— C'est moi, chui rentré !

Shota enleva ses chaussures et monta sur le parquet. Il regarda l'entrée ; beaucoup de manteaux, de chapeaux, d'étagères croulant sous des babioles. Cette demeure était à l'antithèse de sa personnalité : haute en couleurs et pleine de vie. Malheureusement, il devait emménager ici le temps que les choses se tassent.

Autour de lui, les particules de magie voletaient dans tous les sens. Il se demanda si ce n'était pas à cause d'elles qu'Akira était devenu fou.

Il l'espérait.

— Chui rentré ! répéta-t-il, plus fort.

J'arrive, merde ! jura une voix féminine étouffée par la distance et le tintement de vaisselle. Soudain, quelque chose se casse, et retentit : Bordel de chiasse !

Shota haussa les sourcils face à cette injure. Alors c'était ça, le Sud profond incarné par Okinawa ? Shota se traîna dans le couloir jusqu'à la cuisine, d'où se répandait un délicieux fumet de riz à l'œuf. Il passa la tête dans l'embrasure :

— S'lut.

La cuisinière tourna la tête ; tout comme son invité, elle avait les cheveux noirs et mal coiffés, mais ses yeux n'étaient pas pochés de cernes et elle ne portait une barbe de trois jours. Ses yeux étaient d'un bleu éclatant, trait rare chez les gens d'ici. Son petit visage rond et plein, surmonté d'un petit nez qui s'agitait tel un museau, appelait à sourire,

— T'en as mis du temps !

— Y avait du retard… et Shota s'installa à la table.

— Bah ! Toujours des excuses ! (néanmoins, la jeune fille tourna son regard vers deux bols qui gisaient dans une étagère, et ses yeux s'illuminèrent de rouge carmin ; les deux bols furent entourés d'un halo de même couleur, et flottèrent jusqu'à elle pour qu'elle les remplisse de riz, puis en fit flotter un jusqu'à son oncle) Bon appétit !

— Merci pour ce repas.

Il attaqua sans plus attendre. La cuisine de sa nièce, Aki Aizawa, avait toujours été réussie. Elle avait tenté de lui apprendre les rudiments, mais lui n'avait pas la main très habile, ni la concentration nécessaire quand il s'agissait de suivre une recette ou de respecter des quantités précises.

Il chassa de la main une particule de magie près de son œil. Sa nièce le regarda avec un air interrogateur, mais il répondit d'un haussement d'épaules et continua de manger.

Une bouffée de bien-être accompagna chaque bouchée, qu'il dégusta… jusqu'à qu'elle pose la question qui fâche. En même temps, ne résonnaient dans la pièce que les bruits de couverts.

— Pourquoi t'as démissionné ?

—…

— Si tu veux pas répondre, ça me dérange pas. Mais t'attends pas à ce que ma mère soit aussi conciliante.

—…j'ai échoué, mâchonna-t-il

Aucune réponse. Il leva les yeux de son bol : sa nièce haussait les sourcils si haut qu'ils disparaissaient sous sa tignasse.

— À d'autres. Personne ici ne pense que tu as échoué.

— C'est pourtant ce qui est arrivé. Le sujet est clos.

Le silence, encore. Quelques mastications plus tard, Aki repartit à l'assaut :

— Tu penses que, parce qu'un élève a raté son année, tu vas démissionner ? Je te croyais plus sans cœur que ça…

Il frappa la table du poing. Elle sursauta, et il s'excusa dans un marmonnement. Le pire ? Elle avait raison : il avait renvoyé une classe entière parce qu'elle ne correspondait pas à ses attentes. C'était, de son point de vue, la meilleure chose à faire… pour ne pas connaître un nouveau Oboro. En plus, rien de tout cela ne serait arrivé si lui et ses camarades s'étaient mieux préparés, autrefois…

— Désolé, fit Aki, je voulais pas te vexer.

— C'était excellent, grommela Shota en se levant, puis se dirigea vers l'escalier qui menait aux chambres.

Elle ne l'arrêta pas, le regarda juste monter chaque marche à la manière d'une fourmi portant une carapace d'escargot sur le dos.

Shota se retrouva dans la salle de bain de l'étage, prit une douche. Une fois sorti, il se regarda dans le miroir : maigre, peu affable, mal entretenu… on pouvait le comparer à une de ces vieilles voitures dont les grands-parents ne pouvaient se débarrasser ; « mais non, la jetez pas ! Elle fonctionne bien, la p'tite ! Il lui faut juste un p'tit coup d'neuf… » sauf qu'on ne lui donnait jamais ce coup de neuf. Il n'y avait rien d'autre qu'une lente et inévitable agonie, jusqu'à que quelque chose craque. Et là, on se débarrassait net de la voiture en question.

All Might lui avait fait part de cette comparaison autrefois. Et lui s'était moqué. Maintenant ? Il se sentait bête, et abandonné. Il était loin d'être sans le sou ; il était toujours un héros, n'était pas sur la paille… il ne savait même pas pourquoi il était parti de Musutafu. Oui, pourquoi, d'ailleurs ?

Parce que je ne peux pas vivre dans une ville qui considère qu'un gamin est responsable d'un homicide de masse sans chercher de preuves.

Il y en avait, des preuves. Des témoignages, oraux ou enregistrés. Mais en vérité, le jugement était plus public que judiciaire : tous les réseaux avaient attaqué à l'unisson Akira Arata, la Réponse, pour avoir détruit Yuei de l'intérieur. Certains détracteurs l'acclamaient comme le plus grand vilain ayant jamais existé. Le plus grand vilain ! Dans ses bons jours, le gamin faisait un héros plutôt correct…

Tandis qu'il s'essuyait les cheveux, un sanglot lui remonta dans la gorge.

— Qu'est-ce que j'ai fais…, murmura Shota en se couvrant les yeux de sa serviette.

La magie. Une chose complètement irréaliste il y a de cela quelques mois, avait rongé la moindre parcelle d'équilibre dans sa vie. Sans la magie, il n'y aurait pas eu de guerre dans le monde d'Akira. Sans la magie, il n'y aurait pas eu la Réponse. Sans la magie, il n'aurait pas réussi à corrompre Akira.

Sans la magie, Shota n'aurait pas mis tous ces problèmes, ses erreurs, sur le dos de la magie...

Tout le monde blaguait sur le fait qu'Eraserhead soit le héros le plus dépressif de la région, voire du pays. Mais, ce soir là, ce n'était plus une blague.


*Six heures après « la Chute de Yuei »…

Kyoka se réveilla en sursaut dans son lit d'hôpital. Il faisait nuit, il faisait noir. Seul le plafond était visible, éclairé par la pâle lueur d'un réverbère d'en dehors. Une intraveineuse au bras, elle ne pouvait pas bouger d'un pouce, d'autant que la douleur la clouait au lit. Puis les souvenirs remontèrent du fond en un vomi de terreur. Elle cria…

…mais aucun son ne sortit de sa bouche.

— Chuuut… Tu vas réveiller ta camarade.

Une voix, douce comme du miel, provenait d'à-côté d'elle. Elle était indiscernable, Kyoka ne pouvait trancher entre une femme ou un homme, ou les deux ou aucun à la fois. La jeune fille tenta de tourner la tête, mais aucun de ses membres acceptait de bouger : elle était paralysée !

— Tu as subi un contrecoups énorme ; la Réponse t'a fait utilisé ton Alter à son paroxysme, ou tout du moins la limite supérieure possible sans que ton corps ne se réduise en morceaux… heureusement, la médecine d'aujourd'hui fait des miracles, tu ne devrais pas perdre l'usage de tes membres !

Le ton était si guilleret que le sang de Kyoka en fut glacé. Elle tenta de parler pour dire : « Qui êtes vous ? » mais aucun son ne sortit de nouveau. Pourtant, la voix rit doucement.

— Je suis un ami des héros. J'ai projet d'aider tous ceux qui souhaitent rendre ce monde meilleur… et le protéger par la même occasion des menaces extérieures. Tu vois de quelles menaces je fais référence ?

De quoi parlait-il ? Des vilains d'outre-mer ? Ou d'extraterrestres ? Que…

Si Kyoka avait eu l'usage de son corps, son visage aurait été tordu par l'effroi. Car elle compris de qui il s'agissait. Le Skol'mok ricana.

— Oh, petite, tes yeux sont de vrais baies vitrées ! Bien sûr que tu vois de quoi je parles, il te l'as dit, ce gros nigaud. Pour de si beaux yeux, c'est vrai que ça en vaut la peine.

Le sarcasme fut si suintant qu'il en dégoulina presque sur elle. Sachant que cet étrange personnage pouvait la comprendre sans qu'elle dise rien, elle lança silencieusement : « vous allez me tuer ? »

— Te tuer ? Oh non, très chère, tuer n'a jamais été une bonne méthode pour ramasser des alliés. C'est d'une bêtise ! Non, mon objectif est tout autre : je ne viens pas en assassin, mais en recruteur.

Ah ! Et Akira disait que vous étiez vil et retord, il avait tort !

— L'heure n'est pas à la poésie, chère enfant. Et puis, tu as raison : je ne suis ni vil, ni retord, seulement pragmatique.

Vous voulez me recruter, moi ? Pourquoi maintenant ? Vous n'êtes pas sensé pourchasser Akira et le tuer, comme tous ceux de votre espèce ?

— Mais non, je l'ai discrédité et mis en prison. Pourquoi irais-je m'embêter ?

Hein ? L'information mit du temps à parvenir à son cerveau… Kyoka avait bien entendu ?

Qu'est-ce… vous venez de dire ?

— Que je l'ai mis en prison, sombre idiote. Crois-tu qu'il s'agit d'une petite machination de cet abruti de Minoru Mineta ?

Je… je ne comprends pas.

Pourtant, les rouages s'engrenaient petit à petit. Le Skol'mok grinça de rire.

— Mineta n'était qu'un pion, petite humaine. Crois-tu réellement qu'il avait accès à la Vérité ? Un humain possédant des pouvoirs ? Il n'y a jamais eu de Vérité ici. La Réponse, ça n'était que du vent.

Qu...Quoi ? Mais les meurtres, et les plans…

— Il suffit d'avoir des petits moineaux un peu partout pour vous chantonner les bonnes contines. Et un cerveau suffisamment développé pour savoir les utiliser. Le problème, petite, c'est que quelqu'un a déjà utilisé toutes les Vérités de ce monde pour accomplir un miracle. Un miracle idiot aux conséquences désastreuses pour les uns, propices pour les autres. La personne à l'origine de ce miracle a créé une singularité dans le génome humain, un point qui permettrait non seulement à la Vérité d'être exploitée à l'infini, mais aussi à la magie de ne jamais s'infiltrer dans son monde.

Vous ne parlez pas des…

— Alters ? Si, ma petite humaine. Les Alters ne peuvent pas être le fruit d'une simple mutation au hasard. Des gens qui peuvent créer des trous noirs de leurs doigts ? Ou créer des dimensions de poche ? On aurait pu crier à la magie… Pourtant, pendant trop longtemps, il n'y en avait pas une seule goutte. Et j'étais impuissant, incapable de la moindre prouesse. Jusqu'à l'arrivée providentielle de mon sauveur désormais en prison.

Akira est à l'origine de votre renouveau ?

— Contrairement à ce qu'il pense, il est arrivé bien plus tôt. Il y a… neuf ans, je crois. Mais, coincé entre deux mondes car le tien était encore bien protégé, il était, telle une tumeur bien ancrée, prêt à s'incruster dans le tien. Sais-tu que les Outsiders comme Akira, même imparfaits, sont des termites dimensionnelles qui se fraient un chemin à travers le Voile. Le souci, c'est qu'ils sont les agents d'une entité plus grande encore : la magie. Un parasite qui se nourrit des mondes et les plongent peu à peu dans l'entropie. Si Akira n'était jamais venu dans ton monde, alors votre histoire se serait déroulée tranquillement… ou tout du moins dans le cadre logique des évènements. Izuku Midoriya serait devenu le héros de l'histoire, les autres seraient restés dans l'ombre. Minoru Mineta aurait été un pervers sans importance jusqu'à un certain point où son rôle aurait été joué de manière astucieuse. Momo Yaoyorozu n'aurait pas été très impactante, juste assez pour éviter qu'elle ne prenne trop d'espace… Toi ? Tu aurais eu ton moment de gloire, avec ta petite histoire personnelle… mais rien de bien méchant. Sans la magie, vous auriez été liés par la Vérité des Alters. Sans Akira, vous auriez sombré dans l'oubli, derrière l'ombre d'Izuku Midoriya. Maintenant ? Vous devenez importants, tous autant que vous êtes. Chaque individu peut se soulever et dire « NON ! » pour quoi que ce soit. Pas parce que ça arrange le scénario, non ; parce que vous devenez enfin vivants (Kyoka sentait son cœur battre à la chamade, paniquée) Tu me crois fou, n'est-ce pas ? Mais tu en as vu d'autres, tu sais que je ne mens pas… La magie est arrivée avec Akira Arata, et plus il usait de la Vérité de son Alter, une Vérité d'un autre monde, plus il ouvrait la brèche et laissait passer de la magie… me rendant plus fort que jamais. Le reste a été facile : piéger Akira plusieurs fois pour le pousser à être craint, détesté, haï… mais faire en sorte qu'il ne se sente pas menacé pour autant, qu'il se sente « grandi » après chaque épreuve. Lui faire prendre de la confiance en lui a été difficile, gloussa-t-il. Crois-moi ! Mais j'ai joué de mes relations, acheté des gens et d'autres pour mettre les bons obstacles aux bons endroits, aux bons moments. Chaque fois qu'Akira triomphait, c'était moi qui me réjouissait de le voir sourire. Chaque fois qu'il ratait, c'était moi qui jubilait de le voir se relever plus tard. Plus fort il devenait, mieux je me portais. Je devenais plus puissant, plus intelligent, plus serein chaque jour où la magie augmentait dans ton monde. Jusqu'à que mes petits moineaux me firent vent de votre plan pathétique pour piéger Minoru Mineta.

Mais c'est impossible ! Comment vous avez fait pour savoir ce que nous allions faire ?

— Allons, n'est-ce pas évident ?

Qui était au courant, se demanda Kyoka ? Momo n'aurait jamais trahi Akira, sauf si… elle jouait la comédie. Mais la jeune fille ne pouvait se résoudre à envisager sa déléguée capable d'un méfait aussi vil. Alors qui était présent ce jour-là, qui avait pu vendre la m…

— Tu as compris, minauda une voix extasique.

Le visage d'Asumi Musasabi entra dans le champ de vision de Kyoka, avec un sourire étiré jusqu'aux oreilles, telle une profonde balafre de moquerie.

Asumi ? Mais tu étais son amie !

— Je l'aimais plus que tout, répliqua Asumi quand le Skol'mok lui apprit ce que Kyoka avait dit.

Puis le visage de la fille raton-laveur fondit littéralement, pour découvrir celui d'une fille que Kyoka avait presque oublié, tellement elle s'était faite petite lors de la première attaque de la Ligue :

— Himiko Toga, souffla-t-elle.

Elle avait retrouvé sa voix ! Vite, appeler les secours, et…

— Stop (la vilaine plaqua sa main contre la bouche de Kyoka, et un scalpel sur sa gorge) Prononce une parole et je graverais le nom de notre petit copain sur sa peau, en prenant bien soin de viser chaque veine sur ton visage.

— Allons, Toga, inutile de recourir à la violence (la voix s'adressa de nouveau à Kyoka) Vois-tu, tu es une témoin gênante ; avec Momo, vous pouvez toutes deux détruire mon plan. Facilement.

Il va me tuer.

— Mais n'aie crainte : j'aurais besoin de vous comme vous aurez besoin de moi. Nous nous serrerons tous les coudes dans la guerre qui se prépare. Tu sais ce que je t'ai dis à propos de moi qui deviens de plus en plus puissant ? Je le suis assez pour enfermer les souvenirs d'autrui. Je l'ai fais avec ta chère voisine la déléguée, je vais le faire avec toi. Toga ! Tiens-la bien pendant que je m'en occupe…

— Ouaip, à vos ordres ! Bouge pas, ma vieille…

Une main froide se colla au front de Kyoka. Froide comme la pierre. Froide comme la mer. Froide comme la mort. Elle sembla avaler son visage tout entier, aspirer la chaleur de son corps à travers sa peau. Kyoka voulut hurler, mais aucun cri, aucune larme ne sortit. Juste une terreur sans nom qui tentait de s'échapper de ses yeux qui ne voyaient que les ténèbres d'une main. Les ténèbres d'une main… d'une main… main… in… n…


Lorsque le Skol'mok retira sa main, il la secoua sans ménagement ; le contrecoup de la Prison Dorée d'Al-Yãlïm pourvoyait une insuffisance nerveuse dans la main de l'utilisateur pendant plusieurs minutes. La créature s'en serait bien passée, mais dans le corps de Yokoshima, il possédait toutes les faiblesses du corps mortel.

— C'est fini ? fit Toga en se redressant, observant la fille alitée aux yeux révulsés.

— On ne peut plus. Notre travail est terminé, nous pouvons maintenant partir.

— Et notre marché ?

Il n'avait pas oublié, bien entendu : en échange de l'aide de Toga, il offrirait un financement important à la Ligue, ainsi qu'un secteur dans les souterrains de son entreprise. Quel mauvais PDG serait-il s'il ne contrôlait que l'entreprise héroïque ?

— Un marché est un marché, répondit le Skol'mok qui sortit son téléphone, le manipula quelques instants pour envoyer les messages et virements promis. Dites à Shigaraki que notre partenariat tient toujours, et… Qui va là ?

Il avait entendu un bruit. Vive comme l'éclair, Toga s'était précipitée à la porte, scalpel à la main, et l'avait ouverte avec la discrétion et l'agilité d'un chat. Une assassine hors pair… malheureusement, son haussement d'épaules indiqua qu'il n'y avait rien. La créature de l'autre monde fronça des sourcils… Un rat, peut-être.

— Où en étais-je… Ah oui ! Notre partenariat tient toujours, et il nous faudra discuter de mon concurrent principal, Detnerat. Izuku Midoriya pourra nous aider, mais il ne devra pas apprendre votre existence.


—…stence.

Son cœur ayant failli s'arrêter, Katsuki se dit qu'il n'avait jamais été aussi prompt à la discrétion. Caché sous un fauteuil comme le dernier des abrutis, il comprit que ce type avait fait l'erreur de penser que lui et le vioque ne s'étaient échangé que des infos banales sur son « passé ». Katsuki ne l'avait pas crû. Maintenant, tout devenait clair comme de l'eau de roche.

Désormais, il n'y avait qu'une seule personne au courant de qui était vraiment derrière l'affaire d'Akira Arata. Et cette seule personne allait tout mettre en œuvre pour l'innocenter aux yeux du monde.