Chers lecteurs,
Cimer (as usual) pour vos commentaires. Meranath nous a rejoints, on l'applaudit.
J'ai encore des chapitres d'avance mais Nictocris ne les a point encore corrigés. Bien entendu, ça ne saurait tarder.
Portez-vous bien, faites attention, le scroutt est un animal sauvage qu'on ne peut pas domestiquer, à bientôt,
Al
« Malefoy. »
Tiens. Ça n'avait pas tardé. Drago avait pensé que Potter prendrait trois jours à se rendre compte qu'il s'était fait rouler dans la bouse de dragon.
Apparemment, il ne fallait pas sous-estimer le héros du monde sorcier : en deux heures, c'était plié.
« Malefoy ! »
Cette fois, Drago ne pouvait plus faire comme s'il ne l'avait pas entendu.
Il s'arrêta dans le couloir et attendit que Potter arrive jusqu'à lui. Il garda la nuque très droite et afficha son plus beau sourire mesquin.
« Malefoy !
- Potter, je sais comment je m'appelle, merci.
- Comment as-tu… Non mais vraiment… Tu sais que… Neville m'a dit… »
Tout s'éclairait : Londubat était dans le coup et avait prévenu Potter. Drago se promit d'aller lui voler des graines de courge de Papouasie en douce dans ses serres le soir-même pour se venger.
Il laissa son regard errer sur Potter, rouge et dégoulinant, et ne put empêcher une petite moue de se dessiner sur son visage. Potter était vraiment très rouge et à bout de souffle, comme s'il lui avait couru après. Parfait. C'était l'effet voulu : qu'il lui coure après.
« Oui ? »
Drago excellait dans le mépris, c'était d'ailleurs la fierté de son père. Le regarder de haut. Lui faire sentir son dédain. Remonter légèrement la lèvre supérieure et montrer un bout de gencive. Quand ils étaient gosses, ça mettait Potter hors de lui.
Ça ne rata pas.
« Putain, Malefoy ! Pourquoi t'as touché aux emplois du temps ?
- Je n'ai rien fait, répliqua Drago, glacial. Je ne suis pas administrateur des emplois du temps magiques.
- T'as fait du charme à McGonagall ou quoi ? J'avais les première année jeudi matin et je les retrouve vendredi après-midi ! Après le quidditch ! Ils vont puer la sueur et l'adolescent mal lavé. Ils seront crevés, vidés, incapables de jeter le moindre petit sort !
- Ce n'est pas mon problème. »
La voix froide, toujours. Drago remerciait chaque jour feu son père pour cette capacité à rendre son ton aussi froid et distant.
« Tu as interverti, l'accusa Potter. Tu as réussi je ne sais comment à échanger ton créneau avec le mien et je me cogne des élèves aussi attentifs que des lutins de Cornouailles le vendredi soir.
- Je n'ai rien fait. Tout ne tourne pas autour de toi, Potter, et encore moins autour de nos disputes d'adolescents. Sache que le groupe de première année de Poufsouffle est trop gros. Et contrairement à toi, je ne peux pas ajouter de paillasse dans ma salle : je ne peux pas avoir plus de trente-quatre élèves. Pour éviter de casser un groupe de maison en deux, il a fallu repenser les emplois du temps. Quel dommage que tu en pâtisses. »
Drago, considérant que la conversation était terminée, que Potter avait toutes les explications en main et qu'il avait été bien gentil de les avoir données, fit demi-tour pour repartir en direction des cachots.
Potter se maintint, malheureusement, à son niveau.
« Malefoy, écoute… Je pensais qu'on pouvait, tu vois, repartir du bon pied…
- Épargne-moi tes salamalecs et restons professionnels, cingla Drago.
- Non mais je veux dire…
- Encore une fois, tu te ridiculises, Potter. Un Gryffondor ne sera jamais ami avec un Serpentard.
- Tu t'entends bien avec Neville ! »
Drago plissa des yeux légèrement. Potter était fou ou quoi ? Il ne s'entendait pas bien avec Londubat ! C'était un collègue utile et, malheureusement il devait le reconnaître, plutôt compétent. En plus, il pouvait aussi lui voler les ingrédients dont il avait besoin !
Rien à voir avec une quelconque amitié. Londubat était ce qui se rapprochait d'un elfe de maison humain.
Même s'il arrivait à Drago de lui rendre service aussi. Mais bon, il faut bien traiter ses subalternes.
Et collaborer parfois avec l'ennemi : c'est pas sa mère qui l'aurait contredit.
Bref.
« Neville t'aime bien, continuait l'autre benêt, et je me disais que… Comme apparemment vous vous fréquentez…
- Notre relation n'est pas de cet ordre-là.
- Vous passez du temps ensemble !
- Serais-tu jaloux ? »
Ah ah. Cette rougeur était intéressante sur Potter.
« Dis pas de conneries. C'est du passé, tout ça.
- Tout ça… T'as une drôle de manière d'en parler. »
Drago se sentit bizarrement blessé que Potter ne soit pas plus touché par ce qu'ils avaient partagé. Pas grand-chose, certes, mais tout de même… Suffisamment pour qu'il ne le vende pas à sa tante quand ce crétin s'était fait attraper par des Rafleurs ! Ça compte, quand même, non ?
« On ne peut pas revenir en arrière, reprit Potter.
- Tu pourrais le faire, tu le ferais ? »
La question eut le mérite d'interpeller suffisamment Potter pour qu'il lui jette un regard perçant. Drago se la posait depuis dix ans, cette question : Potter regrettait-il ce qui s'était passé ?
« C'est compliqué. Cette période de ma vie… Je n'étais pas vraiment moi-même. »
La voix de Potter était si détachée que Drago eut l'impression qu'il n'était pas lui-même. Il aurait voulu creuser mais il sentit qu'il y avait là une fêlure qu'il ne se sentait pas d'exploiter. Quelque chose qu'on n'approche pas, une noirceur trop dangereuse pour qu'il s'y penche. Il y avait une vulnérabilité derrière ça, Drago le sentait. Et si Potter un jour devenait vulnérable, c'est que le monde ne tournait pas rond.
Sentant une émotion étrange lui étrangler la voix, Drago décida de reprendre le contrôle de la conversation.
« Je te propose la simplicité, donc : ça devrait te convenir. Notre relation est ce qu'elle est, n'y changeons rien.
- Putain !, explosa soudain Potter, toute noirceur effacée par la colère rouge qui le prenait. Je te propose d'effacer l'ardoise, de nous comporter en adultes, et tu t'en fous ! Hermione a pourtant dit… »
C'était ça, alors. Miss Je-sais-tout était derrière tout ça. Potter n'était pas venu de lui-même pour reprendre contact, mais sur les conseils de Granger. Ça lui fit mal.
Remarque, Drago aurait dû s'en douter. Il n'y avait qu'elle pour essayer de se comporter « en adultes responsables pour le bienfait des élèves » et pour créer une « cohésion collégiale dans l'équipe pédagogique ». Drago ne comprenait toujours pas comment cette casse-pieds pouvait sortir avec Weasley qui, malgré toute l'animosité que Drago entretenait à son égard, avait au moins la qualité d'être plutôt drôle (et sang-pur, soit-dit en passant).
Potter avait un potentiel de casse-couillerie assez incroyable, quand on y pensait. Drago prit sa voix la plus suave :
« Je crois que Granger a raison.
- Ah bon ?
- T'as jamais rien compris aux relations sociales. Je n'ai pas besoin de ta pitié, encore moins de ton amitié. Va récurer le cul des scroutts. »
Drago se détourna et s'éloigna, sentant dans son dos Potter fulminer et projeter trop de magie autour de lui. L'année s'annonçait intéressante.
Il descendit jusqu'à sa salle et faillit entrer en collision avec Lovegood. Elle pencha la tête pour l'observer alors qu'il ramassait sa baguette qui avait volé dans le couloir.
« Oh, Drago ! Comment vas-tu ?
- Je t'ai déjà dit de m'appeler par mon nom, Lovegood. On n'est pas suffisamment proches pour que je sois à l'aise avec l'idée que tu utilises mon prénom.
- Ton prénom, c'est ton identité. Si tu te maries, ton nom ne sera plus le tien mais celui de la personne qui t'aura épousé. Moi, je veux t'appeler par le nom qui est unique pour toi. »
Oh misère.
Drago préféra couper court.
« T'aurais du suc de scroutt ? J'en ai besoin pour les deuxièmes années.
- Si j'en crois ce que j'ai entendu, tu devrais plutôt demander à Harry : c'est lui l'expert en scroutt. »
Loufoca était drôlement finaude, quand elle le voulait. Pas étonnant que Théo veuille l'épouser.
Ce qui était bien avec Loufoca, c'est qu'on pouvait changer de sujet sans lui mettre la puce à l'oreille : elle adorait passer du magyar à la sirène. Drago choisit cette stratégie.
« Le Demi-canasson vient de me donner mes gains pour la répartition. Trente-deux mornilles ! Je ne m'attendais pas à autant.
- M'en parle pas. J'ai gagné treize mornilles et deux noises. La cote Gryffondor était élevée cette année. Tu viens prendre une tisane d'orties ce soir ? »
Drago accepta : après tout, quitte à être surpris, autant continuer sur sa lancée.
Et il avait bien besoin de se changer les idées après sa première vraie discussion avec Potter.
