Chapitre 4: La fin d'un guerrier
Trunks n'osait pas bouger, ni faire un seul son. Le regard vide, froidement inexpressif, de Xerry le paralysait. C'était elle, mais en même temps c'était une étrangère. Elle ne bougeait pas un cil, restait parfaitement immobile. Seule sa poitrine se soulevait doucement, régulièrement, sous le tissu d'un bleu intense. Trunks sentit vaguement que l'autre homme était parti, mais il s'en foutait bien. Pour lui, seule Xerry importait...
Derrière lui, Végéta se tenait tout aussi silencieux et immobile, mais pas pour les mêmes raisons. Simplement parce qu'il n'avait aucune envie de briser le silence. Il se doutait que Trunks avait besoin d'un peu de temps... Même pour le Saiyen, la nouvelle attitude de la jeune métisse était un choc. Il n'aurait jamais pu l'imaginer ainsi, détachée, voire même absente...
Finalement, Trunks ne put supporter le silence plus longtemps, il leva la main vers Xerry, un peu hésitant.
- Euh... Xerry...
Lentement, toujours aussi inexpressives, les prunelles mauves se tournèrent vers lui. Une légère lueur d'attention s'y alluma, mais Trunks ne put que pâlir sous ce regard étranger.
- Qu'est-ce que tu as? murmura-t-il, d'une voix presque inaudible.
Elle resta silencieuse, mais l'intensité de ses yeux augmenta, elle parut enfin prêter réellement attention à lui. Trunks baissa sa main, sentit une petite goutte de sueur lui couler sur la tempe. Il ne trouvait plus ses mots et Végéta ne l'aidait pas...
- Sa Majesté n'adressera pas la parole à qui que ce soit avant la cérémonie, annonça alors une jeune voix insolente.
Trunks sursauta, se retourna pour voir arriver une jeune fille aux sourcils froncés. Végéta l'observa quelques secondes puis haussa légèrement les épaules.
- Quelle cérémonie? demanda-t-il.
- Le mariage, répondit la nouvelle venue comme si c'était parfaitement évident.
Le sang se glaça dans les veines de Trunks. Végéta lança un regard à son fils avant de demander avec qui Xerry devait se marier.
- Avec son fiancé, bien sûr.
- Bien sûr... Et qui est-ce?
- On ne me l'a pas dit.
- Et pourquoi l'appelles-tu Majesté?
Elle le regarda comme s'il était fou, mais Végéta ne s'en offusqua pas. Il semblait plutôt s'amuser de l'attitude insolemment polie de cette jeune fille, même si ce n'était pas vraiment le moment.
- Parce que c'est la dernière personne à avoir le sang royal de son peuple. A avoir le sang de son peuple tout court, d'ailleurs. Alors... Il faut bien l'appeler Majesté, non?
- Je connais certains Princes qui n'ont pas droit à cette marque élémentaire de respect, grogna Végéta en regardant son fils.
Trunks cligna lentement des yeux. Xerry, une princesse? Ou même une reine? Et elle devait se marier? Il n'arrivait pas à le croire, c'était trop fou, trop dur... Elle était à lui, non? Elle l'aimait, il l'aimait... Pourquoi est-ce que ça devait leur arriver? Pourquoi avait-elle l'air tellement indifférente à ce qui lui arrivait?
~~
La tension était presque palpable. A cause de Goku, plus personne n'osait plus attaquer et Oob gardait une attitude menaçante, comme s'il allait tout faire sauter d'une seconde à l'autre. Tous s'étaient posés, lentement, et avaient gardé leur yeux rivés sur lui.
Etrangement, l'inaction épuisait Gohan plus que le combat. Il était encore essouflé et s'affaiblissait à vue d'oeil. Après un petit moment, il posa même sa main sur sa cuisse, en serrant les dents.
- Gohan... fit Piccolo, qui, bien que plutôt loin, voyait parfaitement l'expression sur le visage de son ancien élève.
- Ça va papa? demanda Pan, inquiète.
Gohan hocha lentement de la tête, se redressa lentement. Sa main se posa alors sur son coeur qu'il frotta doucement, comme pour calmer une douleur trop tenace.
- On ne peut pas rester sans rien faire, dit-il à voix basse, les sourcils froncés.
- Je sais, fit Goten sur le même ton. Mais...
Il glissa un regard vers leur père. Goku se tenait à l'écart depuis un moment, les bras le long du corps, observant simplement Oob. Sur son visage, une expression éteinte, tristement résignée, se dessina lentement.
- Il va... murmura Goten.
A ce moment, juste quand Goku allait bouger, Oob poussa un hurlement et leva les bras, chargeant ses mains d'une énergie rouge et flamboyante. Une immense boule se forma au-dessus de lui, un sourire cruel se dessina sur ses lèvres.
- NON! hurla Goku alors que son ancien élève baissait rapidement les bras.
La boule suivit son mouvement, fonça droit sur le Saiyen. Gohan et Goten poussèrent un cri, horrifiés, une lumière trop vive les éblouit. Ils entendirent leur père hurler... Et la voix de Pan... Puis l'explosion couvrit leurs cris... Enfin tout se calma...
Les deux frères se retournèrent lentement pour voir la plaine, verte d'herbe encore quelques heures plutôt et maintenant dévastée, recouverte d'une légère fumée brunâtre. Des particules de terre retombaient sans bruit, un silence morbide s'installa.
Une impression bizarre envahit Gohan. Une impression qu'il détesta aussitôt, mais il ne saurait trop dire ce que c'était. Il attendit, tendu, que la fumée se dissipe. La silhouette de son père apparaîtrait, se clarifierait, son sourire rassurant apparaîtrait et ils pourraient alors se battre et gagner... Il attendit, la fumée de dissipa, mais Goku n'apparut pas.
A côté de son frère, Goten hoqueta étrangement, porta une main à sa bouche. Gohan baissa légèrement les yeux et vit pourquoi les larmes affluaient aux yeux de son cadet.
Au centre de l'immense cratère encore fumant, un corps était étalé, les bras ouverts, la tète renversée en arrière. Le vêtement de combat orange était presque entièrement déchiré, la ceinture bleue totalement détruite.
Un moment passa. Gohan attendait que son père bouge, se lève... Goten était tombé à genoux à côté de lui et avait caché son visage dans ses mains. "Ne pleure pas... pensa Gohan, comme dans un autre monde. Il va bien..." Mais il sentait que ce n'était pas vrai. C'était trop long...
Piccolo s'approcha lentement du corps de Goku, s'agenouilla respectueusement à côté de lui, ramenant ses bras le long de son corps. Puis, il leva les yeux vers Gohan. Son visage blessé était terriblement sérieux, dans ses yeux sombres, une lueur triste brillait doucement. Gohan secoua lentement la tête.
- Non... Pas... Lui, pas encore...
Il ferma les yeux pour empêcher les larmes de couler, serra les poings pour controler la rage qui l'envahissait. "C'est trop injuste! Il nous a empêcher de tuer Oob et..."
- MEEEEEEEEEEEEEEERDEEE!!! hurla-t-il soudain au ciel, sa puissance augmentant rapidement.
Piccolo se jeta sur Goten, le tira loin de son frère devenu dangereux. Fou furieux, Gohan hurlait sa douleur, sa peine, sa colère, laissait exploser sa puissance comme jamais.
- Papa! cria Pan, terrorisée.
En état de choc, elle rejoignit Piccolo et Goten, tremblante, les larmes roulants sur ses joues. Elle avait toujours aimé son grand-père, même s'il n'avait pas été là très souvent... Et l'attitude de son père la prenait par surprise, l'effrayait... Piccolo passa un bras autour de ses épaules, autant pour la protéger de la puissance de Gohan que pour la réconforter.
- Non! s'écria soudain Goten, en se jetant vers le corps de son père.
Goku, étant mort deux fois, commençait à se dissiper. Son corps s'évanouissait lentement, disparaissait... Son fils cadet tomba à genoux à côté de lui, les yeux fermés à cause du trop plein de larmes qui cherchaient à en sortir.
- Papa! cria-t-il en empoignant ce qui restait du bras du vieux guerrier. Ne pars pas! Non! Pas encore!
Bien qu'il soit un adulte depuis longtemps, Goten n'était qu'un petit garçon en ce moment. Il avait besoin de son père, même s'il était au Paradis. Goku, disparu à jamais? Sans même son âme? Impossible! Même s'il avait été mort durant presque la moitié de la vie du jeune métis, il avait été là, à sa façon... Mais déjà le bras musclé avait une texture différente sous ses doigts meurtris... Goten, secoué de sanglots, pressa la main de son père contre sa joue.
- Papa... Je suis désolé... J'aurais dû te sauver... Je...
Soudain il n'y avait plus rien dans ses mains, Goku était parti à jamais. Goten se laissa tomber sur ses coudes, le visage contre le sol taché du sang paternel, pleurant comme jamais il n'avait pleuré... Et pendant que son cadet se laissait aller au désespoir, Gohan continuait d'augmenter sa puissance... Et d'hurler...
FIN
