Chapitre 24.

Sur le bateau du Moby Dick.

Marco contemplait l'horizon, appuyé contre la rambarde de sécurité. Ses yeux étaient fixés sur l'ile de Febria, où avaient débarqué Jewel, Ace et la petite qui était sortie de nulle part il y a cinq jours. Ca faisait une heure qu'ils étaient partis et alors que le temps passait, les doutes de la grise concernant la petite fille lui reviennent à l'esprit, la nervosité le gagnant.

Ses doigts tapent un rythme se voulant insouciant sur le bois mais l'envie de déployer ses ailes pour aller vérifier que tout se passe bien le démange.

-Marco.

Il se retourne et rejoint son père adoptif alors que des lanternes sont progressivement allumées pour contrer la nuit tombant sur le pont et qu'une partie des commandants sont rassemblés. Il fronce les sourcils, ce genre de réunion n'annoncait rien de bon. Il plonge ses mains dans les poches de son pantalon pour se donner l'air nonchalant et placide que tout le monde lui connaissait.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Ace nous a contacté. Jewel a disparu. Les villageois ont confirmé qu'un homme du CP-9 l'a enlevée. Nous sommes a deux jours de navigation de San Faldo qui est sur l'itinéraire du Train des Mers, qui rejoint Enies Lobby. C'est là qu'ils la retiennent.

Ace fait son apparition, les poings serrés et son chapeau baissé sur ses yeux.

-Et c'est là qu'on va la chercher.

-Personne n'ira à Ennies Lobby.

Le silence se fait sur le pont, chacun étant surpris de la réponse de Barbe Blanche. Ace est le premier a protester.

-Le CP-9 n'est pas un problème, le gouvernement non plus. Pourquoi on la laisserait se faire torturer alors qu'on peut aller la sauver ?

-Le gouvernement a décidé de l'enlever malgré le fait qu'elle fasse partie de ma famille, ils savent ce qu'elle représente, ils ne vont pas la torturer. Ils sont passés par le CP-9 pour ne pas émeuter les foules. Nous allons nous éloigner de cette ile mais rester dans les environs pour qu'elle nous retrouve. Je sais que Jewel est capable de s'en sortir par elle-même.

Sur Enies Lobby.

Après avoir briefé son équipe sur la suite logique des événements, l'homme derrière le bureau en pierre se sert un verre de vin.

-Amenez moi la serveuse. Éveillée.

Quelque instants plus tard, deux soldats font entrer la prisonnière aux cheveux argentés dans la grande salle qui sert de bureau au chef du CP9, Spandam. Spandam se racle la gorge et déclare la bienvenue a la nouvelle arrivée, qui garde la tête baissée et les poignets menottés par du granit marin.

-Bienvenue sur l'ile de la Justice, chère Calypso !

Son interlocutrice relève lentement le menton, balayant la salle du regard et observe d'un air désintéressé les assassins, assis sur les fauteuils qui la fixent, certains avec curiosité, d'autres comme une adversaire qu'il ne faut pas sous-estimer. Rob Lucci se trouvait parmi cette deuxième catégorie et il soutient le regard émeraude, ignorant l'esquisse de sourire se dessinant sur les lèvres de la prisonnière. Cette dernière pose finalement son regard sur l'idiot qui servait de chef au groupe d'assassins. Ravi d'avoir enfin l'attention qu'il pense mériter, il souhaite engager son discours finement préparé. Mais elle l'interrompt d'une voix claire, son ton déterminé.

-Avant que vous ne m'expliquiez la raison de ma présence ici, j'ai deux questions pour vous. Cela ne vous a peut être pas été relayé, mais j'ai prêté allégeance à Barbe-Blanche, serait-il assez sage de vous mettre un des quatre empereurs a dos ?

Elle laisse un court silence s'installer, juste pour se délecter de la tension que sa remarque à posé sur la salle puis reprit la parole, ses yeux luisant d'un éclat sauvage dans la pénombre.

-Puisque vous savez ma véritable nature, a quel moment est-ce une bonne idée de tenter de contrôler la personne qui peut plonger cette ile entière dans les abysses ?

Spandam semble reprendre un semblant de confiance alors que son arrogance naturelle reprend le dessus.

-Au cas où tu ne l'as pas remarqué, tu es piégée sur une ile flottante.

-Ça n'est pas un problème.

Un nouveau silence lui permet d'entendre Spandam déglutir mais il reprend rapidement confiance en écartant les bras.

-Si tu tentes quoi que ce soit, ils seront là pour t'en empêcher.

Elle observe l'équipe d'assassins et remarque la tension dans leurs muscles. Une chose est sure, sa présence ne les aide pas à se détendre. Elle prend a nouveau la parole.

-N'avez-vous jamais entendu le proverbe qui dit qu'il ne faut pas réveiller l'eau qui dort ?

Une bourrasque de vent ouvre les lourdes portes derrière elle et fait voler les nombreux papiers sur le bureau. Même si il est un idiot, le chef semble enfin réaliser pourquoi les consignes de ses supérieurs étaient de la laisser inconsciente.

-Maitrisez là !

Rob Lucci semble prêt a braver le vent qui s'abaisse au niveau d'une brise d'été. Elle lui offre un sourire alors qu'il pose le tissu imbibé sur son visage. Il remarque alors qu'elle ne cherche pas a se débattre, connaissant cette torpeur devenue familière. Lorsque la prisonnière est de nouveau inconsciente, il la charge sur son épaule et se tourne vers Spandam qui réunit a quatre pattes ses papiers.

-Je me charge de la surveiller jusqu'à son transfert.

-Faites donc ça. Allez tous vous reposer.

L'assassin part le premier mais est rapidement rattrapé par ses collègues.

-Spandam est un idiot.

-Il est le seul a ne pas avoir décelé le pouvoir qu'elle détient.

-Je ne vois pas ce que vous lui trouvez, a part qu'elle soit mignonne.

-Alors tu es un idiot aussi, Jabura.

Alors que l'assassin proteste, Kalifa et Kaku continuent de marcher aux cotés de Lucci.

-Elle pourrait faire un assassin.

-Ça changerait certainement de n'être plus la seule femme harcelée.

-Elle est destinée a devenir une figure décisive dans cette ère de piraterie. Allez vous reposez.

-Je vais enfin prendre un bain.

Le trio prend trois couloirs différents. Lorsqu'il arrive dans ses quartiers privés, il la dépose par terre et part se changer.

POV Interne.

Je me réveille et tente de me situer. La pièce est large et meublée, je me trouve dans un salon. Le gouvernement a-t-il soudainement décidé de me traiter correctement ? Mais les menottes à mes poignets me font douter de cette idée. Je déglutis et remarque que ma gorge est sèche. Plusieurs doses de tranquillisants ne sont pas très agréables sur mon esprit mais ça va se dissiper. Au même moment, j'entends des pas s'approcher.

Je me redresse et fronce les sourcils, le temps de m'habituer au soudain changement de position. Je l'entends se servir un verre de quelque chose mais décide de me concentrer sur une aspérité du mur, essayant d'entendre n'importe quel courant.

-Déjà réveillée ?

-Pourquoi m'avoir amenée ici au lieu de me mettre en cellule ?

-C'est plus simple de surveiller une cible lorsqu'elle est en face de moi.

Je hausse un sourcil et tourne le regard vers l'une des fenêtres. Je n'arrive pas à entendre les courants, ce qui me perturbe. Mais je ne montrerais pas cette faiblesse à mon adversaire.

-C'était une bonne idée d'envoyer une enfant. Je suis surprise qu'elle n'ait pas craqué. Depuis combien de temps vous l'entrainiez ?

-Je n'étais pas responsable de cette mission.

-Et pourtant, vous êtes intervenu rapidement dans le train.

-Les ordres doivent être respectés.

-Evidemment. Ces ordres doivent venir de très haut. Mais vous ne savez pas tout.

-Je n'ai pas besoin de tout savoir.

Dubitative, je décide de continuer à parler. Si j'arrive à récupérer des informations au passage, tant mieux.

-A votre place, je me poserais des questions. Pourquoi avoir fait escale ici ? Je ne passerai pas devant le tribunal et je ne vais pas aller à Impel Down, encore moins à Marineford. Est-ce que le gouvernement mondial a besoin de temps pour se préparer à me recevoir ?

Je laisse un silence passer puis hausse les épaules, laissant résonner les menottes qui sont censées me retenir.

-Peu importe le temps qu'ils prennent à se décider, je détruirais tout sur mon passage. Vous l'avez vu, ce potentiel destructeur. Vous ne savez pas le mesurer mais vous êtes assez sages pour vous méfier. Tout le contraire de votre "chef".

-Peu importe votre potentiel, vous restez faible.

-Face au CP9 ? Il est vrai que vous pourriez me tuer sans que je ne le réalise. Mais cette décision ne vous revient pas.

En un clin d'œil, il est devant moi. Je hausse un sourcil, décidant d'émettre une hypothèse.

-Oh. Je sais pourquoi je suis ici. Le gouvernement aime être efficace. Je ne suis pas la seule menace présente sur cette ile. Mais cette autre personne est destinée a mourir, voilà pourquoi on s'arrête ici.

-Et si vous aviez tort ?

J'esquisse un sourire, le fait qu'il m'ait demandé cela me dit que j'ai raison.

-Même si il l'avait exigé, Spandam n'aurait pas pu me rencontrer car les ordres sont de m'amener devant les têtes du gouvernement mondial. Le simple fait que je sois ici et non pas encore en transit prouve que vous devez vous occuper d'un autre cas avant de vous débarrasser de moi.

Alors qu'il s'apprête a me répondre, l'escargophone retentit. Il se lève pour le décrocher et je tends l'oreille.

-Le transport a été avancé, amène la dans mon bureau.

Après avoir raccroché, il m'accompagne jusqu'au bureau de Spandam. La première chose que je remarque est la fenêtre ouverte, ce qui me permet d'entendre les courants. Le chef se rapproche de moi, un verre de vin a la main.

-Ton séjour ici aura été de courte durée. Tu peux dire adieu a ta liberté, fini de jouer !

-Je n'aurai pas dit mieux.

D'un coup de pied, je l'envoie voler dans le mur et profite de cette seconde de diversion pour sauter par la fenêtre. Au même moment j'entends un énorme bruit a l'entrée de l'ile mais n'y prête pas attention car je devine que mon geôlier se jette a ma poursuite. Mais je ne lui laisse pas le temps de m'attraper et attrape un courant aérien pour plonger dans la chute d'eau la plus proche, m'enfonçant dans l'océan. Après quelques minutes où je m'efforce de m'éloigner aussi loin que possible de cette ile de malheur, je m'aperçois qu'il ne m'a pas suivie et remonte a la surface pour rejoindre le Moby Dick.