Edit du 18/01/22 : J'ai corrigé une grosse faute qu'une personne a détecté dans mon texte. Désolée pour si vous avez reçu une alerte d'une nouveau chapitre, ce n'est pas le cas.
Bonjour à tous·tes !
Me revoilà avec une nouvelle fanfiction et j'espère de tout cœur que vous allez aimer.
Cela fait déjà un an que j'ai commencé à l'écrire, et ce n'est pas encore terminé (parce que je ne sais pas écrire des histoires courtes et que j'ai une vie très remplie qui me laisse trop peu de temps). J'ai déjà 24 chapitres achevés, je vais avoir le temps de terminer d'écrire cette histoire avant de publier tous ces chapitres déjà terminés je pense.
C'est loin d'être aussi sombre et difficile que « Comme un Patronus au milieu des Ténèbres », mais il y aura quand même un petit soupçon de méchants et d'enquête ^^. Mais il s'agit surtout d'amitié et d'amour. Et comme toujours, ça se termine bien, parce que je suis un cœur d'artichaut !
Pour cette histoire j'ai voulu traiter des sujets qu'on ne retrouve pas forcément dans les fanfictions habituellement, mais ils me tiennent à cœur. Déjà, comme pour ma précédente histoire, les relations des personnages ici seront toujours entièrement consenties et bienveillantes.
Vous trouverez quelques personnages LGBTQIA+, sans que cela soit forcément le sujet principal, simplement ces personnes existent, comme dans la vraie vie.
Je vais également mettre en avant les relations polyamoureuses parce que je suis convaincue qu'on peut aimer profondément plusieurs personnes et qu'il est bien triste de souffrir en allant à l'encontre de ses sentiments (à partir du moment où tout le monde est d'accord).
Cette histoire est un drarry, mais pas que du coup, même si cela arrive assez loin dans l'histoire. Et ça ne sera pas non plus le sujet principal. Et ce n'est ni voyeuriste ni un prétexte pour écrire pour un lemon threesome (il n'y en aura pas). Je garde le secret sur l'identité de la troisième personne, mais il y a des indices dans l'histoire dès les premiers chapitres et vous pourrez rapidement deviner de qui il s'agit, j'en suis sure.
J'espère que vous aimerez ce que j'en ai fait.
L'histoire est en rating M pour : scènes pouvant choquer (TW : tentatives de meurtre, mention d'envie de mourir, homophobie ordinaire et intériorisée, LGBTQIA+phobies, consommation d'alcool, mention de prostitution), langage vulgaire et scènes de sexe explicites. Si cela vous dérange, ne lisez pas. Si vous êtes mineur·e·s vous prenez vos responsabilités en continuant votre lecture, mais je vous invite à ne pas lire.
Dans un autre registre, j'utilise l'écriture inclusive, beaucoup plus que pour ma précédente histoire longue, parce que cela m'importe beaucoup. C'est encore nouveau pour moi donc ça ne sera pas parfait et j'espère que serez indulgent·e·s. Mais vous verrez on s'y habitue très vite à la lecture.
J'utilise beaucoup le point médian et j'ai appris récemment (longtemps après avoir démarré l'écriture de cette histoire) que cela peut être difficile pour les lecteurs numériques destinés aux non voyants et non voyantes. Si cela est votre cas et voulez lire mon histoire, n'hésitez pas à me solliciter en message privé et nous trouverons ensemble une solution plus confortable.
L'histoire est rédigée au présent et les points de vue à la première personne alternent avec la troisième personne. Il n'y a pas d'écriture inclusive quand le point de vue est à la première personne : aucun des personnages n'utilise l'inclusif dans sa tête, sauf cas particulier. Ni dans les dialogues, sauf cas particulier encore une fois.
Je vous invite également à être attentif·ve·s aux dates, car il y aura quelques flash-backs (oui oui j'adore les flash-backs ^^).
Par ailleurs, même si le prologue est en 2000, l'histoire va se dérouler essentiellement à partir de 2019 - 2020 et même si je respecte scrupuleusement le calendrier réel j'ai décidé de ne pas inclure les évènements réels auxquels nous sommes confrontés depuis début 2020, même du côté moldu de cette histoire. Mes personnages ont de la chance, dans leur univers il n'y a pas de covid pour leur pourrir la vie !
Et puis, cette histoire ne serait rien sans de merveilleuses personnes qui m'ont accompagné :
Déjà je remercie immensément Lisea18, mon amie depuis tant d'années, pour m'avoir inspirée énormément pour cette histoire. Et je la remercie également d'avoir partagé avec moi ses idées quand je lui parlais de ce projet et de m'avoir laissé les utiliser à ma guise. Quelques lignes de dialogues et certaines idées sont d'elle.
Et ensuite, un immense merci ma nouvelle bêta : PinguCat. Tu as été géniale, merci encore pour ton aide et ton temps tout au long de la correction, nos échanges de fanarts pour s'encourager et discussions sans fins. Et les fous rires virtuels.
Le rythme de publication sera toutes les deux semaines, jusqu'à ce que j'ai achevé l'écriture de cette histoire.
Je vous laisse avec le prologue et je vous retrouve dans une semaine (exceptionnellement) pour le premier chapitre : « Dix-neuf ans plus tard » !
Je rappelle que les reviews sont encouragées, j'aime savoir ce que vous avez pensé de mes écrits ;)
Disclaimer :
Les personnages et l'univers appartiennent à JK Rowling. Mais ce n'est pas parce que j'écris des fanfictions dans cet univers que je cautionne ses propos et son attitude transphobes, au contraire.
Prologue
Samedi 26 août 2000 — Drago
C'est la fin du mois d'août. Dans certains endroits du globe, pas si éloignés, le temps est chaud et lumineux. Ici il est horrible. Quel que soit le jour de l'année.
Le soleil est bas sur l'horizon et ne tardera pas à se fondre dans la mer. C'est bien le seul point positif de cet îlot totalement désert : une vue imprenable et fabuleuse sur les levers et couchers de soleil. Étant donné le peu que j'ai dormi ces deux dernières années, j'ai pu en observer des centaines. De fugaces moments de beauté dans mon environnement glauque et triste.
Resserrant le col de ma veste d'une main, je passe la lourde porte sécurisé de la prison et pose le pied sur le parvis. Je descends les marches qui se trouvent devant moi, bravant le froid, la pluie battante et les fortes rafales de vent. Je frissonne violemment, mais je poursuis mon chemin.
Mes premiers pas d'homme libre depuis deux ans me mènent rapidement sur une jetée, heureusement solide, mais atrocement glissante. Les embruns la rendent aussi dangereuse qu'un lac gelé au plein cœur de l'hiver. Je fais une pause pour regarder devant moi, à une vingtaine de mètres environ se distingue mon objectif : une maisonnette en pierre. La seule et unique entrée et sortie d'Azkaban se trouve là, férocement protégée par deux Aurors et deux gardiens, je m'en souviens très bien.
Je lance un dernier regard derrière moi : l'immense tour auréolée du soleil couchant ne me manquera pas.
Prenant mon courage à deux mains je m'élance sur la jetée de pierre, en prenant garde de rester bien au milieu, je ne souhaite pas rejoindre les roches acérées qui affleurent sous la surface de la mer du Nord. Luttant contre le vent, trempé jusqu'aux os dans ma veste légère, j'atteins la porte en bois en un temps record. Je l'ouvre et me jette presque à l'intérieur pour échapper à cet affreux climat.
J'y trouve les « sentinelles », comme les prisonniers appellent les Aurors et gardiens qui défendent ce lieu, un feu ronflant dans une immense cheminée et un visage connu. Au bruit de la porte, elle s'est retournée vers moi et son sourire ne ment pas : elle est heureuse de me voir. Et moi donc !
— Monsieur Malefoy !
Je me tourne vers l'homme qui m'a apostrophé. Un Auror vu sa tenue. Je me dirige vers le comptoir qui le sépare de moi.
Il me tend une boite en carton qui contient toutes mes possessions personnelles. Tout ce que j'avais avec moi lors de mon transfert ici et que j'ai dû laisser moisir en attendant ma sortie.
Un homme plus âgé, une grosse moustache sous son nez, en uniforme de gardien, me tend en même temps un parchemin et une plume. Je signe et le papier s'illumine.
— Vous avez rendez-vous lundi au Ministère, tout est indiqué là dessus, grommelle l'Auror en me donnant le document. Je vous conseille d'être à l'heure et de ne pas faire de vagues, sinon on vous reverra rapidement ici.
— D'accord, je souffle en me détournant.
Le carton sous le bras, le parchemin dans ma poche, je me dirige vers mon amie qui me tend déjà la main, pressée de m'emmener loin de cet endroit de cauchemars.
— Prêt ? me demande Pansy.
— Allons-y.
Un « crac » caractéristique accompagne notre disparition et la sensation du transplanage me retourne aussitôt l'estomac. Elle doit m'aider à rester sur mes deux pieds lors de notre arrivée, sans quoi je serai tombé. Je me plie légèrement en avant, la main sur le ventre, le cœur au bord des lèvres. Deux ans sans transplaner laissent visiblement quelques traces.
Je retrouve rapidement contenance et je la suis à l'intérieur de la maison. Elle est grande sans être immense. Cependant cela semble suffisant pour la colocation que mes amis partage.
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Lundi 28 août 2000 — Drago
Je sors de mon rendez-vous en conservant la tête haute et il me faut réunir toute ma concentration pour cela. Merci père, de m'avoir appris à garder contenance en toute circonstance. C'est bien le seul remerciement que je peux lui faire. J'attends d'être isolé dans l'ascenseur pour me laisser aller : mes mains tremblent un peu et une fine pellicule de sueur me couvre le corps.
J'arrive au niveau de l'atrium et je cherche Pansy du regard, elle m'a promis d'attendre près de l'accueil. Je la trouve rapidement puis la rejoins. Elle me demande de lui raconter l'entrevue tout en me prenant par le bras pour me diriger vers les cheminées.
— Honnêtement ? Horrible ! Mon agent de réinsertion est hautain et méprisant. Il a été très clair : je n'ai été libéré que grâce à ma conduite irréprochable et à condition que je montre des preuves de ma bonne volonté. S'il avait pu décider seul, j'y serai resté jusqu'à la fin de ma peine officielle. J'ai un an pour passer mes ASPIC et les réussir. Et ensuite je dois trouver un travail digne de ce nom ou prouver mon inscription en études supérieures magiques.
Pansy me tapote le bras pour me montrer son soutien. Puis, elle me pousse gentiment dans une des cheminées disponibles, m'y rejoint et prononce le nom de sa maison. Je me sens aussitôt aspiré.
— Tu as récupéré ta baguette ? me lance-t-elle à peine sortie de l'âtre.
J'époussette la suie de ma veste et relève le regard vers elle.
— Figure-toi qu'il ne l'avait pas. Je ne sais pas ce que Potter a pu en faire après me l'avoir arrachée des mains au Manoir. J'ai le droit d'en acheter une neuve ou d'en emprunter une, il n'était pas ravi que ce soit le cas, je t'assure ! Elle sera bridée et surveillée de toute façon, je ne vois pas ce que je pourrais faire de répréhensible.
— Nous irons au Chemin de Traverse cette après-midi, affirme mon amie. Tu verras, dès que tu auras de nouveau une baguette, tu te sentiras mieux.
La tête me tourne un instant. L'idée de me mêler à la foule ne me tente pas trop. Les regards des agents du Ministère m'ayant déjà fortement impacté ce matin.
— Aujourd'hui, tu es sûre ? Je pourrais peut-être me reposer quelques jours avant, non ?
— Certains d'entre nous ont une vie, Drago ! J'ai pris un congé pour t'accompagner au Ministère, alors profitons-en.
J'observe Pansy, elle n'est pas vraiment en colère. Je crois qu'elle essaye de me pousser pour ne pas me laisser sombrer. Je ne sais pas de quoi j'ai vraiment l'air, mais visiblement j'ai perdu du charisme et de l'autorité entre les murs d'Azkaban. Ce qui n'a rien d'étonnant.
Je décide de faire un effort, pour elle. Après tout, elle est en grande partie responsable de ma liberté conditionnelle : pour y avoir droit je devais avoir un endroit où loger et quelqu'un pour venir me chercher à la prison. Elle me l'a proposé dès que je lui ai parlé de ces exigences, il y a déjà six mois. Et elle a facilement convaincu les autres. Mes amis ont même dû montrer patte blanche au Ministère et subir tout un tas d'interrogatoires et visite de la maison par les Aurors. Pour vérifier que mon futur lieu de vie était convenable. Du moins qu'il convenait à leurs critères.
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Le soleil disparaît derrière les haies du jardinet de la maison de Pansy, Blaise et Théo. Depuis la petite fenêtre de ce qui est désormais ma chambre, je fixe d'un air absent les nuages illuminés de rose. Un coucher de soleil supplémentaire. Et je suis toujours vivant. Je devrais me sentir mieux qu'en prison. Mais ce n'est pas le cas. Je suppose qu'il faut du temps pour que mon corps et mon esprit comprennent que je suis de nouveau libre maintenant. Enfin, à peu près.
Je ferme le rideau et me détourne vers le lit. Ma « nouvelle » baguette y repose. Rien que la voir me déprime...
Évidemment, la sortie au Chemin de Traverse a été un calvaire. Les regards des gens sur moi étaient éloquents. Je ne sais pas s'ils m'ont reconnu comme étant un Malefoy, mais il est absolument certain que la coupe de cheveux réglementaire des prisonniers n'est pas passée inaperçue. Peu de sorciers les portent aussi court. Ils le sont tellement qu'ils sont presque invisibles à cause de leur couleur. Je glisse distraitement la main sur mon crâne en me souvenant du barbier d'Azkaban, venant tous les trois mois raser la tête de tous les résidents. Hommes et femmes sans distinction. Histoire de nous aider à nous réinsérer en société à la sortie...
La visite chez Ollivander a été un supplice. Revoir ce monsieur dans son échoppe m'a tordu le ventre de regrets et de honte. Quand je pense qu'il a été séquestré dans le sous-sol du Manoir pendant des mois. Et que j'ai laissé faire. Heureusement que les Gryffondor ont fini par se faire rafler et par réussir à s'échapper de chez nous, libérant leurs compagnons d'infortune, sinon je ne sais pas ce qu'il serait advenu de cet homme. Ou de la fille Lovegood. Si je suis honnête avec moi-même, j'ai une très bonne idée de ce qui se serait passé et Ollivander me hanterait comme tous les autres le font. Chaque jour et chaque nuit depuis les tortures et les assassinats. Surtout les nuits.
Sans oser le regarder dans les yeux, j'ai tendu le parchemin signé par l'agent de réinsertion.
— Les baguettes de « prêts » sont de ce côté, m'a-t-il dit sèchement en les désignant d'une main. Je ne peux vous vendre une baguette neuve avec autant de contraintes posées dessus, mais nous avons un lot destiné à cet usage. Vous viendrez la restituer quand le bridage sera levé. Mon assistant va vous montrer.
Dégoûté, j'ai essayé quelques baguettes et j'ai choisi celle qui semblait le moins hostile. C'est certain que je vais faire des étincelles aux ASPIC avec une merveille pareille... Je me demande sincèrement si le Ministère se rend compte de la difficulté de ce qui m'est demandé dans les conditions que l'on m'a accordées. Probablement que oui et que mon agent de réinsertion s'en délecte !
Après un peu de paperasse, et beaucoup trop d'argent à mon goût, Pansy m'a ramené à la maison sans prononcer un mot. Elle aussi était écœurée par la situation, je le voyais bien. Mais elle n'a rien dit, pour ne pas m'enfoncer.
Je chasse ces mauvais moments de ma journée et je respire profondément plusieurs fois, pour m'apaiser. Et j'appelle à moi quelques bons souvenirs, rares, mais précieux. Ainsi que j'ai appris à le faire ces dernières années, seule façon de ne pas devenir fou, enfermé entre quatre murs. Je sens mes muscles se détendre et mon cœur ralentir un peu. Ces exercices me font beaucoup de bien. Pour parfaire les choses, je prends une douche brûlante, savourant avec un infini bonheur ma peau qui pique sous la chaleur. Deux ans que je n'ai pas utilisé d'eau vraiment chaude. J'avais toujours négligé ce petit bonheur simple. J'avais tort. Sur beaucoup de points, j'avais tort.
Propre et sec, je descends rejoindre mes amis pour le dîner. Leurs voix me parviennent depuis le couloir dans lequel je reste quelques instants et cela me réchauffe le cœur d'entendre des rires. Cela fait deux ans que ce son a disparu de ma vie. Je réalise lentement que je suis sorti d'Azkaban. Enfin.
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Août 2000 — Harry
Je saisis la lettre et je renvoie le hibou d'où il est venu. Je sais déjà qui c'est et je jette le courrier sur ma table, avec les précédents. Et je retourne au lit en grognant.
J'émerge des heures plus tard, le soleil ne doit pas être loin de se coucher. Ma tête pulse violemment, je me sens nauséeux. Je me traîne jusqu'à la salle de bain pour vomir. Les spasmes de mon estomac me font mal et le liquide acide me brûle la gorge. Merlin, je regrette amèrement d'avoir autant bu hier.
Je tire la chasse, me rafraîchit le visage et la bouche. Puis je fouille dans les placards et trouve avec soulagement une fiole pour la gueule de bois. J'ai une pensée pour Ron, qui doit être un état similaire, mais qui n'a sûrement pas ce genre de chose sous la main pour se soulager. Le pauvre.
La potion fait rapidement effet, je prends une douche et je me rends dans le salon pour ouvrir le courrier arrivé plus tôt dans la journée. C'est Hermione, comme je m'en doutais. En revanche le contenu me surprend. Je m'attendais à trouver une énième lettre pour m'inciter à accepter la formation. À la place, elle me passe un savon à propos de notre soirée. J'avoue que je compatis, Ron avec la gueule de bois est vraiment très pénible. Heureusement qu'il n'est pas resté chez moi.
Incapable de manger quoi que ce soit, je me fais un déca que je déguste lentement. En réfléchissant.
Finalement je décide de faire face à mes conneries. C'est ce que mon psymage me conseillerait.
Des flammes vertes et un gros « vrouf » annoncent mon arrivée chez mes amis. Hermione est déjà dans la pièce, pas spécialement surprise de me voir. Elle fait la gueule et je la comprends.
— Tu as une mine affreuse Harry.
— Merci Hermione. Bonjour à toi aussi.
Elle fait la moue et elle semble hésiter. Avant de finalement venir m'enlacer.
— Vous êtes vraiment deux grands idiots, me dit-elle en me guidant jusqu'à la cuisine.
— Je sais, désolé.
Elle a conscience que mes excuses sont surtout là pour lui faire plaisir. Je ne suis pas si désolé que ça. Après tout j'ai 20 ans depuis quelques jours seulement, j'ai bien le droit de me comporter comme un idiot. Ce n'est pas comme si j'en avais eu l'occasion quand j'étais plus jeune.
Ron est affalé sur la table de leur petite cuisine, la tête retenue par l'une de ses mains. Un verre est posé près de lui, à moitié rempli d'une substance suspecte qui fait des bulles. Je vais m'asseoir face à lui et il me salue vaguement du regard. Hermione s'installe à mes côtés.
— Je suppose que votre petite fête entre mecs s'est bien passée ? ironise-t-elle. Les autres aussi sont dans cet état ou vous êtes les seuls ?
Je me replonge dans la soirée qui s'est terminée au petit matin. Je souris à la pensée que tout le groupe a probablement la même tête que nous à cette heure. Sauf Seamus peut-être, il n'a pas beaucoup bu. Mes amis m'ont fait une surprise et m'ont emmené fêter mon anniversaire entre copains dans des bars moldus. C'est Dean qui a eu l'idée apparemment et qui a réussi à convaincre tout le monde. En tout cas nous avons bien rigolé, c'est à peu près tout ce dont je me souviens vraiment.
Je hoche la tête vers Hermione pour répondre à sa question.
— Tu ne lui as pas donné la potion, n'est-ce pas ?
— Il doit assumer ses bêtises. Et tu devrais aussi, Harry.
— C'est pour ça que je suis là. Je ne voulais pas te laisser seule avec Ron. Il peut être vraiment pénible quand il cuve...
Mon meilleur ami réagit à ma pique en grognant.
— Désolé, mec, mais tu sais que c'est vrai.
Le pauvre Ron ne peut que grommeler que j'ai raison, le teint livide. Il sirote lentement et avec peine le liquide pétillant. Certainement un analgésique moldu. Je reste silencieux, n'ayant rien de particulier à dire. Je suis venue soutenir mes amis, mais je suis quand même encore bien crevé de ma nuit blanche, les quelques heures de sommeil n'ont pas suffi. Malheureusement pour moi, Hermione décide que je ne me suis pas déplacé pour rien et elle enchaîne sur son sujet préféré du moment.
— Alors, tu as réfléchi à la formation, Harry ?
— Pas plus que la dernière fois que tu m'as posé la question, Hermy. Je ne suis pas tout à fait sûr que ce soit une bonne idée.
— Pourtant c'était ton choix, il y a des années déjà ! Et tu as passé tes ASPIC exprès dans cette optique.
— Mais comment est-on vraiment certain de la carrière que nous voulons poursuivre ?
Je me pose honnêtement la question. Nous sommes tout de même très jeunes pour décider quoi faire de nos vies. Sachant que l'on nous demande de nous orienter dès la cinquième année. Ce n'est pas un âge adapté pour faire des choix qui vont impacter toute notre carrière. Ceci dit, ce n'est pas non plus un âge adapté pour tenter de survivre aux attaques d'un mage noir cruel et paranoïaque. Et pourtant j'y suis parvenu.
— En tout cas, tu es doué pour ça, Harry, c'est indéniable.
— Si tu le dis...
— Tu oublies les cours de l'A.D. Tu étais dans ton élément et tu le sais parfaitement ! Et puis que pourrais-tu faire d'autre ?
— Du Quidditch ? je lance à tout hasard. Je me débrouille pas trop mal.
— J'approuve, marmonne Ron, soudain un peu plus alerte.
Hermione tourne la tête vers lui. Ron a le teint si pâle que le mur blanc derrière lui paraît foncé. Son visage est maintenant déformé par une expression peu avenante, il semble presque agoniser. Il court maladroitement pour sortir de la cuisine et nous l'entendons vomir dans les toilettes du couloir. Je grimace, écœuré, mais je me tais. Je suis en partie responsable de son état quand même. Je ne me souviens pas de tout, mais j'ai incité très fortement mes camarades à totalement se lâcher, payant toutes les boissons. Autant que ma fortune serve à quelque chose, non ?
Il n'y a plus aucun bruit depuis un moment alors Hermione va vérifier si son petit-ami n'est pas tombé dans les vapes. Au final elle me rejoint quinze minutes plus tard, m'expliquant qu'elle l'a mis au lit puisqu'il ne tenait pas debout.
— Il ira mieux demain, j'assure avec un sourire d'excuses.
— Je sais bien. Mais parfois, je me sens désespérée par vos initiatives immatures et irréfléchies. Comment avez-vous pu penser que faire la tournée des bars de Londres était une bonne idée ?
— C'était celle de Dean !
Hermione soupire et se relève pour faire un thé. Elle nous sert une tasse et je souffle distraitement sur le liquide brûlant afin de le refroidir. Je déteste le thé trop chaud.
— Tu étais sérieux quand tu as suggéré de t'orienter vers le Quidditch ?
— Pas vraiment, mais c'est pas une si mauvaise idée je trouve. J'aime ça, voler. Et je suis bon.
— Pour le tournoi de Poudlard, tu étais excellent. Mais penses-tu être au niveau pour jouer dans une équipe professionnelle ?
— Je n'en sais rien. Je pourrais essayer ?
L'espoir palpite en moi. J'avais parlé du Quidditch tout à fait par hasard, n'ayant pas la moindre idée de ce que je pourrais faire si je ne suis pas Auror. Pourtant, plus j'y pense et moins cela me semble irréalisable. Pourquoi pas, après tout ? Je ne risque pas grand-chose à essayer.
— Tu pourrais, en effet. Les sélections ont lieu l'été si je ne trompe pas ? Nous sommes dans la bonne période.
— Alors tu soutiens mon idée ? Pas trop immature et irréfléchi ?
— Je veux juste que tu sois heureux dans ce que tu fais, Harry, répond-elle en levant un peu les yeux au ciel.
Elle me sourit. Un sourire doux et aimant. Comme une meilleure amie avec qui l'on a vécu des choses horribles, qui nous ont rapprochés au point qu'on ne peut plus se passer de l'autre. C'est notre cas à tous les trois, même si Hermione et Ron partagent des sentiments différents d'avec moi. Nous ne pouvons pas vivre sans les autres et personne ne peut vraiment comprendre ce que nous avons subi pendant la chasse aux Horcruxes. Elle reprend la parole.
— Envoie quand même ta demande pour la formation d'Auror, au cas où. Et puis Ron et Neville seraient probablement déçus si tu ne fais pas la formation avec eux.
— Je vais faire ça. Merci Hermione.
J'attrape sa main et la serre brièvement. Encore une chose que personne ne peut comprendre en dehors de notre trio. Nous avons besoin de nous sentir physiquement, souvent. Ça peut paraître étrange, mais je suis certain que je ne partagerai jamais cette complicité extrême, ce besoin de présence, avec qui que ce soit d'autre qu'avec Hermione et Ron. Même pas avec Ginny. Pourtant je l'aime profondément, mais ce n'est pas pareil. Il y a des choses qu'elle ne saisira jamais, même si je pourrais difficilement trouver quelqu'un de plus compréhensif vis-à-vis de mes blocages au quotidien. Elle aussi a vécu des moments compliqués pendant cette guerre et avec le journal de Jedusor. Toute notre génération a été sacrifiée sur l'autel de la violence.
— Allez, rentre chez toi. Tu as une tête à faire peur, Harry.
J'obéis, n'ayant pas envie de subir les foudres de ma meilleure amie. Je retourne chez moi comme je suis arrivé, par la Cheminette. Et je réalise qu'elle a réussi l'exploit de me faire accepter l'idée d'envoyer mon dossier pour la formation d'Auror. Alors que je ne voulais pas le faire. Je soupire, elle est quand même très forte.
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J'ai tout essayé. Toutes les équipes qui cherchaient un nouveau membre. J'ai passé plusieurs sélections. Ça n'a pas été couronné de succès.
Déjà, j'ai dû éliminer de moi-même trois des équipes qui étaient pourtant prêtes à m'accueillir. Les joueurs et joueuses, l'entraîneur, le président du club, tous m'adulaient tellement que j'ai fui. Impossible de travailler avec des gens qui ne souhaitent même pas me laisser monter sur un balai pour tester mes capacités. Je ne veux pas être sélectionné juste parce que je m'appelle Harry Potter.
Ensuite deux équipes m'ont fait voler, au même titre que les autres candidats. Visiblement je ne suis pas assez bon pour être joueur professionnel. L'une m'a proposé un poste de remplaçant, mais j'ai appris que l'entraînement du « groupe de secours » se déroule à part de l'équipe officielle. Je ne suis pas certain de vouloir accepter ça.
La dernière équipe était satisfaite de mes performances. Mais c'est aussi la plus mal classée du tournoi : les Canons de Chudley. Ron était hystérique quand il a su que j'allais voler pour leurs sélections. Mais il a vite déchanté, le président du club a mis son veto et a refusé de me prendre, contre l'avis de l'entraîneur. Il ne veut pas d'un « héros » qui éclipsera le potentiel des autres joueurs.
Je dois me faire une raison, cette carrière n'est pas pour moi. En tout cas pas tout de suite. J'ai une pensée pour mon père, qui jouait aussi chez Gryffondor pendant sa scolarité. Est-ce qu'il aurait été fier de moi malgré ces échecs ? Je l'espère. Je l'imagine me sourire et me prendre dans ses bras pour soulager ma déception. Mon cœur se serre, cela fait toujours aussi mal de ne jamais avoir connu ça.
Je repousse mes pensées et essuie les quelques larmes qui ont glissé sur mes joues. Je relis une nouvelle fois le parchemin posé sur la table depuis plus d'une semaine. Ma candidature pour l'école des Aurors est acceptée. Je n'ai qu'à renvoyer le document avec ma signature pour que celle-ci soit enregistrée.
Je réfléchis encore un peu. Ron et Neville ont déjà signé, eux. Hermione sera aussi au Ministère, dans un autre service. D'autres amis également, éparpillés à droite et à gauche. Je ne serai pas seul au milieu de l'inconnu. Et puis, ma meilleure amie a raison, je suis doué pour arrêter les « méchants » visiblement, cela doit bien vouloir dire quelque chose ?
Mon psymage m'encourage régulièrement à prendre des décisions, parce que c'est quelque chose que j'ai maintenant du mal à faire. Il croit que c'est à cause des choix difficiles que j'ai été obligé de faire dans ma jeunesse. Je repense à notre dernière séance, nous avions parlé de ma carrière. Évidemment, il ne m'a jamais dit ce que je devais faire, mais il m'a donné des clés pour faire le bon choix.
Je soupire et je signe le parchemin. Je ne suis pas parfaitement certain de ma décision, mais au moins elle ne décevra personne d'autre que moi. C'est déjà ça.
