Running Up That Hill - Loveless
Everybody Wants To Rule The World - Tears For Fears
Moral of the story - Ashe
TW : agression sexuelle
Susan n'était pas forte.
Tout le monde avait toujours dit qu'elle l'était.
Lisa l'admirait d'être qui elle était malgré son enfance.
Elle avait survécu au froid et à la violence. Elle n'avait jamais laissé les fantômes des Bones la hanter, n'avait jamais permis à leurs démons ou aux siens de s'emparer d'elle.
Malgré la guerre, elle avait tenu ses amis à bout de bras pendant un long moment.
Elle avait été leur roc, leur pilier, l'épaule sur laquelle ils se reposaient, celle qui trouvait les solutions et les rassurait.
Seulement parce que Lisa n'avait pas été là.
Susan avait été et était forte parce qu'elle n'avait jamais eu d'autre choix.
Alors elle détestait, haïssait qu'on dise d'elle qu'elle était forte.
Elle n'aurait jamais dû l'être.
A vingt ans, Susan aurait dû apprendre à contrôler sa belle insouciance.
Mais on la lui avait juste déracinée avec violence.
OOO
Padma avait été agressée sexuellement par Amycus Carrow lors de leur septième année à Poudlard. L'homme massif au regard oblique, aux traits étrangement de travers, avait sorti son pénis devant Padma, qui s'était figée. Ils étaient seuls, dans une salle de classe. Il l'avait retenue après un cours. Il l'avait forcée à le regarder, alors qu'il se masturbait devant elle, « l'une des deux plus jolies filles de l'école ». L'autre étant sa sœur, Parvati, qui s'était échappée à temps.
Deux heures après l'événement, Padma s'était coupée les cheveux toute seule, sans magie. Les mèches irrégulières étaient tombées dans la salle commune des Serdaigle. Elle avait tremblé pendant des heures, cherchant à couper droit. Terry l'avait trouvée ainsi et dès qu'il s'approchait d'elle, Padma le foudroyait du regard et le menaçait. Avertie par Terry, qui avait été cherché Susan et Hannah en quête d'aide, les deux jeunes femmes s'étaient introduites dans le repaire de la plus haute tour de l'école.
Susan l'avait approchée et Padma avait sangloté, à même le sol, sur la moquette bleue des Serdaigle. Susan lui avait arraché la paire de ciseaux des mains et avait égalisé la coupe, sans rien dire, en lui caressant les cheveux.
S'en était suivie une crise de larmes et de panique telle que Padma avait voulu arracher ses vêtements, décrétant ne plus pouvoir respirer. Elle s'était accrochée aux bras de ses amies qui l'avaient conduite jusqu'à la douche. Elles l'avaient lavée. Elles avaient frotté sa peau en douceur.
Depuis ce jour, Padma ne supportait plus que l'on dise d'elle qu'elle était belle.
Le regard des hommes la dégoûtait. Même celui de Terry qui était pourtant si doux, si tendre lorsqu'il posait les yeux sur elle... Susan aurait même tout donné pour avoir la chance d'être regardée ainsi.
Le temps avait fait son œuvre.
Ou pas tout à fait.
Padma n'avait jamais reparlé de cet événement.
La seule fois où elle l'avait fait, elle avait déclaré à Susan qu'elle s'en voulait, qu'elle ne comprenait pas la réaction qu'elle avait eue, qu'elle aurait dû se défendre, partir, fermer les yeux, le dénoncer.
Comment aurait-elle pu se défendre d'un homme qui avait une telle autorité sur elle ? Comment aurait-elle pu lui échapper ? Comment aurait-elle pu fermer les yeux alors qu'il l'avait menacé de ne pas le faire ? Comment aurait-elle pu dénoncer un lâche qui s'était enfui après la bataille de Poudlard ?
Padma disait que c'était de sa faute. Elle disait qu'elle n'aurait pas dû être si jolie, que ce jour-là, elle avait porté un décolleté, pour faire rougir Terry. Elle disait qu'elle l'avait peut-être bien cherché.
Susan lui avait répondu que rien n'était de sa faute, qu'elle n'était pas responsable du comportement immonde d'un être tout aussi immonde qu'Amycus Carrow. Elle lui avait dit qu'elle ne l'avait pas cherché, que cet homme était un monstre, et que la victime, c'était elle. Susan avait séché les larmes de Padma jusqu'à ce que ses joues soient sèches.
Rien n'était la faute de Padma.
Susan haïssait Amycus Carrow et tous les autres Mangemorts.
Elle voulait la justice. Pour ses camarades. Pour Padma qui avaient encore tant de séquelles et qui était si forte, si courageuse...
- Padma ?
Son amie buvait sa boisson, tout en parlant avec Justin.
Susan tremblait.
Padma pourrait comprendre.
- Oui, Susan ?
Comment pouvait-elle lui dire ?
Et puis... ce que Susan avait vécu... Ce n'était pas vraiment pareil. Ce n'était pas une agression. Non... Susan n'avait pas dit non. Il lui plaisait. Elle savait ce qui allait se passer. Ce n'était pas pareil...
Padma était une survivante, et Susan, une idiote.
Susan regretta d'avoir ouvert la bouche.
Elle se sentait honteuse.
Pourquoi ne parvenait-elle pas à être sa propre amie ? Pourquoi n'était-elle pas capable de se dire qu'elle non plus, ne l'avait pas cherché ? Que dans cette chambre d'hôtel, il avait profité d'elle ? Qu'elle n'était pas conne ? Qu'elle n'était pas une idiote et qu'elle ne l'avait mérité ?
Susan ravala ses larmes.
Lisa faisait la pitre à l'autre bout de la table. Wayne et Justin étaient fascinés par ce qu'elle racontait. Hannah semblait ailleurs et aidait au bar du Chaudron Baveur.
- J'aime beaucoup tes boucles d'oreille Padma, la complimenta Susan d'une toute petite voix.
Padma fronça les sourcils sans en croire un mot.
- Tout va bien Susan ?
Non.
Elle plaqua un faux sourire sur ses lèvres :
- Bien sûr !
OOO
Susan coupa ses cheveux.
Jusqu'aux épaules.
Elle ne les avait jamais portés aussi courts.
Et elle se fit une frange aussi, trop longue, pour cacher ses yeux et son embarras.
Elle regarda la pluie tombée dans son appartement et sourit, emmitouflée dans son gros pull marron.
Elle se prépara des roulées à la cannelle, un thé à la rose et alluma une bougie pour regarder la pluie qui continuait de tomber. Elle fit des tresses dans ses cheveux fraîchement coupés et les coiffa en deux macarons.
Merlin, qu'elle aimait l'automne...
OOO
- Susan... Où est ton écharpe ?
Lisa la regarda avec inquiétude.
- Tu trembles de froid.
La brune enleva son écharpe pour la passer autour du cou de Susan.
- Je l'ai perdue, marmonna-t-elle. Je ne l'ai pas retrouvée.
- Laisse-moi t'acheter l'un de ces gâteaux que tu aimes tant ! Ça te ferait plaisir ? Allez ! C'est pour moi ! Tu es si pâle...
Susan entendait la voix de sa mère.
Cesse de t'empiffrer.
Comme tu serais si belle, si jolie, avec vingt ou seulement dix kilos en moins.
Comment vas-tu t'habiller avec un tel tour de taille ?
Cache donc ta poitrine ! Ne te plains pas s'ils te regardent dans la rue comme un morceau de viande !
Susan avala de petites bouchées.
Puis de plus grandes, sans respirer entre chaque cuillère.
Elle aurait presque voulu mourir étouffée par l'amertume du chocolat noir qui l'avait pourtant toujours si bien consolée.
OOO
Est-ce qu'elle avait mérité ça ?
Après tout, elle aurait eu mille occasions de dire non...
Alors pourquoi ne l'avait-elle pas fait ?
Qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez elle à la fin ?
Elle se dégoûtait et ne parvenait toujours pas à avaler quoi que ce soit sans avoir de violents haut-de-coeurs.
OOO
Les dossiers formaient des piles si immenses qu'elles allaient du sol au plafond. Susan travaillait par terre, une plume dans la bouche, un encrier jamais trop loin. Dans sa forteresse de papier, elle se sentait en sécurité, engloutie par des histoires plus noires que la sienne.
Viol. Meurtre. Héritage. Vol. Agression. Torture.
Sortilèges impardonnables et autres maléfices défilaient sous ses yeux.
Les prénoms et les noms de ses dossiers étaient devenus des inconnus. Son cerveau les ignorait. Madame Smith n'était qu'une Madame X. Monsieur Roccade n'était qu'un Monsieur Y. Susan les déshumanisait, comme on le lui avait appris, pour mieux les aider, pour mieux les défendre, pour garder la tête froide et logique.
Susan n'y parvenait jamais vraiment.
Elle aimait les gens.
Elle était timide et réservée, mais elle aimait les gens.
La justice c'était donner à tous les mêmes chances.
C'étaient des procès équitables, pour les pires crapules comme les plus purs innocents.
C'était le droit d'être défendus, qu'on soit voleurs, enfants, criminels, naïfs ou victimes.
C'était ne pas oublier que derrière ces noms, il y avait des gens, que derrière ces monstres, il y avait des coeurs.
Des coeurs qui n'aimaient pas, parfois, mais des coeurs qui comptaient quand même parce que chaque vie était précieuse.
Susan portait ces valeurs dans son coeur à elle et dans son sang. Il nourrissait chaque cellule de son être.
- Miss Bones ? Il nous faudrait vous conclusions concernant la demande de libération conditionnelle de Lucius Malefoy.
- Je vous les ai remises la semaine dernière en mains propres, grogna Susan à l'intention de l'assistant juridique de son bureau.
- Je vous assure qu'un tel document ne m'a jamais été transmis...
Susan se pinça l'arrête du nez et tira sur les manches de son pull. La panique s'empara d'elle. La panique et la fatigue, deux sœurs de mauvais conseils, de mauvaises augures aussi, qui firent pâlir la jeune femme. Elle n'aurait jamais le temps de réécrire son argumentation et de la présenter aux membres du Magenmagot.
Susan n'était elle-même qu'une assistante, en stage, lorsque Lucius Malefoy avait été condamné. L'une de ses plus grandes victoires. Jamais elle ne permettrait qu'un homme comme lui soit libre. Pas après tout ce qu'il avait fait et laissé faire. Sa culpabilité avait été prouvée, il avait même avoué, conscient que mentir plus longtemps ne lui aurait pas rendu service. Il avait eu un procès juste et équitable. Il avait été défendu par l'un des meilleurs avocats de défenses de droit magique. La décision avait été sans appel et devait le rester. Il n'y avait pas assez d'éléments pour alléguer du fait que Malefoy n'était plus un danger pour les populations moldues et née-moldues.
La justice de Susan n'était pas sévère. Elle savait pardonner.
Ce qui était pardonnable.
- Comment avez-vous pu être aussi maladroit ? Perdre un tel dossier ! Rendez-vous compte qu'il en va de la liberté d'un criminel de guerre, Jeoffrey ? Des gens en souffriront. La communauté ne sera pas en sécurité si un homme comme Lucius Malefoy mène sa petite vie tranquille en-dehors d'Azkaban. C'est ça que vous voulez ? Hein ? Jeoffrey, c'est ça que vous voulez ? Du danger ?
L'assistant avait écarquillé les yeux et balbutia :
- Miss...
- Sortez d'ici !
Elle avait crié.
Susan ne criait jamais.
Mais Susan n'en pouvait plus d'être douce et gentille. Elle n'en pouvait plus de tout contenir.
- SORTEZ D'ICI ET RETROUVEZ MOI CE DOSSIER !
La porte s'ouvrit à la volée et Jeoffrey en sortit.
Susan sentit soudainement la colère et la fatigue la submerger à nouveau comme un raz de marrée, emportant sa patience, sa bienveillance et son caractère qu'elle avait modelé pour être si doux.
Elle donna un coup de pied dans une première pile de papiers. Ils volèrent tout autour d'elle.
Le besoin de détruire quelque chose, de la même façon que lui avait détruit quelque chose en elle, se fit pressante et urgente. Elle prit un dossier, le déchira.
Elle en prit encore un autre et déchira.
Elle déchira, encore et encore. Elle se mit à détruire, à arracher, à écorcher, à couper le papier, les chemises en cartons, les parchemins noircis d'encre. Elle sema une pagaille, jusqu'à ce que ses cheveux partent dans tous les sens, jusqu'à ce que le sol ne soit couvert que de pliures, de blanc, de bouts de parchemins et de papiers illisibles.
La rage la faisait trembler. La colère lui faisait voir rouge. Elle ne contrôlait ni ses bras qui continuaient leur ouvrage malgré son bon sens qui lui commandait d'arrêter ce carnage. Mais cela faisait tant de bien... Tant de bien, et tant de mal à la fois. Car plus elle détruisait, plus elle se laissait engloutir dans un néant où n'existait plus que cette colère, dévorante et dévastatrice. Ses muscles tendus, chauffés de répéter inlassablement et durement les mêmes gestes, fonctionnaient seuls.
Et Susan continuait. Susan déchirait les dossiers. Susan détruisait la justice. Susan semait le chaos pour extérioriser celui qui l'habitait depuis si longtemps, celui qu'elle ne parvenait pas à exprimer et qui vivait au fond de son ventre. Celui qui l'empêchait de dormir, de manger, de vivre normalement.
Susan voulait que le monde souffre autant qu'elle souffrait.
Juste pour ne pas se sentir seule.
Susan hurla à s'époumoner et se retrouva par terre, autour des ruines de son château, de ses tours de dossiers si protectrices. Ses yeux gris étaient à l'orage. Elle passa les bras autour de ses épaules et sanglota en silence.
- Tu en as oublié un, fit une voix étrangement calme et posée.
Susan releva la tête, et la vue brouillée par ses larmes qu'elle essuya, elle distingua Théodore Nott, juste devant la porte, la posture droite et rigide.
Théodore Nott l'irritait la moitié du temps. L'autre moitié, elle le jalousait.
Voyant qu'elle ne bougeait pas, il s'approcha du dossier d'un certain Spiracle, qu'il prit du bout des doigts pour le déchirer à son tour.
Lentement, presque méticuleusement, pour faire durer l'instant et résonner le son de cette déchirure.
Susan écarquilla les yeux et cessa de pleurer.
- J'étais venu te rendre ça, annonça-t-il tout de suite après.
Il sortit de la poche intérieure de sa cape une écharpe bleue et bronze.
Susan se sentit honteuse et le rouge lui monta aux joues. Théodore Nott, un homme qu'elle n'aimait pas du tout, venait de la surprendre dans un état de rage folle...
Qu'allait-il penser d'elle ?
Il allait forcément le rapporter à Lisa. Lisa, leur meilleure-amie à tous les deux, qu'ils se partageaient. Lui, sans s'en préoccuper, elle, de mauvais coeur et de mauvaise volonté.
- Tu...
- Tu l'as faite tomber en sortant du Relais d'Elizabeth il y a trois semaines, la coupa-t-il. Tu avais l'air pressé. Tu as transplané tout de suite après et je n'ai pas eu le temps de te la rendre avant.
Susan fronça le nez. Théodore Nott lui mentait.
Susan sentait ces choses-là. Cependant, elle était trop étonnée d'entendre l'ancien Serpentard prononcer autant de mots en sa présence, lui qui économisait précieusement chaque syllabe.
Il s'approcha d'elle cette fois-ci et lui tendit l'écharpe. Elle dut tendre le bras, pour la saisir. Dès qu'elle toucha la laine, elle tira dessus pour ramener son écharpe près d'elle et inspira à l'intérieur. Elle cessa de pleurer et sourit piteusement à Théodore Nott qui le regarda avec des yeux étranges.
De la sollicitude. De l'inquiétude peut-être...
Susan ne commençait pas Théodore Nott. Pas celui en tout cas. Pas ce jeune homme qui semblait si vulnérable et fragile et qui l'observait comme si elle représentait sa seule chance de s'en sortir.
- Je suis accusé d'un crime que je n'ai pas commis. Tu es la meilleure juriste magique de ce pays. J'ai besoin de ton aide, Susan.
Elle se releva, son écharpe autour du cou, et se mit au travail.
OOO
Wayne avait réparé le toit de son appartement à Glasgow. Elle déballa ce soir-là ses cartons et décora sa maison. Elle aligna les bougies sur les poutres, aménagea sa cuisine, fit correctement son lit, disposa les tapis moelleux sur le parquet, accrocha les photographies, monta les meubles d'un coup de baguette et installa les rideaux.
Il pleuvait toujours dehors, mais la pluie n'entrait plus chez elle.
Padma lui avait offert sa paire de boucles d'oreille.
Susan les portait bien et elle buvait son thé Chaï en déglutissant un peu plus naturellement à chaque gorgée.
Demain, elle mangerait peut-être un crumble pomme-cannelle.
OOO
Lisa ne lui demanda jamais pourquoi elle avait saccagé son bureau au Ministère.
Autour d'elle, tous ses amis riaient.
Ils ne disaient rien, ne demandaient rien, mais avaient tous fait comprendre à Susan qu'ils étaient présents pour elle et qu'ils savaient que quelque chose n'allait pas. Lisa ne lâchait jamais sa main lorsqu'elles étaient ensemble. Terry et Padma lui avaient proposé des potions de sommeil, les cernes de Susan étant désormais trop visibles pour être cachées. Wayne avait arrêté de boire. Temporairement, ils le savaient tous. Justin, lui, avait remis son expédition en Thaïlande au mois prochain pour rester un peu en Grande-Bretagne. Hannah avait pris une semaine de congé pour aider Susan à déballer ses derniers cartons.
Elle les aima de s'occuper ainsi d'elle sans trop en faire.
Elle les aima d'être présents. Elle les aima d'être eux.
Elle les aima infiniment de ne pas la questionner. De ne pas insister.
Elle ne se sentait pas prête.
Mais elle voyait tant de belles lumières près d'eux.
Leurs chaleurs étaient confortables et réconfortantes.
C'était comme être auprès d'un feu alors que la nuit tombait et que le froid s'engouffrait.
C'était comme porter un gilet tout doux, en laine et fait avec amour.
Théodore Nott n'avait rien dit à personne et Susan était soulagée, qu'il soit à jamais le seul témoin de la colère et de la violence qui pouvaient noircir son coeur qu'elle dorait artificiellement depuis tout ce temps.
Elle décida qu'elle le détestait moins.
Elle décida qu'elle se détesterait moins, elle aussi, d'avoir fait cette erreur, de ne pas avoir dit non, de ne pas avoir dit oui.
OOO
Quelque chose s'était libéré en Susan, petit à petit, à partir de ce jour où elle avait accepté le chaos, celui où elle avait détruit ses tours de papier.
Ça sentait bon la sauge chez elle.
Finalement, à cet automne-ci, tout ne semblait pas vraiment mourir.
Susan avait retrouvé son écharpe perdue.
Et Susan écrivit les premiers mots de son histoire, pour la rendre moins laide, sur un parchemin et à l'encre noire.
Ça commençait ainsi :
«Ploc, ploc, ploc, ploc, ploc, ploc
Les gouttes décomposaient la phrase qui tournait en boucle dans sa tête.
Bon. Bah. C'é. Tait. Sym. Pas.
Le toit était en train de fuir.
Où avait-elle égaré son écharpe préférée ? »
