Bonjour,

Merci beaucoup pour vos marques d'intérêt pour cette histoire, dont voici la suite. Un chapitre un peu plus court, mais c'est peut-être mieux comme ça...

Bonne lecture (et encore une fois : bon courage).


Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masami Kurumada (avec toutes mes excuses)


Chapitre 3 : Welcome to the Jungle

Dimanche 31 mai, Camping Le Zodiaque, au cœur des Landes françaises

Dohko de la Balance se sentait plutôt rassuré. Leur première grosse réunion depuis l'ouverture du Zodiaque une dizaine de jours plus tôt ne s'était pas trop mal déroulée, et tous les participants semblaient avoir pris leur marque. Plus ou moins. Bon d'accord… peut-être moins que plus.

Un rapide tour de table pour récolter les impressions des uns et des autres s'était soldé par une accumulation de doléances variées mais toutes centrées autour d'un constat identique : les clients étaient des casse-pieds. Ils en demandaient toujours plus et n'étaient que rarement satisfaits. Les douches n'étaient jamais assez chaudes et ne sentaient jamais assez bons. Les pizzas n'étaient jamais assez garnies et le service toujours beaucoup trop long. Les verres n'étaient jamais assez pleins et la musique toujours beaucoup trop forte. Jamais assez. Toujours trop. Bref, certains parmi eux commençaient déjà à en avoir ras l'armure, et ils n'avaient même pas encore accueilli les touristes du mois d'août.

Face à ce délicat constat, Saori, en réincarnation dévouée d'une Déesse aimante et à l'écoute, avait tenté de rasséréner l'ensemble de ses troupes. Elle avait insisté sur le fait qu'ils accomplissaient tous un travail irréprochable et qu'ils avaient simplement besoin de temps pour s'adapter à leurs nouvelles fonctions et à leur nouvelle vie. Par ailleurs, il était établi que la clientèle hors-saison était particulièrement exigeante. Alors il ne fallait pas se sentir découragés par quelques critiques isolées et pas toujours totalement justifiées. Enfin à une ou deux exceptions près.

Car un chevalier s'était tout de même fait remettre les pendules à l'heure. Angelo du Cancer, qui n'avait rien trouvé de mieux que de foutre une peur bleue à une demi-douzaine de bambins en leur chantant une comptine à la gloire de Yomotsu. Avec l'accent italien en sus.

Mais ce petit couac mis à part, il était presque possible de dire que ces premiers jours d'ouverture s'étaient globalement déroulés de manière acceptable. Le Zodiaque n'affichait pas complet, en cette saison cela aurait de toute façon été surprenant, mais les clients ne fuyaient pas dès la première nuitée, ce qui en soit était déjà une réussite.

En entendant la voix de sa bien-aimée Déesse déclarer cette première réunion ajournée, Dohko frappa dans ses mains et s'exclama avec toute l'autorité accordée par ses deux cent soixante-sept printemps :

« Bon allez, venez tous boire un coup. Je crois que nous l'avons bien mérité !

- Excellente idée, approuva la très sage Athéna. Et d'ailleurs Dohko je t'en prie, n'encaisse pas un centime ce soir. Je tiens à offrir l'ensemble des consommations à tous mes chevaliers.

- Vos protecteurs vous remercient, Déesse, et saluent votre infinie bonté, répondit le Chinois qui se garda bien toutefois de préciser qu'il trouvait que cette généreuse attention était en définitive la moindre des choses.

- Mais enfin, et les vacanciers ?! Qui prendra soin d'eux si nous sommes tous occupés à converser et à nous désaltérer ? s'insurgea Saga en manager fraîchement nommé, mais déjà entièrement dévoué à la satisfaction clientèle. Je sais que le dimanche est traditionnellement une journée assez calme lorsque les campeurs sont encore peu nombreux, mais tout de même.

- Ne t'inquiète pas pour ça, rassura le doyen des chevaliers. Je me chargerai de répondre comme il se doit aux attentes de tous ceux qui se présenteront au bar. Cela te convient-il ainsi ?

- Dans la mesure où tu t'engages à rester suffisamment disponible pour les clients qui viendront passer commande, oui, cela me convient, acquiesça le Gémeaux qui prenait visiblement très à cœur son rôle de bras droit de Saori à la direction du Zodiaque. De là à déceler le besoin inconscient de rattraper un quelconque mauvais comportement passé, il n'y avait qu'un pas. Riquiqui tout mini.

- Bien entendu ! Je serai à l'affût et efficace. Multi-fonctions et multi-tâches, comme mon armure ! répliqua avec enthousiasme le porteur de l'unique couteau-suisse zodiacal.

- Dohko, je constate avec plaisir que tu sembles déjà pleinement investi dans ton job de barman en chef, remarqua Angelo que la perspective d'un Vieux Maître œuvrant à la préparation de cocktails rendait à la fois perplexe et curieux.

- Tout à fait, petit scarabée, rétorqua la Balance tandis qu'il croisait avec calme et sérénité ses mains derrière la tête. D'ailleurs n'oublie pas cet adage ancestral : Qui apaise la soif de voyageurs égarés s'assure la poursuite d'un périple sans danger. »

Sur cette assertion proverbiale d'origine totalement inconnue, les chevaliers se dirigèrent d'un pas étonnamment discipliné vers le bar du camping. A l'exception du Cancer qui resta un instant sans bouger, plongé dans une profonde réflexion concernant le pourquoi du petit scarabée. Son aîné devenait-il sénile au point de confondre la carapace d'un insecte avec celle d'un crustacé ? Ou était-ce là une référence à une quelconque private joke dont l'Italien serait la victime ? Un mystère qui n'eut bientôt plus la moindre importance dans l'esprit d'Angelo, ce dernier ne songeant déjà plus qu'au premier verre de whisky qu'il sentirait couler dans sa gorge.

oOoOoOo

Shaina de l'Ophiuchus observait ses congénères en faisant tourner entre ses doigts le parapluie multicolore qui décorait son cocktail. Un rhum ambré spécialement arrangé pour elle par Dohko, dont la saveur épicée satisfaisait pleinement ses papilles. Le mélange, subtile combinaison de badiane et de girofle, pouvait au premier abord paraître un peu étonnant, mais il était tout à fait intéressant. Intense et efficace. Inattendu et électrique. Une boisson qui convenait à merveille au caractère de la jeune femme, et qui de plus s'avérait particulièrement opportune pour terminer une dure journée de service sous le soleil.

Dire que deux mois auparavant, ils se trouvaient tous encore au Sanctuaire, prisonniers d'une routine ennuyeuse qui ne leur offrait que bien peu de perspectives. Et aujourd'hui, ils étaient ici, au Zodiaque, camping quatre étoiles récemment rénové, idéalement situé entre pins maritimes et plage de sable doré. Un établissement où ils étaient voués à répondre aux desiderata de vacanciers obsédés par une chose et une seule : leur satisfaction personnelle.

Shaina s'était plusieurs fois surprise à les dévisager en se demandant si un seul parmi eux imaginait ce à quoi ils avaient échappé quelques années plus tôt. Si un seul d'entre eux se doutait qu'ils devaient chaque seconde passée les doigts de pied en éventail à ceux qui se mettaient aujourd'hui à leur service. Bien sûr que non. Ils n'en avaient pas la moindre idée. Ils ne suspectaient rien et n'avaient rien compris. Comment auraient-ils pu ?

Cette réflexion contraria un instant l'Italienne, qui décida de replonger dans les saveurs de son cocktail. Après tout, elle était ici pour se détendre et non pas pour ruminer de sombres pensées liées à un passé depuis longtemps révolu. Elle but plusieurs gorgées de ce rhum qu'elle trouvait délicieux, puis reporta son attention sur celui qui l'avait préparé.

Shaker dans la main droite, bouteille de Cointreau dans la main gauche, Dohko semblait tellement dans son élément derrière le bar qu'il était difficile de croire qu'il avait passé plus de deux siècles sans bouger au pied d'une grande cascade. Il se payait même le luxe de réaliser des figures compliquées pour épater les vacanciers, qui devaient bien se demander comment leur barman s'y prenait pour ne jamais verser la moindre goutte à côté. Nul doute que la Balance ne se privait pas d'utiliser l'ensemble de ses sens pour se prêter à cet exercice. Cela dit, la technicité et le côté artistique de sa prestation suggéraient de longues heures d'entraînement. Ou alors le visionnage répété d'un certain film à succès.

Une fois sa boisson terminée, Shaina se rapprocha du bar pour déposer son verre sur le comptoir. Elle y rejoignit Milo, Kanon et Camus qui conversaient bruyamment. Enfin surtout les deux premiers, le troisième se contentant de les écouter en sirotant une vodka pamplemousse.

« Alors Shaina, que penses-tu des talents insoupçonnés du Vieux Maître ? Plutôt étonnants, non ? s'exclama le Scorpion en se tournant vers l'Ophiuchus.

- C'est vrai que je l'aurais probablement pas imaginé aussi agile un shaker à la main, répondit l'Italienne. Mais j'ai l'impression que plusieurs parmi nous cachaient de nombreux talents cachés.

- Pas faux ! Regarde Kanon, par exemple. Qui eût cru qu'il aurait le pouvoir d'attirer à lui comme un aimant tout ce qui porte un maillot ?

- Alors là, t'en rajoute Milo ! rétorqua le concerné.

- Pas du tout ! Il y a la queue chaque matin devant le portillon de la piscine. Et la foule y est particulièrement éclectique. Tout âge et tout genre confondus.

- Pfou, n'importe quoi !

- C'est vrai que j'exagère un peu. Pour l'âge. La moyenne tourne plus autour de la cinquantaine que de la vingtaine, précisa l'arachnide en moqueur tatillon.

- Jaloux ! s'exclama le Dragon tombeur des Sept Mers. T'es frustré parce que t'as pas autant de groupies devant tes platines !

- Ne t'en fais pas pour moi ! Perso tout ce que je demande, c'est qu'on apprécie mon travail d'artiste, rétorqua avec emphase le tout nouveau disc-jockey.

- Mais bien sûr, Milo ! Cela dit, pour en revenir à ta remarque concernant l'âge supposément élevé des habitués de ma piscine : tu noteras que cette asymétrie dans la distribution des âges est tout à fait naturelle étant donné la clientèle actuelle. En hors-saison, la proportion de retraités est significativement plus élevée que pendant l'été. T'auras qu'à refaire tes petits calculs dans quelques semaines et on verra !

- Ah là, je sens que je t'ai vexé ! constata le Scorpion.

- Absolument pas ! Et puis je te rappelle que si pour toi seul le côté artistique de tes prestations revêt une réelle importance, une seule chose compte à mes yeux : le bien-être et la sécurité des nageurs !

- Évidemment. Loin de moi l'idée de critiquer ton sens aigu du devoir. Tu es un maître-nageur-sauveteur irréprochable.

- Merci Milo.

- De rien Kanon.

- Bon ça va, vous avez terminé tous les deux ? interrompit Shaina qui n'avait pas pu placer un mot au milieu de cette conversation hautement constructive.

- Oui, oui. Pardon pour cette parenthèse inutile, s'amenda le plus jeune des deux grecs ici présents. Et toi alors Shaina ? Pas trop difficile de servir des boissons à tous ces assoiffés à longueur de journée ?

- Pour l'instant ça va. Enfin disons que j'ai pas encore été prise de besoins d'électrocutions incontrôlées.

- Tant mieux ! Parce que faudrait pas oublier qu'on a un objectif à atteindre, hein. N'est-ce pas Camus ?

- Tout à fait Milo, approuva le Verseau.

- C'est quoi cette histoire d'objectif ? interrogea Kanon qui n'avait visiblement pas été très attentif lors des dernières réunions.

- Ben le fameux palmarès des Tongs d'Or ! expliqua le Scorpion.

- Le fameux palmarès des quoi ?!

- Des Tongs d'Or, répéta Milo en pointant un doigt accusateur en direction du Gémeaux. Oh toi, t'as pas bien écouté ta Déesse ! C'est pas bien ça dis donc !

- Mince, je suis démasqué ! Faut dire que j'ai jamais trop eu l'habitude des longues réunions.

- Ben c'est sûr que c'est pas pendant tes années au pays des calamars et des sardines que t'as dû te taper des meetings à rallonge, observa l'Ophiuchus qui ne ratait jamais l'occasion d'asséner une bonne répartie. Ou alors, poursuivit-elle, il aurait fallu que tu sois un sacré ventriloque pour incarner en même temps ton Dieu de l'époque endormi dans son armure, et le Dragon dont tu avais si joliment usurpé l'identité.

- Alors celle-là, elle est bien envoyée, Shaina ! s'exclama le Scorpion qui appréciait toujours avec grand plaisir les petits pics de la jeune femme. Ça en plus de tout le reste de sa personne, les deux chevaliers s'étant par le passé plusieurs fois retrouvés pour occuper conjointement leurs longues soirées d'hiver.

- Eh oh ! J'avais usurpé l'identité de personne ! s'offusqua l'unique spécimen jamais identifié de chimère Marina-Chevalier. Et pour votre gouverne à tous les deux, mon écaille m'avait choisi, et elle s'est jamais plainte de l'avoir fait !

- Certes Kanon, mais pour la manipulation divine, tu ne peux rien nier, précisa Camus en rompant ainsi son silence attentif. Car l'absence de paroles du Verseau ne minimisait en rien sa capacité à suivre le moindre détail de toute conversation, quel que fût l'intérêt qu'il portât dans le sujet abordé.

- Bon puisque vous semblez tous avoir décidé que ce soir serait ma fête, commandez-moi donc un verre ! Tequila Sunrise. Pour changer du Blue Lagoon.

- C'est pas bien de faire des mélanges, Kanon !

- T'inquiète pas pour moi, Milo ! Je suis loin d'être aussi sensible que toi à l'alcool ! Rappelle-moi qui c'est qui a été malade la dernière fois ?

- Ouais bon, ça va. J'avais simplement mangé un truc qui avait du mal à passer, expliqua le gardien du Huitième soucieux de maintenir tout le panache de sa réputation.

- C'est ça, cherche-toi une excuse !

- Je te jure ! Je suis d'ailleurs quasiment certain que c'était des moules (1). Je sais pas mais… je me demande si je suis pas allergique à ces machins. Une fois ça m'a même collé de l'urticaire.

- C'est juste Milo, je m'en souviens parfaitement, approuva Camus en relevant un sourcil (fourchu). Tu étais devenu subitement rubicond, et ta langue avait tellement gonflé que tu ne pouvais plus prononcer un mot.

- Eh ben, ça devait faire des vacances ! Et en parlant de vacances… A la vôtre et à la santé de tous nos vacanciers ! » conclut le Gémeaux en portant à ses lèvres la Tequila Sunrise que Shaina avait eu la gentillesse de commander.

Le Scorpion, le Verseau et l'Ophiuchus en firent autant avec leurs verres respectifs. Tout ça sous le regard attendri de Dohko, heureux de constater à quel point des cocktails préparés avec amour et un certain degré de savoir-faire pouvaient améliorer l'humeur de ses congénères.

Comme quoi… Shion avait finalement bien fait d'insister pour qu'ils regardassent (ndla : criii ! pardon pour la dissonance) cette comédie romantique avant son départ du Sanctuaire. Avec cet acteur américain qui faisait craquer tout Hollywood – ainsi que le Grand Pope – depuis son rôle d'aviateur rebelle et beau gosse. Comment il s'appelait déjà celui-là ? Ah oui. Tom Cruuiiiseuh.

Bah… Quand Shion viendrait faire son tour d'inspection au Zodiaque – parce qu'il était évident que celui-ci ne pourrait pas résister à la tentation de venir contrôler le bon fonctionnement de toute cette entreprise – ce Tom machin-chose n'aurait plus qu'à aller se rhabiller. Car ce minus en chemise hawaïenne ne ferait plus le poids à côté de Dohko de la Balance, grand Maître ès cocktails et sourire éclatant. Enfin grand… Tout était question de point de vue.


Quelques heures plus tard, dans les allées du Zodiaque réservées au personnel

Trois hommes marchaient d'un pas fier et droit − enfin droit… aussi droit que possible − en discutant à voix basse. Enfin à voix basse… façon de parler.

« Eh ben, ça fait du bien !

- Moins fort Angelo ! Y'en a qui dorme !

- M'en fous ! Et puis qu'est-ce que tu crains, Shura ? Que Saga vienne nous botter l'arrière-train ?! Ça risque pas d'arriver ! Il est devenu doux comme un agneau. Et encore… j'suis sûr qu'un agneau se montrerait beaucoup plus agressif. Y a qu'à voir la branlée que Mû nous a mise à Aphro et à moi la dernière fois qu'on s'est rappliqué dans son temple sans y avoir été invités.

- C'est vrai qu'on aurait dû se méfier de l'agn'Eau qui dort, fit remarquer Aphrodite en levant un doigt en l'air pour souligner l'à-propos de son bon mot. Cela dit, je te rappelle que Saga a longtemps été sujet à de sacrées sautes d'humeur. Alors mieux vaut rester prudents !

- Pfou, vous êtes que des trouillards ! vociféra le Cancer. Y'a rien à craindre, j'vous dis. Et puis, j'ai pas peur de lui ! Son explosion galactique, il peut se la mettre où j'pense !

- Ben voyons ! Mon Lolo, je crois qu'il est l'heure pour toi d'aller au dodo ! affirma le Poissons dont la lucidité n'avait d'égale que son sens aigu du bon goût et des répliques assassines.

- J'ai pas sommeil ! s'indigna l'Italien.

- Oui, mais il se fait tard. Et n'oublie pas que demain matin, t'as toute une bande de joyeux petits bambins qui t'attend dès neuf heures, fit remarquer l'Espagnol qui, en tant que responsable de la maintenance et de l'organisation générale du camping, connaissait le planning de chaque employé sur le bout des doigts.

- Oh buona madre ! Perché io ?! (2) geignit l'Italien. Non mais comment le vieux a pu m'imposer un tel enfer ?!

- Parce que t'as pas daigné proposer tes services pour un autre genre de boulot, répondit Aphrodite. Je te l'avais pourtant dit : Lolo, pense à remplir le tableau, sinon tu vas te retrouver à ramasser les poubelles !

- Ben j'aurais préféré ! Et Par La Déesse, Aphro, arrête de m'appeler Lolo ! s'époumona le Cancer.

- Bon, vous allez pas la fermer tous les trois ?! Y'en a qui essaie de dormir ici !

- Mierda !… J'vous avais bien dit qu'on allait finir par se faire repérer, marmonna le Capricorne.

- C'est qui qui nous a captés ? J'arrive pas à voir avec ces lampadaires qui m'en foutent plein les yeux, vitupéra Angelo.

- Je sais pas… Étant donné l'accent et la tonalité de la voix, je dirais que c'est Aiolia, supputa Aphrodite.

- Oui c'est Aiolia ! Et si vous vous taisez pas dans la minute, vous n'aurez plus aucun problème à reconnaître les Lightnings de mon Plasma !

- Fichtre, on a agacé le chaton ! s'amusa le Poissons.

- N'en rajoute pas, Aphro ! C'est bon Aiolia, pas la peine de t'énerver, on va se coucher, tenta de rassurer le gardien du Dixième. Allez, bonne nuit !

- Ouais… Bonne nuit également ! Mais je vous garde à l'œil, ajouta le Lion en refermant le zip de sa canadienne d'un coup sec.

- Bon allez les gars, cette fois-ci au dodo ! enjoignit Aphrodite.

- Nan ! Pas avant d'avoir fumé ma petite clope du soir ! Shura, tu m'en passes une ? J'ai fini mon paquet avec mon dernier verre de whisky.

- Comme tu veux. Mais j'te préviens, j'ai plus que des Fortunas.

- Beurk ! Mais tant pis. Au point où j'en suis, ça fera bien l'affaire ! Et tu pourras me filer ton briquet aussi, per favore ?

- Carajo ! Angelo, t'as vraiment que la gueule pour fumer !

- Ouais. Mais quelle belle gueule ! Tu trouves pas ? »

Pour toute réponse, le Capricorne se contenta de tendre cigarette et briquet à son ami. Mais il ne put toutefois réfréner une pensée parasite qui vint surgir dans un coin de son esprit fatigué et embrumé par l'alcool :

Oh que si ! Et t'as pas idée à quel point.


Au même moment, dans la cabine téléphonique située à l'entrée du Zodiaque

« Shi-shounet, j'te réveille pas ?

- D'après toi ? Il est trois heures du matin, Dohko !

- Ah mince, on a changé d'heure ?

- Non. Il y a simplement une heure de décalage horaire entre la France et la Grèce.

- Oh pardon, j'avais complètement oublié !

- En même temps, ça ne change pas grand-chose… Pourquoi m'appelles-tu au beau milieu de la nuit ?

- Tu me manques, mon Shi-shounet !

- Oh toi, tu as encore abusé de l'alcool de riz !

- Nan ! Y'a même pas d'alcool de riz dans les étagères de mon bar. Par contre y'a du rhum, et j'peux te dire qu'il est délicieuuux !

- Peu importe. Dohko, il est tard, tu es ivre, et tu as besoin de sommeil. Va donc te coucher.

- Oui, mais j'ai a-asbolument besoin te parler avant !

- Ah. Et que souhaites-tu donc me dire de si urgent qui ne puisse attendre demain matin ?

- Je veux te demander quelque chose de trèèès z'important !

- Quoi donc ?

- Tu me préfères moi ou ce minus de Tom Cruuiiseuh ?!

- Bon, Dohko, tu dis n'importe quoi ! Raccroche donc ce maudit téléphone, et va au lit !

- Réponds-moi d'abord, Shi-shounet ! J'ai besoin de savoir ! Parce que tu sais que maintenant, je me débrouille encore mieux que lui pour préparer des cocktaiiils. Tout le monde est absolument épastouflés ici tu sais.

- Époustouflés.

- C'est ce que j'ai dit.

- Presque. Et je ne doute pas une seconde de l'ardeur que tu dois mettre à la tâche.

- Alors… dis-moi que tu m'aimes moi, et pas lui !

- Tu as vraiment besoin de l'entendre ?

- Oui !

- Et après, tu me laisseras retourner dormir ?

- Promis !

- Alors oui, évidemment. C'est toi que j'aime et pas cet acteur américain que je n'ai jamais vu.

- Merci mon Shi-shounet ! Je t'aimeeeuh aussi tu sais !

- Oui, je sais. Allez, bonne nuit Dohko, et à bientôt !

- Bonne nuit mon amouuur ! Et fais de beaux rêves ! »

Sur ces derniers mots imprégnés de sentiments amoureux et de nombreux degrés d'alcool, Dohko de la Balance reposa le combiné et sortit de la cabine. Puis il s'en retourna soulagé et heureux vers l'emplacement 10A où se trouvaient son matelas et son duvet, pour plonger dans un sommeil amplement mérité après ces premiers jours passés dans leur toute nouvelle Jungle zodiacale.


A suivre…

Merci pour votre lecture.

Référence pour le titre du chapitre 3 : Welcome to the Jungle, Guns N' Roses, 1987 (Alaiya, si tu passes par ici, celui-là, il est pour toi !).


Notes :

(1) Petit clin d'œil à la si savoureuse fic 'Vacances improvisées' de Millenium d'argent dans laquelle Milo est allergique aux moules. Parce que ce passage m'avait vraiment fait hurler de rire !

(2) Oh bonne mère ! Pourquoi moi ? (en italien)

L'abus d'alcool est dangereux pour la santé.