Petit mot de l'auteure : Ce texte a été écrit pour un atelier Coups et Blessures, ici une blessure due à une épée
Onyx avait toujours été incapable de tenir en place.
De ce fait, quand Hadrian le vit rester plus de douze minutes assit, il se douta que quelque chose n'allait pas bien. Comme il s'y attendait, son inquiétude ne reçut de la part de son amant qu'un « Je vais bien, t'occupe ». Le roi n'en croyait rien mais, connaissant Onyx par cœur, jugea plus sage de ne pas insister. Le mage n'était revenu que la veille de son expédition en territoires ennemi. Même s'il avait réussi à sauver le prince héritier sans trop d'accroc, la mission avait été angoissante et épuisante. Sûrement avait-il besoin de repos supplémentaire.
Le lendemain, en voyant le guerrier toujours aussi immobile, Hadrian dû se rendre à l'évidence : Onyx n'avait pas besoin de repos, mais d'un bon coup de pied aux fesses.
Il n'y avait que comme cela que le guerrier finirait par cracher le morceau sur l'origine de son étrange calme. Néanmoins, le roi savait que même à moitié mort, son ami restait plus puissant que lui. L'interroger d'avantage ne résulterait qu'en un régicide. Hadrian choisit donc une option plus sûre : poser la question à son fils. Cette solution l'embêtait, ne voulant pas raviver les événements traumatisants dans son jeune esprit. Mais il ne pouvait se permettre de perdre Onyx... et si son fils avait vu quelque chose d'utile à comprendre la situation, il devait le savoir.
Sitôt arrivé dans les appartements du jeune prince, celui-ci se leva pour enlacer son père. Il n'avait jamais été très tactile, mais depuis que les hommes insectes l'avaient arrachés à sa patrie, il avait besoin de contact, pour s'assurer d'être bien de retour chez lui. Hadrian le laissa donc faire, attendant que le petit rompe lui-même l'étreinte. Quand ce fut chose faite, il n'eut le temps de parler.
- Comment va Onyx ? Demanda le petit.
- C'est justement pour cela que je viens te voir. Est-ce qu'il a été blessé ?
- Il ne vous l'a pas dit ? S'étonna le jeune prince. Un soldat lui a donné un coup d'épée ! Mais il a dit que ce n'était rien. Il est si fort en même temps !
Deux heures d'une discussion intense après, Hadrian était confronté au fait que la blessure d'Onyx n'était pas « rien ».
Celle-ci était encore ouverte, suintait d'une manière peu engageante. Mais ce qui l'effrayait le plus, c'était l'étrange gangrène noire qui en naissait. Il n'était peut-être pas mage comme son ami, mais il savait que cette blessure n'était pas naturelle.
- Tu as montré ça à Abnar ? murmura Hadrian.
- Il ne peut rien faire, grommela Onyx. La lame était empoisonnée avec une magie que ni lui ni moi ne connaissons.
Hadrian ne lui demanda pas combien de temps il lui restait.
Il savait que peu lui importait que la réponse se compte en jours ou en semaines ; cela serait forcément trop tôt.
Il demanda alors plutôt :
- Pourquoi tu ne m'as rien dit ? J'aurais pu... j'aurais pu...
- Tu n'aurais rien pu faire. Et si je n'ai rien dit, c'est parce que je te connais trop bien. Tu risquerais de commencer à culpabiliser.
Mais comment ne pas le faire ? Si Onyx avait été mortellement blessé, c'était parce qu'il avait voulu sauver son fils... Etait-ce ainsi le seul choix que le destin lui avait laissé ? Perdre son grand amour ou son enfant ? Pour la première fois de son existence, Hadrian eut envie de se retourner contre les Dieux qu'il avait jusque-là si longtemps défendus.
Mais ce soir-là, le roi ne hurla pas sa haine envers les éternels.
À la place, il s'étendit auprès de l'homme de sa vie, profitant de son souffle chaud pendant qu'il le pouvait.
