— 𝐍𝐎𝐏𝐏𝐄𝐑𝐀-𝐁𝐎 —

𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑫𝒆𝒖𝒙

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Lorsque Barbe Blanche lui avait parlé d'un endroit pour se reposer et patienter, elle n'avait certainement pas pensé aux cellules du Moby Dick. Une moue peu amène plaquée au visage, elle soulève à hauteur de ses yeux la paire de menotte en granite marin qui pend à son poignet gauche et la laisse retomber contre les barreaux de la cellule faisant tinter le métal contre la pierre.

Adossée contre la porte, la grille lui rentrant dans le haut du dos, elle laisse sa tête retomber en arrière et entame le comptage des lattes du plafond. Cinquante-sept lames de parquet plus tard, elle entreprend ensuite de compter les nœuds dans le bois. Coupée de toute source de lumière naturelle, elle ne sait pas exactement combien de temps s'est écoulé depuis son échange avec l'homme le plus fort du monde mais aux bruits de vie qu'elle entend au-dessus de sa tête, elle en déduit que la journée est déjà bien avancée.

Avec un nouveau soupir d'ennui, elle se laisse glisser le long des barreaux, s'allonge contre le sol humide de la geôle et clôt les paupières. Elle sait de visu qu'au moins six des douze commandants sont présents à bord, peut-être plus. Elle espère de tout cœur que l'empereur n'attend pas que ses seize fils soient présents pour la faire venir à nouveau. Bien que son plan ne se déroule pas exactement comme elle l'a prévu et qu'elle ait dû abattre plusieurs cartes, Jean reste confiante quant à l'issue de cette transaction. Mais elle sait aussi que plus elle attend et plus l'intérêt du pirate pour son offre décroit. Plus il a de temps pour réfléchir, moins elle a de chance de conclure et accessoirement de quitter le bateau en un seul morceau.

Comme si Davy Jones l'avait entendue, quelques minutes plus tard elle entend des bruits de pas au bout du couloir. Rapidement elle est sur ses pieds, époussète ses vêtements, arrange son décolleté et ajuste ses boucles claires autour de son visage poupon avant de se tourner vers les nouveau arrivants, un sourire éclatant aux lèvres.

- Messieurs, s'incline-t-elle poliment.

Face à elle, deux nouveaux commandants, Blenheim de la neuvième division et Kingdew de la onzième qu'elle reconnait vaguement, sans pouvoir leur associer de fait d'arme ou de capacité particulière pour autant. Les deux ont l'air particulièrement renfrognés mais elle n'arrive pas à déterminer s'il s'agit de leur visage habituel ou d'un réel agacement.

Ils lui ouvrent la porte sans plus de cérémonie et le premier lui montre le chemin tandis que le second se place dans son dos et leur emboite le pas juste après avoir lui avoir attaché la deuxième menotte de granite marin. Au moins ils n'essaient pas de la soulever comme la veille et elle les en remercie silencieusement. Tout au long de leur traversée vers les ponts supérieurs, Jean s'étonne de ne croiser aucun pirate. Elle n'est certainement pas une alliée mais elle n'imagine pas non plus Barbe Blanche mettre en place un stratagème aussi poussé simplement pour éviter à ses fils de la croiser.

Elle a la réponse à ses questions quelques instants plus tard lorsque, passant devant une porte immense, lui parviennent le bourdonnement des conversations et le doux fumé des plats en train d'être servis dans ce qu'elle devine être le réfectoire. Le passage ne dure qu'une brève minute mais le mal est fait et le ventre de Jean se met à bruyamment gargouiller, si fort qu'elle est certaine que les deux pirates l'ont entendu. Mais elle n'y peut rien, elle, s'ils ne lui ont pas donné à manger depuis la veille ! Malgré tout, elle ne peut s'empêcher de baisser la tête et d'esquisser une grimace gênée, son regard acéré ne manquant pas une miette des mimiques amusées des deux pirates qui ont inconsciemment baissé leur garde.

Il lui serait aisé de saisir l'opportunité, elle est plus petite et plus agile que les deux armoires à glace qui lui servent d'escorte, elle pourrait sans mal prendre une longueur d'avance sur eux et rejoindre son embarcation en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Mais deux points majeurs viennent entraver ses projets. Le premier, dès que son intrusion a été découverte, les pirates de Barbe Blanche ont sans doute dû chercher le moyen par lequel elle s'est introduite à bord. Ils ont dû au moins, saisir, au pire détruire son embarcation, la laissant provisoirement sans moyen de transport. La deuxième, elle n'est pas venue ici en tant que voleuse mais en tant que femme d'affaires, qui plus est, protégée par le pacte signé entre l'empereur et le marché parallèle. Elle n'a donc aucune raison de vouloir fuir. Jean adresse donc un nouveau sourire rayonnant à ses guides qui lui renvoient des regards incertains et poursuit sa route dans le labyrinthe qu'est le Moby Dick.

Comme elle l'avait imaginé, ce n'est pas devant la porte de la cabine du capitaine qu'ils s'arrêtent mais devant une autre, toujours aussi impressionnante bien que beaucoup moins ouvragée. Encore une fois, elle s'étonne de l'inconscience des pirates lorsqu'elle remarque l'écriteau « Salle de Réunion » sur la porte. Elle se demande un bref instant s'ils sont allés jusqu'à créer un guide du bateau et si oui, combien elle pourrait revendre une information pareille à la marine.

Elle n'a pas le temps d'y réfléchir plus que Kingdew ouvre le battant pendant que Blenheim la pousse à l'intérieur sans ménagement, ruinant son entrée. Jean trébuche maladroitement sur le seuil et tourne la tête dans la direction du pirate pour lui jeter un regard méchant auquel il répond par un haussement d'épaules indifférent en la dépassant. Tout en enfilant à nouveau un masque de confiance, la jolie blonde réajuste sa position et fait face à la salle pour découvrir une immense table, presque trop grande pour la petite pièce, autour de laquelle sont réunis les commandants ainsi que leur capitaine.

Evidemment, ils ne sont pas tous là, il y a des mois, voire des années que la flotte de Barbe Blanche ne s'est pas réunie au grand complet et elle ne pense pas être une raison valable à pareil évènement mais elle est tout de même impressionnée par le nombre de pirate présent autour de la table. Son regard chocolat fait rapidement le tour de toutes ces figures de la piraterie. En plus de Marco le phénix, Izou, Rakuyo, Curiel, Kingdew et Blenheim qu'elle a déjà eu le plaisir ou le déplaisir de croiser, elle reconnaît également Thatch, Vista, Namur, Haruta, Fossa et le jeune Portgas D Ace, dernière sensation des océans, incorporé il y a tout juste quelques mois à peine et déjà à la tête d'une division, ce qui porte le nombre total de commandants présents à douze, un chiffre tout à fait respectable selon elle.

Elle se sent un peu empotée à se balancer sur ses pieds, debout devant eux et elle a très envie de prendre l'une des chaises laissées vacantes mais elle a beau être une mercenaire, elle maîtrise les bases de la vie en société et préfère attendre d'y avoir été invitée, chose que ne tarde pas à faire l'empereur, d'un geste vague de la main.

Mais même après qu'elle se soit installée en bout de table, le silence perdure et elle ne peut s'empêcher de ressentir un petit malaise. Malaise que le second commandant qui s'effondre soudainement sur la table dans un bruit sourd, n'arrange absolument pas. Ses yeux s'agrandissent de stupeur et le fait qu'autour d'elle personne ne semble particulièrement inquiet ne fait qu'ajouter à son étrange sentiment d'avoir mis les pieds dans un cirque. C'est exactement le moment que choisit Barbe Blanche pour entamer la discussion.

- J'ai exposé la situation à mes fils, j'étais pour te jeter par-dessus bord mais ils m'ont convaincu de t'écouter avant de nous débarrasser de toi, explique-t-il simplement.

- Un choix judicieux, souffle-t-elle entre ses dents, sarcastique.

Le silence retombe et elle ne sait pas trop si elle doit prendre la parole ou attendre qu'on lui pose des questions. Heureusement pour elle, le premier commandant semble ne pas pouvoir se retenir plus longtemps.

- Comment nous avez-vous trouvés ?

Elle lève un sourcil avec curiosité mais se plie sans rechigner à ses attentes.

- Le plus compliqué commandant, ce n'est pas de vous trouver, mais plutôt de vous rattraper, commence-t-elle. Le réseau d'informateurs du marché parallèle s'étend à travers tout le nouveau monde et vous vous déplacez en groupe. L'un d'entre eux vous a repéré sur l'île Vierveil il y a quelques jours. Partant de là, il me suffisait juste de faire la route et d'anticiper votre prochaine destination. Mais je ne pense pas que ce soit le sujet de notre conversation, termine-t-elle poliment.

Le blond se contente de hocher la tête sans poser plus de questions, un air de concentration plaqué sur le visage. Jean redoute un nouveau silence mais celui qu'elle reconnaît être le commandant de la quatrième division, Thatch si elle se souvient de son avis de recherche, vole à son secours.

- De quel fruit du démon parle-t-on exactement ? Je ne crois pas que vous l'ayez précisé, mademoiselle.

Ah. Enfin les choses sérieuses.

- En effet, il s'agit du Yami Yami No Mi, le fruit des ténèbres. C'est un logia, vous connaissez ?

Seul le silence lui répond mais elle note quelques froncements de sourcils révélateurs qui font se plisser d'une manière calculatrice les coins de ses lèvres.

- A l'origine du contrat établi avec monsieur Newgate, il y avait une liste de fruits très spécifiques à rechercher. La plupart ont été découverts avant que nous n'arrivions à mettre la main dessus, ses yeux glissent vers Portgas, toujours inconscient. Le fruit des ténèbres est le dernier et l'un des plus puissants, voire le plus puissant, des fruits de la liste.

- Et qu'a-t-il de si puissant ? En quoi est-il différent des autres ?

La question vient d'un autre commandant. Elle ne prend pas la peine de relever lequel avant exposer son argumentaire finement travaillé en amont.

- Ce qui fait sa rareté, c'est le manque cruel d'information à son sujet. En règle générale, les utilisateurs de logia se font remarquer et on retrouve assez facilement trace de leurs utilisateurs et de leurs capacités en cherchant un peu. Mais le Yami Yami est tout à fait différent, il n'en existe aucune trace, pas une seule information à son sujet, ce qui ne peut vouloir dire que deux choses.

Appliquant ses meilleures techniques de ventes, la blonde lève un doigt en l'air, juste à hauteur de ses yeux faisant tinter ses menottes.

- Soit le fruit n'a jamais été trouvé auparavant et donc il est impossible d'évaluer ses capacités et sa valeur marchande même si le fait qu'il s'agisse d'un logia est déjà un indicateur de taille. Mais je suis positivement certaine que cette possibilité est fausse, conclut-elle.

Ils sont tous pendus à ses lèvres, même Barbe Blanche qui fait pourtant semblant d'être parfaitement désintéressé la fixe avec attention. Elle adore ça. Un deuxième doigt se dresse, venant former le V de la victoire qu'elle sent poindre.

- Soit les précédents utilisateurs du fruit ont volontairement effacé toute trace de leurs pouvoirs et de leurs actions dans l'histoire. De plus, il est certain qu'aucun homme ne passerait sa vie à chercher un fruit sans valeur. Or dans les sphères les plus reculées du marché parallèle, la moindre information au sujet du Yami Yami se vend à prix d'or, plus que pour n'importe quel autre fruit.

Elle s'arrête là et laisse retomber sa main doucement contre la table, bien décidée à ne leur donner que les informations qu'ils demandent et à ne pas trop en révéler sur le fruit pour le moment. Ses yeux chocolat observent leurs mines concentrées et son sourire s'étire encore un peu jusqu'à former un rictus satisfait. Elle est en train de ferrer un énorme poisson.

- Et comment pouvons-nous être sûrs de vos informations ? Résonne la voix aiguë du commandant Haruta.

- Vous ne pouvez pas, sourit Jean. Mais je ne connais pas d'humain assez fou pour s'introduire à bord du bateau d'un empereur pour lui vendre de fausses informations et je n'ai aucune raison de mentir.

- Ça, c'est parce que vous n'avez jamais rencontré un D mademoiselle la mercenaire, ricane Tatch.

Le sourire de Jean se crispe un peu plus, elle a horreur d'être contredite.

- Eh bien peut-être monsieur Thatch, mais je ne vois qu'un seul D dans cette pièce et il n'est pas vraiment en capacité d'influer sur le court de notre discussion, répond-t-elle, cassante.

Le quatrième commandant lève les mains en l'air, faisant mine de se rendre et tous les regards se portent un instant sur Portgas D Ace, toujours plongé dans un profond sommeil, la joue dégoulinante de bave, écrasée contre la table. Certains commandants comme Izou ont l'air vaguement gêné mais la plupart se contente simplement d'ignorer l'état compromettant de leur jeune camarade pour reprendre les négociations.

- Haruta a raison, sans preuve solide nous ne pouvons décemment pas vous croire et encore moins vous faire confiance, relance diplomatiquement Vista.

Jean avise un instant la curieuse moustache du commandant qui vient de prendre la parole pour la première fois avant de se détourner pour plonger son regard dans celui, transperçant, du capitaine du navire. Rien qu'à voir sa moue sérieuse, elle devine que lui aussi attend beaucoup de sa réponse. C'est le moment qu'elle attendait pour abaisser l'une de ses meilleures cartes. Jean ferme les yeux un instant, juste le temps de calmer sa respiration et de recomposer son masque avant de se lancer.

- Vous avez raison, votre méfiance est parfaitement compréhensible c'est pourquoi je me dois d'être honnête avec vous. La personne qui a trouvé le Yami Yami No Mi ce n'est pas moi, c'est mon père.

Elle laisse le silence peser, cultive le suspense.

- Il a passé une grande partie de sa vie à le rechercher puis à le cacher de telle manière à ce que lui seul puisse le retrouver. Juste avant de mourir, il y a un peu plus d'un an, il m'a fait parvenir le premier élément d'une suite d'indice permettant de remonter jusqu'au fruit. Une sorte d'héritage, j'imagine.

- Vous êtes en train de dire que vous voulez vendre au plus offrant le dernier présent de votre défunt père ?

La question a fusé, glaciale et le sourire de Jean se crispe froidement en réponse. Ses yeux se plantent dans ceux de Rakuyo et elle se justifie, pleine d'une colère sous-jacente.

- Ne soyez pas si prompt au jugement pirate. Vous ne savez rien de mon père et des raisons qui l'ont conduit à me léguer le fardeau qu'est ce fruit.

Cela a au moins le mérite de clouer le bec au pirate qui a la décence de paraître gêné. La petite blonde prend le temps de souffler un bon coup et de lisser les plis imaginaires de sa tunique avant de reprendre.

- Mon père m'a laissé ce fruit comme une assurance en cas de besoin. Or je n'ai pas besoin de ses pouvoirs mais plutôt d'argent. Il est donc temps pour moi de m'en débarrasser, d'où la raison de ma présence aujourd'hui. Je suis la seule personne à pouvoir vous mener au fruit et vous ne pouvez pas prendre le risque de laisser l'un de vos ennemis mettre la main dessus. Cela me semble être une raison plus que raisonnable.

- Nous pourrions juste te tuer pour nous assurer que personne ne mette la main sur le fruit.

Les sourcils levés haut sur son front, Jean se tourne vers Barbe Blanche qui vient de prendre la parole. La tuer ? Intéressant.

- En effet, vous pourriez. Ça semble même être une très bonne option. Malheureusement pour vous vieil homme, je ne suis pas naïve au point d'être venue sans un solide plan B, termine-t-elle mystérieusement.

Ils s'affrontent tous les deux du regard et la pression monte en flèche dans la pièce, suffisamment pour sortir précipitamment Portgas de sa sieste alors que l'empereur lâche une vague de haki des rois contre elle.

Les mains crispées sur le bord de la table, Jean se penche en avant les yeux écarquillés par l'excitation et la concentration à laquelle elle s'astreint pour ne pas tourner de l'œil. La puissance qu'il abat sur elle est réellement impressionnante et malgré tous ses efforts elle sent sa carapace mentale fissurer. Lentement elle glisse en arrière sur sa chaise, refusant de perdre leur combat visuel. Elle joue sa vie sur ce coup de poker, elle n'a pas le droit de flancher. Malgré tout elle n'a plus du tout envie de sourire, ses dents sont crispées au possible et elle sent la sueur couler le long de ses tempes à grosse gouttes.

L'empereur continue de la dévisager pendant quelques secondes avant d'éclater d'un rire bruyant et de relâcher la pression d'un seul coup. Jean manque de défaillir, elle prend une grande inspiration, se rappelant soudain comment respirer et cache rapidement ses mains tremblantes sous la table.

Barbe Blanche de son côté semble ne plus pouvoir s'arrêter de rire, ses yeux pétillants comme s'il était le seul à posséder une information particulièrement hilarante. Ce qui a le don d'agacer Jean.

- Combien ?

Elle lève à nouveau ses yeux calculateurs vers lui, analysant+ sa marge de manœuvre avant de tenter le tout pour le tout. Qui ne tente rien…

- J'en veux cinq-cents, souffle-t-elle.

- Cinq-cents millions de berry ! Rien que ça !

Autour d'elle les commandants s'offusquent mais elle ne relève même pas.

- Le jeu en vaut largement la chandelle.

- Je t'en donne deux-cents gamine.

- Cinq-cents où je m'en vais et vous dites adieu au fruit.

Pas question pour elle de se démonter maintenant et puis ce n'est pas comme si elle ne s'était pas renseignée avant de venir. Un fruit du démon de type logia avec un élément mystérieux aussi vaste que les ténèbres, cela va largement chercher autour du demi-milliard. Elle le sait et elle sait que l'empereur le sait aussi et si pour chaque détail de leur transaction elle doit en passer par un bras de fer avec l'homme le plus fort du monde alors elle est prête à en passer par là, sans hésiter.

Voyant la détermination dans son regard, l'empereur plisse les yeux, un rictus amusé aux lèvres.

- Va pour cinq-cents millions alors, conclu-t-il au bout d'une minute.

- Père !

Plusieurs exclamations s'élèvent dans la salle mais rien ne semble faire flancher le vieil homme et Jean retient un soupir de soulagement.

- Mais à une condition, ajoute-t-il.

- Je vous écoute, dites-moi ce que vous voulez.

- Tu peux avoir la moitié de l'argent maintenant, mais je veux que tu emmènes mes hommes avec toi. Tu auras le reste une fois que le fruit sera à bord du Moby Dick, rien d'extravagant, conclu-t-il.

Soudainement méfiante, elle plisse les yeux.

- De combien d'hommes parlons-nous exactement ?

- Nous en reparlerons plus tard, mais vois cela comme une assurance, je veux simplement m'assurer que tu n'ailles pas faire la même proposition à un autre sitôt débarquée.

Ce n'est pas vraiment le marché qu'elle avait imaginé mais si c'est la seule condition de l'empereur elle peut bien s'encombrer de quelques pirates. Pour cinq-cents millions de berry, elle serait même prête à leur raconter une histoire tous les soirs pour les endormir.

- Très bien alors marché conclu. Nous débarquerons à la prochaine île, j'imagine que nous n'en aurons pas pour plus de trois ou quatre mois mais il va nous falloir un bateau et des vivres…

- Gurarararara chaque chose en son temps jeune fille ! Il est tard et j'ai besoin de parler à mes fils. Nous allons te trouver une cabine et de quoi manger, j'aimerais que tu y restes d'ici à notre prochaine escale si tu n'y vois pas d'inconvénient ?

Elle lui lance un regard suspicieux avant de finalement hausser les épaules avec détachement. S'il ne veut pas qu'on sache qu'elle se trouve à bord c'est son choix.

- Cela ne devrait pas poser problème.

Comprenant qu'elle n'est plus la bienvenue, Jean recule sa chaise en se lève, bien décidée à quitter la salle pour aller profiter d'une douche chaude et d'un lit douillé. À sa droite, Rakuyo, qu'elle apprécie un peu moins se lève pour l'escorter jusqu'à sa cabine. Elle l'ignore royalement et pose la main sur la poignée avant qu'il n'ait eu le temps de la rejoindre.

- Une dernière chose gamine. Ton père, à quel point égales-tu ses capacités ?

Toujours dos à l'empereur, Jean ne retient pas le ricanement blasé qui lui échappe. Elle hésite un instant sur la réponse à donner mais Barbe Blanche est depuis peu son nouveau meilleur client alors elle peut bien se permettre un petit écart de conduite.

Tête baissée, elle prend une lente inspiration et détend chaque muscle de son corps en une fraction de seconde avant d'entamer sa transformation. Elle entend quelques exclamations surprises et le bruissement désagréable de chaises poussées en arrière à toute vitesse mais elle n'y accorde aucune importance, accaparée par sa mutation.

Quelques secondes plus tard, c'est une jeune femme légèrement plus grande et plus âgée, au teint mat et aux longs cheveux noirs qui se retourne et pose ses yeux d'un noir abyssal dans ceux impressionnés de l'empereur.

Tout comme la veille, elle s'abaisse dans une lente courbette élégante malgré ses vêtements rendus trop petits par son soudain changement d'apparence et les lourdes menottes qui pendent toujours à ses poignets. A l'exception d'elle et de l'empereur, tous les commandants affichent des mines ébahies et à ses côtés, Rakuyo a même reculé de quelques pas, la main posée sur la garde de son fléau. Elle leur adresse à tous un sourire enchanté avant de répondre :

- Je suis meilleure qu'il ne l'a jamais été.


𝐆𝐫𝐚𝐧𝐢𝐭 𝐌𝐚𝐫𝐢𝐧 : Substance naturelle qui émet la même énergie que la mer. Sa principale utilité est qu'il peut ainsi annuler les pouvoirs des fruits du démon et affaiblir leurs utilisateurs.

𝐃𝐚𝐯𝐲 𝐉𝐨𝐧𝐞𝐬 : Surnommé le Démon des Profondeurs, est un ancien pirate à qui est dédié le Davy Back Fight. Une légende dit qu'il était tellement cruel que le Diable lui-même l'a condamné à vivre sous les profondeurs des océans pour le reste de sa vie.

𝐋𝐨𝐠𝐢𝐚 : Type de fruit du démon. Il est caractérisé par le fait qu'il donne à son utilisateur le pouvoir de prendre la forme d'un élément naturel, de le produire et le contrôler à volonté. Les Fruits du Démon de type Logia sont considérés comme étant les plus puissants des différents types de Fruits du Démon ainsi que les plus rares.

𝐃. : Dans l'univers de One Piece, certaines personnes, pirates, révolutionnaires ou marines, portent l'initiale "D". Cette mystérieuse initiale a été appelée la Volonté du D. Certaines personnes surnomment les porteurs du "D" par le terme de "Ennemis Naturels de Dieu".

𝐇𝐚𝐤𝐢 : Aussi nommé Fluide, est un concept mystérieux que certains personnages peuvent utiliser. Il est présent dans chaque être vivant, et ne diffère pas tellement des sens normaux. C'est une aptitude qui utilise l'esprit, soit pour anticiper les attaques ennemies, soit pour se protéger en revêtant son corps d'une armure invisible, soit pour intimider ses adversaires.

𝐁𝐞𝐫𝐫𝐲 : Représenté par le symbole B barré d'un " ʃ ", est la monnaie principale utilisée dans l'univers de One Piece.