Chapitre 4

Tom arriva à la plage en voiturette. Certains campeurs surfaient, d'autres bronzaient, d'autres encore discutaient allégrement.

—Alors, Xavier, c'est quoi cette urgence ? Ne me dis pas que tu es déjà à court de jus de fruits pour préparer les cocktails.

—Non, non, je voulais te demander, tu penses quoi d'Adèle ?

—Ce que je pense de ? … Xavier, c'est pour ça que tu m'as appelé ?

Mais voyant que le barman avait l'air d'insister, Tom céda.

—Bon OK je ressens peut—être quelque chose pour Adèle.

—Alors pourquoi tu ne lui dis pas ?

—C'est compliqué aussi. Tu sais, j'ai eu des aventures au camping qui se sont mal terminées, Ariane est partie, Aurélie, je préfère ne pas en parler…

—Ah oui. Mais tu sais , ce qu'on dit , jamais deux sans trois. Non attends c'est pas ce que je voulais dire.

—J'ai très bien compris, Xavier.

Sur ce, il partit se promener vers la plage.

Au bungalow, Ringo rentra. Il avait passé la journée à se promener sur la plage, puis à effectuer des randonnées. Et maintenant, il mourait d'envie de partager quelque chose avec Shelly. Celle—ci était justement en train de lire et lui tournait le dos. Il arriva par derrière et mit ses mains sur ses yeux.

—Surprise, Shelly, lui dit—il.

Shelly lui sourit, mais Ringo crut déceler une sorte de gêne dans son regard.

—Quelque chose ne va pas ? demanda—t—il ?

—Oh si si, seulement un peu fatiguée, c'est tout.

—T'es sûre ? Il passa une main fraîche sur le front de sa femme. Ah Effectivement , tu as l'air d'avoir mauvaise mine.

Il l'embrassa et sortit, mais ne remarqua pas l'air préoccupé de sa femme.

Audrey était assise sur une chaise et se livra à Amandine sur son passé.

—On est sortis ensemble il y a quelques temps. Et puis un jour, il est parti. Je n'ai jamais eu de nouvelles. J'ai d'abord pensé qu'il reviendrait, mais vu qu'il n'en donnait pas, j'ai cru qu'il était mort.

—Et tu penses qu'il serait revenu pour toi ?

—Je n'en sais rien. Elle soupira. Le voir arriver comme ça des années après, précisément dans ce camping…

—Attends, il ne sait peut—être pas que tu es là. Il est probablement venu en vacances ici.

—J'espère que tu as raison.

Au bar, Xavier servait un couple de clients lorsque Phil s'approcha pour demander un jus multivitaminé. Il paraissait triste et confus.

—Dis, ça n'a pas l'air d'aller, constata Xavier.

—Ne m'en parle pas. J'ai voulu profiter des dernières semaines de liberté que nous avons.

—Ah bon ? Quelqu'un est malade chez toi ?

—Oh, non, non c'est pas ça. Claire a obtenu une promotion mais moi je vais devoir plier boutique.

Devant l'air plein de compassion de Xavier, Phil poursuivit.

Mon magasin de magie n'est pas assez rentable. Je me retrouve à devoir cumuler les emplois. J'enseigne l'immobilier, mais cela ne me plaît plus autant qu'avant. Je voulais créer une ambiance agréable, partir en vacances avec ma famille et…

—Aïe. Tu veux que je te dise un truc ?

—Dis toujours.

—Tu sais, quand j'étais petit. Mon père travaillait dans une entreprise de stylos plume. Et un jour, il a perdu son emploi. Mais il n'osait pas le dire ni à ma mère ni à mes frère et sœur, ni même me le dire.

—Et qu'est—ce qui s'est passé ensuite ?

—Ensuite ? Hé bien il a pris son courage à deux mains et il a tout avoué. Ma mère ne lui en a pas voulu. Et aujourd'hui, ils ont créé leur entreprise.

Tom marchait sur la plage lorsqu'il croisa Luke. Ce dernier était préoccupé par ses pensées.

—Ça va ? Lui demanda t—il d'un ton plein de gentillesse

—Pas vraiment, répondit—il en haussant les épaules.

—Dis, j'ai cru comprendre que tu t'ennuyais un peu ici au camping.

—En fait, lorsque j'étais plus jeune, je passais souvent mes vacances en camping. Bon, c'était un peu différent de chez vous en France, mais tout de même.

—Ce n'est pas vraiment ça qui m'inquiète. Mon père tient un magasin de magie, ma mère est douée pour les placards, enfin, pour la gestion d'entreprise, corrigea—t—il. Ma sœur vient d'obtenir un poste dans la fonction publique et moi je …

—Toi, tu cherches encore ta place ?

—Je complexe beaucoup. J'ai suivi des études dans une université communautaire.

Comme Tom ignorait ce dont il parlait, il précisa.

—Il s'agit d'une université dans laquelle tu peux accéder si tu ne possèdes pas un excellent diplôme. J'ai , bien sûr, travaillé dans le club de golf de mon grand—père, mais…

—Mais tu ne te vois pas faire ça toute ta vie. Écoute, lui dit—il en lui posant une main sur l'épaule.

Moi aussi j'ai eu ton âge et moi aussi j'ai hésité quant à ce que je voulais faire. Et puis… Et puis finalement, j'ai dû reprendre ce camping. Mais attention, hein, ajouta—t—il d'un ton qui se voulait bienveillant.

Attention, ce n'est pas parce que tu ne fais pas d'études ou que tu n'as pas de diplôme que cela fait de toi quelqu'un de mauvais. En tout cas, ne complexe pas pour ça. Tiens, j'ai une idée. Pourquoi tu n'inscrirais pas ta famille au défi prévu par le camping ?

L'idée enchanta Luke qui partit sur le champ l'annoncer aux Dunphy.

Adèle arriva peu de temps après.

—Je suis contente que tu aies pu apaiser les choses avec ce garçon, Tom, lui dit—elle en s'approchant.

Tom se sentit gêné. Mais Adèle ne remarqua rien.

—Oh ben tu sais, c'est … Il ne trouvait pas ses mots. C'est rien, il avait besoin d'écoute, alors.

Un ange passa.

—Je crois que je devrais y aller.

Pendant ce temps, Xavier avait rejoint Amandine et Audrey à l'accueil.

—Dites, vous allez jamais deviner, Tom est très amoureux d'Adèle.

—On sait, répliqua Amandine, que tu veux les caser, mais pour l'instant, on s'occupe du cas d'Audrey.

—Quoi Audrey est aussi amoureuse de Tom ?

—Mon ex est dans le camping.

—Oh ? Sans déconner ?

Et le pire c'est que je le connais. Quand il a une idée en tête, il ne veut pas la lâcher.

Bon, qu'est—ce qu'on fait ?

Pierre , car tel était son nom, arriva dans son bungalow et défit ses valises.

Pendant ce temps, Alex et Claire discutaient entre elles.

—Tu n'avais pas besoin d'être si dure avec ton père, Alex. Je reconnais que ton nouveau poste peut être stressant, mais…

—Je ne l'ai pas eu , maman.

—Quoi ?

Claire interrompit son travail quelques instants et s'approcha de sa fille.

—Je croyais que tu avais décroché ce poste, chérie.

—Au début, oui, je vous ai fait croire que je l'avais eu. Mais en réalité, ils ne m'ont pas prise.

—Chérie, ce n'est pas grave, tu sais, tu peux toujours le retenter.

—Non, c'est par rapport à papa, par rapport à ses ambitions, ses espoirs. Il était si fier quand je lui ai dit qu'il avait toujours cru en moi et…

Luke arriva à cet instant.

—J'ai une idée, ça vous dit de participer à l'activité que l'on a prévue demain ?