oOo
/ … Chapitre quarante-cinq … /
"I Shimmer" - Jadu Heart
- Non, laissez-la…
J'ai fait quelques pas… Gimli ramena sa hache devant lui pour le soutenir et Legolas laissa son arc prendre dans le vide à côté de lui. Il ne m'a fallu que quelques pas de plus pour les atteindre et laisser tomber Laureline d'un geste d'impuissance derrière moi. J'ai sentie la main de Legolas essayer de prendre mon bras, mais trop tard car je tombe à genoux.
- J'ai essayé de le lui prendre… il tremble des lèvres.
Aragorn était devant lui… Gimli passe une main sur mon épaule sans un mot. Que pourrait-il dire…
- Les petits, ils ont amené les petits…
Boromir était là, contre un arbre. Trois fléchés dans le buste à ne plus pouvoir en respirer. Estel penché sur lui à murmurer des mots qui n'atteignent pas mes oreilles. Le voulais-je seulement…
J'ai retiré la larme de ma joue en silence et Gimli réconforte mes épaules en reniflant doucement.
- Je vous aurais suivi mon frère… Mon roi…
J'ai enfermé ma bouche dans mes mains en regardant celles d'Aragorn passer sur ses paupières. Même le vent semblait respectueux… Pas une feuille ne bougeait, rien… Le temps avait arrêté son souffle un instant, avant d'emporter le sien dans une bourrasque. Mes cheveux passent devant mes yeux et j'ai soupiré dans le vent glacial.
Legolas a marché vers les hommes en silence et Aragorn s'est levé. L'elfe passe une main sur son épaule et j'ai vu Estel murmurer des mots.
- Aller petite… dit faiblement Gimli en secouant mes épaules. Il faut s'occuper de lui maintenant.
Nous l'avons placé dans la barque des elfes. Lui, son épée, son cor et son honneur, avant de le laisser aller sur le courant des rois ; dévaler le fleuve menant à son pays, amener son âme vers ses ancêtres. J'ai regardé longtemps la barque, les bras croisés jusqu'à qu'elle soit emportée par la chute.
- Aller Maliha… me réconforte Estel en réchauffant mes bras.
- Oui… je réponds faiblement.
Je me suis détournée ne sachant pas quoi faire. Legolas engagea une barque sur le fleuve rapidement.
- Si nous partons maintenant nous pourrons les rattraper avant la nuit, ils doivent déjà être sur l'autre rive.
J'ai pris mon sac pour le mettre dans la barque rapidement et récupérer une rame. Mais Estel ne bouge pas.
- Aragorn nous devons y aller, dis-je.
Il me regarde d'un air bizarre.
- Tu ne comptes pas les suivre… lance Legolas en se redressant.
- Le destin de Frodon ne dépend plus de nous maintenant.
- Estel… Je ne peux pas l'abandonner. J'ai juré…
- Tout comme moi Maliha. Mais penses-tu pouvoir le protéger de toi ou de nous tous ?
Je savais qu'il avait raison… Boromir n'aurait été que le début… J'ai broyé la rame dans ma main et laissé tomber les morceaux à terre.
- On l'a abandonné, lance Gimli.
- Non Gimli, Frodon le savait…
- Nous allons le laisser seul traverser les marais… Aragorn,… commence Legolas.
- Il n'est pas seul, Sam est avec lui. Laisserons-nous Merry et Pippin entre les mains des orcs ? dit-il en rangeant son poignard.
Un moment passe. J'ai regardé la rive en face de la notre, résignée…
- Legolas, prend le lembas. Ne prenons que le nécessaire, voyageons léger. Allons chasser de l'orc, dit-il déterminé.
- Oui ! crache le nain en levant sa hache.
J'ai senti une main prendre mon bras et me retourne pour plonger dans les yeux bleus de Legolas qui me regardait avec encouragement. J'ai soupiré une dernière fois, puis me détourne en serrant mes protège-poignets.
Aragorn ne prit qu'un sac pour nous trois. Le Lembas, une couverture, des flèches supplémentaires pour Legolas, quelques vêtements de rechange pour moi, mes épaulettes d'aciers et le nécessaire de survie qui m'était indispensable. J'ai laissé mon habit de cuir pour ne garder que mon pull, mon bustier et la cape grise des Galadhrims.
- La course sera longue et nous ne nous reposerons que très peu… dit-il.
- Comment ça la course ? demande Gimli.
- Désolé Gimli, il va falloir courir, lance Legolas en prenant son épaule d'un sourire.
Et nous sommes partis. Lentement, obligé de grimper les montagnes rocailleuses de l'Emyn Muil. Les descentes furent plus faciles, plus douces, alors que l'on avançait vers le Sud. Mais la première nuit est vite arrivée et notre course a diminuée entre les rochers. Longue fut cette traversée dans la nuit, mais le paysage merveilleux, scintillant de mille feux.
Aragorn nous accorda une halte rapide à l'approche du jour. Je machonais mon Lembas en attendant le lever du soleil dans l'air frais matinal. Les étoiles étaient encore là, timides et la lune partait déjà rencontrer le soleil dans un léger bleu clair à l'horizon. Nous ne parlions que très peu, fatigué de la course et du dernier mois. Estel avait le visage fermé et fumait en silence. Je n'osais pas lui parler… Gandalf, puis Boromir… Le départ de Frodon, l'emprisonnement de Merry et Pippin… C'était beaucoup.
J'ai regardé Gimli, lui aussi avec le visage bas à regarder le sol. Legolas loin devant nous sur le plus haut rocher bras croisés… Je me suis demandée à quoi j'avais bien pu servir depuis mon départ dans cette communauté… Mon cœur fut lourd un instant et j'ai soupiré… Je sentais déjà le pain remplir mon ventre et je me suis sentie un peu mieux.
Nous sommes reparties avant que le soleil ne se lève et beaucoup plus vite cette fois-ci. Après plusieurs heures à grimper puis descendre encore, j'ai vu Estel s'arrêter pour regarder le sol.
- Je ne vois plus leurs traces, dit-il tristement en se redressant.
- Nous n'avons que deux choix alors, lance Legolas, l'Isengard ou Fangorn.
- Fangorn, hors de question, peste Gimli en reprenant son souffle.
- Cela m'étonnerait beaucoup… dis-je en croisant les bras.
- Si comme je le pressent le bras de Saroumane se soit agrandie, ils prendront le chemin le plus court.
- Alors allons-y, mes muscles commençaient à peine à chauffer… murmure Gimli.
Je me suis retournée pour lui afficher un sourire à la remarque ironique.
- Ne tardons pas, vite. lance Estel en partant.
- Courage mon ami, nous allons vite gagner du terrain sur cette piste, lance Legolas en commençant à courir souplement.
Plusieurs heures plus tard, midi sonna dans mon estomac. Nous sommes passés par une petite rivière pour nous ravitailler en eau. Mes jambes étaient tendues et brûlantes. J'ai passé un peu d'eau sur mon visage, alors que Legolas remontait le talus d'un pied léger. C'était de plus en plus dur… Estel était toujours devant solitaire et parfois rejoint par Legolas pour regarder les alentours et essayer de deviner le chemin des orcs. Gimli peinait à garder son souffle stable dans les montées abruptes, mais je l'encourageais comme je pouvais.
- J'ai retrouvé leur trace, dit finalement Aragorn en haut de la colline.
- Regardez… murmure Legolas dans une respiration.
Devant nous s'étendaient les plaines du Rohan. Après un long voyage dans les montagnes, le plat nous fera le plus grand bien.
J'ai dû parler trop vite… Legolas et Aragorn étaient déjà bien devant ayant accéléré l'allure et je restais à l'arrière avec Gimli. Pas que je ne sois fatiguée, mais je me sentais mal à l'aise de laisser notre ami seul derrière.
- Maudit soit les jambes des elfes… dit-il en respirant bruyamment.
- Je suis d'accord avec vous, dis-je en regardant au loin les autres avancer.
- Ahhhh, si j'étais un homme, pas que je le veuille, hein. Mais je me ferais un plaisir de le dépasser ! Oreilles pointues ! hurle-t-il de frustration.
J'ai rit ouvertement dans le vent, perdant mon souffle. C'est comme ça que je me suis rendue compte que je n'avais pas ri depuis longtemps et j'ai vu Estel se retourner vers nous à son tour.
- Maliha ? hurle-t-il au loin.
- Non, tout va bien ! crie Gimli. La demoiselle rie à mon humour hors du commun !
J'ai rit de plus belle en ne pouvant m'arrêter. Peut-être mes nerfs avaient-ils enfin décidés de lâcher ?
- Dites-moi ma p'tite ?
- Oui Gimli ? je demande en me reprenant.
- Pourriez-vous me faire plaisir et le dépasser ? Je suis certain qu'il ne le supporterai pas.
J'ai suivi son doigt du regard pour trouver au bout un Legolas, raide comme un piquet au loin.
- Gimli, Legolas à plus de trois milles ans, ce genre de chose ne l'atteindra pas le moins du monde, dis-je d'un sourire.
- Je vous paris le contraire.
J'ai jugé la situation un instant, regardant l'elfe devant nous. Puis croisé les bras en prenant une décision.
- Et que parions-nous ? je demande, prise au jeu.
- Ah, je vous reconnais bien là. Une pinte bien pleine !
- ah, ah, très bien.
Nous nous sommes serrés la main dans un accord.
- Allez ! courrez ! dit-il en me poussant vers l'avant. Et attraper lui une oreille en passant, ça lui revigorera le sang ! ah, ah, ah ! il rigole dans le vent.
J'ai couru à toute vitesse, passant devant Estel qui m'a à peine vu. J'entendais encore Gimli m'encourager alors que je voyais Legolas se déplacer pour me laisser passer.
- Alors, l'ami ! Vous laisseriez-vous dépasser, hein !? Après tout, elle est bien plus rapide que vous ! crie encore Gimli en trottinant vers Aragorn.
Je me suis arrêtée légèrement pour voir Legolas lever un sourcil. Il m'a regardé un instant et a commencé à courir vers moi après un soupir de résignation. Ma parole, c'est qu'il avait raison le bougre… Et bien, soit, une pinte alors.
- Un peu de sérieux… lance Aragorn.
Mais Gimli lui assène un coup sur la hanche pour le faire taire.
- Laissez faire et puis ils courent de toute façon !
Legolas arrive finalement et me toise avec fierté.
- Serait-ce un défi Maliha ?
- Un pari plutôt.
- Je reconnais bien notre ami dans ce cas…
Je lui offris un sourire.
- Voyez-vous cette pierre ? dis-je en désignant une plus pointue que les autres sur la colline. J'arriverai la première…
J'ai croisé son regard, affiche un air malicieux en commençant ma course sans attendre de réponse. Je l'entend pester, puis se prendre au jeu en me poursuivant. J'ai accéléré, jusqu'à ne plus sentir mes jambes. J'entendais seulement mes pieds fouetter l'herbe et le vent siffler dans mes oreilles. C'était grisant et j'ai ri toute seule en accélérant encore comme un oiseau enfin libre. Je me suis retournée vivement et pousse un crie mélangé au rire en voyant l'elfe me rattraper.
Il arrive à ma hauteur et m'a poussé d'une main dans le dos.
- Oh ! j'ai ri aux éclats en attrapant sa main.
Je l'ai tiré en arrière pour le désarçonner.
- C'est bien ! j'entends le nain au loin.
Il me lance un regard désapprobateur, suivi d'un sourire, lâchant mes doigts pour reprendre son équilibre… Ses yeux sont devenus joueurs sous le soleil. Jamais je ne l'avais vu comme ça, ses lèvres étirées par l'amusement. Il me pousse encore, revenant à mes trousses et j'essaie un croche-pied qu'il saute aisément.
- Malhonnête, dit-il.
J'ai rie encore en donnant tout dans mes jambes. La pierre était bientôt là et la force coulait dans mes veines. Elle renforce mes muscles, les poussant dans leurs limites. Il était derrière moi, n'arrivant pas à m'atteindre de nouveau. L'objectif s'approchait et j'ai voulu crier victoire. J'ai tendu la main pour la toucher, mais vois celle de Legolas passer devant mes yeux.
Mon pied a été accroché, d'un geste de dernier recours et sa main passe sous la mienne pour la toucher en premier.
- Ma parole, tu as triché ! dis-je en me redressant face à lui.
J'ai posé mon doigt sur sa poitrine et il a pris ma main d'un rire.
- Je n'oserai, dit-il d'un air taquin que je ne lui connaissait pas.
J'ai retiré ma main, faisant la moue un instant avant de me détourner.
- Vous êtes une mauvaise perdante. Vous avez essayé de me faire tomber, dois-je vous le rappeler ?
Je me suis arrêtée d'un frisson désapprobateur et le rejoint de nouveau.
- Vous m'avez poussée en premier Greenleaf. dis-je en le toisant.
- Vous n'avez pas sonné le départ fille d'Illuviné…
- Vous avez bloqué mon pied pour que je n'atteigne pas cette foutue pierre ! j'ai ri jaune.
- C'est bien vrai ! lance Gimli.
- Suffit ! hurle Aragorn.
Un instant de silence.
- Il est le vainqueur. murmure-t-il en le désignant. Maintenant pouvons-nous repartir ?
- Moi qui vous faisiez confiance… lance Gimli.
- Une prochaine fois, dis-je dans un sourire.
- Oui, une prochaine fois, peut-être, fini Legolas en passant à côté de moi.
Ce n'était peut-être rien… Un jeu stupide et mal placé dans une telle poursuite. Mais j'ai remarqué bien vite que nos pas étaient devenus plus légers. Le silence, le doute et la tristesse s'étaient assouplis en nous. Je ne sais pas si le nain avait senti la tension et avait remédié au problème, mais c'était bien mieux ainsi…
La journée passa lentement. Le paysage ne semblait pas changer autour de moi. J'étais maintenant devant avec Estel. Legolas, avec Gimli à l'arrière, l'encouragent d'une voix fluette.
J'ai vu Estel s'arrêter d'un coup en passant devant un grand rocher.
- Estel ? je demande en le regardant s'accroupir.
- Ce n'est pas inutilement que tombent les feuilles de la Lorien, dit-il en me tendant la broche.
J'ai pris l'objet délicatement. C'était bien une de nos broches… L'espoir a explosé en moi. Legolas se pose à côté de moi et je lui donne le bijou tout sourire.
- Notre poursuite n'est pas vaine, lance Gimli.
- Nous devons nous hâter… murmure Legolas en rendant la broche à Aragorn.
- Oui.
Nous sommes repartis plus vite encore. Le soleil commençait déjà à décliner à l'horizon. Les ombres ont envahi la plaine et j'ai serré les dents en maudissant la nuit. Les étoiles sont apparues trop vite à mon goût, mais aucun de nous ne souhaitait poser la question… Mais Estel s'est finalement arrêté sur une roche.
- Je ne sais pas quelle décision prendre… dit-il faiblement.
- Aragorn si nous dormons cette nuit, nous n'arriverons jamais à les rattraper, lance Legolas.
- Ne pensez-vous pas qu'ils s'arrêteront eux aussi ? demande le nain en reprenant son souffle.
- Alors ce serait notre chance de gagner du terrain, rétorque l'elfe.
- Ah oui ! Et comment fait-on pour voir leur trace dans le noir ?
Legolas ne dit rien, mais tend le bras d'un mouvement rectiligne.
- C'est une ligne droite mon ami… Je peux clairement la voir, dit-il.
- Après les jambes… Les yeux… grogne le nain.
- Maliha ? demande soudainement Estel.
Les bras croisés, je l'ai regardé surprise.
- Ton avis ? dit-il d'un signe de main.
J'ai levé les yeux au ciel, regardant les nuages s'épaissir légèrement en voilant la lune faible.
- Je proposerai de nous reposer…
- Nous devons avancer, peste Legolas.
- Nous ne sommes pas des elfes Legolas… j'ai répondu calmement.
Il se détourne en marchant doucement vers un rocher.
- Bien… dit Estel. Seulement quelques heures. Legolas, tu nous reveilleras quand tu trouveras le temps suffisant.
L'elfe fit un signe de tête en croisant déjà les bras. Gimli m'a tendu un Lembas que que je pris en le remerciant. Estel préparait déjà sa pipe en se calant contre un rocher.
- Ne s'arrête-t-il jamais ? lance le nain.
- De ? je demande en machonnant.
Il fit un signe de tête vers l'elfe loin devant nous.
- Il est frustré… murmure Aragorn. Il a de quoi, il aurait la capacité de continuer.
- Mais pas nous… je fini.
- Nous sommes tous inquiet pour les hobbits, ne croit-il pas que je suis également frustré de ne pas avoir son endurance ? rétorque Gimli.
Je ne trouve rien à redire… Les elfes sont toujours ainsi, ils ont du mal à comprendre les mortels. En même temps ne sont-ils pas les premiers né… Race vouée à disparaître pour laisser place aux hommes… Je l'ai regardé au loin en soupirant.
- Maliha ?
- Hum ? je lance en regardant Estel.
- Nous chanterais-tu quelque chose ?
- Pardon ?
Je l'ai regardé incrédule.
- Il est vrai que nous ne vous avons jamais entendu chanter, complète Gimli.
- Je ne sais pas chanter.
- Bien sûr que si, rétorque Aragorn.
Il est vrai que je chantais pour lui dans son enfance, mais je le répète, dans son enfance… La dernière fois que j'ai aligné deux notes c'était… Cette fois-là, au chevet de Legolas et je n'avais aucune envie de recommencer ce genre de trucs…
- J'aimerai bien entendre une chanson de chez vous, dit Gimli en mangeant. Vous devez bien avoir une chanson d'amour par là ?
- C'est pas ce qui manque en effet, mais bon chanter l'amour… Peut-être plutôt l'amitié ? Mais ma voix n'est pas vraiment…
- Tu as une très belle voix Maliha, originale et peu commune certe, mais agréable.
J'ai soupiré en finissant ma dernière bouchée. Frotte mes mains pour retirer les miettes et réfléchie. Je me suis lancée, de ma voix brute et légèrement enrouée, j'ai chanté. Je ne connaissais pas beaucoup de chansons, aimant plutôt écouter et apprécier les sons mélodieux plutôt que de les fredonner. Je n'étais pas spécialement gênée, devant Estel ou Gimli et Legolas était loin, regardant la plaine.
J'avais choisi une chanson que j'affectionnais et que je connaissais suffisamment bien pour savourer les notes qui sortaient de ma bouche. Mais après plusieurs minutes, arrivant au refrain, je me suis rendue compte de ce qu'elle voulait dire…
We talk but we don't touch
We tried but it's too much
If you fish me I'll, play dead
It's not like we, can be friends
J'ai prié intérieurement pour que les sons ne lui parviennent pas, mais c'est un elfe. Gimli fumait en me regardant bizarrement. Certainement surpris par le vocabulaire ou encore l'accent. Estel fumait, laissant parfois sortir un fin sourire derrière ses vapeurs de fumée. J'ai terminé rapidement en prenant un peu d'eau. Il y eut un long silence, les deux échangèrent des regards que je ne comprenais pas vraiment. Ou plutôt je ne voulais pas les comprendre…
- C'est une chanson d'amour… lance Gimli.
- Je confirme, ajoute Estel.
J'ai rougi au-delà du possible.
- Non, non, pas du tout, dis-je. Elle raconte juste la gêne que l'on peut avoir avec ses amis, ce que l'on ne peut pas leur dire, les confrontations, les avis divergeant, les épreuves, les actes…
- Une chanson d'amour… rétorque le nain.
- Si vous voulez… dis-je en abandonnant d'un geste de la main.
Je ne voulais pas me battre, seulement changer de sujet…
- C'était une très belle chanson Maliha, merci à toi. Sur ces belles paroles, lance Estel en se couchant. Bonne nuit, ami.
- Oui, merci, je dormirai plus sereinement. Bonne nuit à vous et à vous aussi oreilles pointues ! ajoute le nain en faisant de même.
Legolas lui fit un signe de la main au loin. J'ai fait la même chose en leur répondant. Regardé la lune passer entre les nuages et fermer les yeux.
J'ai rêvé de mon monde… De ma famille et de mes amis. Sur la terrasse de mon appartement, une bière à la main. Je riais, passant une main sur le pelage doré de mon chat. Je ne sais pas ce que ma meilleure amie racontait, mais je me sentais bien…
Clem a parlé, mais ses traits en ont pris d'autres et je suis restée à le regarder interloquée… Laura a rigolé, mais chez elle aussi ilsont changé. Son visage est devenu celui d'une autre. Deux grands yeux bleus, une chevelure brune tremblotante…
J'ai froncé les sourcils…
- Maliha…
J'ai ouvert les yeux en sentant la main chaude qui me secouait. Je l'ai maudite, j'étais dans un très beau rêve et seul les Valars savent à quel point ils sont rares… Je me suis tournée sur le dos pour voir deux perles bleues en face de moi.
- Legolas… j'ai murmuré en me frottant les yeux.
- Nous devons y aller. dit-il en se relevant.
J'ai soupiré sous le ciel encore rempli d'étoiles. Estel et Gimli étaient encore profondément endormis.
- N'est-ce pas trop tôt, il fait encore noir. dis-je en me levant.
- Vous avez dormis cinq heures, c'est suffisant.
- J'ai l'impression de ne pas avoir récupéré.
- Mange, dit-il en me tendant un pain. La route va être encore longue.
Je l'ai regardé interloquée, avant de prendre le pain entre mes doigts. Avais-je loupé un épisode ces derniers temps ? Son comportement était loin d'être celui habituel. Me réveille presque gentiment, me tend la main, me surveille… Même ses phrases semblaient plus douces. Il s'est levé sans rien ajouter pour s'approcher des autres. J'ai mangé mon pain, perdu dans mes pensées en le regardant faire. Il a croisé mes yeux alors que sa main allait à l'épaule d'Aragorn.
C'était… Bizarre oui, ces regards, ces gestes depuis la Lorien. J'ai détourné mon attention ailleurs en finissant mon pain.
- Non mais on vient à peine de se coucher ! peste le nain.
- Cinq heures selon ses dires… je murmure à Gimli.
- Cinq, impossible…
- Est-ce de ma faute si vous avez passé votre soirée à chanter ? demande l'elfe en se levant.
- Ce n'était qu'une chanson mon cher. rétorque Gimli.
Il se tourne vers moi, qui rassemblait déjà mon paquetage pour le lui tendre.
- Une chanson bien mystérieuse d'ailleurs, dit-il en le prenant.
Cette situation doit cesser maintenant…
- Elle n'avait rien de mystérieuse, dis-je rapidement.
Il ne répond pas en mettant le sac sur son épaule. Je l'ai regardé s'éloigner déjà vers la plaine et pousse un soupire. Jamais je n'aurai dû chanter…
- Tu as fait un pas vers lui mon amie, lance Estel en s'approchant.
- Je n'ai rien fait du tout.
- Tu pourrais en être surprise à l'avenir.
- Surprise ? Surprise de quoi ? De la rapidité dont il va faire preuve pour retrouver ses esprits ?
- Maliha…
- Ne voudriez-vous pas partager cette conversation ?!
Nous nous sommes tournés vers le nain, droit, les bras croisés. Aragorn me regardait avec un doux sourire. Je sais que j'étais allée beaucoup trop loin, je me laissais amadouer par Legolas, alors que derrière ses sourires se tapissait sa haine bien rodée. Les épreuves ont dû attendir son coeur, jusqu'à ce que celui de glace soit de retour bientôt.
- C'était des paroles en l'air Gimli. Allons-y, dis-je en partant à mon tour.
Les étoiles se sont enfuis les unes après les autres pour laisser place aux nuages oranges du matin. Le vent était fort dans la plaine et frais. J'ai vu Legolas s'arrêter quand le soleil a dépassé la crête.
- C'est un soleil rouge qui se lève… murmure-t-il. Je crain que le sang ai coulé cette nuit.
- C'est un présage bien noir Legolas, dis-je en le dépassant dans ma course.
- Puisses-tu avoir tort… Que vois-tu d'autre ? demande Estel en arrivant.
Gimli arrive à son tour en reprenant son souffle.
- Ils sont sortis de ma vision, nous n'aurions pas dû nous arrêter cette nuit.
- Si nous les avions rattrapé, je ne suis pas certain que nous aurions pu faire quelque chose contre eux avec la fatigue, lance Gimli.
- Le titan n'est jamais fatigué il me semble.
Comme je l'avais dit…
- Le titan te dit merde. je rétorque d'un bon français en repartant dans la course.
Nous avons continué, passant chaque colline et chaque rocher. Nous suivions encore la piste, mais elle était loin d'être fraîche. Legolas a ajouté que ça lui semblait bizarre qu'ils avancent aussi rapidement. Nous étions au Rohan, peut-être que les hommes vivants ici résistaient encore à Saroumane.
Nous ne nous sommes pas arrêtés pour manger, nous avions déjà perdu beaucoup de temps. Gimli peinait de plus en plus et Legolas restait avec lui à l'arrière pour l'encourager gentiment. Je l'entendais grogner, mais n'avais aucune idée de ce qu'il pouvait bien dire.
- Stop ! crie Estel devant nous.
Il s'est arrêté, écoutant la roche d'une oreille.
- Que peut bien vous raconter un rocher ! Pauvre fou… dit Gimli.
- Des cavaliers.
- Quoi ?
- Cachez-vous, ils sont nombreux.
Legolas partit se réfugier derrière les rochers et nous avons fait de même. Le sol a tremblé et ils sont passés au grand galop en soulevant la poussière. Les chevaux étaient forts et robustes, portant de lourdes selles de cuir. Les hommes eux, semblaient fiers et droits, avec leur lance et leurs armures luisantes au soleil. J'ai voulu me redresser, contempler ces hommes avec leur heaume de crin de cheval et leur lance immense, mais Estel m'a fait signe de ne pas bouger.
- Ce sont des cavaliers du Rohan, indique Legolas.
- Oui… murmure l'homme.
- Pensez-vous qu'ils soient de notre côté ? demande Gimli.
- ça nous allons le savoir, maître nain.
Il s'est levé d'un bon.
- Quelles nouvelles du Nord, cavaliers de Rohan ? hurla-t-il d'une voix forte en tenant son épée fièrement.
Ma parole, j'espère que nous aurons de la chance, allons-y, lance Gimli en se levant avec Legolas.
Je les ai suivi, alors que les cavaliers faisaient déjà demi-tour avec une précision déconcertante pour des hommes. Ils nous ont encerclés en quelques secondes et leurs lances se sont pointées sur nous. Legolas s'est tendu à côté de moi, mais Aragorn lui a fait signe de se détendre. L'un d'eux s'est avancé avant de sauter à terre. Il était plutôt grand pour un homme, faisant la même taille qu'Estel.
Son casque cachait une bonne partie de son visage, mais je pouvais voir des yeux noisettes et une mâchoire marquée. Des cheveux châtain clair, légèrement ondulés, encadrait ce visage plutôt, je dois dire, attractif à première vue.
- J'ai cru que vous étiez des orcs… Que faites-vous dans ce pays ? dit-il d'une voix puissante.
- Je m'appelle Grand Pas et non, nous ne sommes pas des orcs, nous les chassions.
- Ce n'est pas un nom d'homme que vous me donnez et que dire de vos compagnons, un elfe, un nain et une femme … Donnez-moi vos noms si vous ne voulez pas finir comme les orcs en question.
- Donnez-moi le votre dresseur de chevaux et peut-être que je vous donnerai le mien, lance Gimli en s'appuyant sur sa hache.
L'homme ne dit rien dans un premier temps, mais son regard a suffit pour poser ma main sur Laureline.
- Je vous couperais bien la tête, nain, avec la barbe et tout. Pour peu qu'elle sorte un peu plus du sol, dit-il.
J'ai juste eu le temps de serrer mes doigts, que le bras de Legolas bandait déjà l'arc vers lui d'un air menaçant.
- Vous serez mort au moindre geste.
Je suis restée à le regarder. Sa voix avait été plus que menaçante, même moi je n'avais pas eu droit à une telle voix. Glaçante et sifflante, sans aucune négociation possible. Aragorn posa vivement sa main pour lui faire baisser sa garde en soupirant.
- Pardonnez-nous… Nous ne sommes pas vos ennemis, hommes du Rohan. Je suis Aragorn, fils d'Arathorn, voici Gimli, fils de Gloin, Legolas du Royaume Sylvestre, fils du roi Thranduil et Maliha, fille d'Illuvine.
L'homme me dévisagea longtemps, des pieds à la tête. Legolas baissa totalement son arc, mais son regard en disait long. Je pouvais sentir sa haine et sa colère comme si c'était la mienne. Gimli était devenu un ami très cher à son cœur et sentir si ouvertement son âme en était la preuve irréfutable.
- Je suis Eomer, fils d'Eomund, Troisième Maréchal du Riddermark. Ceux qui vagabondent sur nos terres devraient se montrer moins arrogants par ces temps douteux.
- Qui servez-vous ? je demande.
- Nous servons le Rohan et pour cela nous avons été bannis.
- Banni ? demande Aragorn.
- Saroumane le blanc a empoisonné l'esprit du roi et a revendiqué la suzerraineté de ses terres et ses espions se faufilent partout à travers nos filets.
- Nous ne sommes pas des espions, nous chassons des orcs je vous l'ai dit. Un groupe d'Uruk Hai allant vers Isengard.
- Nous les avons massacrés pendant la nuit, il n'en reste rien.
- Mais il y avait deux Hobbits, avez-vous deux Hobbits avec eux ? demande vivement Gimli.
- Hobbits ?
- Des semi-hommes, dis-je.
- Petit, des enfants à vos yeux… continue Estel.
L'homme semble réfléchir en se tournant vers ses hommes, mais tous firent non de la tête.
- Nous avons brûlé les carcasses cette nuit… dit-il.
- C'est impossible, vous les auriez vus… dis-je en reculant d'un pas.
- Peut-être se sont-ils enfuis par la forêt. Cette escouade orc était à la frontière de Fangorn. Vous pouvez peut-être espérer qu'ils se soient enfuis par là avant notre attaque, fille d'Illuviné. Mais nous les avons tous tués, cela je peux l'assuré alors … Je suis navré…
- Vous avez fait votre devoir Eomer, fils d'Eomund, le notre est d'aller vérifier, dit Estel d'une main sur le cœur.
J'ai regardé le sol avec tristesse, j'ai senti la main d'Aragorn passer dans mon dos pour me rassurer.
- Ils sont peut-être encore en vie… lance Gimli tout aussi triste.
- Hasufel, Arod ! dit-il après un sifflement bien maîtrisé.
Les hommes ont regardé leur capitaine d'un air surpris et ont laissé passer deux chevaux. L'un élégeant, blanc et moucheté de noir, l'autre baie d'une musculature fine et puissante.
- Je vous prêterai ces chevaux en guise d'excuses, mais vous demanderez de bien vouloir les ramener une fois votre tâche accomplie… De les ramener auprès du roi…
Il sembla réfléchir un moment.
- Si ma mémoire est bonne, hésite-t-il. Les contes parlent des exploits de votre race, madame. Vous et de la puissante descendance d'Elendil. Puissiez-vous aider mes terres et mon peuple, si vous en avez le temps, finit-il en regardant Aragorn.
J'étais plus que surprise… Jamais on ne m'avait demandé ça de cette façon. C'était la troisième fois que je rencontrais la race des hommes et bizarrement j'étais beaucoup mieux accueilli par eux que par les elfes… Enfin bizarrement… Je me comprends… J'ai regardé un instant Aragorn, en attendant sa réponse.
- Nous les ramènerons, vous avez ma parole. Pour le reste, je ne peux vous le garantir.
- Je le comprends… Alors puissent ces chevaux vous fournir meilleure fortune qu'à leur premier maître.
Il tendit les rênes d'Arod à Estel et l'autre à Legolas qui demanda qu'on les lui retire ainsi que la selle, disant simplement qu'il n'en avait pas besoin.
- Je vous dit Adieu, j'espère que vous trouverez vos amis, mais cela me semble peine perdu sur ces terres…
Il sauta sur son cheval et ordonna à ses hommes de reprendre la route d'une voix forte et claire. Je les ai regardés partir au galop dans le vent, ces hommes étaient faits de la même source que Boromir, fiers et honorables. Un caractère fougueux et dur qui leur allait plutôt bien.
Je suis sortie de ma contemplation alors qu'Estel montait déjà à cheval. Je me suis approchée de lui pour me placer en croupe, mais il arrêta mon geste.
- Je pense qu'il vaut mieux que tu monte avec Legolas, a deux humains nous serons beaucoup trop lourds. Legolas est léger et Gimli aussi. Aide Gimli à monter avec moi, dit-il d'un signe de main.
- Moi ! Sur un cheval ! Je préfère encore courir.
- Aller maître nain, nous n'avons pas le temps, ne souhaitez-vous pas retrouver nos amis ? je demande.
Il rouspète dans sa barbe un instant et range sa hache pour me pointer du doigt.
- Vous pouvez me tutoyez Maliha, il serait temps ! Vous le faites avec l'autre oreille pointue, alors faites le avec moi !
J'ai levé un sourcil surprise avant de rire.
- Ok, très bien Gilmi.
Il s'approche et je fini par lui tendre les mains pour lui faire une marche solide. Une fois en croupe, il s'est agité un instant, faisant peur au pauvre Arod et moi j'essayais de le maintenir comme je pouvais, mais Estel protesta.
- Cessez de gigoter…
- Comment voulez-vous que je ne gigote pas sur ce canasson !
J'ai souri en les entendant encore grogner l'un contre l'autre et m'approche de Legolas. Il était plus élégant en selle, sans rêne, sans selle et pourtant parfaitement à l'aise… J'ai soupiré, appréhendant intérieurement les événements qui allaient suivre… Il posta le cheval dans une position acceptable en lui murmurant des paroles douces. J'ai posé doucement mes mains sur la croupe pour prendre appui, mais j'ai vu la sienne se tendre vers moi.
D'un soupir de résignation, je l'ai prise… Non si j'avais pu éviter ça, je l'aurai fait… J'ai regardé encore une fois Estel avec le nain derrière lui en pensant lui faire payer. J'ai récupéré sa main et il m'a tirée fortement. J'ai pu passer ma jambe sans encombre d'un saut souple… ça, c'était avant qu'Hasufel ne bouge.
- Doucement, murmure Legolas, alors que je m'éloignais de lui en prenant position. Il ne t'apprécie pas trop…
- Rassurant… Il doit sentir que son maître ne m'apprécie pas non plus en même temps.
- Rapproches-toi et accroche-toi mieux que ça, au lieu d'attiser ma colère Maliha.
- Je suis déjà accrochée ! je rétorque complètement gênée de tenir ses flancs
- Si tu le dis… Allez !
Non pas assez… Il est parti beaucoup trop vite, bien trop vite pour me permettre de me stabiliser. J'ai serré les jambes autour d'Hasufel d'un geste de dernier recours. Sans selle, c'était un calvaire et je me sentais partir foulée après foulée. Il a pris mes bras précipitamment pour les enrouler autour de lui et me coller à son dos, la bouffée de chaleur m'a prise instantanément…
- Tu lui feras mal au dos si loin de moi Maliha.
J'ai perdu mon front contre son épaule résignée en cachant ma gêne incapable de répondre.
Non, il n'a pas lâché un de mes bras pendant un moment beaucoup trop long pour moi…
- Tu peux me lâcher maintenant, j'ai pris le plis… dis-je en repoussant une mèche de ses cheveux.
Il n'a rien dit et retira sa main avec hésitation, la laissant un instant en suspens comme s'il jugeait la véracité de mes mots.
- ça va je te dis…
Nous avons continué comme ça un bon moment. Je m'étais finalement vite habituée, laissant juste une main sur son flanc et l'autre pendouiller dans le vent. Nous avons vu Aragorn devant nous arrêter son cheval en haut de la colline.
- Legolas, que voyez-vous ? lance-t-il en pointant du doigt l'horizon.
Il s'est arrêté à son tour pour regarder attentivement.
- Là ! dis-je en montrant une lointaine fumée noir.
- Oui, c'est bien ce que le seigneur Eomer nous a dit… Je distingue le bûcher d'ici… dit-il d'un air triste.
- Allons-y ! dit Aragorn en reprenant plus vite encore.
J'ai vaguement entendu Gimli crier, mais Legolas repartit tout aussi vite…
- Penses-tu qu'ils soient m…
- N'en dit pas plus, s'il te plait, il me répond d'une voix ferme.
Longue a été la route jusqu'au bûcher. Une fois sur place, mon cœur s'est serré d'angoisse. C'était un tas… Un tas de bêtes noires calciné de plusieurs mètres de haut. Mon regard s'est posé sur la tête empalée sur une pique et j'ai avalé difficilement. Estel mettait déjà pied à terre après que Gimli se soit laissé glisser et j'ai fait de même en courant vers eux.
- Cherchons ! dit-il vivement.
J'ai enfoncé mes mains dans les carcasses pour les retirer. L'odeur était pestilentielle… Je sentais les cendres rentrer dans mes narines et un haut le cœur me prit. Membres après membres, têtes après têtes, un par un nous les avons étalé sur le sol, mais pas de hobbit en vue. L'espoir semblait me prendre…
- C'est une de leur ceinture… murmure le nain à côté de moi.
Estel tenait la petite ceinture calcinée entre ses doigts. Mes genoux se sont pliés…
- Oh non, dit-il.
- Nous les avons abandonnés… enchérie Gimli en retirant son casque.
- Par pitié non, je murmure en laissant tomber mes mains noires sur mes cuisses.
Un cri retentit… Le cri suppliant d'Estel dans un excès de colère, alors que je passais mes mains devant mes yeux. Legolas a fredonné quelques paroles, mais je ne voulais pas les comprendre. Puis se fut le silence, le vent glacial battait l'herbe autour de nous, sifflant comme pour se moquer.
- Un hobbit était allongé là… murmure Aragorn un instant.
Il soupire.
- L'autre ici…
J'ai entendu les pas souple de Legolas passer derrière moi pour le rejoindre.
- Ici, dit-il vivement. Il y a encore des traces.
Estel s'est levé pour le rejoindre.
- Regarde ils ont coupé leurs liens.
J'ai fait de même en sentant mon coeur battre la chamade. Nous les suivions avec Gimli comme pendu à leur bouche.
- ça s'éloigne ! indique l'elfe.
- Oui… Vers la forêt de Fangorn…
- Fangorn, c'est de la folie… S'ils ne sont pas mort de la main des orcs…
- Gimli, il y a encore de l'espoir, dis-je en posant une main sur son épaule. C'est tout ce qui importe pour l'instant.
- Le soleil se couche… Nous ne verrons rien sous les arbres et je ne tiens pas à chercher dans cette forêt de nuit… lance finalement Estel. Allumons un feu, nous continuerons les recherches demain matin au première lueur du jour.
- Un feu ? Est-ce bien raisonnable ? je demande.
- Un repas chaud nous fera du bien et Eomer veille sur ces terres, autorisons-nous ça pour ce soir.
- Je vais chasser dans ce cas, dit Legolas.
Nous avons allumé un petit feu rapidement et Legolas prépara quelques flèches avant de partir.
- Essayez de trouver quelques lapins, au moins trois, lance Gimli.
- Je trouverai ce que je peux mon ami.
- Je donnerai n'importe quoi pour me laver, j'ai murmuré en reniflant mes vêtements.
- Il y a un petit cours d'eau à deux kilomètres, Maliha, ce n'est pas grand chose…
- C'est parfait, parfait, où ? je demande
- Je l'ai vu sur la route, m'indique l'elfe. Viens avec moi je t'y déposerai le temps de la chasse.
Il monta sur son cheval en me tendant la main. Juste le temps de récupérer le sac avec mes affaires, nos gourdes vides et je monte avec lui.
- Ne soyez pas long, la lune est fine ce soir… dit Estel.
- Nous reviendrons vite, répond Legolas en partant déjà.
Nous sommes arrivés vite au point d'eau, il faut dire que nous étions allés bon train… je suis descendue en silence en regardant le cours d'eau. Il était vraiment petit, mais cela sera amplement suffisant pour ce que j'ai à faire.
- Ne tarde pas trop Maliha, je serai rapide et ne t'éloigne pas.
- Je reste ici. A toute à l'heure.
Je l'ai regardé repartir au grand galop en soupirant.
J'ai galéré… C'était bien le mot, me mettre presque nue en pleine campagne, sans aucun arbre pour m'abriter des regards (regard qu'il n'y avait pas). Le vent était glacial et avec mes cheveux trempés, je ne me donnais pas beaucoup de temps avant d'être malade. L'idée m'a sauté à la gorge, je n'avais jamais été malade ici depuis mon arrivée. Peut-être que mes capacités prenaient aussi de vitesse la maladie, aucune idée…
J'ai enfilé un nouveau leggin et un pull rapidement, mais j'entendais déjà les sabots revenir… La gêne m'a prise instantanément en le voyant débouler.
- Ma parole ne pouvais-tu pas attendre encore un moment ? dis-je en serrant ma ceinture. Je viens tout juste de finir, mais connaissant tes yeux….
- Il n'y avait rien à voir, Maliha…
Charmant… J'ai froncé les sourcils à la remarque, mais ne dit rien de plus… Une insulte après l'autre à plusieurs heures d'intervalle, ça m'allait très bien. Il prit les gourdes pour les remplir alors que j'enfilais mon bustier.
- Alors ? je demande en serrant les liens.
- Deux lapins, c'est tout ce que j'ai pu trouver.
- ça suffira avec le pain, dis-je en prenant la cape.
Oui deux ça suffira largement pour trois. J'étais bien contente de manger un peu de viande. Les mages bleus m'avaient indiqué que j'aurai un gros appétit et c'était bien le cas. Ces derniers jours avait été dur pour mon estomac, ça je devais bien l'avouer… Autant par les nausées, que par la faim.
- N'as-tu pas honte ?
J'ai levé les yeux surprise à la remarque, mais il n'était plus à la rivière. J'ai simplement senti que l'on triturait mes cheveux. J'avais fait un nœud rapide avec le lien de Galadriel en attendant qu'ils ne sèchent.
- Ce lien doit être utilisé avec plus de respect, dit-il en passant ses doigts pour les coiffer.
J'ai rougie… Mais finalement c'est la tristesse qui a pris le dessus.
- Sam n'est pas là, j'ai murmuré en baissant les yeux.
Je l'ai entendu soupirer alors qu'il commençait à les tresser.
- Pourquoi les avoir coupés ? demande-t-il comme pour changer de sujet.
- C'est plus pratique et… Je n'aime pas trop le blanc…
- Je trouve ça élégant pour ma part.
Je n'ai rien dit, essayant d'encaisser ses mots. Ses doigts tressaient avec douceur et parfois l'un d'entre eux passait dans mon cou pour récupérer une mèche. Je serrais les dents pour ne pas trembler. Je pouvais presque sentir son souffle contre ma peau. Je me suis demandé s'il pouvait sentir l'âme bouillir au fond de moi et envahir mes veines d'un sang affamé.
- Les tresses ont une signification particulière pour les elfes, dit-il en finissant.
J'ai béni les mains qui quittaient enfin mes cheveux… Sortant par la même occasion les idées qui prenaient mon esprit de femme moderne.
- Je sais, mais je ne connais que celles définissant les rangs. Arwen me l'a appris il y a longtemps. Les tiennent font de toi un guerrier renommé. M'aurais-tu fait une tresse d'orcs ? dis-je d'un demi sourire en me retournant.
Il plisse les yeux un instant, comme piqué par la remarque.
- N'essaye pas d'anéantir les efforts que je fais envers toi Maliha.
J'étais allée trop loin… Mais en même temps, j'avais pris l'habitude d'anticiper ses remarques pour mieux les digérer ensuite. Visiblement, celle-ci était de trop. Il avait été clair pourtant, je n'avais droit à rien…
- Tu m'as pourtant dit que tu n'en ferais pas.
Il a fait un pas en avant en fronçant les sourcils.
- Tu m'as demandé par deux fois de te faire grâce de ma haine envers toi pendant ce voyage. Soit, je le fais, les épreuves sont dures et il est agréable pour moi de faire taire le passé durant ce laps de temps. Veux-tu que je revienne sur ma décision ?
- Devrais-je ne plus être sur mes gardes alors ?
Il soupire.
- Soit sans craintes jusqu'à ce que nous nous quittions.
Son regard était trop lourd pour que je ne puisse continuer à me perdre. Je ne savais pas quoi répondre… Dois-je vraiment lui faire confiance maintenant ? Ou attendra-t-il de mieux me poignarder ? Il s'est détourné et j'ai pris le sac en le regardant monter. Un instant je suis restée devant lui à regarder Hasufel.
J'ai soupiré puis lève la tête pour attraper ses yeux.
- Merci Legolas, dis-je d'un salut solennel.
- Tu es la bienvenue Maliha, il répond en prenant la main que je lui tendais.
oOo
Voilà un nouveau chapitre. Vous êtes bien silencieux, mais bon, j'espère que ça ira :)
La bise
