Salut vous, ça faisait longtemps ! Et joyeux AoKaga month bien sûr :D !

C'est le premier auquel je participe et je suis ravie de me faire accompagner de Maloriel dans cette aventure. L'idée de cette histoire a germé il y a quelque temps, suite à une discussion plutôt comique concernant les déboires de Maloriel avec son appartement. Moi même je ne saurais vous dire à quel point mais... oui, il y aura probablement du vécu dans ce que vous lirez. On s'est dit que ce mois de célébration de nos deux fauves favoris était la parfaite occasion de se lancer. D'ailleurs ... Malo, je profite de ce petit espace pour te remercier de m'avoir fait confiance pour partager l'écriture de cette fic', j'ai hâte de voir où elle va nous mener :)

On espère qu'elle vous plaira à vous aussi, bonne lecture !


« Oko, bouge de là. Vite ! Ils vont nous prendre à revers !

— T'inquiète Tiger. J'ai prévu l'artillerie lourde. »

Kagami lève les yeux au ciel. Toujours trop sûr de lui, Okonomiyaki. Un peu trop pour un gars qui s'appelle comme un pancake. Il prend de la hauteur pour assister son coéquipier en cas de besoin. La map n'est pas facile, trop d'endroits où se cacher, trop d'embuscades possibles. Difficile de savoir d'où va venir l'ennemi. Mais le challenge, il adore ça.

Après le lycée, Kagami a connu un petit passage à vide, durant lequel il a passé beaucoup de temps à gamer. Et il s'est avéré plutôt doué sur certains jeux en ligne. Il s'est vite bâti une petite réputation, puis les sponsors ont commencé à pointer le bout de leur nez, et maintenant, il est payé pour jouer ! Un rebondissement inattendu dans sa vie, qui est loin de lui déplaire. Certes, ça implique de passer le plus clair de son temps à la maison, d'avoir un rythme de vie décalé et de parler un langage que la plupart des gens ne comprennent pas, mais il aime son nouveau métier. La tension de la compétition, l'aspect stratégique, la nécessité de rester aux aguets, les sens affûtés et l'esprit vif, ça le canalise. Et il trouve toujours un peu de temps pour faire du sport quand il a besoin de se défouler physiquement.

Oko crie quelque chose dans ses oreilles et Kagami grimace. Son coéquipier a le don de lui faire perdre tous les jours un peu plus de son capital auditif. Et puis, c'est inutile de hurler, il a déjà compris ce qui s'est passé : Oko s'est fait submerger et coincer par l'ennemi. Kagami se déplace discrètement sur les toits. Il aperçoit une ombre passer dans la ruelle en contrebas. Il ne panique pas, ne s'énerve pas. Il ajuste son angle de tir, presse la détente. Headshot. Puis, il se hâte de se mettre à couvert, le bruit risque d'attirer l'attention. Il redescend dans le bâtiment, attentif, prêt à réagir au moindre signe de danger.

Et alors qu'il tend l'oreille, un bruit insistant, qui ne vient pas du jeu, casse sa concentration. Il soulève son casque et tente d'identifier la nuisance. On frappe à sa porte. Surpris, il jette un coup d'œil à l'horloge de son ordinateur. 3h30. Que peut-on bien lui vouloir à une heure pareille ?

Il reporte son attention sur l'écran de jeu et sursaute. Cette fois, le headshot est pour lui. De toute façon, la game est perdue, alors il pose son casque sur le bureau et se lève pour aller enquêter. Il ne peut s'empêcher de penser que c'est soit une mauvaise nouvelle, soit des ennuis. Il ignore Oko qui l'engueule dans son casque et traverse son petit salon, passe la porte qui donne sur le vestibule, et, sur ses gardes, avance jusqu'à la porte d'entrée et ouvre.

Il découvre un homme jeune, séduisant, d'origine étrangère, probablement indienne. Il a l'air un peu timide mais sympathique, et son regard s'illumine en le voyant, mais il ne prononce pas un mot.

« Euh… oui ? » demande Kagami sans comprendre ce que l'autre lui veut.

Le jeune homme lance des coups d'œil à l'intérieur comme s'il voulait entrer, ce que Kagami trouve plutôt déplaisant, mais son malaise empire nettement lorsque son visiteur concentre son regard sur sa personne, le détaillant des pieds à la tête comme s'il l'évaluait. Et c'est à cet instant qu'il réalise avec effroi qu'il a oublié d'enfiler un pantalon et qu'il est seulement vêtu d'un débardeur plutôt moulant, et d'un caleçon qui l'est tout autant. Ça n'a rien d'exceptionnel : tout le monde sait que les vrais gameurs ne portent jamais de pantalons. Les pantalons, c'est inconfortable, à l'exception des joggings, mais quand on joue dans une petite pièce, la chaleur monte vite. Kagami recule en se cachant à moitié derrière la porte entrouverte et se racle la gorge, avant de demander :

« Vous avez un problème ? »

L'autre ne semble pas comprendre le sens de la question, alors Kagami se dit qu'il ne parle peut-être pas japonais.

« You don't speak japanese ?

— Oh, si. Mais vous n'êtes… Enfin… Je cherchais…

— Vous cherchiez quoi ? aboie Kagami qui commence déjà à perdre patience.

— Eh bien, euh… vous savez. »

Kagami cligne des yeux, tâchant de faire comprendre à son interlocuteur que non, il ne sait pas, et que ce petit jeu ne l'amuse pas particulièrement.

« Vous savez… De la compagnie. »

Le jeune homme le regarde avec des grands yeux pleins d'espoir tandis que ceux de Kagami s'arrondissent comme deux soucoupes. De la compagnie ? Est-ce qu'il comprend bien ce qu'il croit comprendre ?

« Euh… Vous n'êtes pas au bon endroit, lâche-t-il finalement.

— Vraiment ? »

Le jeune homme n'a pas du tout l'air de le croire. Son regard recommence à le détailler, et l'impertinent se décale même pour mieux le voir derrière le battant avec lequel il essaie de se cacher ! Le sang de Kagami se met à bouillir. Non mais dites donc, pour qui il se prend, celui-là ?!

« Vraiment ! répète-t-il avec véhémence. Je vais donc vous demander de bien vouloir partir ! »

Et sans attendre la réponse, il referme sa porte et la verrouille, puis retourne dans son salon, le cœur battant. Celle-là, on ne lui avait encore jamais faite… Enfin, ce n'était sans doute qu'un incident isolé, une simple erreur d'adresse. Un peu frissonnant, il va enfiler un jogging et retourne sur son ordinateur, pour s'apercevoir qu'Oko s'est déconnecté. Tant pis, de toute façon, il est déjà tard et il n'a plus vraiment envie de jouer. Il relève sa messagerie, le casque de retour sur ses oreilles avec de la musique en fond. Quand soudain, le même bruit irritant et inquiétant retentit dans son dos. Il retire son casque et écoute : aucun doute, son visiteur ne veut pas en démordre ! Il marmonne dans sa barbe, plus alarmé qu'il ne veut bien se l'avouer. Il attend une minute, puis deux, mais l'autre ne semble pas décidé à partir. Entre crainte et colère, il regarde son portable. Il ferait sans doute mieux d'appeler les flics. Il y a des gens bizarres la nuit. Et s'il avait un stalker ? Et si ce mec s'énervait et essayait de défoncer sa porte ? Pendant que toutes sortes de scénarios effroyables défilent dans sa tête, il a déjà composé le numéro de la police.

« On vous envoie quelqu'un », annonce la standardiste lorsqu'il termine d'exposer la situation.

Et Kagami doit s'en avouer soulagé, d'autant que son visiteur inopportun n'a toujours pas renoncé à son petit tapage nocturne.


Planqué en embuscade dans une ruelle sombre, Aomine observe la rue face à lui, éclairée partiellement par un lampadaire défectueux et le néon de l'enseigne qu'il surveille, dans l'attente qu'il se passe quelque chose. Plusieurs incidents ont été déclarés ces dernières semaines. Plus que d'ordinaire. Alors pendant ses patrouilles il vient vérifier qu'il n'y ait pas de grabuge, espérant choper le ou les coupables sur le fait.

La porte de la boîte de nuit s'ouvre sur une jeune femme, plutôt jolie, l'air hagard. Il plisse les yeux comme si sa vision ainsi focalisée pouvait lui permettre de zoomer. Il la voit fouiller son sac à main et en sortir son téléphone. Mais avant d'avoir pu en faire quoi que ce soit, deux hommes sortent à leur tour, encadrant la demoiselle clairement sur la défensive.

Cependant, Aomine ne fait rien. Il sert son volant entre ses doigts autant que sa mâchoire, crispé, se contraignant à attendre. La jeune femme fait un pas en arrière quand l'un des gars s'approche trop de son espace vital et amorce une fuite à pas pressés, tête basse.

« Bougez pas vous deux… » grogne-t-il à l'intention des importuns qui ne peuvent l'entendre.

En les voyant lui emboîter le pas, un air de prédateur sur leurs petites gueules de cons, il soupire. Il tourne la clef de contact et démarre tout en déclenchant sa sirène. La rue se pare alors de rouge et le son caractéristique et bref claque entre les murs comme une menace. Il jubile en voyant les deux stalkers s'arrêter net et faire demi-tour. Lorsqu'il les croise, il plante son regard menaçant dans le leur mais continue d'avancer. Arrivé au niveau de la jeune femme, il baisse la vitre côté passager et l'interpelle.

« Bonsoir mademoiselle. Tout va bien ? »

Complètement paniquée, elle n'a pas dû le voir venir, elle sursaute au son de sa voix. En reconnaissant la voiture de police dans laquelle il patrouille, elle fond en larmes. Sans réfléchir, il coupe le moteur, sort du véhicule, en fait le tour et vient ouvrir la portière arrière. D'un geste doux et qui se veut rassurant, il invite la malheureuse à entrer.

« Allez-y, montez. Je vous ramène », lui dit-il dans un sourire chaleureux.

Tous deux installés, il attend quelques secondes qu'elle se calme et la jeune femme lui sourit en retour, puis lui indique son adresse. Elle le remercie plusieurs fois et pendant le trajet elle lui raconte sa mésaventure. Apparemment, les deux types n'ont pas arrêté de les embêter, elle et ses copines. De gros lourds qui ont mal géré leur refus. Puis ils se sont fait un peu trop insistant, menaçant même, et elle a perdu ses amies en cours de route, tandis qu'elles essayaient de les semer parmi les danseurs. Il la rassure en lui apprenant qu'avant elle, il a vu partir un groupe de trois filles en taxi, sans encombre.

Malheureusement, l'histoire de la belle ne l'étonne pas vraiment, et ça lui fout la rage. Il ne peut s'empêcher de penser à toutes celles qui ont eu, auront moins de chance et surtout à son amie de toujours qu'il a envie d'enfermer à double tour dans un donjon quand il voit ce genre d'animaux en liberté. Le grésillement de sa radio le coupe dans ses réflexions. Une voix désincarnée en sort :

« À toutes les patrouilles, on a un code T dans le secteur B15, répondez. »

C'est justement le quartier dans lequel il se rend. Il décroche sa radio en jetant un regard à la jeune femme dans son rétroviseur.

« Ici Lincoln 005. Je m'en charge.

— Reçu, je vous transfère l'adresse. »

Il ne tarde pas à arriver devant chez la demoiselle en détresse, où son groupe de copines semble l'attendre. Avant qu'elle ne sorte, il lui lance :

« Vous voyez. Elles vont bien. Si vous voulez signaler vos agresseurs, passez au poste demain. Et trouvez-vous des sprays au poivre. On ne sait jamais.

— Merci encore monsieur l'agent. J'y penserais. Mais pas sûr qu'on ressorte de sitôt. Pas là-bas en tout cas. »

Sans rien ajouter, il déverrouille la portière depuis sa console et avant de rejoindre sa prochaine mission, il observe les retrouvailles de la petite troupe et attend qu'elle soit à l'abri de l'immeuble pour démarrer.

Quelques blocs plus loin, il se gare juste au pied du bâtiment en double file. Avantage certain de faire partie de ceux qui mettent les contraventions. Même s'il devrait montrer l'exemple, à 3h30 passé du matin, pas sûr qu'il dérange qui que ce soit. Il observe les alentours quelques instants et tend l'oreille. Rien d'anormal au premier abord. Un tapage nocturne discret ? Où qui aurait pris fin le temps qu'il arrive… Puisqu'il est là, autant s'en assurer.

Ce n'est pas le genre de résidence ultra sécurisée alors il rentre sans problème. Il relit les informations envoyées par le central pour vérifier l'étage de la personne ayant appelé, et se lance dans la cage d'escalier, attentif aux bruits. Sur le qui-vive.


Après avoir raccroché, Kagami a patienté nerveusement, un œil sur la porte tandis que l'intrus continuait de l'importuner malgré ses encouragements à ficher le camp. Il a fini par informer son visiteur qu'il avait appelé les flics, et cela a enfin douché les ardeurs du jeune trouble-fête. Le silence règne maintenant dans l'immeuble, du moins jusqu'à ce qu'il lui semble percevoir des pas dans l'escalier. Il tressaille, espérant qu'il s'agisse d'un flic, et non de son visiteur nocturne qui reviendrait à la charge. Il se colle à la porte et écoute attentivement, le cœur battant.

Dans le couloir du cinquième étage, Aomine ne voit personne. Il n'entend rien. Si ce n'est les aboiements aigus d'un chien derrière la première porte. Contrarié, il progresse jusqu'au 10E pour interroger la victime présumée. Tout est calme ici, lui laissant penser à une mauvaise blague de jeunes qui s'ennuient et s'amusent à lui faire perdre son temps, ou une personne âgée vivant mal le voisinage et les murs fins. D'agacement, il soupire et cogne trois coups francs sur le panneau de bois.

Kagami ne peut s'empêcher de faire un bond quand trois coups résonnent contre le battant. Décidément, la fatigue doit le rendre nerveux et parano. Après tout, il est presque quatre heures du matin, et il a fait une quasi nuit blanche la veille. Il a tendance à ne pas voir le temps passer derrière son PC, et ça lui joue parfois des tours. Il s'éclaircit la voix et demande à voix haute :

« Qui c'est ?

— Vous avez appelé la police, je suis venu voir en quoi je peux vous aider », répond Aomine, professionnel.

Kagami pousse un soupir de soulagement. Il déverrouille sa porte et ouvre. Il marque un temps d'arrêt, surpris. D'abord, ce flic est aussi grand que lui, ce qui n'est pas un petit exploit. Deuxièmement, il n'a pas vraiment une tête de flic. On dirait plutôt un mannequin ou quelque chose du genre. Parce qu'en plus d'être grand, il est bien bâti, tout en finesse et en puissance. Il a la peau presque aussi mate que son visiteur de tout à l'heure, et quand son regard accroche le sien, il découvre des iris cobalt qui le fixent avec une intensité et une détermination peu communes. La plupart des gens ont le regard fuyant, mais celui du flic est clair et franc.

« Euh... » bredouille Kagami, ne sachant d'un coup plus trop comment présenter son problème. Il se frotte l'arrière de la tête d'un geste nerveux et reprend d'une voix plus assurée :

« Merci de vous être déplacé. Quelqu'un voulait absolument rentrer chez moi, mais il a filé quand je lui ai dit que j'avais appelé les flics. »

Sa contrariété s'estompe aussitôt que la porte laisse entrevoir celui qui l'a appelé au secours. Loin d'être un adolescent en manque d'adrénaline, il l'est encore plus d'un octogénaire à l'ouïe défaillante. En effet, c'est un jeune homme d'un âge proche du sien qui l'observe, surpris. Il profite de ce court instant d'étonnement pour le détailler d'un œil expert et se demande vaguement pourquoi il a appelé la police. Sa taille et sa largeur d'épaule suffiraient pourtant à dissuader la plupart des petits malins voulant emmerder un gars comme lui. Un trouillard peut être ? Mouais... Les cernes sous ses yeux n'enlèvent rien à leur lueur assurée. Et surtout, son vis-à-vis soutient son regard qu'il sait déstabilisant. D'autant plus quand il porte son uniforme. Une première énigme à résoudre...

Malgré l'embarras évident du type, il ne peut s'empêcher de lui lancer, sarcastique:

« Et vous n'auriez pas pu essayer ça avant de me faire déplacer ? »

Kagami regarde le policier d'un air interloqué, et il secoue la tête.

« Well... J'ai pas vraiment pensé à ça. J'ai cru qu'il allait défoncer ma porte. Ça m'arrive pas tous les jours d'avoir des visiteurs inconnus en pleine nuit. Surtout pas du genre aussi insistant. »

Il hausse les épaules et reconnaît honnêtement :

« J'ai flippé. J'me suis dit que la situation pourrait vite dégénérer.

— Hum... c'est vrai qu'en plein milieu de la nuit, ce n'est pas habituel », marmonne Aomine plus pour lui-même.

Il a tendance à manquer un peu d'empathie parfois, tout le monde n'a pas son assurance, ni son insigne. Et le malheureux n'a pas tout à fait tort. Il ne sait pas qui est venu l'importuner de la sorte, ni pourquoi, mais il y a des tarés partout. Sans parler des gens mentalement stables, qu'un rien peut faire vriller. S'il n'était pas lui-même flic, à bien y réfléchir il aurait sûrement réagi de la même façon à sa place. Cependant, pour ôter le moindre doute, il demande d'un ton plus neutre :

« Ce n'est pas un voisin qui aurait pu être dérangé par du bruit ? L'immeuble ne date pas de la dernière jeunesse, je suis sûr qu'on entend tout ce qui s'y passe. »

Au téléphone, ça n'a pas tellement gêné Kagami de donner les détails. Mais là, face à ce flic, c'est une autre paire de manche. Et pour ne rien arranger, il rougit facilement, et c'est exactement ce qui est en train de lui arriver maintenant. Il se houspille mentalement et se ressaisit :

« C'était pas un voisin. C'était un type qui... cherchait de la compagnie. Il avait l'air vraiment persuadé qu'il était au bon endroit... J'ai trouvé ça bizarre. »

Ce n'est qu'une fois sa question posée, et en avisant la couleur que prennent les joues du jeune homme qu'Aomine réalise son degré d'indiscrétion. Il devine en effet facilement les images que son allusion involontaire a pu faire germer dans l'esprit de son vis-à-vis. Il se racle la gorge pour dissiper la gêne de sa voix et demande :

« De la compagnie vous dites ? ... Vous habitez là depuis longtemps ?

— Ouais... Ça fait quelques années. Depuis la fin du lycée, en fait. Ce genre de truc m'était jamais arrivé avant.

— Étrange en effet... » admet l'enquêteur.

Si l'emménagement avait été récent, l'intru insistant au point d'effrayer le locataire des lieux aurait pu ne pas être au courant et chercher la personne habitant là avant lui. Mais cette hypothèse s'effondre et les indices sont minces. Aomine ne voit pas trop ce qu'il peut faire pour aider. Pourtant l'idée de partir sans apporter de solution le dérange. Ça chatouille sa conscience professionnelle, et le fond de ses tripes. Là où crèche son instinct. Il se passe un truc louche ici.

« Eh bien, si ça recommence, tentez d'abord la menace. Si ça ne fonctionne pas, rappelez-nous. Mais malheureusement, je ne peux rien faire de plus. »

Kagami hoche la tête. Il ne s'attendait pas vraiment à autre chose, et puis, il est rassuré maintenant. Ce type ne reviendra probablement pas. Et il va enfin pouvoir aller dormir.

« Je comprends. C'était sans doute juste une erreur d'adresse. Anyway... »

Son regard s'attarde sur le flic quelques instants, comme s'il cherchait quelque chose d'autre à dire. Il a comme la drôle d'impression qu'il va le revoir, sans vraiment savoir pourquoi. Puis, il se ressaisit et hausse les épaules :

« Merci de votre aide. Bonne nuit. »

À son air déçu, Aomine se souvient subitement de l'aveu de son vis-à-vis. Sans réfléchir, il pose la main sur le battant de la porte avant qu'elle ne se referme entièrement.

« Je ne pense pas qu'il revienne ce soir mais vous... vous seriez plus rassuré si je surveillais les environs ? Donnez-moi son signalement que je puisse l'interpeller s'il se montre. »

Kagami regarde son visiteur, étonné. Il s'est toujours dit que les flics se débarrassaient de ce genre de signalement aussi vite qu'ils se gavaient de café et de donuts. Quoique ce flic-là ne semble pas vraiment du genre à se gaver de donuts, à moins qu'il ait un métabolisme aussi performant que le sien pour éliminer les graisses. En tout cas, son intérêt pour son "affaire" le surprend. Une nouvelle fois, il se frotte l'arrière du crâne d'un geste nerveux.

« Eh ben... Il était jeune, une petite trentaine à tout casser. Typé indien. Plutôt beau gosse. »

Aomine ne peut retenir son rictus. La dernière information n'est pas vraiment pertinente dans cette affaire selon lui, étant donné que la beauté est subjective... Cependant elle est très révélatrice sur un autre terrain. Ce mec, malgré son niveau d'angoisse a pris le temps de noter le physique de son harceleur. Et s'il l'avait vu rougir un peu plus tôt pour un simple sous-entendu ambigu, le jeune homme ne cille pas à cette déclaration. Donc, il trouve les hommes attirants et ne s'en cache pas. Définitivement pas un peureux celui-là... Il se fait un malin plaisir – pas vraiment professionnel pour le coup – de le souligner subtilement.

« Définissez "beau gosse" s'il vous plait ?

— Uh ?! »

Confus, Kagami sent la chaleur revenir sur ses joues. Il examine le flic qui semble à moitié se foutre de lui, et en même temps, il n'arrive pas à en être tout à fait certain. Et puis, "définir beau gosse", il en a de belles, lui ! Là tout de suite, la seule définition évidente qui lui vient à l'esprit c'est "beau gosse, comme vous". Mais on ne peut pas dire ce genre de choses à un flic. Pour un peu, l'autre prendrait ça pour un outrage à agent.

« J'imagine que c'est un peu subjectif... Hm... Vous voyez Mahesh Jadu, le type qui joue dans la série Marco Polo ? Eh ben, c'est ce style-là. »

Il se retient juste à temps avant de préciser "en un peu moins beau quand même".

Aomine laisse échapper un petit rire face à la naïveté de son interlocuteur. Bien que pour sa défense, il n'est pas censé plaisanter avec lui, ni avoir de conversation d'ordre privée. Non, il a complètement oublié les conseils de son manuel "Officier de la police nationale, interactions avec les civils." Il se surprend lui-même de ce manquement et se raisonne avant de lui répondre qu'il n'a pas le temps de regarder des séries, mais qu'il mettra celle-ci en haut de sa liste pour revenir au sujet, non sans sourire encore.

« Haha ! Détendez-vous, je plaisantais. J'ai ce qu'il me faut, merci. Soyez tranquille, je vais patrouiller dans le coin un moment. Bonne nuit.

— Okay... Merci. Bonne nuit. »

Kagami salue le flic d'un signe de tête et referme sa porte, puis la verrouille. Bizarrement, il n'a plus envie de dormir maintenant. Rassuré, mais perturbé. Mais il sait que ce ne serait pas raisonnable de jouer les prolongations. Aussi, il se résout à aller se coucher, avec toujours cette étrange impression qu'il sera amené à revoir ce flic... Même s'il espère que ce ne sera pas parce qu'il aura d'autres ennuis du genre de cette nuit.