PASSE D'ARMES
Le Centre ainsi que les personnages de Jarod, Miss Parker, Sydney... sont la propriété des producteurs du Caméléon. Le reste est à moi. Merci de ne pas archiver et de ne pas emprunter les personnages "originaux" sans mon autorisation.
L'histoire se déroule durant la saison 2, entre Gigolo et Cadeau Surprise.
Bonne lecture :-)
* * * * * * * * * * * * * * * *
CHAPITRE 10
Mlle Parker sortit de l'immeuble au moment où la Cadillac de la filiale de San Francisco freinait devant le perron dans un crissement de pneus, Sam derrière le volant. Elle ouvrit la bouche pour invectiver l'homme de main et lui rappeler qu'il était supposé l'assister, pas l'écraser, mais le balayeur sut résumer la situation avec concision.
"Jarod, mademoiselle," lâcha-t-il.
Elle ne perdit pas de temps à faire le tour de la voiture pour monter côté passager; elle ouvrit la porte arrière et poussa vigoureusement Broots qui lui bouchait le passage. Sam redémarra alors qu'elle claquait la portière. L'informaticien se recroquevilla sur le siège.
"Il vient juste de sortir de l'académie, expliqua Sam, il a tourné dans cette rue."
Il s'engagea dans une ruelle en sens interdit sans se soucier des panneaux de signalisation.
"Plus vite, Sam, jappa Parker. Tu ne conduis pas un trente tonnes!"
* * * * * * * * * * * * * * * * * *
Il se dirigeait tranquillement vers California Street, les mains dans les poches et sifflotant la musique de Zorro, lorsqu'il aperçut la Cadillac noire qui fonçait dans sa direction. Il reconnut Sam derrière le volant, et personne à côté de lui, mais il ne faisait aucun doute que Parker n'était pas loin. Il accéléra l'allure, se mit à courir, tourna dans une ruelle, puis dans une autre, déboucha sur une rue transversale, la Cadillac gagnant du terrain à chaque instant. La vitre arrière gauche s'abaissa, constata-t-il en jetant un bref regard par-dessus son épaule, et la main de Parker, la main armée de Parker, sortit, bientôt suivie par la tête et le buste de la jeune femme. Profitant de ce que la rue était déserte, elle fit feu, le manqua de peu et la balle se logea dans un container à ordures.
Juste à l'angle de California et de Franklin Street, une jeep grise pila net devant lui et quelqu'un ouvrit la porte de l'intérieur. Il risqua un regard, s'attendant presque à découvrir Sydney ou, dans un tout autre ordre d'idée, Brigitte.
"Montez," lui ordonna Emma Ambruster. Elle était d'un calme olympien, elle semblait se livrer régulièrement au périlleux exercice consistant à venir en aide à un fuyard. A regret, il sauta sur le siège, bien décidé à sortir du 4x4 le plus rapidement possible.
La jeune fille démarra, son arrêt n'ayant pas duré plus de deux secondes, et s'engagea dans la circulation de Franklin Street, louvoyant entre les véhicules.
"Des ennuis?" lui demanda-t-elle. Elle ne lui accorda pas un regard, les yeux fixés sur la route.
- Vous n'auriez pas dû vous en mêler, dit-il en surveillant la Cadillac dans le rétroviseur. Ces gens sont dangereux.
- C'est ce que j'ai constaté: elle vous tirait dessus. Je croyais que c'était une fleurettiste?
- Mlle Parker possède de multiples talents. Je dois descendre, Emma, je ne veux pas vous faire courir un tel risque."
Elle ne lui répondit pas, concentrée sur la conduite. Franklin Street était encombrée, ce qui la ralentissait, mais ne constituait pas un mauvais choix: Parker avait dû renoncer à tirer - trop de voitures et de piétons. La Cadillac, cependant, s'approcha suffisamment pour heurter le pare-chocs du 4x4. Elle ne lui fit pas grand mal.
"Je ne sais pas ce que vous lui avez fait, commenta Emma avec flegme, mais elle a l'air remonté."
Elle déboîta sans prévenir, contraignit une petite voiture européenne à se ranger pour changer de file, se fit insulter par cinq ou six conducteurs et accéléra pour passer au feu orange.
"Où avez-vous appris à conduire comme ça? lui demanda Jarod.
- Les rues de San Francisco, bien sûr. Et un peu de Starsky et Hutch. Vous ne connaissez donc rien aux vieilles séries policières?"
Elle remonta Franklin Street à vive allure, tourna sur Market Street et fonça en direction de South of Market. Elle tourna plusieurs fois et, soudain, la Cadillac ne fut plus derrière eux, semée dans le dédale de clubs, restaurants et boutiques. Elle arrêta la jeep à l'abri d'un camion de livraison dont trois hommes en tee-shirt étaient en train décharger le contenu.
"Merci, lui dit-il simplement. Soyez sûre que Parker va vous retrouver et vous questionner."
Elle eut un mince sourire, un peu triste et un peu sarcastique.
"Qu'est-ce que je pourrais lui dire? Je ne sais rien."
Elle n'avait pas coupé le contact, simplement mis au point mort, et elle lâcha le volant. Ses mains tremblaient.
"En réalité, dit-elle, presque surprise, je crois que je viens d'avoir la plus belle peur de ma vie. C'est la première fois que je fais un gymkhana en pleine ville. J'ai dû me faire repérer par une demi-douzaine de voitures de flics, et si mes parents apprennent ça, je peux dire adieu à la jeep pendant trois mois." Elle repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille, se tourna vers Jarod et enchaîna, en dépit de toute logique: "Je lui ressemble toujours?
- Faites attention à vous, Emma," se contenta-t-il de répondre.
* * * * * * * * * * * * * * * * * *
Parker tourna dans SOMA pendant une bonne vingtaine de minutes avant d'accepter l'évidence: Jarod lui avait filé entre les doigts et, pour ne rien arranger, la jeep grise semblait s'être volatilisée. Elle se souvint que Sydney était resté devant l'académie Delawey et elle ordonna à Sam d'y retourner pour le récupérer.
Sydney attendait sur le trottoir devant l'immeuble, les mains dans les poches de son manteau. Parker sortit de la Cadillac avant même que celle-ci eût véritablement stoppé.
"Où est Brigitte?
- Notre amie de la Décontamination ne semblait pas désireuse de s'attarder dans les parages. Elle..."
Il s'interrompit. Parker venait de pivoter sur elle-même, le regard fixé sur une jeep grise qui remontait la rue. La grosse voiture métallisée se gara derrière la Cadillac et, avant que quiconque ait pu faire un geste, Parker sortit son revolver et s'élança vers le 4x4. Brandissant le 9 mm, elle ouvrit la porte à la volée.
"Descendez de là!" ordonna-t-elle.
Sydney lança un coup d'œil à travers le pare-brise et se précipita à l'aide de la jeune conductrice.
"Parker, doucement! s'exclama-t-il. Ce n'est qu'une enfant.
- Cette enfant nous a promenés dans la moitié de la ville et a permis à votre petit monstre de nous échapper une fois encore," siffla la jeune femme.
Elle ne put réprimer un haut-le-corps lorsque la fille sortit calmement du véhicule.
Elle portait un jean et un chandail trois fois trop grand ouvert sur un tee-shirt ajusté, elle était coiffée différemment, les cheveux plus longs, maquillée plus légèrement qu'elle, mais elle lui ressemblait. De façon saisissante. Jusque dans l'expression du visage, des yeux bleus, de la bouche dont les coins se relevaient en une esquisse de sourire amusé. Parker coula un regard en coin vers le psychiatre et constata que la similitude ne lui échappait pas.
"Eh bien, murmura-t-il d'un air narquois. Eh bien." Il se déplaça de façon à dissimuler Parker aux regards des passants. "Vous devriez ranger ça, lui dit-il en désignant l'automatique. Vous ne voudriez pas vous retrouver au poste, n'est-ce pas."
Le 9 mm disparut sous la veste de tailleur.
"Comment vous appelez-vous? demanda Parker à l'espèce de clone qui la considérait le plus sereinement du monde.
- Mlle Ambruster. Vous devez être Mlle Parker. Il paraît que nous nous ressemblons."
La morveuse la regardait bien en face, sans ciller, et Parker qui avait l'habitude d'en imposer aux gens, mais qui ne semblait pas avoir beaucoup de chance ces jours-ci, se fendit d'un sourire.
"Vous avez aidé Jarod à s'enfuir. Pourquoi?
- Il s'enfuyait?" demanda-t-elle avec une innocence telle qu'il était impossible qu'elle fût sincère.
Sam gardait la Cadillac, et s'assurait accessoirement que personne ne s'intéressait outre mesure à eux. Mais Broots s'approcha de sa démarche de souris apeurée, sans que Parker fût capable de dire pour qui il avait peur. Pour lui, pour la fille, pour une autre raison.
"Que faisait-il ici?"
Emma sortit un cahier rouge de la poche de son chandail.
"Il a oublié ça dans la jeep. Enfin, quand je dis oublier... j'ai pas l'impression que c'est le genre de personne à oublier des trucs derrière lui, si?"
Constatant que Parker s'absorbait dans la lecture du cahier, Sydney attrapa Broots par le coude et le ramena vers la Cadillac.
Emma attendit que la jeune femme ait terminé de parcourir les articles collés dans le cahier. Ses doigts aux ongles vernis de noir tremblaient légèrement en tournant les pages.
"C'était votre sœur? dit-elle enfin, d'une voix curieusement adoucie.
- Maxine. Son entraîneur la dopait."
Et d'Artagnan avait confondu l'entraîneur félon, conclut Parker. Toujours chevaleresque.
"Jarod m'a dit que... que Max vous ressemblait quand vous étiez enfant, et que je ressemblais à ce que vous étiez devenue."
Parker baissa les yeux, étudia les photographies de Maxine Ambruster. Jarod avait meilleure mémoire qu'elle, elle ne se souvenait pas avoir un jour eut une telle expression. Non. La jeune femme lui rappelait plutôt sa mère; Catherine Parker avait eu la même douceur et la même détermination dans le regard, et c'était exactement ce qui l'avait tuée. Une boule se forma dans sa gorge et elle avala plusieurs fois sa salive pour la faire disparaître.
"Croyez-moi, ça n'avait rien d'un compliment."
Le sourire de la mioche s'élargit, et elle considéra Parker d'un air pensif.
"N'en soyez pas aussi sûre."
Le Centre ainsi que les personnages de Jarod, Miss Parker, Sydney... sont la propriété des producteurs du Caméléon. Le reste est à moi. Merci de ne pas archiver et de ne pas emprunter les personnages "originaux" sans mon autorisation.
L'histoire se déroule durant la saison 2, entre Gigolo et Cadeau Surprise.
Bonne lecture :-)
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CHAPITRE 10
Mlle Parker sortit de l'immeuble au moment où la Cadillac de la filiale de San Francisco freinait devant le perron dans un crissement de pneus, Sam derrière le volant. Elle ouvrit la bouche pour invectiver l'homme de main et lui rappeler qu'il était supposé l'assister, pas l'écraser, mais le balayeur sut résumer la situation avec concision.
"Jarod, mademoiselle," lâcha-t-il.
Elle ne perdit pas de temps à faire le tour de la voiture pour monter côté passager; elle ouvrit la porte arrière et poussa vigoureusement Broots qui lui bouchait le passage. Sam redémarra alors qu'elle claquait la portière. L'informaticien se recroquevilla sur le siège.
"Il vient juste de sortir de l'académie, expliqua Sam, il a tourné dans cette rue."
Il s'engagea dans une ruelle en sens interdit sans se soucier des panneaux de signalisation.
"Plus vite, Sam, jappa Parker. Tu ne conduis pas un trente tonnes!"
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Il se dirigeait tranquillement vers California Street, les mains dans les poches et sifflotant la musique de Zorro, lorsqu'il aperçut la Cadillac noire qui fonçait dans sa direction. Il reconnut Sam derrière le volant, et personne à côté de lui, mais il ne faisait aucun doute que Parker n'était pas loin. Il accéléra l'allure, se mit à courir, tourna dans une ruelle, puis dans une autre, déboucha sur une rue transversale, la Cadillac gagnant du terrain à chaque instant. La vitre arrière gauche s'abaissa, constata-t-il en jetant un bref regard par-dessus son épaule, et la main de Parker, la main armée de Parker, sortit, bientôt suivie par la tête et le buste de la jeune femme. Profitant de ce que la rue était déserte, elle fit feu, le manqua de peu et la balle se logea dans un container à ordures.
Juste à l'angle de California et de Franklin Street, une jeep grise pila net devant lui et quelqu'un ouvrit la porte de l'intérieur. Il risqua un regard, s'attendant presque à découvrir Sydney ou, dans un tout autre ordre d'idée, Brigitte.
"Montez," lui ordonna Emma Ambruster. Elle était d'un calme olympien, elle semblait se livrer régulièrement au périlleux exercice consistant à venir en aide à un fuyard. A regret, il sauta sur le siège, bien décidé à sortir du 4x4 le plus rapidement possible.
La jeune fille démarra, son arrêt n'ayant pas duré plus de deux secondes, et s'engagea dans la circulation de Franklin Street, louvoyant entre les véhicules.
"Des ennuis?" lui demanda-t-elle. Elle ne lui accorda pas un regard, les yeux fixés sur la route.
- Vous n'auriez pas dû vous en mêler, dit-il en surveillant la Cadillac dans le rétroviseur. Ces gens sont dangereux.
- C'est ce que j'ai constaté: elle vous tirait dessus. Je croyais que c'était une fleurettiste?
- Mlle Parker possède de multiples talents. Je dois descendre, Emma, je ne veux pas vous faire courir un tel risque."
Elle ne lui répondit pas, concentrée sur la conduite. Franklin Street était encombrée, ce qui la ralentissait, mais ne constituait pas un mauvais choix: Parker avait dû renoncer à tirer - trop de voitures et de piétons. La Cadillac, cependant, s'approcha suffisamment pour heurter le pare-chocs du 4x4. Elle ne lui fit pas grand mal.
"Je ne sais pas ce que vous lui avez fait, commenta Emma avec flegme, mais elle a l'air remonté."
Elle déboîta sans prévenir, contraignit une petite voiture européenne à se ranger pour changer de file, se fit insulter par cinq ou six conducteurs et accéléra pour passer au feu orange.
"Où avez-vous appris à conduire comme ça? lui demanda Jarod.
- Les rues de San Francisco, bien sûr. Et un peu de Starsky et Hutch. Vous ne connaissez donc rien aux vieilles séries policières?"
Elle remonta Franklin Street à vive allure, tourna sur Market Street et fonça en direction de South of Market. Elle tourna plusieurs fois et, soudain, la Cadillac ne fut plus derrière eux, semée dans le dédale de clubs, restaurants et boutiques. Elle arrêta la jeep à l'abri d'un camion de livraison dont trois hommes en tee-shirt étaient en train décharger le contenu.
"Merci, lui dit-il simplement. Soyez sûre que Parker va vous retrouver et vous questionner."
Elle eut un mince sourire, un peu triste et un peu sarcastique.
"Qu'est-ce que je pourrais lui dire? Je ne sais rien."
Elle n'avait pas coupé le contact, simplement mis au point mort, et elle lâcha le volant. Ses mains tremblaient.
"En réalité, dit-elle, presque surprise, je crois que je viens d'avoir la plus belle peur de ma vie. C'est la première fois que je fais un gymkhana en pleine ville. J'ai dû me faire repérer par une demi-douzaine de voitures de flics, et si mes parents apprennent ça, je peux dire adieu à la jeep pendant trois mois." Elle repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille, se tourna vers Jarod et enchaîna, en dépit de toute logique: "Je lui ressemble toujours?
- Faites attention à vous, Emma," se contenta-t-il de répondre.
* * * * * * * * * * * * * * * * * *
Parker tourna dans SOMA pendant une bonne vingtaine de minutes avant d'accepter l'évidence: Jarod lui avait filé entre les doigts et, pour ne rien arranger, la jeep grise semblait s'être volatilisée. Elle se souvint que Sydney était resté devant l'académie Delawey et elle ordonna à Sam d'y retourner pour le récupérer.
Sydney attendait sur le trottoir devant l'immeuble, les mains dans les poches de son manteau. Parker sortit de la Cadillac avant même que celle-ci eût véritablement stoppé.
"Où est Brigitte?
- Notre amie de la Décontamination ne semblait pas désireuse de s'attarder dans les parages. Elle..."
Il s'interrompit. Parker venait de pivoter sur elle-même, le regard fixé sur une jeep grise qui remontait la rue. La grosse voiture métallisée se gara derrière la Cadillac et, avant que quiconque ait pu faire un geste, Parker sortit son revolver et s'élança vers le 4x4. Brandissant le 9 mm, elle ouvrit la porte à la volée.
"Descendez de là!" ordonna-t-elle.
Sydney lança un coup d'œil à travers le pare-brise et se précipita à l'aide de la jeune conductrice.
"Parker, doucement! s'exclama-t-il. Ce n'est qu'une enfant.
- Cette enfant nous a promenés dans la moitié de la ville et a permis à votre petit monstre de nous échapper une fois encore," siffla la jeune femme.
Elle ne put réprimer un haut-le-corps lorsque la fille sortit calmement du véhicule.
Elle portait un jean et un chandail trois fois trop grand ouvert sur un tee-shirt ajusté, elle était coiffée différemment, les cheveux plus longs, maquillée plus légèrement qu'elle, mais elle lui ressemblait. De façon saisissante. Jusque dans l'expression du visage, des yeux bleus, de la bouche dont les coins se relevaient en une esquisse de sourire amusé. Parker coula un regard en coin vers le psychiatre et constata que la similitude ne lui échappait pas.
"Eh bien, murmura-t-il d'un air narquois. Eh bien." Il se déplaça de façon à dissimuler Parker aux regards des passants. "Vous devriez ranger ça, lui dit-il en désignant l'automatique. Vous ne voudriez pas vous retrouver au poste, n'est-ce pas."
Le 9 mm disparut sous la veste de tailleur.
"Comment vous appelez-vous? demanda Parker à l'espèce de clone qui la considérait le plus sereinement du monde.
- Mlle Ambruster. Vous devez être Mlle Parker. Il paraît que nous nous ressemblons."
La morveuse la regardait bien en face, sans ciller, et Parker qui avait l'habitude d'en imposer aux gens, mais qui ne semblait pas avoir beaucoup de chance ces jours-ci, se fendit d'un sourire.
"Vous avez aidé Jarod à s'enfuir. Pourquoi?
- Il s'enfuyait?" demanda-t-elle avec une innocence telle qu'il était impossible qu'elle fût sincère.
Sam gardait la Cadillac, et s'assurait accessoirement que personne ne s'intéressait outre mesure à eux. Mais Broots s'approcha de sa démarche de souris apeurée, sans que Parker fût capable de dire pour qui il avait peur. Pour lui, pour la fille, pour une autre raison.
"Que faisait-il ici?"
Emma sortit un cahier rouge de la poche de son chandail.
"Il a oublié ça dans la jeep. Enfin, quand je dis oublier... j'ai pas l'impression que c'est le genre de personne à oublier des trucs derrière lui, si?"
Constatant que Parker s'absorbait dans la lecture du cahier, Sydney attrapa Broots par le coude et le ramena vers la Cadillac.
Emma attendit que la jeune femme ait terminé de parcourir les articles collés dans le cahier. Ses doigts aux ongles vernis de noir tremblaient légèrement en tournant les pages.
"C'était votre sœur? dit-elle enfin, d'une voix curieusement adoucie.
- Maxine. Son entraîneur la dopait."
Et d'Artagnan avait confondu l'entraîneur félon, conclut Parker. Toujours chevaleresque.
"Jarod m'a dit que... que Max vous ressemblait quand vous étiez enfant, et que je ressemblais à ce que vous étiez devenue."
Parker baissa les yeux, étudia les photographies de Maxine Ambruster. Jarod avait meilleure mémoire qu'elle, elle ne se souvenait pas avoir un jour eut une telle expression. Non. La jeune femme lui rappelait plutôt sa mère; Catherine Parker avait eu la même douceur et la même détermination dans le regard, et c'était exactement ce qui l'avait tuée. Une boule se forma dans sa gorge et elle avala plusieurs fois sa salive pour la faire disparaître.
"Croyez-moi, ça n'avait rien d'un compliment."
Le sourire de la mioche s'élargit, et elle considéra Parker d'un air pensif.
"N'en soyez pas aussi sûre."
