Titre : La Pièce Vide
Fandom : Fullmetal Alchemist
Disclaimers :
- l'univers et les personnages ne m'appartiennent pas.
- L'idée initiale (Edward est un homonculus, Hawkeye meurt) m'a été soufflée par Shirenai.
- Le titre vient du livre de Fred Vargas.
Mon petit blabla avant de commencer : Désolée pour ce rythme chaotique car, non contente d'avoir accouché, j'ai en plus décidé de déménager ! Bref, c'est donc assise par terre (car je n'ai pas de chaise) que je publie ce chapitre. Merci à Musing-and-Music pour sa review qui fait plaisir (oui, tout est très sombre, mais promis y a un happy ending. Plus ou moins…). Et merci aux personnes qui m'ont laissé un kudo sur AO3 ! J'espère que ce chapitre vous plaira.
Précédemment dans La Pièce Vide : faceà l'ampleur du massacre causé par l'armée, Remington retrouve encore une fois la mémoire. Il convainc Audra de fuir le Quartier Général avec lui. Du côté de Mustang, l'atmosphère est tendue dans la planque et l'arrivée de Mary Bradley réveille les rancœurs.
Sous les vents de Neptune
Le goût des cendres dans sa bouche.
"Vous allez devoir apprendre à continuer sans moi."
La chaleur du brasier sur sa peau.
"Ne dites pas ça."
Les gouttes d'eau sur son visage.
"Vous allez devoir."
Ses grands yeux qui ne voyaient rien.
Mustang se réveilla en sursaut, le cœur battant. Il avait dû s'endormir pendant sa garde.
L'alchimiste de flamme n'avait jamais été très patient. Il était habitué à être au cœur de l'action, déployé au front pour terminer les conflits. Il n'était pas de ceux capables de maintenir leur vigilance sur la durée ou endurer les minutes qui s'égrenaient lentement. Toutefois ce plan ne lui laissait pas le choix. Pour utiliser au mieux toutes leurs ressources et maximiser leurs chances de réussites, ils devaient accorder du temps à l'équipe de se remettre des dernières escarmouches et à Amanda de fédérer les groupes rebelles. Mustang était donc obligé de se confronter à ses pensées et ses souvenirs, car les terrains vagues défrichés par ses soins ne laissaient place à aucune distraction.
Sur presque deux kilomètres, rien d'autre que les cendres. Aucune cachette, aucun angle mort. Rien sur quoi se concentrer pour éviter de penser à Riza. Et fatalement, lorsqu'il s'était assoupi, son visage s'était rappelé à lui. Encore et toujours.
A présent, le soleil se couchait presque, embrasant le ciel d'une teinte rosée. Le soldat grimaça puis se releva et étira ses muscles endoloris d'avoir dormi adossé contre une poutre inconfortable. Son épaule gauche en particulier ne lui pardonnait pas les mauvais traitements des dernières semaines, mais ce n'est pas comme s'il pouvait y changer quoi que ce soit.
"Vous n'étiez pas censé monter la garde ?"
Le soldat se retourna d'un bond, sa main déjà prête à incendier l'ennemi potentiel. Il soupira en apercevant son interlocuteur.
"Fullmetal, qu'est-ce que tu fais là ?"
L'homonculus était assis à même le sol, si immobile qu'il disparaissait presque dans la pénombre.
"Rien.
- Pourquoi est-ce que tu n'es pas avec ton frère ?
- Parce que je voulais vous parler.
- De quoi ? demanda prudemment Mustang."
Si l'homonculus avait besoin de discuter, il pouvait s'adresser directement à son frère. Il devait s'adresser directement à son frère.
"Vous savez de quoi."
Mustang soupira et se pinça l'arête du nez.
"Est-ce que vous avez réfléchi à ce que je vous ai dit ?"
Comment ne pas y songer ? L'homonculus avait largué une bombe et la situation ne leur avait pas permis d'en discuter davantage, pas que l'alchimiste de flamme ait envie d'entendre parler la disparition possible d'Edward Elric. Leur précédente conversation avait tourné en boucle dans son esprit, sans que Roy ne sache quoi en tirer.
"J'y ai pensé, admit lentement Mustang.
- Et alors ?
- Et alors rien. Que veux-tu que je te dise ?
- Je vous explique qu'Edward Elric n'existe plus et que vous allez devoir tuer ce corps et vous n'avez aucune réaction ? demanda l'homonculus d'un ton presque dubitatif."
Le soldat haussa les épaules.
"Tu n'as pas réellement donné de preuves concernant sa mort."
Ce n'était pas uniquement un vœu pieux ou de l'espoir mal placé. Seulement, ce que lui avait dit l'homonculus ne l'avait guère convaincu.
"Vous êtes toujours persuadé qu'Edward Elric est là, quelque part et que vous pourrez le ramener, comprit le Fullmetal d'un ton atterré.
- Peut-être, mais cela importe peu, fit remarquer Mustang. Peu importe ce que je pense. Tu n'as aucune preuve, tu t'avances beaucoup trop lorsque tu dis que je dois mettre fin à tes jours. Ou ceux d'Edward.
- Parce que je sais de quoi je parle.
- Sûrement. Mais tu pars du principe que la conscience d'Edward a disparu uniquement parce que tu ne l'entends plus. Et l'un n'implique pas l'autre, objecta-t-il d'une voix calme. Pour tout ce qu'on en sait, tu pourrais simplement avoir bloqué sa voix. Inattendu, si on considère la capacité de nuisance du Fullmetal, mais pas impossible."
Néanmoins l'homonculus secoua la tête.
"Comment ? pour quelle raison ne serais-je pas en capacité de l'entendre ? Hohenheim et Ling Yao étaient capables de converser avec la conscience créée par la pierre.
- Nous n'avons connaissance que de deux cas, rappela Roy. C'est bien trop peu pour en tirer une règle absolue. Nous ne savons même pas ce qui s'est passé dans le cas de King Bradley. Ou même dans le cas de Selim.
- Et sur la base de ces deux cas, vous pensez quand même pouvoir ramener Edward Elric à sa forme initiale ?
- Nous ne perdons rien à essayer.
- Vous projetez de vous mettre en danger durant le combat contre Selim, rétorqua le Fullmetal. Ce n'est pas le plus intelligent si vous souhaitez le vaincre."
Mustang soupira.
"En quoi est-ce que cela te concerne ? Tu nous as expliqué de façon très claire que nos vies, nos efforts, tout ce pour quoi nous nous battions était insignifiant ? Pourquoi te soucier de nos chances de réussite maintenant ?"
L'homonculus resta immobile et silencieux. Et l'espace d'un instant, Mustang crut réellement avoir fait mouche, qu'il allait pouvoir obtenir une réponse de sa part. Mais le Fullmetal se contenta de secouer la tête.
"Et que prévoyez-vous de faire s'il s'avère finalement que j'ai raison ? Si le résultat final n'est pas Edward Elric, mais une pâle imitation ? Une coquille vide ?
- Si nous nous retrouvons avec une coquille vide, la question en se pose pas, rétorqua Mustang avec agacement. Je ne suis pas suffisamment insensible pour laisser Alphonse avec une marionnette à peine consciente d'elle-même.
- Et si cette marionnette semble être Edward Elric mais n'est pas totalement lui ? Si les incohérences dans son comportement n'apparaissent que plus tard ? Et que vous êtes incapable de le détecter avant ? Allez-vous laisser Alphonse repartir avec une bombe à retardement ?"
L'homonculus était loin d'être stupide. Il savait sur quelles peurs jouer, quels leviers utiliser pour en appeler à son sens de la responsabilité, à sa culpabilité. Et plus il en parlait, plus le doute s'immisçait dans l'esprit de l'alchimiste de flamme : et si le Fullmetal avait raison ? et si l'âme d'Edward Elric avait été corrompue dans la transformation ? Pire, détruite ?
"Tu essaies de me convaincre, mais tu n'as aucune preuve, martela-t-il néanmoins.
- Pourquoi tenez-vous tant à croire qu'Edward Elric est toujours en vie ?"
Parce que c'était lui qui avait été le chercher dans sa petite campagne. Lui qui l'avait convaincu de passer le concours d'alchimiste d'état. Lui qui avait été responsable de l'adolescent pendant ces années de recherche. Sans Mustang, Edward et Alphonse seraient sûrement restés deux âmes damnées à Resembool, mais est-ce que cela aurait été tellement pire que leur sort actuel ?
Mustang se pinça l'arête du nez. Cette conversation devait prendre fin, rapidement.
"Parce que je n'ai pas l'habitude d'abandonner mes hommes."
Malheureusement pour lui, l'homonculus ne semblait pas prêt à abandonner le sujet.
"Edward Elric ne fait plus partie des rangs depuis deux ans, pointa-t-il. Il n'est même plus l'alchimiste d'acier, même si vous persistez à l'appeler par ce nom.
- Juste parce qu'il n'est plus hiérarchiquement rattaché à moi ne signifie pas qu'il ne fait plus partie de mon équipe.
- Cela n'a aucun sens.
- Cela n'a aucun sens pour toi, rétorqua Mustang.
- Alors par pur sentimentalisme ? Vous refusez de voir la situation de façon objective par pur sentimentalisme ?
- Bien sûr que non, soupira-t-il. Bien sûr que je tiens au Fullmetal. Mais je refuse de croire à sa disparition parce que Edward et Alphonse sont parvenus à démontrer que l'âme existe de façon distincte et indépendante du corps. C'est de cette façon que vous avez pu attacher l'esprit d'Alphonse dans une armure et fini par récupérer son corps. Et les expériences de Hohenheim et Ling Yao suggèrent que l'âme, même dans ces conditions extrêmes, conserve son intégrité.
- Mais vous n'en êtes pas certain, insista le Fullmetal. Il existe la possibilité que ...
- Apporte moi la preuve que l'âme d'Edward n'est pas quelque part, intacte", coupa Mustang, à bout de nerfs.
L'homonculus était persistent et n'abandonnait pas, à son grand désarroi. Et lui était beaucoup trop fatigué des derniers combats pour pouvoir débattre d'une hypothèse aussi fumeuse.
"Apporte-moi cette preuve et nous pourrons en discuter. Sans cela, tu ne fais que spéculer et utiliser Selim pour me convaincre d'un scénario qui ne se réalisera peut-être même pas."
Et il ne pouvait pas passer les cinq prochains jours à ruminer des théories foireuses.
Néanmoins, loin de se démonter, l'homonculus le fixa un instant avant de finalement hocher la tête.
"Une fois que vous aurez cette preuve, vous considérerez sérieusement ma demande ?
- Apporte-la moi et nous en rediscuterons.
- Vous n'avez pas répondu à ma question."
Mustang laissa échapper un rire nerveux.
"Tu sais, pour quelqu'un qui veut me faire croire qu'Edward Elric n'existe plus, tu fais preuve d'un certain nombre de traits de caractère similaires.
- Je ne vois pas...
- Tu prétends que tu ne ressens plus rien, l'interrompit Mustang. Qu'il vaut mieux qu'Alphonse te déteste avant que je ne sois obligé de t'exécuter, mais la preuve est là : tu es toujours présent alors que rien ne t'y oblige. Tu pourrais refuser de nous aider ou même t'en aller. Aucun d'entre nous ne pourrait t'arrêter si tu le décidais. Mais tu es toujours là. Que tu le réalises ou non, tu agis toujours pour le bien d'Alphonse. Tu veux protéger ton frère. Lui éviter de devoir faire face à cette situation seule. Obtenir de ma part la promesse que je t'exécuterai pour qu'Alphonse n'ait pas à le faire, je me trompe ?
- Je n'agis pas parce que je me soucie d'Alphonse. J'essaie d'avoir votre réponse car Alphonse est émotionnellement compromis. Dans l'éventualité où il faudra tuer son frère, il ne pourra pas le faire.
- Foutaises."
Les yeux de l'homonculus brillèrent de colère, ce qui ne fit qu'attiser sa conviction. Mustang avait raison. Et en l'occurrence, il avait touché un point sensible.
"Tu restes pour Alphonse et tu viens essayer de me convaincre de te tuer, pour Alphonse, souffla-t-il. Et en raison de tout cela, je ne peux pas croire qu'Edward Elric, avec toute sa détermination, son obstination, ait cessé d'exister."
La journaliste s'était reprise avec une rapidité étonnante. Ses souvenirs n'étaient pas revenus sur le champ mais elle avait décidé de suivre Remington d'abord et s'interroger sur son malaise après. Un acte de foi dont le soldat aurait été incapable mais encore une fois, il se fit la note mentale d'arrêter de la sous-estimer.
Passé le moment de choc, Evans l'avait donc suivi avec détermination dans le dédale du Quartier Général et par chance, personne ne les avait arrêtés ou ne les avait repérés avant qu'ils ne soient à l'extérieur. Mais une fois à l'air libre, la question avait persisté : où pouvaient-ils aller ?
Leurs logements respectifs étaient sans doute les premiers endroits où l'armée irait chercher. Toutefois, ils avaient besoin de vêtements de rechange. Ils étaient trop visibles l'un et l'autre. Entre l'uniforme militaire et la chevelure flamboyante, autant se promener avec une pancarte lumineuse. Ils avaient donc fait un saut aussi rapide que possible dans l'appartement du soldat pour récupérer vêtements, vivres et argent, sans quoi ils ne tiendraient pas longtemps. Ils s'étaient ensuite réfugiés dans une auberge obscure (dans laquelle Remington n'aurait en temps normal jamais mis les pieds) pour s'accorder une nuit de repos avant de se diriger vers l'étape suivante : contacter le réseau d'Evans.
"Toute la capitale est à la recherche du président, ma douce, fit remarquer la vieille femme d'un air surpris.
- Je sais, mais s'il y a une personne qui a la réponse, c'est bien toi, Cassandre."
Ils avaient cherché ladite Cassandre pendant longtemps. Ils s'étaient d'abord rendus dans un square avant de se rendre compte que celui-ci avait été dévasté par les affrontements. Fort heureusement, un guetteur, sous l'apparence d'un garçon au visage barbouillé d'un mélange de cendres et de poussières les avait redirigés vers un hangar surpeuplé. Là, au milieu de la foule, Evans avait rapidement repéré son contact et la petite cour qui s'était formée autour d'elle.
Remington ne savait pas à quoi il s'attendait lorsque la journaliste avait parlé d'un contact, mais certainement pas d'une femme presque centenaire, au sourire édenté et au regard fixe. Aveugle avait-il rapidement compris, mais pas dénuée de ses facultés mentales. Cassandre avait rapidement reconnu la voix d'Evans et identifié Remington comme un militaire. Comment ? il n'en avait aucune idée. Depuis, son regard fixe était posé sur lui et il avait beau savoir que la vieille dame ne le voyait pas, le soldat n'en était pas moins mal à l'aise.
"J'ai peur que tu me surestimes.
- Je ne pense pas, répliqua Evans d'une voix douce. Tu sais tout ce qui se passe dans cette ville. Ou tu connais quelqu'un qui sait.
- Pourquoi tiens-tu à retrouver l'alchimiste ? Je pensais que tu t'étais éloignée de tous ces problèmes.
- Ce n'est pas parce que j'ai arrêté mon travail que j'ai quitté ce monde. Au contraire, je n'ai fait que plonger la tête la première dedans. Et je crois que Mustang pourrait nous aider à démêler tout ça."
Par pure habitude, Remington jeta un regard aux alentours mais la petite cour installée autour de Cassandre ne semblait pas avoir relevé - trop jeunes et trop absorbés dans leurs bavardages d'enfants - ou faisaient en tout cas mine de n'avoir rien entendu, dans le brouhaha constant du hangar. Celui-ci s'était construit comme un abri temporaire, suite aux derniers jours de combats. Les habitants des quartiers dévastés s'y étaient installés, avec ce qu'ils avaient avec eux à ce moment-là, soit pas grand-chose. Mais une espèce de cuisine communale s'était formée au centre et des draps avaient été tendus de manière assez chaotique, pour essayer de préserver un semblant d'intimité. Mais s'ils protégeaient de la vue, ils ne faisaient en revanche rien pour atténuer le son des conversations.
"Il ne pourra pas résoudre le conflit, déclara la doyenne avec certitude. La rébellion était inévitable et ne pourra pas être arrêtée si facilement.
- Je sais, mais ce n'est pas à ce sujet que j'ai besoin de le voir.
- Au sujet du tunnel ?
- En lien avec le tunnel."
Entendre des civils parler de ce qui relevait encore il y a peu de secrets d'état avait de quoi surprendre, mais avec la publication de cet article, il fallait s'y habituer.
La grand-mère semblait méditer un instant sur cette réponse et Remington lança un regard dubitatif à Evans qui répondit par un haussement d'épaule : non, elle n'avait aucune certitude que Cassandre leur répondrait mais c'était leur seule piste et leur meilleure piste.
"Alors le président a quitté son poste pour s'occuper du secret de Bradley, encore une fois, en déduisit la vieille dame d'une voix sévère.
- L'enjeu est important.
- Nos vies sont également importantes, rétorqua Cassandre.
- Et c'est bien de nos vies dont il s'agit encore une fois.
- Explique-moi."
Evans secoua la tête.
"Je ne peux pas.
- Tu veux mon aide, alors je ne suis pas certaine que tu aies le choix."
Remington retint une grimace. L'idée de révéler davantage d'informations encore à une civile ne lui plaisait pas. Et puis, il y avait trop de monde autour d'eux, trop d'oreilles indiscrètes. Mais la journaliste et lui en avaient déjà discuté. Ils n'avaient tout simplement pas le choix. Ils voulaient retrouver Mustang et même avec toutes ses ressources, l'armée n'y était pas parvenue. Le soldat espérait simplement que ce qu'ils allaient dévoiler ne se retournerait pas contre eux. Et il avait en tête des dizaines de façon dont ces informations pourraient jouer en leur défaveur.
"Le tunnel n'était que la face émergée de l'iceberg, répondit-il d'une voix basse. Le gouvernement Bradley a commis des crimes bien plus graves. Ils ont créé des êtres humains artificiels. Des êtres humains aux pouvoirs redoutables et effroyables. Et ceux-ci ne nous veulent pas du bien.
- Alors l'alchimiste est parti à leur poursuite.
- Une fois de plus, confirma Remington."
Un coup d'œil vers les enfants lui indiqua qu'aucun n'avait réagi aux nouvelles mais le soldat n'était pas suffisamment dupe pour croire que personne ne l'avait entendu. Leurs propos seraient répétés, voire amplifiés. Mais encore une fois, Evans avait su faire valoir ses arguments : quel était le risque ? Si tous ceux au courant mourraient alors ils emporteraient le secret dans la tombe et Selim aurait le champ libre pour agir librement. Ils risquaient beaucoup plus à garder leurs secrets pour eux. Mustang l'avait fait et la situation s'était retournée contre lui de la pire des manières.
"Pour quelle raison souhaitez-vous le retrouver ? Il me semble que même au sein des rangs, l'alchimiste n'est plus en odeur de sainteté.
- L'enjeu est important, répéta Evans. Peu importe l'issue des combats. Si l'humain artificiel contre lequel se bat Mustang gagne, alors la rébellion n'aura plus aucune importance. Ces créatures ont déjà cherché à tous nous tuer. Ils n'hésiteront pas une nouvelle fois.
- Alors vous souhaitez l'aider.
- C'est l'idée, répondit Remington d'une voix impatiente."
Evans lui adressa un regard réprobateur : à brusquer ainsi la vieille date, il risquait de la braquer et de perdre toute chance d'information. Mais Cassandre se contenta de froncer les sourcils.
"Vous allez me dire tout ce que vous savez sur cette créature, monsieur. L'armée a trop souvent considéré que nos vies ne valaient rien, mais si vous voulez mon aide, vous allez tout nous révéler."
Remington grimaça cette fois pour de bon. La vieille était dure en affaire.
"Tout s'est bien passé ?"
L'équipe en charge du ravitaillement était de retour et s'occupait à présent de regarnir les placards en vivres et armes. Breda se détacha du groupe et acquiesça d'un geste bref qui traduisait toute sa tension.
"Comme sur des roulettes. La livraison nous attendait au point convenu. Personne ne nous a vus arriver ou repartir. Et la pègre nous a laissé les consignes pour la prochaine livraison.
- Des nouvelles de la ville ?
- Pas bonnes, répondit simplement Breda."
Mustang hocha la tête. Ils avaient déniché un vieux poste de radio, dans le grenier et pu écouter les dernières nouvelles qui n'étaient pas bonnes tant elles étaient succinctes et vagues. Un signe que les stations ne fonctionnaient plus, soit par manque de personnel, soit par peur des conséquences. Mais ils ne pouvaient rien faire. Leur objectif était Selim et leur plan les condamnait à attendre, sur la touche.
Frustrant. Plus que frustrant.
Breda haussa les épaules.
"De votre côté ?
- Rien à signaler, résuma à son tour Mustang. Les aménagements ont été réalisés comme prévu et depuis, nous attendons."
L'alchimiste fit signe à Breda de le suivre dans la chambre. Ross somnolait sur une chaise mais d'un regard, Mustang lui fit comprendre qu'ils avaient besoin d'être seuls. La soldate soupira et se leva sans protester. Breda se laissa tomber sur le fauteuil, l'air intrigué.
"Est-ce que vous avez des nouvelles de Ling Yao ? demanda Roy.
- Ling Yao ? répéta l'espion, d'un ton surpris. Récemment ?
- De façon générale."
Le ton évasif de l'alchimiste ne fit que renforcer la perplexité du soldat. Mustang soupira. Ils gagneraient du temps à aller droit au but.
"Des rumeurs concernant son attitude ? sa personnalité ?
- Non, pas particulièrement. Mais nous nous sommes davantage concentrés sur les tendances politiques au sein du pays. Y-avait-il des éléments qui auraient pu nous inquiéter concernant son comportement ?
- Non, je posais la question par simple curiosité."
Mais Breda haussa un sourcil : la simple curiosité n'existait pas chez les alchimistes, encore moins chez les officiers supérieurs de l'armée.
Mustang grimaça.
"Le Fullmetal tente d'obtenir ma promesse que, quelle que soit l'issue du combat avec Selim, je mettrai fin à ses jours."
Malgré tout ce qu'il avait pu dire à l'homonculus, l'idée avait fait du chemin dans son esprit. Et si ?
Et si la pierre s'était mélangée à l'âme du Fullmetal et l'avait corrompue ?
Et si la personne avec qui ils se retrouveraient n'était pas Edward Elric ?
Et s'ils créaient les conditions d'un nouveau Selim et d'un nouveau massacre ?
Mustang ne pourrait jamais se le pardonner, jamais se regarder dans une glace.
"Pour quelle raison ? demanda Breda, les sourcils froncés.
- Il est persuadé que même si nous parvenons à épuiser sa pierre, nous ne parviendrons pas à ramener Edward Elric. Que son âme est perdue et au mieux nous aurons sur les bras une version corrompue de l'alchimiste. Au pire, une coquille vide et sans âme."
Son ancien subordonné resta impassible, signe que les rouages de son cerveau tournaient à toute allure.
"Est-ce qu'il pourrait avoir raison ?
- Aucune idée, admit Mustang.
- Et pourquoi pense-t-il que l'âme d'Edward n'existe plus ?
- Parce qu'il n'entend pas sa voix. Et ce n'est pas ce qui s'est passé dans les cas de Ling Yao ou de Hohenheim.
- Mais est-il certain que cette voix n'existe plus ? demanda Breda. Il pourrait simplement ne pas être en mesure de l'entendre.
- C'est également la question que je me pose. Nous n'avons aucune certitude mais c'est ce que le Fullmetal soutient."
Il y avait un côté rassurant à voir que Breda se posait les mêmes questions que lui.
Le soldat se frotta le menton, l'air sombre.
"C'est un mince argument en faveur de son exécution.
- Le vrai argument portait sur la politique du moindre risque, corrigea Mustang d'un ton amer. Il affirme qu'Edward Elric n'existe plus, que la personne que nous ramènerons ne sera pas l'alchimiste d'acier et que nous ne pouvons pas risquer qu'un deuxième Selim voit le jour.
- Mais Edward n'a jamais eu pour ambition de détruire ce pays. Même si ce n'est pas exactement lui qui reprend place dans ce corps, cela ne signifie pas pour autant que nous devons craindre une nouvelle vengeance.
- Précisément.
- C'est la raison pour laquelle vous vouliez savoir si la personnalité de Ling Yao avait altérée à long terme, en déduisit Breda. Pour savoir si le nouvel empereur avait été pris d'une folie meurtrière."
L'alchimiste hocha la tête, l'air sinistre.
"S'il existe un risque, nous pouvons difficilement le faire courir une nouvelle fois à ce pays.
- Mais quelle est la probabilité de ce risque ? demanda Breda. Un sur combien ? Dix ? mille ? un million ?
- Aucune idée, répéta Mustang en se pinçant l'arête du nez. Les cas de Ling Yao et Hohenheim suggèrent que l'âme, même dans ces conditions, conserve son intégrité. Mais ce n'est pas une question à laquelle nous pouvons répondre aussi rapidement. Il nous faudrait du temps, beaucoup plus de temps, pour mener des recherches dignes de ce nom.
- Il faudrait que vous en discutiez avec quelqu'un d'autre que moi, ajouta Breda. Un autre alchimiste."
Le soldat avait raison : aussi intelligent soit-il, Breda n'était pas capable de prendre toute la mesure de la situation ou d'apporter des pistes de réflexion compte tenu des cas précédents. Il n'avait simplement pas la connaissance suffisante. Et l'identité de cet autre alchimiste était claire dans le regard de l'espion. Mais Mustang secoua la tête : comment pouvait-il même suggérer l'idée à Alphonse de discuter d'un scénario où il exécuterait son frère ?
Cassandre resta silencieuse un long moment. Remington adressa un regard impatient à Evans qui haussa les épaules. Ils avaient révélé autant d'informations que possible à la vieille dame qui les avait interrogés sans ménagement, mais eux n'avaient eu en retour aucune piste utile. Finalement, elle soupira.
"L'armée a donc toujours été pourrie jusqu'à la moelle.
- Pas tous, tempéra Audra. J'ai de bonnes raisons de croire en Mustang.
- Espérons que tu aies raison et que celui-ci ne soit pas qu'un énième beau parleur.
- Est-ce que tu sais où le trouver ?"
Cassandre secoua la tête, au grand désespoir de Remington. Ils avaient fait tout ça pour rien ?
"Mais je pense que quelqu'un pourrait savoir : Arthur.
- Qui est cet Arthur ? demanda Evans en fronçant les sourcils.
- Un indic qui aurait pu travailler pour eux récemment.
- Aurait pu ? Est-ce qu'il a travaillé avec eux ou pas ? pressa Remington.
- Il est venu me poser des questions au sujet d'un cas qui intéressait l'armée. Je n'en sais pas plus"
Remington secoua la tête. Sans certitude de sa part, ce n'était à peine plus qu'un jeu de piste, sans aucune garantie qu'ils trouveraient quelqu'un susceptible de les aider.
"Et où peut-on trouver cet Arthur ? poursuivit Evans d'une voix calme.
- Le retrouver ne sera pas facile non plus : cela fait un moment qu'il a disparu.
- Pardon ? demanda Remington."
De mieux en mieux.
"Personne ne l'a vu depuis un petit moment alors aller le chercher chez lui ne servira à rien. En revanche, Mag doit savoir où il se trouve."
Remington secoua la tête à nouveau. S'ils avaient de la chance, ce jeu de piste ne les mènerait nulle part. Dans le pire des cas, il les mènerait tout droit dans un coupe-gorge.
"Vous exagérez", tempéra Evans tandis qu'ils sortaient du hangar.
La nuit était à présent tombée depuis un moment et une fine pluie les enveloppait. La journaliste resserra sa veste trop large autour d'elle et pressa le pas pour rester à sa hauteur.
"Vraiment ? Cette femme nous a extorqué presque toutes nos informations concernant Selim Bradley et qu'avons-nous obtenu ? Le nom d'une personne qui pourrait aider à retrouver un certain Arthur qui pourrait avoir des informations concernant Mustang ? Allons, il ne faut pas être un génie pour se rendre compte que nos indices sont faibles.
- Mais pas inexistants, persévéra la jeune femme. Cet Arthur a dû disparaître des radars. Pour quelle raison ?
- Je ne sais pas, rétorqua Remington avec un reniflement dédaigneux. Pourquoi n'allons pas demander à cette chère Cassandre quelles sont les activités annexes de cet indic ?
- Cassandre est fiable. Si elle dit qu'Arthur a posé des questions concernant une affaire de l'armée, je la crois. Et s'il a dû disparaître peu de temps après, je trouve qu'il s'agit d'une coïncidence bien trop pratique. D'ailleurs, il me semble que vous ne croyez pas aux coïncidences.
- Pas quand les éléments sont aussi incertains, maugréa-t-il.
- Le hangar n'est pas loin. Nous aurons vite notre réponse."
C'était le seul avantage des quartiers peu recommandables de Centrale : ils étaient tous situés dans le même district et proches les uns des autres. Néanmoins, les rues avaient été construites de façon presque anarchique, surtout en comparaison du centre-ville de Centrale et de ses avenues bien parallèles. De nuit, Remington ne donnait pas cher de leur peau s'ils se retrouvaient coincés dans un cul-de-sac en mauvaise compagnie. Mais visiblement, cette éventualité ne semblait pas inquiéter la jeune femme outre mesure et celle-ci se dirigeait dans le dédale sans trop d'hésitation, malgré le peu d'éclairage.
"Est-ce que vous connaissez cette Mag, en question ?
- Non.
- Qu'est-ce qui vous dit qu'elle sera bien disposée à notre égard ? Qu'elle acceptera de nous parler ?
- Parce que Cassandre nous a redirigé vers elle.
- Et cette recommandation suffira ?"
Evans releva la tête vers elle, sourcils froncés.
"De quoi avez-vous peur exactement, colonel ?
- Oh énormément de choses. Que tout ceci ne soit qu'une perte de temps. Ou que quelqu'un ne finisse par vendre la mèche sur notre identité.
- Je ne vous connaissais pas si peureux.
- Pas peureux, rectifia-t-il avec agacement, mais pragmatique. Si nous continuons à raconter l'objectif de notre petite quête à tout le monde, l'armée ne tardera pas à retrouver notre piste. Et nous n'avons absolument pas besoin de nous retrouver avec eux sur nos talons.
- Mais sans rien dire nous n'irons pas loin. C'est du donnant donnant ici.
- C'est bien ce qui m'inquiète.
- Faites-moi confiance. Je connais mieux cet univers que vous."
Vrai. Pour autant, cela ne signifiait pas que Remington ne sentait pas le traquenard venir à des kilomètres.
Ils arrivèrent rapidement à l'adresse indiquée, numéro anonyme dans la longue rangée de hangars, vestiges de l'ancienne activité du quartier. Un guetteur assis sur un banc à l'extrémité de la rue fumait nonchalamment une cigarette et les suivit du regard tandis qu'ils passaient devant lui, mais Evans ne lui accorda pas plus d'attention que cela. Elle se dirigea d'un pas décidé vers le numéro concerné et toqua d'un geste nerveux sur la porte métallique. Celle-ci coulissa avec un grincement et dévoila un individu du même acabit. Massif, l'air revêche et visiblement assez peu porté sur l'hygiène corporelle.
"Qu'est-ce que vous voulez ?
- Nous sommes ici pour voir Mag."
L'homme les dévisagea des pieds à la tête.
"Je crois pas. Vous faites erreur.
- C'est Cassandre qui nous a dit de venir ici, insista Evans."
Malgré les vingt bons centimètres de différence avec son interlocuteur, la jeune femme ne se laissait pas impressionner. Il fallait lui reconnaître cela.
Le videur sembla hésiter un l'instant, à la mention du nom de leur sponsor, mais finit par s'écarter et leur faire signe de suivre.
Cassandre n'avait rien indiqué de l'activité de ladite Mag ou peut-être, en raison de sa cécité, n'avait-elle pas la moindre idée du chaos qu'hébergeait le hangar. D'immenses piles de rebuts en tout genre - roues, cadres de vélo tordus et même un métier à tisser cassé dans un coin - avaient été érigées sur toute la surface de la pièce. Comme si une partie des déchets de la ville finissait entassée à cet endroit.
Aucune logique évidente n'expliquait pourquoi ces objets avaient été conservés. En tout cas aucune qui ne vint à l'esprit de Remington. Le soldat laissa échapper une grimace déconcertée. Que faisaient-ils ici ?
Mais Evans ne semblait pas plus étonnée que cela et suivait de près leur guide.
"Vous venez ? demanda celui-ci avec impatience."
Sous le coup de la surprise, Remington s'était laissé distancé et avec un geste d'excuse, il pressa le pas pour les rattraper. Contournant une montagne de rebuts métalliques, leur portier les mena vers une porte minuscule que le soldat n'aurait jamais pu trouver par lui-même, au milieu de tout ce chaos. La salle arrière était du même genre. Mêmes déchets partout, mêmes montagnes branlantes et même odeur de rouille désagréable. Mais au milieu de la salle, quelques individus discutaient avec animation autour d'un verre.
"Mag ? appela leur guide. Des visiteurs pour toi."
Une femme d'âge moyen releva la tête vers eux et les dévisagea sans gêne.
"Vous êtes ?
- Evans. Nous sommes ici de la part de Cassandre."
La dénommée Mag leva un sourcil et jeta sur leurs tenues mal assorties un regard qui en disait long, mais que Remington jugea déplacé, compte tenu de la combinaison crasseuse de mécanicienne qu'elle arborait.
"Vraiment ? Et pour quelle raison ?
- Nous sommes à la recherche d'un certain Arthur.
- Cassandre vous envoie ici pour chercher Arthur ? répéta la femme avec amusement. C'est l'hôpital qui se fout de la charité.
- Est-ce que vous savez où on peut le trouver ? demanda Remington avec agacement."
L'informatrice ne cessait de tourner autour du pot. Soit elle savait, soit elle ne savait pas, mais le soldat n'appréciait pas ses manières. Evans lui jeta un regard réprobateur mais Mag se contenta de croiser les bras.
"Pour quelle raison est-ce que vous cherchez Arthur ?
- Pour discuter avec lui.
- A propos de ?
- Rien qui ne vous regarde, rétorqua sèchement le soldat."
Mag secoua la tête et Evans haussa des épaules dans sa direction : je vous l'avais bien dit. Bien. Mais il ne manquerait pas de lui faire la même remarque lorsque les ennuis les rattraperaient.
"Si vous voulez des informations, il va falloir parler, déclara la mécanicienne. Rien n'est gratuit, ici.
- Nous cherchons Mustang, expliqua calmement Audra.
- Comme beaucoup d'autres.
- Et nous avons de bonnes raisons de croire qu'Arthur sait quelque chose.
- ça ne serait pas impossible.
- Est-ce que vous savez où nous pouvons le trouver ?"
Visiblement, le comportement de l'informatrice n'était pas sans agacer Evans non plus, mais Mag ne paraissait nullement impressionnée.
"Si Cassandre vous a donné mon nom, c'est qu'elle vous fait confiance, même si je ne vois pas pourquoi" Elle jeta un regard dénué de tout ambiguïté sur Remington. "Arthur est venu me voir il y a quelques semaines, pour un moyen discret de quitter la ville.
- Quitter la ville ?
- Tout à fait. Il voulait... quels étaient ses termes, déjà ? "Se faire oublier pour un petit moment", voilà.
- Et vous ne savez pas où il a pu aller ? insista Evans.
- Pas mes affaires, répondit la mécanicienne en haussant les épaules."
Et Remington dut retenir un soupir. En d'autres termes, ils perdaient leur temps. Mag n'était pas plus au courant qu'eux et ils étaient arrivés à un cul-de-sac.
"Et il vous a dit pourquoi il avait besoin de se faire oublier ? insista Evans.
- Il s'est frotté à plus fort et plus nombreux que lui, j'imagine. Ce ne serait pas la première fois.
- Et ce plus fort et plus nombreux que lui...?"
Mais l'informatrice se contenta de hausser les épaules. C'était tout ce dont ils pouvaient espérer obtenir d'elle et l'ancienne journalise dut s'en rendre compte car elle hocha la tête.
"Merci pour votre aide."
Leur vigile les raccompagna à la sortie et une fois de nouveau à l'air libre, Remington soupira.
"Un cul-de-sac.
- Quelqu'un doit bien savoir, marmonna Evans avec frustration.
- Si vous le dites.
- Quelqu'un doit savoir, répéta-t-elle avec obstination. La question est de savoir qui. Mais ce n'est pas au beau milieu de la nuit que nous arriverons à trouver des informations."
Sur ce point au moins, Remington était d'accord. A moins que la journaliste n'ait une révélation, ils n'iraient pas beaucoup plus loin ce soir et ils avaient besoin de trouver un refuge.
"Il y a un gîte, pas loin. Fiable, indiqua Evans avec résignation.
- Fiable ?
- J'y ai déjà rencontré des sources, expliqua-t-elle. On ne devrait pas avoir de mal à y rester la nuit
- J'espère simplement ne pas y attraper des puces, répondit Remington d'un ton acide."
Mais la jeune femme se contenta de secouer la tête, ouvrant à nouveau la voie.
Cette fois, ils firent le trajet dans un silence quelque peu découragé. Evans avait raison : le dénommé Arthur était sans doute tombé un os et cela n'était sans doute pas sans lien avec le témoignage de Cassandre. Une affaire qui intéressait l'armée, voilà de quoi mettre quelques soldats à sa poursuite. Mais si l'homme avait quitté la capitale sans indiquer où il allait, ils ne pourraient pas le retrouver. En tout cas pas à eux seuls. Ne leur restait plus qu'à reprendre de zéro et se demander à nouveau qui pouvait bien savoir où trouver Mustang.
La pluie s'abattait tout autour d'eux, martelant les pavés de son rythme saccadé. Pour se protéger du vent glacial qui commençait à souffler, Remington releva le col de sa veste et rentra la tête dans ses épaules. Perdu dans sa morosité, il ne remarqua finalement qu'une fois les hommes qui les attendaient. Si immobiles qu'ils en disparaissaient presque dans les ombres. Et dans chaque main, une arme braquée sur eux.
"Alors il paraît que vous êtes à la recherche du président Mustang ?"
Le soldat soupira.
"Voilà précisément ce que je redoutais."
A suivre...
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais j'aime de plus en plus Remington. Je le trouve très rigolo à écrire. Après, en relisant à froid ce chapitre, j'ai l'impression d'avoir aussi beaucoup été influencée par l'atmosphère de la Passe-Miroir que j'ai adoré et la dynamique entre Thorn et Ophélie. Je ne sais pas si vous connaissez et ce que vous en pensez.
En tout cas, n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire ^.^
