficacement. Eijiro et Shoto commençaient d'ailleurs à montrer des signes de fatigue plus qu'évidents, mais ne lâchaient rien. Le blond ne fut même pas surpris de voir Deku sourire largement, son regard émeraude ne lâchant pas celui couleur carmin de leur professeur improvisé. Evidemment, ces deux-là n'admettraient jamais de perdre, surtout pas face à l'autre. Au moins ça, ça n'avait visiblement pas changé. Et Deku était sûrement le seul d'eux quatre à être au moins aussi endurant que Katsuki.

Denki posa son regard sur Katsuma, ses iris dorés se teintant de compassion. L'adolescent serrait les dents, ayant clairement du mal à suivre le rythme infernal imposé par Katsuki. Mais il s'accrochait, ses yeux noisettes emplis de détermination. Visiblement, ce gosse était aussi têtu que son héroïque et si exigeant professeur. Mais Denki admettait que Katsuma mettait toutes les chances de son côté en demandant à Katsuki de l'entraîner. Il devait en chier, mais les résultats étaient sûrement là. Il était déjà meilleur que lui au gainage et à la corde à sauter. Et Denki n'éprouvait aucune honte à se faire battre par un adolescent.

Un léger cri attira son attention sur le plus jeune sportif devant lui : Hiroshi. Denki avait rapidement compris l'intérêt du tapis de sol pour le petit garçon, ce dernier ayant tendance à s'emmêler dans la corde et à tomber. Le tapis lui assurait de ne pas se blesser sur le sol en béton ciré de la salle. Un léger sourire étira les lèvres du héros électrique en captant le coup d'œil soucieux que Katsuki jeta à son fils.

Mais ce dernier se releva sans difficulté, reprenant immédiatement ses petits sauts qui n'étaient pas du tout en rythme avec ceux de son père. Cependant, le bambin essayait de reproduire les bonds de son papou, changeant de pied ou de manière de sauter en même temps que lui... ou presque. Il essaya de croiser la corde comme le faisait actuellement Katsuki, mais échoua et tomba à nouveau avec un autre petit cri.

Il se releva une nouvelle fois, sans un mot, et fit quelque chose qui surprit Denki : il se mit à fixer son père avec une mine très concentrée. Curieux, Denki se rapprocha de l'enfant. Il se mordit les lèvres pour ne pas pouffer de rire en constatant que ce dernier marmonnait, ses yeux écarlates rivés sur les mouvements de bras de Katsuki. Le petit bonhomme reproduisit les gestes lentement, les comparant sans cesse avec ceux de son modèle. Une exclamation extatique lui échappa quand il réussit enfin à sauter en croisant la corde sans tomber.

Mahoro tendit une serviette à Eijiro, qui s'était effondré après vingt minutes de sauts intensifs. Shoto l'avait suivi peu après, Katsuma s'étant arrêté après un quart d'heure, sur ordre de Katsuki qui ne voulait pas qu'il fasse un malaise. Hiroshi s'était installé sur les genoux de Denki, et le bombardait de questions sur son alter, les derniers vilains qu'il avait arrêté et toutes sortes de choses qui l'intéressaient visiblement fortement.

- C'est des monstres ! bouda Eijiro en fixant Izuku et Katsuki qui bondissaient depuis plus d'une demi-heure et ne semblaient pas prêts de s'arrêter.

Une petite paume surgit brutalement juste sous son nez, Hiro s'exclamant :

- Mon papou est pas un monstre !

Non, son papou n'était pas un monstre ! Et personne n'avait le droit de dire du mal de son papou ! Son papou était le meilleur papou du monde ! Comment Red Riot, son héros préféré, osait-il parler méchamment de son papou ?! Hiro allait lui montrer ! Il n'était peut-être qu'un enfant, mais il avait un alter ! Un alter puissant ! Et Red Riot allait le découvrir à ses dépends !

- Hiro ! Non !

Le rugissement affolé figea tout le monde sur place. Katsuki se précipita sur son fils et éloigna sa main du visage de Kirishima.

Katsuki se maudit d'avoir crié en voyant les yeux écarlates de son fils se remplir de larmes et ses lèvres trembloter.

- Chut, dit-il calmement en essuyant les perles d'eau coulant déjà sur les joues parsemées de tâches de rousseur. C'est rien, ok.

- Il t'a traité de monstre, renifla l'enfant.

- C'est juste une foutue expression, ça veut pas dire que je suis vraiment un monstre, expliqua Katsuki d'un ton rassurant tout en ébouriffant les cheveux verts pâles. Il est juste jaloux parce que je suis meilleur que lui.

- C'est vrai ?

En voyant le regard larmoyant du petit bonhomme, Eijiro sentit son cœur se serrer.

- Oui, c'est vrai, le rassura-t-il avec un sourire. Ton papa est meilleur que moi ! Largement !

Sans trop comprendre comment, il se retrouva avec un bambin dans les bras en train de renifler sur son épaule. Il referma ses bras autour du petit corps encore tremblotant, le câlinant maladroitement.

Hiroshi finit par relâcher Kirishima, en s'excusant d'avoir voulu l'attaquer, excuses vite acceptées par le héro trop heureux de revoir le gamin sourire. Katsuki détourna l'attention de son fils en lui proposant de jouer au héros et au vilain.

- Oh oui ! s'écria avec enthousiasme Hiroshi.

- Va commencer à te préparer, j'arrive, lui dit Katsuki en souriant.

Une fois le garçonnet éloigné, le blond explosif se tourna vers son ami aux cheveux rouges et l'engueula :

- Et toi, espèce d'abruti ! Quand tu vois une paume à quelques centimètres de ta tronche, durcis bordel !

- C'est un gamin, se justifia Eijiro surpris du reproche.

- Si tu penses ça, alors prépare toi à morfler ! claqua Katsuki avec un sourire mauvais.

- Il a le même alter que toi ? s'enquit Deku avec curiosité.

- Tu verras bien, sale nerd !

Sur ces mots, Katsuki rejoignit Hiroshi à l'abri des regards indiscrets. Katsuma alla chercher deux bâtons, assez courts mais épais, qu'il accrocha sur son dos grâce à un harnais.

- C'est quoi ? s'enquit Denki en voyant l'équipement de l'adolescent.

- Mes armes, répondit celui-ci.

- Tu vas participer aussi ? demanda Shoto.

- Tout le monde va participer, claqua Katsuki en revenant avec son fils. On va faire deux équipes : les héros et les vilains.

- Papou et moi on est les héros, décréta Hiroshi. Katsuma-kun aussi. Et vous, vous serez les vilains !

- Hey ! protesta Denki. Pourquoi pas l'inverse ?

- Parce qu'on va gagner ! répondit Hiroshi sûr de lui.

Izuku sourit devant tant d'assurance, et s'approcha du petit bonhomme pour examiner de plus près ses vêtements. Il ne portait plus du tout le pantalon gris foncé et le pull bleu de l'uniforme scolaire.

- C'est un super costume que tu as là, dit-il en désignant la tenue du plus jeune.

Hiroshi était vêtu de noir de la tête aux pieds : pantalon noir, bottes noires, tee-shirt noir au col montant et aux manches longues. Il portait aussi des gants noirs qui montaient jusqu'au milieu de ses avant-bras.

- C'est Tata Mel qui me l'a fait, expliqua Hiroshi avec un grand sourire.

- Tata Mel ? s'étonna Eijiro.

- Melissa Shield, la fille de David, grogna Katsuki. Je vous en ai causé hier soir, abruti !

- Ah ! Oui, c'est vrai, rit Eijiro.

- Tu en as de la chance, assura Deku en souriant à Hiro.

- Pourquoi un costume ? s'étonna Shoto en s'approchant.

- Bottes sécurisées, renforts aux genoux, coudes, et à la nuque. Tout le dos, la poitrine et l'abdomen, répondit Katsuki. Je veux bien lui apprendre, mais pas me retrouver à l'hôpital tous les quatre matins, hein ! Alors, Mélissa a conçu cette tenue pour qu'elle lui permette de bouger librement tout en le protégeant au maximum.

Tout en fournissant ces explications à ses amis curieux, Katsuki passa une cagoule noire à son fils, puis lui accrocha un casque sur la tête. Voyant l'air dubitatif des héros, il échangea un regard complice avec Hiroshi.

- Mode unbreakable ! dit-il.

Immédiatement, le petit garçon prit la pose de Red Riot : ses pieds bien écartés l'un de l'autre pour s'assurer une bonne stabilité, les deux bras croisés devant son visage.

- T'es prêt ?

- Vas-y papou !

Katsuki tendit sa main, paume vers l'avant, et lança une exposition, pas trop puissante. Hiroshi recula d'un petit pas, encaissant le choc en riant. Il décroisa ses bras et sourit victorieux :

- Même pas mal !

- J'y crois pas, s'offusqua Denki, t'as balancé une explosion à ton fils !

Le regard blasé du père lui fit bien comprendre le fond de la pensée de ce dernier. Katsuki avait une parfaite maîtrise de son alter, et c'était stupide de penser qu'il ne savait pas ce qu'il faisait en lançant cette attaque contre un gamin de cinq ans. Gamin qui montrait aux autres qu'il n'avait pas la moindre égratignure, que son costume n'était même pas un peu abîmé et qui visiblement trouvait tout cela très amusant.

Moins de cinq minutes plus tard, les deux équipes se faisaient face, prêtes à s'affronter. Mahoro avait rejoint l'équipe des héros sous les acclamations de son frère et d'Hiroshi.

- On va vraiment se battre contre des gamins ? s'inquiéta Shoto.

- Y'a Katsuki, ça compense, contra Eijiro.

- Seul contre nous quatre, il ne fait pas le poids, assura Denki.

Izuku ne dit rien... Si Katsuki n'avait rien dit sur la répartition, très déséquilibrée, des équipes, c'était qu'il avait sûrement un atout dans sa manche. Mahoro et ses illusions pouvait faire diversion. Si l'alter de Katsuma n'était effectivement pas très utile en combat, il avait des armes et devait savoir s'en servir. Et entraîné par Katsuki, nul doute que l'adolescent ne devait pas être mauvais en combat rapproché. Restait une donnée inconnue : Hiroshi et son très probable alter. Vu la réaction de Katsuki un peu plus tôt, il y avait fort à parier que l'alter d'Hiro n'avait rien d'anodin.

Izuku soupira intérieurement. Aucun d'eux n'oserait s'attaquer à un enfant de cinq ans, et Katsuki comptait certainement là-dessus. Même si à son âge, l'alter d'Hiro ne devait pas être bien puissant, il pouvait créer la surprise et permettre aux trois autres de prendre le dessus sur eux. Ils devraient garder un œil sur le plus jeune de leurs adversaires, ne serait-ce que pour éviter de le blesser. Katsuki s'était placé juste devant lui, le cachant aux yeux des autres. Le blond devait donc avoir un plan.

- Les morveux, allez-y à fond ! ordonna Katsuki, sortant Izuku de ses pensées.

Eijiro s'élança le premier, se jetant sur Katsuki qui l'accueillit avec une belle explosion. Ce fut le signal du début des combats. Katsuma se jeta sur Deku, Mahoro distrayant Denki et Shoto avec ses illusions. Aucun des soi-disant vilains n'osa se donner à fond face aux deux adolescents. Mais, très vite, ils comprirent que leurs adversaires étaient, eux, bien déterminés à les battre et qu'ils étaient bien entraînés, esquivant leurs attaques et leurs coups avec aisance.

Pris dans leurs affrontements respectifs, ils ne prêtèrent aucune attention à la petite silhouette qui se tenait dans l'ombre des trois autres. Soudain, quatre puissantes explosions simultanées retentirent juste au-dessus de la tête des pseudos vilains, les aveuglant, les assourdissant et provoquant une épaisse fumée opaque. A peine eurent-ils le temps de cligner des yeux qu'ils étaient mis à terre par leurs opposants. Ceux-ci avaient profité de la déstabilisation de leurs adversaires pour se faufiler rapidement dans la fumée et leur sauter dessus par surprise. Katsuma menaçait Deku de l'un de ses bâtons, Katsuki tendait une paume crépitante vers le visage de Denki, Mahoro faisait une clé de bras à Shoto et Hiroshi trônait fièrement près de Kirishima, mis à terre par Katsuki, un pied sur son torse et ses deux petites mains tendues vers lui.

- Ok, je me rends ! annonça Denki en levant les deux mains, peu désireux de se prendre une bonne explosion version Bakugo en pleine face.

- On a gagné ! s'exclama Hiroshi en riant.

- Tu arrives à lancer quatre explosions en simultanée maintenant Kacchan ? s'étonna Izuku en se relevant.

- Non, répondit Katsuki.

D'un doigt, il désigna sa version miniature qui sautillait joyeusement, chantonnant qu'il avait battu Red Riot ! Voyant les regards éberlués et intéressés de ses amis, il interpella le chanteur en herbe.

- Hey ! Le nain de jardin !

Ayant attiré l'attention de son fils, il pointa un doigt vers le plafond. Immédiatement, Hiroshi se précipita vers lui, Katsuki s'accroupissant derrière son fils pour être à sa hauteur.

- Essayes de toucher la 4 et la 10, dit Katsuki en désignant les nombreuses cibles numérotées pendant bien au-dessus de leurs têtes.

Hiroshi tendit ses deux petites mains vers le ciel, son visage poupin se tordant sous la concentration, un petit bout de langue rose dépassant même au coin de ses lèvres. Denki sortit précipitamment son portable, tenant à enregistrer ce moment.

Soudain, deux fines ombres noires sortirent des paumes de l'enfant, s'élançant vers les cibles avec un léger sifflement. Les ombres atteignirent deux des cibles qui explosèrent, le bruit résonnant puissamment dans la salle dont les murs tremblèrent un peu, des étincelles de toutes les couleurs jaillissant du point d'impact.

- J'ai réussi ! T'as vu papou ! s'écria Hiroshi en tapant dans ses mains.

Immédiatement, des étincelles dorées sortirent de ses paumes plaquées l'une contre l'autre, le faisant sursauter.

- Ouais, j'ai vu ! confirma Katsuki en prenant les mains de son fils dans les siennes pour les examiner.

Mais les gants avaient bien fait leur travail. Ils n'étaient pas endommagés par les étincelles et les paumes du petit bonhomme étaient intactes.

- C'est ton alter ? s'extasia Izuku. Il est génial !

- Je fais des feux d'artifices ! rit le petit garçon.

- Ouais, c'est un truc du genre, sourit Katsuki.

Voyant que Deku allait le bombarder de questions, il s'empressa d'ajouter.

- Il crée des ombres, qu'il peut lancer plus ou moins loin, et qui explosent au contact de leur cible.

- C'est un alter difficile à manipuler, intervint Shoto, comment tu lui as appris ?

- Le yoyo et les fléchettes, répondit Katsuki avec un rictus.

- Le yoyo ? s'étonna Shoto.

- Oui, regarde ! s'exclama Hiro en tendant sa main devant lui, paume vers le bas.

Il fit surgir une ombre fine de sa paume, la faisant descendre jusqu'au sol avant de la faire remonter sans qu'elle ne touche terre.

- Comme un yoyo ! rit Hiroshi. Et papou m'a appris à viser en jouant aux fléchettes. Mais j'ai encore du mal des fois.

- C'est normal, tu n'as que cinq ans, le rassura Deku. Je trouve que tu te débrouilles déjà très bien pour ton âge !

Ravi du compliment, Hiroshi supplia Katsuki de le laisser montrer tout ce qu'il savait faire à ses héros préférés.

Assis sur le sol, les quatre amis regardèrent Katsuki et Hiroshi s'affronter. S'il était évident que l'adulte était bien loin d'être à fond, le petit bonhomme lui se déchaînait contre son père, enchaînant les acrobaties et les coups, usant allègrement de son alter. Les héros notèrent rapidement que bon nombre des attaques enfantines ressemblaient aux leurs. Le combat père-fils se termina sur la victoire, très largement concédée, du plus jeune qui sauta au cou de son père en riant et en criant victoire.

- Ramène ta tronche, Double face ! claqua Katsuki après avoir posé son fils au sol.

Shoto s'avança vers le blond avec un sourire, et les deux jeunes hommes s'affrontèrent. C'était un combat amical, et aucun d'eux n'usa d'attaques trop puissantes, ne tenant pas à détruire la salle ou à blesser les spectateurs. Puis, ce fut le tour de Kirishima, puis de Deku, Denki déclinant rapidement la proposition. Non, il ne tenait pas à se battre contre Katsuki, même de manière amicale. Il était en repos, bordel !

~oOo~

- Putain, t'es trop con ! rit Katsuki, manquant de s'étouffer avec sa bière, faisant rire Eijiro un peu plus fort.

Assis dans le salon du blond explosif, les cinq amis discutaient joyeusement autour de quelques bières fraîches. Denki venait de raconter sa dernière mésaventure en date, celle où il avait fait sauter toute l'électricité de son immeuble en prenant un bain. Comment il avait réussi un tel exploit avait été relaté dans les moindres détails (une sombre histoire d'araignée squatteuse de salle de bain), faisant rire les quatre autres.

Izuku sourit largement en entendant Katsuki chambrer un peu plus Denki. Il avait l'impression d'être revenu six ans en arrière, quand ils partageaient tous le même dortoir et pouvaient passer la soirée à discuter de tout et de rien tous ensemble. Oui, il aurait pu croire être à nouveau au lycée et que rien n'avait changé. S'il n'y avait pas eu, endormi sur les genoux de Katsuki, la preuve vivante que le temps avait passé et que les choses avaient changées.

Ses yeux émeraudes se posèrent sur le petit bonhomme, le sourire d'Izuku se teintant d'une douce tristesse. Hiroshi avait, exceptionnellement, eu le droit de veiller, n'ayant pas école le lendemain. Mais la nuit était tombée depuis longtemps, et le petit garçon avait sombré dans les bras de Morphée. Assis en travers des genoux de son père, sa petite tête aux cheveux verts pâles appuyée sur le torse de celui-ci et sa peluche Red Riot serrée contre lui, Hiroshi était adorable. Du moins, selon Izuku, ses amis partageant sans nul doute son avis, vu les regards qu'ils posaient sur le petit bonhomme, et les photos prises par Denki.

Après avoir combattu, amicalement, contre Katsuki, toute la petite troupe avait pris le chemin de la maison du héros local, ce dernier ayant décidé de les inviter à manger chez lui ce soir encore. Eijiro s'était dévoué pour donner le bain à Hiroshi, qui ne lui avait pas laissé le choix, s'accrochant à son bras tout en le suppliant. Denki les avait accompagné dans la salle de bain, et au vu des rires et des exclamations, cela avait été une baignade épique.

Katsuki avait poussé une gueulante phénoménale en voyant l'état de sa salle de bain après, et les deux héros pros s'étaient retrouvés obligés de : "nettoyer vos conneries, bande d'abrutis dégénérés !". Mahoro, très amusée, s'était assurée que la tâche était accomplie dans les règles de l'art, se faisant traiter de maniaque sadique par Eijiro et Denki, ce qui avait fait beaucoup rire la demoiselle.

Le repas s'était déroulé dans la bonne humeur générale, entre anecdotes diverses et variées, interventions enfantines, rires et moqueries. Une fois la vaisselle faite et rangée, Katsuki avait proposé à ses amis de boire une bière et ceux-ci avaient accepté avec joie, ravis d'avoir une excuse pour rester un peu plus longtemps. Mahoro et Katsuma avaient été se coucher depuis longtemps, et Hiro dormait d'un sommeil de plomb, absolument pas perturbé par les éclats de rire autour de lui.

Izuku soupira intérieurement, son regard toujours posé sur le duo père-fils. Il craquait complètement sur Hiroshi, le trouvant totalement, absolument, adorable, remuant, souriant... Bref, parfait ! Mais évidemment, c'était le fils de Kacchan, il ne pouvait pas être moins que parfait. Le porteur du One for All se secoua, se morigénant mentalement. Depuis la veille, il n'avait pensé qu'à Hiroshi et Katsuki.

Il n'était pas jaloux, ni en colère. Non, il était juste triste... Visiblement, six ans n'avaient pas suffit à effacer complètement ses sentiments pour son ami d'enfance. Izuku savait qu'il gardait toujours une certaine tendresse pour celui qui avait été son premier amour. Mais, il avait clairement sous-estimé ladite tendresse. Outre le fait qu'il avait bien failli verser toutes les larmes de son corps rien qu'en revoyant le blond sur la plage, chaque moment partagé avec lui depuis ce moment faisait battre son cœur un peu plus vite.

Izuku se sentait ridicule. Ridicule d'avoir encore des papillons dans le ventre à chaque fois que Kacchan le regardait avec son rictus narquois si caractéristique. Ridicule d'avoir eu l'envie de pleurer comme un bébé quand il avait, enfin, revu son ami d'enfance. Ridicule d'avoir eu envie de le prendre dans ses bras quand la veille il avait raconté son histoire, pas que le blond l'aurait laissé faire sans l'envoyer chier.

Il pensait qu'avec les années, ses sentiments pour le blond avaient disparu, remplacés par une douce nostalgie teintée de tendresse. Mais il avait suffit d'un seul regard pour qu'ils resurgissent avec force. Izuku avait même l'impression qu'ils étaient revenus avec les intérêts. Et voir Katsuki interagir avec Hiroshi n'avait nullement arrangé son problème, bien au contraire.

Katsuki avait grandi, mûri. Il était plus calme, plus posé, moins prompt à s'énerver. Et cela lui donnait un charme supplémentaire auquel Izuku avait bien du mal à résister. Pas qu'il ait jamais réussi à résister à Kacchan. Déjà, quand ils étaient petits, Izuku adorait et admirait le petit blond. Malgré tous leurs différends, tous les coups bas et les insultes, il n'avait jamais réussi à passer outre cette adoration admirative.

Toutes ses pensées l'avaient empêché de dormir une grosse partie de la nuit précédente malgré la fatigue. Et les explications, succinctes et incomplètes, de Katsuki sur son départ et Hiroshi l'avaient torturé plus qu'autre chose. Quel souci de santé était assez grave pour que Katsuki ait dû s'exiler aux Etats-Unis ? Était-ce les conséquences de leur dernier combat contre la ligue ? Izuku aurait-il pu lui éviter tout ceci s'il était resté près du blond durant tout le combat ? Katsuki était-il réellement totalement guéri ?

Et qui était la mère d'Hiroshi ? Katsuki l'avait-il aimé ? Pourquoi ne faisait-elle pas partie de leur vie ? Il était évident que Katsuki adorait son fils. La preuve: il restait ici, sur Nabu, loin de ses rêves de gloire et de grandeur pour le protéger. L'avait-il désiré ? Ou était-ce un accident dont le blond s'était accommodé ? Et s'il était si malade que ça, comment avait-il trouvé le temps et l'énergie de concevoir un enfant et donc de coucher avec une fille ? Tant de questions auxquelles Izuku n'avait pas de réponses.

L'idée que Katsuki ait pu aimer la mère d'Hiroshi lui broyait le cœur. Mais s'il l'aimait, pourquoi ne faisait-elle pas partie de sa vie ? Était-elle morte ? Ou avait-elle brisé le cœur de Kacchan ? Izuku avait du mal à concevoir qu'une mère puisse n'en avoir rien à faire de son enfant, au point de l'abandonner purement et simplement. Lui qui avait été élevé par une mère protectrice et aimante avait du mal à concevoir qu'une mère n'aime pas son enfant et le délaisse.

Cependant, la partie égoïste de lui se réjouissait de l'absence de cette femme inconnue. Katsuki avait éludé la question en disant qu'il n'y avait pas de mère et qu'il s'occupait seul d'Hiro depuis sa naissance. Et Izuku s'en voulait un peu de se dire que cela lui laissait le champ libre pour se rapprocher de son ami d'enfance. Parce que c'était une certitude, acquise après une longue nuit et une longue journée à tergiverser, maintenant qu'il avait retrouvé Kacchan, il ne le laisserait plus jamais partir.

Et en le voyant assis sur un fauteuil, son fils blotti contre lui, Izuku n'avait qu'une seule envie : le rejoindre sur ce fauteuil et s'y lover avec eux. Il soupira, se désespérant lui-même. Il ne fut visiblement pas assez discret, les quatre autres lui lançant un regard surpris. Avec un sourire, il tenta de se justifier :

- Ah, c'est rien. J'étais juste en train de me dire... Hiro te ressemble tellement Kacchan.

- Ouais, grommela Katsuki avec un léger rictus. C'est sûr que je peux pas le renier, physiquement en tout cas.

Tout naturellement, la conversation dériva sur Hiroshi et l'entraînement de l'après-midi même.

- Tu comptes en faire un grand héros ? s'enquit Shoto de son ton plat habituel.

- Non, répondit Katsuki. Il fera ce qu'il veut de sa vie. Je l'obligerai pas à suivre une voie qu'il ne veut pas.

- Pourquoi l'entraîner alors ? contra le héros au double alter.

- Vu son alter, je préfère qu'il le maîtrise parfaitement plutôt que de prendre le risque qu'il se blesse avec ou blesse quelqu'un d'autre, répliqua Katsuki. Il est... énergique... Du coup, ça lui permet aussi de se dépenser.

- C'était rigolo de le voir chercher à t'imiter avec la corde à sauter, rit Denki.

Katsuki eut un léger sourire, se contentant d'hocher la tête à la remarque de son ami.

- Comment tu as fait ? s'enquit Eijiro. Pour réussir à passer ta licence malgré tes soucis de santé et ton fils ?

- Aizawa-Sensei, Hawks et All Might m'ont remis en forme, dés que ça été médicalement possible, expliqua Katsuki. Hiro était bébé à ce moment-là. Mes parents s'en sont pas mal occupés le premier mois. Et Mélissa et David étaient ravis de jouer les baby-sitters dès qu'ils pouvaient.

Un rictus moqueur éclaira le visage du blond qui reprit :

- Mais j'avoue que voir All Might tenter de consoler un bébé, ou Hawks se débattre avec une couche, c'était très drôle.

- Sérieux ? rit Eijiro. Ils ont fait ça ?

- Ouais ! confirma Katsuki. Comme David bossait pas mal, et que Mélissa était à la fac en semaine, ça arrivait très souvent qu'en plus de superviser mon entraînement ils doivent jouer les nounous.

- Et Aizawa-sensei ? s'enquit Izuku en souriant.

- C'était moins drôle, avoua Katsuki. Il pouvait donner un biberon, faire faire le rot, changer une couche et l'endormir tout en me faisant suer sang et eau. Un vrai sadique ! C'est de là que j'ai pris l'habitude de m'entraîner avec Hiro. Quand t'as ton fils posé sur le torse et que tu sais que si tu lâches cette putain d'altère tu vas l'écraser, ça motive !

Denki et Eijiro manquèrent de s'étouffer dans leurs bières, éclatant de rire en entendant la dernière réplique du blond. Ça ressemblait bien aux méthodes de leur ancien professeur principal ! Shoto et Izuku rirent plus discrètement, admettant à voix haute qu'effectivement en termes de motivation, il était difficile de faire mieux. La conversation dura encore de longues heures, les cinq jeunes hommes parlant de tout et de rien, jusqu'à ce que Shoto finisse par s'endormir sur le canapé, se servant de l'épaule de Denki comme oreiller.

Katsuki les convainquit de rester dormir là, arguant que de toute façon, vu l'heure, ce serait plus simple pour eux. Denki et Eijiro acceptèrent avec joie le lit de leur hôte, Shoto et Izuku se retrouvant à dormir sur le canapé du salon pour l'un, et sur un futon sorti d'un placard pour l'autre.

- Et toi ? s'inquiéta Izuku en prenant les couvertures et oreillers que Katsuki lui tendit.

- Hiro est pas encore assez gros pour que je puisse pas partager son lit, expliqua Katsuki. Va dormir, Deku !

- Bonne nuit Kacchan.

- Hmmm... Pareil !

Ce fut une bonne odeur de café qui sortit Shoto de son profond sommeil quelques heures plus tard. Il ouvrit un œil, constatant qu'il était étendu sur le canapé de Bakugo, une couverture posée sur lui. Un regard autour de lui, lui permit de constater qu'Izuku dormait sur un futon posé à même le sol à quelques pas du canapé. Il ne se souvenait pas de la fin de soirée, s'étant visiblement assoupi en cours de route.

Shoto se redressa doucement, ne voulant pas réveiller Izuku. Il jeta un œil vers la cuisine, y voyant Katsuki déjà habillé et douché s'il en croyait les cheveux humides du blond. Ce dernier semblait s'activer à préparer le petit déjeuner.

- Papou ?

La voix enfantine et ensommeillée attira l'attention de Shoto vers la petite silhouette d'Hiroshi qui arrivait dans le séjour, les cheveux ébouriffés, son pyjama Creaty froissé, sa peluche Red Riot dans une main, l'autre frottant l'un de ses yeux.

- Hé ! Bien dormi le nain de jardin ?

- Hmmm...

Le petit bonhomme s'approcha de son père et tendit les bras vers lui en une demande muette. Katsuki se baissa et répondit à la demande de son fils en le prenant dans ses bras, déposant un baiser sur son front au passage. Hiroshi enroula ses bras autour du cou de son père y nichant sa tête, prêt à se rendormir.

Shoto assista à la scène en silence, songeant que ceux qui avaient tant comparé Katsuki à Endevor s'étaient lourdement trompés. Jamais Endevor n'avait câliné ses enfants comme le faisait le blond à l'instant. Lui-même n'aurait jamais cru que l'irascible Bakugo puisse être aussi affectueux, surtout pas avec un enfant. Pourtant, il était évident que le blond ne se forçait pas, que c'était tout à fait naturel pour lui.

En apprenant la paternité du blond, Shoto s'était demandé quel père ce dernier pouvait bien être. Et il admettait sans mal qu'il l'avait immédiatement imaginé comme son propre père : exigeant, peu patient, et plus obsédé par la force de son fils que par son bien-être. Mais Shoto avait compris dès les premières minutes qu'il s'était trompé. Jamais Endevor ne l'avait emmené faire du cerf-volant sur une plage, ni aucun autre jeu que son géniteur jugeait si indignes de son fils prodige.

Voir Katsuki entraîner Katsuma et combattre Hiroshi avait achevé de convaincre Shoto que son ami était un bien meilleur père que ne l'avait jamais été Endevor. Katsuki avait réussi à allier le côté ludique des jeux enfantins aux entraînements, et Hiroshi était un petit rayon de soleil pleinement épanoui. Katsuki avait visiblement réussi à trouver le juste équilibre entre autorité et tendresse, et en cela il avait largement surpassé Endevor.

Comme les autres, Shoto avait souvent regretté le départ de Katsuki. Il avait perdu un rival de valeur qui l'obligeait à toujours donner le meilleur lui-même, et cela lui avait manqué. Il avait aussi perdu un ami, pas un ami aussi proche que pouvaient l'être Tenya ou Izuku, mais un ami quand même. Bien souvent, Shoto avait regretté l'humour caustique du blond, ainsi que ses coups de gueule.

Shoto avait appris au fil des mois à apprécier l'intelligence de Katsuki, son sens de l'observation, et ses silences compréhensifs. Il avait appris, par Izuku, que Katsuki avait surpris la conversation qu'ils avaient eu lors du tournoi, conversation où Shoto avouait à Izuku son aversion envers son père et les raisons de celle-ci. Pourtant, jamais Katsuki ne lui en avait parlé, ni n'en avait soufflé mot à qui que ce soit.

A sa manière, brute et sans concession, Katsuki l'avait aidé à s'ouvrir aux autres, à accepter son alter de feu qu'il détestait pourtant de toute son âme, à accepter son passé. Et tout ceci avait grandement contribué à le rendre prêt à affronter son propre frère. Aussi Shoto avait-il beaucoup regretté le départ de Katsuki, de ce blond si unique en son genre qui lui filait des coups de pieds au cul bien plus efficaces pour le sortir de sa coquille que tous les mots gentils et compatissants des autres.

Le revoir lui avait fait très plaisir, et maintenant qu'il savait où il habitait, Shoto avait bien l'intention de lui rendre visite de temps en temps. L'affronter lors de l'entraînement de la veille lui avait, étonnamment, fait du bien. Face à Katsuki, il n'était ni le fils d'Endevor, ni un héros populaire, ni même un héros tout court. Il n'était qu'un adversaire que le blond voulait battre. Et c'était étrangement libérateur. Oui, Shoto avait déjà hâte de revenir se confronter à Dynamight.

Katsuki finit de préparer le petit déjeuner avec son fils bien calé sur sa hanche, lui laissant le temps de se réveiller tranquillement. Hiroshi n'était de toute façon jamais totalement réveillé tant qu'il n'avait pas pris son petit déjeuner. Ce qui expliquait le nombre de fois où Katsuki devait laver les pyjamas, salis par une tartine, un bol de chocolat renversé ou tout autre aliment chutant de la table sur les genoux du bambin.

Avec des gestes habitués, Katsuki installa Hiroshi à table, accrochant autour de son cou une grande serviette de table, même s'il savait que ça n'éviterait pas le carnage vestimentaire. Son fils avait un talent certain pour tâcher son pyjama sans jamais salir la serviette supposée protéger ledit pyjama. Il déposa le petit déjeuner du plus jeune devant celui-ci, lui ébouriffant machinalement les cheveux en passant.

- Café, thé ou autre chose ? demanda soudainement Katsuki.

Un claquement de doigt sous son nez, fit sursauter Shoto. Il était tellement pris dans la contemplation de la petite scène familiale devant lui qu'il n'avait pas tout de suite compris que la question s'adressait à lui.

- Un thé, merci, répondit-il en se levant du canapé où il était toujours assis.

Il se leva et prit place à table, juste à côté d'Hiroshi qui touillait son chocolat avec l'énergie d'un gastéropode neurasthénique. Une tasse de thé surgit devant lui, le tirant de sa contemplation, et il remercia d'un hochement de tête son hôte. Deux voix attirèrent son attention sur Mahoro et Katsuma qui le rejoignirent, l'air bien plus réveillés qu'Hiroshi. Tout en déposant leurs petits déjeuners devant eux, Katsuki leur demanda :

- Vous avez bien tout récupéré ?

- Oui, lui répondit Mahoro en souriant.

- De toute façon, c'est pas perdu, sourit Katsuma en enfournant une bouchée de tofu. C'est pas comme si on habitait loin.

- Vous partez ? s'étonna Shoto.

- Papa revint ce midi et il reste pour deux semaines, expliqua Mahoro. Alors oui, on rentre à la maison.

- J'ai aéré hier, l'informa Katsuki en s'asseyant entre la jeune fille et son fils. Et il y a de quoi tenir deux jours dans le frigo.

- Merci Bakugo-Kun, dit Katsuma entre deux bouchées. Mais fallait pas...

- Tsss... Genre vous n'avez que ça à foutre que de commencer à faire les courses alors que vous avez pas vu votre père depuis dix jours.

Tout en râlant, Katsuki rattrapa d'un geste habile le bol d'Hiroshi avant qu'il ne se renverse sur les genoux du plus jeune. Un léger sourire étira les lèvres de Shoto en voyant le geste, ce qui lui valu de se prendre un regard noir et menaçant de la part de Katsuki, le mettant au défi de faire la moindre remarque. Hiroshi ne sembla même pas remarquer la catastrophe à laquelle il venait d'échapper, son attention entièrement concentrée sur une tartine de confiture.

La voix ensommeillée d'Izuku attira l'attention de tous, et le porteur du One for All prit place autour de la table, acceptant avec joie le petit déjeuner préparé par leur hôte. Il se joignit sans mal à la discussion, espérant à voix haute qu'il aurait le temps de saluer le père de Mahoro et Katsuma.

- Papou, intervint soudainement une voix enfantine. Ils sont où Red Riot et Chargebolt ?

- Ils dorment dans ma chambre, répondit Katsuki en essuyant les moustaches chocolat de son fils. Tu veux aller les réveiller ?

L'énergique hochement de tête du plus jeune lui répondit.

- Débarrasse ta vaisselle et tu peux y aller, sourit Katsuki. Ils ont le sommeil lourd, alors n'hésite pas.

- Comme avec tonton Shota ? s'enquit le bambin en sautant de sa chaise.

- Ouais, confirma son père avec un rictus machiavélique aux lèvres.

Hiroshi, bien réveillé maintenant qu'il avait petit déjeuné, s'empressa de déposer son bol, sa cuillère et son assiette dans l'évier, usant d'un marche pied pour le faire, avant de filer tout droit dans la chambre de son père. Son rictus toujours bien accroché aux lèvres, Katsuki tendit l'oreille, guettant l'ouverture discrète de la porte. Il leva la main, abaissant lentement et un à un ses doigts en un compte à rebours silencieux, sous les regards curieux de ses deux amis déjà levés.

Une très puissante exclamation enfantine et une petite explosion retentirent soudainement, vite suivis par deux cris à la virilité contestable, et d'un grand boum, signe indiscutable d'une lourde chute. L'éclat de rire d'Hiroshi se fit entendre, attirant un sourire franc sur les lèvres des trois adultes et des deux adolescents attablés qui n'avaient aucun mal à visualiser ce qui avait pu se passer dans la chambre. Nul doute que le réveil en fanfare d'Hiroshi avait surpris Denki et Eijiro et que l'un d'eux était tombé du lit.

Dans la chambre, Hiroshi rit de bon cœur sous le regard blasé des deux héros professionnels. Recroquevillé à la tête de lit, tendant un oreiller devant lui comme un bouclier, Denki cligna des yeux pour tenter de comprendre ce qui venait de se passer au juste. Etalé de tout son long par terre, Eijiro n'était guère mieux, se demandant comment il avait pu atterrir par terre juste parce qu'un gamin avait sauté sur le lit, où il dormait profondément, en hurlant comme un sauvage. Tel père, tel fils, songèrent les deux adultes en voyant la lueur moqueuse dans les yeux écarlates du plus jeune.

Et dire que la veille, Eijiro avait passé une super soirée et qu'il avait si bien dormi, contrairement à la nuit d'avant. La première nuit sur l'île, après avoir revu Katsuki et eu des explications assez peu satisfaisantes, le jeune homme avait eu bien du mal à trouver le sommeil. C'était quoi cette histoire ? Et pourquoi ceux informés de la situation n'avaient pas jugé bon de les tenir informés eux, les amis de Katsuki ? Surtout lui, son meilleur ami ! Il avait le droit de savoir, non ?

Eijiro avait eu bien du mal à s'empêcher de clouer Katsuki sur une chaise pour l'obliger à tout leur raconter durant la première soirée où ils s'étaient revus. Mais il avait compris que ce dernier ne dirait rien devant son fils, alors il avait pris son mal en patience et rongé son frein et ravalé sa colère. Parce que oui, Eijiro était en colère, et pas qu'un peu. Pourquoi tant de secrets ? Pourquoi tant de cachotteries ? Katsuki leur faisait donc si peu confiance ?

Lui avait toujours eu confiance en cette grande gueule explosive, ayant rapidement compris que sous les mots durs et l'attitude arrogante du blond se cachaient souvent autre chose. Il avait appris à le décrypter, à le connaître, à le comprendre. Et son départ l'avait dévasté. C'était son meilleur pote ! Ils avaient même souvent parlé de travailler dans la même agence plus tard. Enfin, Eijiro en avait souvent parlé, et Katsuki ne l'avait jamais envoyé bouler, ce qui était un assentiment silencieux.

Si l'histoire de Katsuki n'avait nullement calmé le ressentiment d'Eijiro, l'attitude du blond durant ses explications l'avait fait elle. Eijiro se targuait de bien comprendre Katsuki. Et il les avait vu tous ces petits signes : le tremblement de ses mains, ses larmes discrètes, la fêlure dans sa voix. Autant de signaux indiquant à Eijiro que les choses avaient été très difficiles pour son ami, et qu'il craignait encore quelque chose. Mais quoi ? Telle était la question à dix mille yens.

Eijiro s'était torturé les méninges toute une nuit et toute une journée, cherchant comment aborder le sujet en douceur. Braquer Katsuki n'apporterait rien, il le savait parfaitement. Mais quand il s'était retrouvé à sauter à la corde face à son meilleur ami, il avait décidé de ne pas pousser les choses. Pour l'instant en tout cas. Il voulait profiter de ses retrouvailles avec son pote, s'entraîner avec lui, le combattre, discuter de tout et de rien, rire avec lui. Retrouver cette amitié qui lui avait tant manqué durant ces six dernières années. Les questions et les réponses viendraient plus tard...

Tel père, tel fils, pensèrent Denki et Eijiro encore quelques heures plus tard. Après ce réveil en fanfare et un solide petit déjeuner, Denki et Eijiro étaient assis devant la table du salon, des cahiers de coloriage devant eux. Shoto était dans la salle de bain, et Izuku avait tenu à raccompagner Mahoro et Katsuma chez eux, arguant que prendre l'air lui ferait le plus grand bien. Katsuki était dans le jardin à faire Dieu savait quoi, et ce n'était pas là la préoccupation première des deux jeunes hommes.

Non, leur préoccupation première était un bambin haut comme trois pommes qui surveillait d'un œil critique l'activité de coloriage à laquelle ils avaient accepté de se plier.

- T'es nul, décréta Hiroshi avec un ton moqueur. T'as dépassé là et là !

D'un doigt, il désigna les lieux du crime commis par Eijiro qui tenta d'argumenter, mais le regard blasé, si semblable à celui de Katsuki, qui le scruta le fit taire.

Denki aurait bien rit, mais il s'était fait quant à lui réprimander sur son choix de couleurs et avait été obligé de recommencer par l'exigeant petit bonhomme. Un coup d'œil au coloriage du plus jeune le fit soupirer lourdement. Evidemment que c'était parfait... Rien ne dépassait, tout était parfaitement uniforme, les couleurs parfaitement choisies. Bref, rien à redire. Ce gosse était bien comme son père : perfectionniste et exigeant.

Shoto libéra la salle de bain, pour le plus grand plaisir d'Eijiro qui sauta sur l'occasion pour échapper à une nouvelle réprimande. Katsuki revint du jardin peu après et Denki lui sauta dessus, lui proposant son aide pour absolument tout ce qu'il voulait tant qu'il pouvait éviter l'activité coloriage. Mais Hiroshi ne fut pas laissé seul, Shoto se pliant docilement au caprice du bambin et prenant la place de ses deux amis.

Quand Izuku revint, il trouva Denki et Katsuki occupés à faire des sandwichs et Shoto et Hiroshi en train de colorier et de dessiner. Eijiro sortit de la salle de bain peu après, et Hiroshi se redressa d'un bond en s'exclamant :

- Tout le monde est prêt papou !

- Prêt pour quoi ? s'enquit prudemment Shoto.

- On va a la plage, et on va piniquer ! annonça Hiroshi avec un grand sourire.

- Pique-niquer, le corrigea Katsuki en rangeant les sandwichs dans un sac isotherme.

- C'est une super idée ça, se ravit Izuku, s'attirant un sourire encore plus éclatant de la part du bambin.

Le temps de préparer le sac avec le repas du midi, et un autre avec quelques jeux d'extérieur, toute la petite troupe se retrouva dehors, prête pour profiter du timide soleil de mars. Mais au lieu de se précipiter sur le chemin menant de la maison à la route, Hiro courut jusqu'au garage, sautillant frénétiquement devant la porte fermée en attendant que son père le rejoigne.

- Tu mets les tiens aussi, hein papou ? s'enquit le petit bonhomme pendant que Katsuki ouvrait la porte.

- Ouais, confirma Katsuki. Arrête de t'agiter, la porte s'ouvrira pas plus vite le nain de jardin !

Quelques secondes plus tard, le père et le fils sortirent du garage avec chacun une paire de rollers à la main. Ils attendirent d'être sur le bord de la route pour les chausser, et Katsuki équipa son fils d'un casque, de genouillères et de coudières avant de le laisser s'élancer sur la chaussée.

- Vous avez intérêt à courir vite si vous voulez pas qu'on vous sème, ricana Katsuki en s'élançant à la suite d'Hiro, le rattrapant en quelques glissades parfaitement maîtrisées.

Eijiro et Izuku échangèrent un regard complice avant de piquer un sprint pour rattraper le duo. Hiroshi les accueillit avec de grandes exclamations de joie. Shoto partit à son tour, en petites foulées régulières pour rejoindre le petit groupe, laissant Denki seul à l'arrière. Ce dernier fixa, dépité, ses amis dont les silhouettes rapetissaient rapidement à mesure qu'ils s'éloignaient. Il était en repos ! Il n'avait pas envie de courir ! Il voulait juste profiter de la compagnie de ses potes ! Voyant soudain que ceux-ci avaient disparus, il se mit lui-aussi à courir en criant :

- Attendez-moi !

~oOo~

La nuit était tombée depuis longtemps quand la petite troupe se sépara. Katsuki partit en direction de sa maison, non sans avoir salué ses amis et promis de les revoir demain avant leur départ, Hiroshi dans ses bras. Le petit bonhomme agita une main fatiguée en direction des quatre héros qui lui rendirent son geste avec le sourire. La nuit précédente avait été courte pour le garçonnet et la journée épuisante, et il était à deux doigts de s'endormir.

Oui, la journée avait été épuisante et pas seulement pour le plus jeune. Denki était sur les rotules et ne rêvait que de son lit, Eijiro sentait qu'il aurait des courbatures au réveil, et Shoto avait bien du mal à ne pas bailler à s'en décrocher la mâchoire. Seul Izuku semblait avoir pu suivre le rythme frénétique du duo Bakugo.

- Je veux jamais avoir d'enfants, soupira Denki. C'est trop fatiguant.

Izuku éclata de rire à cette remarque, rassurant rapidement son ami : tous les enfants n'étaient pas aussi remuants qu'Hiroshi. Le téléphone d'Eijiro sonna et le jeune homme se dépêcha de répondre à Mina, profitant de l'oreille attentive de sa compagne pour se plaindre. Après avoir couru jusqu'à la plage pour suivre Hiroshi perché sur ses rollers, ils avaient dû jouer au foot sur le sable.

- C'était génial, dit Eijiro, mais j'ai super mal aux jambes maintenant.

- Tu faisais équipe avec qui ? s'enquit Mina amusée.

- Katsuki et Denki. On a perdu ! Face à Shoto, Deku et Hiro !

- C'est parce que Katsuki a laissé son fils gagner, assura Denki.

- Ou parce que tu étais tellement occupé à filmer et prendre des photos que tu as laissé passer trop de balles, rétorqua Shoto avec son pragmatisme habituel.

La remarque fit râler Denki mais amusa grandement Mina à l'autre du bout du fil, celle-ci lui faisant promettre de lui envoyer dès ce soir toutes les photos et les vidéos. Eijiro continua de se plaindre, expliquant qu'après un bon pique-nique, alors qu'il n'aspirait qu'à une bonne sieste digestive, il s'était retrouvé entraîné dans une partie de badminton.

- Et après ça, on a joué à chat perché, puis à un deux trois soleil ! geint-il.

- Il vous a bien occupé, rit Mina. Et qui a gagné ? Encore lui ?

- C'est Katsuki qui a gagné au badminton, avoua Eijiro. Et Shoto à un deux trois soleil.

- Et Hiro à chat perché, ajouta Izuku en riant.

- Il a triché ! assura Denki offusqué.

- Non, il était perché tout le temps, assura Shoto avec un très léger sourire.

- Sur les épaules de Katsuki ! protesta Denki. C'est de la triche !

- Un petit malin, rit Mina en entendant les explications.

La discussion se poursuivit gaiement, Mina exigeant des détails supplémentaires sur la journée de la veille et celle-ci. Elle apprit ainsi qu'après la journée à la plage, la petite troupe avait été manger au restaurant, les quatre amis tenant à remercier Katsuki pour son hospitalité en l'invitant lui et son fils. La soirée s'était déroulée dans la joie et la bonne humeur jusqu'à ce qu'Hiroshi ne commence à piquer du nez sur la table. Katsuki avait alors décidé qu'il était temps de mettre son fils au lit et les cinq héros s'étaient séparés.

Ils arrivèrent devant l'auberge où ils avaient loué des chambres, et Eijiro raccrocha avec Mina, lui promettant de la rappeler plus tard, quand il serait seul. Ce qui fit ricaner Denki sans aucune discrétion. Au moment où Eijiro remettait son téléphone dans sa poche, une sonnerie se fit entendre. Izuku plongea rapidement la main dans sa veste, en extrayant rapidement son propre téléphone.

- Bonsoir All Might ! dit-il en décrochant.

Les trois autres se rapprochèrent immédiatement de lui, désireux eux aussi de saluer le héros à la retraite qui avait été leur professeur. Eijiro fit des signes à Izuku, essayant de lui faire comprendre quelque chose. Izuku posa sa main sur le micro de l'appareil et l'éloigna, demandant muettement à son ami de s'expliquer.

- Il est au courant pour Katsuki et Hiro, souffla Eijiro. Vois si tu peux pas lui tirer quelques infos en plus !

Izuku hocha la tête et mit le haut parleur, conscient que ses amis voulaient ces informations autant que lui.

- Bref, tout ça pour te dire que pour notre rendez-vous de la semaine prochaine, je ne pourrais pas être là malheureusement. On peut décaler à une autre fois ? dit le héros retraité à l'autre bout du fil.

- Ah oui, pas de soucis, je comprends, assura Izuku, bien qu'il n'ait pas saisi le début des explications de son mentor.

- Et toi ? Comment vas-tu ? s'enquit All Might.

- Ça va, répondit Izuku avec un sourire. Je suis en repos ces jours-ci. Alors avec Shoto, Eijiro et Denki, on est venu sur Nabu.

- Sur Nabu ? s'étonna All Might. Sur l'île de Nabu ?

- Oui, confirma Izuku avec un grand sourire.

Eijiro et Denki l'encouragèrent d'un geste à poursuivre dans cette voie, et Izuku reprit :

- On a appris que Kacchan y vivait, alors on est venu lui rendre visite.

- Vous avez vu Katsuki ?

La légère tension dans la voix de leur ancien professeur n'échappa à aucun de ses auditeurs, ni l'usage du prénom du blond. En tant que professeur, All Might n'avait jamais appelé Katsuki par son prénom. Visiblement, les choses avaient changé.

- Oui, on vient de le quitter, expliqua Izuku. On doit le revoir demain avant notre départ. Il nous a présenté son fils, Hiroshi.

- Ah ?

L'hésitation parfaitement audible dans le ton d'All Might fit froncer les sourcils des quatre amis. Izuku poursuivit donc sur sa lancée, bien décidé à faire cracher le morceau, quel qu'il soit, à son mentor.

- Il nous a expliqué la situation. Il nous a aussi dit que vous étiez au courant de tout...

- Vraiment ? s'étonna All Might. Et alors... Qu'as-tu pensé d'Hiro ?

Un peu surpris par la question, Izuku répondit cependant, un doux sourire éclairant ses traits en pensant au petit bonhomme.

- Il est adorable ! Et génial ! Il nous a bien épuisés aujourd'hui. Mais, il est tellement mignon que c'est impossible de lui dire non. Et Kacchan est un papa génial ! Ils sont trop craquants ensemble. Et quand ils se disputent tous les deux...

Le rire d'All Might l'interrompit, ce dernier reprenant, le soulagement parfaitement audible dans sa voix.

- Je savais que tu adorerais ce gamin. Et que tu comprendrais aussi. On l'a dit à Katsuki, mais il est têtu comme une mule.

Izuku, Shoto, Eijiro et Denki échangèrent un regard surpris, ne comprenant pas de quoi parlait exactement le héros retraité.

Inconscient de ce qui se passait à l'autre bout du fil, All Might poursuivit :

- C'est vrai qu'Hiro ressemble beaucoup à Katsuki, mais il a pris beaucoup de toi aussi, Izuku. Surtout quand il marmonne ou se lance dans un monologue sur ses héros préférés. Ah la la ! Je suis tellement content qu'il te l'ai dit. Que Katsuki n'ait pas voulu te le dire pendant sa grossesse, je comprenais, mais après la naissance d'Hiro...

- Quoi ?!

L'exclamation commune fit taire All Might. Autour du téléphone, quatre jeunes hommes se fixaient, ahuris, choqués, ayant du mal à croire qu'ils avaient bien entendu ce qui avait été dit.

- All Might, redites ça ! exigea Shoto en voyant qu'Izuku semblait incapable de parler.

- Todoroki-Kun ? s'enquit l'ancien héros. Qu'est-ce qui se passe ?

- Vous avez bien dit que... souffla Eijiro incrédule. La grossesse... de... Katsuki ?!

- ...

- All Might, insista Denki.

- Ce... C'est... bafouilla All Might à l'autre bout du fil. Oh mon Dieu... il ne vous l'avait pas dit... Écoutez les garçons, c'est... vraiment compliqué... et euh... Ce n'est certainement pas à moi de vous le dire... Izuku... Je suis désolé... vraiment...

La tonalité résonna, signe que leur ancien professeur avait raccroché. Vu le ton de sa voix et son bafouillage, nul doute qu'il était complètement paniqué.

- On a visiblement notre réponse, souffla Shoto les sourcils froncés. La "mère" d'Hiroshi : c'est Katsuki.

Izuku se retrouva soudain devant trois paires d'yeux toutes aussi incrédules et choquées que lui.

- Et son père... reprit le jeune homme au double alter. Il semblerait que ce soit toi, Izuku... Sinon, pourquoi All Might aurait voulu que Katsuki t'en parle à toi spécifiquement ?

Katsuki venait de sortir de la salle de bain quand son téléphone sonna. Rapidement, il s'en saisit et décrocha, peu désireux que la sonnerie ne réveille son fils qui dormait.

- Katsuki, souffla une voix embarrassée.

- All Might, s'étonna le blond, inquiet. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Le héros ne l'appelait jamais si tard, et la voix de son ancien mentor était hésitante, le mettant sur ses gardes. Il se passait quelque chose.

- Je crois que j'ai fait une gaffe... avoua le héros retraité d'un ton contrit.

Katsuki se tendit immédiatement.

- Laquelle ? demanda-t-il, ayant cependant une petite idée sur la question.

Pour être parfaitement honnête, il était même surpris qu'All Might n'en ai pas fait une plus tôt, même s'il aurait clairement préféré qu'il n'en fasse pas du tout.

- J'ai... possiblement... fait comprendre à Izuku qu'il était impliqué dans... ta grossesse...

Katsuki sentit son cœur rater un battement, puis deux, avant de reprendre sa course à un rythme bien trop rapide. Et dire que depuis l'arrivée de ses potes sur l'île, il avait cherché comment aborder le sujet avec Izuku. Il savait qu'il devait le faire, lui qui repoussait encore et toujours cette confrontation qu'il savait pourtant nécessaire. Il avait fini par se décider à le faire le lendemain matin, quelques heures avant leur départ.

Cela lui avait semblé être la meilleure solution. Deku devrait partir, et aurait donc le temps de digérer le truc loin de lui, et lui pourrait s'éviter d'interminables prises de têtes sur le sujet avec le nerd. Et égoïstement, il avait eu envie de simplement profiter de la présence de ses amis, sans tension inutile et pesante. S'il avait un peu, beaucoup, appréhendé de les revoir après la première soirée, leur entraînement commun avait chassé ses appréhensions.

Il avait retrouvé ses potes, un peu cons parfois, mais auxquels il était attaché. Il avait retrouvé l'humour sans faille de Denki, la complicité fraternelle d'Eijiro, la compréhension mutuelle de Shoto et cette étrange relation indéfinissable qui l'avait toujours lié à Deku. Et il n'avait pas voulu gâcher ces moments où pour la première fois depuis six ans, il avait eu l'impression de n'être encore qu'un adolescent sans autres soucis que le prochain examen de maths.

Katsuki s'était promis de parler à Deku le lendemain. Il avait même réfléchi à comment le lui dire. Mais All Might avait gaffé. Et Deku... Merde ! Deku était au courant ! Et il l'avait appris de la pire manière qui soit. Et il était là, sur l'île, à quelques kilomètres de chez lui. Instinctivement, Katsuki tourna la tête vers la fenêtre. En voyant un éclair vert au loin, il lâcha son téléphone et se précipita dehors. Prêt ou pas, il n'avait plus le choix. Il allait devoir affronter Deku.

A suivre...


Commentaires des auteures :

Et voilà ! Encore un chapitre de bouclé ! Il est pas mignon le petit Hiro ? Et All Might a gaffé ! Deku est plus ou moins au courant. Et Katsuki est dans la merde... non ? C'était trop tentant pour nous, il fallait bien que les choses dérapent après autant de moments aussi sympas. On verra jusqu'à quel point plus tard…


Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés.:

Pendant que les deux auteures se félicitent d'avoir enfin terminé ce chapitre après de très nombreux et laborieux efforts tout comme de nombreuses discussions sur la marche à suivre, Katsuki fixe d'un œil noir All Might agenouillé devant lui en signe de contrition.

- Vous savez tenir votre langue pour vos secrets mais pas pour ceux des autres, hein ! tonne le plus jeune des deux blonds.

- Je suis vraiment désolé Katsuki... souffla All Might en posant son front au sol.

- Vous mériteriez que je vous explose la tronche ! s'énerve Katsuki. Sérieusement, vous en ratez pas une, hein ! Tu parles d'un héros !

Plus loin, Eijiro et Denki écoutent avec attention les conseils de la sœur de Shoto pour bien colorier.

- Quand vous faites les bords, pensez à bien vérifier que vos crayons sont parfaitement taillés, sinon ça déborde.

Derrière eux, Izuku pleure toutes les larmes de son corps sous l'œil affolé de Shoto, pas vraiment habitué à consoler les gens.

- Je suis papa... Et Kacchan est maman...

- C'est un garçon, plaide calmement Shoto. Donc, il est papa aussi... Même si techniquement, c'est effectivement lui la mère...

Voyant le regard éploré de son ami, Shoto se tourne alors vers les lecteurs :

- Quelqu'un peut lui expliquer s'il vous plaît ? Une petite review pour qu'il comprenne... Et le consoler... J'ai plus de mouchoirs...


A suivre : Chapitre 8 - Parenthèse progressive.

" Ah... Quand je vais chier quoi..."

" Et si je merde ?"

" Parce que ça sent la rose quand tu chies toi ?"

Yzan jette un regard suspicieux à Lili qui astique son auréole, preuve de son innocence totale.

- Tu as fait une thématique dans le choix des phrases pour annoncer le prochain chapitre ! lance Yzan accusatrice.

- Tu crois ? s'étonne Lili... Franchement, ma choupinette, je vois pas du tout de quoi tu parles... mais alors pas du tout…

- Ben voyons !