Echec et mat, ma Reine

Echec et mat, ma Reine !

1ère Epoque : Chapitre 19

Interlude

Raistlin finit de changer le bandage qui barrait l'épaule de Valoran et attendit que Pyra ait rendu le même service à Talion avant de l'aborder.

"- Pyra ? Je peux te parler ?"

"- Je t'écoute."

"- Pas ici. Je voudrais te parler, heu…de femme à femme."

La rouquine haussa un sourcil et prit l'archimage par le coude.

"- Allons dans mon bureau."

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Dalamar passa devant le bureau les bras chargés de matériel. Il s'arrêta en entendant le rugissement de rire de Pyra et colla son œil au trou de la serrure.

"- C'est pas la peine de te moquer de moi…" Protestait Raistlana.

"- Désolée. Mais si tu avais vu la tête que tu as fait…Je vais te donner ce qu'il faut, va. C'est marrant, mais ça étonne toujours les hommes d'apprendre comment fonctionne la plomberie qui leur fournit des héritiers. La magicienne ricana. J'en connais un qui va être malheureux ce soir…"

Raist rougit de plus belle et grommela quelque chose de peu flatteur.

"- Si tu as mal, prends une tasse de tisane de Fleur d'Or. Je vais t'en laisser dans la cuisine."

L'elfe se creusa un instant la cervelle et une infime lueur de compréhension passa dans son regard. Très digne mais un peu mal à l'aise, il se releva comme si de rien n'était et repartit au boulot.

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Pyra empoigna les boucles neigeuses de l'archimage et les souleva.

"- Et il faut faire quelque chose pour cette crinière. Tu les as coupés avec quoi ? Un couteau ?"

"- Ben, oui…"

"- Oh, misère. Assis toi." Ordonna la jeune femme en sortant une paire de ciseau d'un tiroir.

"- Pyra. C'est très gentil, mais tu ne crois pas qu'on a autre chose à faire que perdre du temps en frivolités ?"

La jeune femme lança un long regard qui ne cillait pas au mage qui baissa les yeux le premier.

"- J'ai dit une bêtise ?"

"- Nous ne pouvons rien faire tant que Valoran et Talion ne seront pas entièrement rétablit. Et j'ai bien l'impression que Blondie va avoir des problèmes de santé un peu plus conséquents dès que Dalamar aura eut la petite conversation qu'il se promettait d'avoir avec lui."

"- Quoi ? "

L'archimage fit mine de se lever mais Pyra pesa sur ses épaules et la força à se rasseoir.

"- Décidément, il faut que je fasse ton éducation."

Raistlin s'insurgea.

"- Je suis une femme depuis un peu plus longtemps que toi, mon cher petit archimage. Je connais la chanson. Il y a une chose que tu dois comprendre. Les hommes sont des rêveurs. Ce sont les femmes qui font tourner le monde. Les mâles s'entre-tuent, font leurs petites conneries dans leur coin, gonflent les muscles et font la roue et c'est tout. Les femmes pondent les rejetons, les éduquent et remplissent la marmite. Le progrès ne vient jamais des hommes, pense-y.

"- Tu as tort. Les avancées viennent le plus souvent des guerres, donc des hommes."

Pyra sourit.

"- Certes, les hommes font la guerre, et ils y meurent. Qui reconstruit une fois les combats achevés ?"

"- Les rois…"

"- Font ce qu'ils peuvent pour faire plaisir à leur femme, concubine ou maîtresse. Le vrai pouvoir est dans la cuisine ou la chambre à coucher, pas dans la salle du trône. Ne sous estime jamais le pouvoir de ceux qui tiennent la queue de la casserole, ou la queue tout court." Finit la jeune femme avec une grimace en coin.

Raistlin ouvrit la bouche et la referma sans rien dire.

"- C'est un vision…particulière…des choses. Mais si ce que tu dis est vrai, nous devrions le retrouver au niveau des dieux. Ce n'est pas le cas."

"- Mais bien sur que si ! Le progrès, introduit nécessairement une notion de chaos. La présence de la Reine est contrebalancée par Paladine, certes. Mais si elle n'existait pas, le monde ne connaitrait pas encore le feu, il marinerait dans un immobilisme total. C'est ce que les hommes ne comprennent pas. Le chaos est nécessaire à l'évolution. Prends l'exemple du Qualinesti et du Sylvanesti. Le premier à doublé sa population au cours des deux derniers siècles, parce qu'ils sont ouverts sur l'extérieur, qu'ils acceptent un degré de brassage génétique et culturel. A l'inverse, le Sylvanesti à perdu les deux tiers de sa population dans le même temps. L'autarcie forcené qu'ils ont entretenus les à conduit en plein cauchemar. Et je ne parle pas du 'Cauchemar de Lorac'. Si le payx commence juste à se remettre, c'est uniquement parce que Ahlanna a repris elle-même les choses en mains en envoyant son maris jouer aileurs."

"- Ce sont des elfes, Pyra. Les elfes n'ont jamais été très rationnels !"

"- Les 'mâles' ne sont jamais très rationnels. Dis moi, tu a pardonné à Valoran pour ses conneries ?"

"- Quel rapport ? Pourquoi changes-tu de sujet ?"

"- Je suis en plein dedans, crois-moi."

L'archimage fronça les sourcils et réfléchis.

"- Oui, je lui ai pardonné."

"- Pourquoi ?"

"- Je n'ai pas de temps et d'énergie à perdre à entretenir une rancune aussi vide de sens…" La jeune femme eut une petite toux honteuse. "Oui, je vois ce que tu veux dire. Avant je lui en aurais voulu à mort et je me serais monté le bourrichon tout seul. Exactement comme Dalamar est en train de le faire. Mais dis-moi. Pourquoi me révéler de tels secrets ? Après tout, je finirais par rejoindre «l'ennemi »."

"- Un mâle éduqué c'est toujours un abrutit de moins en ce bas monde. Et je compte sur toi pour tenter de dresser Dalamar pendant tout le temps où tu seras sous cette forme et pour ne pas trop oublier quand tu aura retrouvé des attributs plus masculins.

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Dalamar posa la pile de grimoire sur un meuble et entreprit de débusquer Valoran. Il le trouva en grande conversation avec Talion.

"- Pardon Talion. Je peux t'emprunter Valoran un instant ? Merci."

Le mage blanc suivit son aîné hors de la grotte et l'accompagna un peu plus loin lorsque l'elfe lui fit signe de venir avec lui.

"- Comment t'es-tu débrouillé pour pousser Pyra ?" Questionna Le Maître des Robes Noires d'une voix douce et calme.

"- Je n'ai pas fait exprès…"

"- Il n'aurait plus manqué que ca… Mais tu comprendras que c'est tout de même impardonnable, n'est ce pas. "

Le jeune humain fit un pas en arrière devant le regard carnassier de l'elfe.

"- Je n'apprécie pas non plus la façon dont tu reluques Raistli…Raistlana. Elle est à moi tu comprends."

Sans prévenir, son poing s'écrasa sur la mâchoire de l'humain avec un craquement sinistre. Le jeune homme tomba à terre en gémissant.

"- Elle est à moi. Pose encore ton regard sur elle, ne serait ce qu'une fois, avec concupiscence, et je te jure que tu iras visiter la cuve où a été blessé Pyra. Est-ce bien clair ?"

Valoran hocha la tête vigoureusement en se tenant le bas du visage.

"- Bien…très bien même. Alors nous allons pouvoir être ami." Conclut Dalamar en retournant vers la grotte sans plus ce soucier de sa victime.

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Valoran ce releva péniblement et mit le cap sur sa grotte personnelle. Après une petite heure de marche, trois Molosses de Guerre apparurent devant lui. Il se jeta au cou d'Amiel et se serra contre elle en sanglotant. La petite femelle le réconforta en grondant doucement.

"- Du calme mon élu. Raistlana serra à toi. Dans six semaines, elle serra tienne. En attendant, vient donc dans la grotte, nous avons plein de choses à planifier."

Le jeune mage se redressa et entra dans la caverne, Euthanos et Salys sur les talons.

"- Oui, Amiel."

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La Reine se renfonça dans son siège.

Malgré les entorses que son adversaire avait fait à ses règles. En changeant les joueurs et en les mélangeant, notamment, elle était sûre de gagner.

Le piège était prêt à ce refermer, et rien ne pourrait s'en échapper.

Avec un soupir, elle se tourna vers le miroir de clair vision qui restait désespérément vide.

"- Ce serait si simple si je savais ce qui ce passe, si je pouvais me passer de ce foutu échiquier."

Secouant la tête, elle sélectionna la Reine noire sur la plateau et lui parla directement.

"- Bien mon cher. Nous avons plein de choses à planifier."

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On se gratta la tête avec circonspection.

"- J'Comprends rien… Mais qu'est ce qu'ils fichent ?"

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