Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour un atelier coups et blessures ; ici une blessure pendant une réception guindée
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Robert avait beau avoir fait la guerre, il n'en demeurait pas moins très inexpérimenté en bagarres lorsqu'elles sortaient du cadre militaire. Ainsi, il n'était pas très étonné d'être repartis de cette fâcheuse altercation avec un bel œil au beurre noir. Sa femme, en revanche, l'était nettement plus. La cause de son incrédulité tenait néanmoins d'avantage dans le fait que le doux et pacifiste Robert Crowley se soit lancé dans une bagarre. Et comme si cela ne suffisait pas, il l'avait fait dans une réception organisée par un duc, tout le gratin de la noblesse était donc réunis !
Tout en pressant des glaçons contre le visage de son mari, Cora l'interrogea donc.
- Qu'est-ce qui vous a pris de frapper Lord Basset ?
Car oui, Robert ne s'était pas contenté de rejoindre un conflit ; il l'avait démarré. Cora n'était peut-être mariée à lui que depuis six mois, ce temps lui suffisait pour savoir que ce n'était pas un comportement normal pour son époux. Ce dernier ne répondit toutefois pas, se contentant de hausser les épaules.
- Il doit bien y avoir une raison ! insista-t-elle. Vous donnez ainsi en spectacle devant tous ces gens respectables...
- Ils n'étaient pas respectables pour un sou ! S'écria avec amertume le lord.
Au regard de Cora, il comprit qu'il en avait déjà trop dit. Il soupira alors et lâcha le morceau :
- Ils ont été désobligeants à votre égard.
Cora ferma les yeux, présumant de ce que les invités pris à partie par Robert avaient bien pu dire.
- Laissez-moi deviner... mes origines ?
- Oui, confirma tristement le comte. Ils se sont moqués de votre accent. Ils m'ont prit à partie en me demandant si vous feriez la prostituée pour eux ; après tout, vous êtes américaine, et les américaines selon eux se donnent à tout va.
- Je comprends que vous ayez été blessé. Ce n'est jamais agréable pour les hommes de penser que leurs femmes les tromperaient.
- Je n'ai pas été blessé ! Contesta Robert. J'ai été blessé pour vous. Leur manière considérer votre peuple, n'était pas honorable, et leur manière de parler d'une noble dame encore moins.
Les mains de Robert tremblèrent en repensant à l'outrage. Cora déposa alors la glace pour poser ses mains sur les siennes. Celles-ci étaient froides mais le comte ne se formalisa pas de la température. Le contact lui faisait du bien.
- Je vous remercie de m'avoir défendue ainsi, murmura Cora. Mais ne le faites plus. J'ai beau vous aimez, je ne supporterais pas de vous voir revenir en sang comme cela. C'est trop effrayant.
Robert sourit. Alors qu'il s'apprêtait à promettre de mieux se tenir, il réalisa ce que sa femme venir de dire.
- Vous... Vous m'aimez ? Releva-t-il.
Cora rougit, comprenant à son tour ce qui lui avait échappé. Toutefois, elle se reprit rapidement.
- Et bien... manifestement, oui. Oui, je vous aime, Robert.
En entendant cela, le bleu, le sang, la douleur dans son visage... tout cela disparut. Ne restait que Cora, cette femme qu'on lui avait imposé comme épouse mais qu'il avait appris à aimer, et qui lui avouait partager les sentiments qu'ils n'avaient jamais osé déclarer jusque là.
Ils venaient peut-être d'être bannis à vie de la demeure du duc, Robert n'en avait cure.
Cette soirée était la meilleure de sa vie.
