Coucou tout le monde ! Je suis de retour ! (Même moi, ça m'épate !) Merci à tous pour vos reviews et à Minata-san pour m'avoir secoué ! La culpabilité a fini par me remonter les manches ! J'espère que ce chapitre vous plaira et vous arrachera un petit sourire !

Bonne lecture !


Barbe Blanche regardait l'élastique se promener sur le pont.

La veille au soir, le vieux pirate avait rangé le colis d'Ace dans la chambre du jeune homme.

Du moins, tels avaient été ses intentions. Et que Davis Jones pardonne Barbe Blanche si, du haut de ses soixante-quatorze ans, il avait pu confondre cette chambre avec celle de quelqu'un d'autre. Toutes les portes se ressemblaient sur ce navire ! Surtout celle de ce fouineur de Vista et celle de leur feu follet national. Les deux avaient exactement la même fissure sur leur porte. Il serait pourtant désastreux, et Barbe Blanche serait rongé par la culpabilité, s'il avait osé mélanger les deux !

Bref, en ordonnant les biens de son fils enflammé dans la mesure de ses capacités, Barbe Blanche avait entendu ses enfants se concerter sur la façon de faire revenir le jeune commandant à bord.

L'empereur se faisant un peu vieux, il n'avait malheureusement pas tout entendu. En plus, écouter à la porte lui avait réveillé son ancien mal de dos.

Mais une des idées de ses enfants l'avait marqué. Une idée qui avait bien plu au vieux pirate.

Utiliser le petit frère d'Ace comme appât.

L'idée était absolument parfaite. Après tout, l'obsession du brun pour son petit frère n'avait aucune limite connue à ce jour.

Mais Barbe Blanche voyait les choses différemment. Personne, à sa connaissance, ne pêchait du poisson en lui courant après avec sa canne à pêche. Ses enfants n'avaient, du moins, pas encore essayé cette stratégie à sa connaissance. Mais qui savait ce qu'ils faisaient loin de la surveillance paternelle ?

Quoiqu'il en soit, cela semblait être une méthode inadéquate. Et puis, Barbe Blanche était un peu vieux pour mener la chasse. Et il fallait ajouter sa famille à surveiller, un bon millier d'enfants courant dans ses pas. Barbe Blanche avait donc abandonné la discrétion plus d'une décennie plus tôt.

Non, Barbe Blanche avait trouvé une bien meilleure solution qu'une chasse familiale (dont il avait lui-même interdit l'existence) et qui s'avérait une excellente façon de passer le temps. Suivant l'idée de ses fils, étrangement recouverts de plâtre depuis leur réunion, Barbe Blanche rejoignit l'élastique, trois infirmières faisant retentir leurs talons dans son ombre.

Il s'approcha dans le dos du chapeau de paille, et se positionna à côté de lui, accoudé au rebord, le regard à l'horizon.

Comment ouvrir la conversation ? Qu'auraient dit ses enfants à sa place ? Barbe Blanche les entendait sans même y réfléchir.

« Le reflet de l'horizon dans tes pupilles est plus beau que le plus pur des saphirs. »

Peut-être peu adapté à sa situation.

« Tes cheveux se sont emmêlés, mon balai est dans un meilleur état. »

Peut-être que s'il l'utilisait plus, ledit balai, cela n'aurait pas été le cas.

« Pousse-toi, tu me gâches le paysage ! »

Non plus. Un peu méchant.

« Surtout, prétends que je ne suis pas là. Et si on te demande, je suis bien trop dévoué pour avoir osé jeter la réserve de piment dans la soupe de ce midi. Et puis, je vous l'aurais dit ! »

Martin n'avait pas fini sa punition d'ailleurs. La peinture de la Moby Dick n'avait pas été entièrement refaite. Il fallait que Barbe Blanche le lui rappelle.

Barbe Blanche soupira intérieurement. Se référer à ses enfants ne semblait pas être la meilleure des idées. Leurs interactions manquaient de délicatesse. Barbe Blanche allait devoir improviser.

Il se tourna vers le chapeau de paille, la tête haute.

« Gamin, j'ai une activité pour toi. »


Loin du navire, et des manigances de leur père, le groupe de pirates de la deuxième division désigné pour récupérer leur commandant Ace entrait dans un port allié.

Ils lancèrent leurs cordages et, aidés par un des gardiens du port, amarrèrent. L'île était sous la protection de leur équipage, alors les pirates se savaient en sécurité.

« Alors, que fait-on ? » Entama le numéro 8. Ils étaient partis rapidement, sous les houspillements du numéro 1 et n'avaient pas eu le temps de se concerter.

« On doit chercher une personne similaire au petit frère du commandant. » Rappela le numéro 71, le papier avec les mensurations de l'élastique dans les mains. « Une fois qu'on en aura un, on vous le donne. »

« On devrait peut-être commencer nos recherches du commandant. » Réfléchit le numéro 88, accoudé au bastingage. « Parce que, à ce sujet, j'ai eu une idée… »

« J'ai également une idée pour notre kidnapping. » Sourit le numéro 74.

« On se retrouve ici dans une semaine ? »

« On se retrouve dans une semaine ! »

Les deux équipes se serrèrent les mains avant de se disperser sur l'île.


Namur, les bras croisés, fixait l'élastique devant lui.

Était-ce normal ?

Quand il était petit, Namur avait toujours été le garçon étrange de son district. Il n'avait pas les mêmes intérêts que les autres. Il n'aimait pas les mêmes activités. Quand ses amis voulaient faire une partie de requin affamé, Namur préférait se rouler dans la boue ou chercher des coquillages.

Une sombre époque. Adolescent, il préférait voyager et partir à la découverte des eaux sombres plutôt que de traîner avec ses congénères dans les rues de leur île.

Puis ce jour arriva. Le jour où Namur se fit attraper dans les filets de l'équipage de Barbe Blanche. Un jour qui changea le reste de sa vie. Ici, dans l'équipage de Barbe Blanche, dans sa famille, Namur était l'un des pirates les plus normaux qui soient.

Il n'avait pas essayé de couler la Moby Dick à son arrivée.

Il n'avait pas essayé de décapiter leur père pendant plusieurs mois.

Il n'avait pas essayé de lever une insurrection pour prendre le pouvoir.

Non. Namur était l'un des seuls pirates sains du navire. Il était la solide épaule de Speed Jiru, la bouffée d'oxygène d'Izou et l'une des seules lueurs d'espoir de Marco. Namur avait obtenu le titre de « graine de lucidité » de la part de son père. Un titre qui allait droit au coeur de Namur.

Aujourd'hui, son titre était mis en péril. Il en avait tant vu, qu'il ne savait plus discerner la frontière entre normalité et aberration. Devait-il passer son chemin devant ce scénario des plus normaux, ou alerter une personne compétente ? Namur ne savait pas.

Plissant les yeux, Namur essaya de se concentrer.

Le petit frère d'Ace était ficelé au bout d'une gigantesque canne à pêche, les pieds au-dessus de l'eau. Quelqu'un essayait-il de pêcher un monstre marin ?

Que le petit frère d'Ace soit ficelé, Namur pouvait le concevoir. Il ne cessait de bouger dans tous les sens, et leur famille ne pouvait se permettre de le perdre.

Mais au bout d'une canne à pêche ?

Namur n'était pas très sûr.

L'homme-poisson fit demi-tour, prêt à alerter une personne plus compétente, et s'écrasa contre le torse musclé de son capitaine.

Barba Blanche bougea instinctivement, entourant son fils d'un bras protecteur avant qu'il ne puisse tomber à la renverse.

Mais Namur tenait bien debout. Il s'agissait d'une réaction superflue, mais bienvenue. Comme toujours. Ils avaient beau être de vieux pirates vainqueurs de plusieurs centaines de combats, ils aimaient toujours être protégés comme des enfants innocents et maladroits par leur figure paternelle.

« Père ! » S'écria Namur, heureux de profiter de l'étreinte chaleureuse.

« Où cours-tu ainsi ? » Sourit Barbe Blanche en libérant son fils.

Namur ne laissa pas ses traits montrer la tristesse de leur séparation.

« Le petit frère d'Ace est suspendu à une corde de canne à pêche. Je n'étais pas sûr que ce soit une bonne cho— »

« VIEIL HOMME ! » Interrompit ledit petit frère d'Ace depuis son poste volant, avec autant de politesse que d'habitude. « PAS DE TRACE DE VIE À L'HORIZON ! »

Namur plissa le nez à l'entente du cri.

« TRÈS BIEN ! » Hurla Barbe Blanche en copiant le volume surélevé de l'élastique, brisant les tympans de Namur qui aurait aimé être prévenu, « CONTINUE À SURVEILLER ! »

Namur craignit le pire.

« MAIS J'AI FAIM ! » Se plaignit le chapeau de paille en secouant ses pieds.

« JE VAIS T'ENVOYER DU FROMAGE ! » Tâcha de le calmer Barbe Blanche.

Cela sembla plaire au chapeau de paille puisqu'il retourna sagement à son occupation : scruter l'horizon.

Barbe Blanche, quant à lui, revint à son fils en lui offrant toute son attention paternelle.

« Excuse-moi Namur, tu disais ? »

La tête sonnant encore, Namur essaya de remettre ses idées en place.

« O-Oui. P-Père, est-ce vous qui avez suspendu le petit frère d'Ace ? »

« Non ! » Réfuta immédiatement le capitaine pirate.

Namur souffla. La situation n'était pas aussi catastrophique qu'il le pensait.

« Après m'être mis d'accord avec lui, » reprit Barbe Blanche, « c'est le club des hamacs qui l'a suspendu. »

« Ah. » Donc son père était bien derrière la situation du frère d'Ace. D'après les critères de la Moby Dick, il s'agissait donc d'une action intelligente et réfléchie. Leur Père était la voie de la raison après tout. « Et… » Namur n'était pas sûr d'oser, « pourquoi ? »

Namur serra les dents, inquiet d'entendre la réponse. Peut-être allait-il perdre les bonnes grâces de son père ? Questionner leur père était une action très angoissante. Barbe Blanche allait-il perdre foi en lui ? Peut-être que Namur allait baisser dans son estime. Peut-être que Père allait maintenant préférer la compagnie d'un autre de ses enfants plutôt que celle de Namur qui osait questionner ses agissements.

Mais, à la place, Barbe Blanche se pencha et passa son bras autour des épaules de son fils, le rapprochant de son torse pour chuchoter une confidence à son oreille.

« J'ai perdu quelque chose, et je me dis qu'il pourra le ramener. »

Un sourire complice sur le visage, Barbe Blanche relâcha son fils.

Namur était violet. Sa façon à lui d'être rouge d'embarras. Son père venait juste de lui confier un secret à l'oreille. Il était si heureux. Il en oublia la situation actuelle. Il ne prit même pas la peine de prendre en compte que la fameuse chose était sans nulle doute l'allumette disparue.

Jusqu'à qu'une petite voix agaçante brise leur moment père-fils.

« Qu'entends-je ? »

Vista. Le cinquième commandant trouva le moment opportun pour se joindre à eux. Un immense paquet sous le bras, il se fraya un chemin pour se poster pile entre Namur et leur père.

Namur n'était pas du tout en colère. Les moments seul à seul avec leur Père n'étaient pas des aubaines que tout ses enfants se disputaient après tout. Aucune chance que Vista ait fait exprès de l'interrompre par jalousie.

Tournant le dos à l'homme-poisson, la fameuse lame fleurie s'adressa à leur capitaine.

« Père, j'ai beaucoup mieux ! »

Namur n'avait pas la moindre idée de comment le cinquième commandant avait pu suivre leur conversation, ou, encore pire, entendre la confidence. Des fois, Namur soupçonnait Vista d'avoir mangé le fruit de l'oreille et de pouvoir tout entendre sur le navire, sans l'avoir jamais avoué. Il faudrait le jeter à l'eau pour en avoir le coeur net.

« Tu as mieux ? » S'étonna Barbe Blanche. Étonné que son fils ait effectivement suivi la conversation ou qu'il ait une meilleure idée, nul ne le savait.

« Relâchez le petit frère, » continua Vista en pointant du pouce le chapeau de paille qui s'était assoupi au-dessus des vagues, « mon idée sera bien plus efficace ! »


Vista avait peut-être un peu exagéré en clamant qu'il s'agissait de son idée. Certes, l'utiliser à ce moment-là, ce qui, bien sûr, relevait du génie, était bien de lui.

En revanche, il fallait rendre à la mer ce qui était à la mer. Et, ici, en l'occurrence, son colis à un briquet humain. Mais si Ace avait été assez stupide pour quitter la Moby Dick sans surveillance alors qu'il attendait un colis secret qu'aucun de ses frères, bien trop polis, n'aurait osé ouvrir sans sa permission explicite, alors il méritait bien de s'en voir retirer l'usage et d'en devenir sa victime. D'autant que Vista l'avait trouvé dans sa propre chambre. Or, tout objet présent dans une chambre revient automatiquement au propriétaire de ladite chambre. Et Vista ne venait pas d'inventer cette règle. Haruta l'avait déjà utilisée quelques années plus tôt pour justifier l'utilisation d'une peinture confisquée préalablement à sa division.

Bien sûr, cela ne servait à rien, étant donné que quelques mois plus tard, la règle du « ce qui appartient à ma division m'appartient » apparut. Mais Vista s'égarait.

Vista posa ses poings sur ses hanches, le torse bombé. Il était fier.

Autour de lui, ses frères et soeurs, béas, admiraient son travail. Vista entendait même des applaudissements au loin.

« Vous êtes trop fort Commandant. » Murmura le numéro 24, son bras dans un plâtre et un immense hématome sur la mâchoire droite.

« Je sais. » Clama Vista avec assurance. Une simple réalité.

Gonflées par les vents bienveillants de Grand Line, les voiles arboraient maintenant l'avis de recherche géant du chapeau de paille. Au-dessus, en lettre rouge, était écrit : 'Il est ici'.

« Si avec cela, Ace ne revient pas, nous sommes fichus. »


« Zoro ! »

À l'entente de l'appel de son capitaine, Zoro se retourna.

Luffy courrait vers lui avec un grand sourire et un tonneau sous le bras.

Zoro flaira les ennuis.

Les regards des divers pirates présents sur le pont rivés sur eux, Zoro se renseigna.

« Que fais-tu avec ce tonneau ? »

Les yeux de Luffy brillaient.

« C'est pour prendre la mer ! »

« AH NON ! » Hurla une voix dans la foule. Fendant la masse présente, un groupe de blessés en costumes déchirés du Germa 66 se précipita vers eux.

« On en a déjà discuté ! » Cria le numéro 17, serré dans ses bandelettes. « Tu ne prends pas la mer avec un tonneau ! »

Le numéro 52, une béquille dans une main, clopina jusqu'à l'élastique. Avec sa main libre, il attrapa le tonneau et le tira en sécurité dans son dos, loin du petit frère d'Ace.

« Heureusement qu'on le surveille ! Ce tonneau est confisqué ! »

Les deux chapeaux de paille observèrent la seconde division faire leur petit manège avant de revenir à leurs affaires, sans leur offrir plus d'attention.

« Et tu voudrais aller où ? » Se renseigna Zoro, habitué aux demandes étranges de son capitaine.

Luffy haussa les épaules.

« Là où le vent nous portera. »

« On a dit que vous ne partiriez pas ! » S'écrièrent les pirates plâtrés.

Son bras élastique contournant les pirates de Barbe Blanche, Luffy récupéra son tonneau. Il le posa entre lui et son second, en sécurité, et s'appuya dessus, ses deux coudes posés sur le couvercle, et sa tête posée sur ses mains par précaution.

« Tu veux aller quelque part en particulier ? »

Ce fut au tour de Zoro de hausser les épaules.

« Tout me va, tant qu'il y a du saké. »

Luffy éclata de rire en entendant la réponse si prévisible de son bras droit.

« Shishishi ! »

Pendant qu'il riait, le vent siffla. Soudainement, la tête et tout le haut du corps de l'élastique bascula en avant. Il tomba par terre tête la première.

« N'UTILISE PAS TA LAME SI PRÈS DU PETIT FRÈRE D'ACE ! » Hurla la deuxième division avec violence sur le premier compagnon de Luffy.

Zoro, sa lame étincelante au clair, tourna un regard tranchant vers les moustiques qui ne cessaient de tourner autour de son capitaine.

Leurs blessures encore fraîches, les nounous attitrées du chapeau de paille reculèrent d'un pas.

L'espace dégagé laissa le champ libre à Luffy pour se relever.

« J'ÉTAIS APPUYÉ SUR CE TONNEAU ! » Cria l'élastique en pointant les deux morceaux parfaitement symétriques de tonneau à ses pieds. Utilisant l'élasticité de ses bras, il les releva sans se baisser, et les posa côte à côte pour mieux les regarder. Des larmes aux yeux, il leva la tête vers le sabreur. « Pourquoi tu l'as coupé en deux ? »

La lame de son sabre posée sur son épaule, Zoro leva le menton.

« Tu ne voulais pas prendre la mer avec ? »

« Si ! Justement ! »

« Voilà. C'est prêt. »

« Mais comment va-t-on naviguer avec ?! » Demanda Luffy en assemblant les deux parties. À peine lâchées, les deux parties tombaient de leur propre côté.

« En s'asseyant dedans. » Répondit Zoro. Il pointa un des morceaux avec son sabre. « Un pour toi. » Il pointa l'autre morceau. « Un pour moi. »

« On est censés voyager dedans. » Expliqua doucement Luffy comme s'il s'adressait à un enfant un peu plus lent que les autres. « Et refermer avec le couvercle ! »

« Tu voulais nous faire rentrer tous les deux dans ce petit espace ? » S'étonna Zoro en fronçant les sourcils.

Luffy acquiesça sans aucune hésitation.

Les yeux dans les yeux, Zoro et Luffy projetèrent leur foi dans leur stratégie respective. Leurs deux méthodes s'affrontèrent alors dans leurs têtes.

Celle de Zoro, où chacun voguait avec sa propre planche arrondie en essayant de ne pas se séparer.

Celle de Luffy, où les deux pirates s'écrasaient dans un espace clos pour une durée indéterminée.

Ils la voyaient. La tempête qui allait les séparer avec la méthode de Zoro.

Ils les voyaient. Leurs nerfs lâcher à devoir se maintenir en place dans un espace trop petit avec la méthode de Luffy, jusqu'à ce que l'un d'eux craque et détruise leur navire de fortune.

« Je vais chercher un autre moyen de transport. » Décida Luffy.

Zoro hocha la tête.

« Bonne idée. »

Luffy et Zoro se séparèrent sans plus de commentaires.

« Non ! » S'écrièrent les pirates de la deuxième flotte, ayant enfin surpassé leur stupeur avec le départ du sabreur. Ils coururent à la suite de leur charge attitrée.

« Petit frère d'Ace, tu dois rester avec nous ! »

« Cesse de chercher des moyens hasardeux de t'aventurer dans le Nouveau Monde ! »


« Nous recherchons un acteur ! » Criait le numéro 72 dans les rues de l'île qu'ils avaient accostée. « C'est pour une pièce de théâtre ! Jeune, brun, 1m72, et c'est un plus si vous avez mangé le fruit de l'élastique. Des volontaires ? »

« Ce sera très bien payé ! » Ajouta le numéro 75.

Des filles s'esclaffèrent en passant devant la bande de recruteurs.

« Je pense que nos costumes leur font de l'effet. » Chuchota le numéro 78 à son copain 79, qui avait d'autres préoccupations.

« Qui va payer le salaire de notre acteur ? »

« Chut, c'est pour recruter. » Avoua le numéro 75. « On lui dira après que c'était du bénévolat. »

« On prend aussi les blonds ! » Lâcha le numéro 72. « 1m70 à 1m75, brun, blond, bleu, comme vous voulez ! »

« On fait une braderie ? » S'étonna le numéro 7, ses mains tendues tenant un panneau de recrutement.

Une grand-mère s'approcha de ce dernier, ses lorgnons glissants sur son nez.

« Jeune homme, quel est le nom de votre pièce ? Est-ce le malade imaginaire ? »

Le numéro 7 se tourna vers la grand-mère en essayant de cacher ses cicatrices pour ne pas l'effrayer.

« Non, Madame. » Le numéro 7 baissa la pancarte de recrutement qu'il agitait dans tous les sens, par peur de blesser son interlocutrice. « Il s'agit de 'l'appât malgré lui'. »

« J'accepte jusqu'à 1m68 ! » Abandonna le numéro 72, une larme à l'oeil, son désespoir visible dans les traits de son visage. « S'il vous plaît ! »


« Plis plus les genoux. » Ordonna le numéro 82 à son camarade.

« Je fais ce que je peux ! » Assura le numéro 88. Roulé en boule, il tâchait de rentrer dans un carton.

« Doit-on mettre du rembourrage ? » Se renseigna le numéro 81, du polystyrène dans les bras.

« Pas d'inquiétude, » refusa le numéro 85, « Marcel est très bien rembourré tout seul ! »

« Hey ! Je t'entends ! » Cria la voix du dénommé Marcel depuis son carton.

« Alors, fais-nous le plaisir de prendre moins de place ! » Le numéro 82 s'assit sur son camarade pour l'aider à se plier. « On a un carton à fermer. »

« On aurait pu prendre la taille au-dessus ! » Râla Marcel. « Je suis à l'étroit dans ce carton ! »

« Tu as refusé de payer la différence. » Rappela le numéro 82. « Et tu as dit, je cite : 'pas d'inquiétude, avec ma taille de guêpe, je pourrais rentrer dans un dé à coudre'. »

À côté du duo qui se rendait utile, le numéro 84, un brin de paille dans les dents, appuyé contre la barrière, leva un doigt.

« Il n'a pas précisé la taille du dé à coudre. »

« Apparemment, plus que XXL. » Critiqua le numéro 82, peinant à écraser suffisamment le dos de son camarade pour espérer refermer le carton.

Des bruits de pas hâtés se firent entendre et le numéro 8 apparut.

« J'ai trouvé une corde ! »

« Chouette, on va pouvoir le ficeler. » Félicita le numéro 84 en s'accroupissant dans l'herbe, fatigué de regarder ses frères se tuer à la tâche.

« Tu utilises beaucoup le pronom 'on', mais on ne te voit pas fait grand chose ! » Râla le numéro 82, rougi par l'effort.

« Je peux lui casser le dos. » Proposa ce dernier, un marteau sortit de nulle part.

« SANS FAÇON ! » Déclina immédiatement Marcel.

« Si on sert la corde suffisamment fort, ils pourraient penser que le carton est fermé. » Pensa le numéro 8 à voix haute.

« Ça suffit. » Abandonna le seul travailleur du groupe. « Toi, » il pointa le numéro 8, « donne-moi ta corde. Et toi, » il pointa son frère qui se reposait, « donne-moi ton marteau. »


La Moby Dick était en fête. Barbe Blanche ne se souvenait pas pourquoi. Blenheim prétendait qu'il s'agissait de la découverte du haki pour l'une de leur plus récente recrue, un Michel ou Bernard. Mais c'était déjà la raison de leur fête de la semaine dernière. Blenheim s'était rapidement perdu dans les méandres de l'alcool et avait dû oublier que cette fête avait déjà eu lieu.

Non, il devait y avoir une autre raison que Barbe Blanche ne parvenait pas à identifier. Une raison suffisamment importante pour que l'alcool soit déjà apparu alors que le soleil ne les avait pas encore quittés.

Les infirmières de Barbe Blanche, encore fraîches, l'entouraient de toute part, assurant un rempart qu'aucune goutte d'alcool ne pourrait traverser. Barbe Blanche leur donnait une heure pour que leur vigilance baisse suffisamment pour prendre quelques rasades de saké.

En attendant la fin de cette heure fatidique, Barbe Blanche tourna la tête vers ses enfants.

Enfants qui étaient étrangement en sous-nombre sur le pont. Barbe Blanche ne les voyait pas tous si bien d'habitude.

« Blamenco. »

Le chef de la sixième division, un cocktail dans les mains et des lunettes de soleil sur le nez, se redressa de son transat.

« Qu'y a-t-il Père ? »

« Tous tes frères et soeurs sont bien là ? »

Blamenco jeta un oeil sur le pont.

Des pirates en fauteuils roulants et en brancards filaient bien le petit frère d'Ace. La quatrième division était absorbée dans leurs livres pour leur mission Erudit-avant-tout. Celle de Blamenco révisait leurs leçons de cuisine sur ordre de ce dernier. Un groupe de la cinquième flotte réfléchissait aux nouvelles plantes du jardin de la Moby Dick qui allait bientôt voir le jour. La plupart des membres des divisions treize et plus étaient enfermés dans la cale. La douzième campait toujours dans le couloir de leur commandante. Et le reste buvait, dansait, chantait et jouait aux cartes comme il était coutumier lors des fêtes.

« Oui, tout le monde est là. »

Même le petit frère d'Ace, nota Blamenco en le voyant traîner un étrange assemblement de bois derrière lui.

Barbe Blanche dû le voir aussi.

« Blamenco, va surveiller le petit frère d'Ace s'il te plaît. »

« Oui, Père. »

Blamenco glissa sur ses pieds, attrapa son transat et le tira à sa suite.


Zoro buvait en bonne compagnie. Le groupe de pirates qu'il avait trouvé était très poli et ne cessait de remplir sa chope pour trinquer avec lui. Des gens très bien élevés. Très aimables. Zoro appréciait leur compagnie.

« Et un verre pour… » le pirate de Barbe Blanche s'appliqua à remplir les chopes qui lui étaient tendues, ses yeux se focalisant et défocalisant à intervalles réguliers, son nez rouge comme une tomate dévoilant son niveau élevé d'ébriété, « la magnifique nouvelle coupe de cheveux de Lucien ! »

« Ouais ! Kanpai ! » S'écria le groupe d'amis, dont Zoro, qui n'avait pas la moindre idée de qui ce fameux Lucien pouvait être.

Zoro avala la moitié de sa chope, l'autre moitié arrosant son tee-shirt, et sut qu'il ne pourrait pas participer à la prochaine tournée. Luffy marchait vers lui. Luffy le cherchait.

« Je dois aller voir mon capitaine. » Annonça Zoro en se levant, sous les houspillements de ses camarades de beuverie.

« Maintenant ? »

« Tu t'en occuperas demain ! »

« Il ne veut pas un verre lui aussi ? »

La dernière phrase, lancée innocemment, stoppa tout le monde. Celui qui l'avait dite dégrisa soudainement, ses deux mains sur sa bouche.

« Je n'ai pas dit ça ! » Se dédouana-t-il rapidement.

« Tu veux souler le petit frère du commandant ? » S'épouvanta son voisin.

« La prunelle des yeux de notre allumette ? »

« Non ! Non ! » Se défendit le malheureux. « Je n'ai pas réfléchi ! Jamais je n'oserai ! Pas sans la permission explicite du commandant Ace ! »

« Si tu tiens à la vie, évite de lui demander. Au cas où. »

« Mais vraiment, » continua un des autres compagnons de beuverie en fixant Zoro, « cela ne peut pas attendre demain ? Vous êtes tous les deux isolés sur notre navire, dont nous nous occupons. Je ne vois pas ce que tu peux avoir d'urgent à lui dire. Et tu vas avoir du mal à le retrouver maintenant, on doit être au moins huit cents. Ne vaut-il pas mieux attendre cette nuit, pour le retrouver dans la chambre du commandant Ace ? »

« Ce n'est pas moi qui ai quelque chose à lui dire, » précisa Zoro, « mais lui. Quant à sa position, il n'est pas difficile à trouver. Il est juste là. » Zoro tendit le bras et pointa du doigt une direction.

Les pirates à demi-ivre suivirent la direction indiquée. Mais pas de trace du chapeau de paille.

L'un d'eux, ayant basculé en avant à la recherche de l'élastique, tourna sa tête vers le sabreur, les paupières à demi-closes.

« Tu dois rêver. Il n'est pas par là. Je crois que quelqu'un a trop bu, hips ! »

« Vous êtes trop imbibés pour le voir. » Assura Zoro avec confiance. Il traversa le petit groupe de ses compagnons de beuveries et marcha droit dans la direction qu'il avait indiquée.

« Il va se perdre. » Murmura le pirate à terre. Il se leva, tanguant d'avant en arrière. « Je vais le surveiller, hips. » Continua l'ivrogne, en agitant un doigt en l'air. « Il ne faudrait pas perdre le copain du petit frère du commandant Ace ! » Réussissant miraculeusement un demi-tour, l'alcoolique suivit les pas du sabreur.

Le petit groupe regarda la silhouette de leur ami s'éloigner.

« Dix Berry que James va s'écrouler avant d'être revenu. »

« Douze qu'on retrouvera monsieur-trois-boucles-d'oreilles demain matin en train de chercher son capitaine. »

« Quatre que son capitaine n'était pas dans cette direction. »

Ses amis se tournèrent vers celui qui avait fait la dernière annonce.

« Ne me regardez pas comme ça. » Se défendit ce dernier. « Je suis à sec ! À votre avis, qui a payé pour toutes vos bouteilles ? »

« C'est vrai. Merci ! »

« Kanpai ! »

Le groupe approcha ses chopes à leurs lèvres, quand leur ami parti plus tôt revint au pas de course.

« Il y était ! » Haleta l'ivrogne. « Son capitaine était dans cette direction et le cherchait ! » Sous le coup de l'émotion et du sprint, James s'écroula à terre.

Le petit groupe n'eut d'autre solution que d'échanger des petits regards déçus.

« On annule les paris ? »

« On annule les paris. »

« Kanpai ! »


Un peu plus tôt…

Blamenco posa son transat sur le tas de cartes de pokers des membres de sa flotte qui avaient osé cesser leurs révisions culinaires. D'une de ses poches sans fond, il sortit son cornet acoustique et le mit à son oreille droite, prêt à espionner le petit frère d'Ace sur les ordres de son père.

« Commandant… » Bredouilla un de ses hommes. « Vous… Vous êtes au centre de notre cercle… On aimerait jouer… »

Blamenco le toisa depuis son fauteuil.

« Nous avons reçu une mission. Va espionner le frère d'Ace. » Blamenco poussa son subalterne du pied. « Allez. »

La mort au coeur, le pirate se leva. Il envoya des signaux de détresse à ses camarades, mais ses amis l'ignorèrent, leurs nez soudainement plongés dans leurs livrets de cuisine retrouvés.

Abandonné, le pauvre pirate de la sixième division se traîna jusqu'aux buissons suivant le chapeau de paille.


Zoro esquiva un pirate errant sur le pont, perdu dans sa lecture d'un livre de médecine, quand il le vit.

Son capitaine.

Luffy était devant lui, traînant un amas de bois derrière lui. Zoro n'avait pas besoin d'échanger le moindre mot pour deviner ce qu'il se passait dans la tête de son capitaine.

Luffy, fier, tenu tout de même à le lui annoncer.

« Regarde Zoro, je nous ai fait un radeau ! »

Zoro n'aurait pas osé appeler l'amoncellement de bois un radeau. Mais il n'osait pas pinailler face à la joie de son capitaine.

À la place, Zoro s'approcha de la création.

« C'est solide ? »

« Shishishishi, bien sûr ! C'est moi qui l'ai fait ! »

Un gage de qualité, sans nul doute.

Zoro, qui allait devoir mettre sa vie en jeu sur ce fameux radeau, se permit une petite vérification. Il dégagea Wado Ichimonji de sa ceinture, et le planta au centre du radeau.

Le fourreau écrasa le bois collé ensemble et le traversa, perçant un trou dans la structure qui se répercuta sur les planches alentours, réduisant en bouillies le radeau primitif.

« TU AS CASSÉ MON RADEAU ! » S'effara Luffy en fixant le désastre.

« IL ÉTAIT NUL ! » Se défendit Zoro. « Ce n'était pas un radeau, tu as juste fait une pile de bois ! »

Son reproche blessa Luffy en plein coeur. Il avait travaillé sur son projet toute l'après-midi, retournant tout le navire de Barbe Blanche à la recherche des matières premières.

« Fais-en un si tu es si malin ! Je te regarde ! »

« Je ne suis pas charpentier ! » S'exclama Zoro face à l'ordre irréalisable. Usopp et Franky n'avaient pas été embauchés pour la décoration ! Quoique, avec Luffy, personne n'était jamais sûr.

« Alors on n'a qu'à prendre la mer sur ton dos et aller en chercher un ! » Décida Luffy, fulminant, les bras croisés.

Zoro prit un instant pour réfléchir à cette idée. Cela lui ferait un bon entraînement.

« D'accord. »

Sans attendre, Zoro retira son tee-shirt, dévoilant ses muscles saillants dus à des années d'entraînement intensif. Il décrocha ses sabres et donna le tout à son capitaine, avant de pointer son dos.

« Monte. »


Un instant auparavant...

Arrivé près des buissons des plus discrets qui collaient le petit frère d'Ace, la victime de Blamenco s'allongea sur le ventre entre ses amis de la deuxième division. Sur sa gauche, un de ses frères avait une paire de jumelles, qu'il tenait maladroitement à cause de ses doigts emplâtrés ensemble.

« Quoi d'intéressant ? » Se renseigna le représentant de la sixième division avec un soupir.

Son voisin abaissa sa paire de jumelles.

« Le petit frère d'Ace a retourné tout le navire à la recherche de colle, et nous sommes profondément inquiets. Mais au moins, il est resté loin du délinquant. »

« Ah non ! Le voilà ! » Jura un des autres membres du groupe, son maquillage marron et vert de camouflage dénotant avec son costume criard du Germa 66.

Le membre de la sixième division revint à ses observations. Le sabreur aux cheveux vert discutait avec le petit frère d'Ace. Une sombre histoire de radeau.

« Mais ce n'est pas possible ! » Grogna le numéro 34. « Pourquoi veut-il toujours partir ?! »

« On devrait l'enfermer dans la cale ! » Surenchérit le pirate aux jumelles.

« Tu veux enfermer le petit frère du commandant Ace ? » S'exclama le numéro 34. « Sans moi ! Je tiens à ma vie ! »

Une dispute éclata entre le petit frère d'Ace et son ami. Ledit ami ayant réduit en bouillie son travail, les pirates de Barbe Blanche pouvaient comprendre.

Puis leur dispute se termina par une proposition des plus inquiétantes. Ce fut quand le sabreur retira son haut que les pirates de Barbe Blanche surent qu'il était temps d'intervenir. La deuxième division se jeta vers le duo, alors que le membre de la sixième flotte accourut prévenir son commandant.


Luffy noua le tee-shirt de son second autour de sa taille, et souleva les sabres sur son épaule pour éviter qu'ils ne prennent l'eau. Cependant, avant qu'il n'ait eu le temps de monter sur le dos de Zoro, une dizaine de pirates costumés et blessés s'écrasa à leurs pieds.

« Petit frère d'Ace ! Ne fais pas ça ! »

« Reste avec nous. »

« On a besoin de toi ! »

Luffy regarda le groupe agenouillé à ses pieds, le priant de rester.

« Je reviens. » Sentit nécessaire de préciser Luffy, ignorant pourquoi les pirates de son frère faisaient tant de façons pour une simple sortie.

En face de lui, Zoro croisa les bras, un regard dédaigneux pour les blessés à leurs pieds.

« Tu ne veux pas rester s'il te plaît ? » Tenta le numéro 34. « On a de la viande ! »

Son argument eut le mérite de faire hésiter le chapeau de paille.

« Ils en auront encore quand on reviendra. » Sentit nécessaire de préciser Zoro. Son capitaine se faisait manipuler beaucoup trop facilement. « Et on en trouvera sur l'île. »

La salive dégoulinant sur son menton, Luffy acquiesça.

« On sera rapide. » Assura-t-il aux membres de la deuxième division. « Vous pouvez nous mettre le dîner de côté. »

Les larmes dans les yeux de la seconde division ne purent empêcher le chapeau de paille de s'approcher de son second. Mais, avant qu'il ne puisse grimper sur son dos, Blamenco arriva, tirant Rakuyou derrière lui.


Blamenco avait repéré son frère quelques minutes plus tôt, pendant que le septième commandant se promenait sur le pont, s'assurant de la bonne entente et de la tranquilité de leurs autres frères et soeurs. Tout le monde avait à boire ? Tout le monde avait à manger ?

Quand son subalterne était revenu en courant, Blamenco n'avait pas hésité une seconde. Rakuyou serait parfait pour gérer la situation. Les sens de commandant de Blamenco ne pouvaient se tromper sur le sujet.

« Commandants ! » Crièrent les blessés de la seconde division en se jetant sur eux. « Aidez-nous ! Le petit frère d'Ace veut prendre la mer sur le dos de l'endive ! »

L'aura du vert s'assombrit.

« Qui appelez-vous l'endive ? »

« Il veut QUOI ? » S'exclama Rakuyou.

Ce n'était pas la première fois que Blamenco attrapait Rakuyou pour le jeter aux lions. Blamenco avait une mauvaise tendance à donner les problèmes aux autres et à se contenter d'observer.

Mais c'était la première fois que Rakuyou se voyait traîné pour sauver une vie.

« Mais il en est hors de question ! Vous voulez mourir ? Le petit frère d'Ace ne peut même pas nager. »

« Mais Zoro sait. » Rappela Luffy en escaladant enfin la montagne de muscle. « On sera bientôt de retour. N'oubliez pas de mettre nos rations de côté. »

« De viande et de saké. » Précisa Zoro.

Rakuyou fit un pas chassé pour couper la route des deux jeunes.

« Mais vous voulez aller où à la nage ? »

« Voir Big Mom. » Décida soudainement Luffy. « Il lui reste peut-être un peu de gâteau. »

Rakuyou en perdit la voix.

« Tu ne peux pas être sérieux ? » Sans même compter la distance, s'ils y parvenaient, ils seraient des hommes morts !

« Aucune chance qu'il lui reste du gâteau. » Continua Blamenco posément. « Cela fait bien une semaine depuis le dernier mariage. À moins de venir avant qu'il ne soit servi, tu n'as aucune chance d'en avoir une part. »

Le visage de Luffy se décomposa.

« Mais ce n'est pas le problème ! » Gémit Rakuyou. « Petit frère d'Ace, tu es si malheureux ici ? Pourquoi tiens-tu tant à partir ? » Et de manière aussi suicidaire de surcroît !

Luffy posa sa tête dans les cheveux verts de son compagnon.

« Je m'ennuie. »

« Et si nous te trouvions des occupations ? » Proposa Rakuyou avec espoir.

Sentant que son entraînement sportif allait lui échapper, Zoro intervint.

« Nous allons juste faire un tour dans un restaurant. Nous reviendrons vite. » Et dans un bar. Idéalement, dans les deux. Ils pourront enfin manger des repas comestibles et peut-être goûter quelques spécialités alcoolisées.

Luffy battit des jambes.

« Un restaurant. » Cela ne battrait en aucun cas la nourriture de leur cuisinier personnel, mais ce serait nettement meilleur que la nourriture servie sur la Moby Dick. Luffy ne voyait pas comment Ace avait pu la supporter aussi longtemps.

Ace. Ace avait vécu tout cela. Ace avait vécu avec eux. Ace.

Le corps de Luffy se ramollit et le chapeau de paille glissa sur la tête de son propriétaire, cachant un de ses yeux. Pour des personnes étrangères, les changements étaient imperceptibles.

Mais pour Zoro, ils étaient criards. Le sabreur secoua son capitaine, l'extirpant de ses pensées sombres.

« À tout à l'heure ! » Lança Luffy de retour dans le présent, en agitant sa main, tandis que sa monture contournait le septième commandant.

Un peu d'air allait faire le plus grand bien à l'élastique.

« Mais— »

Rakuyou fut interrompu par un impact. Non loin, un objet lourd creusa le pont de la Moby Dick, faisant tanguer quelque peu le navire.

« On est attaqué ! » Hurla un pirate inhabitué.

« Non, il n'y a pas de navire à l'horizon ! »

Devinant sans peine de quoi il était question, tous les pirates présents sur le pont accoururent autour du cratère qui était apparu au milieu des fêtards.

« Un autre ami du petit frère d'Ace ? »

« Il s'est écrasé sur notre réserve de saké ! »

« Il est passé à un cheveu de ma tête ! C'est dangereux ! »

Rakuyou et Blamenco, dans les premiers arrivés grâce à leur proximité avec le lieu de l'incident, se penchèrent au-dessus du trou.

« Il y a quelqu'un ? » Hasarda Rakuyou. « Toujours vivant ? » Une telle chute en aurait tué plus d'un.

« Shishishishi. » S'amusa Luffy, toujours perché sur son second, en oeillant le trou. Il pouvait sentir l'aura dégagée par leur ami. « Usopp, tu es venu te joindre à nous ? »

Un gémissement émana du cratère.

« Il faudrait peut-être l'aider. » Remarqua Rakuyou. « Il doit être en piteux état. »

« Non, il fait juste sa mijaurée. » Assura Zoro.

Sur son dos, Luffy mit son bras derrière lui avant de le lancer en avant, dans le trou. Son bras revint un instant plus tard, avec un homme au long nez et aux cheveux bouclé au bout. L'homme en question s'effondra sur les planches du pont, visiblement brisé par sa chute.

« Il faut l'emmener à l'infirmerie ! » Commenta Rakuyou en le voyant.

« Non, pas la peine. » Luffy descendit de son perchoir, les sabres de son second toujours sur son épaule. Il s'approcha de son tireur d'élite et s'accroupit. Avec Sandai Kitetsu, il tapota la figure du nouveau venu. « Oï, Usopp. Debout. »


Le corps resta inerte. Les yeux résolument fermés, Usopp faisait le mort. Il venait de faire une chute vertigineuse il-ne-savait-où, et il n'était pas prêt. Il ne reconnaissait que les voix de son capitaine et de Zoro, et ce n'était pas bon signe. Il préférait être mort.

« Usopp. »

Peut-être que s'il l'ignorait, Luffy allait partir. Combien de temps fallait-il à cette boule d'énergie pour s'ennuyer ?

« Usopp. »

Usopp fut percuté violemment par un fourreau qui tenta de lui briser le front.

« MAIS CE N'EST PAS BIENTÔT FINI ?! » Hurla Usopp en se redressant soudainement. « Je suis blessé ! On ne frappe pas les blessés ! »

Au lieu de se sentir honteux, son capitaine lui sourit.

« Coucou Usopp ! »

« Tu as enfin fini ta sieste ? » Critiqua Zoro.

Un seul coup d'oeil suffit. Zoro torse nu. Luffy tenant les trois sabres. Usopp comprit. Il sauta sur ses pieds.

« N'osez même pas ! Je vous en défends ! »

Luffy et Zoro perdirent leurs expressions au profit de la confusion.

« Quoi donc ? »

Si Luffy pouvait reconnaître tous les membres de son équipage grâce à son haki de l'observation, que Zoro savait toujours retrouver son capitaine malgré son sens de l'orientation délabré, alors Usopp savait très bien flairer les idées saugrenues et inutilement dangereuses de ses amis.

« Vous alliez prendre la mer à la nage ! » Devina Usopp. Zoro n'aurait pas embarrassé son capitaine avec ses sabres s'il avait pu faire autrement. Et les deux seules activités qui lui faisaient retirer ses sabres de sa ceinture étaient ses entraînements et la natation. Pendant ses entraînements, Zoro posait ses sabres à côté de lui. Il avait donc prévu de la natation.

Derrière Usopp, les hommes de Barbe Blanche applaudirent son esprit de déduction.

« Très fort ! »

« Cet homme est rusé ! »

« Incroyable ! »

Le bruit eu le mérite d'attirer l'attention du menteur. Préoccupé par les agissements de ses amis, Usopp n'avait pas pris la peine de jauger son environnement. Un choix périlleux sur Grand Line.

Doucement, Usopp tourna la tête. Un attroupement d'une centaine de pirates le fixait.

Devinant sans peine la situation —ils avaient atterri sur un autre navire pirate—, Usopp leva son regard, son coeur battant. Au-dessus des personnes assemblées. Au-dessus des chapeaux.

Usopp se statufia. Sur la grand-voile rayonnait le premier avis de recherche de son capitaine. L'avis de recherche aux trente millions.

Rakuyou agita une main devant le visage figé du menteur.

« Est-ce normal que votre copain ne bouge plus ? »

Mais ce n'était pas ce que cherchait Usopp. Rassemblant tout son courage pour faire bouger les muscles bloqués de son cou, il leva sa tête. Là-haut. Tout en haut. Dernier élément visible.

Le Jolly Roger de Barbe Blanche nageait dans le ciel.

Usopp s'évanouit.


Le Jolly Roger de Barbe Blanche avait été enterré avec lui. Son équipage avait été dissous et leur drapeau ne devait plus qu'orner la tombe de ceux qui étaient tombés.

Usopp était-il mort ?

« Usopp ! »

Il savait qu'il risquait sa vie tous les jours et que cela risquait d'arriver. Mais il était trop jeune ! Kaya l'attendait !

« Usopp ! »

Et ne méritait-il pas le paradis ? Il avait fait tant de bonnes actions.

« Usopp ! Arrête de dormir ! »

« On devrait peut-être au moins amener les infirmières, non ? »

« Il va très bien. »

Quitte à mourir, pourquoi n'était-il pas retourné auprès de sa mère ? Il n'allait quand même pas devoir babysitter leurs deux terreurs jusqu'à l'arrivée des autres, n'est-ce pas ?

« Usopp ! Tu vas louper le dîner ! »

« Ne confonds pas tes centres d'intérêt avec les siens, Luffy. »

Où étaient les autres d'ailleurs ? Et comment étaient-ils morts ?

« Usopp, il n'y aura plus d'alcool. »

Usopp leva la tête, le nez pointant le firmament et les yeux plissés.

« Comment sommes-nous morts ? »

« Surdose de viande. » Choisit Luffy.

« Un requin nous a déchiquetés avec ses dents. » Surenchérit Zoro.

« Votre navire a été aspiré par un typhon. » Se joignit Blamenco.

« Vous êtes tous vivants. » Coupa Rakuyou avec un soupir. « Cessez de lui faire peur. »

Usopp pivota la tête vers les deux commandants.

« Et vous êtes ? »

« Les juges de l'au-delà. » Mentit Blamenco.

« Des commandants de Barbe Blanche. » Corrigea Rakuyou. « Tu es un ami du petit frère d'Ace, n'est-ce pas ? »

Usopp papillonna des yeux. Il fixa les deux commandants devant lui, regarda la foule cachée derrière, arborant plusieurs versions du jolly roger de Barbe Blanche en tatouage. Il tourna son regard vers ses amis. Luffy avait un doigt enfoncé dans son nez, et Zoro bâillait.

Usopp aurait dû rester couché ce matin-là.

Se relevant de sa énième chute, Usopp s'assit en tailleur. Il avait besoin de réfléchir. Il devait trouver un sens à la situation.

Pour l'aider, ou le déstabiliser, Barbe Blanche trouva ce moment optimal pour se montrer.

« Alors, nous venons d'avoir une nouvelle livraison de petit jeune ? »

Les neurones d'Usopp fermèrent boutique.


« Il s'évanouit beaucoup, votre copain. » Remarqua Blamenco en admirant la troisième chute du menteur.

« Il est très nerveux. » Avoua Luffy en frappant son ami régulièrement avec la gaine de Sandai Kitetsu.

« Serait-ce le membre 3 ? » Questionna Marco, arrivé en même temps que son père. « Un type avec un long nez qui raconte des histoires. »

« Il n'en a pas raconté beaucoup. » Déplora Blamenco.

« Il a peut-être une contusion. » Alerta une infirmière en s'approchant du corps inerte. « Vous feriez mieux de l'apporter dans le lit du commandant Ace, pour qu'il se repose au calme. »

Luffy et Zoro fixèrent l'infirmière.

« Pourquoi ? »

« Il va très bien. » Assura Zoro.

« U~Usopp ! » Appela Luffy, délaissant Sandai Kitetsu au profit de ses mains. Frappant des deux côtés de la tête du menteur, il s'appliqua à le réveiller. « Usopp ! Ce n'est pas encore l'heure de dormir ! »

« Il est solide. » Continua Zoro.

« Il vient de chuter du ciel ! » S'écria l'infirmière.

« Et ? » Questionna Zoro, les bras croisés. Ils tombaient du ciel tout le temps. Ils avaient l'habitude.

« Pour leur défense, » se permit Blamenco, « eux n'ont pas eu de soucis avec leur atterrissage. »

« Contrairement à la Moby Dick, yoi. » Rappela Marco, la liste des membres de l'équipage du chapeau de paille dans sa main. « Si les sept prochains font pareil, on va épuiser toute notre réserve de planches de secours. »

« On devrait laisser le trou. » Se joignit Atmos, s'extirpant de la foule des spectateurs. « À quoi bon s'embêter à le réparer à chaque fois ? On sait qu'ils vont le re-creuser. »

« On pourrait mettre un trampoline. » Remarqua Blamenco.

« Non, tu veux juste un trampoline. » Devina immédiatement Rakuyou. « Et tu vas jouer avec jusqu'à ce qu'un membre de ta flotte finisse à l'eau. »

Les fameux membres de la sixième division présents près du site catastrophé secouèrent leurs mains.

« Vous êtes trop gentil, commandant Rakuyou. Notre commandant ne s'arrêtera pas parce que l'un d'entre nous est tombé à l'eau. »

« À la rigueur, si nous y sommes tous. »

« Mais ce sera pour se plaindre que plus personne ne joue avec lui. »

« Sinon, on remplace le bois par du béton. » Proposa Atmos. « Cela devrait leur passer l'envie de continuer à dévaster notre Moby Dick. »

« C'est un bon point. » Approuva Marco en plaçant des lunettes sur son nez. « Des frais de réparation en moins. Je m'inquiétais des capacités de remboursement de notre allumette préférée. »

Barbe Blanche se mit à rire à gorge déployée.

« Gurarararara ! Les enfants ! Ne soyez pas si méchant avec les petits jeunes. » Il donna une tape dans le dos de Blamenco, poussant le sixième commandant en avant. « Blamenco, va donc les aider. Qu'ils déposent leur copain dans la chambre d'Ace. La treizième division va nettoyer ce bazar avant qu'un de vos frères et soeurs ne tombe dedans. »

À contrecœur, la plaque de béton fut abandonnée, et Usopp fut enfin extirpé des gifles régulières de son capitaine.

« Et sinon, pourquoi le vert n'avait plus son tee-shirt ? » Finit par demander Barbe Blanche.


Usopp papillonna des yeux. Il avait mal à la tête. Il ne sentait plus ses joues.

« Que… »

« Il bouge ! » S'écria la voix de Luffy.

Usopp pencha la tête sur le côté. Les cheveux ébènes de son capitaine et ses yeux charbon étaient fixés sur lui.

« Tu en as mis du temps, Usopp ! »

Un souffle approbateur émana d'un autre coin de la pièce. Usopp baissa la tête.

Zoro était dans un coin, entièrement habillé et ses sabres de retour sur ses hanches.

Usopp se renfonça dans son oreiller, les yeux fermés par la fatigue.

« J'ai fait un rêve horrible. »

Luffy se pencha, comme toujours intéressé par les histoires de son conteur favori.

« Il se passait quoi ? »

Usopp ouvrit soudainement les yeux, fixant son capitaine pour s'accaparer son attention.

« Nous étions sur le navire de Barbe Blanche, » Usopp s'assit, projetant ses mains, « cernés de toute part par ses hommes. Aucune issue en vue. Zoro et toi aviez prévu de fuir par la nage ! Et, le pire… »

Luffy gigotait sur sa chaise. Il tenait ses jambes pliées en tailleur et oscillait d'avant en arrière, sans jamais relâcher l'attention qu'il portait à son tireur.

« Le pire ? »

Usopp attrapa sa couverture.

« Sur la Grande Voile, gonflée par les vents, se trouvait ton avis de recherche ! » Usopp jeta sa couverture sur son capitaine, l'emmaillotant dedans. « Un Luffy géant à trente millions de berrys. » La boule de tissus que maintenait Usopp gloussa. « Et, à côté de lui, bien sûr, le grand Usopp-sama ! »

Usopp fit des chatouilles à son prisonnier, comblé d'en obtenir des rires.

Mais il y avait quand même quelque chose. Une petite sonnerie d'alerte qui retentissait dans la tête d'Usopp, masquée par les éclats de joie de son capitaine. Une petite sonnerie qu'Usopp n'avait pas envie d'écouter.

Quand la partie de jeu lui parut suffisamment longue, Usopp relâcha son captif, permettant à Luffy de reprendre son souffle.

L'élastique respira un peu, avant de chercher une sortie dans l'océan de tissu pour y mettre sa tête.

« Mais, voyons Usopp, » Luffy, ce traître, portait toujours un sourire, « ce n'était pas un rêve. »

Et Usopp chuta dans un cauchemar.


Aussi horrible que cela pouvait paraître, Usopp avait l'habitude de ce genre de situation. Pas exactement de la partie 'chute sur un navire fantôme', mais tout de même de la partie fantôme. Et Thriller Bark n'était pas vraiment une partie de sa vie qu'il tenait à revivre.

« Barbe Blanche est revenu d'entre les morts ? Ils vont pouvoir ouvrir un club avec Brook. »

Luffy envoya un regard en biais à Zoro. Ces deux-là avaient des informations à partager.

« Je ne sais pas. » Avoua Luffy. Il prit son chapeau dans ses mains et le tritura. Une action qu'il faisait quand il partageait une information difficile. « Pour eux, Gold D Roger est mort il y a vingt et un ans. »

« Vingt et un ans ? » Répéta Usopp. Vingt et un ans. Avant Marineford. Avant. Avant la mort d'Ace. Usopp s'élança en avant et prit son capitaine dans ses bras. « Oh, Luffy. »

L'élastique prit un instant pour comprendre ce qui lui arrivait, avant de se plonger dans l'embrassade de son ami.

« Tout va bien. » Avoua le chapeau de paille dans un souffle. « Je vous ai vous. »

Usopp relâcha sa prise sur l'élastique.

« Les fantômes du passé sont venus nous hanter, mais pas d'inquiétude, on va s'en occuper ! »

« Shishishishi ! » Luffy enfonça son chapeau sur sa tête. « Pas besoin, ils ne nous dérangent pas. »

Usopp fit mine d'être traversé par une brise glacée.

« Moi, un petit peu. Être aussi proche de mort-vivants… »

« Tu dors dans le même dortoir que Brook ! » Rappela Zoro avec un oeil critique.

« D'ailleurs, à ce propos, si nous pouvions repenser l'agencement des chambres… »

« Shishishishi ! »

Luffy était heureux d'avoir récupéré un compagnon supplémentaire.


Les 7 étaient très fiers d'eux. Ils avaient réussi. Ils avaient enfin quelqu'un pour jouer le rôle du petit frère d'Ace.

« C'est un rôle sans texte. » Expliqua le numéro 75. « On va vous présenter nos amis. Ce sont les producteurs. »

« Oui, » continua le numéro 72, « nous sommes en charge du recrutement, et eux, de la réalisation. »

Leur recrue acquiesça.

« Je vous fais confiance. C'est très gentil de m'offrir cette opportunité. »

« C'est à nous de vous remercier ! » Refusa le numéro 72. « Vous nous sauvez la vie ! »

La recrue rougit.

« Vous êtes trop aimable. »

« Voici notre navire ! »

Le groupe des 7 et leur nouvelle recrue étaient arrivés devant leur bateau de voyage. Sur le pont, l'équipe des 8 les salua.

« Alors, vous avez enfin réussi ? »

« Montrez le jeune homme ! »

« Vous avez pensé à acheter un chapeau de paille ? »

Les nouveaux arrivants empruntèrent le planchon pour monter à bord.

« Nous avons tout le costume ! »

« Par contre, pour ce qui est du remplaçant… »

« Nous ne sommes pas parvenus à trouver un jeune brun d'1m72, avec une cicatrice sous l'oeil, et au métabolisme élastique. »

« Alors on a fait quelques compromis. »

Les 8 haussèrent les épaules. Cette demande était irréalisable depuis le début.

« On vous présente… » Les 7 frappèrent sur leurs cuisses et ventres pour faire du bruit, « …Mamie Germaine ! »

Mamie Germaine s'avança sous les applaudissements de son équipe de recrutement.

« Mamie fait 1m52, » présenta le numéro 71, « pour un poids que nous ne divulguerons pas, a l'habitude des perruques, et peut étirer sa peau ! »

Mamie Germaine tira sur la peau de son bras, défaisant les plis des rides accumulés par l'âge.

« Et avec mes meilleurs talons, je peux faire 1m54 ! »

« Et avec ses meilleurs talons, elle peut faire 1m54 ! » Reprit le numéro 71 avec excitation.

Étrangement, cet argument n'améliora pas les têtes déconfites de ses amis.

« Et pour la partie, jeune ? » Demanda délicatement le numéro 84. Le petit frère de leur commandant devait avoir environ douze ans.

« Je n'ai que soixante-trois ans. » Mentit sans honte la grand-mère. « Je suis toute jeune ! »

Le numéro 84 se rapprocha de son frère le plus proche, une main devant sa bouche pour étouffer ses paroles.

« Le commandant risque de s'en apercevoir, non ? »

« Nan, il est trop bête ! » Assura son comparse en secouant sa main. « Tant qu'elle a un chapeau de paille sur la tête, il n'y verra que du feu ! »

« Parfait. » Décida arbitrairement le numéro 84, pressé de rentrer sur leur navire mère. « Mamie Germaine, on vous engage ! »


Armé d'une casserole et d'une spatule, Fossa détruisit la porte du couloir des commandants avec un coup de pied.

« Debout là-dedans ! C'est le matin ! Le soleil brille ! »

Les pirates de la douzième division hantant le couloir gémirent.

« Commandant Fossa ! »

« Ayez pitié ! »

« Vous savez qu'on ne bougera pas ! »

« On ne mangera pas sans notre commandante ! »

« Alors qu'on a faim ! »

« Très faim ! »

Un concert s'éleva.

« Commandante ! On a faim ! »

« Mangez ! »

« S'il vous plaît, commandante ! »

Les gémissements remplirent tout le couloir, jusqu'à ce qu'une voix réponde.

« HÉ BIEN MANGEZ ET TAISEZ-VOUS ! »

« Ah, on l'a peut-être réveillée. »

« Pas avant vous, Commandante ! »

« Commandante, j'ai une blague ! C'est un lapin, un renard et le commandant Joz dans une forêt… »

Malgré le bruit des pirates dans le couloir, personne n'émergea des diverses chambres. Fossa en déduisit que son travail n'était pas terminé. Frappant sa spatule contre sa casserole, il hurla pardessus le vacarme.

« Debout ! La journée a commencé ! »

Il s'approcha de la première porte et l'ouvrit avec un coup de pied.

À l'intérieur, Izou, face à son miroir, était occupé à appliquer son rouge à lèvres. Il se leva d'un bond face à l'intrus.

« Fossa ! Je t'ai déjà dit un million de fois de ne pas rentrer sans frapper ! »

« C'est le matin. » Précisa la brute avant de se tourner vers la chambre suivante, envoyant un coup de genou à un de ses frères étalé par terre.

« Je sais ! » S'écria Izou en accourant dans l'ouverture de la porte, son rouge à lèvres dans les mains. « Comme tous les matins ! Et tu sais très bien que je me réveille toujours à l'heure ! »

Fossa s'apprêta à envoyer son pied dans la porte suivante, mais celle-ci s'ouvrit juste avant.

« Coucou Fossa. » Sourit Speed Jiru en esquivant la botte crantée. « Belle journée ? Quelles sont les prévisions ? »

« Je ne m'occupe pas de la météo. » Grommela Fossa avant de passer à la suite.

Speed Jiru n'en tint pas rigueur et sortit de sa chambre, sans oublier de complimenter Izou pour sa chevelure.

« Voilà un frère bien élevé ! » Cria Izou dans le couloir.

Fossa s'y reprit à trois fois pour dégonder la porte renforcée d'Atmos.

« Debout ! Le soleil brille et les oiseaux chantent. » Fossa esquiva une souris qui fuyait la chambre. « Et c'est toujours aussi mal rangé ici. »

Atmos ronflait. Son dos sur le sol, il se grattait le ventre avec contentement.

« Atmos. C'est le matin. » Fossa s'approcha de son frère. Il attrapa l'oreiller, partiellement déchiré, qui décorait le pied du bureau, et le jeta sur la tête de son frère. « Debout. »

Atmos ronfla encore une fois, puis eu la respiration bloquée par le sac de plumes. L'étouffement le ramena vite dans le monde des vivants. Il agrippa l'oreiller et le jeta de toutes ses forces sur son frère.

« Tu essayes encore de te débarrasser de moi de bon matin ? »

« Si seulement. » Soupira Fossa. « Moins de travail. »

« Ne fais pas semblant d'en avoir. » Grogna Atmos en se tournant sur le sol, emmêlant encore davantage sa barbe.

Sur le pas de la porte, une petite délégation de la treizième division s'agglutinait, sur la pointe des pieds.

« Notre commandant est enfin levé ? On peut commencer l'habillement ? »

« Non, commandant ! Ne vous rendormez pas ! »

Fossa abandonna Atmos à sa division. Dans le couloir, il croisa son frère Curiel, de la musique sur les oreilles.

« Je suis réveillé. »

Commandant qui ressortit aussitôt en réussissant l'exploit de ne frapper aucune des limaces humaines qui peuplaient son chemin.

Fossa passa à la chambre suivante. La chambre. Celle qui ne s'ouvrait quasiment plus.

« Bon courage. » Chuchota un des pirates affalés contre le mur.

Fossa leva son pied bien haut et l'abattit de toutes ses forces contre la planche de bois. Mais rien n'y fit. De l'autre côté, Haruta consolidait sa protection contre le monde extérieur avec du haki. Ils avaient déjà tenté de la briser malgré tout, mais leur Père les avait arrêtés. Haruta avait le droit à un peu de calme si c'est ce qu'elle désirait. Et si même les horribles chants de son équipage ne parvenaient à lui faire fuir sa chambre, Fossa ne savait ce qui pourrait l'en déloger.

Il passa donc son chemin, sous les complaintes déçues de ses frères et soeurs.

Kingdew avait laissé un mot sur sa porte, indiquant qu'il était sorti.

Blenheim dormait la porte ouverte. Sans la présence de l'intégralité de la douzième division dans le couloir, Barbe Blanche l'aurait contraint à la fermer. Fort heureusement, ce n'était pas nécessaire. Enfin un point positif à l'oisiveté de la douzième division.

« Blenheim. Debout. »

Blenheim eut la politesse d'ouvrir les yeux. Puis de les refermer.

« Blenheim. »

Les yeux fermés, Blenheim se laissa glisser du lit. Somnolant, il dérapa sur ses habits du jour et rencontra le sol tête la première. L'accident, compris dans sa routine, lui permit d'attraper plus facilement ses vêtements préparés à l'avance. Il s'appliqua à les mettre sans jamais se lever de sa position allongée.

Habitué, Fossa s'approcha de la porte de Namur.

« Je suis levé ! » S'écria une voix de l'autre côté.

Fossa manqua d'écraser la main d'un pirate roupillant au milieu du chemin, et esquiva la porte de Rakuyou qu'il avait vu dehors avec Marco.

« Blamenco ! » Gronda Fossa, frappant toujours sa casserole avec sa spatule. Il brisa la porte pour trouver Blamenco dans une chaise à bascule, un cigare volé dans les dents, et une livre d'images entre les mains.

« Tu viens profiter des aventures du vilain petit canard ? » Interrogea le sixième commandant.

« Si tu es levé, dis-le. Tu donnes du travail à Atmos. »

« Ne t'en fais pas, Izou m'a assuré que l'histoire finissait bien. »

Fossa leva les yeux au ciel et passa à la suite.

« Vista ! » Fossa n'avait pas envie de rentrer dans sa chambre. « Vista ! » Le cinquième commandant ne répondait pas. Fossa aurait bien fait demi-tour, mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait plus. Par un accord tacite, l'appel matinal de tous les membres d'équipage s'était instauré. Et aujourd'hui, Fossa s'en chargeait.

À contrecœur, Fossa démolit la porte.

À l'intérieur, en nuisette rose semi-transparente, se trouvait, sans surprise, Vista. Ce dernier prit un air surpris, ses yeux maquillés grand ouverts. Il leva ses mains rapidement au niveau de sa poitrine.

« Kya, Fossa ! Comment as-tu pu rentrer ? Je suis en petite tenue ! »

Il se retourna, pour cacher sa poitrine, dévoilant tout son dos. Puis il mit en avant ses biceps surgonflés, bougeant aussi tous les muscles de son dos possible.

« Tu es venu admirer mon corps d'athlète ? Je comprends Fossa, mais… tu n'aurais pas dû ! »

Vista tourna le dos à son frère, prit dans sa tirade.

« Ma pureté et mon honneur sont en jeu ! Maintenant que tu as tout vu… tu vas devoir m'épouser ! »

Vista se retourna pour voir l'expression gênée de son frère, mais Fossa était déjà parti.

« Fossa ! Mon amour ! » Hurla Vista avant de lui donner la chasse.

Dans le couloir, il croisa Joz, une main sur les yeux pour ne pas voir son frère en nuisette transparente, lui souhaiter le bonjour. Mais Vista continua sa course, ignorant les cris horrifiés de la nouvelle décoration du couloir.

« Fossa ! »

Fossa venait de lancer son pied contre la porte suivante, mais celle-ci disparut, remplacée par une lame qui se plaça sur sa jugulaire.

« Pas un pas de plus. »

L'ami aux cheveux vert du petit frère d'Ace était contre le mur de la chambre, une main levée, pour tenir à l'écart le quinzième commandant.

Vista cessa de hurler son amour pour son frère. À la place, il agita délicatement sa main.

« Copain du petit frère d'Ace, bonjour. »

« C'est le matin. » Informa Fossa, en soutenant le regard menaçant du sabreur.

Fossa et Vista se permirent un coup d'oeil vers l'intérieur de la chambre.

Contrairement au redoutable garde du corps qui surveillait l'entrée, le petit frère d'Ace et son nouvel ami au long nez étaient empilés sur le lit, leurs membres dépassant de tous les côtés et de la bave s'écoulant sur leur menton. Eux, au moins, avaient profité de leur nuit.

« C'est le matin. » Répéta Fossa. « Il va falloir les réveiller. Et baisse ta lame, je ne viens pas vous attaquer. »

Décidant que les intentions des nouveaux venus ne les mettaient pas en danger, Zoro rengaina Shusui.

« À table ! »

Luffy se réveilla immédiatement à l'entente de sa phrase favorite.

« Manger ! »

Et écrasa Usopp avec son coude, avant de lui compresser l'estomac avec son pied.

« Manger ! » Répéta le chapeau de paille, énergique.

Usopp eut juste le temps de jeter son capitaine par terre avant que ce dernier ne soit la cause de son décès prématuré. Habitué, Usopp se leva ensuite, groggy, avant de courir à la suite de son capitaine vers le réfectoire.

« Manger ! » Répéta Usopp, reproduisant les actions de son capitaine.

Zoro retint un soupir face aux deux boules d'énergie, avant de leur emboîter le pas.

Laissé derrière eux, Fossa ferma leur porte avant de se tourner vers son frère.

« Fais-nous plaisir Vista, va t'habiller correctement. On ne veut pas que Père ait une crise cardiaque. »

« Trop de beauté d'un coup peut faire cet effet. »

« Il faut savoir garder un peu de mystère. » Approuva faussement Fossa.


Usopp n'était pas prêt à rentrer dans le réfectoire des pirates de Barbe Blanche ce matin-là. Une petite préparation mentale préalable ne lui aurait pas fait de mal. Surtout que les pirates de Barbe Blanche ne lui facilitaient pas la tâche.

« Voilà la belle au bois dormant ! »

« La princesse a enfin décidé de se joindre à nous ? »

« Le petit frère d'Ace aurait pu lui apporter son petit déjeuner au lit ! »

« Tu es fou ? Il aurait tout mangé en chemin. »

« Mince, je n'y avais pas pensé. »

« Peut-être aurait-il fait une exception pour sa chère et tendre ? »

Plusieurs centaines de regards rivés sur lui. Usopp ne savait pas où se mettre. Dans la cacophonie, seuls quelques mots et quelques phrases ressortaient. Mais toutes avaient un point commun.

Les membres de l'équipage de Barbe Blanche se moquaient de lui. Son arrivée avait fait grand bruit, mais sa prestation n'avait pas été grandiloquente. Il allait être la risée de ces fantômes du passé.

Usopp tenta de se rétrécir et fit un pas pour se cacher derrière son capitaine.

Grave erreur.

Luffy, qui n'avait peut-être pas remarqué toute l'attention négative portée sur son tireur, sentit que quelque chose n'allait pas. Et Luffy n'allait pas régler le problème en le cachant derrière son cardigan jusqu'à ce que les critiques s'épuisent.

Luffy attrapa Usopp par le bras et le tira à sa suite. Il bondit sur une des tables de la cantine, forçant Usopp à en faire autant. Sur leur poste surélevé, les deux chapeaux de paille voyaient presque toute la salle.

Usopp voulait descendre. Mais, avec son capitaine à ses côtés, et malgré la peur qui lui nouait l'estomac, il savait qu'il était exactement là où il devait être.

Luffy rapprocha son tireur de lui, et mit une main sur son épaule.

« Voici Usopp ! » La salle se tut. Personne n'osait parler quand Luffy les toisait de haut. « Mon compagnon. Mon ami. Il m'a sauvé plusieurs fois la vie. C'est le meilleur tireur de toutes les mers. Si vous avez la moindre critique à son sujet, je vous mets au défi de le vaincre dans son domaine. »

Deux tables plus loin, à celle réservée aux commandants, Marco posa sa tête dans sa main.

« Les meilleurs pirates du Nouveau Monde sont réunis ici, yoi, petit frère d'Ace. Es-tu sûr que ton copain est au niveau ? »

Luffy dévoila ses dents dans un sourire confiant, sans une once d'angoisse.

« J'y mise ma tête. »


Finish pour aujourd'hui !

J'espère que vous avez passé un bon moment !

Après relecture, je me suis aperçu que cette fin est un peu effrayante... Luffy le dit dans le sens où il y mise sa tête à chaque aventure. Il ne tient pas particulièrement à se faire décapiter par les hommes de son frère pour le plaisir...

J'espère que vous avez aimé ! Et que vous me pardonnerez un jour pour les lapses de temps entre chaque chapitre... A la prochaine !