Salut tout le monde et bonne lecture !
Harry et les Malefoy arrivèrent au Manoir par Portoloin – Harry soupçonna qu'ils n'avaient pas utilisé la Cheminée, car M. Malefoy voulait lui montrer l'extérieur impressionnant de la maison – et on donna rapidement à Harry une pile de vêtements, avant de lui indiquer la salle de bain.
Il prit un bain, en essayant de ne pas se sentir trop misérable à propos de la situation. Patmol était seul à nouveau, avec les Détraqueurs et Harry était coincé ici pour dix jours, avec pour seule compagnie les Malefoy et McKinnon, avec qui Patmol était très froid dernièrement. Mais tout cela était nécessaire, se rappela Harry en triant les vêtements qu'on lui avait donné. S'il voulait retourner à la maison, au Square Grimmaurd, et revoir Kreattur, être capable de parler à Patmol et Lunard sans être écouté par des Aurors, Patmol avait besoin de son procès et il n'y avait aucun moyen d'y échapper.
Harry mit une robe de côté – une robe guindée, au lieu de celle que l'on enfilait juste par-dessus ses vêtements – et choisit avec réticence un pantalon noir et une chemise. Il y avait un gilet assorti, mais il le reposa et enfila une robe – dans le style auquel il était habitué – par-dessus ses vêtements. Il glissa sa baguette dans sa poche – Rattler lui avait rendu avant qu'il ne quitte le Ministère – et il jeta un œil dans le miroir. Il avait l'air d'un abruti. Il se tourna, avec dans l'idée de remettre son ancien jean, mais ses vêtements d'avant avaient disparu.
« Génial. » marmonna-t-il sombrement.
Il soupçonna qu'un elfe de maison – les Malefoy semblaient être le genre de famille à en avoir à leur service – les avait probablement fait disparaître magiquement et les avait brûlé. En soupirant, il déverrouilla la porte et sortit dans l'immense entrée.
« Voilà qui est mieux, commenta un portrait hautain, en l'observant. Bien mieux, maintenant que tu portes des vêtements corrects et pas ces chiffons que tu portais avant. »
Harry pensa férocement que parmi ces chiffons se trouvait son jean préféré.
« Même si tu aurais pu essayé de coiffer tes cheveux. Ils sont absolument affreux- »
« Merci, Émilien, dit M. Malefoy en passant une porte à l'opposé complet de la salle de bain. Mieux ? »
« Merci pour les vêtements, monsieur. » dit Harry, qui ne voulait pas être impoli.
M. Malefoy eut l'air satisfait et il fit signe vers la droite de Harry avec sa cane. Ils traversèrent l'entrée. Harry pouvait voir une pièce à la fin du couloir, mais M. Malefoy le fit passer par une double porte sur la droite avant qu'ils n'arrivent là.
Ils étaient de retour dans un hall, en bas d'un énorme escalier de marbre. Deux garçons presque identiques – qui ressemblaient beaucoup à M. Malefoy – de l'âge de Harry se trouvaient là avec Mme Malefoy. Ils étaient aussi habillés de manière plutôt extravagante et Harry se demanda s'ils s'habillaient toujours comme ça. Harry se demanda aussi depuis combien de temps ils étaient tous les trois là, à attendre qu'il sorte de la salle de bain.
« Hydrus Malefoy. » dit celui qui était légèrement plus grand, dans une voix très proche de celle de M. Malefoy.
« Harry Potter. » dit Harry en serrant la main offerte avec un peu de réticence.
« Tu crois qu'on est stupide ? » demanda l'autre, en passant près de son frère.
Mme Malefoy laissa échapper un bruit étrange.
« On sait qui tu es. »
C'était presque exactement ce que Ron et Ginny avaient dit, mais ils avaient été bien plus gentils. Le garçon tendit la main.
« Drago Malefoy. »
C'était seulement le fait qu'ils allaient vivre dix jours ensemble qui encouragea Harry à lui serrer la main. Autrement, il aurait refusé. Harry la lâcha aussi vite que possible et Drago se tourna vers son père.
« J'ai faim. »
« On a du t'attendre. » dit Hydrus à Harry avec une voix hautaine.
A peine dix minutes plus tard, Harry se retrouva dans une salle à manger très belle, assis à une très grande table entre Drago et Hydrus – il avait oublié qui était qui. Il y avait deux mètres entre chacun d'eux – au Square Grimmaurd, lui, Patmol et Lunard s'asseyaient généralement tous ensemble au bout de la table, mais les Malefoy se répartissaient sur toute la table – et M. et Mme Malefoy étaient en face de lui.
Un elfe de maison, vêtu d'une taie d'oreiller sale, courrait autour de la table, claquant des doigts pour faire apparaître de la nourriture dans leurs assiettes et remplir leur gobelets.
« Dobby, lança le garçon à gauche de Harry. C'est Harry. »
« Dobby est heureux- »
Harry fut stupéfait l'espace d'un instant – l'elfe avait une voix si aiguë comparée à celle de Kreattur – mais il cacha sa surprise et sourit à l'elfe.
« -de recevoir Harry Potter dans la maison de ses Maîtres et de sa Maîtresse ! Dobby a entendu tant de choses … c'est un honneur, monsieur ! »
« Euh … merci. » dit Harry, gêné et incertain de savoir quoi dire d'autre.
Il avait l'impression d'avoir été pris au dépourvu et cela n'aida pas quant les deux garçons Malefoy se mirent à ricaner.
« Harry Potter a remercié Dobby ! s'exclama Dobby. Jamais Dobby- Dobby avait entendu parler de la grandeur de Harry Potter, monsieur- »
« Tu peux juste m'appeler Harry. » lui dit Harry, mal à l'aise.
Les yeux énormes de Dobby s'écarquillèrent et il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais M. Malefoy s'éclaircit la gorge. Dobby ferma la bouche et lança un regard terrifié à son maître avant de claquer des doigts en direction de l'assiette de Harry et de disparaître.
« M. Potter, dit M. Malefoy en attrapant le beurre. Dobby est un elfe de maison. »
Harry ouvrit la bouche pour dire qu'il le savait, mais il réalisa qu'il n'était pas censé savoir ce qu'était un elfe de maison.
« Il a l'air gentil. » dit Harry à la place.
Un instant après avoir dit ça, un gémissement bruyant résonna depuis le sous-sol, et tous les Malefoy l'ignorèrent.
« Gentil ? dit le garçon à la gauche de Harry, en reniflant. Potter, c'est un serviteur, il est censé être gentil. »
« Ça ne veut pas dire qu'il doit l'être. » répliqua Harry.
« Bien sûr que si, dit l'autre, vaguement. C'est un serviteur, Potter. »
Harry se souvint du comportement de Kreattur au début et s'apprêta à protester. Il réussit à fermer la bouche, cependant.
« S'il est impoli, il est puni. »
« Puni ? » demanda Harry.
Il avait vu Kreattur se punir lui-même une ou deux fois – généralement, il se cognait la tête contre un mur – et Patmol lui avait donné des pustules une fois, mais cela arrivait rarement. Aujourd'hui, si Kreattur faisait quelque chose de mal, Patmol le lui reprochait verbalement ou le forçait à s'asseoir dans son placard. Savoir que Harry et Patmol prépareraient eux-mêmes leur dîner et feraient eux-mêmes la vaisselle était souvent une punition suffisante.
« Il passe le fer à repasser sur ses mains ou coince ses oreilles dans le four- »
« C'est horrible ! » dit Harry, effaré.
« -c'est un serviteur, Potter, franchement. Tu es pire que Mère. Elle se contente de le gronder. »
Harry sentit son estime pour Mme Malefoy grimper un peu.
« Je pense personnellement- »
« Hydrus, dit calmement Mme Malefoy, mais le garçon à la droite de Harry s'arrêta de parler immédiatement. Pourquoi tu ne trouverais pas un sujet plus familier pour M. Potter ? Je pense qu'il se sent un peu dépassé. »
Harry ne pensait pas qu'il aimait Mme Malefoy, mais il ne la détestait pas non plus. Il ne se sentait pas dépassé – il se sentait énervé et essayait de contrôler son humeur. Hydrus commençait à lui rappeler Dudley.
« Tu vas aller à Poudlard ? » demanda Hydrus.
« Bien sûr. » dit Harry.
« Je pensais un peu à Durmstrang. » dit Hydrus en haussant les épaules.
Cela n'eut aucun sens pour Harry, mais Drago ricana jusqu'à ce que Mme Malefoy lui lança un regard noir.
« Quelle Maison alors, Potter ? »
« Gryffondor, j'espère. » dit Harry.
Mme Malefoy fut la seule qui ne sembla pas révoltée. La lèvre de M. Malefoy se retroussa, Hydrus fit mine de vomir et Drago eut l'air scandalisé.
« Mais- mais tu es censé être le prochain- »
M. Malefoy s'éclaircit la gorge.
« Je suis censé être quoi ? » demanda Harry en fronçant les sourcils vers Drago.
« -membre de notre famille. » dit Drago en jetant un œil vers M. Malefoy.
S'il n'avait pas vu M. Malefoy, Harry aurait pu croire que c'était vraiment ce qu'il voulait dire.
« C'est pour ça que tu es ici, non ? poursuivit Drago en observant Harry. Pour nous rejoindre ? Et notre famille a toujours été à Serpentard. »
« Je suis là seulement jusqu'au procès de Sirius. » dit Harry.
Drago n'eut pas l'air surpris, ce qui rendit Harry encore plus suspicieux. Il avait définitivement changé de discours. Harry était censé être le prochain quoi ?
« Et après ? demanda Hydrus. Ils ne vont pas te laisser vivre à Azkaban, quand même ? »
« Il ne va pas aller à Azkaban, puisqu'il est innocent. » dit Harry en serrant les dents.
Drago fronça les sourcils en regardant Harry.
« Hydrus, dit-il finalement. Tu l'as offensé. »
Mme Malefoy acquiesça et Drago lui sourit.
« Comment ? demanda Hydrus, dubitatif, observant Harry à la recherche de réponses. Black va aller à Azkaban. »
Mme Malefoy s'éclaircit la gorge, son sourire disparu.
« Tu ferais mieux de l'accepter- »
Une des lanternes du mur éclata et tout le monde sursauta. Par chance, une cloche résonna dans la maison au même moment.
« Les protections doivent encore s'emmêler. » dit Mme Malefoy en réparant la lanterne d'un coup de baguette.
Elle offrit un petit sourire à Harry.
« J'imagine que c'est l'Auror McKinnon. »
« Qui d'autre ? » marmonna M. Malefoy.
« Dob- »
« Non ! dit M. Malefoy. Je vais y aller moi-même. »
« Quelle galanterie, Lucius. » dit Mme Malefoy en se rasseyant, tandis que M. Malefoy s'en allait.
Mme Malefoy tourna ses yeux bleus sur Harry et lui offrit un petit pain.
« Pourquoi Père n'a pas envoyé Dobby ? » demanda Drago d'une traite.
« Il faudra lui demander directement. » répondit Mme Malefoy.
Et Drago s'exécuta, au moment où M. Malefoy fut de retour avec McKinnon.
« J'ai pensé qu'elle apprécierait un accueil personnel. » répondit sèchement M. Malefoy.
Drago n'eut pas l'air convaincu, mais n'insista pas.
« J'aurais aimé voir Dobby. » dit McKinnon en souriant à M. Malefoy, qui avait l'air irrité.
« Je suis sûr que tu en auras l'occasion à un moment ou un autre. » dit M. Malefoy.
Le sourire de McKinnon s'élargit et elle posa sa valise dans un coin de la salle à manger.
Le silence inconfortable qui suivit continua le jour suivant. Harry avait été éveillé presque toute la nuit et le reste du temps, il avait rêvé de Voldemort et de ses parents – heureusement, il n'avait réveillé aucun des autres occupants de la maison – et il avait craqué la fenêtre, mais ne l'avait pas fait explosé. Il tira les rideaux et retourna au lit. Personne ne le dérangea jusqu'au petit-déjeuner, quand Mme Malefoy l'invita à descendre manger.
Harry était descendu – vêtu du pyjama de soie qu'on lui avait donné – et Lucius avait été si choqué de le voir toujours en pyjama que lui et McKinnon arrêtèrent de se lancer des insultes de part et d'autre de la table et reprirent leur repas. Drago était apparemment sorti et Hydrus, qui était seul, invita Harry à jouer aux échecs. Harry perdit trois fois de manière spectaculaire – pensant fermement que ses pions étaient contre lui (particulièrement le roi, qui était un lâche, d'après Harry) et soutenaient les Malefoy, comme le garçon blond au menton pointu assis en face de lui.
« C'est une bonne chose que tu ne veuilles pas aller à Serpentard, le railla Hydrus, tandis que ses cavaliers traînaient le roi pleurnicheur de Harry hors du plateau. Tu n'es pas assez rusé. »
« Pas besoin d'être bon aux échecs pour être rusé. » lui dit Harry.
Hydrus eut l'air dubitatif. Harry résista à l'envie de lever les yeux au ciel et commença à replacer le plateau pour le prochain qui voudrait l'utiliser.
« Bien sûr que tu- Qu'est-ce que tu fais ? » demanda Hydrus.
« Je range. » dit Harry.
« Potter, dit Hydrus en levant les yeux au ciel. Tu n'as pas à ranger. Dobby le fera plus tard. »
Et avant que Harry n'ait pu dire quelque chose sur ce sujet, Hydrus lui avait attrapé le poignet et le tira hors de la pièce pour lui présenter Bosworth le rat. M. Malefoy les intercepta sur le chemin vers la chambre de Hydrus cependant et insista pour faire visiter la propriété à Harry – après qu'il ait retiré son pyjama, bien sûr.
« Voilà l'étang, M. Potter, dit Lucius en montrant à Harry ce qui semblait être à son avis un petit lac. Je te conseille de ne pas trop t'en approcher. »
Harry était penché sur une herbe qu'il était presque sûr d'avoir utilisé dans sa potion d'identification d'Animagus.
« Nous avons un Kelpie. » se vanta Hydrus.
Harry ne savait pas ce que c'était, mais imagina que c'était une créature aquatique. Les Malefoy ne semblaient pas faire parti de ceux qui élevaient des grenouilles et des poissons rouges dans leur étang.
« Mère pense que c'est dangereux, mais je ne vois pas pourquoi. Il ne sort jamais. »
« Ça ressemble à quoi ? » demanda Harry en espérant qu'il ne recevrait pas de moqueries pour cette question.
Il balaya les alentours du regard à la recherche de quelque chose d'inhabituel, mais il ne repéra que McKinnon, assise sous un grand arbre, les surveillant.
« Parfois, c'est un chien, un cheval ou un lion, mais la plupart du temps, c'est un serpent. »
Bien sûr, pensa Harry, sombrement amusé.
« Je garderais les yeux ouverts, alors. » dit-il.
« Ne vas pas te baigner pour le chercher. » ajouta Hydrus, tandis que M. Malefoy les menait jusqu'au placard à balais – enfin, placard n'était pas le bon mot, car d'après l'expérience de Harry, les placards étaient généralement petits. Je sais que ton côté Gryffondor pourrait être tenté, mais ce serait juste stupide. »
« Je garderais ça en tête. » dit Harry avec une voix neutre, tout en regardant autour de lui.
Il y avait trois balais sur des crochets sur le mur d'en face. Le mur sur la gauche était réservé aux équipements. Le reste de la pièce semblait être une sorte de sanctuaire du Quidditch. Il y avait un placard vitré qui contenait plusieurs robes vertes émeraude avec 'Malefoy' brodé dessus et deux grands 'K' superposés et jaunes. Il y avait aussi plusieurs photographies de quelqu'un qui ressemblait beaucoup à M. Malefoy dans une équipe vêtue des mêmes robes et d'autres où il était seul, et qui venaient d'articles de la Gazette.
« Qui est-ce ? » demanda Harry.
« Mon grand-père Casius, dit M. Malefoy en débordant de fierté. Il a été capitaine des Crécelles de Kenmare pendant cinq ans et leur a fait gagné deux fois le championnat. »
« Il était Attrapeur, comme moi. » dit Hydrus, et ce fut le premier espèce de sourire que Harry vit sur son visage, même si c'était plutôt un rictus.
« Tu joues ? » demanda Harry.
« Évidemment, ricana Hydrus. C'est là que se trouve mon balai d'habitude. »
Il montra un crochet vide.
« Je l'ai emmené à l'intérieur pour le polir. » dit-il.
M. Malefoy soupira bruyamment et Harry suivit son regard jusqu'à un plan de travail où reposait un nécessaire complet d'entretien de balais.
« J'ai installé ça à Noël et je ne crois pas que ça a été utilisé depuis. » dit M. Malefoy à Harry.
« Les vieilles habitudes ont la vie dure, Père, le railla Hydrus. Tu aurais du installer ça plus tôt. C'est celui de Drago. »
Il montra un balai brillant. Il avait l'air plus lourd que le Galaxy de Harry, mais Patmol avait dit que celui de Harry n'était pas fait pour les matchs. Harry soupçonna celui-ci d'être fait pour ça.
« C'est un Comète 260. Le même que le mien. »
Les deux autres – qui devaient sans doute appartenir à M. et Mme Malefoy – étaient de la même marque.
« Tu voles ? »
« J'ai volé une fois ou deux. » dit Harry en notant que les yeux de M. Malefoy s'étaient plissés.
Il écoutait, attendant que Harry laisse échapper quelque chose sur sa vie avec Patmol. Après quelques autres questions subtiles et insistantes – auxquelles Harry ne répondit qu'en haussant les épaules – M. Malefoy et Hydrus firent sortir Harry du placard à balais et l'emmenèrent voir les paons qui vivaient sur la propriété.
« Alors t'en penses quoi ? » demanda Hydrus, tandis qu'ils rentraient tous les trois – McKinnon les suivait – à l'intérieur, traversant des couloirs pour monter à l'étage.
« C'est grand. » dit Harry.
McKinnon renifla et M. Malefoy se tourna pour la foudroyer du regard.
« Plus grand que ce à quoi tu es habitué ? » demanda Hydrus, et M. Malefoy se redressa, écoutant apparemment attentivement.
McKinnon avait l'air aussi intéressé.
« Beaucoup plus grand, dit innocemment Harry, faisant étinceler les yeux de M. Malefoy. Je veux dire, je viens de passer deux semaines dans une cellule. »
L'éclat dans les yeux de M. Malefoy s'éteignit et McKinnon soupira.
« C'était minuscule. »
Hydrus ouvrit la bouche et Harry se prépara pour ce qui allait sûrement être une réflexion insultante ou arrogante. Hydrus n'eut cependant pas la chance de dire quoi que ce soit. Dobby et un Drago d'humeur maussade apparurent en bas des escaliers, ce qui fit sursauter Harry, qui glissa et se cogna le coude contre la rampe.
« Et bien, c'était très gracieux, Potter. » dit Drago d'une manière cinglante.
Mais à la grande surprise de Harry, Drago s'approcha et l'aida à se relever. McKinnon, qui s'était avancée pour faire pareil, recula. Hydrus ricana – l'imbécile – et M. Malefoy les regarda à peine.
« Merci. » murmura Harry.
« Tout va bien, M. Potter ? » demanda M. Malefoy.
Harry allait bien – il aurait probablement un bleu demain, mais ce n'était pas grand chose – mais il vit là une chance et la saisit.
« En fait, Monsieur, je suis vraiment fatigué. » dit-il doucement.
Si Patmol et Lunard avaient été là pour voir ça, ils auraient ri et auraient découvert son mensonge dans la seconde. M. Malefoy, en revanche, ne sembla pas s'en rendre compte.
« Toute cette marche après avoir été dans une cellule pendant si longtemps … C'est un problème si je vais me coucher ? »
« Le dîner est dans une heure. » répondit M. Malefoy, incertain.
« Je n'ai pas très faim. » dit Harry.
Il avait un peu faim, mais il avait prévu d'aller dormir de suite, alors il pourrait attendre jusqu'au matin.
« Je vais l'accompagner. » dit McKinnon.
L'expression de M. Malefoy se durcit.
« Bonne nuit, M. Potter. » dit-il avant de monter à l'étage.
« Oh, elle te borde aussi, en plus de te surveiller ? »
Harry jeta un œil à Hydrus, ennuyé, avant de réaliser que c'était Drago qui avait dit ça. Il était surpris – Drago venait de l'aider – et réalisa qu'il aurait probablement du s'y attendre.
« Bonne nuit. » dit-il sèchement en passant près d'eux.
« Bonne nuit. » lança Drago, l'air parfaitement plaisant cette fois-ci.
Harry tourna les yeux vers lui, confus, avant de secouer la tête et de grimper le reste des escaliers jusqu'à sa chambre. McKinnon ne le suivit pas de suite – elle lui donna quelques minutes pour se changer – avant d'entrer et d'aller s'asseoir sur la chaise du bureau.
Elle n'essaya pas de faire la conversation et Harry n'était pas vraiment sûr de savoir quoi lui dire. Au lieu de ça, il quitta la pièce pour aller se brosser les dents. Elle était toujours là quand il revint, même si elle ne semblait pas plus encline à lui parler qu'avant.
La distance de McKinnon annonça le début de journées très solitaires. M. et Mme Malefoy étaient parfaitement amicaux et très arrangeants, mais Harry avait l'impression que malgré ça, Mme Malefoy n'aimait pas vraiment le fait qu'il soit dans sa maison et que M. Malefoy complotait quelque chose. Certaines de ses questions étaient trop insistantes pour que Harry se sente vraiment à l'aise.
Harry avait réussi à offenser Hydrus dès le deuxième jour. Hydrus avait emmené Harry voler dehors. Ils avaient fait la course et avaient fait un concours pour savoir qui pouvait faire les meilleures figures. Ils avaient même joué un jeu de 'Cognard' et Harry avait tout gagné, sauf l'une des courses. Hydrus ne lui avait plus parlé depuis, à part pour l'insulter, ce qui avait horrifié M. Malefoy et avait rendu Mme Malefoy plutôt satisfaite.
Drago était régulièrement loin de la maison. Il disparaissait plusieurs heures chaque jour – généralement dans les après-midis ou tôt dans la soirée, même si cela arrivait qu'il soit aussi absent dans la matinée – et Hydrus ne semblait pas savoir où il allait. Il y avait fort à parier que même s'il savait, Hydrus ne l'aurait quand même pas dit, mais ni Drago, ni les adultes n'avaient donné à Harry une réponse précise quand il avait demandé.
Encore plus mystérieux que les excursions de Drago, il y avait son comportement. Un moment, il était très agréable et il essayait d'expliquer sa théorie sur les câlins magiques à Harry – Harry n'avait pas réussi à savoir s'il blaguait ou s'il était sérieux – et la seconde d'après, il insultait la personnalité, l'apparence ou l'intelligence de Harry, lui donnait des ordres ou se pavanait. Et quand Drago était dans une de ces humeurs, il était encore plus dur à supporter que Hydrus. Harry décida qu'il n'aimait pas beaucoup Drago, car ses multiples personnalités étaient impossibles à suivre.
Ainsi, Harry se retrouvait souvent seul et passait beaucoup de temps dans la cuisine avec Dobby. Mme Malefoy n'avait pas l'air d'être embêtée par le fait qu'il reste là et M. Malefoy non plus – qui était partant pour que Harry fasse tout ce qu'il souhaitait tant qu'il était content. Hydrus ne comprenait pas l'intérêt de passer du temps avec un elfe de maison – en fait, Harry n'était même pas sûr que Hydrus sache où se trouvaient les cuisines – et Drago avait peur de la cave, alors il ne s'y aventurait pas souvent.
Patmol et Lunard manquaient tant à Harry que cela en devenait douloureux et il n'y avait personne au Manoir qui était très amusant, mais Dobby était au moins une compagnie agréable. Il était plus doué pour tenir une conversation que Kreattur, même si Dobby, contrairement à Kreattur, avait l'étrange habitude d'éclater en sanglots dès que Harry le remerciait pour quelque chose. Il était aussi beaucoup plus prompt à utiliser des compliments.
« Monsieur Harry Potter est trop gentil avec Dobby. » dit Dobby en lui présentant une assiette de biscuits.
« Merci. » dit Harry, attrapant un biscuit.
Les yeux de Dobby se remplirent de larmes.
« Si gentil, dit la voix aiguë de Dobby. Dobby ne mérite pas Harry Potter- »
« Qu'est-ce que tu as mis là-dedans ? » demanda Harry en rougissant.
Dobby renifla et commença à faire la liste des ingrédients avec un enthousiasme débordant. Harry était juste heureux d'avoir réussi à empêcher une nouvelle crise de larmes. Dobby envoya l'assiette à l'étage – où elle trouverait inévitablement son chemin jusqu'à chaque membre de la famille Malefoy – et finirait sûrement avec Hydrus ou Drago, selon l'humeur de celui-ci.
Dobby se tendit soudainement et disparut avec un crack. Il faisait ça régulièrement – quelqu'un l'avait sans doute appelé – et Harry était trop habitué maintenant pour être surpris. Il revint quelques instants plus tard, en tremblant et en tordant sa taie d'oreiller toute sale.
« Pourquoi est-ce que tu portes cette chose, Dobby ? » demanda Harry en fronçant le nez.
Kreattur ne portait pas non plus de vêtements – mais Kreattur avait plusieurs taies d'oreiller et torchons qu'il pouvait choisir et ils étaient tous propres.
« C'est un symbole de l'esclavage des elfes de maison, Monsieur Harry Potter, dit-il en baissant les yeux. Dobby sait où est sa place, mais Dobby l'oublie parfois, Monsieur- »
« Dobby oublie-, commença Harry, s'interrompant avant de se mettre vraiment à parler comme un elfe de maison. Tu oublies ? »
Dobby avait l'air terrifié et tremblait de tous ses membres.
« Dobby ne doit pas- Dobby ne devrait pas- Dobby est- »
Soudainement, il laissa échapper un cri et courut vers l'évier. Harry reconnut l'expression sur son visage et sauta du plan de travail. Il ne fut pas assez rapide pour empêcher Dobby de plonger sa grande tête dans l'eau savonneuse, mais il fut assez rapide pour l'empêcher de recommencer.
« Arrête ! » dit Harry en le tirant en arrière.
Dobby se débattit – si Harry avait été plus petit qu'il ne l'était aujourd'hui, Dobby se serait libéré.
« Dobby, arrête ! »
Dobby s'immobilisa et Harry le traîna pour l'asseoir sur l'une des chaises qui entouraient la table de la cuisine.
« Merci, Monsieur Harry Potter. » dit Dobby.
De l'eau savonneuse coulait de ses oreilles pointues et se répandait sur le sol. Soudain, Dobby se tendit à nouveau et Harry le força à se rasseoir.
« Méchant Dobby ! cria Dobby en se frappant le visage. Méchant Dobby ! »
« Arrête ! cria Harry. Je t'interdis de te punir quand tu es avec moi ! Et pas de Transplanage pour le faire ailleurs non plus ! »
Les oreilles de Dobby tombèrent. Harry desserra sa prise sur les poignets de Dobby et quand Dobby n'essaya pas de se frapper à nouveau, Harry le lâcha complètement. Dobby releva ses yeux tristes vers lui. Harry n'était pas sûr si c'était le détergent qui rendait ses yeux rouges ou si c'était les larmes.
« Dobby est un mauvais elfe- Dobby a presque critiqué sa famille ! Et en plus, Dobby ne se punit pas lui-même ! »
Il laissa échapper un gémissement et Harry soupira.
« Je pense que tu es un très bon elfe. » dit Harry.
« Si Monsieur Harry Potter savait … marmonna Dobby. Dobby oublie, Dobby est un mauvais elfe de maison ! Dobby garde des secrets pour les Maîtres et la Maîtresse de Dobby- »
« Et bien, tu es censé le faire. » dit Harry.
Dobby eut l'air affolé.
« Dobby a aussi- Dobby- »
Dobby s'approcha de Harry comme s'il avait peur qu'on les écoute.
« Dobby a aussi des rêves, Monsieur Harry Potter. Dobby fait le rêve d'être un- un- »
« Un quoi ? » demanda Harry, curieux.
Il n'avait jamais rencontré d'elfe ambitieux auparavant – à moins que l'on compte le désir de Kreattur de conquérir les moutons de poussière – mais il pensa que s'il devait rencontrer un elfe de maison avec un trait de caractère de Serpentard, c'était bien dans la maison des Malefoy que ça se passerait.
« Un elfe li- »
Dobby lâcha un nouveau gémissement et se jeta de sa chaise avant que Harry n'ait pu l'arrêter. Ensuite, il courut vers le four, dans lequel se trouvait le pain.
« Arrête ! dit Harry en s'approchant de lui. Dobby, pas de punition, tu te souv- »
« Petrificus Totalus ! » dit McKinnon depuis la porte, et Dobby tomba avec un cri.
« Vous l'avez attaqué ! » lança Drago – qui se trouvait derrière McKinnon.
Harry n'arrivait pas à savoir s'il était admiratif ou horrifié.
« On a entendu crier- »
« J'ai entendu crier. » dit Drago.
« Il a entendu crier, soupira McKinnon, et Drago eut l'air satisfait. Tu es blessé ? »
Harry secoua la tête et sortit sa propre baguette.
« Je vais te libérer, dit Harry en s'accroupissant à côté de Dobby. Tu vas rester allongé là et tu ne vas pas te punir du tout. »
« Harry, dit McKinnon. Peut-être que c'est mieux si je- »
« Finite. » dit-il en agitant sa baguette sur Dobby, qui commença à pleurer.
McKinnon dévisagea Harry pendant un moment, avant de regarder Dobby.
« Dehors. » dit-elle en faisant signe à Harry et Drago.
Harry voulait rester et aider, mais Dobby semblait bouleversé par sa seule présence.
« Vous ne pouvez pas- » commença Drago.
« Viens. » dit Harry en le traînant derrière lui.
« Qu'est-ce que tu lui as fait ? » demanda Drago, alors qu'ils arrivaient en haut.
« On ne faisait que parler. » dit Harry.
Il ne pensait pas que parler des rêves de Dobby à Drago – quel qu'ils soient – était une bonne idée, alors il ne rajouta rien.
« Visiblement, tu es horrible pour faire la conversation. » ricana Drago.
Harry le fusilla du regard. Drago fit de même avant de reprendre la parole.
« Viens, on fait une course de rats. »
« Je n'ai pas de rat. » souligna Harry.
Et il n'en voulait pas – Peter avait ruiné l'animal pour lui, pensa-t-il.
« Tu peux regarder alors. » dit Drago sur un ton neutre.
Harry soupira et le suivit à travers le bureau – Harry détestait le bureau, car il lui donnait la chair de poule – puis le reste du Manoir. Hydrus attendait près de l'étang et afficha un regard noir en voyant Harry.
« Qu'est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il.
Bosworth, qui était posé sur son épaule, couina. Drago sortit Roquefort de sa poche et le posa dans l'herbe. Il vint rapidement sentir la chaussure de Harry.
« Je l'ai invité. » dit Drago en s'asseyant.
Hydrus posa Bosworth de la même façon et alla s'asseoir dix mètres plus loin.
« Assieds-toi, Potter. »
Harry s'assit, un peu gêné, à côté de la plante qu'il avait inspecté lors de son premier jour au Manoir.
« Ils sont alignés ? » demanda Hydrus.
Drago attrapa les deux rats et les plaça en face de lui.
« Oui. » dit Drago.
« Alors, c'est parti ! » s'écria Hydrus.
Drago les laissa partir et les deux rats se mirent à courir vers Hydrus. Visiblement ils l'avaient déjà fait plusieurs fois. L'un d'eux couinait sans cesse, mais Harry ne pouvait pas deviner de quel rat cela venait. Harry ne pouvait pas vraiment dire que c'était très intéressant, mais Drago et Hydrus avaient tous les deux l'air impatient.
Finalement, le rat gagnant – l'autre était quelques pas derrière lui – atteignit Hydrus, dont le visage s'affaissa. Drago laissa échapper un cri de triomphe et s'empressa de donner à son rat quelque chose à manger. Roquefort s'éloigna pour manger – se rapprochant de Harry – et Bosworth suivit en couinant. Roquefort couina de retour – ce qui était bizarre, car Harry eut l'impression qu'ils étaient vraiment en train de parler – et alors Bosworth se lança en avant, le mordit et vola ce que Drago avait donné à Roquefort. Roquefort lança un petit cri de détresse et courra jusqu'à Drago et Hydrus qui se taquinaient.
Bosworth s'approcha de Harry, près de l'étang. Harry essaya de l'attraper pour voir ce qu'il avait volé à l'autre rat, mais Bosworth l'esquiva et alla se cacher dans une touffe d'herbe. Harry pouvait voir deux yeux brillants et entendre des bruits de grignotage. Il soupira – il semblait que le rat était aussi con que son propriétaire – et retourna écouter les frères Malefoy se disputer.
« Je dis qu'il faut deux victoires sur trois. » dit Hydrus.
« Non, répliqua férocement Drago. Tu as perdu- »
« Alors je vais sûrement perdre encore, non ? le railla Hydrus. Tu as juste trop peur de perdre- »
« Je n'ai pas peur ! lança furieusement Drago. Tu es un lâche ! »
« Je ne suis pas un lâche ! » hurla Hydrus, ses joues pâles devenant roses.
Il y eut un couinement aiguë et perçant à la gauche de Harry. Sa tête se releva juste à temps pour voir Bosworth essayer de sortir de la touffe d'herbe dans laquelle il était caché. La raison du cri devint rapidement visible. Un grand serpent turquoise était enroulé dans l'ombre, à seulement quelques centimètres de l'endroit où Harry était assis, et ses yeux bleus et brillants étaient fixés sur le rat. Hydrus se mit à crier et courut vers le Manoir, en appelant son père. Drago se contenta d'observer et Harry s'immobilisa.
Les moustaches de Bosworth frémirent et il regarda désespérément vers Harry. Harry bougea un peu, essayant de sortir sa baguette de sa poche, mais le serpent se tourna vers lui. Harry leva doucement la main.
« Mieux. » dit le serpent.
Harry cligna des yeux et le serpent retourna son attention sur Bosworth.
« Etouffffer et avaaaler. » siffla-t-il en s'approchant du rat terrifié.
Est-ce que ce serpent parle ? La queue du serpent s'agita et il se jeta en avant. Bosworth essaya de bouger, mais le serpent fonça et avant que Harry n'ait pu comprendre ce qui arrivait, le serpent l'avait entouré de ses anneaux. Le rat couinait sans discontinuer, à présent.
« Arrête ! » dit Harry.
Le serpent leva la tête et ouvrit la bouche.
« Tu viens de paarler ? » demanda le serpent en regardant Harry avec curiosité.
Ses grands yeux l'observèrent avec plus d'intelligence qu'il ne s'y serait attendu et sa langue – violette – sortit pour sentir l'air.
« J'allais te demander la même chose. » dit Harry en pensant que c'était l'une des choses les plus étranges qu'il avait jamais fait.
« Intéresssant, dit le serpent. Mais pourquoi devrais-jee arrêêter ? »
« C'est un animal de compagnie – le garçon qui s'est enfui, c'est son rat. »
« Et ? » demanda le serpent, mais Harry remarqua qu'il avait arrêté de serrer.
Bosworth haletait et s'agitait toujours, mais il s'était calmé, presque comme s'il se savait en sécurité pour le moment.
« Et si tu le tues, ils seront en colère- tu pourrais euh … perdre ta maison. »
Il ne doutait pas que Hydrus et M. Malefoy s'arrangeraient pour se venger si quelque chose arrivait au rat.
« Ma maison ? »
Les énormes yeux du rat s'écarquillèrent et le serpent lâcha un sifflement mécontent. Ensuite, ses anneaux se relâchèrent et Bosworth s'enfuit, sautant dans la main de Harry. Harry le plaça dans une poche de sa robe pour le protéger.
« Merci. » dit-il.
« Ce n'est paaaas pour toiii, petit homme. » dit le serpent.
Il glissa en avant et se redressa soudainement, pour que sa tête se trouve au niveau de celle de Harry. Ses écailles turquoises brillaient au soleil.
« C'eeest pour moi. »
Il glissa vers l'étang et disparut en quelques secondes. Harry fixa l'eau et une main attrapa le dos de sa robe et le releva sur ses pieds. Drago était extrêmement pâle, mais écarta Harry de l'étang.
M. Malefoy – qui avait sa baguette dans la main et avait l'air paniqué – et Hydrus sortaient du Manoir et courraient vers eux.
« Vous êtes blessés ?! » demanda M. Malefoy en les observant tous les deux.
« Non, Monsieur. »
Harry sortit Bosworth – qui tremblait – de sa poche et le tendit à Hydrus, qui le lui arracha et retourna en courant à l'intérieur.
« Que s'est-il passé ? » demanda M. Malefoy.
« Et bien, dit Harry, toujours ébranlé. Il a attrapé Bosworth et alors- »
« Potter lui a jeté un sort. » le coupa Drago.
Il croisa et soutint le regard de son père.
« Et il l'a lâché et il est retourné dans l'étang. »
M. Malefoy se tourna vers Harry, qui fixait Drago. Non seulement Drago avait menti sur ce qui s'était passé, mais il se mit aussi à cligner plusieurs fois des yeux une fois que l'attention de M. Malefoy se reporta sur Harry.
« Ouais, dit lentement Harry. C'était un coup de chance, vraiment. »
« Et ça me fait me demander pourquoi vous avez du vous défendre vous-même, dit-il avec douceur. Où est McKinnon ? »
« Dans la cuisine, dit Drago. Dobby était bouleversé. »
M. Malefoy tourna les talons et retourna vers le Manoir, marmonnant dans sa barbe.
« Tu as menti. » dit Harry.
« Bien sûr que j'ai menti ! s'écria Drago. Tu lui as parlé ! Tu ne peux pas parler aux Kelpies ! »
« Qu'est-ce que tu veux dire ? » demanda Harry.
« Sérieusement, Potter, tu as été élevé par des moldus ? » demanda Drago de manière arrogante.
« En fait- »
« Je sais ! Tais-toi ! s'exclama Drago. Les Kelpies ne parlent pas – ils ne nous comprennent pas et nous ne les comprenons pas ! »
Évidemment, ce n'était pas vrai, car Harry venait à l'instant de parler à la créature.
« Tu ne pouvais pas le comprendre ? »
Harry cligna les yeux en regardant Drago, qui avait l'air frustré.
« Non ! Et c'est ainsi que ça doit être ! »
« Euh … Désolé ? » dit Harry.
Mais il pouvait dire, d'après la réaction de Drago, que c'était sérieux. Patmol et Lunard lui manquèrent encore plus qu'avant. Ils auraient su quoi dire et comment expliquer ce qui venait juste de se passer.
« Désolé ?! cria Drago. Tu- Potter, je ne pense pas que tu comprennes- »
« Visiblement non, dit Harry en levant les yeux au ciel. Si c'est si grave, alors, pourquoi tu n'as rien dit ? »
Drago eut l'air perdu pendant un instant.
« C'est- je- ce n'est pas quelque chose qui devrait être partagé. C'est un secret. » dit-il finalement, mais il n'avait pas l'air sûr de lui.
Harry se demanda si l'étrange comportement de Drago venait du fait qu'il ne savait pas vraiment ce qu'il devait penser.
« Mais j'aurais sûrement du dire- Père ... »
« Alors, tu vas lui dire ? » demanda Harry.
« Absolument pas, dit Drago, l'air horrifié. J'ai menti. Je ne vais pas me dénoncer. »
Ses yeux – gris comme ceux de Patmol, mais bien plus froids – se plissèrent.
« Alors tu ferais mieux de ne rien dire non plus. »
« Je n'ai jamais rencontré un Gryffondor dont j'ai apprécié la compagnie. »
Drago hésita.
« Menteur. » dit-il.
Les sourcils de Severus se levèrent.
« Très bien, dit-il. Je me sens mal à la vue du sang. »
« Menteur. »
Severus inclina la tête. Drago ne semblait pas savoir s'il se sentait plus satisfait d'avoir deviner la bonne réponse ou s'il était toujours ennuyé à cause de Severus. Severus, espérant que c'était la dernière option, il espérait toujours offenser Drago suffisamment pour qu'il arrête de venir à ces leçons. Protéger le garçon était important, mais Severus ne comptait pas le faire à ses dépends. Dumbledore pouvait croire ce qu'il voulait, mais Severus pensait toujours que c'était une mauvaise idée d'offrir au Seigneur des Ténèbres un espion qui avait l'entraînement de Severus.
« Ma mère s'appelait Eileen. »
« C'est vrai ? »
« Tu me le demandes ou tu me le dis ? »
« J'ai déjà dit que c'était vrai. Si vous n'écoutez pas, ce n'est pas ma faute. »
Le menton de Drago se releva et ses yeux lançaient des éclairs.
« Sois sûr de tes réponses, dit sèchement Severus. Si tu en doutes, alors je doute de toi. »
Le mot 'doute' sembla activer quelque chose chez le garçon. Il ouvrit la bouche et la referma. Severus était tout proche de soupirer et de lui dire de lâcher ce qui l'ennuyait, quand Drago le fit de lui-même.
« Je peux vous faire confiance ? »
Severus arqua un sourcil et fixa le garçon, qui le fixa à son tour.
« Oui. » dit-il doucement.
Drago le dévisagea pendant un moment, avant d'acquiescer.
« C'est vrai. » dit-il, l'air soulagé.
Severus n'était sûr de savoir si c'était vrai ou non, mais à cet instant, la confiance de Drago était une bonne chose, alors Severus n'allait sûrement pas remettre en cause sa décision.
« Est-ce que ça veut dire que je peux faire confiance à Mère ? »
« Pardon ? » dit Rogue d'une voix traînante.
« Quelque chose … est arrivé, dit Drago, hésitant. C'était hier. J'ai menti à Père. »
« Et il t'a cru ? »
Le menton de Drago se releva.
« Je n'ai pas cligné des yeux du tout. » dit-il fièrement.
Severus cacha un sourire narquois et fit signe à son filleul de poursuivre.
« Une fois que j'ai menti, je ne pouvais plus revenir en arrière. »
Severus imaginait que la fierté de Drago et ses instincts de survie était la raison derrière ça et il ne pouvait décider si c'était une caractéristique plutôt Serpentard ou Gryffondor.
« C'est un- c'est quelque chose qui devrait être un secret … et Père dit toujours de garder les secrets jusqu'à ce qu'on ait besoin de les dire pour obtenir quelque chose … seulement, ce n'est pas pour ça que je l'ai fait. »
« Tu n'as pas gardé le secret pour t'aider toi-même ? » demanda Severus.
Drago acquiesça.
« Je- c'était comme avec Pansy. Hydrus comptait se moquer d'elle parce qu'elle pleurait, seulement ce n'était pas juste. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Je pleurerais aussi si Mère mourrait. Et Potter n'a pas pu s'en empêcher non plus- seulement- seulement- »
« Potter ? » demanda Severus en se pinçant l'arrête du nez.
Après sa tentative humiliante de protéger Potter de Black, qui maintenant n'était apparemment pas un loup-garou (et donc d'où Black tenait ce souvenir qu'il avait montré à Severus, il ne le savait pas), Severus pensait que sa haine pour tous les Potter avait atteint de nouveaux sommets. Sauf Lily, bien sûr, même s'il ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir un peu pour avoir engendrer le morveux qu'il essayait maintenant de protéger.
« Oui, Monsieur, dit Drago. Ce n'est pas mon ami pourtant, mais je l'ai quand même traité comme si c'était Pansy- je- je l'ai aidé. »
Tu l'as protégé. Severus replaça une pile de devoirs pas encore corrigés et essayait de digérer la nouvelle. Il se demanda aussi ce que Potter avait bien pu faire pour déclencher ça chez Drago. Drago n'aimait, ni ne détestait Potter, mais quoi qu'ait fait Potter, cela avait suffisamment surpris Drago pour le pousser à agir de manière instinctive. Et cette semaine, il semblait que les instincts de Drago devenaient de plus en plus proches de ceux de Gryffondor.
« Tu ne m'avais pas dit que tu l'avais déjà aidé l'autre jour ? demanda Severus. Quelque chose à propos de lui tendre la main pour l'aider à se relever ? »
« Je ferais ça pour n'importe qui, dit Drago en levant les yeux au ciel. Ça ne compte pas. »
Severus dévisagea à nouveau le garçon, se demandant à quel moment exact il avait changé ces derniers mois. L'ancien Drago se serait moqué de la chute de Potter, même s'ils avaient été meilleurs amis, et il ne lui aurait certainement pas tendu la main après ça.
« Et cette fois, ça compte ? »
« Évidemment ! dit Drago, frustré. Je suis allé demander à Mère ce matin ce qu'elle pensait de tout ça – elle m'avait dit de venir la voir et lui parler si je me sentais confus, pour qu'elle mette de l'ordre dans tout ça- »
« Tu te fies à elle ? »
« Mère a dit que c'était normal de demander de l'aide, dit sèchement Drago. Seulement cette fois, elle m'a dit que je ne pouvais pas lui en parler, parce que je ne pouvais pas lui faire confiance. Elle a dit que je pouvais l'aimer, qu'on continuerait à passer du temps ensemble, qu'on pouvait toujours faire des câlins et pratiquer la magie et qu'elle me lirait toujours des histoires, mais que je ne pouvais pas lui faire confiance, parce qu'on ne peut faire confiance à personne. »
Drago avait l'air d'être au bord des larmes et Severus se demanda comment Narcissa avait pu passer de si subtile à si abrupte.
Et pourquoi, au nom de Merlin, avait-elle dit à Drago de ne pas lui faire confiance ?
« Sauf qu'elle a dit que je pouvais vous faire confiance. » dit Drago.
Severus s'en trouva bouche bée avant de pouvoir s'en empêcher. Au nom de Merlin, à quoi jouait cette femme ?! Il referma brusquement la bouche, mais Drago ne semblait pas l'avoir remarqué, de toute façon.
« Mais si elle me dit de vous faire confiance et que vous êtes digne de confiance, alors ça ne veut pas dire que je peux lui faire confiance aussi ? »
« Si ta mère t'a dit que tu ne peux pas la croire, dit Severus après une pause. Alors je te conseillerais de l'écouter. Vraisemblablement, elle ne te le redira pas, mais ça ne veut pas dire que l'avertissement est moins vrai. »
« Et- et vous, Monsieur ? Je peux vous faire confiance, pas vrai ? »
« Comme tu veux, dit Severus. Je ne peux pas promettre que je prendrais toujours des décisions avec lesquelles tu seras d'accord ou que je te donnerais des conseils qui te sembleront toujours utiles, mais je peux te promettre que je ne divulguerais aucune information que tu me donneras sans ta permission, à moins que ce soit absolument nécessaire. Et je peux promettre que je t'encouragerais à agir selon tes propres intérêts. »
Il pensa que c'était la chose la plus digne d'un parrain qu'il ait jamais dite au garçon et que c'était plutôt tordu. Il laissa Drago gamberger quelques minutes.
« Monsieur ? »
« Drago ? »
« Est-ce que j'ai mal fait ? »
De me faire confiance ? se demanda Severus. Le temps seul le dira – pour nous deux.
« Pardon ? »
« J'ai du- c'était une mauvaise chose d'aider Potter, alors qu'il n'est pas mon ami ? »
« Ce n'est pas à moi de décider. » dit Severus, espérant, juste l'espace d'un instant, qu'il avait la clairvoyance de Dumbledore ou de Narcissa.
Tous les deux auraient bien mieux répondu à une question comme celle-ci. Il ne pouvait même pas utiliser son propre test de moralité – que dirait Lily ? - car dans ce cas, ce serait probablement biaisé.
« On devrait toujours faire de notre mieux pour aider les gens- »
Un mensonge, car Severus lui-même ne croyait pas ça, mais Drago n'était pas en train de chercher les mensonges à cet instant. Il écoutait simplement.
« -mais tu devrais aussi être prudent de ne pas laisser les gens abuser de ta … bonne volonté. »
Drago eut l'air soulagé.
« C'est bien. » dit-il.
« Quoi ? »
« Je ne pense pas que Potter soit du genre à profiter des autres. » lança Drago.
Severus – avec beaucoup, beaucoup de réticence – dut admettre qu'il avait raison. Même James Potter – parmi tous ses terribles défauts – avait été … réticent à profiter des gens. C'était probablement la chose la plus proche d'une qualité que l'homme avait jamais possédé.
« Ça fait combien de temps que tu es là ? » demanda Severus, ramenant soudainement l'attention de Drago sur leur leçon.
« Une heure et douze minutes. » dit Drago avec assurance.
« Une heure vingt-neuf, dit Severus, et le visage de Drago s'affaissa. Mais tu avais l'air convaincu. »
Il offrit à Drago un semblant de sourire.
« Je t'ai presque cru. »
Il continua de faire travailler Drago sur sa capacité à détecter ses mensonges pendant encore plusieurs minutes, avant de placer sur un plateau vingt objets dont Drago devait se souvenir. Drago se débrouilla pour en trouver dix-neuf et Severus l'envoya ensuite réorganiser la bibliothèque – Drago eut l'air furieux et se mit à piétiner.
« Sois prudent, dit Severus en grimaçant, lorsque Drago jeta un énorme livre sur les potions rares de l'étagère. La plupart de ces livres valent chacun plus que ton balai. »
« Désolé, marmonna Drago. Monsieur, pourquoi je ne peux pas juste appeler Dobby et lui demander de le faire ? »
« Parce que Dobby n'apprendra rien de cet exercice. »
« Moi non plus ! »
« Plus tu protestes, moins vite tu auras fini. » l'avertit Severus.
Drago fourra un autre livre sur l'étagère, avec un regard noir. Il avait déjà appris beaucoup ; s'il existait ailleurs un autre enfant de neuf ans avec des compétences en organisation aussi importantes que celles de Drago, Severus ne l'avait pas encore rencontré. Drago se résolut à ranger les livres, les ingrédients pour potion, les fioles et même les fichiers des étudiants de Serpentard de Severus. Il devenait efficace pour trier de nombreuses informations et apprenait à faire attention à ce qu'il classait. Severus lui demandait souvent de retrouver certaines choses après coup et Drago devait utiliser sa mémoire et son système de rangement pour le faire.
Severus s'assit avec dans l'idée de corriger quelques devoirs, mais au lieu de ça, son esprit se mit à vagabonder. Il avait beaucoup de choses en tête. Le procès de Black était prévu dans quatre jours et d'anciens articles – à propos de cette nuit-là, de la mort de Pettigrow – avaient été réimprimé et faisaient la Une de la Gazette ces jours-ci. Selon les dires de Dumbledore, bien sûr. Severus refusait toujours de lire ce torchon. Même Greyback – qui était mort, bon débarras – n'avait eu droit qu'à la seconde page.
Severus n'allait bien sûr pas témoigner, mais la culpabilité commençait à le gagner. Il savait où se trouvait Pettigrow. Il pourrait offrir sa liberté à Black. Black lui serait pour toujours redevable – et c'était une pensée agréable – et cela voudrait aussi dire que Potter retournerait avec Black. Severus n'était sûr que ce soit une bonne idée, mais si Black perdait son procès, Potter finirait certainement avec Lucius et Narcissa, et Severus ne pensait pas qu'il pourrait gérer un Potter Serpentard, pas plus que Narcissa.
Bien sûr, s'arranger pour que Pettigrow soit découvert était bien trop risqué. Severus avait préparé des potions pour faire repousser son doigt. Severus était impliqué. Et même si Severus pensait que le monde ne se porterait que mieux si Lucius était envoyé à Azkaban pour avoir héberger le rat, Severus faisait parti des quatre personnes – lui-même, Lucius, Narcissa et le rat lui-même – qui savait où Pettigrow résidait actuellement. Ce serait évident qu'il avait parlé et Severus n'était pas prêt à échanger sa vie contre celle de Black.
Il se demanda si Narcissa elle-même allait le faire. Peut-être que c'était ce qu'elle avait voulu dire lorsqu'elle avait demandé à Drago de ne pas lui faire confiance. Peut-être planifiait-elle quelque chose. Peut-être planifiait-elle de faire enfermer Severus. Cette pensée le fit frissonner. Narcissa n'était pas aussi insensible que son mari, mais elle n'avait aucune limite lorsqu'il s'agissait de garder sa famille en sécurité. Elle l'avait déjà prouvé. Et si Narcissa n'avait aucun plan pour Pettigrow après tout ? Et si elle s'était résignée à élever le morveux des Potter ? Si c'était vrai, alors pourquoi aurait-elle dit à Drago de faire confiance à Severus, et seulement à Severus ?
Elle ne savait pas qu'il était espion pour Dumbledore. Sinon, elle l'aurait confronté sur ce sujet depuis un moment et aurait mis un terme à ses leçons avec Drago. Était-elle en train de changer de camp et voulait s'assurer que Drago ne la suive pas du 'bon' côté ? Ou était-ce juste un avertissement, des années avant que Drago en ait besoin, lui disant qu'en tant qu'espion, il ne pourrait faire confiance à personne, sauf à son professeur ? Severus repoussa ces pensées dans une pièce de son donjon créé par l'Occlumancie, ferma la porte et la verrouilla. Il ne comprenait pas plus Narcissa qu'il ne comprenait Dumbledore. Ils étaient fous, tous les deux brillants à leur façon, mais complètement dingues.
Et qu'avait fait Potter ? Avait-il peut-être jeté un sort à Hydrus ou révélé un secret sur Black à Drago ? Pouvait-il avoir révélé le 'pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore' ? Severus observa son filleul, qui levait deux livres et hésitait entre eux.
« Drago. » dit-il.
« Quoi ? » demanda Drago, irrité.
Toute sa confiance hésitante et douce avait disparu.
« Qu'est-ce que Potter a fait ? »
Drago observa la bibliothèque à moitié remplie, avant de reposer les yeux sur Severus. Il retroussa la lèvre.
« Vous aimeriez le savoir ? »
