Bonjour!
C'est avec une certaine timidité que je vous présente cette fic… J'avais honnêtement eu l'intention de ne jamais la publier — parce que je suis facilement intimidée par tous ces talentueux auteurs qui publient sur le site! —, mais après un certain temps j'ai commencé à regretter l'idée qu'elle ne soit jamais lue par quiconque. Alors la voici.
Une bonne partie de l'histoire est déjà écrite, mais je dois faire un travail de relecture et de réécriture qui est interminable, alors je commence à publier à mesure que la correction est finalisée. Donc, en théorie, les publications devraient être assez régulières.
J'espère que ça vous plaira! :)
Charlie
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P.S.
Quelques « avertissements » en bref:
- Langage corsé : Quelques vulgarités ici et là… Aucun mot vraiment choquant, mais ils sont en quantité assez phénoménale. (Oups!)
- Violence : D'un niveau environ équivalent à celui du jeu original.
- Promptis : Éventuellement… ;)
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CHAPITRE 1
Ce lundi aurait pu être l'un des plus ordinaires. Par la fenêtre, le soleil, qui était levé depuis quelques heures maintenant sur la majestueuse ville d'Insomnia, commençait à faire sa place dans le loft chic de Noctis. À l'extérieur, on entendait le bruit étouffé des véhicules ronronnants, les clochettes de vendeurs de glaces et les mamans qui criaient à leurs gamins de rester tranquilles. Un coup de klaxon par-ci, un rire gras par-là, des bonjours lancés par deux amis, probablement chacun de leur côté de rue. Dans ce coin de la ville, la vie continuait son train-train quotidien, mais Noctis savait très bien que cette journée n'avait rien d'ordinaire.
En ce moment même, à quelques kilomètres de là, ils devaient être des milliers amassés devant le palais trônant au milieu de la cité, les yeux rivés sur un écran géant, applaudissant, sautillant, chantant des airs de victoire et brandissant des pancartes ornées de mots de paix. Il y avait probablement aussi des groupes de gens en colère, fulminant, grondant contre les politiciens et lançant des projectiles improvisés. Il semblait que chaque individu dans le royaume avait son opinion sur ce moment historique, et que celui-ci n'était jamais gris.
L'empire du Niflheim et le royaume du Lucis, signant la paix enfin, après tant d'années de guerre.
Noctis avait du mal à y croire. Il avait vécu sa vie entière, la totalité de ses vingt ans, sous le règne d'une guerre qui ne se terminait jamais. Oh, il avait eu droit à une enfance normale, sa ville étant protégée de l'envahisseur par la magie du cristal, mais tous les jours il entendait parler des batailles qui faisaient rage de l'autre côté du mur. Des décisions difficiles qu'il fallait parfois prendre. Des soldats lucisiens — les Glaives — tués pour le bien-être de la cité. Même isolée de l'autre côté du mur, la guerre ne pouvait laisser personne indifférent. Spécialement Noctis Lucis Caelum : il était le prince du Lucis.
Il était cependant difficile d'imaginer que ce jeune homme à la posture nonchalante était un prince : un habillement noir plus que banal, des cheveux d'ébène échevelés, un regard blasé. Il était semi allongé sur le canapé, enfoncé dans une drôle de position : son menton accoté sur son poing et son pied posé négligemment sur la table basse. Devant lui, la télévision montrait les images d'une journaliste en direct qui commentait l'événement d'une voix excitée, mais ferme.
- Nous attendons impatiemment la signature du traité qui devrait se produire d'ici peu de temps. L'excitation est à son comble dans la foule rassemblée ici et dans les rues avoisinant le château. Il semblerait que la ville entière se soit déplacée pour assister à cet événement historique... "
Noctis eut un rictus. La ville entière, excepté le prince, pensa-t-il.
Quelques jours plus tôt, il s'était disputé avec son père. Le roi avait décidé d'accepter le traité de paix que lui offrait Niflheim sans même le négocier. Un cadeau empoisonné, avait répliqué le fils. L'empire exigeait la totalité des terres du Lucis, excepté la ville d'Insomnia, en échange d'un cessez-le-feu. Le prix était trop cher payé selon Noctis, mais il n'avait aucun poids sur la décision. Frustré, ce dernier avait quitté la pièce en claquant la porte.
Il n'eut donc personne de surpris lorsqu'il déclara qu'il refusait d'assister à la cérémonie. Les autorités avaient tout simplement prétendu une maladie quelconque qui incommodait le prince pour justifier son absence.
Et puis, honnêtement, sa présence ou son absence ne changeait absolument rien.
- Je déclare officiellement la salle de bain zone sinistrée.
Noctis éclata de rire en entendant son ami Prompto qui sortait justement de ladite salle de bain.
- Ça pue à ce point?, demanda le prince en riant.
- Vas-y et vérifie toi-même... Je me suis surpassé!
Prompto se laissa tomber sur le canapé aux côtés de son camarade. Ils se connaissaient depuis l'enfance, mais ils étaient devenus proches qu'à l'adolescence. Il était un type hilarant, sans prétention et toujours de bonne humeur. Mais surtout, il avait toujours traité Noctis comme n'importe qui et non pas comme un foutu prince : c'était ce qui l'avait charmé dès leur première conversation.
Prompto se passa la main dans ses folles mèches blondes et indisciplinées; puis il frotta son nez couvert de légères taches de rousseur.
- Pas trop déçu de ne pas y être?, demanda-t-il en pointant du menton la télévision.
- Certainement pas.
Noctis regarda son ami.
- Et toi?
Prompto avait passé l'examen pour entrer dans la garde royale à peine un mois plus tôt; faisant de lui, à vingt ans, l'un des plus jeunes soldats de la prestigieuse armée du Lucis. Étant donné les circonstances, il aurait probablement dû être en service pour surveiller l'événement; mais pour une raison obscure, il était en congé ce jour-là. Noctis se doutait que c'était une manigance de son père pour assurer subtilement la présence d'un garde auprès de son fils. Le prince aurait envoyé paraître n'importe quel autre soldat qui lui aurait été imposé, mais avec Prompto c'était différent. Il était son meilleur ami et ils traînaient toujours ensemble de toute façon.
- Nah, tu veux rire! J'aurais eu les mecs sur le dos toute la putain de journée.
En effet, avec son jeune âge et sa carrure plus frêle que la plupart des autres soldats, Noctis savait que Prompto devait sans cesse prouver sa place auprès de ses nouveaux collègues. Il était pourtant un tireur de précision indéniable et un combattant de talent; et ce n'était certainement pas la chance qu'il lui avait permis de réussir la dure épreuve de l'examen. Toutefois, il manquait cruellement de confiance en soi... et probablement aussi d'expérience.
- Alors fuck ce truc!, déclara Noctis en attrapant la télécommande pour faire apparaître le menu de sa PlayStation.
- Attends, quoi, tu ne vas même pas regarder la cérémonie à la télé?
- Non, j'en ai rien à foutre, grommela-t-il.
Il avait déjà sa manette de Play dans les mains.
- C'est de la merde, ce traité, ajouta-t-il.
Prompto ne répondit pas. Puis, il attrapa sa propre manette.
- Alors attends-toi à te faire ma-ssa-crer!
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Ils jouèrent pendant un bon moment à un jeu de combat où leurs personnages se battaient l'un contre l'autre. Prompto avait du mal à rester en place et sautait sur ses pieds à chaque tactique complexe en criant à son personnage des instructions complètement ridicules, tandis que Noctis restait stoïque et gagnait à chaque fois. Après un moment, ils s'étaient lassés de leur passe-temps et avaient fini dans la cuisine du grand loft à aire ouverte.
Noctis s'était assis sur le comptoir et sirotait un cola. Prompto avait la tête dans le réfrigérateur.
- On devrait allumer la télé et regarder qu'est-ce qui se passe au palais, dit-il distraitement.
- Le Lucis est en train de se faire plumer, voilà ce qui se passe au palais, répondit le prince d'un air las. Pas besoin de la télé pour savoir ça.
Prompto se retourna vers lui avec une pomme à la main qu'il croqua bruyamment.
- Ça ne t'intrigue pas du tout?, demanda-t-il, la bouche pleine.
- Hey, tu m'as demandé avant de me piquer ma bouffe?, lui répliqua Noctis en ignorant sa question.
Il tenta de lui prendre le fruit des mains. Prompto s'esclaffa.
- Ha! Comme si t'en avais quelque chose à foutre de tes pommes… Il n'y a que moi qui les manges de toute façon.
Et il croqua une autre bouchée d'une taille grotesque en fixant son ami. Celui-ci descendit précipitamment du comptoir avec l'intention de lui enlever le fruit de nouveau, mais il fut interrompu par des coups à la porte.
- Qui…?
Les coups se répétèrent, plus pressants et plus forts. Noctis se sentit soudainement inquiet. Puis il entendit une clé et la porte s'ouvrit à la volée.
- NOCT?!
Le concerné regarda le nouveau venu avec surprise. C'était Gladiolus, le bouclier du roi, un terme que l'on donnait au garde du corps attitré. Il s'agissait d'un type au visage dur et à la chevelure brune semi-longue, doté d'une carrure démesurée et musclé comme un taureau; d'ailleurs il se baladait toujours avec un manteau ouvert pour afficher sa foutue plaquette d'abdos et son tatouage absurde.
- Quoi?
- Bordel de putain de merde, tu ne réponds jamais à ton téléphone?
Le mastodonte était entré et son regard fouillait les lieux. Il avait l'air nerveux — non, affolé plutôt —; son front était couvert de sueur et ses poings étaient crispés.
- Qu'est-ce que tu fous bordel, tu ne regardes même pas la cérémonie?, demanda-t-il brusquement, en voyant la télévision éteinte.
Noctis sentit sa colère monter en flèche.
- C'est quoi le problème, je m'en fous de cette putain de cérémonie!
Mais Gladio ignora sa réponse et alluma l'appareil. Puis, il se dirigea à la fenêtre pour scruter les rues avoisinantes.
- Dépêche-toi. Il faut foutre le camp.
Noctis ne l'avait pas entendu. Il fixait des yeux la télévision sans bouger.
La gentille journaliste et le groupe de joyeux manifestants avaient été remplacés par des images d'horreur. Le palais était en flammes. Des soldats impériaux ouvraient le feu sur la foule et des cyborgs magitek cramaient tout ce qu'ils voyaient. La caméra était secouée dans tous les sens. Des civils couraient dans toutes les directions, glissant sur la suie qui recouvrait la rue, les pancartes abandonnées à la hâte et les voitures mal garées. On entendit un homme demander à l'aide aux six dieux, un gamin pleurer, une femme hurler de douleur. Des éclairs bleus apparaissaient sporadiquement : il s'agissait de la magie des Glaives qui défendaient leur royaume, mais ils étaient en sous-nombre. Nettement en sous-nombre.
Noctis entendit distraitement Prompto jurer derrière lui.
- Tu m'écoutes, Noct!?, aboya Gladio. Il lui enfonça son téléphone dans la poitrine et le poussa sans ménagement vers la porte. Il faut t'évacuer au plus vite!, continua-t-il.
Le prince se retrouva soudainement dans l'escalier, une main ferme dans son dos qui le poussait si fort qu'il se demanda s'il n'allait pas débouler. Il sentait que ses jambes descendaient les marches à une vitesse vertigineuse, mais il n'avait pas l'impression de les contrôler. Son cerveau semblait baigner dans un songe dont il n'arrivait pas à comprendre les scènes. Que venait-il de voir? Était-ce vraiment en train de se produire? Les images du palais en flammes resurgirent dans son esprit. Le chaos, les hurlements… C'était impossible.
Un coup de feu retentit et Noctis sentit une balle siffler au-dessus de sa tête. Il sortit de sa transe abruptement et se rendit compte qu'un soldat impérial se trouvait à quelques marches de lui, plus bas sur le palier. Dans un éclat lumineux, il fit apparaître son arme qu'il lança habillement à son ennemi; il se téléporta à sa suite et l'acheva d'un coup.
- Ça, ce n'était pas ton meilleur temps de réaction…, grommela Gladio.
Noctis allait lui répondre d'aller se faire voir, mais il fut arrêté par une pluie de coups de feu qui provenaient du palier inférieur. Il remonta les marches deux par deux.
- Par ici!, cria Gladio.
Ils grimpèrent quelques paliers et le bouclier enfonça d'un coup d'épaule la porte d'un appartement. Prompto poussa Noctis à l'intérieur avant d'entrer derrière lui. Il s'agissait d'un loft dont les pièces étaient agencées exactement comme dans celui du prince, mais à la décoration lourde et de mauvais goût. Sans même se consulter, ils se rendirent à la chambre du fond : elle comprenait un balcon et celui-ci serait clairement leur seule porte de sortie.
Lorsque Noctis traversa les portes menant vers l'extérieur, il se figea. Au loin, on voyait le palais qui brûlait. Les flammes s'étendaient sur une bonne partie de la tour sud et une énorme colonne de fumée grise s'élevait dans le ciel. Un peu partout, des incendies étaient visibles au-delà de la cime des arbres et des bâtiments. Des explosions éclataient dans tous les coins et des sirènes hurlaient au loin. Et, au-dessus de ce chaos, au-dessus du dôme magique créé par le cristal, des dizaines de vaisseaux niflhes attendaient. La poitrine de Noctis se serra.
- Ahhhhh merde!, s'exclama Prompto. …On est à quel étage au juste?
Le prince se détacha les yeux de la scène pour regarder vers le bas. Ils devaient être à une vingtaine d'étages de hauteur. Le bâtiment de l'autre côté de l'étroite ruelle était quand même assez proche pour tenter un saut, mais son toit était peut-être trop bas.
- J'espère que vous n'avez pas le vertige, les gars!, dit Gladio en enfourchant la rambarde.
- Attends, on ne va quand même pas sauter?!, s'affola Prompto.
- Tu préfères te battre contre tous ces mecs en bas?
- Heu peut-être bien que oui!, répondit le blond d'une voix paniquée.
Au même moment, ils entendirent les soldats s'approcher dans l'escalier. Noctis fit apparaître son arme.
- Allez-y vite!, dit-il.
Gladio n'hésita pas. Il se lança vers le toit voisin en pivotant et amortit sa chute d'une roulade. D'un geste peu assuré, Prompto grimpa la rambarde à son tour et fit de même. Noctis le vit atterrir durement sur fesses, mais il se releva d'un geste fluide. Au même moment, le prince projeta son arme qui se planta dans la membrane du toit et se téléporta aussitôt à ses côtés. Il entrevit Prompto faire apparaître son revolver et faire feu vers le balcon. Il devait avoir touché sa cible, car le prince entendit le cri d'un homme tomber bien qu'il ne prit pas le temps de vérifier; il courait déjà à la suite de son bouclier. Il sentit des éclats du toit être projetés contre ses jambes alors que les balles sifflaient à ses côtés et dérapa lorsqu'il tourna brusquement pour se cacher derrière un gigantesque système d'air climatisé. Prompto le suivait de si près qu'il le percuta.
Les balles continuaient par rafales de perforer bruyamment l'engin métallique. Noctis sentait la sueur couler le long de sa nuque et il haletait tellement que sa gorge en brûlait. Ses compagnons avaient les joues rougies par l'effort.
Gladio scrutait des yeux les bâtiments environnants. Il sembla repérer un chemin possible et leur pointa le bâtiment voisin dont le toit en pente abrupte descendait en s'éloignant. Les deux autres hochèrent la tête.
- Prom!, cria Noctis au-dessus du bruit des coups de feu. Donne-moi ton arme, je vais vous couvrir!
Prompto fit apparaître d'un mouvement rapide son revolver qui brilla un instant dans une lumière bleue et le tendit sans hésitation à son ami. Noctis l'attrapa et leva la main. En regardant ses compagnons, il fit un compte à rebours silencieux en rabaissant ses doigts: 3… 2… 1…
- MAINTENANT!, cria-t-il.
Ses deux amis décampèrent le plus rapidement possible alors que le prince se retournait vers le balcon. Il leva le revolver et tira plusieurs coups en direction de ses assaillants. Il était un tireur pitoyable, mais en l'absence de protection, les soldats durent tout de même s'arrêter et reculer derrière les portes. Lorsqu'il entendit les pas de ses amis rejoindre enfin leur but, Noctis se retourna et lança le revolver vers le toit voisin; il se téléporta sur les tuiles et perdit pied.
- Merde!
La pente était beaucoup plus abrupte qu'il ne l'avait prédit et il dégringola sur plusieurs mètres, arrachant des tuiles au passage. Il changea d'arme rapidement et tenta de planter son épée pour arrêter son élan, mais elle n'avait pas de prise et il tomba dans le vide au bout du toit. Dans sa chute, il se retourna et lança son arme à l'aveuglette sous lui; elle se planta sur un toit plat quelques mètres en dessous et il se téléporta instantanément. Il atterrit violemment et ses poumons se vidèrent sous le choc.
- Noct!, fit la voix aigüe de Prompto qui lui vibra les tympans.
Les paumes de ses mains étaient éraflées et son menton était endolori, mais il ne semblait pas avoir subi d'autres dommages. Il se retourna sur le dos et tenta de reprendre son souffle en prenant de grandes bouffées d'air. Il vit ses deux amis descendre le long des tuiles arrachées avec précaution, puis escalader vers le bas le mur en s'agrippant aux fenêtres. Lorsqu'ils le rejoignirent, Noctis respirait normalement de nouveau.
- Tu te reposes?, lui demanda Gladio, un sourire en coin.
- Oh fous-moi la paix.
Le bouclier tendit la main et le prince l'attrapa pour se relever. Ce dernier remis le revolver à son propriétaire. Ils ne perdirent pas de temps et continuèrent leur chemin en sautant de toit en toit et en courant dès que c'était possible. Noctis crut pendant un moment qu'ils avaient peut-être semé leur agresseurs, lorsqu'une nouvelle rafale de balles le ramena à la réalité. Il s'arrêta, serra les dents et s'impatienta.
- Et puis merde, pourquoi on ne se bat pas, plutôt!
Il avait fait apparaître son épée et avait déjà choisi sa première cible, mais Gladio l'empoigna par le bras et le tira vers lui.
- Non! Ils sont trop nombreux, ils t'auraient à l'usure.
Le mastodonte l'emmena vers la limite du toit.
- Tu vois le balcon, là? Descends!
Noctis obtempéra à contrecoeur et se laissa glisser sur le balcon, Prompto et Gladio le suivant habilement. Le prince ouvrit la porte et entra dans une cuisine sur-meublée dont les murs étaient couverts d'assiettes décoratives, de cadres de chats et de dentelles. Il y régnait une odeur de cannelle et de tarte aux pommes, mais il n'eut pas le temps de la savourer. Il traversa la pièce d'un rythme rapide et tomba nez-à-nez avec une vieille femme en robe de chambre fuchsia et des bigoudis pleins la tête. Son regard abasourdi valait un million. La voix autoritaire de Gladio s'éleva derrière lui.
- Madame, cachez-vous!
Mais la madame en question ne semblait pas comprendre la situation et restait figée. Noctis et Prompto la contournèrent; Gladio tenta de la pousser dans une penderie juste à ses côtés — probablement un peu trop brusquement à son goût, car elle s'énerva et se mit à lui donner des claques sur le côté de la tête.
- Aïe! Madame! Aïe! Cachez-vous, s'il vous plaît!
- Ne - me - poussez - pas!, rouspéta-t-elle en frappant le bouclier entre chaque mot.
Il y avait quelque chose d'hilarant de voir Gladiolus le colosse recevoir une raclée par une vieille dame qui devait faire le quart de son poids et le quadruple de son âge. Il tenta de la faire reculer pour la mettre à l'abri, mais elle refusa de coopérer et ses claques ne ralentirent pas.
Tout à coup les fenêtres donnant sur le balcon éclatèrent et la femme hurla. Gladio s'en empara et la poussa sans ménagement dans la penderie, dont il ferma la porte. Noctis et Prompto avaient déjà traversé l'appartement encombré et rejoignirent le couloir étroit dans lequel ils coururent à pleine vitesse, Gladio sur les talons. Ils s'engouffraient tout juste dans l'escalier de secours lorsque les premiers coups de feu se firent entendre. Gladio lâcha un cri de douleur et Noctis sentit son sang se glacer.
- Gladio?!
- Ça va! Ce n'est rien, continuez!
Ils dévalèrent les marches métalliques à une vitesse folle et Noctis prit la première porte qu'il croisa, celle de l'étage en dessous, conscient que leur position dans cet escalier composé de grillages les mettaient dans une position trop vulnérable. Il emprunta un nouveau corridor étroit à la tapisserie jaunie qu'il parcourût le plus rapidement qu'il s'en sentait capable. La brûlure à ses poumons revenait et il se demanda combien de temps il pourrait courir ainsi. Finalement, il dut s'arrêter au bout du couloir, face à un cul de sac.
- Fuck fuck fuck fuck, répétait Prompto.
Celui-ci tourna des poignées au hasard sur les portes autour de lui; Gladio leva le pied avec visiblement l'intention d'en forcer une, mais l'une des poignées tourna soudainement sous la main du blond.
- Ici!
Ils s'engouffrèrent dans la pièce et refermèrent rapidement derrière eux. Ils ne prirent même pas la peine de s'arrêter face au drôle de couple en sous-vêtements qui mangeaient en tête-à-tête un plat de spaghetti assis sur le canapé; même que Prompto sauta par-dessus sans délicatesse et atterrit sur la table basse, puis il courut vers une fenêtre au fond du salon.
- Il y a une échelle de secours sur le bâtiment d'à côté!, dit-il en ouvrant la fenêtre.
Il hésita un instant.
- Gladio, est-ce qu'elle est trop loin?
Mais le bouclier ne prit même pas le temps de la regarder; il poussa Noctis à la fenêtre.
- Vite, vas-y en premier.
- Ça va pas la tête, et si vous n'arrivez pas à me suivre?
C'était facile pour Noctis, il pouvait se téléporter.
- On y arrivera, vas-y.
Il voulut protester, mais des pas dans le couloir le convainc et il se glissa dans l'étroite ouverture. Il projeta son arme vers l'échelle s'y téléporta facilement. Elle vacilla légèrement sous son poids, mais elle sembla assez solide. Il vit Prompto chevaucher le rebord de la fenêtre à son tour, le visage blême et les yeux écarquillés par la peur. Noctis se rappela soudainement qu'il avait une sale aversion des hauteurs.
Il n'hésita pas plus que nécessaire cependant et quand il sauta, il le fit les bras étirés vers l'avant. Le saut était trop court, mais Noctis allongea le bras pour attraper la main tendue vers lui. Leurs prises se refermèrent sur leurs poignets et, sous l'effet de balancier, Prompto se cogna douloureusement sur l'échelle métallique. Celle-ci vibra.
- Ça va?, demanda Noctis.
- Assommé, mais ça va!, répondit le tireur. Il remonta de quelques crans pour être aux côtés de Noctis.
- Ça ne sera pas facile d'attraper Gladio, ajouta-t-il en réaffirmant sa prise.
Ouch. Non ça ne serait pas facile du tout. Ce type devait peser deux tonnes. Noctis tenta de penser à une autre solution, mais Gladio n'avait pas perdu de temps; il était déjà sur le rebord de la fenêtre.
- Prêts?, demanda le colosse.
- NON!, firent en même temps Noctis et Prompto.
Qu'importe, Gladio sauta quand même. Les deux jeunes hommes étirèrent leurs bras simultanément et attrapèrent de justesse les mains tendues de leur ami. Son poids les tira vers le bas et ils lâchèrent tous les deux un cri de douleur. L'échelle fût secouée et, tout d'un coup, elle glissa sur quelques mètres avant de s'arrêter brutalement. Noctis eut l'impression que son coeur était resté tout en haut, avec ses poumons et tout le reste de ses organes. Les épaules douloureuses par le choc, il se permit de lâcher Gladio seulement lorsqu'il fut assuré qu'il allait bien et qu'il se tenait efficacement à l'échelle. Enfin, il expira bruyamment : sans s'être rendu compte, il avait retenu son souffle. Ses épaules lui faisaient atrocement souffrir et il se demanda pendant une seconde si elles étaient disloquées.
Mais elles s'avéraient ne pas êtres disloquées et elles lui permirent de descendre l'échelle à la suite de Prompto et Gladio. Il eut envie de pleurer lorsque ses pieds atteignirent le sol — le plancher des vaches, enfin! L'idée de s'accroupir et d'embrasser l'asphalte lui passa par la tête.
Ses amis ne lui en donnèrent cependant pas l'occasion et ils repartirent de plus belle vers une ruelle, puis une autre, et encore une autre. Ils coururent un bon moment et s'arrêtèrent seulement lorsque leurs poumons ne les fournirent plus en oxygène. Tous les trois s'écoulèrent au sol, cachés derrière un grand bac à déchets odorant. Noctis avait le front qui ruisselait de sueur et son t-shirt lui collait à la peau. Des mouches, attirés par la poubelle, bourdonnaient à ses oreilles. Il les repoussa d'un geste vif.
- C'est quoi ce putain de bordel, demanda-t-il, haletant.
Ses amis ne lui répondirent pas : ils étaient tous deux penchés sur leur cellulaire. Noctis se rappela du sien : il le sortit de sa poche et vit une liste interminable d'appels manqués de Gladio, mais aussi d'Ignis, son conseiller. Il allait rappeler ce dernier, mais il entendit Gladio le faire plus vite que lui.
- Iggy? Ça va? … Noct et Prom sont avec moi. … Oui, nous allons bien.
Parle pour toi, se dit Noctis : il avait les épaules démolies.
- Les Nifs poursuivent Noct, ils veulent sa tête. On s'est enfuis par la peau des fesses.
Gladio garda le silence quelques secondes et expliqua ensuite où ils étaient cachés. Ignis lui dit probablement qu'il viendrait les rejoindre, car il répondit :
- C'est d'accord, on t'attend. Et fais attention.
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Gladio grimaça lorsqu'il pressa sur son mollet l'endroit où la balle l'avait touché. Par chance, elle l'avait simplement effleuré et la plaie arrêta de saigner rapidement.
- Auras-tu besoin d'une potion?, demanda Prompto.
- Je ne vais pas gaspiller une potion pour une simple égratignure, grommela Gladio. Il demanda après une seconde de réflexion : Vous en avez avec vous?
Prompto et Noctis firent non de la tête.
- Vous êtes vraiment des cons, soupira le colosse. La règle numéro un, c'est de toujours garder au minimum une potion sur soi, bordel!
- Je pensais passer ma journée à jouer sur ma Play, putain!, explosa Noctis. Pas me faire poursuivre par une armée de connards!
- Tu es le prince du Lucis, imbécile!, cria Gladio de sa voix forte. Tu devrais toujours être préparé!
- Et comment voulais-tu que je sache que j'en aurais besoin de ta sale potion!
- Toujours, ça veut dire toujours, pauvre crétin!
- Les gars, fit la voix timide de Prompto, criez moins forts, s'il vous plaît…
Mais Noctis était à bout et avait envie de hurler. Tous ses muscles étaient endoloris, ses épaules tiraient comme si des aiguilles y étaient plantées et ses mains tremblaient de fatigue. Il serra les dents et fixa son téléphone sans le voir. Au loin, on entendait toujours le son étouffé de quelques sirènes, mais les cris semblaient s'être calmés. Ils étaient peut-être trop loin pour les entendre. Cependant, les sons des explosions qui continuaient à éclater et des coups de feu tirés par rafales se rendaient toujours à eux.
Noctis se demanda qu'est-ce qui se passait au palais. Est-ce que son père allait bien? Il ne s'inquiétait pas trop pour lui : malgré son âge, il restait un excellent combattant et possédait le pouvoir de l'anneau des Lucii, qui lui donnait un net avantage. Mais il s'inquiéta pour les dizaines d'employés qui y travaillaient et qui l'avaient côtoyés presque toute sa vie. Robert, le cuisinier en chef. Amir, le majordome. Emilie, son ancienne nounou qui était restée au château pour prendre soin de son père… Étaient-ils vivants? Il les imagina étendus au sol, abattus. Inconscients sous une épaisse fumée. Courants pour leurs vies sous les tirs ennemis.
Noctis prit une grande inspiration alors que sa gorge devenait étroite. Il fouilla dans les contacts de son téléphone. Qui pourrait le renseigner? Son père avait toujours refusé de posséder un cellulaire; mais le prince ne s'imaginait pas réussir à le rejoindre en appelant sur la ligne fixe de son bureau.
- Merde, les gars. De la compagnie.
La voix de Gladio était à son plus bas mais restait tranchante et Noctis releva la tête d'un coup. Un soldat niflhe avançait lentement, l'arme relevée, en regardant minutieusement autour de lui. Ils devaient être plusieurs à le chercher ainsi dans les nombreuses ruelles de la ville.
Noctis se releva silencieusement. Il visa son ennemi et lui projeta une lame. Il se téléporta à sa suite et revient sur place tout aussi rapidement dans un deuxième éclair bleuté. Le soldat tomba.
- Qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on reste ici?, demanda-t-il.
Les sourcils de Gladio se rapprochèrent alors qu'il réfléchissait à la question.
- Ignis devrait arriver d'ici peu de temps, dit-il. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de quitter… Je ne veux pas qu'il nous recherche dans toute la ville.
- Je ne crois pas qu'on aille le choix, les mecs!, fit la voix affolée de Prompto.
Trois autres soldats venaient de tourner le coin et de voir leur compagnon au sol. Leurs mitraillettes se levèrent d'un coup vers les Lucisiens mal cachés derrière le bac à déchets.
Noctis n'hésita pas; il attaqua tout en se téléportant vers le plus loin des trois. Il entendit derrière lui l'immense épée de Gladio faucher un autre ennemi; puis un coup de feu de Prompto abattit le troisième. Au coin du mur, plusieurs Niflhes arrivèrent en courant. Sans hésiter, Noctis leva son épée et la rabattit sur le casque d'un quatrième soldat. Des cyborgs magiteks s'ajoutèrent au lot et ouvrirent le feu à leur tour. En un instant, le prince fit une roulade pour éviter des tirs, se releva d'un geste fluide et planta son arme dans le dos d'un cyborg qui retomba dans un bruit de ferraille. Il vit du coin de l'oeil Gladio en assommer deux ou trois d'un seul coup; ils tombèrent comme des quilles avant de s'embraser en une fumée noire et des éclairs rouges.
Prompto s'était reculé pour avoir un rayon d'attaque plus large : il avait sorti un deuxième revolver et abattait soldats et magiteks habilement tout en évitant leurs tirs. Il toucha d'une balle un soldat qui était trop proche de Noctis et ce dernier lui leva brièvement le pouce en signe de remerciement. Il ne perdit pas de temps cependant et brandit son épée pour bloquer le poing d'un cyborg qu'il éclata ensuite d'un coup du revers. Il passa au javelot et l'acheva en l'embrochant sans ménagement. La fumée noire qui se dégagea de la machine lui piqua les yeux et quand le nuage se dissipa, il vit avec horreur que d'autres renforts couraient en leur direction. Ils étaient beaucoup trop nombreux.
Gladio devait avoir fait la même constatation, car il commanda d'une voix forte un repli :
- On dégage, vite!
Ils se retournèrent simultanément et, prenant leurs jambes à leur cou, ils coururent vers le bout opposé de la ruelle. Noctis n'avait pas fait un mètre qu'un cyborg s'agrippa à lui. Il le sentit déclencher son système d'auto-destruction et paniqua lorsque la chaleur augmenta dans son dos. Revenant sur ses pas, Prompto plongea les pieds devant et les firent tomber tous les deux; sous le choc le magitek ouvrit les bras et Noctis se libéra d'une roulade. Il était sur ses pieds à la seconde suivante; d'un geste rapide il tendit la main à Prompto tout en démarrant sa course et le releva d'un même mouvement. Les deux amis fuirent aussi rapidement qu'ils le pouvaient, sous une pluie de balles qui les évita de justesse.
Ils tournèrent le coin et manquèrent de percuter Gladio. Celui-ci était en train de retirer le disque d'une trappe d'égout et le poussait de côté avec une force étonnante. Noctis ne prit pas le temps de poser de questions : il se jeta pieds en premiers dans le trou obscur et atterrit brutalement sur les talons et les fesses. Prompto suivit avec la même maladresse. Au tour de Gladio, celui-ci s'agrippa au grillage du disque pour le remettre en place en se balançant et, alors que des bruits de bottes passaient près d'eux, il lâcha prise et atterrit brutalement sur le dos en échappant un son étouffé.
Tous trois restèrent immobiles pendant que le son des pas s'amplifia au-dessus de leurs têtes et que le rythme des bottes leur indiqua qu'ils n'avaient pas été repérés. Ils attendirent silencieusement un bon moment après que les derniers soldats soient passés, terrifiés à l'idée de révéler leur position en parlant.
Ils étaient dans un tunnel d'environ deux mètres de diamètre, faiblement éclairé par la lumière traversant la grille au-dessus d'eux. Un petit ruisseau d'eau coulait sous leurs pieds et une odeur âcre emplissait leurs narines.
- Dites-moi que cette eau, ce n'est pas…, commença Prompto qu'une voix faible.
- C'est de l'eau de pluie, interrompit Gladio en se relevant.
- Oh seigneurs, merci aux dieux, soupira le tireur.
- J'imagine que tu ne sais pas par où aller?, demanda Noctis à Gladio.
Celui-ci fit non de la tête.
- Allons-y au hasard.
Noctis utilisa son cellulaire pour éclairer leur chemin et ils marchèrent lentement de pas légers, tentant de se faire le plus discret possible. Le moindre bruit résonnait fortement sur les murs et l'eau sous leurs bottes remuaient bruyamment. Le tunnel était profond et la lumière ne se rendait pas jusqu'au bout, créant un cercle obscur devant eux. Au coin du rayon lumineux, Noctis crut apercevoir une bestiole — peut-être un rat? — fuir dans un couinement aigu.
Le prince sentait encore l'adrénaline lui brûler les veines et il tentait de limiter sa respiration saccadée pour la garder silencieuse. Dire qu'il passait une mauvaise journée était un euphémisme. Comment diable l'empire avait-il réussi à faire entrer autant de soldats dans la citadelle? Noctis se rappela des vaisseaux niflhes qu'il avait vu au-dessus de la ville et il se demanda si le dôme créé par le cristal était toujours actif. Oui, il était certainement toujours actif. Le pouvoir du cristal était inébranlable et, de toute façon, il se serait rendu compte si le bouclier magique aurait été levé, même au milieu d'un combat.
Niflheim avait probablement forcé l'un des accès de la muraille à partir de l'intérieur. Il se demanda quel serait le meilleur plan. Trouver la porte qui laisse passer les soldats et en reprendre le contrôle, ou se rendre au palais pour combattre aux côtés des Glaives?
- Hey, Noct, t'as du réseau?, demanda soudainement Gladio.
Le prince baissa les yeux sur la petite croix qui apparaissait au coin de l'écran de son cellulaire.
- Non. Ça doit être parce qu'on est sous terre.
- Il faudrait remonter à la surface pour appeler Iggy.
- Oh ouiiiii, dit Prompto d'une voix ironique, justement ça fait au moins quatre bonnes minutes que je ne me suis pas fait massacrer par un Nif… Ça me manque tellement. C'est mon activité favorite.
- On ne va quand même pas marcher ici éternellement, lui répondit le colosse.
- Éloignons-nous un peu plus de ce bordel et quand on arrivera sous une rue calme, on essayera de remonter.
Ils ne protestèrent pas, alors Noctis supposa qu'ils étaient d'accord avec cette idée. Ils marchèrent en silence un bon moment, passant à quelques reprises sous des trappes circulaires, en dessous desquelles ils s'arrêtaient pour écouter l'activité dans la rue.
Ils s'immobilisèrent sous une nouvelle bouche d'égout qui leur sembla de leur goût : entre les fentes de la grille, ils voyaient le paravent d'une terrasse et il n'entendait pas un son. Noctis et Prompto se mirent ensemble pour faire la courte échelle à Gladio; il pesait une tonne et leurs bras tremblaient sous l'effort.
- Merde Gladio, fit Prompto d'une voix essoufflée, il faut vraiment que tu perdes du poids.
- Ta gueule, j'ai un poids parfait.
- Parfait pour nous écraser, ouais, répliqua Noctis, le souffle court.
Gladio releva doucement la grille pour jeter un coup d'oeil aux alentours. Il bougea un pied et l'écrasa dans le visage de Noctis.
- GLADIO PUTAIN!
- Ne bouge pas!, répliqua celui-ci.
C'était facile à dire pour lui, Noctis n'arrivait plus à respirer et ses épaules recommençaient à lui faire mal. Le bouclier finit par enfin déplacer la grille et se hisser hors du trou. Il se retourna, passa la tête dans l'orifice et tendit le bras. Noctis présenta ses mains jointes au blond et celui-ci grimpa en y posant le pied. Lorsqu'il fut en haut, le prince fit apparaître une dague.
- Dégagez!
Les deux hommes se reculèrent et Noctis lança son arme mollement en se téléportant à sa suite. Alors que Gladio replaçait la grille sur l'égout, Prompto et Noctis entrèrent directement dans un commerce dont les portes vitrées étaient grandes ouvertes devant eux.
C'était un café tout ce qu'il y avait de plus ordinaire, excepté les chaises renversées et l'absence complète de gens : ils devaient avoir déserté à la hâte au son des attaques.
Ils se dirigèrent au fond du commerce et s'accroupirent derrière le comptoir. Des morceaux de porcelaine jonchaient le sol et une flaque de café coulait le long du mur. Prompto étira la main au-dessus du présentoir à pâtisseries et attrapa un croissant qu'il s'enfourna dans la bouche. Noctis le regarda d'un air à moitié hilare, à moitié découragé.
- Quoi, fit le blond, la bouche pleine. J'ai faim, merde!
Le prince réalisa qu'il avait faim lui aussi. Ils avaient probablement dépassé l'heure du déjeuner depuis longtemps. Il se demanda depuis combien de temps ils étaient en fuite.
Gladio les rejoignit, son téléphone déjà à l'oreille.
- Iggy? … Iggy? Tout va bien?
Ses sourcils se froncèrent. Noctis pensa que tout ne devait pas bien aller.
- Heu, on est au café Gitana, continua-t-il, sur la rue Santatiana, sais-tu où c'est?
Un silence, puis:
- D'accord on t'attend ici. Salut!
Il raccrocha et se retourna vers les autres.
- Il était en voiture, je crois qu'on le poursuivait.
- Il va bien?, s'inquiéta Prompto.
- Il m'a dit que oui… Il n'était pas bien loin d'ici.
Le cri d'une femme interrompit leur conversation. D'un même mouvement, ils se relevèrent et coururent vers la rue.
- Noct! Attends, reste caché!, lui cria Gladio.
Mais il était déjà à l'extérieur et faisait face au dos d'un cyborg magitek qui visait de son arme une dame terrorisée. Noctis l'assomma d'un rapide coup d'épée et la machine s'écroula dans un panache de fumée noire, pendant que la femme prenait les jambes à son cou et disparaissait dans un bâtiment à la façade ouverte. Plus loin, quinze — non, vingt! — soldats niflhes se retournèrent d'un même mouvement vers le prince.
- Merde, merde, merde!
Il recula et s'enfuit derrière lui, précédés de ses deux amis. Prompto avait sorti ses deux revolvers et courait stupidement, le croissant dans la bouche. Ils traversèrent une terrasse abandonnée en sautant par-dessus les tables et un verre explosa dans un éclat d'eau et de vitre tout juste à côté de Noctis. Il manqua de se casser la figure en se prenant les pieds dans une chaise, mais il se rattrapa à la dernière seconde et, suivant toujours ses amis, tourna à la première rue qu'ils croisèrent. À ses oreilles se confondirent les coups de feu qui bourdonnaient derrière lui, les sirènes qui hurlaient à distance, le cliquetis des armures niflhes qui s'entrechoquaient et le moteur d'une voiture sport qui ronronnait au loin. Il se téléporta vers l'avant pour rattraper ses amis qui l'avaient légèrement distancés.
Ils prirent un tournant serré qui débouchait sur un grand boulevard et des balles firent sauter la brique juste au-dessus de leurs têtes. Ils zigzaguèrent rapidement, le dos courbé, entre les nombreuses voitures qui étaient abandonnées au milieu de la large rue. Ils étaient plus proches du palais à présent, et au bout du boulevard ils pouvaient voir la colonne de fumée sombre qui s'échappait du château ainsi que les flammes qui continuaient de le ronger. Au-dessus du dôme, les énormes transporteurs niflhes flottaient toujours, immobiles. Le coeur du prince se serra à cette vue.
Et puis, une explosion retentit si fort que Noctis s'accroupit sur le choc, les mains sur la tête. Les oreilles engourdies, il leva les yeux et vit avec horreur une énorme boule de feu arracher la partie centrale du palais. La colonne de lumière que créait le cristal s'évanouit et soudainement, le dôme au-dessus de la ville se fissura comme une glace trop mince.
- Non!
Noctis eut l'impression que le temps s'était étrangement ralenti. Le bouclier au-dessus de leurs têtes se rompit par sections et les éclats tombèrent dans une lenteur anormale, avant de disparaître. Le prince regarda d'un air hébété le ciel qui devenait bleu. Il ne l'avait jamais vu d'une autre couleur que rosé : il ne l'avait jamais vu à travers autre chose que le dôme magique du cristal.
Plus rien ne protégeait Insomnia maintenant. Peut-être même plus les dieux.
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La suite suivra sous peu! Je serais complètement aux anges si je recevrais un petit review, simplement pour l'idée que mon histoire ait été lue, même si c'est par une seule personne! Pleaz! :)
Charlie xx
