Bonjour !

Me revoilà avec la suite ! :)

D'abord, je veux remercier Rinku13, Petite-Licorne-Arc-en-Ciel, AliFantasque, Loulou7 et Destrange pour leur review qui m'ont fait grand plaisir. Merci beaucoup !

Un merci tout spécial aussi à Rinku13 pour avoir encore été là avec moi pendant tout le temps que j'ai écrit cette histoire, qui m'a motivée pendant les moments les plus durs et qui m'a relu à la fin en me donnant ses commentaires précieux. Tu es toujours une amie formidable pour moi, Rinku. :)

(L'univers et les personnages appartiennent à JK Rowling. L'inspiration provient tout droit du film "The Hangover".)

Bonne lecture ! :)


Chapitre 2 ― Un réveil des plus brutaux

Le lendemain, Remus se réveilla à plat ventre sur un sol dur, les narines envahies de poussière, la tête incroyablement douloureuse, comme si on l'avait serrée toute la nuit dans un étau. Étourdi, il remua sur le plancher, apportant la main à son crâne, lâcha quelques gémissements, puis ouvrit lentement les yeux en clignant plusieurs fois.

Il se trouvait dans un endroit très sombre. Mais où était-il ? Il voulut se redresser, mais il se cogna la tête sur quelque chose de dur et il retomba aussitôt à plat ventre avec un cri. Il réalisa alors qu'il se trouvait sous le sommier en bois d'un grand lit.

― Mais qu'est-ce que… ? balbutia-t-il d'une voix pâteuse.

Il éternua dans la poussière et s'empressa de ramper hors de là. Avec précaution, tant bien que mal, il se remit debout à côté du lit, les jambes chancelantes, et regarda autour de lui.

Il découvrit une pièce lugubre en désordre, aux meubles fracassés et aux fenêtres obstruées par des planches. Remus reconnut immédiatement cet endroit pour y venir une fois par mois. C'était la Cabane hurlante.

― Mais…, murmura-t-il en tenant sa tête souffrante. Hier soir, ce n'était pas la pleine lune… ?

Dans la pénombre transpercée de faibles rais de lumière du jour, il inspecta néanmoins son corps à la recherche de nouvelles blessures qu'il se serait infligées lui-même, comme chaque fois qu'il subissait ses transformations. Il découvrit ainsi qu'il ne portait qu'un pantalon, et à sa grande surprise, sa cravate rouge, lâche autour de son cou, qui se balançait sur son torse nu. Pour le reste, il ne trouva aucune goutte de sang nulle part. Le seul endroit douloureux restait sa tête, comme s'il avait trop bu la veille.

― Merde… qu'est-ce que ça veut dire… ?

Un début d'anxiété monta en lui. Dans le silence perturbé seulement par sa respiration accélérée, il regarda de nouveau autour de lui, se demandant s'il était seul. Depuis combien de temps était-il là ? Que s'était-il passé ? Il n'en avait pas le moindre souvenir.

Soudain, tandis qu'il se déplaçait lentement vers la porte, un feulement sourd retentit derrière lui, suivi d'un grand bruit. Remus fit volte-face. Quelque chose d'étrange venait d'émerger des couvertures du grand lit à baldaquin. On aurait dit un gros bloc de terre compactée surmontée d'une tête de lion. Aussitôt, il mit la main dans sa poche, mais il ne trouva pas sa baguette. La créature produisit un vacarme de lourds claquements répétés tandis qu'elle s'approchait à toute vitesse de Remus en sautillant comme un diable à ressort.

― Aaaaargh ! hurla-t-il en s'enfuyant sur le palier.

Il referma de justesse la porte qui trembla au moment où la créature fonça dessus. Il appuya ensuite sur le panneau de toutes ses forces, terrorisé à l'idée que la créature sache tourner une poignée et qu'elle s'acharne sur lui, mais la porte resta refermée et la créature cessa son tapage.

― Bordel, c'était quoi ça… ? demanda tout bas Remus en haletant. Qu'est-ce que ça fiche là… ?

Il tendit l'oreille, alerte aux feulements qui s'apaisaient graduellement de l'autre côté. Au bout d'un moment, lorsqu'il n'entendit plus rien, il se décolla silencieusement de la porte, le cerveau assailli de questions, puis il dévala l'escalier délabré jusqu'au rez-de-chaussée.

Si c'était une blague, il ne la trouvait pas drôle du tout. Ses amis avaient sûrement des explications. Remus devait vite les retrouver au château.

Il y avait autant sinon plus de désordre en bas qu'il y en avait à l'étage. L'endroit était cependant plus éclairé. L'une des fenêtres avait perdu une planche et illuminait une grande partie du mobilier fracassé.

Remus s'arrêta net.

Devant le vieux foyer carbonisé, couchées sur un tapis mangé aux mites, trois personnes dormaient l'une contre l'autre, recouvertes d'un morceau de rideau à moitié déchiré qui leur servait de couverture. Remus s'approcha d'un pas, les sourcils froncés, et reconnut alors Sirius, blotti entre deux belles femmes inconnues.

― Patmol, merde ! s'écria Remus.

Sirius et les deux femmes se réveillèrent en sursaut. Sirius eut du mal à retrouver ses esprits, mais les femmes, dès qu'elles ouvrirent les yeux, se hâtèrent de quitter leur lit improvisé. Remus eut un hoquet de gêne en s'apercevant qu'ils étaient tous trois complètement nus.

― Par Merlin ! jura Remus en se cachant derrière une main. Mais c'est quoi ça, Patmol ?

― Qu'est-ce… c'qui se passe… ? marmonna Sirius d'une voix rauque et perplexe.

― C'est exactement ce que je te demande !

Au même moment, la créature à l'étage donna un grand coup contre la porte. Remus tressaillit avec effroi et les femmes, toutes aussi effrayées, terminèrent de ramasser leurs vêtements à la presse et transplanèrent d'urgence sans même prendre le temps de se rhabiller avant.

― Qu'est-ce que c'était… ? demanda Sirius qui était resté sous le morceau de rideau, à gratter sa tête en bataille. Et c'était qui, ces femmes… ?

― Tu ne sais même pas avec qui tu couches ? s'énerva Remus en gardant l'oreille aux aguets. Et depuis quand tu invites des gens ici ? Ce lieu doit rester secret !

― Mais je n'ai pas invité des gens…, protesta faiblement Sirius, les paupières papillonnant tandis qu'il regardait autour de lui. Mais… qu'est-ce qu'on fait là ?

― Tu n'en sais rien ?

Sirius eut un infime rire désorienté. Remus sentit l'angoisse s'amplifier en lui. Tout ça ne présageait rien de bon.

Il y eut alors des tintements de verre dans un coin ténébreux de la pièce. Remus s'éloigna précipitamment en exécutant un bond en arrière. Il s'était attendu à voir surgir une autre créature aux allures de démons, mais ce n'était que Peter.

Échevelé, le pas trébuchant, ce dernier venait de se relever derrière une chaise renversée et se frayait un chemin parmi un tas de bouteilles vides qui roulèrent en tous sens autour de lui. Il s'arrêta dans la lumière, auprès de Remus et Sirius, qui, en le voyant mieux, poussèrent un hurlement.

― Quoi ? couina Peter en sursautant.

― Va mettre un pantalon, abruti ! s'écria Sirius en se plaquant les paumes sur les yeux.

Aussitôt, Peter se cacha l'entrejambe des mains. Il portait encore sa chemise, mais tout le bas de son corps était dénudé.

― Mais tu n'es pas mieux ! répliqua Peter en désignant Sirius du menton. Toi, tu es complètement à poil !

― J'ai ça qui me couvre ! protesta Sirius en replaçant le rideau sur le bas de son ventre. Je ne me montre pas au grand jour, moi !

― Mais je ne savais pas que j'avais le cul nu !

― Tu ne sais pas toi non plus ce que tu fais ici ? demanda Remus, de plus en plus perdu.

― Mais non ! Qu'est-ce qu'on fiche ici ?

La créature à l'étage recommença à cogner contre la porte et tous trois levèrent les yeux vers le plafond.

― C'est quoi ces bruits ? demanda Sirius en relevant le rideau sur son torse musclé.

― C'est un truc que j'ai enfermé dans la chambre, répondit Remus en fouillant à nouveau dans ses poches à la recherche de sa baguette. Je ne sais pas ce que c'est, il faisait trop noir pour voir, mais cette chose m'a attaqué quand je me suis réveillé. Je n'ai aucune idée de comment je me suis retrouvé là-haut avec ça, mais peut-être que l'un de vous sait un peu ce qui s'est passé ? Où est Cornedrue ? Et pourquoi il y a autant de bouteilles ici ? On a fait la fête ?

― Sans doute, songea Sirius en s'ébouriffant la nuque. J'ai une de ces migraines insupportables. J'ai ça seulement quand je bois trop la veille.

― Mais pourquoi on aurait bu hier ? demanda Remus dont l'énervement le reprenait. On s'était dit une Bièraubeurre, pas plus !

― Hé, les gars ! s'écria Peter avec panique. Pourquoi j'ai le gland enflé ? On dirait qu'on m'a sucé toute la nuit, ce n'est pas possible !

Surpris, Remus le regarda, avant de se détourner aussitôt en réprimant un juron. Il n'avait en fait aucune envie de voir ça.

― Ce n'est quand même pas vous qui… ? commença Peter.

― Nous qui quoi ? demanda précipitamment Sirius d'un air répugné. J'ai couché avec deux femmes. Je les ai vues avant qu'elles ne repartent. Je ne sais pas avec qui, toi, tu as couché, mais certainement pas avec moi !

― Et moi non plus ! ajouta Remus même s'il trouvait inutile de le préciser tant cette conversation était absurde.

Peter trouva son pantalon accroché à un clou sur le mur et l'enfila en continuant d'afficher sur son visage tout son désarroi. Assis sur le tapis, Sirius examina alors Remus d'un air soupçonneux.

― Et toi, Lunard ? demanda-t-il, les sourcils froncés. Tu as couché avec qui ?

― J'ai couché avec personne et cessez de dire des conneries ! s'emporta Remus dont l'anxiété commençait à le torturer jusque dans les tripes.

― Dans ce cas, d'où viennent ces suçons que tu as dans le cou ?

― Hein, quoi ? Quels suçons ?

Horrifié, Remus passa la main dans son cou et chercha machinalement un miroir, avant de se rappeler qu'il n'y en avait aucun dans cette maison.

― J'ai vraiment des suçons ? glapit Remus.

― C'est vraiment ça, confirma Sirius d'un air docte. Je connais ça, c'est ma spécialité… heu…

Il s'interrompit en blêmissant, puis il se reprit d'un ton moins assuré :

― Je veux dire… ma spécialité avec les filles… pas avec… les gars…

― La ferme, Patmol ! menaça Remus qui déployait tous les efforts, en cet instant, pour réprimer toute image mentale susceptible de le traumatiser. Ne dis pas un mot de plus !

Peter émit un drôle de ricanement nerveux.

― Toi non plus, ne dis rien ! dit rapidement Remus en lui jetant un regard tout aussi menaçant.

― Je ne dis rien, couina Peter, figé comme une statue. Mais… tu as aussi des griffures dans le dos, Lunard…

― Aaaargh ! cria Remus qui tourna sur lui-même en essayant de regarder dans son dos. Si c'est toi, Patmol, qui m'as fait ça, je jure que je vais te tuer !

― Mais ce n'est pas moi ! s'indigna Sirius en se levant d'un bond, le rideau pressé contre son bas-ventre.

Ne m'approche pas ! paniqua Remus.

― Putain, Lunard, je ne vais pas te sauter dessus, enfin ! s'écria Sirius.

Remus s'immobilisa et se força à se calmer en soufflant profondément. Sirius avait raison, Remus était ridicule. Sirius n'aurait jamais fait une chose pareille.

― En tout cas, ce n'est pas moi, dit Peter d'une petite voix. Je n'ai pas d'ongles, je les ronge.

― Et moi, je les coupe toujours court pour ne pas blesser les filles, dit Sirius en lui montrant ses doigts sans relâcher le rideau. Tu es plus rassuré, là ?

― Mais qu'est-ce qui s'est passé, nom de Merlin ? gémit désespérément Remus, dépassé par la situation. Il n'y a vraiment personne qui ne se souvient de rien ?

― Non, répondit Peter en se frottant l'entrejambe à travers son pantalon.

― Je ne me souviens de rien non plus, avoua Sirius. Et où sont mes fringues, bordel ?

― Et Cornedrue ? demanda Remus. Il est où ?

Sirius haussa les épaules en grattant ses pectoraux. À l'étage, la créature émettait toujours des bruits sourds. Soudain, Remus appréhenda que James, d'une manière ou d'une autre, soit caché quelque part dans la chambre.

― Est-ce que quelqu'un a encore sa baguette ? interrogea Remus.

― Oui, moi, répondit Peter en sortant la sienne de sa poche.

― Parfait, dit Remus. Tu vas pouvoir retrouver les nôtres. Essaie un sort d'attraction.

Peter s'exécuta en lançant une formule et trois baguettes jaillirent alors d'un grand trou au-dessus de la cheminée carbonisée. Remus attrapa la sienne au vol et Sirius se saisit des deux autres en laissant tomber le rideau par terre. Peter lâcha aussitôt un sifflement admiratif.

― Merde ! jura Sirius en s'empressa de ramasser le rideau à ses pieds.

― Tu ne plaisantais pas, Patmol, quand tu vantais la qualité de ton engin…

― La ferme, Queudver !

― C'est la baguette de Cornedrue ? demanda Remus en coupant court à leur dispute.

― Oui, j'ai sa baguette, répondit Sirius en s'entourant du rideau déchiré à la manière d'une serviette de bain. Et la mienne aussi. Mais je n'ai toujours pas mes fringues !

Pendant que Sirius faisait le tour de la pièce en repoussant les débris de meubles des pieds, Remus aperçut alors, du coin de l'œil, quelque chose qui scintillait devant la cheminée. Il s'approcha, curieux, et trouva alors, à moitié ensevelie sous un tas de cendre, une paire de lunettes rondes.

― Ah non…, murmura-t-il avec appréhension.

Il les ramassa en les époussetant et en inspecta les verres dont l'un était fissuré.

― Les gars, c'est mauvais signe, déclara-t-il. Cornedrue ne se sépare jamais de ses lunettes. Il est aveugle sans ça.

― Putain ! lâcha Sirius avec inquiétude, en venant les examiner à son tour. J'espère qu'il ne lui ait rien arrivé de grave.

Aaaargh ! hurla Peter en émettant tout à coup un grand bruit mat.

Remus et Sirius se retournèrent d'un air alerte. Peter venait de s'écraser par terre, au milieu de la pièce, comme s'il venait de trébucher.

― Je me suis pris les pieds dans quelque chose d'invisible ! expliqua Peter en se relevant maladroitement. Et de mou !

― Où ça ? demanda précipitamment Sirius.

Peter pointa le plancher crasseux à ses pieds, là où il n'y avait effectivement aucun obstacle visible. Remus fourra les lunettes de James dans sa poche et s'empressa d'aller tâtonner l'endroit indiqué en s'agenouillant. Ses doigts entrèrent vite en contact avec une étrange étoffe invisible qui évoquait à la fois la fluidité de l'eau et la légèreté de l'air. Il la retira de là et apparut alors sur le sol, en tas, quelques vêtements abandonnés.

― Mes fringues ! s'exclama Sirius avec soulagement. Enfin !

― La cape d'invisibilité, s'étonna Remus en observant l'étoffe argentée qui venait de se dévoiler entre ses mains.

― Cornedrue a sûrement voulu me jouer un tour, soupçonna Sirius pendant qu'il se rhabillait sans tarder, à la va-vite. Finalement, il est peut-être caché quelque part à nous épier et c'est lui qui nous expliquera tout.

― Caché où ? demanda Remus, incrédule. La cape est ici.

Tout à coup, un affreux craquement survint à l'étage. La porte venait d'être défoncée et des claquements sonores et réguliers retentissaient à présent dans l'escalier délabré.

― Ah non, la chose ! paniqua Remus en brandissant aussitôt sa baguette, la cape tombant par terre. Préparez-vous à la stupéfixer !

Sirius ne prit pas la peine de reboutonner sa chemise. Il repêcha sa baguette qu'il avait laissée dans le rideau à ses pieds et visa le couloir en même temps que Peter.

Une drôle de silhouette surgit de la pénombre, mais loin de ressembler à la créature que Remus avait vue plus tôt. C'était un corps humain presque nu, maigre, en caleçon grisâtre, ligoté et bâillonné, qui sautillait vers eux comme un saucisson enragé. C'était Severus Rogue.

― Oh, putain de bordel de grosse merde ! s'exclama Sirius en rabaissant sa baguette, les yeux écarquillés.

Peter pouffa d'un rire nerveux et Remus resta pétrifié sur place tant la situation le prenait au dépourvu.

― Mais qu'est-ce qu'il fait là… ? souffla-t-il.

― Je ne sais pas, répondit Sirius qui réprima à son tour un fou rire devant Rogue qui gémissait dans son bâillon. Tu ne l'as pas vu dans la chambre en te réveillant ?

― Tu veux qu'on vérifie ses ongles… ? proposa machinalement Peter.

― La ferme ! s'énerva Remus en le repoussant d'un coup de coude. Ce n'est pas le moment de redire des conneries !

Rogue avait les yeux qui semblaient sortir de leur orbite tant il exprimait sa rage d'être ainsi ligoté des poignets aux chevilles. Le peu de son visage qu'on apercevait au-dessus du bâillon était rouge brique. Encore une fois, Remus n'avait aucune idée de ce qui avait bien pu se passer, mais il estimait préférable de le détacher au plus vite. Rogue allait peut-être leur fournir des explications et élucider enfin cette affaire.

― Ça va aller, dit calmement Remus en levant sa baguette. On va te délivrer.

― Vous avez vu son caleçon ? se moqua Peter en ricanant. Jamais vu ça aussi souillé.

― J'ai dit que ce n'était pas le moment ! grinça Remus tandis que Sirius étouffait un nouveau rire dans sa main.

Remus les fit taire d'un regard noir, puis se concentra sur Rogue. Il opta pour un antisort général, qui fonctionna dès le premier coup. À sa grande satisfaction, toutes les cordes disparurent en fumée.

Cependant, dès qu'il fut libéré, Rogue arracha son bâillon de sa bouche et poussa un rugissement déchaîné. Sans même prononcer le moindre mot articulé, il éleva le poing et Remus se fit projeter brutalement sur le sol, une douleur horrible éclatant dans son nez. Au même moment, la pièce s'illumina brièvement d'un éclair rouge. Sirius venait de contre-attaquer d'un sort. Il rata cependant sa cible, car Rogue prit la fuite en enjambant Remus et en bousculant Peter qui s'écroula à son tour par terre. Lorsque Remus se redressa en vitesse à quatre pattes, afin de voir ce qui s'était passé, Rogue avait déjà disparu dans le tunnel qui menait à Poudlard.

― Sale enfoiré de mes deux ! hurla Sirius avec colère. Il a foncé sur moi comme un gros troll fou !

Il essuya le sang sur sa lèvre en continuant de proférer des jurons. Pendant que Sirius se lançait un sort de guérison d'un geste furieux, Peter se releva en se frottant le postérieur.

― On n'aurait pas dû le détacher…, maugréa-t-il en grimaçant. Il n'avait même pas de baguette, en plus…

― Mais qu'est-ce qui s'est passé ? répéta inlassablement Remus qui se sentait devenir fou. Mais qu'est-ce qui s'est passé ?

Episkey ! lança Sirius et le nez de Remus craqua avant de s'enflammer et de se congeler ensuite tout aussi rapidement. Ça va ?

Remus fit oui de la tête en tâtant son nez réparé. Il se remit sur ses pieds en replaçant fébrilement sa cravate sur son torse nu, ramassa sa baguette qui était tombée plus loin et se dirigea tout droit dans le couloir.

― Cornedrue ? appela-t-il d'une voix forte. Cornedrue, réponds si tu es là-haut !

― Vas-y, je te suis, encouragea Sirius en élevant sa baguette derrière lui.

Remus hésita, mais comme tout était redevenu silencieux à l'étage, il rassembla son courage et entreprit de monter l'escalier. Sirius le suivit, ainsi que Peter qui trébucha légèrement contre la première marche délabrée.

Arrivé sur le palier, Remus poussa la porte avec précaution et alluma sa baguette pour éclairer l'endroit. De longues ombres s'étirèrent autour du grand baldaquin poussiéreux. Les draps étaient défaits et les oreillers s'éparpillaient un peu partout.

― J'ai trouvé ta chemise, murmura Peter en se penchant près de la porte.

― Chut ! siffla Remus en lui arrachant sa chemise des mains. Merci. Mais restons silencieux. La chose…

― Oh, Merlin ! s'exclama Sirius en sursautant brusquement dans le chambranle.

Il jeta précipitamment un sort, mais le rayon de lumière rebondit sur les pétales d'une énorme plante monstrueuse qui venait de bondir devant eux avec son pot de terre. Son gros pistil s'ouvrait comme une gueule d'extraterrestre et montrait de nombreux crocs redoutables à la lueur de la baguette de Remus. Peter poussa un hurlement en bousculant Sirius qui manqua de basculer dans l'escalier. Remus referma la porte à la volée et tous trois dégringolèrent les marches à toute vitesse.

― C'est un Géranium Dentu géant ! haleta Sirius en déboulant devant la cheminée. Avec un super pouvoir ou une sorte d'enchantement quelconque qui le protège des sorts, je n'en sais rien ! En tout cas, mon Stupéfix n'a eu aucun effet sur ça ! Mais ça fout quoi, là, ça, premièrement ?

― Je ne sais pas, c'est ce que je me tue à savoir ! s'énerva Remus en rangeant sa baguette dans sa poche pour remettre sa chemise. Je ne comprends rien, en fait. Rien ! Cornedrue n'est pas là-haut, je ne l'ai pas vu et il n'y a pas de place où se cacher. Il n'est pas sous le lit, c'est moi qui étais là.

― Croyez-vous que la plante l'ait mangé… ? redouta Peter en déglutissant, le teint pâle.

― Ça ne mange pas de chair humaine, ces plantes-là, si ? demanda Sirius en regardant Remus sans grande confiance.

― Heu… je…, balbutia Remus, saisi d'une horrible crainte.

Durant un instant, il imagina la plante ne faire qu'une bouchée de James en lui broyant les os entre les crocs, puis il pensa avec plus de bon sens que la plante n'aurait pas pu tout avaler un corps complet d'humain. Il serait resté des morceaux, ce qui n'avait pas été le cas. Il n'avait rien vu de suspect là-haut. James était simplement ailleurs.

― Retournons à Poudlard, proposa finalement Remus, en terminant de boutonner sa chemise d'un geste tremblant. Peut-être que Cornedrue est retourné là-bas.

― Ça serait bizarre…, dit Sirius.

― Je sais, mais je ne sais pas quoi faire d'autre ! s'irrita Remus en resserrant sa cravate. On trouvera peut-être des explications au dortoir. C'est là que tout a commencé hier, non ?

Sirius hocha la tête en regardant distraitement les bouteilles au sol et entreprit de rattacher également sa chemise. Peter se tortillait les doigts avec angoisse. Remus s'assura d'avoir encore les lunettes de James dans sa poche, ramassa la cape d'invisibilité, ainsi que la baguette de James que Sirius avait laissé parterre dans un pli du rideau déchiré, et fit signe aux autres de le suivre dans le tunnel.

― Vous croyez qu'on a reçu un sort d'amnésie ? avança Sirius tandis qu'ils s'avançaient dans le passage terreux qu'éclairait Remus de sa baguette.

― Oui, c'est ce que je pense aussi, dit Remus.

― En tout cas, on a bu, couina Peter. Ça, c'est sûr…

― Trop bu, même, se plaignit Sirius en se frottant la tête. Il va me falloir une potion pour faire passer la gueule de bois.

Remus demeura silencieux. Il ne voyait toujours pas pourquoi ils auraient fait la fête hier soir. À moins qu'ils aient vécu la soirée de Slughorn aussi et qu'ils aient tout oublié ce jour-là également ?

― Rogue ligoté en caleçon, ricana Sirius en repoussant un filet de racines sur leur passage. Ça, c'est épique ! Il ne faudra jamais oublier ça.

― Il va sûrement parler et on aura des ennuis, appréhenda Remus.

― Il ne parlera pas, rassura Sirius. Qui voudrait aller dire à un professeur qu'il a été ligoté en caleçon ? Il aurait trop honte…

Ils poursuivirent leur chemin dans l'humidité du tunnel. Remus s'inquiétait à présent pour Fanny. L'avait-elle vu hier dans un état compromettant ?

― Et les deux femmes… ? s'interrogea Sirius après un moment, en se caressant le menton. Elles n'étaient pas de Poudlard. Je me demande qui c'était… En tout cas, elles étaient canon…

― Plus vieilles que toi, fit remarquer Remus d'un ton absent.

― Ah oui ? s'intéressa Peter en souriant. Toi aussi, Patmol, tu les aimes plus âgées ?

― Comment ça, moi aussi ? demanda Sirius en fronçant les sourcils. Tu parles de toi ?

Peter lança alors un regard taquin à Remus.

― Non, je ne parle pas de moi…

― Fanny a mon âge ! protesta aussitôt Remus avec agacement.

― Je ne parlais pas d'elle non plus…

― Tu m'énerves ! Ne t'arrange pas pour que je te jette un maléfice cuisant !

Remus brandit sa baguette illuminée vers Peter qui s'éloigna immédiatement en pouffant de rire. Sirius, désinvolte, laissa également échapper un rire, qu'il étouffa aussitôt devant le regard menaçant de Remus.

Ses amis étaient ridicules. Remus n'avait jamais fantasmé sur le professeur McGonagall. Depuis quand s'amusaient-ils à imaginer ces absurdités ? Il était vrai que cette femme, avec son intelligence et sa force de caractère, le fascinait, mais il n'avait jamais éprouvé d'autres sentiments à son égard que de l'admiration.

Il y eut un « pop » sonore, comme le son d'une bouteille qu'on débouche. Peter venait de se transformer en gros rat qui rampa jusqu'à la sortie du tunnel. Dehors, on percevait le vent qui faisait craquer les branches du Saule cogneur. Remus éteignit sa baguette qu'il rangea dans sa poche, déploya la cape d'invisibilité sur sa tête et celle de Sirius et attendit que Peter immobilise le saule en appuyant sur la bonne racine.

Quelques instants plus tard, ils remontèrent la pente douce qui menait au château. Devant les grandes portes d'entrée, après s'être assuré que personne ne se trouvait dans les environs, Remus enleva la cape qu'il fourra dans sa poche, Peter reprit sa forme humaine et tous trois rentrèrent à Poudlard.

Plusieurs élèves circulaient dans le hall. Entre les grandes portes de la Grande Salle, on pouvait voir que le petit déjeuner était servi depuis déjà un bon moment. La majorité des assiettes s'étaient vidées.

Toujours saisi de craintes, Remus arrêta une fillette de première année près des sabliers géants et s'enquit :

― Quel jour on est ?

― Quoi ? s'étonna-t-elle en fronçant les sourcils.

― Aujourd'hui, on est samedi ou dimanche ? reformula Remus plus clairement.

― Samedi, répondit-elle en le regardant comme s'il était fou. Pourquoi ?

Remus la remercia sans prendre la peine de s'expliquer et revint vers Sirius et Peter qui regardaient dans la Grande Salle d'un air perplexe.

― C'est samedi ! annonça Remus sans trop savoir quelle émotion éprouver avec cette information. J'ai eu peur qu'on ait oublié la soirée de Slughorn aussi, mais ça va. Elle n'est pas passée. Qu'est-ce qu'il y a ?

― Ce n'est pas le petit déjeuner, informa Sirius en désignant les tables où quelques élèves mangeaient encore. Il n'y a pas d'œufs ni de bacon au menu. Ce sont des sandwichs. C'est sûrement le déjeuner. On a dormi toute la matinée.

― Pas grave, ça a l'air bon quand même, dit Peter avant de s'avancer d'un air gourmand vers la table de Gryffondor.

Remus voulut le retenir pour le forcer à se concentrer plutôt sur la situation grave actuelle, mais comme Sirius suivit Peter tranquillement, il se résigna à aller s'asseoir aussi.

― Voyez-vous Cornedrue ? demanda Remus tandis qu'ils prenaient place à l'écart des autres élèves de Gryffondor.

― Non, répondit Sirius en regardant autour.

― On ferait mieux de le trouver avant de manger, non ? dit Remus en lissant nerveusement sa cravate. Et… et je n'ai pas envie que Fanny… puis Rogue…

― Ils ne sont pas là non plus, rassura Sirius. Mange. Ça va aider à faire passer la migraine.

Il lui mit un sandwich dans l'assiette et se servit lui-même dans le plat. Peter avait déjà enfourné deux sandwichs. Remus était dépassé. Comment pouvaient-ils manger alors qu'un évènement grave s'était peut-être produit.

― Vous n'avez pas l'air de vous préoccuper beaucoup de Cornedrue, gronda Remus d'un ton de reproche. Il est peut-être en danger. Il faut le retrouver. Je vais chercher la carte au dortoir…

― Pas la peine, je l'aie déjà, informa Peter, la bouche pleine, avant que Remus ne quitte sa chaise.

Peter plongea la main dans sa poche et sortit la carte du Maraudeur qu'il posa devant Remus.

― Et c'est maintenant que tu me le dis ! s'exclama Remus en claquant la langue.

― Je l'ai trouvée en enfilant mon pantalon tout à l'heure et je n'y ai plus repensé depuis, se justifia Peter, sur la défensive. J'ai ça aussi. Je ne sais pas pourquoi. Ce n'est pas à moi.

Il jeta sur la table une petite ombrelle colorée, semblable à celles que Rosmerta, la jeune propriétaire des Trois Balais, utilisait pour décorer ses verres. Remus s'y intéressa à peine, plutôt concentré sur la carte.

― Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises, formula Remus en effleurant rapidement le parchemin de sa baguette.

Le plan détaillé du château apparut devant ses yeux. Sans tarder, Remus se mit à chercher le nom de James Potter parmi tous les autres qui apparaissaient partout entre les lignes d'encre.

― Il n'est pas à la salle commune, dit-il fébrilement. Ni au dortoir.

― Tu le vois ailleurs ? demanda Sirius en se penchant pour consulter également la carte.

Ils cherchèrent durant de longues minutes, mais en vain. C'était samedi. Il n'y avait pas cours et tout le monde flânait à ses occupations. Par conséquent, les minuscules et nombreux points bougeaient en tous sens, dans plusieurs pièces, à tous les étages, et rendaient leur recherche difficile.

― Il est peut-être dans la Salle sur Demande, avança Remus.

― Mais pourquoi il serait là ? demanda Sirius.

― Je n'en sais rien ! Mais il n'est nulle part à Poudlard !

Remus prit une énième profonde respiration pour garder son calme. Il perdait les nerfs trop facilement et s'il voulait résoudre cette intrigue, il devait garder son sang-froid.

Ses yeux tombèrent alors sur la petite ombrelle à côté du plat de sandwichs.

― Avez-vous autre chose dans vos poches qui pourrait nous donner des indices ? demanda-t-il calmement.

― C'est tout ce que j'avais, dit Peter qui se versait un verre de jus de citrouille.

― Attends, je vérifie, dit Sirius en plongeant les mains dans ses poches. Ah… je crois que… oui, j'ai quelque chose…

― Montre ! ordonna Remus dont le cœur battit avec espoir.

Sirius sortit une éprouvette vidée dont il renifla la dernière goutte laissée dans le fond, en fronçant les sourcils.

― Ça sent le pet, dit-il.

Peter s'esclaffa de rire en s'étouffant sans son jus de citrouille.

― C'était une potion ? demanda Remus qui pour sa part garda tout son sérieux. Lis l'étiquette, elle est encore là.

Sirius plissa les yeux pour déchiffrer l'écriture sur l'éprouvette. Il ne défronça pas les sourcils.

― C'est une prescription de Pomfresh, dit-il d'un air étrangement inquiet. C'était pour moi… Mais pourquoi j'aurais eu besoin de ça… ?

― Quel genre de potion ? insista Remus.

― Une potion… laxative…

Peter cracha littéralement sa gorgée de jus dans son assiette. Il fut tellement hilare que Sirius dut lui asséner une tape dans la nuque pour le faire taire.

― Ce n'est pas drôle ! gronda Sirius, qui sourit néanmoins avec amusement. J'ai dû avaler de quoi de pas bon hier qui m'a constipé, je ne sais pas…

― Effectivement, ce n'est pas drôle, approuva Remus qui préservait toujours sa mine grave. C'est sérieux, les gars ! Il faut comprendre ce qui s'est passé hier !

― Bah, on n'a qu'à aller voir Pomfresh, suggéra Sirius en haussant les épaules. Elle doit sûrement se rappeler, elle, pourquoi j'ai dû boire ça. Et ça va sûrement nous éclairer un peu.

― Bonne idée, dit Remus. Allons-y tout de suite.

Ils remirent l'éprouvette, la carte et l'ombrelle dans leurs poches et quittèrent la table des Gryffondor sous les regards curieux de quelques élèves qui semblèrent se moquer de leurs têtes échevelées. Remus se repeigna du mieux qu'il put de la main et s'assura de ne pas voir Fanny nulle part. Elle serait bien en colère contre lui si elle apprenait que ses amis et lui avaient possiblement fait une grosse connerie la veille.


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La suite bientôt !