Echec et mat, ma Reine !
2 ème Epoque : Chapitre XII
Trajets
Palanthas, Tour de Haute Sorcellerie, quinze jours plus tard
Pyra fourrageait frénétiquement dans la penderie de sa chambre. Elle attrapa au vol plusieurs robes et les jeta derrières elle. Un Gardien les récupéra avant qu'elles ne tombent et les plia bien proprement avant de les ranger dans le sac de voyage de la jeune femme.
La porte de la chambre s'ouvrit en coup de vent et un petit elfe suivit d'une jeune beauté demi-elfe s'engouffrèrent dans la pièce en riant.
Ils se turent instantanément en voilà leur "tante" faire ses valises.
- Tu t'en va ? Demanda Shandra.
- Tu sais bien que je suis incapable de rester longtemps au même endroit...et puis vous n'avez plus besoin de moi ici. Tes pères ont gentiment acceptés de s'occuper de Myraël, alors je peux partir l'esprit tranquille.
L'enfant s'insurgea.
- Mais je veux venir avec toi !
- C'est hors de question ! Pas là où je vais !
- C'est à dire ? S'enquit une troisième voix
- Tu va pas t'y mettre aussi, Raist !
L'archimage haussa un sourcil et eut un petit sourire madré.
Pyra retint une petite pointe de culpabilité en voyant la fatigue qui marquait le visage de l'homme. Plusieurs crises le terrassaient chaque jour et bien qu'il ne le montrait pas, il était terrifié à l'idée que la Reine reprenne son emprise sur lui, et quelque part, elle se sentait responsable de lui.
- Dalérion m'a proposé de l'accompagner jusqu'à Pierre-Blanche. De là, j'irais peut-être faire un saut chez moi...ca fait des années que je n'ai pas mis les pieds à Varune.
Une petite flamme de pure curiosité flamba dans le regard de Raistlin.
- Et comment iras-tu, personne n'a jamais trouvé l'entrée de l'Empire.
- Oh si, c'est juste que personne n'a jamais voulu le quitter...Où que personne n'a voulu en parler. C'est un lieu très particulier...
Raistlin abandonna et haussa les épaules.
- Enfin, repasses nous voir à l'occasion, et ne t'en fais pas, on va bien s'en occuper de ton adopté.
Pyra se fendit d'un grand sourire en jetant son sac sur son épaule.
Ils descendirent le grand escalier de pierre et sortirent de la Tour. Pyra entra dans la petite écurie que les deux mages avaient fait construire au pied de l'édifice et elle en sortit sa jument de bataille. Elle la harnacha rapidement et se hissa en selle comme Dalamar revenait de la ville, visiblement dans une rage folle.
Raistlin s'approcha du père de sa fille et lui passa un bras autour de la taille.
L'elfe frémissait de colère et tous pouvaient voir l'effort qu'il faisait pour contrôler la bouffée de magie brute qui menaçait de s'échapper sous la haine.
L'archimage projeta ses boucliers autours d'eux et l'elfe se calma graduellement.
- Qu'est ce qui t'arrives ?
Dalamar ne répondit pas et s'approcha du mur de l'écurie et tapa du poing dedans.
Pyra se pencha sur l'encolure de Lance D'acier.
- Tu as aperçus ton frère ?
L'elfe lui jeta un regard noir.
- Qu'est ce qu'il vient foutre ici ?...
- Il m'attend.
Dalamar en oublia sa colère pour de l'étonnement pur et simple.
- Quoi ?!
- On doit aller faire un p'tit tour entre potes...
L'elfe revint à la charge.
- Espèce de sale traîtresse..
Pyra en eut soudain assez, elle jeta un regard froid sur l'archimage écumant et prit sa décision. Elle fit volter du genou la jument et la fit avancer sur Dalamar. Avant qu'il ait eut le temps de réagir, elle l'avait attrapé par le col de la robe et jeté en travers de sa selle comme une couverture roulée. Elle le bâillonna en lui fourrant un mouchoir dans la bouche et l'immobilisa d'un petit sort bien placé. Convulsé de colère, l'elfe était aussi impuissant qu'une tortue sur le dos.
Raistlin voulu intervenir.
- Heu, Pyra...
- Bon, alors, vous venez ?
- Où ça ?
- Voir Dalérion bien sûr. Je ne partirais pas tant qu'ils n'auront pas réglé leurs différents tous les deux. C'est vrai, c'est canulant à la fin...
Raistlin eut une petite moue dubitative.
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Allée de la Reine.
Ripper se retourna sur sa selle et observa les hommes que le Régent lui avait fournit. Quinze jours d'effort les avaient un peu remis en état, mais ils étaient loin de ressembler à une troupe d'élite et l'humain regrettait de plus en plus de ne pas avoir fait appel à sa petite sœur.
Baxter approcha sa monture de la sienne et se penche vers lui.
- Nous allons bientôt arriver. Le tunnel se termine. Tu ne crois pas que tu devrais parler aux hommes ? Ils ne sont jamais sortit après tout et ils risquent de paniquer...
Hariel soupira de contrariété.
- Demande à Taradon de le faire...
- C'est toi le patron !
- J'ai donc toute autorité pour délégué à mes subordonnés.
Baxter haussa les yeux au ciel et redescendit la colonne humaine en quête de son collègue.
Le Capitaine Rif l'arrêta.
- Nous arrivons n'est ce pas ? L'air est plus léger. Les hommes commencent à s'inquiéter...
- Il n'y a aucune raison. Nous ne sortirons pas tout de suite dans le grand monde de toute façon. Nous allons passer un peu de temps dans une grotte, le temps que le bateau arrive.
- Le bateau ?
- Ben oui, l'entrée de l'Allée est sur une île...
- Avec de l'eau autour ?
- C'est la définition même d'une île. Sourit le Garde.
Le Capitaine avala sa salive.
- On va pas être obligé de nager, hein ?
- Meuh non ! C'est prévu pour.
Rif se détendit un peu.
- Quand arrivons nous ?
- Moins d'une heure.
- Je vais prévenir les homes.
- Taradon vous fera un petit speech avant que nous ne sortions.
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Dalamar se débattait comme il pouvait et lançait périodiquement des regard furieux à Pyra qui ne s'en émouvait pas plus que ça.
Raistlin et les enfant avaient rapidement sellé leurs chevaux et l'avait rattrapée vers la Place du Marché.
Dévadoris ferma ses doigts sur les rênes et Lance verrouilla ses articulations en position d'arrêt.
Elle mit pied à terre et jeta l'elfe sur son épaule.
- Garde mes affaires. Ordonna-t-elle à la jument.
La bête coucha les oreilles et Ekalaka se permit un petit ricanement mental.
Raistlin s'approcha d'elle.
- Tu ne crois pas que tu devrais lui permettre une tenue un peu plus digne ? Il va t'en vouloir à mort si tu le fait s'humilier de cette façon devant son frère.
La magicienne pencha la tête sur le côté.
- Tu as sûrement raison.
Elle déchargea l'elfe et leva le sort qui le maintenait immobile. Dalamar se jeta sur elle en crachant comme un chat.
- Espèce de salope prétentieuse...Qui crois-tu être pour m'imposer quoi que ce soit !?!
- SILENCE ! Tonna-t-elle, visiblement excédée.
Dalamar ferma la bouche avec claquement audible, et sentit un froid glacial lui envahir l'âme. Pour la première fois depuis bien des années, il eut peur.
Raistlin était aussi inquiet que lui car il se rapprocha et se plaça entre la magicienne et son ami.
- Tu vas rentrer dans cette fichue auberge et tu vas demander à voir ton frère. Tu va te réconcilier avec lui, ça je te le promet. Raist et moi allons t'accompagner pour être sur que ni toi, ni ton frère n'aurez de pulsions homicides l'un envers l'autre... et je suis sûre que Shand sera ravie de rencontrer son oncle.
La jeune fille hocha vigoureusement la tête.
Dalamar se dégagea de l'étreinte protectrice de son maître.
- Pyra, qu'est ce que ça peut te faire que 'Ler et moi soyons en mauvais terme.
La magicienne lui jeta un regard qu'il ne lui connaissait pas, impérieux et intransigeant.
- A la vérité, Dalamar, Pyra s'en fout complètement. Mais Dévadoris Kh'aa Selianna sait ce que représente une famille...
Raistlin ricana
- Et tu veux qu'on te donne du "majesté", aussi ?
L'altesse impériale disparut et la magicienne délurée revint à la charge.
- De toi j'accepterais n'importe quoi, mon chou. Susurra-t-elle en papillonnant des cils et en se frottant à lui.
L'archimage leva les bras au ciel.
- On peut jamais avoir de vrais conversations avec toi...
Dalamar s'avoua vaincu devant la coalition de sa famille élargie.
- Ca va, ca va, j'y vais...mais vous venez, hein ? Finit-il d'une petite voix enfantine.
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Ripper ordonna une halte et les cavaliers mirent pieds à terre. Les Gardes indiquèrent aux hommes où étaient les anneaux destinés à attacher les chevaux, puis les guidèrent vers l'extérieur.
Les hommes sortirent pour la première fois de leur vie de dessous la terre. La nuit était tombée depuis peu, et des nuages violets s'accrochaient encore à l'horizon. Les hommes s'extasièrent devant l'immensité du ciel au dessus d'eux et plusieurs restèrent pétrifiés devant l'étendue d'eau qui les entouraient de toute part.
Rif cristallisa les interrogations de ses hommes.
- Comment allons nous quitter ce lieu ?
Ripper sortit un petit coquillage de ses fontes et souffla dedans. Un curieux bruit, pas vraiment audible lui agaça les dents et il s'approcha du rivage. Il ôta ses bottes et rentra dans l'eau. Il s'arrêta lorsqu'il en eut jusqu'aux cuisses et recommença son appel.
Après quelques minutes, de frêles créatures à la peau légèrement vert pâle s'approchèrent de lui.
L'un des elfes marins glissa contre lui et se dressa hors de l'eau.
- Phandael, cela fait longtemps...
- Cela fait longtemps que personne de ton peuple n'est venu ici, Hariel. Que veux-tu, petit frère ?
L'humain sourit.
- Un bateau. Nous sommes chargés d'une mission par le trône...
- Je ne veux rien savoir des étranges arrangements que prennent les humains entre eux, mon ami. Fussent-ils de Varune. Bonjour petits frères. Salua-t-il Apher et Exers qui étaient à leur tour entrés dans l'eau.
- Quelles sont les nouvelles de la surface, frère humide ?
L'elfe aquatique haussa les épaules et ses branchies s'agitèrent.
- Bof, comme d'habitude, le Qualinesti et le Sylvanesti tentent de se rapprocher mais le refuse, les humains sont plus fous que jamais, les nains plus poilus et les ogres plus puants qu'ils ne l'ont jamais été. Tout baigne quoi !
Hariel se retourna et contempla ses hommes qui se serraient peureusement les uns contre les autres.
- Pour le bateau ?
- Il arrivera dans la matinée.
- Merci, mon frère.
- Pas de quoi, mon frère. Au fait, Amaranthe vient de me le rappeler. Ton frère est passé dans le coin il n'y a pas longtemps, une douzaine d'années à peine.
- Mon frère, lequel ?
- Damon.
Hariel s'enfonça dans un abîme de perplexité. Il haussa les épaules et remercia l'elfe aquatique avant de sortir de l'eau.
Les créatures disparurent aussi vite qu'elles étaient apparues et Ripper ordonna que le camp soit monté.
Lorsque tous les hommes furent installés, il abandonna le commandement à Baxter et s'éloigna du campement. Il passa devant le petit renfoncement rocheux que les elfes avaient annexé pour être tranquille et les laissa à leur étude d'anatomie comparée pour ne s'occuper que du cercle d'onyx qu'il cherchait.
Mesurant près d'un mètre de rayon, l'artefact attendait tranquillement que quelqu'un daigne l'utiliser.
Ripper l'effleura du bout des doigts et murmura quelques mots. Les messages laissés là par les derniers Kh'aa Selianna à être venus à la surface s'imprimèrent dans sa mémoire. L'un était de Dévadoris, un de Damon, et le dernier de Dersandre. Un petit sourire effleura les lèvres fines d'Hariel et il laissa à son tour un message pour celui ou celle de sa fratrie qui passerait par là.
Satisfait, il rebroussa chemin. Il repassa devant ses elfes et s'arrêta, méditatif, regrettant qu'il n'y ait pas de femelles dans la petite troupe. Haussant les épaules, ils s'approcha d'Apher et Exers.
- Je peux jouer avec vous ? Demanda-t-il, hésitant.
Le deux elfes lui sourirent et lui firent une petite place entre eux.
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Tunnels extérieurs, Varune
Sandor avançait d'un bon pas dans les galeries peu fréquentées. Estéhaulan trottinait derrière lui, râlant et pestant d'avoir à porter la petite Déva. Son désagrément n'était pourtant que pur effet de style car il s'était mis à apprécier la fillette cachottière qui faisait croire à tous depuis des années qu'elle était demeurée. Malheureusement, ses infirmités physiques, elles, étaient bien réelles et elle aurait été bien en peine de suivre son professeur si son frère d'étude ne l'avait pas aidée.
- Où allons-nous ? Questionna-t-elle.
- Un peu de patience, ma chère. Nous allons voir un vieil ami.
Ils marchèrent encore une bonne heure dans des tunnels de plus en plus petits, obscurs et mal entretenus avant que le vieux mage n'ordonnent une halte.
Le trois varunois venaient de déboucher dans une énorme caverne où paraissait un petit lac étale d'eau chaude.
Le mage mis ses mains en porte voix et cria.
- Samaël ! Sort de ton trou mon vieux. Tu as de la visite !
Une voix chaude et profonde comme aucun des deux enfants n'en avaient entendus sortit de nulle part.
- Sandor, mon vieil ami ! Que me vaut cette visite ?
- J'ai dut monde à te présenter.
Un bruit de craie sur une ardoise leur parvint des hauteurs insondables de la grotte et une ombre énorme apparut. L'ombre coula le long de la paroi et sauta dans le vide à quelques centaines de mètres d'eux. Elle ouvrit des ailes avec un claquement sec et se posa. L'ombre baissa sa tête énorme vers les trois humains et Dévadoris se sera contre 'Lan. Deux yeux rouges et rieurs se posèrent sur eux. Sandor tapota le museau formidable de la main et lui gratouilla le contours de l'œil.
- Samaël, arrêtes ça, tu fais peur à mes apprentis !
Un chaud rire de gorge sortit de la gorge de la créature et elle prononça un mot dans une langue que les apprentis mages ne connaissaient pas. Des braseros s'enflammèrent dans toute la caverne et les deux enfants purent enfin juger des proportions de leur hôte.
De près de quatre-vingts mètres de long, noir comme de l'onyx et tout aussi brillant, ses écailles, plus petites qu'une main semblaient plus douces que du coton. Les deux enfants restèrent bouche-bée devant l'être .
- Les enfants, je vous présente Samaël. C'est un très, très, très vieil amis des la famille impériale. C'est un Dragon.
2 ème Epoque : Chapitre XIII
Lignée
Solace
Les yeux encore tous embrumés de sommeil, Palin trempa sa tartine de pain au miel dans son thé et bailla à s'en décrocher la mâchoire. Il mâcha péniblement son petit déjeuner et finit son bol. Le soleil n'était pas encore levé et il entendait les ronflements de ses quatre frères. Kaitlin sortit de la chambre des filles en traînant la peluche qui ne la quittait jamais et grimpa sur les genoux de son frère.
Faim... Ronchonna-t-elle.
Palin sourit et la déposa gentiment sur une chaise. Il nettoya son bol et servit la petite. Un bruit à la porte le fit se retourner. Caramon s'assit à son tour et découpa d'épaisses tranches de pain dans la miche de la veille abandonnée sur la table pendant que son benjamin lui servait son thé et aidait sa petite sœur à manger sans en mettre partout.
Un peu réveillé, Caramon releva le nez et observa son fils.
L'adolescent portait sa robe blanche d'apprenti et ses boucles auburn retombaient librement sur ses épaules.
Un instant, le vieux guerrier crut revoir son frère en son fils et soupira bruyamment.
- Père ? Ca ne va pas ?
- Si mon fils...
Mais ?...
Tu ressemble tellement à ton oncle parfois...
Palin pinça les lèvres.
Je ne suis pas Raistlin, père. Cracha-t-il. Il m'est pénible que vous m'assimiliez en permanence à lui. Laissez le là où il est !
Caramon eut un petit sourire ambiguë que son fils ne lui avait jamais vu.
Palin leva un sourcil suspicieux.
Qu'est ce à dire ?
Oh, rien...Je me demande si je ne vais pas inviter ta cousine ici pour les vacances...Murmura le guerrier avant de planter là son fils.
Le jeune mage resta un instant abasourdi. Que voulait diable dire son père ?
Il jeta un coup d'œil par la fenêtre et jura.
Flûte, je vais être en retard...
Il se fit rapidement quelques tartines qu'il glissa dans un sac qu'il jeta sur son épaule et quitta la maison familiale en courant à fond de train
Il passa devant quelques fermiers et les salua de la main, puis repris sa course. Après une bonne heure de trajet, il parvint enfin à l'école de magie. Maître Théobald l'accueillit d'un froid signe de tête et lui lança un regard courroucé quant à son retard.
Palin retint un soupir d'agacement. Dans les yeux du Maître également, ce n'était pas Palin Majere qui s'asseyait à la table d'étude, mais Raistlin. Palin se demanda fugitivement s'y parviendrait à jour à se défaire de l'ombre que son oncle faisait planer en permanence autour de lui.
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Sud de l'Ergoth
Pyra musardait.
La magicienne venait de quitter Dalérion et ses hommes. Elle s'était téléportée directement à Pierre-Blanche et elle avait quelques heures devant elle avant que son bateau arrive. Elle passa quelques heures à explorer la ville puis alla jeter un œil aux restes de la pierre qui avait donné son nom au lieu.
Enfin, elle se rendit sur la côte et grimpa dans le petit bateau que lui avait fourni les elfes marins.
Elle invoquait un petit courant, cargua les voiles et se laissa porter vers la petite île qu'il permettrait de rentrer chez elle.
Elle sauta du bateau, remonta la plage et s'enfonça dans les terres jusqu'à l'artefact d'onyx qui lui permettait, à elle et à sa fratrie de rester en contact.
Elle posa une main dessus, murmura quelques mots, et attendit.
À mesure que les dernières nouvelles s'imprimaient dans son esprit, la jeune femme blêmissait de plus en plus.
Elle lâcha l'artefact et recula avant de s'asseoir par terre. Elle jeta son sac au sol et fourragea frénétiquement dedans. Elle en sortit son grimoire et le compulsa rapidement.
Elle sortit une coupelle et la remplie d'eau avant de lancer son sortilège dessus. Elle eut beau s'y reprendre à quatre fois le sort ne prit pas. Un juron saignant franchit ses lèvres lorsqu'elle se souvint de la bulle de magie morte qui entouraient la petite île.
En rangeant ses affaires, Pyra couru jusqu'à l'embarcation et rappela un élémental d'air en plus de l'esprit marin qui était partit en vadrouille. Elle les cravacha mentalement jusqu'à ce qu'ils aient quitté la zone de non-magie qui l'empêchait de contacter Raistlin et Dalamar.
Ballottée sur le frêle esquif, elle relança son sort sans plus de succès que la première fois.
Vibrante de crainte, Dévadoris Kh'aa Selianna attendait impatiemment de pouvoir débarquer.
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Tanin para le coût d'estoc que lui lança son père et tenta une attaque timide. Son coup fût furieusement balayé et il eut toutes les peines du monde à parer la contre-attaque de son père. Un second coup de taille le déséquilibra et l'envoya bouler dans la poussière comme Caramon poussait son avantage.
Le vieux Guerrier frémit de colère et releva son aîné d'une poigne de fer.
Mais à quoi joues-tu ? Je ne t'ai pas vu aussi mauvais depuis des années. Ce n'est pas en travaillant de cette façon que tu parviendras à devenir chevalier solamniques. Et cela vaut aussi pour toi ! Ajouta Caramon en direction de son second fils qui se gondolait doucement. Vous me décevez tous les deux. Vous vous êtes fixé un objectif mais vous ne semblez pas désireux d'y parvenir ! Je ne tolérerai plus très longtemps ces manières, mes fils. Recommençons.
Tanin soupira et se remit en garde. De longues heures passèrent avant que Caramon ne s'estime satisfait.
Sturm étouffa un gémissement de douleur et ôta son jaseran. Il se pencha en avant et s'étira comme il put. Il se lava rapidement et s'ébroua comme un jeune chiot avant de laisser la place devant le bassin à son aîné. Tanin se décrassa à son tour.
- Mais qu'est-ce qu'il a ? Comment ça Sturm.
- Tanin haussa les épaules.
- Je n'en sais rien, mais toujours est-il que nous avons intérêt nous entraîner sérieusement si nous ne voulons pas nous faire recaler. Il a raison tu sais, nous avons été mauvais ce matin.
- Sturm releva la tête avec colère.
- Et puis quoi encore. On fait de notre mieux !
Ce n'est peut-être pas suffisant.
L'aîné arpenta la pièce de long en large pendant que son frère se rhabillait.
- Que dirais-tu de nous entraîner cette après-midi ?
- Où ?
- Sur la rive du Crystalmir ?
- Bonne idée.
- Maintenant, nous avons intérêt à aller aider mère pour le service si nous ne voulons pas nous faire passer un savon.
- Tanin grimaça.
- Palin a de la chance. Au moins il coupe à ça !
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Raistlin toqua une fois de plus à la porte de Dalamar.
L'elfe ne répondit pas.
L'archimage recommença une fois encore d'avant d'abandonner devant la mauvaise de humeur de son apprenti.
Il retourna dans son labo et claqua la porte derrière lui avec fracas.
Dalamar boudait. Il ne se contentait pas de simplement faire la gueule comme n'importe qui , mais refusait obstinément de s'adresser à quiconque depuis quinze jours.
Dalamar se rendait bien compte que son attitude était ridicule mais il refusait de pardonner à Raistlin de ne pas être intervenu lorsque Pyra l'avait emmené de force voir son frère.
C'était d'autant plus ridicule que même Raistlin n'aurait rien put faire, l'elfe adorait Pyra et son caractère de chien fou, mais quand elle avait décidée quelque chose, c'était aussi difficile de lui faire sortit l'idée de la tête que de faire lâcher prise à un pitbull angora affamé...
Et puis, Dalamar avait beau refuser de toutes ses forces de l'admettre, il avait été bien content d'avoir des nouvelles de Dalérion et de la famille. Savoir qu'il était l'oncle d'un "petit" garçon de vingt-cinq ans lui avait fait mesurer depuis combien d'années il avait dut quitter sa terre natale et à quel point elle lui manquait, lorsqu'il avait été chassé, sa petite sœur n'était encore qu'une enfant jouant à la poupée...
Dalamar soupira bruyamment et songeait qu'il serait peut-être temps d'arrêter de jouer les ours mal-léchés lorsque qu'une présence mentale indéniablement féminine envahit son esprit. L'elfe ouvrit ses "oreilles" mentales et reconnus la "patte" de Pyra. Il lui tira mentalement la langue dans un magnifique exemple d'infantilisme et refusa de répondre à son appel. Pardonner à Raist, d'accord, mais pour Pyra, c'était un peu tôt...Lui aussi avait son orgueil de mâle !
Il songea furtivement qu'il n'avait pas intérêt à balancer ça dans la figure de Raistlin. Surtout que le sort qu'il avait utilisé pour redevenir un mâle fonctionnait dans les deux sens...et que son maître avait un sens de l'humour suffisamment tordu pour lui imposer une petite épreuve d'humilité fortement compromettante pour sa virilité...
L'elfe décida de remettre ses excuses au lendemain et bouda de plus belle jusqu'au soir.
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Palin replongea sa plume dans son encrier et traça méthodiquement les belles courbes précises que demandait le sort qu'il étudiait. Articulant consciencieusement les mots de pouvoir en même temps qu'il les écrivaient, il prit tardivement conscience de la présence de maître Théobald à ses côtés. L'apprenti prit toutefois le temps d'achever son patient travail de calligraphe avant de relever le nez de sa feuille.
Le maître saisit le parchemin et examina l'inscription sous toutes ses coutures, désespérant d'y trouver une erreur qui lui permettrait d'engueuler l'adolescent. Comme le tracé était parfait, il ne put que reposer la feuille et lancer un regard noir, presque méchant, au jeune homme.
- Suis-moi. Lui intima-t-il sans douceur.
Aveugle aux regards curieux de ses camarades d'étude, Palin se leva et suivit son maître. Il se força à faire taire la sourde angoisse qui lui étreignait le cœur et se décida à n'offrir à son maître partial qu'un visage impassible.
Le professeur de l'école de magie lui fit signe de s'asseoir et l'adolescent obéît. Il attendit impatiemment que l'homme parle. Le maître resta silencieux de longues minutes et l'apprenti commença à se sentir mal à l'aise. Il avala sa salive et fit un effort pour ne pas se tortiller sur sa chaise.
Le regard sombre du vieil homme se voila et il se décida enfin à parler.
- Que sais-tu de ton oncle ?
- La question déstabilisa complètement l'adolescent qui ne s'attendait pas du tout à ça. Il eut toutes les peines du monde à ravaler le hurlement de rage qui lui montait dans la gorge et il baissa un instant la tête pour camoufler la colère qui lui embrasait les yeux.
- Peu de chose. S'entendit il répondre, un peu trop sèchement.
- A savoir ?
Qu'il est coincé dans les abysses depuis deux décennies, qu'il y ait parce que mon père l'y a laissé. 'Et que même en étant là-bas, il me pourrit la vie ici.' Ajouta-t-il intérieurement.
Maître Théobald sentit poindre une sourde inquiétude en observant l'adolescent qui ressemblait tellement à son oncle.
- Le Conclave c'est réunis exceptionnellement il y a une quinzaine...
- En quoi cela me concerne-t-il ?
- Dalamar, le Maître des Robes Noires...Que tu connais il me semble, est passé en jugement pour dissimulation d'informations...Entre autres choses...
- Et alors. Répondit Palin en haussant les épaules.
- Et alors ? Il avait dissimulé au Conclave que Raistlin avait réussi à quitter les Abysses il y a une quinzaine d'années.
- Palin en resta comme deux ronds de flancs. Une nouvelle bouffée de colère lui embrasa le cœur et il jeta un regard noir à son professeur.
- Je vous le redemande. En quoi cela me concerne-t-il ?
- Ne c'est-il jamais présenté à toi ? N'a-t-il jamais, d'une façon ou d'une autre, influencé ta carrière ou tes aptitudes ?
Palin blêmit sous l'accusation implicite.
- Jamais ! Mais pour qui me prenez-vous ? Et pour qui LE prenez-vous. Ajouta-t-il avec un sens étonnant de la famille.
- Pour le neveu de ton oncle, et pour l'homme qui a défié la Reine des Ténèbres. Répliqua froidement Théobald.
- Palin pâlit davantage et son teint clair devint livide.
- Comment osez-vous ?! Grinça-t-il.
Théobald eut un mouvement de recul devant la colère de l'adolescent et craint un instant pour sa vie.
Palin se leva brusquement et avant de perdre totalement le peu de contrôle qu'il lui restait, il sortit de la pièce en claquant la porte derrière lui.
Le maître soupira de soulagement. Il se leva et constata à son propre étonnement qu'il tremblait. Il rejoignit le reste de ses élèves et chercha Palin des yeux. Ne le voyant nulle part et n'apercevant pas non plus ses affaires, il se résigna à interroger ses camarades de classe qui l'observaient d'un air suspicieux.
- Où est Palin ?
- Il a prit ses affaires et il est partit, maître.
- Théobald s'étrangla à moitié.
- QUOI ?!?
- Il est partit. Répondit l'un des plus grands comme s'il parlait à un simple d'esprit. Il avait les larmes aux yeux et a murmuré quelque chose sur le fait que personne ne voulait le considérer comme un individu à par entière, qu'il était de trop ici et qu'il connaissait quelqu'un qui l'accueillerait à bras ouvert.
Le maître mit sa main devant sa bouche.
- Ô mon Dieu....
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Estéhaulan souleva Dévadoris dans ses bras et l'assis entre les ailes de Samaël. Le dragon attendit que le jeune homme soit installé et les emporta vers son antre. Les deux enfants s'émerveillant de la vitesse de l'animal, Samaël rit avec chaleur.
Vous savez, je ne peut pas beaucoup voler ici. Mais si je le pouvait, vous seriez encore plus impressionnés.
Le dragon s'éloigna de Varune plus loin que les deux enfants auraient jamais pensés pouvoir explorer eux-même et s'arrêta enfin. Samaël les aida à descendre et s'allongea sur la couche d'or natif recouverte de pierreries qui était le centre de son antre et invita les humains et s'installer sur le petit tas de coussins qui lui faisait face.
Estéhaulan installa Déva et s'assis à son tour.
- Le dragon releva le tête et imita le ton doctoral qu'affectionnait particulièrement Sandor lorsqu'il s'adressait aux petits monstres récalcitrants qui étaient d'ordinaire ses élèves.
- Ce que je vais vous dire. Commença-t-il, ne doit être révélé qu'aux seuls héritiers de Varune et aux mages de la Lignée...
- Estéhaulan se leva.
- Alors je crois que je vais faire un tour, je n'appartient à aucune de ces deux catégories...
- Samaël jeta un regard amusé au jeune homme.
- Assis Estéhaulan. Si les mâles avaient droit de régner sur Varune, tu répondrais aux deux exigences. Sandor peut être très cachottier quand il le souhaite, mais cette fois, je suis d'accord avec lui. Tu n'avais pas besoin d'être au courant avant. Contra le dragon en réponse au regard halluciné que lui lança le jeune homme, provisoirement muet de stupeur.
- QU...QUOI ???
- Déva est ta cousine, mon petit.
- Mais...
- Suffit 'Lan. Nous avons du boulot.
Le jeune homme se tût à regret, mais se promis intérieurement d'avoir une longue, TRÈS longue conversation avec son "oncle".
2 ème Epoque : Chapitre XIV
Rapts
Que-shu
Lunedor démonta et s'étonna que personne ne vienne lui prendre sa monture.
La journée avait été dure.
Entre la fatigue inhérente à sa position de chef et sa charge de prêtresse de Mishakal, la jeune femme était épuisée. Il lui tardait de retrouver son époux et ses enfants.
Elle remisa son cheval elle-même et trouva deux guerriers effondrés dans la paille. Elle les releva et ils s'avérèrent incapables de lui dire ce qu'il leur était arrivé.
Elle rentra chez elle en quatrième vitesse.
Elle poussa la porte et resta interdite. La pièce avait été entièrement saccagée comme si une lutte épique avait eut lieu.
Elle explora lentement la maison, et tomba (au sens propre ) sur Rivebise. L'homme gémit et sa femme se rapprocha de lui à quatre pattes. Une profonde entaille lui barrait la tempe, mais si la blessure avait beaucoup saignée, elle n'était pas vraiment dangereuse.
Lunedor en appela à sa déesse et plaies et bosses disparurent.
Rivebise ouvrit les yeux et se redressa d'un coup.
- LES PETITS !
Une sourde angoisse étreignit le cœur de la prêtresse.
- Où sont les enfants ? Que c'est-il passé ?
L'homme se releva avec rage et donna un grand coup de poing dans une poutre qui grinça sous le coup.
- Enlevés...
- QUOI ? Par qui ? Pourquoi ?
- Un magicien, un elfe, il était tout habillé de noir
La femme sursauta.
- Pourquoi Dalamar en voudrait à nos enfants ?...
- Je ne sais pas.
- C'était bien lui ?
- J'en sais rien, je ne connais pas beaucoup d'elfes noirs...
- Que fait-on ?
Lunedor jeta un coup d'œil aux guerriers qui les avaient rejoint.
- Quelqu'un les à vus partir ?
- Ils ont prit la route de Solace...
************************
Solace
Sturm évita un vicieux coup de taille de son frère et sa lame de bois claqua le flanc de Tanin. L'aîné grogna et revint à la charge. Il fit un croche pied à son cadet qui s'écroula sur la rive herbeuse du lac.
- Pouce !
- J'ai gagné !
- Tu as triché !
Tanin haussa les épaules et un sourire espiègle apparut sus ses lèvres.
- Quelle importance, ce n'est que de l'entraînement...
- Mouais, et quand tu seras en situation de combat réel, tu feras aussi un croche-pied à ton adversaire ?
- Si ça peut m'éviter de finir en pâtée pour dragon...
- "Mon honneur est ma vie", ca ne te rappelle rien ?
- Si être chevalier signifie se laisser massacrer, je vais peut-être revoir mon plan de carrière...
Sturm haussa les épaules et ramassa l'épée d'entraînement en bois que son frère avait laissé choir et la lui tendit. Les deux adolescents s'entraînèrent encore une bonne heure.
Enfin épuisés, ils s'allongèrent par terre.
Un bruit de sabot les fit se redresser.
Trois hommes les observaient.
L'un d'eux, un grand homme entre deux âges, à la chevelure d'une stupéfiante couleur bleutée, tous vêtu d'ébène mis pied à terre et s'approcha d'eux.
- Bonjour, la route de Solace, s'il vous plait...
- Suivez cette route, au croisement, prenez à gauche.
- Y a-t-il une auberge ?
- La meilleure de la région, messire, la meilleure... Sourit Sturm.
- Merci, messieurs ?
- Sturm Majere, et voici mon frère Tanin.
L'homme en noir eut un sourire carnassier qui leur fit froid dans le dos.
Ses deux acolytes démontèrent à leur tour.
- Pourriez vous nous guider ?
- Bien sur. Répondit trop vite Tanin.
Sturm lui lança un regard de mise en garde qui resta lettre morte et il dut accompagner son frère.
- C'est par ici...
Les deux frères prirent quelques mètres d'avance et les trois hommes leur emboîtèrent le pas.
Les frères échangèrent un coup d'œil mal à l'aise.
Les Gardes Noirs se rapprochèrent discrètement d'eux.
Sur un geste de Ripper, Sypher et Taradon les ceinturèrent et les désarmèrent. Avant qu'ils aient put émettre ne serait-ce qu'un son, ils furent bâillonnés et attachés.
Tanin et Sturm lancèrent un regard effaré à leurs kidnappeurs et se débattirent de leur mieux.
- Calmez vous, nous serions désolés d'avoir à vous faire du mal.
Les deux jeunes hommes se débattirent de plus belle.
Ripper secoua la tête avec irritation.
- Assommez-les.
Ses hommes s'exécutèrent et les deux fils de Caramon sombrèrent dans l'inconscience.
Ils furent rapidement jeté en travers des selles de Sypher et Taradon, et Ripper donna ses ordres.
- Ramenez les auprès des autres enfants. Ne les détachez pas et enchaînez les le plus vite possible. Nourrissez les et passez les autres petits en revus. Les amoureux ont dut trouver Palin, je vais voir comment ils s'en sortent... Oh, j'aillais oublier. Faites voler un chèvre par Rif, nous allons avec des touts petits, et ils vont avoir besoin de lait...
Sur ce, Hariel sauta en selle et tourna bride vers Fondemare.
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Sud de l'Ergoth
Pyra enfourcha Lance d'Acier et l'éperonna cruellement. La jument de bataille était si peu habituée à un tel geste de sa maîtresse qu'elle bondit en avant en hennissant. Utilisant sa magie pour remplacer les forces que la bête utilisait, elles ne mirent que quelques heures pour retrouver Dalérion et ses hommes.
Les elfes étaient descendus dans une petite auberge près de Monts-indifférence et s'imbibaient consciencieusement de cidre et de bière. La magicienne démonta au vol et courut vers la porte qu'elle ouvrit à la volée. D'une pensée, elle élimina les résidus d'alcool qui obscurcissaient le cerveau des cinq elfes et pris Dalérion par le col. Elle le secoua comme un prunier jusqu'à ce qu'il se réveille.
L'elfe fit un peu la gueule en la voyant, mais jugea plus intelligent de la fermer.
- Il faut que nous allions à Palanthas !
- Ola, quel est le problème.
- Mon frère.
- T'as un frère toi ?
- J'en ai plein, et l'un deux va faire une grosse connerie...
- Laquelle ?
- Enlever Shand.
Dalérion se redressa.
- Quoi ? Pourquoi ?
- Parce qu'il a été engagé pour.
- ???
- C'est un mercenaire.
- Et pourquoi tu t'y téléportes pas ?
- Paske ton ''adorable" frangin est plus borné qu'un mulet mort et qu'il continue à me faire la gueule...
- ???
- Il a prit des mesures pour m'interdire l'accès à la région par des moyen non conventionnels !
- Allons-y. Soupira l'elfe.
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Palin marchait vite, sa colère ne fondant pas sous le doux soleil de cette fin d'après-midi.
Il s'arrêta et ôta sa botte, en enleva le caillou qui le faisait souffrir et repris sa route. Avec un peu de chance, il atteindrait Solace assez tôt pour faire ses bagages et quitter le domicile familiale avant que quiconque ne s'en rende compte.
Perdu dans ses pensées, il ne vit pas deux elfes établir la jonction avec un humain tout de noir vêtus.
Les deux elfes démontèrent et marchèrent sur l'adolescent.
Palin releva le nez.
L'impression fugitive de résonance trahissant la présence d'un mage le fit s'arrêter.
Deux elfes s'approchaient de lui, main dans la main, et lui sourirent.
- Bonjour, vous êtes bien Palin Majere ?
Palin leur lança un regard un peu hébété.
- Heu...Oui...
- Bien, très bien. Rit l'un des deux elfes en sortant une poignée de sable d'une bourse.
Incrédule, Palin le regarda faire sans réagir.
Des syllabes incompréhensibles s'égrainèrent et il s'affaissa sur le sol, inconscient.
Exers se pencha et prit son pouls.
Il fit signe à Ripper qui s'approcha à son tour avec les chevaux.
Il aida les deux amoureux à hisser le jeune homme en selle et leur répéta les même instructions qu'a leurs confrères.
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Varune, Salle des archives
Estéhaulan se camoufla derrière une tenture poussiéreuse et attendit que le garde s'éloigne.
Il compta cent battements de cœur supplémentaires et quitta sa cachette.
Sortant un fin stylet d'une de ses bottes, il farfouilla un moment dans la serrure qui l'intéressait. Un cliquetis se fit entendre et le pêne joua.
Le jeune homme se faufila dans la pièce et alluma les lampes. Il passa quelques instants à comprendre le système de classement puis ouvrit le tiroir marqué "E". Il fouilla longtemps puis finit par trouver le dossier qui l'intéressait.
Il l'ouvrit et en lut les premières lignes.
'Estéhaulan Kh'aa Devadoris'
'Né le 27 Argon 352'
'De Dame...'
Il n'eut pas le temps d'en lire plus qu'une main s'abattait sur la feuille.
Il sursauta et leva les yeux.
Une grande femme, écumante de rage, le fixa de ses grands yeux noirs pendant de longues secondes sans rien dire.
- Que fais-tu ici ? S'enquit Cassandra d'un voix polaire.
- Ri..Rien du tout Maître d'armes....
Le Chef des Armées eut un petit rictus méprisant.
- Dégage de là vite fait si tu ne veux pas que je mette Sandor au courant de tes petites escapades...
- Oui, Ma Dame. Se recroquevilla-t-il avant de se carapater.
Cassandra secoua la tête avec un petit sourire amusé au coin des lèvres.
Elle prit la feuille que lisait le garçon, la porta à sa connaissance et étouffa un sifflement amusé.
- Hé bien, si j'avais supposée... Pas si sage que ça, la grande sœur, finalement. Ricana-t-elle en rangeant soigneusement le dossier.
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Baxter fit signe à Hicks, Lebannon et Chelinox de le suivre.
Le demi-elfe secoua négativement la tête et sortit un grand flacon de son sac. Il prit également un vieux chiffon qu'il déchira en quatre morceaux et versa le contenu de la bouteille sur les chiffons qu'il tint loin de son visage. Il les essora un peu et en donna un à chacun de ses amis.
- C'est un somnifère. Autant faire le moins de dégâts possible.
Baxter acquiesça de la tête.
- Hicks, Lebannon, vous vous occupez des enfants. Chelinox et moi, on se charge des parents.
Les Gardes noirs se séparèrent et entrèrent dans la maison.
Hicks posa doucement son chiffon sur le visage des deux fillettes en train de faire la sieste et les passa par la fenêtre à Lebannon qui les porta jusqu'aux chevaux.
Le demi-elfe avisa la plus âgée des filles qui réparait une jupe et se glissa dans son dos.
La jeune fille dut sentir sa présence car elle se retourna en criant. Hicks lui plaqua le somnifère sur la visage le temps qu'elle arrête de se débattre.
Il la soulevait dans ses bras quand Caramon ouvrit la porte de la pièce à la volée.
Voyant un inconnu enlever sa fille, il se jeta sur le Garde avec un rugissement de fauve.
Un coup de coude dans l'estomac de Chelinox le calma pour le compte mais le nain préféra tout de même lui faire respirer les bouleversantes effluves de son chiffon.
- Désolé, nous avons eut du mal avec la mère. S'excusa Baxter en arrivant à son tour.
- Il ne reste plus que le plus jeune fils...
Baxter hocha la tête.
Les quatre gardes Noirs rejoignirent leurs chevaux et grimpèrent en selle, les enfants soigneusement attaché en travers des selles. Un fermier les vit et s'approcha d'eux.
- Hé, mais qu'est ce que vous faites à ces enfants.
Baxter se maudit pour son manque de prudence et balança un grand coup de pied dans la figure du type qui s'écroula, assommé.
Hicks et les autres donnèrent des talons et les chevaux galopèrent. Ils passèrent près de Kalin. Hicks se pencha dans sa selle et l'attrapa au vol. L'enfant se retrouva saucissonné près de sa sœur en un rien de temps.
- Allons rejoindre les autres. Ordonna Baxter.
2 ème Epoque : Chapitre XV
Réunion
Quelque part entre Solace et Palanthas
Palin revint à la conscience avec la bouche en fond de cage à perroquet et une nausée subite le forçat à se rallonger.
Deux mains douces lui effleurèrent le front et il se redressa d'un bond. Le changement de position fut trop soudain pour son estomac qui matérialisa sa désapprobation de façon assez peut ragoûtante.
On lui glissa une cuvette devant lui et on le soutint jusqu'à ce qu'il se sente mieux.
Palin put enfin ouvrir les yeux et il se retrouva nez à nez avec un demi-elfe.
Hicks lui sourit gentiment et l'aida à se relever.
Faible comme un chaton nouveau-né, l'adolescent le suivi sans plus maugréer.
Le Garde Noir le conduisit près de ses frères et sœurs qui se levèrent à son approche. Tanin et Sturm jetèrent un regard haineux au Garde et lui arrachèrent littéralement Palin des mains.
Le jeune homme s'assit près de sa famille et se retourna sur le demi-elfe.
- Qu'est ce que ça veut dire ? Qu'est ce que vous nous voulez ?
Hicks s'accroupit devant Palin.
- Du calme, enfant. Nous ne vous voulons aucun mal. Tenez vous tranquille, et tout ce passera bien.
Le rabat de la tente s'ouvrit et un humain apporta un nouveau prisonnier. Le demi-elfe se leva et vint l'examiner rapidement.
Palin hoqueta en reconnaissant le nouveau venu.
- Gil !
Declan leva les yeux.
- Tu le connais ?
- Oui, c'est le fils d'un ami de mes parents.
Hicks fronça les sourcils et prit note d'avoir une petite discussion avec Ripper.
- Je vais le mettre avec vous alors. Autant éviter tout stress inutile...
Tanin serra sa plus jeune sœur, en larmes, contre lui et eut un rictus mauvais.
************************
Varune, appartements du Maitre-mage
Estéhaulan affichait un front buté. Sandor croisa ses mains sous son menton et dissimula un petit sourire amusé.
- Eh bien, Cassandra vient de me prévenir que tu faisais encore le mariolle...N'est ce pas un peu puéril ?
Le jeune homme lança un regard méchant à son père adoptif.
- Qu'est ce que ca peut bien te faire de toute façon. Je ne suis de toute façon pas assez mature pour savoir que je suis et le gérer alors...
Le Maitre-mage eut un geste compatissant que refusa le jeune homme.
- Si je ne t'ai rien dit, et si je ne te dirai rien, c'est pour ta propre sécurité. Si ton père apprenait ton existence.
- Mon père, il est vivant ?
Sandor maudit sa grande gueule et se colla mentalement une grande taloche dans l'arrière train.
- Oui, si on veut...
- Qu'est ce à dire ?
Le vieillard soupira et s'apprêta à lui raconter la vérité sur son lignage. Il ouvrit la bouche.
- Iil n'est pas encore temps pour toi de savoir qui tu es, enfant. Sache juste que si ta lignée n'est pas sans tache, elle est des plus prestigieuse.
Sandor ouvrit de grand yeux, incapable de reprendre le contrôle de sa gorge à celui qui contrôlait sa voix.
- Que... Qu'est ce que cela signifie.
Sandor écarta les mains pour signifier son impuissance comme des paroles qui n'étaient pas les siennes continuaient à se faire entendre.
- Ne bêtifie pas, enfant. Une tienne parente, je suis.
'Lan cilla un peu sous le langage archaïque et poussiéreux.
- Je ne peut guère te relever, mais sache que de ce jour, tu devras revoir ton éducation. Samaël, mon frère, sera ton nouveau tuteur. Onc ne saurait trouver plus pertinent professeur pour un æthermancien.
Le Maître-mage sentit sa mâchoire s'affaisser d'un cran en s'entendant parler.
'Lan ne chercha guère à comprendre et revint à son cheval de bataille.
- Ma mère ?...
- Je t'ai dit que je ne pouvait te la nommer.
- Je veux juste savoir si elle va bien.
La voix se tut un instant puis soupira.
- Non, elle n'est guère en forme.
- Qu'a-t-elle ?
- Elle a été très profondément blessée et ne parvient pas à guérir.
- Qui l'a blessé, un surfacien ?
- C'est cette blessure qui l'a fait quitter mon royaume, enfant. N'en demande pas plus. Sache juste que proche est le jour où tu la rencontreras. Et que proche est le jour où Varune aura besoin de ta force.
- Mais...
- Elle est partie, 'Lan.
- Elle ?
- Elle. Je ne sais pas qui. Prévint le mage. Nous devons allez voir Samaël. Fais tes bagages. Tu ne reverras pas Varune avant longtemps...
- Mais...
- Obéit Estéhaulan. Pour ta mère et Varune, obéit.
Le jeune homme repoussa une mèche de flamme derrière l'oreille et soupira. Mieux que quiconque, il savait qu'il ne servait à rien de braquer le Maitre-mage. Résigné, il alla préparer ses affaires.
'Lan sortit, Sandor renvoya ses pensées vers le secret de son esprit.
- Vous êtes toujours là ?
- Où voudrais-tu que j'aille, enfant ?
- Je vous croyais morte...
- Mais je SUIS morte. Mon esprit est toujours ici, c'est tout. Comme celui de toutes celles qui m'on suivis.
- Pourquoi vous révéler à moi maintenant ?
- Varune est en danger.
- Le Régent ?
- Oui. Tu dois retrouver celui qui se cache derrière la maladie de la Reine.
- Je le connais ?
- Oui. Méléria n'est pas la première Kh'aa Sélianna qu'il ait fait souffrir.
Le visage du mage se convulsa de rage.
- Bien Grand-mère. Je ferais de mon mieux.
************************
Palanthas.
Raistlin observait Shandra et Myraël jouer dans le Hall de la Tour. Le jeu comportait pas mal de peignées et le petit elfe trichait honteusement ayant remarqué que Shand était atrocement chatouilleuse.
L'adolescente et l'enfant écrabouillèrent sans vergogne les plantations qui poussaient là à l'abri de la lumière et du froid et l'archimage commença à revoir son opinion sur ces jeux.
Lorsque Shandra renversa une lampe à huile, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase et Raistlin courut vers la cuisine pour en revenir avec un grand panier et un long morceau de papier.
- Dites les enfants. Plutôt que de réussir là où les dragons s'y sont cassés les dents en détruisant la Tour, pourquoi vous n'iriez pas en ville me faire quelques courses.
Les deux gosses acceptèrent la motion à l'unanimité et coururent vers la ville, Teklon, comme à son habitude, sur les talons.
Raistlin remonta dans la bibliothèque en rigolant et trouva son apprenti plongé dans l'étude d'une thèse sur la résurrection des morts. L'archimage se fendit du petit sourire tendre que ne connaissaient que trois personnes et contempla la scène, répugnant à déranger l'elfe.
Niché en boule dans un fauteuil, les sourcils froncés sous la concentration, Dalamar avait l'habitude de lire à voix haute les textes qui lui plaisaient particulièrement.
Raistlin se rapprocha enfin par derrière et posa ses mains sur les épaules de l'elfe. Dalamar releva la tête et Raistlin en profita pour lui déposer un rapide baiser sur le front.
- Que me vaut ?
- Rien, je suis en forme aujourd'hui. Je ne m'était pas sentit aussi heureux depuis bien des années, c'est tout.
Dalamar l'attira à lui et le fit tomber sur ses genoux.
- Hé !
- Quoi ? Tu as peur que les enfants nous voit ?
- Ils sont en course...
- Oh, nouvelle des plus intéressante... Fit Dalamar d'un ton suggestif.
- J'ai réfléchit à un truc.
L'elfe embrassait l'humain dans le cou.
- Tu crois que c'est le moment ? Lui murmura-t-il dans l'oreille.
- Je ne pense pas que Takhisis soit responsable de mes crises dernièrement...
- Si tu n'arrêtes pas tes conneries, c'est moi qui vais en piquer une de crise. Grommela Dalamar en ouvrant la robe de son maître.
- Mais plutôt qu'un dieu noir voulais m'avertir de quelque chose. Finit Raistlin en souriant.
Dalamar se redressa et serra l'archimage plus étroitement contre lui et le força à le regarder droit dans les yeux.
- Cher et vénéré Shalafi ?
- Apprenti ?
- Ta gueule.
- Ma gueule ?
- Ta gueule. Répéta l'elfe en s'attaquant délibérément à la ceinture de pantalon de l'archimage.
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Solace
Caramon était effondré et n'arrivait pas à ce reprendre.
Ses huit enfants avaient disparus, enlevés par on ne sait qui; Maître Théobald certifiait que de la magie avait été utilisée, au moins dans le cas de Palin, et toutes les pistes que lui et sa femme avaient suivis c'étaient finies en jus de boudin.
Il gémit et se renvoya une grande gorgée d'eau de vie des nains.
On frappa à la porte.
Tika se leva et alla ouvrir.
Avec surprise, elle vit Tanis et Laurana accompagnés de Lunedor et Rivebise.
Tous avaient l'air aussi épuisés et désemparés qu'eux.
Laurana se jeta dans les bras de la jeune femme et pleura.
- Oh, Tika, on nous a volé nos bébés...
Tika cilla.
- Vous aussi ?
Un ange passa et Caramon se leva.
- Que ce passe-t-il ? Vos enfants aussi ont disparut ?
Rivebise et Tanis acquiescèrent de la tête.
- Nous avons perdus leurs traces aux abords de Solace...
- Ils nous ont aussi pris nos enfants. Ils ont pris la direction de Palanthas. Certifia Caramon. Mais les traces disparaissent brusquement...
- Oui, comme d'habitude... Il faut aller vers Palanthas. Tu en es ?
- Evidement. Cilla le vieux guerrier en allant machinalement chercher son armure pendant que Tika et les femmes s'affairaient à rassembler des provisions. J'espère juste que nous n'arriverons pas trop tard. Ajouta-t-il en pensant soudain à quelque chose qui le remplit d'effroi.
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Takhisis faisait les cent pas dans son palais des abysses, ne manquant pas de se rengorger de son petit complot avec autant de délicatesse qu'un éléphant cocaïnomane en crise manque.
Sargonnas en eut rapidement plein le nez et se faufila le plus loin possible de la Reine.
- Nuitari ? Murmura-t-il.
- Quoi encore ?
- Notre ami commun a bien reçu le message ?
- Certes, il l'a compris...
- Et il fait quoi en ce moment ?
- Heu... Là, tout de suite ?
- Ouais. Il s'occupe de notre affaire ?
- Ben...
- Tu es la seule des dieux noirs qui ai accès au plan matériel ma chère. Ne me fait pas languir !
- Ben, là tout de suite, c'est Raistlin qui se sent un peu languide...Insinua la petite déesse de la magie avec un petit reniflement explicite.
Le dieu-condor eut un petit sourire niais.
- On ait pas mal barrés les enfant...
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Abords de Palanthas
Ripper s'arrachait les cheveux. Il n'avait pas prévu les difficultés d'intendance que pouvait soulever la surveillance et le bien-être d'une cinquantaine de petits monstres hurlants qui ne demandaient qu'a revoir leurs mères et leurs pleurs commençaient sérieusement à le canuler.
Hicks lui tapota doucement l'épaule, le visage sérieux comme un pape, mais le fond des yeux totalement hilares. Cela n'améliora pas l'humeur d'Hariel qui sortit de sa tente en maugréant et ce décida à tenter d'imposer lui même un peu de discipline à ces sales gosses.
Il entra en trombe dans la tente des enfants et resta figé.
Les enfants, si tant est qu'un puisse appeler comme ca les jeunes gens d'une vingtaine d'années qui tentaient de consoler les plus petits, se tournèrent tous vers lui avec un monde d'espoir dans le regard.
L'engueulade qu'il avait sur le bout de la langue fondit comme neige au soleil et il se focalisa sur Sturm et Tanin qui semblaient être les deux plus vieux.
- Je vais vous faire apporter un calmant pour les plus petits. Vous n'aurez qu'a le mettre dans leur nourriture. Vous avez besoin de quelque chose ?
Tanin s'apprêta à répondre vertement mais Palin posa sa main sur son bras et répondit d'une voix atone.
- Nous ne voulons rien de vous, assassin.
Ripper accusa le coup et plait.
- Que dis-tu ?
- Vos meurtres ce lisent en vous...
Hariel voulut répondre mais remarqua le regard vide du jeune mage. Il se calma et sortit de la tente.
- Tu es fou ? Hurla Sturm à l'adresse de son cadet.
Palin cilla.
- Quoi ? Qu'est ce que j'ai dit ?
Ripper entra sous la tente d'Apher et Exers sans se faire annoncer.
Les deux elfes ne se couvrirent même pas et tournèrent à peine la tête vers lui.
- Quoi encore. On pourrait peut-être profiter de nos nuits sans t'avoir tout le temps dans les pattes. Râla le plus vieux.
- On t'aime bien, Hariel. Mais y a des limites là... Continua Apher.
- Palin, c'est un post-cognitif n'est ce pas ?
Exers se retourna.
- et précog à la fois mais il ne sait pas contrôler son don. Il lui ai donc impossible de savoir si ce qu'il voit est passé, futur ou présent.
- Et la plupart du temps, il ne se rend même pas compte qu'il a une vision. Il le bloque... Finit Sirdal.
- Pourquoi je sens qu'on va avoir des ennuis avec lui ?
- L'instinct ? Sourirent les deux elfes en même temps.
2 ème Epoque : Chapitre XVI
Station
Varune
Le Régent démonta, attacha sa monture à un arbre, jeta sur son épaule le paquet qu'il avait en travers de sa selle et s'engagea sous les frondaisons.
Il quitta la foret qui recouvrait les tunnels sud de Varune et repéra la petite grotte qu'il cherchait. Il jeta son paquet au sol qui gémit de peur et de douleur. L'homme balança un coup de pied dedans.
- La ferme. Grinça-t-il.
Il entra dans la grotte en traînant le sac.
- Striker ?
Une présence se matérialisa derrière lui et il se retourna en réprimant un petit cri de stupeur.
- NE ME REFAITES PLUS JAMAIS CA ! Hurla-t-il en calmant les battements désordonnés de son cœur.
- Venez.
Le Régent suivi son étrange hôte dans les profondeurs de la grotte.
- Vous avez mon paiement ?
Hamelet désigna le sac et Striker se fendit d'un sourire cruel et lui tendit une petite bouteille de verre.
- Voilà le poison. Dosage habituel et ta femme ne devrait pas retrouver ses esprits avant des semaines.
- Bien, très bien...
Striker retourna au sac et l'ouvrit. La jeune fille hurla en voyant l'homme borgne et couturé de cicatrices qui lui faisait face.
- Striker...
- Mouais ?
- Je cherche quelqu'un pour éliminer l'actuel chef de la Garde Noire... Ca t'intéresse ?
Le borgne grogna et empoigna la fille par le cou.
- Je le tuerai, lui et ses hommes. Je reprendrai ma place et je me vengerai de ce qu'il m'a fait. Gronda-t-il en augmentant sa pression sur la nuque de la jeune femme.
- Il rampera à mes pieds et me demandera grâce ! Finit Striker en serrant les poings.
Un craquement sinistre se fit entendre.
- Tu l'as tuée. Constata le Régent en voyant le cadavre de la fille glisser au sol.
- Sans importance. Sourit l'ex-chef de la Garde Noire.
Hamelet frémit et s'en retourna.
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Palanthas
Shandra courait dans les allées, Myraël sur les talons.
Elle consulta sa liste et entra dans une épicerie. Elle demanda les fruits et légumes consignées et râla de leur qualité quand le vendeur lui servit des pommes de terre toutes tachées. Elle se tourna vers Teklon et lui demanda de lui ramener Myraël qui s'éloignait sur la pointe des pieds.
L'âme en peine se matérialisa le temps de prendre ses ordres et redevint invisible pour obéir.
Le commerçant se fit soudain extrêmement coopératif...
Une fois les courses finies, les enfants saisirent chacun une anse du panier et rentrèrent vers la Tour.
Deux hommes vêtus de cuir noir discutaient entre eux et les deux groupes se percutèrent de plein fouet.
Shandra glissa au sol, inconsciente.
Myraël la secoua doucement.
- Shandra ? Shandra ?
Le petit elfe sentit la panique l'envahir.
L'un des deux hommes qui les avaient bousculés se pencha vers la jeune fille et lui prit le pouls.
- Ce ne doit pas être grand chose. Rassura-t-il l'enfant. Où habitez vous ?
- Dans...La Tour de Haute Sorcellerie. Shandra est la fille des propriétaires.
Hariel se fendit d'un petit sourire satisfait et Declan se glissa dans le dos de Myraël.
- Et toi, qui es-tu ? Demanda Ripper en soulevant Shand dans ses bras.
- Myraël. J'ai été adopté par les mages...
Un sourire encore plus satisfait marqua le visage des deux Gardes.
D'un geste rapide, Hicks enfonça la petit aiguille recouverte de somnifère qu'il venait d'utiliser sur Shandra dans le cou de l'elfe.
L'enfant s'effondra.
Hicks le souleva à son tour et les deux hommes firent signe à leurs confrères.
- Où allons nous, maintenant ? Demanda le Capitaine Rif.
- Sylvanesti. Avant que de passer à la suite, Apher et Exers veulent rentrer un peu chez eux...
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Ergoth du Nord, Hylo
Pyra talonnait sa monture tout ce qu'elle savait et Lance d'Acier battait des records d'endurance. Derrière elle, les chevaux des elfes ne se laissaient pas distancer et faisaient preuve de la même résistance.
La magicienne sentit une violente douleur lui déchirer les orbites et elle arrêta sa monture.
Dalérion et Quéris l'aidèrent à mettre pied à terre et la mirent au lit juste avant qu'elle ne sombre dans l'inconscience tellement elle était épuisée.
Depuis près d'un semaine maintenant, Pyra leur faisait tenir un train d'enfer, et si elle ne leur avait pas dit qu'elle utilisait sa magie pour soutenir montures et cavaliers, les cinq elfes n'étaient pas assez idiot pour ne se rendre compte de rien.
Valenth sursauta en entendant un oiseau criailler derrière lui.
- Elle a trouvée le moyen de tous nous mettre les nerfs à vifs. Constata Talenth.
- Avec les nouvelles qu'elle nous a apportée, c'est un poil normal...
Dalérion se tourna vers ses hommes.
- Nous ferions mieux de dormir pendant que nous le pouvons. Eka et Sharn feront les guets.
Les deux familiers hochèrent la tête et s'enfoncèrent dans les bois.
- Je ne comprends toujours pas pourquoi on court comme ça.
- Famanos, tu as vu mon frère et Raistlin, l'autre jour... Tu imagines ce qui va se passer si Shandra disparaît, tu as envie de voir les deux plus puissants archimages noirs de Krynn piquer une crise de rage en plein milieu d'une ville comme Palanthas ? M'est avis que le Cataclysme serait alors considéré comme un pique-nique à la campagne en rapport...
- Combien de temps pour arriver encore ?
- A cette vitesse ? une semaine, peut-être un peu moins.
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Solanthus
Caramon était épuisé, et il n'était pas le seul. Tika tenait à peine debout, Rivebise ne devait sa station sur deux pieds qu'au cheval sur lequel il s'appuyait, Tanis et Laurana n'avait même pas réussis à démonter et Lunedor dormait sur sa selle.
- Faisons halte. Proposa-t-il
- Mais...
- On ne serra pas bon à grand choses si on est infoutu de soulever une épée, Rivebise. Remarqua Tanis.
Le barbare grommela dans sa barbe et Caramon se permit un sourire en aidant Laurana à mettre pied à terre. La princesse elfe s'effondra par-terre et Tanis se précipita pour la mettre au lit.
- Et si on les perds à Palanthas ?
- Et bien on demandera de l'aide à Dalamar, il me doit un service.
- Il est dans le coup je te signale! Gronda encore Rivebise.
Caramon haussa un sourcil. L'enlèvement d'enfant ne cadrait pas vraiment avec ce qu'il savait de l'elfe à propos des enfants, et il devait, de tout façon, être trop occupé à faire le papa pour ce lancer dans un complot aussi farfelu.
- J'en doute.
- C'était un elfe en robe noire !
- Oui et alors. Y a d'autres elfes en robe noire que lui tu sais.
Tika insista.
- Ce n'est pas lui Rivebise. Il est père lui-même et défendrai bec et ongle sa progéniture.
Un petit silence surpris provient des autres et le couple Majere ne put retenir un petit sourire en coin.
- Tu expliques....
- Non, vous comprendrez. Et on ne va pas vous gâchez la surprise.
Sur ce, Caramon et Tika remontèrent leur couverture sur le tête et s'endormirent, laissant leurs amis dans un abîme d'expectative.
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Campement de la Garde Noire
Hicks et Ripper déposèrent Shandra et Myraël sur des grabats et quittèrent la tente des prisonniers. Myraël se réveilla bien vite et se mit à trembler de peur.
Gil s'approcha de son compatriote.
- Bonjour, je m'appelle Gilthas, et toi.
Myraël le regarda par en dessous, incapable de répondre.
Palin vint à son secours.
- Tu vois bien qu'il est terrifié, Gil. Puis revenant au gamin. Salut, moi c'est Palin Majere. Là bas c'est mes frères et sœurs. On est tous coincés ici depuis plus ou moins longtemps. C'est ta sœur ? Demanda-t-il en désignant Shandra qui dormait toujours.
- Majere ? Tu es de la famille de Raistlin ?
Palin parut à la fois surpris et mécontent.
- C'est mon oncle.
- Je suis Myraël, adopté de Dévadoris Kh'aa Sélianna. Et elle c'est sa filleule, Shandra Majere.
Palin lança un regard un peu méditatif à ses frères et Tanin saisit le gamin par le col.
- C'est quoi tes conneries ?
Myraël glapit et se nicha contre Palin.
- CA SUFFIT, TANIN !
Le jeune guerrier lâcha l'elfe.
- Et si tu nous expliquait ca...
- Ben, c'est compliqué. D'après ce que j'ai compris, son papa c'est Dalamar et sa maman, c'est Raistlin.
Un kiwi nain passa (1).
- Tu nous la refais là! Demanda Palin
Et Shandra dormait...
Un sourire rêveur aux lèvres, Sirdal, qui écoutait à la porte de la ente, se prit à réfléchir aux implications. Après tout, Kilwan serait peut-être intéressé par la question...
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Tour de Palanthas
Raistlin se releva sans bruit, ramassa ses vêtement, jeta sa robe sur ses épaules et quitta la pièce. Dalamar lui jeta un regard surpris et le suivit.
Il le retrouva dans le labo.
- Qu'y a-t-il ?
- Je ne sais pas. L'archimage frémit. Une impression étrange.
Dalamar haussa les épaules.
- Je me demande plutôt où sont les enfants. Ils devraient être rentrés...
- TEKLON ! Appela Raist.
L'âme en peine ne se matérialisa pas.
Haussa un sourcil surpris, l'archimage traça la présence du mort-vivant, la saisit et tira.
- Ce n'est pas ma faute, ce n'est pas ma faute. Gémit-il à demi-voix.
- Teklon. Où sont les enfants.
- Ce n'est pas ma faute, ce n'est pas ma faute.
Dalamar en eut assez et envoya un petit coup de semonce à l'esprit désincarné qui glapit de douleur.
- Où-sont-il ?!
- Disparus...
- QUOI ?
- Des hommes en noirs, ils les ont endormis et emportés...je n'ai rien put faire. S'excusa le mort-vivant, terrifié à l'idée que ses maîtres veuillent lui signifier son congés.
- Qui ?
- Je...Je ne sais pas. En les suivant, j'ai entendu celui qui doit être le chef parler de deux de ses hommes appelés Apher et Hicks et qu'ils voulaient passer chez eux au Sylvanesti...
Dalamar pâlit.
- Fait les bagages Dalamar. Nous partons de suite. Teklon. Si Pyra passe dans le coin, prévient là de ce qu'il se passe.
- Oui, maître.
Dalamar était anéantit. Que Shand ait disparut le laissait sans réaction. L'idée de retourner au Sylvanesti le terrifiait et la réaction de Raistlin le paralysait.
Jamais, depuis vingt ans qu'il le connaissait, il n'avait vu son maître aussi furieux. Sa rage était si forte que les tentures recouvertes de runes peinaient à absorber le surplus d'énergie magique qui flottait dans la pièce.
(1) ben oui, l'ange n'a pas put passé alors il a envoyé ce qu'il avait sous la main. C'est dut à la refonte complète des troupes de Didier, faut comprendre, sont un peu surchargés...
2 ème Epoque : Chapitre XVII
Préparatifs
Palanthas, cinq jours plus tard.
Epuisés, sales et affaiblis, Pyra, Dalérion et ses elfes franchirent les portes de la ville. La magicienne ordonna aux elfes d'aller se reposer et gagna immédiatement la Tour, priant tout dieu capable de l'entendre qu'il ne soit pas déjà trop tard.
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Palanthas, Portail des Bois de Shoikan.
Caramon donna un grand coup de poing dans le lourd ventail de métal et ne réussi qu'a ce blesser.
- Et qu'est ce qu'on fait maintenant ? On ne peut pas entrer la dedans.
- Tu m'ennuie Tanis, ils vont bien finir par ce rendre compte que quelqu'un attends devant la grille.
Rivebise en eut assez d'attendre et s'avança délibérément sous les frondaisons.
A peine eut-il fait deux pas que des bras décharnés et putréfiés jaillirent de terre avec la ferme intention de l'entraîner avec eux. Le barbare fit un bon en arrière.
- Bon sang, on ne pourra jamais les contacter. S'emporta Tanis.
Un bruit de galop s'approcha derrière eux et un cheval de bataille s'arrêta près d'eux. Le cavalier sauta de sa selle au vol et courut vers le portail.
Pyra rabattit son capuchon sur ses épaules et gueula en direction de la Tour.
- TEKLON !
Une âme en peine se matérialisa devant la jeune femme.
- Teklon, où sont-ils ?
- Partis, Shandra...
- ET MERDE ! Où sont-ils allés ?
- Sylvanesti.
- Fais moi enter. Il faut que je les contactent.
L'âme en peine ouvrit la porte sous le regard ahuri des autres.
Tika se réveilla la première.
- Pyra, qu'est ce qui se passe ?
- Tika ? Qu'est ce que tu fiches ici ?
- Mes bébés ont disparus, et ceux de Lunedor et Laurana aussi...
La magicienne lâcha un juron qui fit monter le rouge aux joues des barbares et battre en retraite les elfes.
- Et Shandra également... Quand je mettrait la main sur cet abrutit, il va entendre parler du pays...
Rivebise se réveilla.
- Vous voyez bien que Dalamar est en cause !
Pyra lui lança un regard méprisant.
- C'est quoi ce demeuré ? Shandra est la fille de Dalamar, crétin. Je ne vois guère l'intérêt pour lui de l'enlever..
Tanis intervint.
- Caramon, mais c'est qui cette fille...
Pyra leva les mains.
- Oh la, temps morts... Entrons dans la Tour pour les explications.
Teklon intervint à son tour.
- Heu, je peut pas les faire entrer...
- Pourquoi ? Demanda Pyra interdite et un instant distraite.
- Ben, j'ai pas l'autorisation du Maître.
Pyra réfléchit un instant.
- Attend, arrêtes moi si je me trompe. Je suis l'apprentie du Maître, dans l'absolu.
- Oui, si on veut...
- Donc, comme personne n'est à la Tour, toujours dans l'absolu, c'est moi qui ai l'intérim...
- Ben, je suppose...
- Donc, en ma qualité de Maître intérim de la Tour, je te demande de laisser entrer mes invités. Ca te va ?
- Là ca va, je suis couvert...
- Bon, alors dégage...
L'âme en peine s'écarta en la petite troupe entra dans les bois de Shoikan, Pyra, Lance, Eka et Sharn, parfaitement à l'aise, les autres se demandant dans quelle histoire de fous ils avaient encore bien put tomber.
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Route du Sylvanesti
Raistlin fulminait littéralement. Lui et Dalamar faisait route depuis près d'une semaine et ils n'avaient guère trouvé de traces du passage de Shandra et de ses kidnappeurs.
Dalamar, assez étonnamment plus tête froide que son maître, pré-sentait de graves problèmes de santé eux lorsque Raist leur mettraient la main dessus.
L'archimage s'arrêta et tenta une fois de plus de contacter Shandra par l'esprit. Comme à chaque fois qu'il avait tenter de la joindre, un silence vide lui répondit. Soit l'adolescente était inconsciente, soit elle était protégée par un bouclier. Dalamar comme Raistlin refusaient catégoriquement de ne serait-ce que de voir une troisième hypothèse...
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Camp de la Garde Noire.
- Ripper, nous sommes suivis.
- Tu es sur Lebannon ?
- Certain. Par deux mages noirs, au moins. L'un d'eux vient de tenter de contacter Shandra.
- Place cinq hommes derrières nous, qu'ils les arrêtes, mais qu'ils ne leur fassent pas de mal.
- Bien.
Lebannon s'éloigna et Ripper fronça les sourcils. Les choses ne se passaient pas vraiment comme prévus. Les enfants étaient de plus en plus nerveux. Certains étaient séparés de leur famille depuis trois mois maintenant et ils allaient bientôt rejoindre Varune. La Régent serait certainement satisfait de la rapidité des opérations.
- Hicks, comment va Shandra ?
- Toujours de la fièvre. Elle n'a toujours pas repris conscience. Je ne sais plus quoi faire...
Ripper soupira.
- Et les amoureux, ils en pensent quoi ?
- Qu'elle est probablement en surcharge et qu'il faut attendre.
- Ce qui signifie ?
- Elle est mourante Hariel.
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Pyra servit un grand bol de thé à chacun de ses invités.
- Si vous vous présentiez...
Chacun ce présenta et Pyra s'assis à son tour.
- J'ai crut comprendre que tu savais qui était responsable de ces enlèvements... Introduisit prudemment Tika.
- Ouais...C'est Hariel Kh'aa Sélianna. Mon frère cadet. C'est un mercenaire. Expliqua-t-elle. Et d'après ce que je sais, il travaille pour la Couronne. Mais je ne vois pas ce que ma sœur voudrait bien faire de vos rejetons.
Une idée germa dans le cerveau de Pyra.
- Teklon ! Où est Myraël ?
- Enlevé en même temps que Shandra...
- Quoi ? A quoi penses-tu ?
- Raistlin as eut des petit problèmes de santé ses derniers temps. Il les penses reliés à un regain d'activité de la Reine...
- Et alors ? S'impatienta Rivebise.
Tanis avait pâlit visiblement.
- Alors ? Il n'y a que les rejetons de personnes ayant causés des problèmes à la Reine qui ont été enlevés. Expliqua le demi-elfe d'une voix blanche.
- Bingo ! Murmura Pyra.
- Attendez, là. Tu as bien dit que RAISTLIN avait eut des ennuis de santé ? Mais il est mort.
La magicienne lança un regard madré à Caramon et Tika.
- Vous ne leur avez rien dit ?
- Ben, non...
- Ce qui signifie ? Renchérit Laurana.
- Qu'il a quitté les Abysses depuis une bonne quinzaine d'années.
Six regard alarmés se braquèrent vers elle.
- Du calme. Il a VRAIMENT changé. Temporisa Caramon.
- Raistlin, changé ? Quand les vaches volerons... Grommela Tanis.
- La paternité l'a beaucoup calmé...
- PARDON ?
- Ce serait trop long à expliquer. Coupa Pyra en lançant un regard d'avertissement au couple Majere. Toujours est-il qu'il faut retrouver Raist et Dalamar avant qu'ils ne fassent des bêtises. Attendez moi là.
- Qu'est ce que tu vas faire ?
- Les contacter et leur expliquer la situation. Je connais bien Hariel. Il ne fera aucun mal aux enfants. Ils sont plus en sécurité avec lui qu'avec n'importe qui.
Pyra quitta la pièce et ordonna aux Gardiens d'empêcher quiconque de sortir de la cuisine et se téléporta dans le labo.
La pièce avait été complètement ravagée. Des grimoires jonchaient le sol, des cornues s'étaient écrasées par terre aussi eut-elle un peu de mal à trouver se qu'elle cherchait.
Elle installa le bol de bois sur le bureau de Raistlin, s'assis à sa place et remplit d'eau le récipient.
Elle murmura le sort et ouvrit son esprit.
Une présence soyeuse et chaude envahit ses perceptions.
- Pyra ?
- Oui Raistlin. Je suis à la Tour. Je voulais vous prévenir que quelqu'un en avait après Shand, mais je suis arrivée trop tard on dirait...
- Tu sais qui c'est ? Questionna la présence brillante et énergique de Dalamar.
- Oui. Ne vous inquiétez pas. Les enfants ne risquent rien. Les enfants de Caramon, Tanis et Rivebise ont également été enlevés.
Un silence choqué lui répondit.
- Nous ne pouvons pas vous attendre...
- Je sais. Tu as encore un de ces trackeurs ?
- Oui...C'est d'accord. Je vais en planquer un dans le coin. Vous n'aurez plus beaucoup de retard sur nous ainsi.
- Ca marche. A dans deux jours. Je fatigue.
- A bientôt. Oh, et encore une chose... Merci.
- Pas de quoi Raist. Shand est ma filleule après tout...
Pyra rompit la conversation et regagna la cuisine.
Dès qu'elle ouvrit la porte, Rivebise lui tomba sur le paletot.
- Pourquoi ne pouvons nous pas sortir ?
- Je doute que vous aimeriez tomber sur les locataires mort-vivants de la Tour. Lui répondit Pyra d'une voix polaire. Je vais vous conduire à des chambres. Nous partons demain. J'ai contacter Raist et Dalamar, ils nous laissent une balise. Je nous téléporterai tout jusqu'à elle. Ca nous ferras gagner près de cinq jours. Teklon ! Va prévenir Dalérion et les autres d'être à la Tour à la première heure...
- Qui est Dalérion ? S'enquit Lunedor avec plus d'intérêt qu'elle n'en avais manifesté depuis l'enlèvement de ses enfants.
- Le grand frère de Dalamar. C'est pas possible, ca tourne VRAIMENT au regroupement familial...
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Varune, Antre de Samaël
Estéhaulan dormait. Les exercices de la journée l'avaient épuisés et il faisait maintenant la sieste, niché entre les pattes avant du dragon, la tête contre sa poitrine, bercé par la douche chaleur et l'odeur d'épice qui s'élevait de ses écailles et par le fredonnement perpétuel du gigantesque animal.
- Mon vieil ami ?
- Ma sœur ? Qui a-t-il pour ton service ?
- Je voudrais que tu protège ce petit. Le Régent voudras le capturer pour honorer sa Reine. Je ne veux pas qu'il lui soit fait du mal. Tu veux bien t'en charger ?
- Bien sur petite sœur. Sourit le dragon en effleurant les boucles auburn du jeune homme du bout du museau.
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Varune, Appartements royaux.
- Ma chère, vous n'avez pas encore prit votre remède ?
- Je vais le prendre mon ami, mais je ne sais s'il me fait vraiment du bien.
- Il est indispensable que vous le buviez.
La Reine acquiesça et porta le verre à ses lèvres. Le poison coula dans sa bouche et Hamelet, satisfait, quitta la pièce.
La Reine attendit un instant et recracha le breuvage.
Elle se tourna vers Sandor.
- J'espère que vous savez ce que vous faites, mon oncle.
- Fais moi confiance, mon enfant. La rassura le Maitre-mage en sortant de l'ombre.
2 ème Epoque : Chapitre XVIII
Chemin Faisant
Palanthas. Tour de Haute Sorcellerie
Pyra traça mentalement la présence du trackeur. Elle le repéra et tira. La ligne de pouvoir se tendit et se maintint.
La magicienne rouvrit les yeux.
Devant elle, Dalérion et ses hommes étaient totalement en confiance, montés sur leur chevaux, ils étaient près à partit dès qu'elle aurait ouvert le Couloir.
Caramon et les autres, à l'inverse, étaient presque au bord de la panique. A près tout, si Pyra était puissante et savait se qu'elle faisait, elle n'en restait pas moins une robe noire un peu dingue qui n'aurai pas eut le moindre complexe à coucher Takhisis sur ses genoux pour lui flanquer une fessée...
Pyra incanta. Un voile lumineux entoura le portail de la Tour et s'accrocha à ses montants. La toile d'énergie se densifia et perdit en luminosité. Un paysage forestier apparut au centre et se stabilisa.
De la sueur coula sur la tempe de Pyra.
- Allez, je ne pourrai pas le maintenir longtemps. Ordonna-t-elle d'une voix douloureuse.
Les elfes saisir littéralement les humains par la peau du cou et les jetèrent de l'autre côté du voile avant de leur envoyer leurs chevaux.
Pyra s'affala sur sa selle, la respiration incertaine et Dalérion dut saisir Lance par la bride pour lui faire rejoindre les autres.
Le portail se referma sur les derniers poils de queue de la jument et Dalérion dut soutenir Pyra pour qu'elle puisse descendre.
Rivebise mit pied à terre, se planta devant la magicienne et lui lança un regard méprisant devant sa faiblesse.
- Alors, magicienne. On ne tient pas la route ?
Pyra ôta le gant de cuir qui lui protégeait la main et la pierre s'enflamma au contact de la lumière. De petits serpents de lumière s'insinuèrent sous sa peau et remontèrent le long de son bras. Pyra referma le main et se releva, toutes forces restaurées.
Ella passa devant le barbare sans même lui répondre et sauta en selle. Dalérion eut un petit sourire amusé et imita la jeune femme.
Le barbare resta comme un con sur le bord du chemin pendant que le petit groupe donna des jambes et partit au grand galop. Il lui fallut quelques minutes pour les rattraper...
Famanos tira sur les rênes.
- Pyra, c'est pas ça ? Demanda-t-il en désignant la petite pierre pulsante qui avait été insérée dans l'écorce d'un arbre.
- Si, c'est le trackeur.
Elle mit pied à terre et récupéra l'artefact, puis elle ferma les yeux et plasmodia à voix basse. Un sourire plein et chaleureux éclaira son visage quand elle trouva la présence de Raistlin et Dalamar.
- Dal ? Quelle est la route la plus directe pour Sylvanost ?
L'elfe réfléchit un instant.
- Plein sud.
- Alors allons-y.
Tanis se pencha vers Caramon.
- Et tu la suis comme ça, sans poser de question ? C'est quand même une robe noire !
- Tanis, mon ami, je ne suis pas très malin, mais il y a une chose que je sais. Raistlin ne s'est jamais trompé sur quelqu'un.
- C'est pas ça qui va me rassurer.
- Je vais te répéter ce qu'il ma dit peut-après la naissance de sa fille : "Même lorsque j'était dans les abysses, je n'avais pas vraiment peur. Je subissais, mais la peur était abstraite. Même Takhisis ne m'effraye pas vraiment. Mais ELLE, crois moi mon frère. Elle est peut-être un peu dingue, mais quand elle se sera libérée des terreurs et des ressentiments qui l'oppressent, elle sera infiniment plus forte que je ne l'ai et que ne le serais jamais... S'il n'y avait qu'une personne à qui faire confiance en se bas monde, ce serait elle. Elle sait le prix de la trahison..."
Tanis haussa un sourcil.
- Elle est si forte que ça ? Elle a pourtant eut du mal à nous transporter ici...
- Ce n'est pas d'un point de vue magique que Raistlin parlait. Réfléchis mon ami, je suis sûr que tu comprendras.
Le demi-elfe se tut et réfléchis intensément en lançant sa monture au galop.
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Sylvanost.
Les Gardes leurs interdisaient de sortir et les enfants n'appréciaient pas de devoir renoncer à leur heure de promenade journalière. Apher et Exers étaient tout joyeux de revoir leur pays natal et Ripper les observaient avec une affection teintée d'amusement. Chelinox, de son côté, restait enfermé en permanence, insupportable qu'il lui était d'encadrer tous ses elfes gazouillants grouillants de partout...
Palin, lui, était d'une humeur massacrante. Sa cousine agonisait, et tout le monde s'en foutait ! La dernière fois qu'il avait demandé de l'aide à Hicks, le demi-elfe lui avait renvoyé un regard polaire et lui avait expliqué avec un monde d'indifférence dans la voix qu'il n'y avait rien à faire et qu'il fallait attendre.
Tanin posa un main sur l'épaule de son cadet qui le repoussa sans ménagement. L'apprenti mage trempa la manche qu'il avait déchiré de sa tunique dans le baquet d'eau fraîche qu'Hicks avait consentit à lui faire apporté et bassina une fois de plus le visage de Shandra.
La jeune fille gémit et ouvrit sur le vide des yeux immenses, dilatés par la peur de créatures qu'elle était seule à voir.
Myraël se pencha vers elle et lui prit la main. Le petit elfe était tout aussi perdu qu'a son arrivée et ne faisait guère confiance qu'à Palin. Lorsque Dezerel lui avait demandé pourquoi, il s'était contenté de répondre qu'il n'y avait guère que des mages qui s'étaient montrés gentils avec lui. Les rejetons Majere, bercés comme ils l'avaient été par les histoires de Raistlin en avaient été estomaqués. Depuis, ils avaient peu ou prou placé l'enfant en quarantaine...Sauf Palin.
Shandra se tordit de douleur en gémissant avant de retomber sur les couvertures. Une colère aussi excessive qu'irrationnelle envahi Palin lorsqu'il entendit les rire d'Exers et Apher entrant dans la tente.
Sans prendre garde à la lueur haineuse dans le regard de Palin, les deux elfes s'approchèrent de Shandra et l'examinèrent rapidement. Taradon s'approcha d'eux.
- Pas de changement ?
Apher haussa les épaules.
- Non. Je ne crois pas qu'il y ait quelque chose que nous puissions faire. Répondit l'elfe en se redressant et en se détournant.
Devant tant d'indifférence, Palin perdit le peu de sang froid qu'il lui restait et se jeta sur l'elfe.
Avant que Taradon ou Exers est put réagir, il jeta Sirdal au sol et commença à l'étrangler. L'elfe se débattit de son mieux et sa tête heurta le sol dur avec un craquement sinistre. Un filet de sang s'écoula sur la terre qui le but avec avidité et Apher s'amolli entre les bras de Palin. Dans sa rage, il ne remarqua rien et continua à l'étrangler.
Deux mains puissantes l'arrachèrent à sa victime et le jetèrent à plusieurs mètres.
L'adolescent s'écrasa au sol et se déchira les mains sur des graviers. La douleur lui fit en partie recouvrer son sang froid.
Il tourna la tête et demeura saisit.
Exers berçait le corps inerte de son amant, pleurant sans s'en rendre compte, l'appelant à voix basse...Mais Apher ne répondait pas.
Palin blêmit. Jamais il n'avait voulu faire de mal à qui que ce soit...
Alerté par le tapage, les autres Gardes Noirs accoururent.
Hicks emporta l'elfe sous sa tente, Kilwan sur les talons, et Ripper, le visage convulsé de rage s'approcha de l'apprenti mage. Il le fixa de longues secondes dans les yeux puis lui fit signe de le suivre.
- Faites préparer le départ. Ordonna-t-il à ses hommes
L'adolescent hésita et l'homme le saisit par le col pour l'entraîner dans sa tente.
Les frères de Palin tentèrent de s'interposer, mais furent violemment repoussés par les autres Gardes, tous aussi choqués que Ripper.
Un silence de mort plana dans la tente des prisonniers, juste brisé par les gémissements de Shandra.
Ripper jeta Palin par terre qui jugea plus sage de rester où il était tombé.
Le Chef de la Garde Noire mit un instant à recouvrer son calme.
- Pourquoi as-tu attaqué Apher ? Questionna-t-il d'une voix qui aurait congelé la Mer de Sang jusqu'à la dorsale .
Palin releva le nez avec défit.
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Entrée sud du Sylvanesti
Raistlin talonna sa monture qui ne put accélérer, épuisée comme elle l'était. Dalamar saisit les rênes d'une main et arrêta les chevaux.
- Descends !
- Dalamar... Gronda l'archimage.
- TU DESCENDS TOUT DE SUITE !
Raistlin mit pied à terre, un peu stupéfait de la colère de l'elfe.
- Et si tu le crèves sous toi, comment tu va faire ?
L'humain ouvrit la bouche pour protester puis la referma sans rien dire, bien obligé d'être d'accord avec Dalamar.
- Ca va, ca va, prenons un peu de repos...
Les deux archimages noir reprirent leur route pied, tirant derrière eux leurs montures exténuées.
Un bruit de feuilles leur parvint.
- C'est quoi ?
- Des elfes ?
- Non, trop bruyant...
Les deux hommes allongèrent le pas, peu désireux de devoir en découdre plutôt que prévu avec les propriétaires lieux.
Le Sergent fit un petit signe à ses hommes. Il leva le poing.
Les soldats grimpèrent en selle et sortirent leurs armes de leur fourreau.
Le Sergent baissa le bras. Les quatre soldats jaillirent du sous-bois et se jetèrent sur les mages sans émettre un son.
Tout fut vite terminé. Des réflexes presque oubliés de mage de combat reprirent le dessus.
Trois des soldat furent carbonisés et un quatrième égorgé d'un coup de dague avant que Dalamar ait put bougé d'un pouce.
Raistlin courus vers le Sergent et l'assomma d'un grand coup de Bâton dans la figure. L'homme tomba et Raistlin le gifla pour qu'il se réveille.
Dalamar sortit de sa stupeur et constat, un peu affolé, le carnage qu'avait causé son amant.
Il émis un petit rire à la limite de l'hystérie et hallucina complètement en voyant son maître, à califourchon sur le sergent, le secouant à bout de bras et lui gueulant de répondre à ses questions.
L'homme, encore inconscient, ne pouvait guère dire grand chose, et l'elfe se força à se secouer.
Il courut vers Raistlin et lui saisit la main avant qu'il ne gifle une fois de plus son prisonnier.
- Raist, ca suffit, tu va finir par le tuer avant qu'il ne réponde à nos questions.
L'archimage eut un regard méchant pour son apprenti que ne s'en laissa pas compter.
- Tu sais que j'ai raison. S'il te plait...
L'archimage fou-furieux disparus pour ne plus laisser que le petit garçon perdu que deux personnes au monde connaissait.
- Dalamar. J'ai peur. Shandra, elle.
L'elfe le serra contre lui.
- Je sais, moi aussi j'ai peur pour elle. Mais ce n'est pas en tuant ce type que tu l'aideras.
L'archimage baissa la tête.
- J'ai un peu disjoncté depuis quelques temps...
- Vrai, et toi, quand tu disjoncte, tu ne fais pas les choses à moitié. Sourit l'elfe. Allez, relève toi.
Raistlin obéit et mit quelques minutes à reprendre son calme.
Le sergent gémit. Dalamar retint l'humain avant qu'il ne lui saute une fois de plus sur les endosses.
- C'est MOI qui vais le questionner...
Raistlin marmonna quelque chose dans sa barbe.
- Tu disais.
- Rien, rien.
L'elfe n'épilogua pas, ayant très bien compris ce que son ami avait dit.
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Sylvanesti
L'elfe entendit trois déflagrations sur sa droite. Il descendit de l'arbre où il faisait le gué et courut en direction de l'explosion.
Il se planqua dans un buisson et attendit.
Il ouvrit de grands yeux en voyant deux Robes Noires arpentées librement le territoire ancestrale des elfes et une bouffée de haine lui monta à la gorge en reconnaissant l'elfe noir qui s'affairait sur un prisonnier humain.
Le guerrier battit en retraite avant de se faire repérer.
Il courut vers Sylvanost.
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Entrée sud du Sylvanesti
Pyra arrêta sa jument et tendit l'oreille. Un grand sourire lui fendit le visage.
- Qu'y a-t-il ? Demanda Caramon.
- Raistlin et Dalamar sont juste devant, à une vingtaine de kilomètres. Une dizaine de minutes de voyage...
- QUOI ?
- Elle a accélérée la vitesse des chevaux, Barbare. Expliqua Dalérion avec amusement. Que c'est-il passé ?
- Je ne sais pas, j'ai sentit Raistlin utilisé sa magie pour le combat, c'est tout. Maintenant que je les tiens, je ne vais pas les lâcher, rassures toi.
Tanis tiqua à une pensée qui lui venait à l'instant.
- Heu...Pyra ?
- Oui ? Répondit la magicienne en relançant sa monture au grand trot.
- C'est le Sylvanesti tu sais...
- Et alors ?
- Ben...Les robes noires n'y sont pas particulièrement appréciées...
- Je suis déjà venue je te signale !
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Sylvanost
Dersandre s'installa sur un banc et sortit sa harpe de son étui. Elle l'accorda pendant que Damon installait ses bijoux et commença à chanter.
Attirés par la musique, une douzaine d'elfes se rapprochèrent.
Charmés par les pierres précieuses si audacieusement taillées, plusieurs achetèrent moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.
Le frère et la sœur sourirent.
Si un jour ils revoyaient le vieux mage rigolard et maladroit qui les avaient guidés, il faudrait qu'ils le remercie chaleureusement.
2 ème Epoque : Chapitre XIX
Retour au Pays
Sud du Sylvanesti
Raistlin balança un grand coup de bâton dans l'estomac du sergent et réitéra sa question
- OU-EST-SHANDRA ?!
Le sergent cracha un peu de sang et ne répondit pas.
L'archimage arma son bras pour une nouvelle gifle mais une main l'arrêta.
Il leva les yeux.
Pyra descendit de sa jument écumante.
- Il ne peut te répondre, Raist. Il ne te comprend pas...
- Pyra...Shandra, elle...
- Je sais, ma puce, c'est pour ça que je suis là.
Les nerfs de l'archimage lâchèrent et il sanglota à fendre l'âme dans les bras de Pyra.
La magicienne le serra contre elle, lui murmurant quelques paroles de réconforts.
Dalamar se joignit à la petite réunion de famille et les trois autres couples en restèrent comme deux ronds de flancs.
Enfin, après de longues minutes, les deux archimages se calmèrent, essuyèrent leurs larmes, se mouchèrent, bref, reprirent une contenance un tant soit peu plus digne de leur rang.
- Je vais m'occuper de votre prisonnier. Dites plutôt bonjour...
Caramon s'approcha le premier de Raistlin, il le serra dans ses bras avant de la tenir à bout de bras et de l'examiner de la tête aux pieds.
- Eh bien dit moi, la maternité à l'air de te réussir...Tu n'as jamais eut l'air plus en forme que maintenant...Et tu as grandis ! S'extasia-t-il en constatant que ses yeux étaient au même niveau que ceux de son frère.
- Je suis en grande forme, c'est vrai. Mais Dalamar s'occupe bien de moi.
- Ah bon, ca continue vous deux ?
- Ca t'embêtes ? Demanda l'archimage, un peu gêné.
Caramon haussa les épaules.
- Pff, moi tu sais, je m'en fiche. Si tu as ce que tu veux...
- Merci mon frère. Souris Raistlin, les yeux soudain très brillants.
Rivebise et Tanis suivaient la conversation entre les deux frères. Ils avaient visiblement du mal à suivre.
Ils haussèrent un sourcil quand à la "maternité" de Raistlin, puis s'entre regardèrent.
- Nooooon, on a mal compris... Murmura Tanis comme pour lui même.
Aux allusions à peine voilées entre Raistlin et Dalamar, par contre, les deux hommes choisirent sagement de laisser les deux frères là et de s'éloigner un peu.
Raistlin coula un regard vers eux, eut un petit sourire amusé et remarqua que les oreilles de Tanis étaient un peu rouges...
Dalérion mit pied à terre.
Dalamar hésitait à faire le premier pas et Dalérion ne se résignait pas à s'approcher.
Les deux frères s'observèrent en chiens de faïence pendant de longues minutes.
Pyra étant occupée à gazouiller dans une langue bizarre avec le prisonnier, Tika prit les choses en mains.
- Dalamar ! Comment allez vous depuis le temps ?
Délibérément, elle prit la main de l'elfe et le tira derrière elle.
- Alors Pyra nous a dit que vous êtes frères tous les deux...S'extasia-t-elle avec une magnifique mauvaise foi.
- Heu, oui... Murmura Dalamar sans lever les yeux sur Dalérion.
- Et bien vous devez avoir plein de choses à vous dire. Insinua-t-elle d'un ton adamantin.
Les deux elfes lui jetèrent un coup d'œil surpris avant de s'entre-regarder.
- M'est avis que les femelles de cette famille ont une vision bien particulière de comment les choses doivent marcher . Plaisanta Dalérion.
Dalamar leva les bras au ciel dans une pose dramatique.
- Et encore, tu n'as jamais vu Pyra piquer sa crise, ou Raistlin grimper au mur...!
Les deux frères hésitèrent encore un instant et se jetèrent dans les bras l'un de l'autre.
Les sourires de Famanos, Quéris, Valenth et Talenth leur faisaient trois fois le tour du visage.
Pyra se redressa et laissa le cadavre du sergent glisser à terre.
Tanis se précipita sur elle.
- Tu l'as tué ?
- Raistlin l'avait trop amoché. Il est mort d'hémorragies internes.
- Où sont les enfants.
- Sais pas.
- QUOI ?
- Mais je sais où ils vont les emmener.
- Où ? Demanda Dalamar qui n'avait pas lâché le main de son grand frère.
- Varune...
- Varune ? C'est quoi ? Questionna Rivebise.
- L'Empire de Varune, le plus vieil Empire humain de cette planète à tenir encore la route.
- Il est où ? Je n'en ai jamais entendus parler. Ajouta Laurana.
Pyra indiqua ses pieds du pouce.
- La-dessous. Et il n'y a qu'une seule entrée...
- Quand partons-nous ?
- Pas avant un moment. Gronda une voix derrière le petit groupe.
Chacun se retourna.
Des dizaines d'elfes les encerclaient de toutes parts.
Rivebise et Caramon eurent un geste pour tirer leur épée. Tika et Lunedor les en empêchèrent.
Porthios sortit des rangs.
- Tanthalas...Je ne vais pas dire que je suis heureux de te voir, ce serait un mensonge. Emmenez les. Ordonna-t-il
Les elfes les poussèrent à l'aide de piques et prirent leurs montures par la bride.
Un des elfes fit mine de tirer Lance d'Acier par les rênes et la jument se cabra. Jetant les dents en avant, elle fit mine de piétiner le gosse qui battit en arrière en glapissant de peur.
Pyra ricana et s'avança vers sa jument. Elle repoussa rudement les piques que les elfes braquèrent dans sa direction et lança quelques mots à la bête en Haut Varunois.
La jument s'immobilisa, déverrouilla ses articulations puis vint se frotter contre sa maîtresse. Ekalaka et Sharn vinrent à leur tour flanquer leur amie et Egone se percha sur le garrot de Lance.
Les elfes leur donnèrent prudemment du champs.
- Exhibitionniste ! Lança Raistlin avec amusement.
La magicienne se fendit d'une petite révérence ironique.
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Camps de la Garde Noire, Est de la Plaine de Poussière
Palin se sentait vraiment mal. Apher n'avait toujours pas repris conscience et Exers était inconsolable. Shandra allait un peu mieux et ses frères l'avaient félicité pour son attaque surprise, mais il se sentait nauséeux.
Myraël s'approcha de lui et lui prit la main. L'apprenti mage voulait qu'on lui fiche la paix, mais il n'eut pas le cœur à repousser l'enfant.
- Pourquoi pleures-tu ? Le questionna-t-il, son petit visage grave et enfantin levé vers le sien.
Palin passa sa main sur ses joues et s'aperçut qu'elles étaient trempées de larmes.
- Parce que j'ai presque tué deux personnes.
L'elfe réfléchit gravement et son petit front se barra d'un pli soucieux.
- Et tu ne peux pas réparer ?
- Je ne vois pas comment, je ne suis pas un guérisseur.
- Tante Pyra à utilisée un sort sur oncle Famanos une fois, c'était un sort de restructation organiste je crois...
- Restructuration organique plutôt, non ?
- Possible.
- Il faut énormément de puissance pour le lancer, je ne le connais pas, et je ne suis qu'un apprenti...
- Mais eux, ils le connaissent peut-être, et si tu acceptes de te lier au sort.
Palin réfléchit un instant et un grand sourire apparut sur ses lèvres.
Il embrassa le petit elfe sur le haut du crâne.
- Myraël, je t'adore! Tu es un génie!
L'enfant rougit sous le compliment et baissa la tête.
L'apprenti mage ouvrit le rabat de la tente. Un soldat se précipita.
- Je voudrais voir Hicks...
- T'en a pas assez fait ! Gronda le type.
- Justement, je veux réparer, et j'ai peut-être une solution.
Le soldat le fixa un long moment d'un regard lourd.
- Suis-moi.
Palin se glissa dans la tente des elfes. Hicks bassinait le front d'Apher et Exers lui tenait la main.
Le demi-elfe lui jeta un coup d'œil haineux.
- Qu'est ce que tu veux ? T'excuser ?
- Non... Je voudrais réparer...
Declan cracha un mot obscène.
- Ah oui ? Et comment ?
Palin lui explique rapidement les grandes lignes.
- C'est ridicule ! S'emporta le demi-elfe. Il faudrait bien plus d'énergie qu'il n'en reste à Exers...
- Justement, c'est pour ca que je suis là.
Exers releva la tête.
- Tu excepterais ?
- C'est ma faute, non ?
Declan fronça les sourcils.
- Holà, du calme. Ca veut dire quoi ?
- Qu'il servirait de "batterie" au sort, en quelque sorte.
- C'est pas dangereux ?
- Si, bien sûr...
- Tu es sur de toi ?
- Oui.
- Alors approche.
Kilwan reposa Sirdal sur sa couche et fouilla dans l'un de ses grimoires.
- Place tes mains sur sa poitrine.
Palin s'exécuta.
Exers incanta.
Palin eut du mal à respirer. Une douleur sourde lui déchira les poumons.
Un froid intense envahi le jeune homme et il se sentit claquer des dents.
Un voile noir passa devant ses yeux.
Il s'évanoui.
Sirdal ouvrit les yeux.
************************
Antre de Samaël, Varune.
Le dragon était content. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait plus formé d'apprenti. Depuis le noviciat de la mère du jeune homme en fait, et le dragon était content.
Son élève progressait à la vitesse grand V. En quelques semaines, il avait compris les principes de base du contrôle élémentaire de l'æther et s'amusait maintenant à fabriquer de tout pièce de petite statues d'air.
Le jeune homme dispersa sa concentration et lança un grand sourire au dragon.
L'animal tendit une patte au jeune humain qui l'utilisa comme marche-pied pour se nicher entre les ailes du dragon.
C'était le moment de la journée que tous les deux aimaient le plus : l'heure du bain.
Samaël prenait une forme humanoïde plutôt qu'humaine (jamais il ne pourrait passer pour humain avec les yeux, les cheveux et les ailes que lui laissaient le sort de transformation) et tous deux allaient batifoler comme des enfants dans les chaudes et riches eaux qui courraient au fond de l'antre de l'animal. Samaël avait même trouvé le temps d'apprendre à nager à Estéhaulan !
Le jeune homme se laissa couler le long du flanc doux et écailleux.
Samaël se transforma, plongea dans l'eau et refit surface bien vite.
'Lan le suivit plus lentement et attrapa au vol le savon.
Le dragon se rapprocha de lui et lui tourna le dos.
Le jeune homme frotta, intérieurement toujours aussi stupéfait de l'odeur de cannelle et de jasmin que diffusait le dragon, quelque soit sa forme.
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Volkinord
Varzil enfonça la pointe de son stylet à la base de la nuque de son client.
L'arme s'enfonça dans le cerveau avec un bruit de succion assez répugnant et l'homme glissa à terre.
L'assassin retourna le cadavre pour s'assurer qu'il avait été servit puis posa une botte sur le dos et tira. L'arme vint avec un désagréable bruit de clou rouillé sur une ardoise.
Varzil haussa les épaules. Il DETESTAIT utiliser ses talents à la surface. Mais le Trône l'avait payé...
Il quitta la maison sans bruit et se glissa dans la forêt.
Il récupéra sa monture et se permit de se détendre.
Un rameau de bois mort craqua derrière lui. Il se retourna, épée à la main.
Un vieux mage rigolard, perché sur une mule aux étranges yeux dorés le fixait, un sourire mystérieux au lèvres.
- Salut, mon garçon. Tu es bien Varzil Kh'aa Sélianna ?
Un peu décontenancé, l'assassin ne put que répondre.
- Heu...Oui...
- Bien, très bien. Tu veux bien venir avec moi ? Dersandre et Damon nous attendent...Entre autres choses...
L'assassin ne put même pas s'étonner de l'incongruité de la situation.
- Si...Si vous voulez.
Il monta en selle et suivit le vieillard qui semblait avoir toutes les peines du monde a retenir son chapeau.
- Heu...Vous êtes qui ? Osa demander Varzil.
- Fizban, mon garçon. Tu peux m'appeler Fizban. Mais il nous faut nous hâter...
2 ème Epoque : Chapitre XX
Sylvanesti
Sylvanost
Dalamar soupira misérablement en regardant autour de lui. Une grosse boule dans la gorge l'empêchait de parler et il lança un regard malheureux à Raistlin qui le prit par les épaules, aveugle aux regard scandalisés de Rivebise et Tanis.
Porthios menait la colonne, le front haut et fier.
Il ne jeta pas même un coup d'œil à sa sœur.
Enfin ils entrèrent dans Sylvanost
- Archers, emmenez ce traître. Ordonna Porthios en désignant Dalamar.
Raistlin resserra son étreinte autour de son apprenti.
- Et qu'est ce que tu lui veux. Demanda-t-il d'un ton un peu frais.
- Mais le faire exécuter, bien sûr. Répliqua l'elfe avec un rictus carnassier comme des gardes se jetaient sur les deux hommes pour les séparer.
Dalérion en désarma un et lui prit sa lame.
- Je ne croit pas, Porthios...
- Je suis ton roi ! Fulmina l'elfe.
- Je ne m'incline que devant ma reine. Contra Dalérion. Et devant Pyra aussi. Mais pour d'autre raisons. Ajouta-t-il après quelques instants. Mais c'est pas tes oignons.
Porthios rougit furieusement avant de devenir blême. Près à ordonner l'exécution de tout le monde.
Pyra secoua la tête d'accablement.
Elle porta ses doigts à se bouche et siffla.
Tout le monde sursauta et les quelques instants de flottements lui suffirent pour s'approcher de Porthios et lui glisser Koran sous la gorge.
Le Roi du Qualinesti bafouilla quelque chose à propos de crime de lèse-majesté mais se tut lorsque la pression de la lame s'accentua.
- Du calme tout le monde ! C'est pas le moment de jouer aux héros. On veut juste rencontrer la reine du lieu.
- Alhana Astrevent... Lui souffla Tanis.
- Ouais, voilà, machinlanavent
Raistlin, Caramon et Rivebise collectèrent soigneusement les armes des elfes.
- Bien, c'est par là le centre-ville ?
Porthios acquiesça de la tête.
- Oui. Miaula-t-il d'une petite voix étranglée.
- Parfait.
Raistlin se rapprocha de Pyra.
- Dites moi ma chère ?
Pyra haussa un sourcil interloqué.
- Vous êtes bien Héritière de Varune, il me semble...Insinua-t-il en se frottant l'aile du nez d'un air finaud.
- Plus si ma sœur à un rejeton, mais je suis en bonne place pour le Trône, pourquoi ?
- Allons, il serait normal qu'une Dame de Haute Naissance, Héritière d'un Empire de surcroît, rende visite à ses homologues...Tu ne croit pas ?
Pyra se fendit d'un sourire et Dalamar, comme Caramon et Tanis, eurent un rictus pervers.
Raistlin s'inclina.
- Votre Altesse...
Pyra se redressa, chassa une mèche de cheveux, tendit le plus sérieusement du monde son épée à Laurana qui l'accepta avec un sérieux identique et une joie mauvaise au cœur.
Raistlin lança un âpre murmure qui toucha loin.
- Attention les enfants, Dévadoris Kh'aa Sélianna entre en scène...
************************
Dersandre et Damon observèrent, assez étonnés, la petite troupe encadrée de garde qui remontait la rue principale jusqu'à la demeure de L'Orateur du Soleil.
Damon hoqueta.
- Qu'y a-t-il ? S'interrogea Dersandre.
- Déva !
- Quoi ?
- La grande rouquine, en tête de cortège, c'est Dévadoris...
- Quoi ? Mais elle est morte quand j'avais quatre ans !
Damon secoua la tête.
- Non, elle n'est pas morte, elle à quitté Varune pour une raison connue d'elle seule et d'oncle Sandor. Mais c'est bien elle. Je reconnaîtrai entre milles la femme qui m'a appris à monter à cheval et à lire, petite sœur.
Dersandre rangea sa harpe, au grand dam des elfes qui l'écoutaient, dans son étui et se leva.
- On les suit ?
- Ca marche, fillette !
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Dévadoris, flanquée de Sharn et Ekalaka, marchait à grand pas, vivante incarnation de la dignité outragée.
Un bon remue-ménage se fit entendre et Alhana sortit sur la pas de sa porte.
Elle écarquilla un peu les yeux en voyant la troupe hétéroclite qui s'avançait vers elle, mais son regard revint automatiquement à la femme de tête. Un frisson désagréable lui fouailla l'échine.
- Dalérion, que me vaut ce tapage ? demanda-t-elle au seul des elfes qu'elle connaissait vraiment dans le petit groupe.
L'elfe s'approcha, s'inclina respectueusement et présenta la petite troupe.
- Vous connaissez mes hommes et les héros de la Lance, voici de plus Dalamar, Maître des Robes Noires de Krynn et accessoirement mon frère, son maître et compagnon, l'Archimage et Maître de la Tour de Haute Sorcellerie de Palanthas Raistlin Majere, que vous avez rencontré il me semble, et enfin, la plus belle de toute, Son Altesse Impériale, Dévadoris Kh'aa Sélianna, également archimage pyromancienne.
Pyra inclina très légèrement la tête et se fendit d'un petit sourire très calme.
Alhana resta un instant sans voix. Elle s'attendait à tout sauf à ça !
Porthios se dégagea et Laurana rendit Koran à Pyra qui la glissa au fourreau avec la dextérité née de l'habitude.
Le roi du Qualinesti se rua au côté de sa femme et tenta tant bien que mal de se redonner une contenance.
- Ma chère, cet elfe est un traître. Il doit être exécuter de suite.
Alhana lança à son époux un regard dénué de chaleur.
- Nous somme ici chez moi, mon ami, il en sera fait comme JE le souhaite. Rappelez vous en, si vous y arrivez. Grinça la jeune elfe d'un ton aussi insultant que possible. Ma sœur, c'est un plaisir que de vous recevoir ici, vous et vos...amis. Sourit-elle en présentant son bras à la magicienne.
Pyra l'accepta gravement.
- Merci, ma sœur. Il y a longtemps que je voulais revenir dans votre magnifique royaume. Oh, et ne vous en faites pas, nous ne resterons guère. Et je suis sur que Raistlin et Dalamar se montreront discret quand à leurs petits escapades...
La reine des elfes se détendit visiblement et eut son premier vrai sourire.
- Que me vaut l'honneur de votre visite ?
- Vous savez ce que c'est, les rigueurs du pouvoir sont parfois très astreignantes, et il est toujours utile de nouer de bonne relations avec ses voisins...
- Quelle actrice ! S'extasia Tanis en se penchant vers Raistlin.
L'archimage lui renvoya un petit regard totalement ambiguë.
Le visage de Pyra se fit soudain très grave, sans la moindre trace de badinage.
- Il est pourtant des nouvelles dont il vaut mieux en parler en privé...
- Suivez moi...Tous. Ajouta-t-elle en voyant Porthios s'apprêter à protester.
************************
Varzil cligna des yeux à plusieurs reprises et secoua la tête pour s'éclaircir les idées.
- Mais qu'est ce que je fait ici ?
- Tu as des choses à y faire et des gens à voir.
- Où sommes nous ?
- Sylvanost...
- QUOI ? Mais c'est l'autre côté du monde !
Le vieux mage rigolard remonta sur sa mule qui renâcla un peu sous son poids.
- Va plutôt par là, que de râler... Ordonna-t-il avant de disparaître dans le sous-bois.
Il fit avancer sa monture, encore un peu ahuri lorsqu'une voix l'appela.
- Varzil ?
L'homme se retourna.
- Damon ! Qu'est ce que tu fait là ?
- Et toi ?
- Un vieux mage m'a amené ici. Je ne sais pas pourquoi.
Le regard de Dersandre s'embrasa.
- Fizban ?
- Oui, tu le connais ?
- C'est lui qui nous a guidé ici.
- Pourquoi ?
- Je croit que la raison en ai liée à Dévadoris.
- QUOI ? MAIS ELLE EST MORTE !
- Non, nous venons de la voir. Contra Dersandre
L'homme blêmit
- Par les Abysses.
- Que signifie ?
- Ce foutu Régent n'en a plus pour longtemps...
- Quel Régent ?
- Sélianna est morte depuis il y a des années et Vanda aussi. Vous aviez quittés Varune à cette époque...
- Qui règne.
- En l'absence de Déva, c'est Méléria qui a été couronnée. Et depuis qu'elle est malade, c'est son époux qui contrôle plus ou moins l'Empire.
Les trois frères et sœurs s'entre-regardèrent.
Le même sourire pervers naquit sur leur visage.
- Faut lui parler...
************************
Alhana s'assis et fit signe à ses invités de l'imiter.
Tanis prit la parole le premier.
- Je suis étonné que tu ai accepté de nous recevoir Alhana...
- Elle n'aurait manqué pour rien au monde une occasion de rabaisser Porthios, Tanis. Renifla Raistlin d'un petit ton supérieur.
La reine des elfes eut un petit rire sans joie.
- C'est bien vrai...Mais comment sais-tu cela Raistlin ?
- Les femmes n'ont plus guère de secret pour moi... Expliqua-t-il d'un ton sibyllin.
Rivebise et les autres échangèrent une petite moue dubitative.
- Trêve de badinage Alhana. Reprit-il. Nous sommes là parce que nos enfants ont été enlevés et que la piste des kidnappeurs nous a menée ici.
- QUOI ?
- Il dit vrai, Alhana. Insista Laurana. Nous les suivons pour récupérer nos enfants...
- Le chef de la Garde est grand, avec de longs cheveux bleutés. Continua Pyra.
- Ripper ?
La magicienne bondit par dessus son fauteuil.
- C'est lui !
- Vous le connaissez ?
- C'est mon petit frère...
- Quel dommage ! Se désola Alhana. Il était si gentil, si bien élevé...
- C'est normal, c'est moi qui l'ai éduqué. Remarqua Pyra.
- Pyra, ce type est ton frère ? S'exclama Dalamar avec colère...
- C'est un mercenaire Dalamar. Il fait ce pourquoi on le paye ! Ce que je voudrais surtout savoir, c'est pourquoi le Trône a fait enlevé vos enfants...
- PARDON ?
Pyra se mordilla la lèvre.
- En tant que rejeton de Varune, nous disposons d'un moyen de rester en contact. Il s'agit d'un artefact dressé à peu de distance de la grotte qui nous permet de renter. Quand l'un de nous rentre ou sort, nous avons l'habitude de laisser un message pour le reste de la fratrie décrivant ce qu'on a à faire, où on va, ce genre de chose. Je vous avait dit que je voulais rentrer chez moi, lorsque j'ai voulu laisser un mot sur l'artefact, j'ai lu celui d'Hariel et de la Garde Noire et ...
- Hariel ?
- Ripper, Hariel est son vrai nom. Donc, j'ai lu son message. Et je suis revenue plein pot à la Tour, mais comme Dalamar boudait et avait protégé les environs contre moi, je n'ai pas put me téléporter et je suis arrivée trop tard...
- Ce qui signifie...
- Que nous allons devoir aller à Varune. Conclue Caramon.
Raistlin acquiesça de la tête.
- La Garde Noire, c'est quoi ? Demanda Alhana, étrangement fascinée.
- Un groupuscule terroriste à la botte de la Couronne, spécialisé dans le meurtre, l'enlèvement, l'espionnage...
Pyra frémit et elle pâlit un peu.
Raistlin le nota mais ne dit rien.
- La direction de La Garde est toujours confiée à un rejeton de la famille impériale. Pour pouvoir gagner le poste, il faut éliminer le Chef précédent...
Un serviteur toqua et entra.
- Ma reine ? Trois personnes demande à rencontrer Dame Dévadoris...
Alhana lança un petit regard interrogateur à Pyra qui secoua négativement la tête.
- Je ne sais pas, ma chère...
- Faites entrer.
Damon, Dersandre et Varzil entrèrent dans la pièce.
Sans un regard pour les autres personnes présentes, il se dirigèrent résolument vers Pyra qui les avaient intantanément reconnus.
Contrairement à ce que la jeune femme attendait, il ne se jetèrent pas dans ses bras.
Les trois jeunes gens s'agenouillèrent devant elle.
- Impaerlath ! Murmurèrent-ils en chœur.
Pyra blêmit tout a fait et dût s'asseoir, plus livide qu'un cadavre.
Caramon se tourna vers son frère.
- Que signifie ?
- Impaerlath...Impératrice en Haut Varunois... Murmura l'Archimage.
Imitant les trois jeunes gens, Raistlin s'inclina.
- Majesté...
Dalamar et Dalérion furent les suivant à lui témoigner respect.
2 ème Epoque : Chapitre XXI
Haine
Campement de la Garde Noire, deux jours plus tard
Palin but avidement le grand bol de thé que Hicks lui avait apporté. Il reposa son bol et le Garde s'assit à côté de lui.
- Comment va Apher ?
- Mieux, il va bien mieux...Je dois dire que j'ai été étonné de ton geste.
- Je ne voulais faire de mal à personne. Se désola Palin.
Hicks lui lança un long regard.
- Oui, je te crois...Et Shandra, comment va-t-elle ?
- Elle ne devrait pas tarder à reprendre conscience. Palin se tut et hésita avant de reprendre. Pourquoi nous avoir enlevé ?
Hicks hésita à son tour.
- Parce qu'on en a reçut l'ordre. Mais tu sais, tu n'as rien à craindre. La Garde Noire n'a acceptée le contrat qu'a la condition expresse qu'il ne vous soit fait aucun mal.
- Ca me fait une belle jambe. Grimaça l'apprenti avec aigreur.
- Si tout ce passe bien, vous serez vites rendus à vos familles...
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Sylvanost.
- Comment va-t-elle ? Demanda Dalamar à Raistlin.
- Elle ne veut toujours voir personne. Elle a même chassée Eka et Sharn de son esprit...
Dalamar soupira bruyamment.
- Combien de temps pour qu'elle reprenne le dessus ?
- Tu la connais aussi bien que moi. Elle est fragile.
- Tu peut pas faire quelque chose.
- Et qu'est ce que tu veux que je lui dise ? "C'est pas grave ma vieille, haut les cœurs, on va aller te le récupérer ton trône" ?
- Ben oui, ce serai un début...
L'archimage lança un long regard qui ne cillait pas à son apprenti.
- Elle ne veut PAS régner !
- Il FAUT qu'elle nous guide jusqu'à Varune !
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Shandra se réveilla avec un mal de tête carabiné. Jamais de toute sa courte vie elle ne s'était sentie aussi nauséeuse. Malade, oui, mais ça...
Elle se concentra sur sa respiration pour garder le contrôle de son estomac puis ouvrit les yeux.
Elle balaya la tente du regard, ne reconnaissant rien ni personne.
Autour d'elle, une cinquantaine d'enfants et de jeunes adultes attendaient, visiblement déprimés.
Shand se redressa. Myraël la vit et poussa un petit piaulement de joie avant de se jeter dans ses bras. Elle sera l'enfant contre elle.
Une jeune femme vient la voir.
- Bonjour, je m'appelle Dezerel Majere. D'après ce que nous a dit Myraël, nous sommes cousines. Comment te sens-tu ?
- Pas trop mal. J'ai encore eux une crise ?
Dezerel l'observa, intriguée.
- Une crise ?
- Fièvre, convulsion...
- Oui, ca t'arrive souvent ?
- Parfois, quand il y a trop de magie dans l'air. Où sommes nous ? Et où sont mes parents ?
- Tu...Tu a été enlevée, il y a près de deux semaines, comme nous tous.
- Enlevée ? Comment ça enlevée ?
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Varune
Hamelet faisait les cent pas dans son cabinet de travail. Malgré les certitudes de Striker, l'état de Méléria ne s'était pas aggravé, bien au contraire, et Sandor c'était décidé à reprendre sa place au Conseil...
Le Régent était furieux. Les choses n'allaient pas comme il le voulait, loin de là, et Takhisis commençait à s'impatienter.
Pour passer ses nerfs, il décida d'aller voir sa fille.
Dévadoris jouait dans le patio de ses appartements. D'une braise ardente dans la main droite qui ne semblait pas la brûler, elle faisait jaillir de vivantes sculptures de flammes et riait de les voir s'égailler autour d'elle.
La colère de son père n'en fut qu'attisée.
Sans réfléchir, il souleva l'enfant par le col et la jeta contre le mur.
Déva s'écrasa contre les pierres de taille et glissa au sol. Elle leva un regard paniqué à son père et tenta, bien futilement, de se protéger.
Une pluie de coups s'abattit sur elle.
Hamelet retira sa ceinture.
Le serpent de cuir mordit cruellement les chairs fragiles de la fillette.
Avec un sanglot, elle feignît l'inconscience.
Les coups s'arrêtèrent.
Un dernier coup de pied dans les côtes la fit frémir.
Le Régent sortit du patio.
Dévadoris resta de longues minutes incapable de bouger.
Tout son corps lui semblait brisé.
Un long moment passa.
Des bras d'homme la soulevèrent doucement.
Elle gémit.
Sandor jura à la petit fille qu'il aurait la peau d'Hamelet
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Porthios rongeait son frein.
Le roi du Qualinesti n'avait pas du tout apprécié la façon dont sa femme l'avait congédié, pas plus qu'il n'avait apprécié de voir trois robes noires, dont un ELFE mettre les pieds dans le berceau de la race elfique.
Il repoussa le monceau de parchemins qu'il devait contre-signer et se laissa aller en arrière.
Jetant un coup d'œil par la fenêtre, il ne put retenir un grondement de rage.
Dalamar se promenait dans la ville, aussi a l'aise que si les rues lui appartenait.
Porthios tira sa dague de son fourreau, lui imaginant une autre place, bien plus esthétique.
Un sourire froid lui retroussa les lèvres.
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Estéhaulan se contraint au calme en comptant jusqu'à vingt.
Pour la trentième fois, Samaël lui redemandait le même exercice. Le dragon avait pourtant bien vu qu'il n'arrivait pas à le contrôler !
Le jeune homme serra les dents, ferma les yeux et relança le sort une trente et unième fois. Encore une fois, la tornade de feu lui échappa et lui brûla les mains.
Avec un sanglot de rage, 'Lan jeta le parchemin par terre.
- SUFFIT ! Ramasse ce parchemin et recommence ! Tonna le dragon.
- Je n'y arrive pas, j'en ai assez !
Samaël lança un regard dur à l'humain.
- Recommence. Tu ne prendra aucun repos jusqu'à ce que tu maîtrise ce sort.
Estéhaulan cria de rage et se jeta sur le dragon.
Un coup de queue le cueillit en pleine poitrine et l'envoya taper contre le mur.
Un flot de sang coula de la bouche du jeune homme qui revint à la charge.
Perdant tout contrôle de lui même, il invoqua une tempête élémentaire et la lança sur son maître.
Imperturbable, Samaël en repris le contrôle et le renvoya sur l'humain.
La tempête heurta 'Lan de plein fouet qui hurla de douleur.
Le dragon ne fit pas un geste pour l'aider.
Enfin, le flammes élémentaire se dispersèrent.
'Lan se redressa avec difficulté et jeta un regard méchant à son maître.
- Voilà ce qu'il te manque, Estéhaulan. La contrôle de toi.
- Tu as fait exprès...
- Evidement.
- Je te hais...
- Certainement...pour l'instant. Va donc faire un tour et réfléchir un peu.
L'humain se releva en s'appuyant au mur et quitta la salle d'entraînement.
Une fois seul, Samaël pris forme humaine. Il gagna la salle d'eau et se laissa couler dans l'eau. Flottant au milieu de l'énorme bassin naturel, loin des regard de son élève, il se permit de pleurer.
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Pyra réfléchissait, seule, dans le noir. Depuis deux jours, elle refusait de voir qui que ce soit.
Elle ouvrit une énième fois le précis de protocole varunois qu'elle avait retrouvé dans ses affaires et le compulsa une fois de plus.
Elle le referma et scella le parchemin qu'elle venait de signer.
Contente d'elle, elle chercha la présence mentale de ses familiers.
- Eka ? Sharn ?
- Pyra ? Ca va ? Demandèrent en même temps les deux voix mentales.
- J'ai réglé mes petits problèmes à ma convenance.
- A savoir ?
- Que Grand-mère Varune devait être une sacré législatrice. Tu sais où sont Raistlin et Dalamar ?
- Dalamar se promène avec son frangin et Raistlin... Le loup renifla. Où veux-tu qu'il soit ?
- A la nourricerie ?
- Dès qu'il y a des bébés quelque part...
Pyra ricana et enfila sa robe.
Elle sortit de la chambre qui lui avait été prêté et faillit marcher sur Rivebise et Tanis.
Le barbare ouvrit la bouche mais la magicienne ne lui laissa pas le temps de parler.
- Prévenez les autres voulez-vous, nous pourrons partir dès demain matin.
Le demi-elfe et l'humain échangèrent un regard. Décidément, ils ne comprendraient jamais les femmes.
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Takhisis hurlait tout ce qu'elle savait.
Devant elle, Sargonnas et Nuitari se faisaient tout petit.
- Comment a-t-il été au courant ? Qui l'a prévenu ?
- Je ne sais pas, ma chère. Tu sais parfaitement que je suis aussi coincé que toi ici. Remarqua Sargonnas.
La Reine de Toutes les Couleurs et d'Aucune se retourna sur sa fille.
- Et toi, qu'a tu as dire ?
- J'ai...J'ai bien vu Paladine s'en mêler...
La Tentatrice Noire s'immobilisa.
- Tu es sûre ?
La petit déesse de la magie hocha frénétiquement la tête.
Takhisis repartit dans une diatribe enflammée.
- DES INCAPABLES, JE SUIS ENTOUREE D'INCAPABLES !!!!
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Raistlin était assis par terre.
Une petit fille de trois ans sur les genoux, les autres enfants assis en demi-cercle autour de lui, les parents des enfants debout un peu plus loin.
L'archimage racontait une histoire aux enfants et les petits elfes l'écoutaient avec ravissement.
- ...Et le chef des lapins de guerre sauta sur le grand dragon rouge. Il fit signe à deux de ses soldats de le suivre et bondit jusqu'au museau du monstre...
Pyra entra dans la nourricerie.
Elle écouta l'histoire que racontait Raistlin et sourit.
Les petits elfes étaient si émerveillés par l'histoire de Raistlin qu'ils en oubliaient d'avoir peur de lui...Et leurs parents étaient eux-même si fascinés que plusieurs s'étaient assis par terre et avaient pris leur progéniture sur leurs genoux pour écouter plus confortablement.
- Le grand rouge se retourna de colère et vomit un nuage de flammes sur le chef des lapins. Les flammes l'entourèrent de toute parts...
Parents et enfants hoquetèrent de concert.
- Mais si petit était le lapin, qu'il parvint à se faufiler sous une écaille avant que les flammes l'atteignent.
Jeunes et adultes soupirèrent de soulagement.
Une main effleura l'épaule de Pyra et Dalamar s'installa à côté d'elle.
- Décidément, on arrivera jamais à le décoller des enfants...
- Ils l'adorent !
- Tu m'étonnes !
Raistlin acheva son histoire et chacun rentra chez soi.
L'archimage rendit le bébé à sa mère légitime avec un soupir résigné et rejoint son amant et son amie.
- Pyra, ca va mieux ?
- J'ai réglée les problèmes à ma convenance.
- On part demain ?
- Oui, allons dehors, j'ai des choses à vous expliquer.
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Au fur et à mesure que Dezerel lui expliquait les évènements de ces deux dernières semaines, la colère de Shandra augmentait.
Elle augmenta si tant qu'Exers le sentit et se précipita vers la tente des prisonniers.
- Qu'est ce qui se passe par ici ? Demanda-t-il avec un peu de crainte dans la voix.
Shandra était dans une telle rage que ses yeux noirs avaient pris la teinte dorée de ceux de sa mère. Le regard de pure méchanceté qu'elle lança à l'elfe le fit reculer.
Ripper entra à son tour accompagné de Taradon et Lebannon.
- Il faut la calmer...Commença Exers en sortant un flacon de somnifère d'une poche.
Les trois hommes entourèrent l'adolescente.
- Soit gentille, bois ca...
Shandra ne se sentit plus de colère lorsque devant son refus les trois hommes l'empoignèrent et que l'elfe lui fit couler la potion dans la gorge.
Elle hurla.
Physiquement et mentalement.
Et son hurlement déchira les tympans de tous les mages à deux cent lieues à la rondes.
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- Nous savons où ils vont, il est donc inutile de les suivre. Je pense qu'il serait préférable de gagner Costeneuve et de finir en bateau jusqu'à l'Allée de la Reine... Expliquait Pyra.
- Mais, nous allons les perdre de cette façon. Et puis pourquoi prendre par bateau, nous allons perdre un temps fous à contourner le continent.
Pyra soupira.
- Tanis, l'entrée de Varune est sur une île, et nous avons un arrangement avec une tribut d'elfes marins. Ils nous aiderons...
Tout d'un coup, Pyra, Raistlin et Dalamar se plièrent en deux de douleur, les mains sur les oreilles et mirent quelques secondes à se remettre.
- QUE DE LA MERDE DE DRAGON VOUS POURRISSE LES ENTRAILLES, QUE TAKHISIS CE FASSE DES CHAUSSURES AVEC VOTRE PEAU, BATARDS SANS PERE ! SUCEURS DE DRACONIENS! SERVANTS DE NAINS DE RAVINS !...
Rivebise lança un regard perdu aux mages.
- Qu'est ce que c'était ?
Un grand sourire fendait le visage des trois robes noires.
- Shandra ! Il n'y a qu'elle qui connaisse ce genre de vocabulaire.
- Au moins elle va bien.
- C'est pour Hariel que je vais commencer à m'inquiéter... Plaisanta Pyra, hilare.
- Shandra ? Redemanda Tanis.
- Notre fille. Expliqua Dalamar.
- Votre fille ?
- Ben oui, à moi et à Raistlin...
Un silence estomaqué et incrédule lui répondit, juste rompu pas les injures sporadiques que Shandra continuait à balancer à l'autre bout de la planète.
2 ème Epoque : Chapitre XXII
Chatons
Sylvanost
Raistlin referma son sac et enfila sa robe.
Encore affalé sur son lit, Dalamar révisait rapidement quelque sorts.
L'archimage lui chatouilla la nuque et l'elfe arqua le dos comme un chat.
- Raist ! Je travaille là !
L'humain sourit.
- Dépêche toi plutôt. Les autres ne vont pas nous attendre.
Dalamar pesta un peu mais se leva et jeta son sac sur son épaule.
Ils gagnèrent les écuries et y trouvèrent Varzil et Pyra en grande conversation.
- ...D'accord, le stylet est pas mal. Mais je préfère rompre la nuque d'un coup sec. C'est beaucoup plus sensuel et bien moins sale. Expliquai Pyra.
- Certes, mais ca ne vaut que pour quelqu'un qui a une force physique déjà imposante. Le poison est pratique.
- Ca laisse des traces !
- Pour un mage, mais pas pour le commun du mortel.
- Vous discutez de quoi ? S'enquit Laurana qui venait d'entrer.
- De nos méthodes préférés d'assassinat...
L'elfe verdit quelque peu.
- Ne fait pas attention. Renchéri Varzil. Entre professionnels, on a toujours tendance à papoter boulot.
La princesse s'enfuit en courant et les deux varunois ricanèrent de concert.
- C'était petit, vraiment, petit... Rouspéta gentiment Raistlin.
Pyra lui tira la langue et attrapa au vol le filet de Lance d'Acier. Elle harnacha la jument et rejoint les autres qui attendaient impatiemment dehors.
Dalamar et Raistlin la suivirent plus lentement.
Alhana les attendait.
- Dalamar. Exceptionnellement, j'ai fait une exception quand à ta venue ici, mais je te déconseille de retenter ta chance. Ce n'est pas que ta présence est désagréable, mais il y a des lois que je suis tenue de respecter. Expliqua la reine des elfes. Cela vaut également pour vous deux. Ajouta-t-elle en direction de Raistlin et Pyra. Je vous souhaite de tout cœur de retrouver vos enfants.
- Merci Alhana. La remercia Tanis.
Porthios lança un regard haineux à Dalamar et n'ajouta rien.
La petite troupe se mit en selle.
Pyra prit la tête avec ses frères et sœur et partit au pas.
Raistlin approcha son étalon de celui de Dalamar et les deux mages se préparèrent à voyager de concert.
Laurana embrassa son frère qui s'en fichait visiblement complètement et ne quittait pas Dalamar des yeux.
Tanis haussa un sourcil mais n'ajouta rien et vient se placer à la droite de sa femme. Rivebise et Lunedor vinrent ensuite, tirant les chevaux de bât qu'Alhana leur avait offert, Caramon et Tika fermaient la marche.
Dalamar et Raistlin bavardaient à voix basse lorsque Porthios parut prendre un décision et courut vers eux.
Arrivé à hauteur de Dalamar, il tira sa dague de son fourreau et la lança d'un geste fluide.
Tourné vers lui, Raistlin le vit lancer l'arme.
Avec un cri d'alarme, il se poussa Dalamar et le jeta au sol.
Les deux étalons se cabrèrent et fuirent au galop. Varzil et Pyra firent volter leur monture et flanquèrent les deux mages de part et d'autre, dans un attitude protectrice, avant même que l'un des gardes ai réagit.
Dalamar se releva en jurant et Porthios dégaina son épée en voyant que sa dague l'avait épargné.
Raistlin ne se releva pas.
Fou de rage, Dalamar lança un regard de pure haine au roi du Qualinesti.
Aveuglé par le colère, Porthios ne vit rien.
Au prix d'un effort énorme, l'archimage se retint de l'attaquer et porta secours à son amant.
Décontenancé, Porthios se sentit soudain très bête.
Les gardes d'Alhana se reprirent.
Une douzaine de lames menacèrent la gorge du frère de Laurana.
Pyra mit pied à terre et examina sommairement Raistlin. Elle enleva la dague fichée dans son épaule et referma proprement la blessure en faisant appel à la magie de la pierre.
Le voyant toujours inconscient malgré les soins de Pyra, Dalamar commença à paniquer.
La magicienne le calma très vite.
- C'est rien du tout. Il s'est juste assommé en tombant... S'esclaffa-t-elle.
Dalamar soupira de soulagement et remit son maître selle devant Pyra.
- Je vais m'occuper de lui. Lance est la seule à avoir suffisamment de force pour porter double charge.
Varzil s'approcha de Porthios.
- Mesquin, et très mal fait. La prochaine fois que vous voulez assassiner quelqu'un, faite le faire par un professionnel. Au moins, s'il se plante, vous pourrez toujours nier. Alors que là...Votre femme à l'air absolument "ravie".
Le prince de Varune eut un sourire pervers.
- Je suis persuadé que cette jeune dame saura vous apprendre le respect qui convient...
Alhana jeta un regard vierge de tout aménité à son époux.
- Gardes, reconduisez le dans ses appartements. J'aurai une petite discussion avec lui.
Les gardes s'inclinèrent et obéirent.
- Je suis navré. Continua la reine des elfes. Je ne pensait pas que son ressentiment était aussi fort.
Dalamar secoua la tête.
- Ce n'est pas vraiment grave. Cela n'a pas porté à de trop grosses conséquences. Mais nous devons partir.
- Je comprends. Faites attention.
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Varune
Estéhaulan se sentait vraiment malheureux. Il faisait la tête à Samaël depuis près de vingt quatre heures, et celui lui coûtait vraiment. Il n'était pas dans son caractère de se comporter de cette façon et il ne savait pas comment se faire pardonner.
Le jeune homme soupira tristement et repris le parchemin qui avait provoqué la dispute de la veille. Il le détailla longuement, l'étudia sous toutes ses coutures et tenta de le lancer.
A la vingt-huitième tentative, la tornade de feu lui obéit et il parvint à lui donner la forme et la consistance qu'il voulait. Il se força davantage et modela les flammes vivantes à sa convenance.
Après plus de trois heures d'entraînement acharné, il compris enfin ce que son maître voulait qu'il acquiert.
Content de lui, le jeune homme courut vers l'antre du dragon.
L'immense bête dormait, couchée sur le flanc, sa respiration soulevant ses ailes frémissantes à chaque inspiration.
'Lan s'approcha de lui sans bruit et lui caressa la jointure des ailes.
Le dragon se détendit dans son sommeil et soupira de contentement.
'Lan continua.
A près de longues minutes, Samaël ouvrit les yeux et planta son regard d'améthyste dans les yeux d'émeraude de son élève.
- Pour hier...Commença le jeune homme très mal à l'aise. Je suis désolé. J'ai été vraiment méchant avec toi, alors que tu ne fais que ton boulot. J'espère que tu pourras me pardonner...
Le dragon ne dit rien et ne bougea pas.
- J'ai finit pas comprendre ce que tu voulais que j'apprenne avec ce sort... Continua l'humain.
Samaël le fixait de ses yeux violets sans la moindre émotion.
'Lan baissa la tête et retint les larmes qui menaçaient d'envahir sa gorge.
- S'il te plait, pardonnes-moi ! Cria-t-il presque.
Le vieux dragon ne réagit pas.
Une larme coula sur la joue du jeune homme.
Il baissa la tête et se détourna pour quitter la salle.
Un bruit d'or brassé se fit entendre.
Deux bras chauds et de longues ailes fines entourèrent les épaules du bâtard.
- 'Lan, mon petit... Murmura Samaël en le serrant contre lui. Je ne voulais pas te faire de peine, mais il est des leçons qui ne peuvent s'apprendre que dans la souffrance...
Le jeune humain releva la tête.
Puis il ferma les yeux.
- Je comprends maintenant. Finit-il en se laissant aller sous l'étreinte du dragon.
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Une pluie torrentielle se mit à tomber, au grand désarroi de la petite troupe.
Raistlin se réveilla dès les premières gouttes et se comportait depuis qu'il avait récupéré sa monture comme un chat humide, pestant et râlant après tout un chacun. Dalamar était guère plus heureux et son épaisse crinière noire commençait à sentir le chien mouillé, engoncé comme elle l'était sous son capuchon. Pyra quand à elle, avait carrément abandonné ses rênes à Lance qui suivait gentiment la jument de Varzil. La pyromancienne détestait à ce point la pluie, que sans l'intervention in-extremis de Tanis qui ne voyait pas d'un bon œil un mage faire mumuse avec le temps, elle aurait depuis belle lurette désagrégée le nuage qui leur filait le train.
La pluie redoubla assez soudainement, et la petite troupe dut déjeuner froid, incapable qu'était un feu de brûler par ce temps.
En fin d'après-midi, Pyra était à la limite de l'hibernation sur sa jument, Raistlin à moitié congelé, et Dalamar ressemblait plus à un terre-neuve après une manœuvre de sauvetage en mer qu'à autre chose.
La petite troupe quitta enfin les terres du Sylvanesti et ils n'eurent à faire que quelques lieues pour tomber sur un village disposant d'une auberge.
Les trois mages se réveillèrent ensemble et Varzil talonna sa monture vers leur salut.
Rivebise se hérissa à l'idée de s'arrêter si tôt, mais du convenir avec une Pyra plus agressive qu'une mère blaireau sur le point de mettre bas que les chevaux étaient fatigués, qu'il n'y avait pas d'autres auberges à des heures à la ronde, qu'il faisait froid et faim et que si t'es pas content c'est pareil !
Prudent, le barbare laissa courir et s'aperçut que de toute façon aucune des femmes ne voulait faire un pas de plus et qu'en bon époux bien dressé, il savait parfaitement qu'il ne fait jamais mécontenté celle qui tient la queue de la casserole.
Maugréant dans sa barbe, Rivebise imita ses amis et démonta.
Reprenant les rênes du commandement, Pyra ordonna aux hommes de s'occuper des chevaux et entraîna ces dames vers l'intérieur et la chaleur réparatrice d'un bon feu.
Tika, Lunedor et Laurana ôtèrent leur cape dégoulinantes d'eau et les remirent à l'aubergiste. Pyra, Raistlin et Dalamar firent de même avec leur robe et tous les six se sentirent tout de suite bien mieux.
Sur ces entrefaites, Les hommes entrèrent à leur tour.
- Si ces dames veulent prendre un bain bien chaud ?
Six paires d'yeux brillants se tournèrent vers l'aubergiste.
- C'est par ici. Ces messieurs devront patienter un peu...
Tika, Lunedor, Laurana et Pyra emboîtèrent le pas du tenancier.
Dalamar retint Raistlin par la manche.
- Où tu crois aller là ?
- Au bain voyons.
Un petit sourire niais naquit sur les lèvres de Dalamar.
- Raist mon chou, je te rappelles que tu es un homme...
L'archimage réfléchit un instant.
- Tiens, mais c'est ma foi vrai. Parfois j'oublie. S'excusa-t-il.
Dalamar soupira bruyamment et l'embrassa dans le cou.
- Je t'aime. Murmura-t-il d'un ton qui en disait plus qu'une bibliothèque.
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Striker s'affala sur le divan.
Le Régent arpentait la pièce de long en large.
Un sourire sardonique sur les lèvres, Striker attendait que son hôte s'explique sur cette convocation en pleine nuit.
Hamelet parut retrouver un peu de calme .
- J'aimerai savoir. Commença-t-il pourquoi le poison, si soit-disant parfait n'a fait aucun effet à ma femme...
Striker se redressa et fronça les sourcils.
- il EST parfait ! Etes-vous sûr qu'elle l'a but ?
- Absolument. Et il me faudrait quelque chose pour me débarrasser de Sandor.
Vicero se renfrogna.
- Je me refuse à me mettre le Mage à dos.
- Si vous le tuez, il ne posera aucun problème.
L'ex Garde Noir renifla avec mépris.
- On vois bien que vous ne le connaissez pas. Il sentirait un poison à dix lieues à la ronde. Et de toute façon en tant que Maitre-mage, il est naturellement immunisé.
- Peut-être contre le poison, mais contre une dague effilée ?
Striker fronça de nouveau les sourcils.
- Je ne veux pas avoir à me frotter à lui. Si vous voulez le tuer, débrouillez vous !
Hamelet accepta sa défaite et passa à autre chose.
- Pour ce qui est de Ripper...
Les yeux de Striker s'illuminèrent.
- Lorsque lui et ses hommes reviendront, je veux que vous les tuiez tous et que vous me rameniez les prisonniers ici.
- Très bien. Sourit Vicero avec un rictus mauvais.
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Dalamar se laissa aller en arrière. Affalé sur un banc, confortablement habillé de velours épais et doux, et surtout sec ! L'archimage permit à ses pensées de dériver. Il sourit en voyant Pyra faire un bras de fer avec Rivebise et empocher toute la mise lorsqu'elle l'envoya au tapis, et ricana silencieusement en entendent Tanis, Lunedor et Laurana spéculer sur la réaction et les paroles de Raistlin juste avant le bain.
Son esprit revint sur son maître et un doux sourire rêveur naquit sur ses lèvres.
Comme les choses avaient changées, et comme ses préjugés également !
Et pourtant, l'elfe hétéro qu'il était se trouvait parfaitement à l'aise dans sa relation avec Raistlin.
Dalamar fronça les sourcils. Il faudrait qu'il pense à avoir une petite conversation à ce sujet avec Pyra. Elle pourrait peut-être l'éclairer.
Comme si son évocation l'avait fait apparaître, Raistlin se matérialisa à côté de lui.
- Regarde ce que j'ai trouvé en allant voir Eka !
L'archimage lui fourra dans la paume une petit boule de poils mouillé et crottée. Quatre autres petites boules semblables se nichaient contre sa poitrine.
Attirée par le tapage, Pyra vint voir.
- Des chatons ! Qu'ils sont mignons. S'exclama-t-elle.
- Tu en veux un ?
La magicienne hocha vigoureusement la tête et se précipita vers son éternel sac de voyage d'où elle tira une épaisse serviette et plusieurs petits biberons.
- Aubergiste ! Du lait de chèvre tiède !
L'homme obéit et en quelques minutes, les trois archimages noirs se retrouvèrent occupés à materner cinq petits chatons, guère âgés de plus d'un jour ou deux, et entourés par une petite foule de curieux, totalement abasourdis de voir de pareils monstres de puissance fondre d'amour devant de petites boules de poils crottées aux yeux encore fermés.
Pyra souleva le chaton au poil aussi roux que le sien que Raistlin lui avait donné et le serra contre elle en lui donnant le biberon. Le bébé se mit à ronronner comme toute une nuit d'orage, et fut rapidement imité par ses frères et sœurs qui se nichaient voluptueusement dans le velours soyeux des robes des mages.
2 ème Epoque : Chapitre XXIII
Un Vieil Ami
Varune, deux semaines plus tard, Nécropole impériale
L'Impératrice arpentait la nécropole des Reines. Un juron sur les lèvres et la colère au fond de ses yeux de braise, elle tapa bien inutilement dans un mur.
Kamara eut un petit sourire ironique.
- Allons, mère. Cela ne sert à rien. Vous ne pouvez même plus vous faire mal.
Varune renifla avec mépris et jeta un coup d'œil autour d'elle.
Sa fille et petites filles attendaient, tirées de leur sommeil millénaire par le seule force de sa volonté.
Le mur de la nécropole ondula et Kamara prit forme plus consistante.
La Reine qui était la Voûte s'assit sur le trône qui sortit de terre à son ordre.
- Si vous voulez bien nous expliquer pourquoi nous sommes là, mère ?
- Ne va pas me dire que de ta place tu n'as rien vu !
- Les manœuvres du Régent ? Si bien sûr. Mais je ne vois pas en quoi cela nous concerne. Après tout, nous sommes mortes...
Fiona se matérialisa.
- Samaël approche, Grand-mère.
- Il est seul ?
- Oui, Estéhaulan est resté dans son antre.
- Kamara, si tu voulait bien...
La Voûte haussa les yeux au ciel et la roche s'effaça devant le dragon.
- Merci ma chère.
Des dizaines de petits tourbillons colorés se jetèrent sur l'animal pour l'effleurer à la joie de revoir l'un de leurs meilleurs amis d'enfance
Samaël eut un petit rire amusé.
- Allons, mesdames, que diraient vos époux...
Varune tapa dans ses mains immatérielles.
- Mes filles, voyons, un peu de tenue !
Les âmes des Reines se calmèrent et reprirent sagement leur place près des cercueils de cristal qui enchâssaient leur corps morts depuis des siècles.
Sélianna demanda la parole.
- Oncle Sandor a plus ou moins repris en main Méléria. La pauvre enfant n'était pas préparée à régner...
- Elle n'était surtout pas capable de se choisir un époux. Remarqua Alathéa III.
- C'est Déva qui aurait dut monter sur le trône. Pas elle.
- Quelqu'un a put la localiser ? Demanda Siane
- Elle fait route vers Varune. Informa poliment Samaël.
- Qu'est ce qui l'a fait changé d'avis ? S'enquit Diviana
- Les manipulations du Régent. Avança Miranda.
- Celui là...
- Il a partie liée avec Takhisis. Se désola Varune.
Merine lâcha une juron bien sentit.
- Mais qu'est ce qu'il a dans la théière ?
- Il veut le pouvoir. Remarqua Kamari en haussant les épaules.
- Il drogue ma fille à cette fin. Ajouta Sélianna.
- Et avec l'aide de Vicero. Finit Alathéa IV en lançant un regard en coin à Merine.
- Ce n'est pas ma faute s'il est un peu dingue !
- Et ce qu'il a fait à Dévadoris alors ! Relança Diane.
- Sandor aurait dut l'achever il y a longtemps. Gronda Vanda.
- Mesdames, un peu de calme ! Demanda une fois de plus Varune. Cela tourne au n'importe quoi ! Nous ne sommes pas là pour nous lancer des griefs à la figure à qui mieux mieux. JE vous ai convoquées ici pour que vous m'aidiez à remettre Varune dans les mains de nos filles !
Les Reines baissèrent toutes le nez et le ton.
- Oui Grand-mère. S'excusèrent-elle toutes en cœur.
Varune lança un regard effondré à Samaël qui rit doucement.
- Tes filles te ressemblent trop, ma douce...
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Ergoth du sud
Rivebise descendit du petit bateau qu'ils avaient affrété le premier et tira l'embarcation sur le rivage.
Lance d'Acier regarda la mer écumante avec une réticence manifeste avant de sauter à l'eau, Pyra sur le dos.
Raistlin et Dalamar imitèrent leur consœur et tout trois montèrent rapidement quelques tentes.
A peine la plus grande des tentes fut-elle montée et les chevaux débarqués qu'il se remit à pleuvoir. Les trois mages se réfugièrent à l'abri et lancèrent un bon feu. Eka et Sharn ressortirent et partirent en chasse.
Laurana se glissa sous la tente à son tour. Tika et Lunedor la suivirent.
De petits miaulements désespérés se firent entendre et les trois mages sortirent les chatons de sous leur robe.
Raistlin fit rapidement réchauffé un peu de lait et d'énergiques bruits de succions se firent bien vite entendre.
Rassasiés, les cinq petites bêtes baillèrent, se roulèrent en boule et se rendormirent.
Les trois mages relevèrent le nez sur les regards hilares et un peu méprisants de leurs amis.
Une voix leur parvint du rabat de la tente et une grande volée d'eau entra dans la tente en même temps qu'un vieillard.
- Salut les jeunes...
- Vous ! Hoquetèrent de concert Varzil, Dersandre et Damon.
- Fizban... Sourit Raistlin. Bien le bonjour mon vieil ami. Il y avait bien longtemps que nous ne nous étions pas vu...
- Raistlin. Je suis ravi de voir que la maternité t'a réussi à ce point, et que je ne n'était pas trompé sur ton compte...
- J'ai été beaucoup aidé. Constata l'archimage.
- Je sais, mais ce n'est pas une raison. L'avatar de Paladine observa avec tant d'attention Dalamar et Pyra que les deux jeunes gens se surprirent à rougir de confusion. Peu orthodoxe famille, mais qui te convient à merveille.
- Vénéré Paladine, comment vont mes bébés. Coupa Lunedor avec appréhension.
Le vieux mage cessa de jouer les vieux fous.
- Ils vont bien. Pour l'instant tout du moins. Pyra avait raison quand elle vous à dit que tant que les enfants seraient encadrés par La Garde Noire il ne craindraient rien. D'ailleurs. Ajouta-t-il avec une petite lueur dans le regard, ce ne sont pas les enfants qui ont des problèmes en ce moment. Il se retourna vers Raistlin. Ta fille tient sacrément de toi tu sais. En moins de deux semaines, elle a fait plus d'une trentaine de tentatives d'évasion, avec Palin et Myraël d'ailleurs et a mordu Ripper si fort, qu'il se retrouve avec une grosse poupée autour de la main droite. Un sacré caractère...
- Nous sommes assez fier d'elle. Confirma Dalamar. Mais je subodore que ce n'est pas pour nous dire cela que vous êtes venus ici.
- C'est exact. Raistlin, je te rappelle qu'un certain robe blanche a été interné dans le coin.
Raistlin pâlit.
- Penses-y. Et, Dame Dévadoris, j'aurais un message à vous remettre, de la part de votre mère...
- Mais elle est morte ! S'étonna Laurana.
- Oui, et alors ?
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Camps de la Garde Noire, Entrée de l'Allée de la Reine.
Shandra fulminait.
Le collier d'acier que les Gardes Noirs -- Après plus de vingt minutes d'une lutte épique, la fillette avait sa fierté -- lui avait passé autour du cou annihilait ses dons magiques, mais il lui restait encore les petits enseignements tactiques que Koran et Pyra lui avaient appris, et elle ne s'était pas privée de les utiliser. Palin observait de loin les révoltes de l'adolescente et n'y prenait par que lorsqu'il n'y avait pas de risque de blesser qui que ce soit. Myraël lui, suivait avec enthousiasme sa "grande sœur" et n'était pas le dernier pour embêter les soldats qui les surveillaient. Ripper et ses hommes étaient au bords de la crise de nerf, et il y avait fort à parier que si Shandra n'avait pas sauvagement mordu Le Chef de la Garde à la main et à un autre endroit particulièrement sensible, la tension qui s'était installée entre les Garde et les prisonniers auraient été insupportable.
Mais voilà, bien malgré elle, Ripper l'adorait. La gamine lui rappelait trop deux siennes sœurs, toujours prêtes à faire des quatre cent coups, et Hariel se sentait incapable de sévir contre la fillette.
Shandra se força à se calmer et réfléchit pour la première fois depuis quinze jours.
Une lueur sadique passa dans son regard.
Elle se leva et sortit de la tente.
Instantanément, deux soldats se matérialisèrent et l'empoignèrent brutalement.
Un regard polaire, deux baffes et un coup de pied bien placé plus tard, les deux hommes se contentèrent de la suivre de loin.
Elle toqua à la tente des elfes et entra.
Imperturbable, elle attendit qu'ils daignent se rhabiller.
- M'enfin ! Glapit Sirdal.
La jeune fille renifla avec l'air supérieur que savent naturellement prendre les femmes devant des hommes.
- J'ai l'habitude, avec mes pères...Dites, si je vous promet que je ne tenterai plus de fuir, vous accepteriez de m'enlever ce fichu collier ?
Les deux elfes s'entre-regardèrent, pas plus convaincus que ca.
Ripper entra sous la tente à son tour, alerté par un des soldats.
- Pouvons nous vraiment te faire confiance ?
Shandra lui lança un sourire éblouissant.
- Bien, alors disons que nous t'enlevons ce collier... Mais à la moindre incartade, cette fois ci, je sévirai.
Shandra haussa les épaules.
- Et comme tu te fiches des représailles que je pourrai prendre, c'est Myraël et tout la famille Majere qui paieras tes pots cassés.
La jeune fille pâlit.
- Ca te convient ?
- Très bien, j'accepte le deal...
Exers fourragea un instant sur la serrure du collier et la bande de métal tomba au sol. Il la ramassa et la rangea dans un grand coffre de bois blond.
Shandra s'apprêtait à sortir de la tente lorsqu'elle lança à Ripper.
- Au fait, les morsures, ca va mieux ? Demanda-t-elle avec un sourire impudent et un coup d'œil délibéré à l'entrejambe du Garde.
Ripper se fendit d'un sourire un peu jaune.
- Dehors petit monstre !
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Varune, antre de Samaël
Le dragon regagna son antre et se vautra sur son lit d'or natif.
D'une pensée, il convoqua Estéhaulan.
Le jeune homme le rejoint et s'assit entre les antérieurs de la bête.
- J'ai un message de ton arrière grand-mère. Commença le dragon.
- Un message ?
- Ta mère va bientôt revenir à Varune pour réclamer son trône...
'Lan hoqueta.
- Je...Je pourrai la voir ? Demanda-t-il d'une toute petite voix. Je me tiendrai tranquille. Assura-t-il avec appréhension.
- Mon petit. Mais bien sûr que tu va la voir. Et je suis sûr qu'elle sera ravie de voir quel bel homme tu es devenu.
'Lan soupira et se serra contre la peau écailleuse du dragon.
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Temple de Daltigoth, Ergoth du Sud, le lendemain
Raistlin démonta.
Caramon l'imita.
- Je t'accompagne mon frère.
- C'est hors de question Caramon. J'ai des questions à lui pauser et je te connais. Tu serais capable de l'embrocher simplement pour ce qu'il a tenter de faire il y a quinze ans.
- Mais...
- C'est non Caramon. Tu restes avec les autres.
L'archimage lança un regard suppliant à Pyra et Dalamar qui mirent pied à terre.
- Et pourquoi eux ils t'accompagnes ? Demanda, intrigué, Rivebise.
- Parce que Dalamar est mon amant et le père de ma fille, et parce que Pyra est plus une grande sœur pour moi que n'importe qui d'autre. S'emporta l'archimage, visiblement à bout de nerf.
Rivebise lança un regard horrifié à Tanis qui était aussi effaré que lui.
Les allusions étranges de tout un chacun prenant enfin une vrai signification.
Lunedor, Laurana et Tika échangèrent également un regard tout aussi effondré, mais plus par l'aveuglement chronique que leurs époux respectifs que pour autre chose.
Les trois mages s'éloignèrent.
Il s'arrêtèrent devant l'un des plus petits Temple de Paladine qu'ils ai jamais vu.
Raistlin toqua à la porte.
Une vieille dame leur ouvrit et eut un mouvement de recul en voyant les robes noires.
- Oui ?
- Nous voudrions voir Valoran, s'il vous plait...
- Suivez moi. Soyez gentil avec lui, il est un peu...ailleurs.
- Nous le connaissons. Temporisa Dalamar.
- Oh !? Ah, c'est vous...Ne lui faites pas de mal. Il est gentil. Et il nous rends bien des services. Sans lui, nous aurions eut de nombreux décès ses dernières années.
- Comment cela ? S'étonna Raistlin.
- Dans un certaine mesure, il peut voir l'avenir. Vois allez le voir, il joue avec ses peluches, lève le nez et vous conseil de ne pas aller à la mine nord le lendemain. Ca ne rate jamais, vous pouvez être sur que des étais lâcherons le lendemain. Et c'est pareil pour les récoltes ou le temps...
- Je vois. Murmura l'archimage.
- Nous y sommes.
La vieille ouvrit une petite porte et les trois mages entrèrent dans une petit cour intérieure.
Assis par terre, jouant avec deux chiens en peluche, le mage blanc fixait la fontaine sans la voir, un petit sourire jouant sur ses lèvres pâles.
2 ème Epoque : Chapitre XXIV
Valoran
L'ex-mage fixait le bassin avec attention. Quelques carpes nageaient au fond et il pouvait rester des heures à les regarder tourner en rond.
Il serra contre lui les petites peluches que la prêtresse du temple lui avait donné et se pencha un peu en avant.
Un présence se fit sentir près de lui et il se rencogna un peu plus sur lui même, effrayé par les étrangers qui le fixaient sans la moindre aménité.
Raistlin lança un regard froid à Valoran et retint un bruit obscène. Les derniers lambeaux de la peur qui l'avait paralysé pendant des années s'évanouirent et il se sentit tout à coup très idiots d'avoir craint pendant quinze ans le souvenir d'un homme qui n'aurait même pas été capable de s'habiller tout seul.
- Il faudra que je pense à remercier ce vieux fou. Grinça-t-il
Il s'approcha de Valoran et s'accroupi près de lui.
- Bonjour Valoran...
Le plus petit des trois étrangers s'approcha de lui et Valoran sentit la panique l'envahir.
Il savait qu'il connaissait cet homme, mais le souvenir en était si douloureux qui le censura et se contenta de fixer le mage au cheveux blancs en serrant un peu plus ses peluches.
L'homme s'accroupit à sa hauteur et plongea un dérangeant regard d'or liquide dans le sien.
Valoran se sentait piégé, comme une souri devant un serpent, il ne pouvait faire un geste. Des souvenirs lointains l'assaillirent et il gémit.
************************
Rivebise bavardait à voix basse avec Tanis. Le barbare hésitait visiblement et le demi-elfe ne pouvait lui être que de peu d'aide car aussi hésitant que lui.
Finalement, les deux hommes se décidèrent.
- Caramon, on peut avoir quelques explications ?
- A quel propos ?
- Ton frère et Dalamar...
- Hé bien ?
- Hé bien explique nous !
- Vous expliquez quoi ? Ils vivent ensemble, ils ont une fille, c'est tout.
- C'est tout ! Tu plaisantes ! Je croyais que Raistlin était un homme pour commencer.
- Oui, c'est le cas.
Un kiwi nain passa un bout d'aile dans le décors. (1)
- Et, ca ne t'étonnes pas ?
- J'étais là quand Raistlin à accouché de Shandra, et Tika à aidée à la délivrance. Crois-moi, elle est bien de lui.
- MAIS QUI EST LA MERE ?! S'emporta Tanis.
- Raistlin, je viens de te le dire.
- MAIS C'EST PAS POSSIBLE CA !
Une jubilation mauvaise au cœur, Caramon parla comme s'il parlait à un demeuré.
- Tanis, Raist est un mage, tu suis jusque là ?
- N'en rajoutes pas !
- Bien, il peu plus ou moins faire ce qu'il veut grâce à sa magie. Il pourrait te transformer en ornithorynque s'il le souhaite...
- Epargne moi ce gag répétitif !
- Certes, mais en quoi est-il plus difficile pour un archimage de transformer quelqu'un en pingouin plutôt que de changer de sexe.
Le kiwi nain repassa dans l'autre sens. (2)
************************
Raistlin lança un regard désolé à Dalamar et constata que les pulsions homicides de l'elfe avait disparu aussi bien que ses propres peurs.
- Nous ne te voulons pas de mal, Valoran. Commença-t-il. Nous sommes juste venu pour voir comment tu allais.
Raistlin tendit la main et Valoran recula, la terreur au fond des yeux.
- Tu l'effrayes Raist. Si tu me laissais faire ? Demanda Pyra.
La magicienne s'accroupit à son tour devant le mage.
- Ils sont jolis tes chiots, ils s'appellent comment ?
Valoran ne savait pas où se mettre. Des souvenirs si douloureux qu'ils lui obscurcissaient toute pensées lui remontaient en mémoire et il ne pouvait le supporter.
L'homme ferma son esprit à toute pensée, se refusant à réfléchir, n'acceptant que de ressentir.
Le mage noir aux cheveux blancs se pencha vers lui et une terreur absolue l'étreignit. Il savait que cet homme ne pouvait que lui faire du mal. L'elfe derrière lui l'effrayait encore plus. Confusément, il sentit qu'il leur avait fait du mal et qu'ils avaient toutes les raisons de lui faire plus de mal encore. Il recula et se recroquevilla de son mieux. La femme au cheveux rouges s'approcha à son tour. Elle détourna son attention de lui et ne s'intéressa qu'a ses petits. Elle semblait gentille. Pas aussi âgé que la prêtresse du temple mais aussi gentille et patiente. Il leva les yeux et lui répondit d'une toute petite voix lorsqu'elle s'adressa à lui.
- Euthanos et Salys, Madame.
Pyra secoua la tête avec fatalité. Comme elle le craignait, l'homme refusait la mort de ses familiers et se raccrochait à toutes les possibilités pour les faire revivre. Il y avait fort à parier qu'il serait incapable de faire la différence entre les peluches qu'il serrait convulsivement et les vrais familiers.
Elle tenta une autre approche.
- Dis moi Valoran. Un ami à moi m'a dit que tu pourrais sans aucun doute m'aider. Crois-tu qu'Euthanos et Salys accepteraient que tu m'aides à récupérer mon petit ?
Valoran pencha la tête sur la côté et écouta avec attention la requête de la jeune femme qui lui souriait.
- Il est partit votre petit ?
- On me l'a pris, et je tiens à lui encore plus fort que tu tiens à Salys et Euthanos. Tu penses qu'ils vont m'aider ?
Le mage fronça les sourcils. Ses familiers étaient tout pour lui et il eut la fugitive impression qu'il oubliait quelque chose.
Les deux autres mages noirs s'agitèrent un peu à l'arrière.
La magicienne voyait que Raistlin et Dalamar s'impatientaient mais n'avait pas d'idée pour accélérer les choses. Elle jeta à ses deux amis un regard mauvais et les enjoignit silencieusement à se tenir tranquille. Elle passa un bras autour des épaules de Valoran. Le petit blond se tendit puis finit pas se détendre.
Il monta ses peluches jusqu'au niveau de ses yeux et sembla s'abîmer dans une profonde discussion avec eux.
- 'Dit, qu'est ce que je doit faire ? Demanda-t-il silencieusement à Salys.'
Comme à son habitude, le jouet ne répondit pas.
- 'Pourquoi vous me faites la tête ? Je n'ai rien fait de mal !'
Deux grosses larmes naquirent au coin des yeux du jeune homme.
Il leva une regard désespéré sur Pyra.
- Il ne veulent pas me répondre. Ils ne veulent plus me répondre... Ils ne m'aiment plus...
Pyra secoua la tête d'accablement. Incapable de consoler le magicien fou, elle fit la seule chose qu'elle pouvait, elle le serra fort, fort contre elle.
- Ne t'inquiètes pas, il arrivera bien un moment où ils voudront de nouveau ta parler...
Derrière elle, Raistlin en eut assez. Prenant sa décision, il s'approcha d'eux sans bruits.
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- Attends, tu veux dire que Raistlin s'est transformé en femme, est tombé enceinte de Dalamar, et a mit au monde un enfant puis est redevenu un homme.
Tika s'approcha à son tour suivit de Fizban. Tous les deux applaudirent Rivebise à tout rompre.
- Bravo, il a compris !
Le barbare leur jeta un regard un peu frais.
- Enfin, la transformation originelle de Raist n'était pas prévue, mais bon. L'un dans l'autre, il n'a pas trop mal tourné. Depuis qu'il a Dalamar pour le cornaquer, Pyra pour détourner ses pulsions homicides et Shandra à aimer, on peu dire qu'il est relativement stable. Ajouta Fizban.
- Vous y êtes pour quelque chose hein ?
- Il se peut que j'ai légèrement influé sur les préjugés naturels de Dalamar, mais c'est surtout Pyra qu'il faut remercier.
- Mais qui est cette fille à la fin ? Demanda à son tour Laurana en se joignant à la conversation, pas plus étonnée que ça par les aventures de Raistlin.
Dersandre de répondre.
- L'impératrice de Varune, la plus puissante magicienne de l'Empire, la première prêtresse de Llouwellyn, et un ancien membre de la Garde Noire. C'est pour cela qu'elle connaît si bien leurs méthodes. Elle nous a plus ou moins tous élevé, notre mère étant trop occupée par le trône et ses multiples grossesses pour s'occuper de nous.
Le nez de la princesse elfe s'allongea de deux aunes.
- Elle a pas grand choses d'une reine...
- Elle a quittée Varune un peu avant ses seize ans. Personne ne sait pourquoi. C'était juste après qu'Hariel ait tué Striker et ait pris sa place. Mais ne vous fiez pas à son sourire charmeur, elle est dangereuse...TRÈS dangereuse...
Tanis et Rivebise eurent une moue dubitative. Fizban secoua la tête avec accablement, Caramon et Tika hochèrent la tête avec approbation et Lunedor et Laurana ne semblaient guère convaincues.
Varzil porta la main à son épée et murmura d'une voix âpres qui portait loin.
- Nous avons de la visite...
************************
Raistlin passa devant Pyra qui lui jeta un regard étonné.
Avant qu'elle n'ai pu faire un geste, il arracha les peluches des mains de Valoran et tira sa dague. Dans un mouvement délibérément théâtrale, il posa la pointe de l'arme sous la gorge de tissu des jouets.
- Finit de jouer Valoran. Tu va gentiment répondre à nos question ou tes amis vont avoir de gros problèmes de santé.
Valoran se détendait sous la caresse de Pyra lorsque le mage noir aux cheveux blancs s'approcha de lui. Avant qu'il ne réalise, il lui avait arraché ses petits et les menaçaient d'une arme. Il fit mine de se lever mais la lame s'enfonça dans la peau délicate des familiers.
L'ex-mage gémit.
- Ne leur faites pas de mal, je ferai ce que vous voulez... Pleura-t-il
La vieille prêtresse s'insurgea. Ce n'était pas des façons de traiter un malade !
Elle fit deux pas en avant, mais un regard de l'elfe la dissuada de faire un pas de plus.
- Il ne va pas lui faire de mal. Je le connais assez pour savoir ce qu'il a en tête. Croyez moi. Valoran a beaucoup à gagner dans l'affaire. Murmura Dalamar en caressant distraitement la tête de son chaton qui dépassait du devant de sa robe en ronronnant.
- Répond à mes questions. Que va-t-il arriver aux enfants ? Que peux-tu me dire sur les événements à venir.
Valoran était au bords de la panique.
Le mage noir semblait près à tuer ses petits.
Il tenta bien de réfléchir, peut-être qu'en lui mentant, en inventant une histoire de toute pièce...
Il lança un regard suppliant à Pyra.
La jeune femme baissa les cils avec encouragements.
Il dit la vérité au mage noir.
- Je ne sais pas. Je ne vois rien. Ca ne marche pas comme ca... Je vous en prie, rendez moi Euthanos et Salys...
Raistlin fixa de longues secondes Valoran.
- Non, je ne te les rends pas. Ce ne sont pas Euthanos et Salys, ce ne sont que des jouet. Répliqua froidement l'archimage en déchiquetant les jouets sous le regard horrifié de Valoran. Essaye de te rappeler ce qui c'est passé avec les vrais. Rappelle toi comment Amiel les a égorgés. Ce ne sont que des peluches ! Insista-t-il implacablement en brûlant les reste des deux jouets.
Valoran poussa un gémissement d'absolu désespoir. Les évènements lui revenaient en mémoire sans qu'il puisse les bloquer.
Un sanglot convulsif éclata dans sa gorge.
Raistlin baissa un regard compatissant sur l'ex-mage et lui posa une main sur l'épaule. Plus doucement qu'il lui avait parlé jusque là, il repris, aveugle au regard furieux de Pyra.
- Tes familiers sont morts. Tu ne les fera pas revivre en jouant avec des peluches. Valoran, lève les yeux.
Le mage obéit.
Raistlin fouilla un instant dans sa robe et en sortit ce qu'il cherchait. Il posa deux boules de poils gesticulantes dans les mains de Valoran. L'homme cessa de pleurer, toute son attention fixée sur les chatons.
Raistlin profita de son immobilité pour lui prendre les mains et jeta un coup d'œil à Pyra qui compris son idée. La magicienne fouilla sa mémoire en quête du sort approprié et fit signe à Raist qu'elle était prête.
L'archimage murmura un sort qui trouva son écho dans celui de la magicienne.
Dalamar rit doucement.
- Un sort de familier. Expliqua-t-il à la prêtresse qu'il avait été obligé de retenir à bras le corps pour l'empêcher de se jeter sur Raistlin. A eux deus, ils ont put le contraindre entre Valoran et les chatons.
La vieille femme lui lança un coup d'œil intrigué.
- Qu'est ce à dire ?
- Vous allez voir...
Les chatons se turent et braquèrent un regard aussi humain qu'intelligent dans les yeux rougit de Valoran. Raistlin et Pyra reculèrent un peu. Les trois robes noirs purent assister à un spectacle qu'ils auraient eut peine à imaginer. Le regard du jeune mage blanc passa d'un statut presque animal à celui d'humain pensant.
Avec un petit piaulement de joie, il serra doucement les petits félins, visiblement aussi heureux que lui.
- Comme si on lui avait rendu la moitié de son âme. Constata Dalamar avec un grand sourire à Raistlin.
- Il devait accepter son deuil pour que le sort fonctionne...
- Tu nous a quand même fait peur !
Valoran était heureux. Les petits coups de têtes affectueux de ses deux nouveaux amis le remplissaient de joie et leur babillage enfantin emplissait son esprit d'amour.
Il se leva et s'approcha des trois mages.
Il posa une main sur le bras de Pyra.
Un voile obscurci ses pensées. Il secoua la tête.
- Merci murmura l'ex-mage.
Raistlin gratouilla la tête du chaton qui lui restait.
- Prends en soin.
- Je le ferai
Les robes noires repartirent.
Alors qu'ils allaient repartir, il saisit Pyra par la manche.
- Prenez garde à la Déchirure...
La magicienne pâlit affreusement.
************************
Fizban sourit pour lui même.
- Bien, il est temps de nous séparer annonça-t-il à la cantonade.
Une quinzaine de paires d'yeux surpris le fixèrent.
- Ton frère à fait ce que j'attendait de lui, Caramon. Tu peux être fier de ton jumeau, mon petit !
Sur ceux, il remonta sur sa mule et disparu.
Les hommes qu'avaient entendu Varzil s'approchèrent davantage
(1) les Daniels sont toujours en épuration ethnique, les Didier également et les Baalbérith s'en foutent. J'avais que ça sous la main.
(2) Auteuse cherche ange de bonne composition pour passer et repasser pour CDI temps partiel. Faire parvenir CV et photo.
2 ème Epoque : Chapitre XXV
Striker
Varune, tunnels extérieurs
Vicero dormait d'un sommeil agité.
Les doigts encore poissés du sang de son dernier meurtre, le cadavre de sa victime gisant sur la couche près de lui, il n'arrêtait de se tourner et de se retourner sous ses draps que pour enfoncer ses ongles dans le matelas avec rage.
Une main se posa sur son épaule et il se réveilla en sursaut.
Isander évita la dague avec l'aisance de l'habitude et un petit sourire pervers naquit sur ses lèvres.
- Crétin ! Grogna Striker. Un de ces jours, je vais finir par te tuer.
Un ricanement cynique lui répondit.
- On ne tue pas un mort, Vic !
Striker renifla.
- A propos de cadavre, où sont Wintor et Raël ?
- Ils nous attendent. Que te veux le Régent encore ?
- Ressusciter des morts, mon vieux, ressusciter des morts...
Salom eut une petite moue intriguée et suivit son chef hors de la petite grotte
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Dévadoris s'appuya sur les béquilles que lui avait donné Sandor et quitta la bibliothèque. Son maître voulait la voir dans ses appartements et il n'était son genre de faire attendre son professeur.
Elle négocia lentement une volée de marches et toqua à la porte de bronze de Sandor.
Elle entra sur son ordre et s'affala dans le fauteuil que le mage lui approcha.
La fillette posa son pied sur le cousin devant elle et attendit.
- Ta mère va bientôt nous rejoindre. Comment va ta jambe ?
- Ca va mieux. Sourit stoïquement l'enfant.
- Ne me ment pas. Dit le si tu as mal.
- Ca va aller. Affirma-t-elle.
Sandor secoua la tête.
- Décidément, je vais finir par croire que le prénom influence réellement le caractère. Tu es aussi bornée que ta tante !
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Hamelet s'impatientait.
Le Régent n'était pas connu pour sa patience et Striker prenait un malin plaisir à l'irriter au plus au point.
L'époux de la reine refreina son impatience. Il avait besoin de l'ex garde noir et de ses acolytes...pour l'instant.
Il sourit. La vie de ce monstre ne serai plus très longue lorsqu'il aurait ce qu'il voulait et que La Reine Noire l'aurait récompensé à sa juste valeur.
Il s'assit sur une grosse pierre et attendit.
Dans quelques minutes, Striker rencontrerait la Reine et devrait s'incliner devant son pouvoir...
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Méléria traversa les longs tunnels qui séparaient le Palais de la Tour de Sandor.
Elle repris son souffle devant le portail et entra. Elle grimpa le petit escalier et entra dans les appartements de son arrière grand oncle.
Sandor se leva et la salua.
- Méléria, mon enfant, cela faisait bien longtemps que tu n'étais pas venu ici. Je suis ravi.
- Pourquoi m'avoir fait venir.
- Pour ta fille.
- Ma fille ?
- Elle a été gravement blessée...
La Reine ne parut pas s'émouvoir outre mesure.
- Oh, ce n'est guère étonnant...
Sandor lança un regard dégoûté sur la jeune femme.
- Elle est ici. Recommença-t-il en aidant la fillette à ce lever.
- Bonjour mère. Murmura l'enfant.
Méléria haussa un sourcil.
- Qu'as tu donc encore fait ?
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Isander se glissa dans un recoin d'ombre, Renfern et Vandover l'imitèrent.
- Salut, Hamelet. Appela Striker.
Le Régent sursauta.
- Ha, Tout de même ! Vous avez près d'une heure de retard.
Vicero haussa les épaules.
- Quelle importance ?!
- ELLE ne sera guère satisfaite.
Une infime lueur de curiosité glissa dans les yeux du tueur.
- ELLE ?
- Vous la rencontrerez bien assez tôt. Suivez moi. Vos hommes peuvent venir.
Striker camoufla sa déconfiture. Jamais le Régent n'aurait du se rendre compte de la présence des autres.
Il ferma les yeux et murmura quelques mots. Une aura noirâtre, sale et malsaine visible pour ses seuls yeux entoura l'homme.
Pour la première fois depuis des années, un doute l'effleura.
Le Régent s'enfonça dans un petit boyau camouflé par la végétation.
- Attention la tête. Prévint-il un peu tard.
Striker tâta sa bosse.
- Merci de prévenir. Grinça-t-il
Hamelet renifla et avança.
Avec un aisance déconcertante, il parcourut un centaine de mètres et se retourna. Il patienta une longue minute que les ex-gardes noir l'ai rejoint puis poursuivi son avance, s'arrêtant souvent pour permettre aux hommes d'élite de le rejoindre.
Striker se sentait de moins en moins à l'aise. L'étroit boyau n'avait pas du être utilisé depuis des siècles et une impression oppressante, poussière, mais terriblement réel de pouvoir le faisait avancer avec une prudence qui n'était pas dans sa nature.
Salom se glissa près de lui.
- Ca pue la magie ici...et la magie noire. Rien à voire avec ce que pratique ton frère.
- Je le sent aussi. Confirma Renfern. Le pouvoir qui vit ici est ancien, et très puissant.
- Je le sent pourtant prisonnier. Contra Isander.
- Mais pas par le Régent. Il n'est que son intermédiaire.
Vicero acquiesce et ils reprirent leur avance, stupéfiés par la vitesse et l'agilité du Régent.
Enfin, Hamelet s'arrêta devant une lourde porte de bois noir.
- Où sommes nous ?
- Sous l'ancien palais... Dans les salles de torture pour être exact.
Striker eut un sourire pervers.
- Je sent que je vais me plaire ici...
Le Régent ouvrit un petite porte et se glissa dans l'alcôve dévoilée.
Il s'agenouilla devant la statue de métal et intima aux autres de faire de même.
Terrassés par l'impression de puissance qui se dégageait de la statue, ils obéirent.
Striker laissa son regard dériver autour de lui pendant que le Régent s'abîmait en actions de grâce pour la déesse.
Finalement, il reconnu l'odeur métallique qui lui embaumait les narines depuis qu'ils étaient entrés. C'était l'odeur du sang. Ce qu'il avait prit pour de la peinture marron était du sang séché. Etrécissant les yeux, il distingua les petits cadavres des enfants qui avait fournis la matière première à la décoration.
Un large sourire barra le visage de l'ex-garde noir.
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Sandor était outré, mais il se contint et porta Déva jusqu'au divan. Méléria se planta devant la fillette.
- Qu'as-tu donc fait, mon enfant ?
- Je n'ai rien fait mère. Murmura la petite. Père ma battu...
La Reine fronça les sourcils.
- C'est donc que tu as fait quelque chose de grave. C'est un homme trop gentil pour perdre son sang froid sans raison. Je suppose qu'il va falloir que je te punisse à mon tour. Continua la Méléria d'une voix polaire
Dévadoris sentit des larmes lui monter aux yeux.
- Mais je n'ai rien fait ! Je m'entraînais juste dans le patio et il a commencé à me frapper sans raisons.
- Ne me ment pas ! Ton père ne ferait jamais une chose pareille. Il a même été assez gentil pour me taire tes bêtises pour que je ne te punisse pas comme tu le mérite. Et toi, tu l'accuses ! Je ne supporterai pas cela encore très longtemps, mon enfant. Dit moi la vérité ! Qu'as-tu fait !
- Mais rien. Pleura Déva.
Sandor intervint.
- Il suffit Méléria. Ta fille te dit la vérité. Hamelet l'a battu sans raison. Ce n'était pas la première fois, mais il ne l'avait jamais battu à ce point. Il a faillit la tuer !
La Reine se redressa de toute sa faible hauteur.
- Ne soit pas ridicule mon oncle. Jamais il ne ferait cela. Je sais que tu ne l'aime pas. Dévadoris est un peu idiote. Qui me dit que ce n'est pas toi qui lui a mit de telles idées en tête ! Tu as toujours voulu que Hamelet parte.
- Cet homme est dangereux ! Il te drogue depuis des années ! Et je suis sûr qu'il n'est pas innocent de la mort de Vanda. Il veut ton trône. Il ne cherche que le pouvoir.
- Cela suffit ! Encore un mot de votre part sur le sujet et je fait interdire l'accès au Conseil. Dévadoris, enlève moi ces bandages ridicules, tu rentres au palais avec moi, et tu n'aura plus aucun cours avec Sandor.
- Il est hors de question qu'elle quitte cette tour. Gronda Sandor sur le ton le plus menaçant qu'il ai jamais utilisé avec ses petits-neveux.
Méléria recula d'un pas.
- Je ne savais pas que tu avais goût pour les petites filles, Sandor. Je comprends mieux pourquoi ma sœur passait son temps avec toi. Persifla-t-elle.
Le mage perdit son sang froid et une gifle retentissante envoya la jeune femme bouler à plusieurs mètres.
- Je pourrais te faire exécuter pour cela, mon oncle.
Sandor renifla.
- Je m'étais trompé sur ton compte Méléria. Je pensais que tu avais le cran et la lucidité nécessaire pour régner, mais il n'en ai rien... Profite bien des quelques années de règne qu'il te reste. Dévadoris reste ici avec moi. Lorsque le temps sera venu pour elle, elle montera sur le trône. Je te conseil de ne pas te mettre en travers de mon chemin à ce moment là. Je serai désolé d'avoir à te tuer. Mais ce ne serai pas le première fois que je tuerai pour le trône...
Méléria était livide. Avec un cri de rage, elle quitta la Tour en claquant la porte derrière elle.
Sandor prit Déva dans ses bras et la berça doucement.
- Là mon enfant. Tout va bien ce passer...
- Pourquoi elle me hait. Sanglota la fillette.
- Les drogues que lui fait prendre ton père altèrent son jugement. Mentit le mage. Elle t'aime, mais elle ne sais qu'obéir aux ordres induits par les poisons.
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Les yeux de la statue brillèrent.
- Hamelet... Qui sont ces hommes ?
Le Régent présenta rapidement Vicero et ses amis.
- Bien, très bien...Murmura la Reine de Toutes Les Couleurs et d'Aucune. Ripper ne se conduit guère comme je l'avait espéré. Je veux que vous vous occupiez de lui.
Un sourire avide s'afficha sur les lèvres des quatre ex-gardes.
- Ce sera avec le plus grand plaisir, Reine Noire. Confirma Striker.
- Tuez Les Gardes Noirs et les hommes qui les accompagnent. Personnes ne doit savoir. Ramenez les prisonniers ici....
- Oui ma Reine.
- Mais attention, je veux les enfants, TOUS les prisonniers, en parfait état.
Vicero et Wintor eurent une moue dépitée.
- Vous pourrez en faire ce que vous voudrez APRES que je les ai utilisés. Mais il me les fait intact...
- Comme vous voudrez. Bouda Striker.
- Par contre, les Gardes sont à vous...
Striker se fendit d'un nouveau sourire pervers.
************************
Samaël feuilleta le grimoire du bout des griffes et tomba sur le sort qu'il cherchait.
- Etudie bien celui-ci, 'Lan...'Lan ?? ESTEHAULAN !!?? Je te parle !!!
Le jeune homme sursauta .
- Pardon, je pensais à ma mère.
Le dragon referma le grimoire et le rangea sur son étagère. Il prit forme humaine et serra 'Lan dans ses bras.
- Qu'y a-t-il ?
- Et si elle ne m'aime pas... Et si elle ne veux pas de moi... Après tout, elle m'a abandonnée ! Et si je ne la reconnais pas ??
- Ecoutes, mon ami. Ta mère est partit parce qu'elle n'avait pas le choix. Et pour ce qui ai de la reconnaître, mets toi une robe, du rouge à lèvre et défait tes cheveux, regarde toi dans un miroir et tu saura à quoi elle ressemble. Sauf ses yeux qui sont gris acier.
- Mais et si...
- 'Lan, fait moi plaisir et fait moi grâce des "Mais" et des "Si". Il n'y aura aucun problème. Tu veux bien te remettre au travail maintenant ?
Le jeune homme se fendit d'une petite moue boudeuse.
- Pas envie...
- Et tu veux faire quoi alors ?
- Heu...Laisses moi réfléchir...Rester dans tes bras et ne pas bouger jusqu'à l'heure du dîner. Répondis Estéhaulan avec un petit sourire mutin.
- Espèce de petit monstre ! Rit le dragon en le serrant plus fort contre lui.
Varune sourit à son tour. Ses manœuvres n'étaient peut-être pas très jolies-jolies, mais elles portaient leurs fruits. Et Samaël méritait qu'elle se donne du mal pour infléchir les évènements.
La Reine saisit le fil qu'elle avait patiemment tissé et le renforça encore un peu plus, suffisamment doucement pour que ni "l'enfant" ni le dragon ne se doute de rien...
2 ème Epoque : Chapitre XII
Trajets
Palanthas, Tour de Haute Sorcellerie, quinze jours plus tard
Pyra fourrageait frénétiquement dans la penderie de sa chambre. Elle attrapa au vol plusieurs robes et les jeta derrières elle. Un Gardien les récupéra avant qu'elles ne tombent et les plia bien proprement avant de les ranger dans le sac de voyage de la jeune femme.
La porte de la chambre s'ouvrit en coup de vent et un petit elfe suivit d'une jeune beauté demi-elfe s'engouffrèrent dans la pièce en riant.
Ils se turent instantanément en voilà leur "tante" faire ses valises.
- Tu t'en va ? Demanda Shandra.
- Tu sais bien que je suis incapable de rester longtemps au même endroit...et puis vous n'avez plus besoin de moi ici. Tes pères ont gentiment acceptés de s'occuper de Myraël, alors je peux partir l'esprit tranquille.
L'enfant s'insurgea.
- Mais je veux venir avec toi !
- C'est hors de question ! Pas là où je vais !
- C'est à dire ? S'enquit une troisième voix
- Tu va pas t'y mettre aussi, Raist !
L'archimage haussa un sourcil et eut un petit sourire madré.
Pyra retint une petite pointe de culpabilité en voyant la fatigue qui marquait le visage de l'homme. Plusieurs crises le terrassaient chaque jour et bien qu'il ne le montrait pas, il était terrifié à l'idée que la Reine reprenne son emprise sur lui, et quelque part, elle se sentait responsable de lui.
- Dalérion m'a proposé de l'accompagner jusqu'à Pierre-Blanche. De là, j'irais peut-être faire un saut chez moi...ca fait des années que je n'ai pas mis les pieds à Varune.
Une petite flamme de pure curiosité flamba dans le regard de Raistlin.
- Et comment iras-tu, personne n'a jamais trouvé l'entrée de l'Empire.
- Oh si, c'est juste que personne n'a jamais voulu le quitter...Où que personne n'a voulu en parler. C'est un lieu très particulier...
Raistlin abandonna et haussa les épaules.
- Enfin, repasses nous voir à l'occasion, et ne t'en fais pas, on va bien s'en occuper de ton adopté.
Pyra se fendit d'un grand sourire en jetant son sac sur son épaule.
Ils descendirent le grand escalier de pierre et sortirent de la Tour. Pyra entra dans la petite écurie que les deux mages avaient fait construire au pied de l'édifice et elle en sortit sa jument de bataille. Elle la harnacha rapidement et se hissa en selle comme Dalamar revenait de la ville, visiblement dans une rage folle.
Raistlin s'approcha du père de sa fille et lui passa un bras autour de la taille.
L'elfe frémissait de colère et tous pouvaient voir l'effort qu'il faisait pour contrôler la bouffée de magie brute qui menaçait de s'échapper sous la haine.
L'archimage projeta ses boucliers autours d'eux et l'elfe se calma graduellement.
- Qu'est ce qui t'arrives ?
Dalamar ne répondit pas et s'approcha du mur de l'écurie et tapa du poing dedans.
Pyra se pencha sur l'encolure de Lance D'acier.
- Tu as aperçus ton frère ?
L'elfe lui jeta un regard noir.
- Qu'est ce qu'il vient foutre ici ?...
- Il m'attend.
Dalamar en oublia sa colère pour de l'étonnement pur et simple.
- Quoi ?!
- On doit aller faire un p'tit tour entre potes...
L'elfe revint à la charge.
- Espèce de sale traîtresse..
Pyra en eut soudain assez, elle jeta un regard froid sur l'archimage écumant et prit sa décision. Elle fit volter du genou la jument et la fit avancer sur Dalamar. Avant qu'il ait eut le temps de réagir, elle l'avait attrapé par le col de la robe et jeté en travers de sa selle comme une couverture roulée. Elle le bâillonna en lui fourrant un mouchoir dans la bouche et l'immobilisa d'un petit sort bien placé. Convulsé de colère, l'elfe était aussi impuissant qu'une tortue sur le dos.
Raistlin voulu intervenir.
- Heu, Pyra...
- Bon, alors, vous venez ?
- Où ça ?
- Voir Dalérion bien sûr. Je ne partirais pas tant qu'ils n'auront pas réglé leurs différents tous les deux. C'est vrai, c'est canulant à la fin...
Raistlin eut une petite moue dubitative.
************************
Allée de la Reine.
Ripper se retourna sur sa selle et observa les hommes que le Régent lui avait fournit. Quinze jours d'effort les avaient un peu remis en état, mais ils étaient loin de ressembler à une troupe d'élite et l'humain regrettait de plus en plus de ne pas avoir fait appel à sa petite sœur.
Baxter approcha sa monture de la sienne et se penche vers lui.
- Nous allons bientôt arriver. Le tunnel se termine. Tu ne crois pas que tu devrais parler aux hommes ? Ils ne sont jamais sortit après tout et ils risquent de paniquer...
Hariel soupira de contrariété.
- Demande à Taradon de le faire...
- C'est toi le patron !
- J'ai donc toute autorité pour délégué à mes subordonnés.
Baxter haussa les yeux au ciel et redescendit la colonne humaine en quête de son collègue.
Le Capitaine Rif l'arrêta.
- Nous arrivons n'est ce pas ? L'air est plus léger. Les hommes commencent à s'inquiéter...
- Il n'y a aucune raison. Nous ne sortirons pas tout de suite dans le grand monde de toute façon. Nous allons passer un peu de temps dans une grotte, le temps que le bateau arrive.
- Le bateau ?
- Ben oui, l'entrée de l'Allée est sur une île...
- Avec de l'eau autour ?
- C'est la définition même d'une île. Sourit le Garde.
Le Capitaine avala sa salive.
- On va pas être obligé de nager, hein ?
- Meuh non ! C'est prévu pour.
Rif se détendit un peu.
- Quand arrivons nous ?
- Moins d'une heure.
- Je vais prévenir les homes.
- Taradon vous fera un petit speech avant que nous ne sortions.
************************
Dalamar se débattait comme il pouvait et lançait périodiquement des regard furieux à Pyra qui ne s'en émouvait pas plus que ça.
Raistlin et les enfant avaient rapidement sellé leurs chevaux et l'avait rattrapée vers la Place du Marché.
Dévadoris ferma ses doigts sur les rênes et Lance verrouilla ses articulations en position d'arrêt.
Elle mit pied à terre et jeta l'elfe sur son épaule.
- Garde mes affaires. Ordonna-t-elle à la jument.
La bête coucha les oreilles et Ekalaka se permit un petit ricanement mental.
Raistlin s'approcha d'elle.
- Tu ne crois pas que tu devrais lui permettre une tenue un peu plus digne ? Il va t'en vouloir à mort si tu le fait s'humilier de cette façon devant son frère.
La magicienne pencha la tête sur le côté.
- Tu as sûrement raison.
Elle déchargea l'elfe et leva le sort qui le maintenait immobile. Dalamar se jeta sur elle en crachant comme un chat.
- Espèce de salope prétentieuse...Qui crois-tu être pour m'imposer quoi que ce soit !?!
- SILENCE ! Tonna-t-elle, visiblement excédée.
Dalamar ferma la bouche avec claquement audible, et sentit un froid glacial lui envahir l'âme. Pour la première fois depuis bien des années, il eut peur.
Raistlin était aussi inquiet que lui car il se rapprocha et se plaça entre la magicienne et son ami.
- Tu vas rentrer dans cette fichue auberge et tu vas demander à voir ton frère. Tu va te réconcilier avec lui, ça je te le promet. Raist et moi allons t'accompagner pour être sur que ni toi, ni ton frère n'aurez de pulsions homicides l'un envers l'autre... et je suis sûre que Shand sera ravie de rencontrer son oncle.
La jeune fille hocha vigoureusement la tête.
Dalamar se dégagea de l'étreinte protectrice de son maître.
- Pyra, qu'est ce que ça peut te faire que 'Ler et moi soyons en mauvais terme.
La magicienne lui jeta un regard qu'il ne lui connaissait pas, impérieux et intransigeant.
- A la vérité, Dalamar, Pyra s'en fout complètement. Mais Dévadoris Kh'aa Selianna sait ce que représente une famille...
Raistlin ricana
- Et tu veux qu'on te donne du "majesté", aussi ?
L'altesse impériale disparut et la magicienne délurée revint à la charge.
- De toi j'accepterais n'importe quoi, mon chou. Susurra-t-elle en papillonnant des cils et en se frottant à lui.
L'archimage leva les bras au ciel.
- On peut jamais avoir de vrais conversations avec toi...
Dalamar s'avoua vaincu devant la coalition de sa famille élargie.
- Ca va, ca va, j'y vais...mais vous venez, hein ? Finit-il d'une petite voix enfantine.
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Ripper ordonna une halte et les cavaliers mirent pieds à terre. Les Gardes indiquèrent aux hommes où étaient les anneaux destinés à attacher les chevaux, puis les guidèrent vers l'extérieur.
Les hommes sortirent pour la première fois de leur vie de dessous la terre. La nuit était tombée depuis peu, et des nuages violets s'accrochaient encore à l'horizon. Les hommes s'extasièrent devant l'immensité du ciel au dessus d'eux et plusieurs restèrent pétrifiés devant l'étendue d'eau qui les entouraient de toute part.
Rif cristallisa les interrogations de ses hommes.
- Comment allons nous quitter ce lieu ?
Ripper sortit un petit coquillage de ses fontes et souffla dedans. Un curieux bruit, pas vraiment audible lui agaça les dents et il s'approcha du rivage. Il ôta ses bottes et rentra dans l'eau. Il s'arrêta lorsqu'il en eut jusqu'aux cuisses et recommença son appel.
Après quelques minutes, de frêles créatures à la peau légèrement vert pâle s'approchèrent de lui.
L'un des elfes marins glissa contre lui et se dressa hors de l'eau.
- Phandael, cela fait longtemps...
- Cela fait longtemps que personne de ton peuple n'est venu ici, Hariel. Que veux-tu, petit frère ?
L'humain sourit.
- Un bateau. Nous sommes chargés d'une mission par le trône...
- Je ne veux rien savoir des étranges arrangements que prennent les humains entre eux, mon ami. Fussent-ils de Varune. Bonjour petits frères. Salua-t-il Apher et Exers qui étaient à leur tour entrés dans l'eau.
- Quelles sont les nouvelles de la surface, frère humide ?
L'elfe aquatique haussa les épaules et ses branchies s'agitèrent.
- Bof, comme d'habitude, le Qualinesti et le Sylvanesti tentent de se rapprocher mais le refuse, les humains sont plus fous que jamais, les nains plus poilus et les ogres plus puants qu'ils ne l'ont jamais été. Tout baigne quoi !
Hariel se retourna et contempla ses hommes qui se serraient peureusement les uns contre les autres.
- Pour le bateau ?
- Il arrivera dans la matinée.
- Merci, mon frère.
- Pas de quoi, mon frère. Au fait, Amaranthe vient de me le rappeler. Ton frère est passé dans le coin il n'y a pas longtemps, une douzaine d'années à peine.
- Mon frère, lequel ?
- Damon.
Hariel s'enfonça dans un abîme de perplexité. Il haussa les épaules et remercia l'elfe aquatique avant de sortir de l'eau.
Les créatures disparurent aussi vite qu'elles étaient apparues et Ripper ordonna que le camp soit monté.
Lorsque tous les hommes furent installés, il abandonna le commandement à Baxter et s'éloigna du campement. Il passa devant le petit renfoncement rocheux que les elfes avaient annexé pour être tranquille et les laissa à leur étude d'anatomie comparée pour ne s'occuper que du cercle d'onyx qu'il cherchait.
Mesurant près d'un mètre de rayon, l'artefact attendait tranquillement que quelqu'un daigne l'utiliser.
Ripper l'effleura du bout des doigts et murmura quelques mots. Les messages laissés là par les derniers Kh'aa Selianna à être venus à la surface s'imprimèrent dans sa mémoire. L'un était de Dévadoris, un de Damon, et le dernier de Dersandre. Un petit sourire effleura les lèvres fines d'Hariel et il laissa à son tour un message pour celui ou celle de sa fratrie qui passerait par là.
Satisfait, il rebroussa chemin. Il repassa devant ses elfes et s'arrêta, méditatif, regrettant qu'il n'y ait pas de femelles dans la petite troupe. Haussant les épaules, ils s'approcha d'Apher et Exers.
- Je peux jouer avec vous ? Demanda-t-il, hésitant.
Le deux elfes lui sourirent et lui firent une petite place entre eux.
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Tunnels extérieurs, Varune
Sandor avançait d'un bon pas dans les galeries peu fréquentées. Estéhaulan trottinait derrière lui, râlant et pestant d'avoir à porter la petite Déva. Son désagrément n'était pourtant que pur effet de style car il s'était mis à apprécier la fillette cachottière qui faisait croire à tous depuis des années qu'elle était demeurée. Malheureusement, ses infirmités physiques, elles, étaient bien réelles et elle aurait été bien en peine de suivre son professeur si son frère d'étude ne l'avait pas aidée.
- Où allons-nous ? Questionna-t-elle.
- Un peu de patience, ma chère. Nous allons voir un vieil ami.
Ils marchèrent encore une bonne heure dans des tunnels de plus en plus petits, obscurs et mal entretenus avant que le vieux mage n'ordonnent une halte.
Le trois varunois venaient de déboucher dans une énorme caverne où paraissait un petit lac étale d'eau chaude.
Le mage mis ses mains en porte voix et cria.
- Samaël ! Sort de ton trou mon vieux. Tu as de la visite !
Une voix chaude et profonde comme aucun des deux enfants n'en avaient entendus sortit de nulle part.
- Sandor, mon vieil ami ! Que me vaut cette visite ?
- J'ai dut monde à te présenter.
Un bruit de craie sur une ardoise leur parvint des hauteurs insondables de la grotte et une ombre énorme apparut. L'ombre coula le long de la paroi et sauta dans le vide à quelques centaines de mètres d'eux. Elle ouvrit des ailes avec un claquement sec et se posa. L'ombre baissa sa tête énorme vers les trois humains et Dévadoris se sera contre 'Lan. Deux yeux rouges et rieurs se posèrent sur eux. Sandor tapota le museau formidable de la main et lui gratouilla le contours de l'œil.
- Samaël, arrêtes ça, tu fais peur à mes apprentis !
Un chaud rire de gorge sortit de la gorge de la créature et elle prononça un mot dans une langue que les apprentis mages ne connaissaient pas. Des braseros s'enflammèrent dans toute la caverne et les deux enfants purent enfin juger des proportions de leur hôte.
De près de quatre-vingts mètres de long, noir comme de l'onyx et tout aussi brillant, ses écailles, plus petites qu'une main semblaient plus douces que du coton. Les deux enfants restèrent bouche-bée devant l'être .
- Les enfants, je vous présente Samaël. C'est un très, très, très vieil amis des la famille impériale. C'est un Dragon.
2 ème Epoque : Chapitre XIII
Lignée
Solace
Les yeux encore tous embrumés de sommeil, Palin trempa sa tartine de pain au miel dans son thé et bailla à s'en décrocher la mâchoire. Il mâcha péniblement son petit déjeuner et finit son bol. Le soleil n'était pas encore levé et il entendait les ronflements de ses quatre frères. Kaitlin sortit de la chambre des filles en traînant la peluche qui ne la quittait jamais et grimpa sur les genoux de son frère.
Faim... Ronchonna-t-elle.
Palin sourit et la déposa gentiment sur une chaise. Il nettoya son bol et servit la petite. Un bruit à la porte le fit se retourner. Caramon s'assit à son tour et découpa d'épaisses tranches de pain dans la miche de la veille abandonnée sur la table pendant que son benjamin lui servait son thé et aidait sa petite sœur à manger sans en mettre partout.
Un peu réveillé, Caramon releva le nez et observa son fils.
L'adolescent portait sa robe blanche d'apprenti et ses boucles auburn retombaient librement sur ses épaules.
Un instant, le vieux guerrier crut revoir son frère en son fils et soupira bruyamment.
- Père ? Ca ne va pas ?
- Si mon fils...
Mais ?...
Tu ressemble tellement à ton oncle parfois...
Palin pinça les lèvres.
Je ne suis pas Raistlin, père. Cracha-t-il. Il m'est pénible que vous m'assimiliez en permanence à lui. Laissez le là où il est !
Caramon eut un petit sourire ambiguë que son fils ne lui avait jamais vu.
Palin leva un sourcil suspicieux.
Qu'est ce à dire ?
Oh, rien...Je me demande si je ne vais pas inviter ta cousine ici pour les vacances...Murmura le guerrier avant de planter là son fils.
Le jeune mage resta un instant abasourdi. Que voulait diable dire son père ?
Il jeta un coup d'œil par la fenêtre et jura.
Flûte, je vais être en retard...
Il se fit rapidement quelques tartines qu'il glissa dans un sac qu'il jeta sur son épaule et quitta la maison familiale en courant à fond de train
Il passa devant quelques fermiers et les salua de la main, puis repris sa course. Après une bonne heure de trajet, il parvint enfin à l'école de magie. Maître Théobald l'accueillit d'un froid signe de tête et lui lança un regard courroucé quant à son retard.
Palin retint un soupir d'agacement. Dans les yeux du Maître également, ce n'était pas Palin Majere qui s'asseyait à la table d'étude, mais Raistlin. Palin se demanda fugitivement s'y parviendrait à jour à se défaire de l'ombre que son oncle faisait planer en permanence autour de lui.
************************
Sud de l'Ergoth
Pyra musardait.
La magicienne venait de quitter Dalérion et ses hommes. Elle s'était téléportée directement à Pierre-Blanche et elle avait quelques heures devant elle avant que son bateau arrive. Elle passa quelques heures à explorer la ville puis alla jeter un œil aux restes de la pierre qui avait donné son nom au lieu.
Enfin, elle se rendit sur la côte et grimpa dans le petit bateau que lui avait fourni les elfes marins.
Elle invoquait un petit courant, cargua les voiles et se laissa porter vers la petite île qu'il permettrait de rentrer chez elle.
Elle sauta du bateau, remonta la plage et s'enfonça dans les terres jusqu'à l'artefact d'onyx qui lui permettait, à elle et à sa fratrie de rester en contact.
Elle posa une main dessus, murmura quelques mots, et attendit.
À mesure que les dernières nouvelles s'imprimaient dans son esprit, la jeune femme blêmissait de plus en plus.
Elle lâcha l'artefact et recula avant de s'asseoir par terre. Elle jeta son sac au sol et fourragea frénétiquement dedans. Elle en sortit son grimoire et le compulsa rapidement.
Elle sortit une coupelle et la remplie d'eau avant de lancer son sortilège dessus. Elle eut beau s'y reprendre à quatre fois le sort ne prit pas. Un juron saignant franchit ses lèvres lorsqu'elle se souvint de la bulle de magie morte qui entouraient la petite île.
En rangeant ses affaires, Pyra couru jusqu'à l'embarcation et rappela un élémental d'air en plus de l'esprit marin qui était partit en vadrouille. Elle les cravacha mentalement jusqu'à ce qu'ils aient quitté la zone de non-magie qui l'empêchait de contacter Raistlin et Dalamar.
Ballottée sur le frêle esquif, elle relança son sort sans plus de succès que la première fois.
Vibrante de crainte, Dévadoris Kh'aa Selianna attendait impatiemment de pouvoir débarquer.
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Tanin para le coût d'estoc que lui lança son père et tenta une attaque timide. Son coup fût furieusement balayé et il eut toutes les peines du monde à parer la contre-attaque de son père. Un second coup de taille le déséquilibra et l'envoya bouler dans la poussière comme Caramon poussait son avantage.
Le vieux Guerrier frémit de colère et releva son aîné d'une poigne de fer.
Mais à quoi joues-tu ? Je ne t'ai pas vu aussi mauvais depuis des années. Ce n'est pas en travaillant de cette façon que tu parviendras à devenir chevalier solamniques. Et cela vaut aussi pour toi ! Ajouta Caramon en direction de son second fils qui se gondolait doucement. Vous me décevez tous les deux. Vous vous êtes fixé un objectif mais vous ne semblez pas désireux d'y parvenir ! Je ne tolérerai plus très longtemps ces manières, mes fils. Recommençons.
Tanin soupira et se remit en garde. De longues heures passèrent avant que Caramon ne s'estime satisfait.
Sturm étouffa un gémissement de douleur et ôta son jaseran. Il se pencha en avant et s'étira comme il put. Il se lava rapidement et s'ébroua comme un jeune chiot avant de laisser la place devant le bassin à son aîné. Tanin se décrassa à son tour.
- Mais qu'est-ce qu'il a ? Comment ça Sturm.
- Tanin haussa les épaules.
- Je n'en sais rien, mais toujours est-il que nous avons intérêt nous entraîner sérieusement si nous ne voulons pas nous faire recaler. Il a raison tu sais, nous avons été mauvais ce matin.
- Sturm releva la tête avec colère.
- Et puis quoi encore. On fait de notre mieux !
Ce n'est peut-être pas suffisant.
L'aîné arpenta la pièce de long en large pendant que son frère se rhabillait.
- Que dirais-tu de nous entraîner cette après-midi ?
- Où ?
- Sur la rive du Crystalmir ?
- Bonne idée.
- Maintenant, nous avons intérêt à aller aider mère pour le service si nous ne voulons pas nous faire passer un savon.
- Tanin grimaça.
- Palin a de la chance. Au moins il coupe à ça !
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Raistlin toqua une fois de plus à la porte de Dalamar.
L'elfe ne répondit pas.
L'archimage recommença une fois encore d'avant d'abandonner devant la mauvaise de humeur de son apprenti.
Il retourna dans son labo et claqua la porte derrière lui avec fracas.
Dalamar boudait. Il ne se contentait pas de simplement faire la gueule comme n'importe qui , mais refusait obstinément de s'adresser à quiconque depuis quinze jours.
Dalamar se rendait bien compte que son attitude était ridicule mais il refusait de pardonner à Raistlin de ne pas être intervenu lorsque Pyra l'avait emmené de force voir son frère.
C'était d'autant plus ridicule que même Raistlin n'aurait rien put faire, l'elfe adorait Pyra et son caractère de chien fou, mais quand elle avait décidée quelque chose, c'était aussi difficile de lui faire sortit l'idée de la tête que de faire lâcher prise à un pitbull angora affamé...
Et puis, Dalamar avait beau refuser de toutes ses forces de l'admettre, il avait été bien content d'avoir des nouvelles de Dalérion et de la famille. Savoir qu'il était l'oncle d'un "petit" garçon de vingt-cinq ans lui avait fait mesurer depuis combien d'années il avait dut quitter sa terre natale et à quel point elle lui manquait, lorsqu'il avait été chassé, sa petite sœur n'était encore qu'une enfant jouant à la poupée...
Dalamar soupira bruyamment et songeait qu'il serait peut-être temps d'arrêter de jouer les ours mal-léchés lorsque qu'une présence mentale indéniablement féminine envahit son esprit. L'elfe ouvrit ses "oreilles" mentales et reconnus la "patte" de Pyra. Il lui tira mentalement la langue dans un magnifique exemple d'infantilisme et refusa de répondre à son appel. Pardonner à Raist, d'accord, mais pour Pyra, c'était un peu tôt...Lui aussi avait son orgueil de mâle !
Il songea furtivement qu'il n'avait pas intérêt à balancer ça dans la figure de Raistlin. Surtout que le sort qu'il avait utilisé pour redevenir un mâle fonctionnait dans les deux sens...et que son maître avait un sens de l'humour suffisamment tordu pour lui imposer une petite épreuve d'humilité fortement compromettante pour sa virilité...
L'elfe décida de remettre ses excuses au lendemain et bouda de plus belle jusqu'au soir.
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Palin replongea sa plume dans son encrier et traça méthodiquement les belles courbes précises que demandait le sort qu'il étudiait. Articulant consciencieusement les mots de pouvoir en même temps qu'il les écrivaient, il prit tardivement conscience de la présence de maître Théobald à ses côtés. L'apprenti prit toutefois le temps d'achever son patient travail de calligraphe avant de relever le nez de sa feuille.
Le maître saisit le parchemin et examina l'inscription sous toutes ses coutures, désespérant d'y trouver une erreur qui lui permettrait d'engueuler l'adolescent. Comme le tracé était parfait, il ne put que reposer la feuille et lancer un regard noir, presque méchant, au jeune homme.
- Suis-moi. Lui intima-t-il sans douceur.
Aveugle aux regards curieux de ses camarades d'étude, Palin se leva et suivit son maître. Il se força à faire taire la sourde angoisse qui lui étreignait le cœur et se décida à n'offrir à son maître partial qu'un visage impassible.
Le professeur de l'école de magie lui fit signe de s'asseoir et l'adolescent obéît. Il attendit impatiemment que l'homme parle. Le maître resta silencieux de longues minutes et l'apprenti commença à se sentir mal à l'aise. Il avala sa salive et fit un effort pour ne pas se tortiller sur sa chaise.
Le regard sombre du vieil homme se voila et il se décida enfin à parler.
- Que sais-tu de ton oncle ?
- La question déstabilisa complètement l'adolescent qui ne s'attendait pas du tout à ça. Il eut toutes les peines du monde à ravaler le hurlement de rage qui lui montait dans la gorge et il baissa un instant la tête pour camoufler la colère qui lui embrasait les yeux.
- Peu de chose. S'entendit il répondre, un peu trop sèchement.
- A savoir ?
Qu'il est coincé dans les abysses depuis deux décennies, qu'il y ait parce que mon père l'y a laissé. 'Et que même en étant là-bas, il me pourrit la vie ici.' Ajouta-t-il intérieurement.
Maître Théobald sentit poindre une sourde inquiétude en observant l'adolescent qui ressemblait tellement à son oncle.
- Le Conclave c'est réunis exceptionnellement il y a une quinzaine...
- En quoi cela me concerne-t-il ?
- Dalamar, le Maître des Robes Noires...Que tu connais il me semble, est passé en jugement pour dissimulation d'informations...Entre autres choses...
- Et alors. Répondit Palin en haussant les épaules.
- Et alors ? Il avait dissimulé au Conclave que Raistlin avait réussi à quitter les Abysses il y a une quinzaine d'années.
- Palin en resta comme deux ronds de flancs. Une nouvelle bouffée de colère lui embrasa le cœur et il jeta un regard noir à son professeur.
- Je vous le redemande. En quoi cela me concerne-t-il ?
- Ne c'est-il jamais présenté à toi ? N'a-t-il jamais, d'une façon ou d'une autre, influencé ta carrière ou tes aptitudes ?
Palin blêmit sous l'accusation implicite.
- Jamais ! Mais pour qui me prenez-vous ? Et pour qui LE prenez-vous. Ajouta-t-il avec un sens étonnant de la famille.
- Pour le neveu de ton oncle, et pour l'homme qui a défié la Reine des Ténèbres. Répliqua froidement Théobald.
- Palin pâlit davantage et son teint clair devint livide.
- Comment osez-vous ?! Grinça-t-il.
Théobald eut un mouvement de recul devant la colère de l'adolescent et craint un instant pour sa vie.
Palin se leva brusquement et avant de perdre totalement le peu de contrôle qu'il lui restait, il sortit de la pièce en claquant la porte derrière lui.
Le maître soupira de soulagement. Il se leva et constata à son propre étonnement qu'il tremblait. Il rejoignit le reste de ses élèves et chercha Palin des yeux. Ne le voyant nulle part et n'apercevant pas non plus ses affaires, il se résigna à interroger ses camarades de classe qui l'observaient d'un air suspicieux.
- Où est Palin ?
- Il a prit ses affaires et il est partit, maître.
- Théobald s'étrangla à moitié.
- QUOI ?!?
- Il est partit. Répondit l'un des plus grands comme s'il parlait à un simple d'esprit. Il avait les larmes aux yeux et a murmuré quelque chose sur le fait que personne ne voulait le considérer comme un individu à par entière, qu'il était de trop ici et qu'il connaissait quelqu'un qui l'accueillerait à bras ouvert.
Le maître mit sa main devant sa bouche.
- Ô mon Dieu....
************************
Estéhaulan souleva Dévadoris dans ses bras et l'assis entre les ailes de Samaël. Le dragon attendit que le jeune homme soit installé et les emporta vers son antre. Les deux enfants s'émerveillant de la vitesse de l'animal, Samaël rit avec chaleur.
Vous savez, je ne peut pas beaucoup voler ici. Mais si je le pouvait, vous seriez encore plus impressionnés.
Le dragon s'éloigna de Varune plus loin que les deux enfants auraient jamais pensés pouvoir explorer eux-même et s'arrêta enfin. Samaël les aida à descendre et s'allongea sur la couche d'or natif recouverte de pierreries qui était le centre de son antre et invita les humains et s'installer sur le petit tas de coussins qui lui faisait face.
Estéhaulan installa Déva et s'assis à son tour.
- Le dragon releva le tête et imita le ton doctoral qu'affectionnait particulièrement Sandor lorsqu'il s'adressait aux petits monstres récalcitrants qui étaient d'ordinaire ses élèves.
- Ce que je vais vous dire. Commença-t-il, ne doit être révélé qu'aux seuls héritiers de Varune et aux mages de la Lignée...
- Estéhaulan se leva.
- Alors je crois que je vais faire un tour, je n'appartient à aucune de ces deux catégories...
- Samaël jeta un regard amusé au jeune homme.
- Assis Estéhaulan. Si les mâles avaient droit de régner sur Varune, tu répondrais aux deux exigences. Sandor peut être très cachottier quand il le souhaite, mais cette fois, je suis d'accord avec lui. Tu n'avais pas besoin d'être au courant avant. Contra le dragon en réponse au regard halluciné que lui lança le jeune homme, provisoirement muet de stupeur.
- QU...QUOI ???
- Déva est ta cousine, mon petit.
- Mais...
- Suffit 'Lan. Nous avons du boulot.
Le jeune homme se tût à regret, mais se promis intérieurement d'avoir une longue, TRÈS longue conversation avec son "oncle".
2 ème Epoque : Chapitre XIV
Rapts
Que-shu
Lunedor démonta et s'étonna que personne ne vienne lui prendre sa monture.
La journée avait été dure.
Entre la fatigue inhérente à sa position de chef et sa charge de prêtresse de Mishakal, la jeune femme était épuisée. Il lui tardait de retrouver son époux et ses enfants.
Elle remisa son cheval elle-même et trouva deux guerriers effondrés dans la paille. Elle les releva et ils s'avérèrent incapables de lui dire ce qu'il leur était arrivé.
Elle rentra chez elle en quatrième vitesse.
Elle poussa la porte et resta interdite. La pièce avait été entièrement saccagée comme si une lutte épique avait eut lieu.
Elle explora lentement la maison, et tomba (au sens propre ) sur Rivebise. L'homme gémit et sa femme se rapprocha de lui à quatre pattes. Une profonde entaille lui barrait la tempe, mais si la blessure avait beaucoup saignée, elle n'était pas vraiment dangereuse.
Lunedor en appela à sa déesse et plaies et bosses disparurent.
Rivebise ouvrit les yeux et se redressa d'un coup.
- LES PETITS !
Une sourde angoisse étreignit le cœur de la prêtresse.
- Où sont les enfants ? Que c'est-il passé ?
L'homme se releva avec rage et donna un grand coup de poing dans une poutre qui grinça sous le coup.
- Enlevés...
- QUOI ? Par qui ? Pourquoi ?
- Un magicien, un elfe, il était tout habillé de noir
La femme sursauta.
- Pourquoi Dalamar en voudrait à nos enfants ?...
- Je ne sais pas.
- C'était bien lui ?
- J'en sais rien, je ne connais pas beaucoup d'elfes noirs...
- Que fait-on ?
Lunedor jeta un coup d'œil aux guerriers qui les avaient rejoint.
- Quelqu'un les à vus partir ?
- Ils ont prit la route de Solace...
************************
Solace
Sturm évita un vicieux coup de taille de son frère et sa lame de bois claqua le flanc de Tanin. L'aîné grogna et revint à la charge. Il fit un croche pied à son cadet qui s'écroula sur la rive herbeuse du lac.
- Pouce !
- J'ai gagné !
- Tu as triché !
Tanin haussa les épaules et un sourire espiègle apparut sus ses lèvres.
- Quelle importance, ce n'est que de l'entraînement...
- Mouais, et quand tu seras en situation de combat réel, tu feras aussi un croche-pied à ton adversaire ?
- Si ça peut m'éviter de finir en pâtée pour dragon...
- "Mon honneur est ma vie", ca ne te rappelle rien ?
- Si être chevalier signifie se laisser massacrer, je vais peut-être revoir mon plan de carrière...
Sturm haussa les épaules et ramassa l'épée d'entraînement en bois que son frère avait laissé choir et la lui tendit. Les deux adolescents s'entraînèrent encore une bonne heure.
Enfin épuisés, ils s'allongèrent par terre.
Un bruit de sabot les fit se redresser.
Trois hommes les observaient.
L'un d'eux, un grand homme entre deux âges, à la chevelure d'une stupéfiante couleur bleutée, tous vêtu d'ébène mis pied à terre et s'approcha d'eux.
- Bonjour, la route de Solace, s'il vous plait...
- Suivez cette route, au croisement, prenez à gauche.
- Y a-t-il une auberge ?
- La meilleure de la région, messire, la meilleure... Sourit Sturm.
- Merci, messieurs ?
- Sturm Majere, et voici mon frère Tanin.
L'homme en noir eut un sourire carnassier qui leur fit froid dans le dos.
Ses deux acolytes démontèrent à leur tour.
- Pourriez vous nous guider ?
- Bien sur. Répondit trop vite Tanin.
Sturm lui lança un regard de mise en garde qui resta lettre morte et il dut accompagner son frère.
- C'est par ici...
Les deux frères prirent quelques mètres d'avance et les trois hommes leur emboîtèrent le pas.
Les frères échangèrent un coup d'œil mal à l'aise.
Les Gardes Noirs se rapprochèrent discrètement d'eux.
Sur un geste de Ripper, Sypher et Taradon les ceinturèrent et les désarmèrent. Avant qu'ils aient put émettre ne serait-ce qu'un son, ils furent bâillonnés et attachés.
Tanin et Sturm lancèrent un regard effaré à leurs kidnappeurs et se débattirent de leur mieux.
- Calmez vous, nous serions désolés d'avoir à vous faire du mal.
Les deux jeunes hommes se débattirent de plus belle.
Ripper secoua la tête avec irritation.
- Assommez-les.
Ses hommes s'exécutèrent et les deux fils de Caramon sombrèrent dans l'inconscience.
Ils furent rapidement jeté en travers des selles de Sypher et Taradon, et Ripper donna ses ordres.
- Ramenez les auprès des autres enfants. Ne les détachez pas et enchaînez les le plus vite possible. Nourrissez les et passez les autres petits en revus. Les amoureux ont dut trouver Palin, je vais voir comment ils s'en sortent... Oh, j'aillais oublier. Faites voler un chèvre par Rif, nous allons avec des touts petits, et ils vont avoir besoin de lait...
Sur ce, Hariel sauta en selle et tourna bride vers Fondemare.
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Sud de l'Ergoth
Pyra enfourcha Lance d'Acier et l'éperonna cruellement. La jument de bataille était si peu habituée à un tel geste de sa maîtresse qu'elle bondit en avant en hennissant. Utilisant sa magie pour remplacer les forces que la bête utilisait, elles ne mirent que quelques heures pour retrouver Dalérion et ses hommes.
Les elfes étaient descendus dans une petite auberge près de Monts-indifférence et s'imbibaient consciencieusement de cidre et de bière. La magicienne démonta au vol et courut vers la porte qu'elle ouvrit à la volée. D'une pensée, elle élimina les résidus d'alcool qui obscurcissaient le cerveau des cinq elfes et pris Dalérion par le col. Elle le secoua comme un prunier jusqu'à ce qu'il se réveille.
L'elfe fit un peu la gueule en la voyant, mais jugea plus intelligent de la fermer.
- Il faut que nous allions à Palanthas !
- Ola, quel est le problème.
- Mon frère.
- T'as un frère toi ?
- J'en ai plein, et l'un deux va faire une grosse connerie...
- Laquelle ?
- Enlever Shand.
Dalérion se redressa.
- Quoi ? Pourquoi ?
- Parce qu'il a été engagé pour.
- ???
- C'est un mercenaire.
- Et pourquoi tu t'y téléportes pas ?
- Paske ton ''adorable" frangin est plus borné qu'un mulet mort et qu'il continue à me faire la gueule...
- ???
- Il a prit des mesures pour m'interdire l'accès à la région par des moyen non conventionnels !
- Allons-y. Soupira l'elfe.
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Palin marchait vite, sa colère ne fondant pas sous le doux soleil de cette fin d'après-midi.
Il s'arrêta et ôta sa botte, en enleva le caillou qui le faisait souffrir et repris sa route. Avec un peu de chance, il atteindrait Solace assez tôt pour faire ses bagages et quitter le domicile familiale avant que quiconque ne s'en rende compte.
Perdu dans ses pensées, il ne vit pas deux elfes établir la jonction avec un humain tout de noir vêtus.
Les deux elfes démontèrent et marchèrent sur l'adolescent.
Palin releva le nez.
L'impression fugitive de résonance trahissant la présence d'un mage le fit s'arrêter.
Deux elfes s'approchaient de lui, main dans la main, et lui sourirent.
- Bonjour, vous êtes bien Palin Majere ?
Palin leur lança un regard un peu hébété.
- Heu...Oui...
- Bien, très bien. Rit l'un des deux elfes en sortant une poignée de sable d'une bourse.
Incrédule, Palin le regarda faire sans réagir.
Des syllabes incompréhensibles s'égrainèrent et il s'affaissa sur le sol, inconscient.
Exers se pencha et prit son pouls.
Il fit signe à Ripper qui s'approcha à son tour avec les chevaux.
Il aida les deux amoureux à hisser le jeune homme en selle et leur répéta les même instructions qu'a leurs confrères.
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Varune, Salle des archives
Estéhaulan se camoufla derrière une tenture poussiéreuse et attendit que le garde s'éloigne.
Il compta cent battements de cœur supplémentaires et quitta sa cachette.
Sortant un fin stylet d'une de ses bottes, il farfouilla un moment dans la serrure qui l'intéressait. Un cliquetis se fit entendre et le pêne joua.
Le jeune homme se faufila dans la pièce et alluma les lampes. Il passa quelques instants à comprendre le système de classement puis ouvrit le tiroir marqué "E". Il fouilla longtemps puis finit par trouver le dossier qui l'intéressait.
Il l'ouvrit et en lut les premières lignes.
'Estéhaulan Kh'aa Devadoris'
'Né le 27 Argon 352'
'De Dame...'
Il n'eut pas le temps d'en lire plus qu'une main s'abattait sur la feuille.
Il sursauta et leva les yeux.
Une grande femme, écumante de rage, le fixa de ses grands yeux noirs pendant de longues secondes sans rien dire.
- Que fais-tu ici ? S'enquit Cassandra d'un voix polaire.
- Ri..Rien du tout Maître d'armes....
Le Chef des Armées eut un petit rictus méprisant.
- Dégage de là vite fait si tu ne veux pas que je mette Sandor au courant de tes petites escapades...
- Oui, Ma Dame. Se recroquevilla-t-il avant de se carapater.
Cassandra secoua la tête avec un petit sourire amusé au coin des lèvres.
Elle prit la feuille que lisait le garçon, la porta à sa connaissance et étouffa un sifflement amusé.
- Hé bien, si j'avais supposée... Pas si sage que ça, la grande sœur, finalement. Ricana-t-elle en rangeant soigneusement le dossier.
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Baxter fit signe à Hicks, Lebannon et Chelinox de le suivre.
Le demi-elfe secoua négativement la tête et sortit un grand flacon de son sac. Il prit également un vieux chiffon qu'il déchira en quatre morceaux et versa le contenu de la bouteille sur les chiffons qu'il tint loin de son visage. Il les essora un peu et en donna un à chacun de ses amis.
- C'est un somnifère. Autant faire le moins de dégâts possible.
Baxter acquiesça de la tête.
- Hicks, Lebannon, vous vous occupez des enfants. Chelinox et moi, on se charge des parents.
Les Gardes noirs se séparèrent et entrèrent dans la maison.
Hicks posa doucement son chiffon sur le visage des deux fillettes en train de faire la sieste et les passa par la fenêtre à Lebannon qui les porta jusqu'aux chevaux.
Le demi-elfe avisa la plus âgée des filles qui réparait une jupe et se glissa dans son dos.
La jeune fille dut sentir sa présence car elle se retourna en criant. Hicks lui plaqua le somnifère sur la visage le temps qu'elle arrête de se débattre.
Il la soulevait dans ses bras quand Caramon ouvrit la porte de la pièce à la volée.
Voyant un inconnu enlever sa fille, il se jeta sur le Garde avec un rugissement de fauve.
Un coup de coude dans l'estomac de Chelinox le calma pour le compte mais le nain préféra tout de même lui faire respirer les bouleversantes effluves de son chiffon.
- Désolé, nous avons eut du mal avec la mère. S'excusa Baxter en arrivant à son tour.
- Il ne reste plus que le plus jeune fils...
Baxter hocha la tête.
Les quatre gardes Noirs rejoignirent leurs chevaux et grimpèrent en selle, les enfants soigneusement attaché en travers des selles. Un fermier les vit et s'approcha d'eux.
- Hé, mais qu'est ce que vous faites à ces enfants.
Baxter se maudit pour son manque de prudence et balança un grand coup de pied dans la figure du type qui s'écroula, assommé.
Hicks et les autres donnèrent des talons et les chevaux galopèrent. Ils passèrent près de Kalin. Hicks se pencha dans sa selle et l'attrapa au vol. L'enfant se retrouva saucissonné près de sa sœur en un rien de temps.
- Allons rejoindre les autres. Ordonna Baxter.
2 ème Epoque : Chapitre XV
Réunion
Quelque part entre Solace et Palanthas
Palin revint à la conscience avec la bouche en fond de cage à perroquet et une nausée subite le forçat à se rallonger.
Deux mains douces lui effleurèrent le front et il se redressa d'un bond. Le changement de position fut trop soudain pour son estomac qui matérialisa sa désapprobation de façon assez peut ragoûtante.
On lui glissa une cuvette devant lui et on le soutint jusqu'à ce qu'il se sente mieux.
Palin put enfin ouvrir les yeux et il se retrouva nez à nez avec un demi-elfe.
Hicks lui sourit gentiment et l'aida à se relever.
Faible comme un chaton nouveau-né, l'adolescent le suivi sans plus maugréer.
Le Garde Noir le conduisit près de ses frères et sœurs qui se levèrent à son approche. Tanin et Sturm jetèrent un regard haineux au Garde et lui arrachèrent littéralement Palin des mains.
Le jeune homme s'assit près de sa famille et se retourna sur le demi-elfe.
- Qu'est ce que ça veut dire ? Qu'est ce que vous nous voulez ?
Hicks s'accroupit devant Palin.
- Du calme, enfant. Nous ne vous voulons aucun mal. Tenez vous tranquille, et tout ce passera bien.
Le rabat de la tente s'ouvrit et un humain apporta un nouveau prisonnier. Le demi-elfe se leva et vint l'examiner rapidement.
Palin hoqueta en reconnaissant le nouveau venu.
- Gil !
Declan leva les yeux.
- Tu le connais ?
- Oui, c'est le fils d'un ami de mes parents.
Hicks fronça les sourcils et prit note d'avoir une petite discussion avec Ripper.
- Je vais le mettre avec vous alors. Autant éviter tout stress inutile...
Tanin serra sa plus jeune sœur, en larmes, contre lui et eut un rictus mauvais.
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Varune, appartements du Maitre-mage
Estéhaulan affichait un front buté. Sandor croisa ses mains sous son menton et dissimula un petit sourire amusé.
- Eh bien, Cassandra vient de me prévenir que tu faisais encore le mariolle...N'est ce pas un peu puéril ?
Le jeune homme lança un regard méchant à son père adoptif.
- Qu'est ce que ca peut bien te faire de toute façon. Je ne suis de toute façon pas assez mature pour savoir que je suis et le gérer alors...
Le Maitre-mage eut un geste compatissant que refusa le jeune homme.
- Si je ne t'ai rien dit, et si je ne te dirai rien, c'est pour ta propre sécurité. Si ton père apprenait ton existence.
- Mon père, il est vivant ?
Sandor maudit sa grande gueule et se colla mentalement une grande taloche dans l'arrière train.
- Oui, si on veut...
- Qu'est ce à dire ?
Le vieillard soupira et s'apprêta à lui raconter la vérité sur son lignage. Il ouvrit la bouche.
- Iil n'est pas encore temps pour toi de savoir qui tu es, enfant. Sache juste que si ta lignée n'est pas sans tache, elle est des plus prestigieuse.
Sandor ouvrit de grand yeux, incapable de reprendre le contrôle de sa gorge à celui qui contrôlait sa voix.
- Que... Qu'est ce que cela signifie.
Sandor écarta les mains pour signifier son impuissance comme des paroles qui n'étaient pas les siennes continuaient à se faire entendre.
- Ne bêtifie pas, enfant. Une tienne parente, je suis.
'Lan cilla un peu sous le langage archaïque et poussiéreux.
- Je ne peut guère te relever, mais sache que de ce jour, tu devras revoir ton éducation. Samaël, mon frère, sera ton nouveau tuteur. Onc ne saurait trouver plus pertinent professeur pour un æthermancien.
Le Maître-mage sentit sa mâchoire s'affaisser d'un cran en s'entendant parler.
'Lan ne chercha guère à comprendre et revint à son cheval de bataille.
- Ma mère ?...
- Je t'ai dit que je ne pouvait te la nommer.
- Je veux juste savoir si elle va bien.
La voix se tut un instant puis soupira.
- Non, elle n'est guère en forme.
- Qu'a-t-elle ?
- Elle a été très profondément blessée et ne parvient pas à guérir.
- Qui l'a blessé, un surfacien ?
- C'est cette blessure qui l'a fait quitter mon royaume, enfant. N'en demande pas plus. Sache juste que proche est le jour où tu la rencontreras. Et que proche est le jour où Varune aura besoin de ta force.
- Mais...
- Elle est partie, 'Lan.
- Elle ?
- Elle. Je ne sais pas qui. Prévint le mage. Nous devons allez voir Samaël. Fais tes bagages. Tu ne reverras pas Varune avant longtemps...
- Mais...
- Obéit Estéhaulan. Pour ta mère et Varune, obéit.
Le jeune homme repoussa une mèche de flamme derrière l'oreille et soupira. Mieux que quiconque, il savait qu'il ne servait à rien de braquer le Maitre-mage. Résigné, il alla préparer ses affaires.
'Lan sortit, Sandor renvoya ses pensées vers le secret de son esprit.
- Vous êtes toujours là ?
- Où voudrais-tu que j'aille, enfant ?
- Je vous croyais morte...
- Mais je SUIS morte. Mon esprit est toujours ici, c'est tout. Comme celui de toutes celles qui m'on suivis.
- Pourquoi vous révéler à moi maintenant ?
- Varune est en danger.
- Le Régent ?
- Oui. Tu dois retrouver celui qui se cache derrière la maladie de la Reine.
- Je le connais ?
- Oui. Méléria n'est pas la première Kh'aa Sélianna qu'il ait fait souffrir.
Le visage du mage se convulsa de rage.
- Bien Grand-mère. Je ferais de mon mieux.
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Palanthas.
Raistlin observait Shandra et Myraël jouer dans le Hall de la Tour. Le jeu comportait pas mal de peignées et le petit elfe trichait honteusement ayant remarqué que Shand était atrocement chatouilleuse.
L'adolescente et l'enfant écrabouillèrent sans vergogne les plantations qui poussaient là à l'abri de la lumière et du froid et l'archimage commença à revoir son opinion sur ces jeux.
Lorsque Shandra renversa une lampe à huile, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase et Raistlin courut vers la cuisine pour en revenir avec un grand panier et un long morceau de papier.
- Dites les enfants. Plutôt que de réussir là où les dragons s'y sont cassés les dents en détruisant la Tour, pourquoi vous n'iriez pas en ville me faire quelques courses.
Les deux gosses acceptèrent la motion à l'unanimité et coururent vers la ville, Teklon, comme à son habitude, sur les talons.
Raistlin remonta dans la bibliothèque en rigolant et trouva son apprenti plongé dans l'étude d'une thèse sur la résurrection des morts. L'archimage se fendit du petit sourire tendre que ne connaissaient que trois personnes et contempla la scène, répugnant à déranger l'elfe.
Niché en boule dans un fauteuil, les sourcils froncés sous la concentration, Dalamar avait l'habitude de lire à voix haute les textes qui lui plaisaient particulièrement.
Raistlin se rapprocha enfin par derrière et posa ses mains sur les épaules de l'elfe. Dalamar releva la tête et Raistlin en profita pour lui déposer un rapide baiser sur le front.
- Que me vaut ?
- Rien, je suis en forme aujourd'hui. Je ne m'était pas sentit aussi heureux depuis bien des années, c'est tout.
Dalamar l'attira à lui et le fit tomber sur ses genoux.
- Hé !
- Quoi ? Tu as peur que les enfants nous voit ?
- Ils sont en course...
- Oh, nouvelle des plus intéressante... Fit Dalamar d'un ton suggestif.
- J'ai réfléchit à un truc.
L'elfe embrassait l'humain dans le cou.
- Tu crois que c'est le moment ? Lui murmura-t-il dans l'oreille.
- Je ne pense pas que Takhisis soit responsable de mes crises dernièrement...
- Si tu n'arrêtes pas tes conneries, c'est moi qui vais en piquer une de crise. Grommela Dalamar en ouvrant la robe de son maître.
- Mais plutôt qu'un dieu noir voulais m'avertir de quelque chose. Finit Raistlin en souriant.
Dalamar se redressa et serra l'archimage plus étroitement contre lui et le força à le regarder droit dans les yeux.
- Cher et vénéré Shalafi ?
- Apprenti ?
- Ta gueule.
- Ma gueule ?
- Ta gueule. Répéta l'elfe en s'attaquant délibérément à la ceinture de pantalon de l'archimage.
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Solace
Caramon était effondré et n'arrivait pas à ce reprendre.
Ses huit enfants avaient disparus, enlevés par on ne sait qui; Maître Théobald certifiait que de la magie avait été utilisée, au moins dans le cas de Palin, et toutes les pistes que lui et sa femme avaient suivis c'étaient finies en jus de boudin.
Il gémit et se renvoya une grande gorgée d'eau de vie des nains.
On frappa à la porte.
Tika se leva et alla ouvrir.
Avec surprise, elle vit Tanis et Laurana accompagnés de Lunedor et Rivebise.
Tous avaient l'air aussi épuisés et désemparés qu'eux.
Laurana se jeta dans les bras de la jeune femme et pleura.
- Oh, Tika, on nous a volé nos bébés...
Tika cilla.
- Vous aussi ?
Un ange passa et Caramon se leva.
- Que ce passe-t-il ? Vos enfants aussi ont disparut ?
Rivebise et Tanis acquiescèrent de la tête.
- Nous avons perdus leurs traces aux abords de Solace...
- Ils nous ont aussi pris nos enfants. Ils ont pris la direction de Palanthas. Certifia Caramon. Mais les traces disparaissent brusquement...
- Oui, comme d'habitude... Il faut aller vers Palanthas. Tu en es ?
- Evidement. Cilla le vieux guerrier en allant machinalement chercher son armure pendant que Tika et les femmes s'affairaient à rassembler des provisions. J'espère juste que nous n'arriverons pas trop tard. Ajouta-t-il en pensant soudain à quelque chose qui le remplit d'effroi.
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Takhisis faisait les cent pas dans son palais des abysses, ne manquant pas de se rengorger de son petit complot avec autant de délicatesse qu'un éléphant cocaïnomane en crise manque.
Sargonnas en eut rapidement plein le nez et se faufila le plus loin possible de la Reine.
- Nuitari ? Murmura-t-il.
- Quoi encore ?
- Notre ami commun a bien reçu le message ?
- Certes, il l'a compris...
- Et il fait quoi en ce moment ?
- Heu... Là, tout de suite ?
- Ouais. Il s'occupe de notre affaire ?
- Ben...
- Tu es la seule des dieux noirs qui ai accès au plan matériel ma chère. Ne me fait pas languir !
- Ben, là tout de suite, c'est Raistlin qui se sent un peu languide...Insinua la petite déesse de la magie avec un petit reniflement explicite.
Le dieu-condor eut un petit sourire niais.
- On ait pas mal barrés les enfant...
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Abords de Palanthas
Ripper s'arrachait les cheveux. Il n'avait pas prévu les difficultés d'intendance que pouvait soulever la surveillance et le bien-être d'une cinquantaine de petits monstres hurlants qui ne demandaient qu'a revoir leurs mères et leurs pleurs commençaient sérieusement à le canuler.
Hicks lui tapota doucement l'épaule, le visage sérieux comme un pape, mais le fond des yeux totalement hilares. Cela n'améliora pas l'humeur d'Hariel qui sortit de sa tente en maugréant et ce décida à tenter d'imposer lui même un peu de discipline à ces sales gosses.
Il entra en trombe dans la tente des enfants et resta figé.
Les enfants, si tant est qu'un puisse appeler comme ca les jeunes gens d'une vingtaine d'années qui tentaient de consoler les plus petits, se tournèrent tous vers lui avec un monde d'espoir dans le regard.
L'engueulade qu'il avait sur le bout de la langue fondit comme neige au soleil et il se focalisa sur Sturm et Tanin qui semblaient être les deux plus vieux.
- Je vais vous faire apporter un calmant pour les plus petits. Vous n'aurez qu'a le mettre dans leur nourriture. Vous avez besoin de quelque chose ?
Tanin s'apprêta à répondre vertement mais Palin posa sa main sur son bras et répondit d'une voix atone.
- Nous ne voulons rien de vous, assassin.
Ripper accusa le coup et plait.
- Que dis-tu ?
- Vos meurtres ce lisent en vous...
Hariel voulut répondre mais remarqua le regard vide du jeune mage. Il se calma et sortit de la tente.
- Tu es fou ? Hurla Sturm à l'adresse de son cadet.
Palin cilla.
- Quoi ? Qu'est ce que j'ai dit ?
Ripper entra sous la tente d'Apher et Exers sans se faire annoncer.
Les deux elfes ne se couvrirent même pas et tournèrent à peine la tête vers lui.
- Quoi encore. On pourrait peut-être profiter de nos nuits sans t'avoir tout le temps dans les pattes. Râla le plus vieux.
- On t'aime bien, Hariel. Mais y a des limites là... Continua Apher.
- Palin, c'est un post-cognitif n'est ce pas ?
Exers se retourna.
- et précog à la fois mais il ne sait pas contrôler son don. Il lui ai donc impossible de savoir si ce qu'il voit est passé, futur ou présent.
- Et la plupart du temps, il ne se rend même pas compte qu'il a une vision. Il le bloque... Finit Sirdal.
- Pourquoi je sens qu'on va avoir des ennuis avec lui ?
- L'instinct ? Sourirent les deux elfes en même temps.
2 ème Epoque : Chapitre XVI
Station
Varune
Le Régent démonta, attacha sa monture à un arbre, jeta sur son épaule le paquet qu'il avait en travers de sa selle et s'engagea sous les frondaisons.
Il quitta la foret qui recouvrait les tunnels sud de Varune et repéra la petite grotte qu'il cherchait. Il jeta son paquet au sol qui gémit de peur et de douleur. L'homme balança un coup de pied dedans.
- La ferme. Grinça-t-il.
Il entra dans la grotte en traînant le sac.
- Striker ?
Une présence se matérialisa derrière lui et il se retourna en réprimant un petit cri de stupeur.
- NE ME REFAITES PLUS JAMAIS CA ! Hurla-t-il en calmant les battements désordonnés de son cœur.
- Venez.
Le Régent suivi son étrange hôte dans les profondeurs de la grotte.
- Vous avez mon paiement ?
Hamelet désigna le sac et Striker se fendit d'un sourire cruel et lui tendit une petite bouteille de verre.
- Voilà le poison. Dosage habituel et ta femme ne devrait pas retrouver ses esprits avant des semaines.
- Bien, très bien...
Striker retourna au sac et l'ouvrit. La jeune fille hurla en voyant l'homme borgne et couturé de cicatrices qui lui faisait face.
- Striker...
- Mouais ?
- Je cherche quelqu'un pour éliminer l'actuel chef de la Garde Noire... Ca t'intéresse ?
Le borgne grogna et empoigna la fille par le cou.
- Je le tuerai, lui et ses hommes. Je reprendrai ma place et je me vengerai de ce qu'il m'a fait. Gronda-t-il en augmentant sa pression sur la nuque de la jeune femme.
- Il rampera à mes pieds et me demandera grâce ! Finit Striker en serrant les poings.
Un craquement sinistre se fit entendre.
- Tu l'as tuée. Constata le Régent en voyant le cadavre de la fille glisser au sol.
- Sans importance. Sourit l'ex-chef de la Garde Noire.
Hamelet frémit et s'en retourna.
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Palanthas
Shandra courait dans les allées, Myraël sur les talons.
Elle consulta sa liste et entra dans une épicerie. Elle demanda les fruits et légumes consignées et râla de leur qualité quand le vendeur lui servit des pommes de terre toutes tachées. Elle se tourna vers Teklon et lui demanda de lui ramener Myraël qui s'éloignait sur la pointe des pieds.
L'âme en peine se matérialisa le temps de prendre ses ordres et redevint invisible pour obéir.
Le commerçant se fit soudain extrêmement coopératif...
Une fois les courses finies, les enfants saisirent chacun une anse du panier et rentrèrent vers la Tour.
Deux hommes vêtus de cuir noir discutaient entre eux et les deux groupes se percutèrent de plein fouet.
Shandra glissa au sol, inconsciente.
Myraël la secoua doucement.
- Shandra ? Shandra ?
Le petit elfe sentit la panique l'envahir.
L'un des deux hommes qui les avaient bousculés se pencha vers la jeune fille et lui prit le pouls.
- Ce ne doit pas être grand chose. Rassura-t-il l'enfant. Où habitez vous ?
- Dans...La Tour de Haute Sorcellerie. Shandra est la fille des propriétaires.
Hariel se fendit d'un petit sourire satisfait et Declan se glissa dans le dos de Myraël.
- Et toi, qui es-tu ? Demanda Ripper en soulevant Shand dans ses bras.
- Myraël. J'ai été adopté par les mages...
Un sourire encore plus satisfait marqua le visage des deux Gardes.
D'un geste rapide, Hicks enfonça la petit aiguille recouverte de somnifère qu'il venait d'utiliser sur Shandra dans le cou de l'elfe.
L'enfant s'effondra.
Hicks le souleva à son tour et les deux hommes firent signe à leurs confrères.
- Où allons nous, maintenant ? Demanda le Capitaine Rif.
- Sylvanesti. Avant que de passer à la suite, Apher et Exers veulent rentrer un peu chez eux...
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Ergoth du Nord, Hylo
Pyra talonnait sa monture tout ce qu'elle savait et Lance d'Acier battait des records d'endurance. Derrière elle, les chevaux des elfes ne se laissaient pas distancer et faisaient preuve de la même résistance.
La magicienne sentit une violente douleur lui déchirer les orbites et elle arrêta sa monture.
Dalérion et Quéris l'aidèrent à mettre pied à terre et la mirent au lit juste avant qu'elle ne sombre dans l'inconscience tellement elle était épuisée.
Depuis près d'un semaine maintenant, Pyra leur faisait tenir un train d'enfer, et si elle ne leur avait pas dit qu'elle utilisait sa magie pour soutenir montures et cavaliers, les cinq elfes n'étaient pas assez idiot pour ne se rendre compte de rien.
Valenth sursauta en entendant un oiseau criailler derrière lui.
- Elle a trouvée le moyen de tous nous mettre les nerfs à vifs. Constata Talenth.
- Avec les nouvelles qu'elle nous a apportée, c'est un poil normal...
Dalérion se tourna vers ses hommes.
- Nous ferions mieux de dormir pendant que nous le pouvons. Eka et Sharn feront les guets.
Les deux familiers hochèrent la tête et s'enfoncèrent dans les bois.
- Je ne comprends toujours pas pourquoi on court comme ça.
- Famanos, tu as vu mon frère et Raistlin, l'autre jour... Tu imagines ce qui va se passer si Shandra disparaît, tu as envie de voir les deux plus puissants archimages noirs de Krynn piquer une crise de rage en plein milieu d'une ville comme Palanthas ? M'est avis que le Cataclysme serait alors considéré comme un pique-nique à la campagne en rapport...
- Combien de temps pour arriver encore ?
- A cette vitesse ? une semaine, peut-être un peu moins.
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Solanthus
Caramon était épuisé, et il n'était pas le seul. Tika tenait à peine debout, Rivebise ne devait sa station sur deux pieds qu'au cheval sur lequel il s'appuyait, Tanis et Laurana n'avait même pas réussis à démonter et Lunedor dormait sur sa selle.
- Faisons halte. Proposa-t-il
- Mais...
- On ne serra pas bon à grand choses si on est infoutu de soulever une épée, Rivebise. Remarqua Tanis.
Le barbare grommela dans sa barbe et Caramon se permit un sourire en aidant Laurana à mettre pied à terre. La princesse elfe s'effondra par-terre et Tanis se précipita pour la mettre au lit.
- Et si on les perds à Palanthas ?
- Et bien on demandera de l'aide à Dalamar, il me doit un service.
- Il est dans le coup je te signale! Gronda encore Rivebise.
Caramon haussa un sourcil. L'enlèvement d'enfant ne cadrait pas vraiment avec ce qu'il savait de l'elfe à propos des enfants, et il devait, de tout façon, être trop occupé à faire le papa pour ce lancer dans un complot aussi farfelu.
- J'en doute.
- C'était un elfe en robe noire !
- Oui et alors. Y a d'autres elfes en robe noire que lui tu sais.
Tika insista.
- Ce n'est pas lui Rivebise. Il est père lui-même et défendrai bec et ongle sa progéniture.
Un petit silence surpris provient des autres et le couple Majere ne put retenir un petit sourire en coin.
- Tu expliques....
- Non, vous comprendrez. Et on ne va pas vous gâchez la surprise.
Sur ce, Caramon et Tika remontèrent leur couverture sur le tête et s'endormirent, laissant leurs amis dans un abîme d'expectative.
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Campement de la Garde Noire
Hicks et Ripper déposèrent Shandra et Myraël sur des grabats et quittèrent la tente des prisonniers. Myraël se réveilla bien vite et se mit à trembler de peur.
Gil s'approcha de son compatriote.
- Bonjour, je m'appelle Gilthas, et toi.
Myraël le regarda par en dessous, incapable de répondre.
Palin vint à son secours.
- Tu vois bien qu'il est terrifié, Gil. Puis revenant au gamin. Salut, moi c'est Palin Majere. Là bas c'est mes frères et sœurs. On est tous coincés ici depuis plus ou moins longtemps. C'est ta sœur ? Demanda-t-il en désignant Shandra qui dormait toujours.
- Majere ? Tu es de la famille de Raistlin ?
Palin parut à la fois surpris et mécontent.
- C'est mon oncle.
- Je suis Myraël, adopté de Dévadoris Kh'aa Sélianna. Et elle c'est sa filleule, Shandra Majere.
Palin lança un regard un peu méditatif à ses frères et Tanin saisit le gamin par le col.
- C'est quoi tes conneries ?
Myraël glapit et se nicha contre Palin.
- CA SUFFIT, TANIN !
Le jeune guerrier lâcha l'elfe.
- Et si tu nous expliquait ca...
- Ben, c'est compliqué. D'après ce que j'ai compris, son papa c'est Dalamar et sa maman, c'est Raistlin.
Un kiwi nain passa (1).
- Tu nous la refais là! Demanda Palin
Et Shandra dormait...
Un sourire rêveur aux lèvres, Sirdal, qui écoutait à la porte de la ente, se prit à réfléchir aux implications. Après tout, Kilwan serait peut-être intéressé par la question...
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Tour de Palanthas
Raistlin se releva sans bruit, ramassa ses vêtement, jeta sa robe sur ses épaules et quitta la pièce. Dalamar lui jeta un regard surpris et le suivit.
Il le retrouva dans le labo.
- Qu'y a-t-il ?
- Je ne sais pas. L'archimage frémit. Une impression étrange.
Dalamar haussa les épaules.
- Je me demande plutôt où sont les enfants. Ils devraient être rentrés...
- TEKLON ! Appela Raist.
L'âme en peine ne se matérialisa pas.
Haussa un sourcil surpris, l'archimage traça la présence du mort-vivant, la saisit et tira.
- Ce n'est pas ma faute, ce n'est pas ma faute. Gémit-il à demi-voix.
- Teklon. Où sont les enfants.
- Ce n'est pas ma faute, ce n'est pas ma faute.
Dalamar en eut assez et envoya un petit coup de semonce à l'esprit désincarné qui glapit de douleur.
- Où-sont-il ?!
- Disparus...
- QUOI ?
- Des hommes en noirs, ils les ont endormis et emportés...je n'ai rien put faire. S'excusa le mort-vivant, terrifié à l'idée que ses maîtres veuillent lui signifier son congés.
- Qui ?
- Je...Je ne sais pas. En les suivant, j'ai entendu celui qui doit être le chef parler de deux de ses hommes appelés Apher et Hicks et qu'ils voulaient passer chez eux au Sylvanesti...
Dalamar pâlit.
- Fait les bagages Dalamar. Nous partons de suite. Teklon. Si Pyra passe dans le coin, prévient là de ce qu'il se passe.
- Oui, maître.
Dalamar était anéantit. Que Shand ait disparut le laissait sans réaction. L'idée de retourner au Sylvanesti le terrifiait et la réaction de Raistlin le paralysait.
Jamais, depuis vingt ans qu'il le connaissait, il n'avait vu son maître aussi furieux. Sa rage était si forte que les tentures recouvertes de runes peinaient à absorber le surplus d'énergie magique qui flottait dans la pièce.
(1) ben oui, l'ange n'a pas put passé alors il a envoyé ce qu'il avait sous la main. C'est dut à la refonte complète des troupes de Didier, faut comprendre, sont un peu surchargés...
2 ème Epoque : Chapitre XVII
Préparatifs
Palanthas, cinq jours plus tard.
Epuisés, sales et affaiblis, Pyra, Dalérion et ses elfes franchirent les portes de la ville. La magicienne ordonna aux elfes d'aller se reposer et gagna immédiatement la Tour, priant tout dieu capable de l'entendre qu'il ne soit pas déjà trop tard.
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Palanthas, Portail des Bois de Shoikan.
Caramon donna un grand coup de poing dans le lourd ventail de métal et ne réussi qu'a ce blesser.
- Et qu'est ce qu'on fait maintenant ? On ne peut pas entrer la dedans.
- Tu m'ennuie Tanis, ils vont bien finir par ce rendre compte que quelqu'un attends devant la grille.
Rivebise en eut assez d'attendre et s'avança délibérément sous les frondaisons.
A peine eut-il fait deux pas que des bras décharnés et putréfiés jaillirent de terre avec la ferme intention de l'entraîner avec eux. Le barbare fit un bon en arrière.
- Bon sang, on ne pourra jamais les contacter. S'emporta Tanis.
Un bruit de galop s'approcha derrière eux et un cheval de bataille s'arrêta près d'eux. Le cavalier sauta de sa selle au vol et courut vers le portail.
Pyra rabattit son capuchon sur ses épaules et gueula en direction de la Tour.
- TEKLON !
Une âme en peine se matérialisa devant la jeune femme.
- Teklon, où sont-ils ?
- Partis, Shandra...
- ET MERDE ! Où sont-ils allés ?
- Sylvanesti.
- Fais moi enter. Il faut que je les contactent.
L'âme en peine ouvrit la porte sous le regard ahuri des autres.
Tika se réveilla la première.
- Pyra, qu'est ce qui se passe ?
- Tika ? Qu'est ce que tu fiches ici ?
- Mes bébés ont disparus, et ceux de Lunedor et Laurana aussi...
La magicienne lâcha un juron qui fit monter le rouge aux joues des barbares et battre en retraite les elfes.
- Et Shandra également... Quand je mettrait la main sur cet abrutit, il va entendre parler du pays...
Rivebise se réveilla.
- Vous voyez bien que Dalamar est en cause !
Pyra lui lança un regard méprisant.
- C'est quoi ce demeuré ? Shandra est la fille de Dalamar, crétin. Je ne vois guère l'intérêt pour lui de l'enlever..
Tanis intervint.
- Caramon, mais c'est qui cette fille...
Pyra leva les mains.
- Oh la, temps morts... Entrons dans la Tour pour les explications.
Teklon intervint à son tour.
- Heu, je peut pas les faire entrer...
- Pourquoi ? Demanda Pyra interdite et un instant distraite.
- Ben, j'ai pas l'autorisation du Maître.
Pyra réfléchit un instant.
- Attend, arrêtes moi si je me trompe. Je suis l'apprentie du Maître, dans l'absolu.
- Oui, si on veut...
- Donc, comme personne n'est à la Tour, toujours dans l'absolu, c'est moi qui ai l'intérim...
- Ben, je suppose...
- Donc, en ma qualité de Maître intérim de la Tour, je te demande de laisser entrer mes invités. Ca te va ?
- Là ca va, je suis couvert...
- Bon, alors dégage...
L'âme en peine s'écarta en la petite troupe entra dans les bois de Shoikan, Pyra, Lance, Eka et Sharn, parfaitement à l'aise, les autres se demandant dans quelle histoire de fous ils avaient encore bien put tomber.
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Route du Sylvanesti
Raistlin fulminait littéralement. Lui et Dalamar faisait route depuis près d'une semaine et ils n'avaient guère trouvé de traces du passage de Shandra et de ses kidnappeurs.
Dalamar, assez étonnamment plus tête froide que son maître, pré-sentait de graves problèmes de santé eux lorsque Raist leur mettraient la main dessus.
L'archimage s'arrêta et tenta une fois de plus de contacter Shandra par l'esprit. Comme à chaque fois qu'il avait tenter de la joindre, un silence vide lui répondit. Soit l'adolescente était inconsciente, soit elle était protégée par un bouclier. Dalamar comme Raistlin refusaient catégoriquement de ne serait-ce que de voir une troisième hypothèse...
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Camp de la Garde Noire.
- Ripper, nous sommes suivis.
- Tu es sur Lebannon ?
- Certain. Par deux mages noirs, au moins. L'un d'eux vient de tenter de contacter Shandra.
- Place cinq hommes derrières nous, qu'ils les arrêtes, mais qu'ils ne leur fassent pas de mal.
- Bien.
Lebannon s'éloigna et Ripper fronça les sourcils. Les choses ne se passaient pas vraiment comme prévus. Les enfants étaient de plus en plus nerveux. Certains étaient séparés de leur famille depuis trois mois maintenant et ils allaient bientôt rejoindre Varune. La Régent serait certainement satisfait de la rapidité des opérations.
- Hicks, comment va Shandra ?
- Toujours de la fièvre. Elle n'a toujours pas repris conscience. Je ne sais plus quoi faire...
Ripper soupira.
- Et les amoureux, ils en pensent quoi ?
- Qu'elle est probablement en surcharge et qu'il faut attendre.
- Ce qui signifie ?
- Elle est mourante Hariel.
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Pyra servit un grand bol de thé à chacun de ses invités.
- Si vous vous présentiez...
Chacun ce présenta et Pyra s'assis à son tour.
- J'ai crut comprendre que tu savais qui était responsable de ces enlèvements... Introduisit prudemment Tika.
- Ouais...C'est Hariel Kh'aa Sélianna. Mon frère cadet. C'est un mercenaire. Expliqua-t-elle. Et d'après ce que je sais, il travaille pour la Couronne. Mais je ne vois pas ce que ma sœur voudrait bien faire de vos rejetons.
Une idée germa dans le cerveau de Pyra.
- Teklon ! Où est Myraël ?
- Enlevé en même temps que Shandra...
- Quoi ? A quoi penses-tu ?
- Raistlin as eut des petit problèmes de santé ses derniers temps. Il les penses reliés à un regain d'activité de la Reine...
- Et alors ? S'impatienta Rivebise.
Tanis avait pâlit visiblement.
- Alors ? Il n'y a que les rejetons de personnes ayant causés des problèmes à la Reine qui ont été enlevés. Expliqua le demi-elfe d'une voix blanche.
- Bingo ! Murmura Pyra.
- Attendez, là. Tu as bien dit que RAISTLIN avait eut des ennuis de santé ? Mais il est mort.
La magicienne lança un regard madré à Caramon et Tika.
- Vous ne leur avez rien dit ?
- Ben, non...
- Ce qui signifie ? Renchérit Laurana.
- Qu'il a quitté les Abysses depuis une bonne quinzaine d'années.
Six regard alarmés se braquèrent vers elle.
- Du calme. Il a VRAIMENT changé. Temporisa Caramon.
- Raistlin, changé ? Quand les vaches volerons... Grommela Tanis.
- La paternité l'a beaucoup calmé...
- PARDON ?
- Ce serait trop long à expliquer. Coupa Pyra en lançant un regard d'avertissement au couple Majere. Toujours est-il qu'il faut retrouver Raist et Dalamar avant qu'ils ne fassent des bêtises. Attendez moi là.
- Qu'est ce que tu vas faire ?
- Les contacter et leur expliquer la situation. Je connais bien Hariel. Il ne fera aucun mal aux enfants. Ils sont plus en sécurité avec lui qu'avec n'importe qui.
Pyra quitta la pièce et ordonna aux Gardiens d'empêcher quiconque de sortir de la cuisine et se téléporta dans le labo.
La pièce avait été complètement ravagée. Des grimoires jonchaient le sol, des cornues s'étaient écrasées par terre aussi eut-elle un peu de mal à trouver se qu'elle cherchait.
Elle installa le bol de bois sur le bureau de Raistlin, s'assis à sa place et remplit d'eau le récipient.
Elle murmura le sort et ouvrit son esprit.
Une présence soyeuse et chaude envahit ses perceptions.
- Pyra ?
- Oui Raistlin. Je suis à la Tour. Je voulais vous prévenir que quelqu'un en avait après Shand, mais je suis arrivée trop tard on dirait...
- Tu sais qui c'est ? Questionna la présence brillante et énergique de Dalamar.
- Oui. Ne vous inquiétez pas. Les enfants ne risquent rien. Les enfants de Caramon, Tanis et Rivebise ont également été enlevés.
Un silence choqué lui répondit.
- Nous ne pouvons pas vous attendre...
- Je sais. Tu as encore un de ces trackeurs ?
- Oui...C'est d'accord. Je vais en planquer un dans le coin. Vous n'aurez plus beaucoup de retard sur nous ainsi.
- Ca marche. A dans deux jours. Je fatigue.
- A bientôt. Oh, et encore une chose... Merci.
- Pas de quoi Raist. Shand est ma filleule après tout...
Pyra rompit la conversation et regagna la cuisine.
Dès qu'elle ouvrit la porte, Rivebise lui tomba sur le paletot.
- Pourquoi ne pouvons nous pas sortir ?
- Je doute que vous aimeriez tomber sur les locataires mort-vivants de la Tour. Lui répondit Pyra d'une voix polaire. Je vais vous conduire à des chambres. Nous partons demain. J'ai contacter Raist et Dalamar, ils nous laissent une balise. Je nous téléporterai tout jusqu'à elle. Ca nous ferras gagner près de cinq jours. Teklon ! Va prévenir Dalérion et les autres d'être à la Tour à la première heure...
- Qui est Dalérion ? S'enquit Lunedor avec plus d'intérêt qu'elle n'en avais manifesté depuis l'enlèvement de ses enfants.
- Le grand frère de Dalamar. C'est pas possible, ca tourne VRAIMENT au regroupement familial...
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Varune, Antre de Samaël
Estéhaulan dormait. Les exercices de la journée l'avaient épuisés et il faisait maintenant la sieste, niché entre les pattes avant du dragon, la tête contre sa poitrine, bercé par la douche chaleur et l'odeur d'épice qui s'élevait de ses écailles et par le fredonnement perpétuel du gigantesque animal.
- Mon vieil ami ?
- Ma sœur ? Qui a-t-il pour ton service ?
- Je voudrais que tu protège ce petit. Le Régent voudras le capturer pour honorer sa Reine. Je ne veux pas qu'il lui soit fait du mal. Tu veux bien t'en charger ?
- Bien sur petite sœur. Sourit le dragon en effleurant les boucles auburn du jeune homme du bout du museau.
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Varune, Appartements royaux.
- Ma chère, vous n'avez pas encore prit votre remède ?
- Je vais le prendre mon ami, mais je ne sais s'il me fait vraiment du bien.
- Il est indispensable que vous le buviez.
La Reine acquiesça et porta le verre à ses lèvres. Le poison coula dans sa bouche et Hamelet, satisfait, quitta la pièce.
La Reine attendit un instant et recracha le breuvage.
Elle se tourna vers Sandor.
- J'espère que vous savez ce que vous faites, mon oncle.
- Fais moi confiance, mon enfant. La rassura le Maitre-mage en sortant de l'ombre.
2 ème Epoque : Chapitre XVIII
Chemin Faisant
Palanthas. Tour de Haute Sorcellerie
Pyra traça mentalement la présence du trackeur. Elle le repéra et tira. La ligne de pouvoir se tendit et se maintint.
La magicienne rouvrit les yeux.
Devant elle, Dalérion et ses hommes étaient totalement en confiance, montés sur leur chevaux, ils étaient près à partit dès qu'elle aurait ouvert le Couloir.
Caramon et les autres, à l'inverse, étaient presque au bord de la panique. A près tout, si Pyra était puissante et savait se qu'elle faisait, elle n'en restait pas moins une robe noire un peu dingue qui n'aurai pas eut le moindre complexe à coucher Takhisis sur ses genoux pour lui flanquer une fessée...
Pyra incanta. Un voile lumineux entoura le portail de la Tour et s'accrocha à ses montants. La toile d'énergie se densifia et perdit en luminosité. Un paysage forestier apparut au centre et se stabilisa.
De la sueur coula sur la tempe de Pyra.
- Allez, je ne pourrai pas le maintenir longtemps. Ordonna-t-elle d'une voix douloureuse.
Les elfes saisir littéralement les humains par la peau du cou et les jetèrent de l'autre côté du voile avant de leur envoyer leurs chevaux.
Pyra s'affala sur sa selle, la respiration incertaine et Dalérion dut saisir Lance par la bride pour lui faire rejoindre les autres.
Le portail se referma sur les derniers poils de queue de la jument et Dalérion dut soutenir Pyra pour qu'elle puisse descendre.
Rivebise mit pied à terre, se planta devant la magicienne et lui lança un regard méprisant devant sa faiblesse.
- Alors, magicienne. On ne tient pas la route ?
Pyra ôta le gant de cuir qui lui protégeait la main et la pierre s'enflamma au contact de la lumière. De petits serpents de lumière s'insinuèrent sous sa peau et remontèrent le long de son bras. Pyra referma le main et se releva, toutes forces restaurées.
Ella passa devant le barbare sans même lui répondre et sauta en selle. Dalérion eut un petit sourire amusé et imita la jeune femme.
Le barbare resta comme un con sur le bord du chemin pendant que le petit groupe donna des jambes et partit au grand galop. Il lui fallut quelques minutes pour les rattraper...
Famanos tira sur les rênes.
- Pyra, c'est pas ça ? Demanda-t-il en désignant la petite pierre pulsante qui avait été insérée dans l'écorce d'un arbre.
- Si, c'est le trackeur.
Elle mit pied à terre et récupéra l'artefact, puis elle ferma les yeux et plasmodia à voix basse. Un sourire plein et chaleureux éclaira son visage quand elle trouva la présence de Raistlin et Dalamar.
- Dal ? Quelle est la route la plus directe pour Sylvanost ?
L'elfe réfléchit un instant.
- Plein sud.
- Alors allons-y.
Tanis se pencha vers Caramon.
- Et tu la suis comme ça, sans poser de question ? C'est quand même une robe noire !
- Tanis, mon ami, je ne suis pas très malin, mais il y a une chose que je sais. Raistlin ne s'est jamais trompé sur quelqu'un.
- C'est pas ça qui va me rassurer.
- Je vais te répéter ce qu'il ma dit peut-après la naissance de sa fille : "Même lorsque j'était dans les abysses, je n'avais pas vraiment peur. Je subissais, mais la peur était abstraite. Même Takhisis ne m'effraye pas vraiment. Mais ELLE, crois moi mon frère. Elle est peut-être un peu dingue, mais quand elle se sera libérée des terreurs et des ressentiments qui l'oppressent, elle sera infiniment plus forte que je ne l'ai et que ne le serais jamais... S'il n'y avait qu'une personne à qui faire confiance en se bas monde, ce serait elle. Elle sait le prix de la trahison..."
Tanis haussa un sourcil.
- Elle est si forte que ça ? Elle a pourtant eut du mal à nous transporter ici...
- Ce n'est pas d'un point de vue magique que Raistlin parlait. Réfléchis mon ami, je suis sûr que tu comprendras.
Le demi-elfe se tut et réfléchis intensément en lançant sa monture au galop.
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Sylvanost.
Les Gardes leurs interdisaient de sortir et les enfants n'appréciaient pas de devoir renoncer à leur heure de promenade journalière. Apher et Exers étaient tout joyeux de revoir leur pays natal et Ripper les observaient avec une affection teintée d'amusement. Chelinox, de son côté, restait enfermé en permanence, insupportable qu'il lui était d'encadrer tous ses elfes gazouillants grouillants de partout...
Palin, lui, était d'une humeur massacrante. Sa cousine agonisait, et tout le monde s'en foutait ! La dernière fois qu'il avait demandé de l'aide à Hicks, le demi-elfe lui avait renvoyé un regard polaire et lui avait expliqué avec un monde d'indifférence dans la voix qu'il n'y avait rien à faire et qu'il fallait attendre.
Tanin posa un main sur l'épaule de son cadet qui le repoussa sans ménagement. L'apprenti mage trempa la manche qu'il avait déchiré de sa tunique dans le baquet d'eau fraîche qu'Hicks avait consentit à lui faire apporté et bassina une fois de plus le visage de Shandra.
La jeune fille gémit et ouvrit sur le vide des yeux immenses, dilatés par la peur de créatures qu'elle était seule à voir.
Myraël se pencha vers elle et lui prit la main. Le petit elfe était tout aussi perdu qu'a son arrivée et ne faisait guère confiance qu'à Palin. Lorsque Dezerel lui avait demandé pourquoi, il s'était contenté de répondre qu'il n'y avait guère que des mages qui s'étaient montrés gentils avec lui. Les rejetons Majere, bercés comme ils l'avaient été par les histoires de Raistlin en avaient été estomaqués. Depuis, ils avaient peu ou prou placé l'enfant en quarantaine...Sauf Palin.
Shandra se tordit de douleur en gémissant avant de retomber sur les couvertures. Une colère aussi excessive qu'irrationnelle envahi Palin lorsqu'il entendit les rire d'Exers et Apher entrant dans la tente.
Sans prendre garde à la lueur haineuse dans le regard de Palin, les deux elfes s'approchèrent de Shandra et l'examinèrent rapidement. Taradon s'approcha d'eux.
- Pas de changement ?
Apher haussa les épaules.
- Non. Je ne crois pas qu'il y ait quelque chose que nous puissions faire. Répondit l'elfe en se redressant et en se détournant.
Devant tant d'indifférence, Palin perdit le peu de sang froid qu'il lui restait et se jeta sur l'elfe.
Avant que Taradon ou Exers est put réagir, il jeta Sirdal au sol et commença à l'étrangler. L'elfe se débattit de son mieux et sa tête heurta le sol dur avec un craquement sinistre. Un filet de sang s'écoula sur la terre qui le but avec avidité et Apher s'amolli entre les bras de Palin. Dans sa rage, il ne remarqua rien et continua à l'étrangler.
Deux mains puissantes l'arrachèrent à sa victime et le jetèrent à plusieurs mètres.
L'adolescent s'écrasa au sol et se déchira les mains sur des graviers. La douleur lui fit en partie recouvrer son sang froid.
Il tourna la tête et demeura saisit.
Exers berçait le corps inerte de son amant, pleurant sans s'en rendre compte, l'appelant à voix basse...Mais Apher ne répondait pas.
Palin blêmit. Jamais il n'avait voulu faire de mal à qui que ce soit...
Alerté par le tapage, les autres Gardes Noirs accoururent.
Hicks emporta l'elfe sous sa tente, Kilwan sur les talons, et Ripper, le visage convulsé de rage s'approcha de l'apprenti mage. Il le fixa de longues secondes dans les yeux puis lui fit signe de le suivre.
- Faites préparer le départ. Ordonna-t-il à ses hommes
L'adolescent hésita et l'homme le saisit par le col pour l'entraîner dans sa tente.
Les frères de Palin tentèrent de s'interposer, mais furent violemment repoussés par les autres Gardes, tous aussi choqués que Ripper.
Un silence de mort plana dans la tente des prisonniers, juste brisé par les gémissements de Shandra.
Ripper jeta Palin par terre qui jugea plus sage de rester où il était tombé.
Le Chef de la Garde Noire mit un instant à recouvrer son calme.
- Pourquoi as-tu attaqué Apher ? Questionna-t-il d'une voix qui aurait congelé la Mer de Sang jusqu'à la dorsale .
Palin releva le nez avec défit.
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Entrée sud du Sylvanesti
Raistlin talonna sa monture qui ne put accélérer, épuisée comme elle l'était. Dalamar saisit les rênes d'une main et arrêta les chevaux.
- Descends !
- Dalamar... Gronda l'archimage.
- TU DESCENDS TOUT DE SUITE !
Raistlin mit pied à terre, un peu stupéfait de la colère de l'elfe.
- Et si tu le crèves sous toi, comment tu va faire ?
L'humain ouvrit la bouche pour protester puis la referma sans rien dire, bien obligé d'être d'accord avec Dalamar.
- Ca va, ca va, prenons un peu de repos...
Les deux archimages noir reprirent leur route pied, tirant derrière eux leurs montures exténuées.
Un bruit de feuilles leur parvint.
- C'est quoi ?
- Des elfes ?
- Non, trop bruyant...
Les deux hommes allongèrent le pas, peu désireux de devoir en découdre plutôt que prévu avec les propriétaires lieux.
Le Sergent fit un petit signe à ses hommes. Il leva le poing.
Les soldats grimpèrent en selle et sortirent leurs armes de leur fourreau.
Le Sergent baissa le bras. Les quatre soldats jaillirent du sous-bois et se jetèrent sur les mages sans émettre un son.
Tout fut vite terminé. Des réflexes presque oubliés de mage de combat reprirent le dessus.
Trois des soldat furent carbonisés et un quatrième égorgé d'un coup de dague avant que Dalamar ait put bougé d'un pouce.
Raistlin courus vers le Sergent et l'assomma d'un grand coup de Bâton dans la figure. L'homme tomba et Raistlin le gifla pour qu'il se réveille.
Dalamar sortit de sa stupeur et constat, un peu affolé, le carnage qu'avait causé son amant.
Il émis un petit rire à la limite de l'hystérie et hallucina complètement en voyant son maître, à califourchon sur le sergent, le secouant à bout de bras et lui gueulant de répondre à ses questions.
L'homme, encore inconscient, ne pouvait guère dire grand chose, et l'elfe se força à se secouer.
Il courut vers Raistlin et lui saisit la main avant qu'il ne gifle une fois de plus son prisonnier.
- Raist, ca suffit, tu va finir par le tuer avant qu'il ne réponde à nos questions.
L'archimage eut un regard méchant pour son apprenti que ne s'en laissa pas compter.
- Tu sais que j'ai raison. S'il te plait...
L'archimage fou-furieux disparus pour ne plus laisser que le petit garçon perdu que deux personnes au monde connaissait.
- Dalamar. J'ai peur. Shandra, elle.
L'elfe le serra contre lui.
- Je sais, moi aussi j'ai peur pour elle. Mais ce n'est pas en tuant ce type que tu l'aideras.
L'archimage baissa la tête.
- J'ai un peu disjoncté depuis quelques temps...
- Vrai, et toi, quand tu disjoncte, tu ne fais pas les choses à moitié. Sourit l'elfe. Allez, relève toi.
Raistlin obéit et mit quelques minutes à reprendre son calme.
Le sergent gémit. Dalamar retint l'humain avant qu'il ne lui saute une fois de plus sur les endosses.
- C'est MOI qui vais le questionner...
Raistlin marmonna quelque chose dans sa barbe.
- Tu disais.
- Rien, rien.
L'elfe n'épilogua pas, ayant très bien compris ce que son ami avait dit.
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Sylvanesti
L'elfe entendit trois déflagrations sur sa droite. Il descendit de l'arbre où il faisait le gué et courut en direction de l'explosion.
Il se planqua dans un buisson et attendit.
Il ouvrit de grands yeux en voyant deux Robes Noires arpentées librement le territoire ancestrale des elfes et une bouffée de haine lui monta à la gorge en reconnaissant l'elfe noir qui s'affairait sur un prisonnier humain.
Le guerrier battit en retraite avant de se faire repérer.
Il courut vers Sylvanost.
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Entrée sud du Sylvanesti
Pyra arrêta sa jument et tendit l'oreille. Un grand sourire lui fendit le visage.
- Qu'y a-t-il ? Demanda Caramon.
- Raistlin et Dalamar sont juste devant, à une vingtaine de kilomètres. Une dizaine de minutes de voyage...
- QUOI ?
- Elle a accélérée la vitesse des chevaux, Barbare. Expliqua Dalérion avec amusement. Que c'est-il passé ?
- Je ne sais pas, j'ai sentit Raistlin utilisé sa magie pour le combat, c'est tout. Maintenant que je les tiens, je ne vais pas les lâcher, rassures toi.
Tanis tiqua à une pensée qui lui venait à l'instant.
- Heu...Pyra ?
- Oui ? Répondit la magicienne en relançant sa monture au grand trot.
- C'est le Sylvanesti tu sais...
- Et alors ?
- Ben...Les robes noires n'y sont pas particulièrement appréciées...
- Je suis déjà venue je te signale !
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Sylvanost
Dersandre s'installa sur un banc et sortit sa harpe de son étui. Elle l'accorda pendant que Damon installait ses bijoux et commença à chanter.
Attirés par la musique, une douzaine d'elfes se rapprochèrent.
Charmés par les pierres précieuses si audacieusement taillées, plusieurs achetèrent moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.
Le frère et la sœur sourirent.
Si un jour ils revoyaient le vieux mage rigolard et maladroit qui les avaient guidés, il faudrait qu'ils le remercie chaleureusement.
2 ème Epoque : Chapitre XIX
Retour au Pays
Sud du Sylvanesti
Raistlin balança un grand coup de bâton dans l'estomac du sergent et réitéra sa question
- OU-EST-SHANDRA ?!
Le sergent cracha un peu de sang et ne répondit pas.
L'archimage arma son bras pour une nouvelle gifle mais une main l'arrêta.
Il leva les yeux.
Pyra descendit de sa jument écumante.
- Il ne peut te répondre, Raist. Il ne te comprend pas...
- Pyra...Shandra, elle...
- Je sais, ma puce, c'est pour ça que je suis là.
Les nerfs de l'archimage lâchèrent et il sanglota à fendre l'âme dans les bras de Pyra.
La magicienne le serra contre elle, lui murmurant quelques paroles de réconforts.
Dalamar se joignit à la petite réunion de famille et les trois autres couples en restèrent comme deux ronds de flancs.
Enfin, après de longues minutes, les deux archimages se calmèrent, essuyèrent leurs larmes, se mouchèrent, bref, reprirent une contenance un tant soit peu plus digne de leur rang.
- Je vais m'occuper de votre prisonnier. Dites plutôt bonjour...
Caramon s'approcha le premier de Raistlin, il le serra dans ses bras avant de la tenir à bout de bras et de l'examiner de la tête aux pieds.
- Eh bien dit moi, la maternité à l'air de te réussir...Tu n'as jamais eut l'air plus en forme que maintenant...Et tu as grandis ! S'extasia-t-il en constatant que ses yeux étaient au même niveau que ceux de son frère.
- Je suis en grande forme, c'est vrai. Mais Dalamar s'occupe bien de moi.
- Ah bon, ca continue vous deux ?
- Ca t'embêtes ? Demanda l'archimage, un peu gêné.
Caramon haussa les épaules.
- Pff, moi tu sais, je m'en fiche. Si tu as ce que tu veux...
- Merci mon frère. Souris Raistlin, les yeux soudain très brillants.
Rivebise et Tanis suivaient la conversation entre les deux frères. Ils avaient visiblement du mal à suivre.
Ils haussèrent un sourcil quand à la "maternité" de Raistlin, puis s'entre regardèrent.
- Nooooon, on a mal compris... Murmura Tanis comme pour lui même.
Aux allusions à peine voilées entre Raistlin et Dalamar, par contre, les deux hommes choisirent sagement de laisser les deux frères là et de s'éloigner un peu.
Raistlin coula un regard vers eux, eut un petit sourire amusé et remarqua que les oreilles de Tanis étaient un peu rouges...
Dalérion mit pied à terre.
Dalamar hésitait à faire le premier pas et Dalérion ne se résignait pas à s'approcher.
Les deux frères s'observèrent en chiens de faïence pendant de longues minutes.
Pyra étant occupée à gazouiller dans une langue bizarre avec le prisonnier, Tika prit les choses en mains.
- Dalamar ! Comment allez vous depuis le temps ?
Délibérément, elle prit la main de l'elfe et le tira derrière elle.
- Alors Pyra nous a dit que vous êtes frères tous les deux...S'extasia-t-elle avec une magnifique mauvaise foi.
- Heu, oui... Murmura Dalamar sans lever les yeux sur Dalérion.
- Et bien vous devez avoir plein de choses à vous dire. Insinua-t-elle d'un ton adamantin.
Les deux elfes lui jetèrent un coup d'œil surpris avant de s'entre-regarder.
- M'est avis que les femelles de cette famille ont une vision bien particulière de comment les choses doivent marcher . Plaisanta Dalérion.
Dalamar leva les bras au ciel dans une pose dramatique.
- Et encore, tu n'as jamais vu Pyra piquer sa crise, ou Raistlin grimper au mur...!
Les deux frères hésitèrent encore un instant et se jetèrent dans les bras l'un de l'autre.
Les sourires de Famanos, Quéris, Valenth et Talenth leur faisaient trois fois le tour du visage.
Pyra se redressa et laissa le cadavre du sergent glisser à terre.
Tanis se précipita sur elle.
- Tu l'as tué ?
- Raistlin l'avait trop amoché. Il est mort d'hémorragies internes.
- Où sont les enfants.
- Sais pas.
- QUOI ?
- Mais je sais où ils vont les emmener.
- Où ? Demanda Dalamar qui n'avait pas lâché le main de son grand frère.
- Varune...
- Varune ? C'est quoi ? Questionna Rivebise.
- L'Empire de Varune, le plus vieil Empire humain de cette planète à tenir encore la route.
- Il est où ? Je n'en ai jamais entendus parler. Ajouta Laurana.
Pyra indiqua ses pieds du pouce.
- La-dessous. Et il n'y a qu'une seule entrée...
- Quand partons-nous ?
- Pas avant un moment. Gronda une voix derrière le petit groupe.
Chacun se retourna.
Des dizaines d'elfes les encerclaient de toutes parts.
Rivebise et Caramon eurent un geste pour tirer leur épée. Tika et Lunedor les en empêchèrent.
Porthios sortit des rangs.
- Tanthalas...Je ne vais pas dire que je suis heureux de te voir, ce serait un mensonge. Emmenez les. Ordonna-t-il
Les elfes les poussèrent à l'aide de piques et prirent leurs montures par la bride.
Un des elfes fit mine de tirer Lance d'Acier par les rênes et la jument se cabra. Jetant les dents en avant, elle fit mine de piétiner le gosse qui battit en arrière en glapissant de peur.
Pyra ricana et s'avança vers sa jument. Elle repoussa rudement les piques que les elfes braquèrent dans sa direction et lança quelques mots à la bête en Haut Varunois.
La jument s'immobilisa, déverrouilla ses articulations puis vint se frotter contre sa maîtresse. Ekalaka et Sharn vinrent à leur tour flanquer leur amie et Egone se percha sur le garrot de Lance.
Les elfes leur donnèrent prudemment du champs.
- Exhibitionniste ! Lança Raistlin avec amusement.
La magicienne se fendit d'une petite révérence ironique.
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Camps de la Garde Noire, Est de la Plaine de Poussière
Palin se sentait vraiment mal. Apher n'avait toujours pas repris conscience et Exers était inconsolable. Shandra allait un peu mieux et ses frères l'avaient félicité pour son attaque surprise, mais il se sentait nauséeux.
Myraël s'approcha de lui et lui prit la main. L'apprenti mage voulait qu'on lui fiche la paix, mais il n'eut pas le cœur à repousser l'enfant.
- Pourquoi pleures-tu ? Le questionna-t-il, son petit visage grave et enfantin levé vers le sien.
Palin passa sa main sur ses joues et s'aperçut qu'elles étaient trempées de larmes.
- Parce que j'ai presque tué deux personnes.
L'elfe réfléchit gravement et son petit front se barra d'un pli soucieux.
- Et tu ne peux pas réparer ?
- Je ne vois pas comment, je ne suis pas un guérisseur.
- Tante Pyra à utilisée un sort sur oncle Famanos une fois, c'était un sort de restructation organiste je crois...
- Restructuration organique plutôt, non ?
- Possible.
- Il faut énormément de puissance pour le lancer, je ne le connais pas, et je ne suis qu'un apprenti...
- Mais eux, ils le connaissent peut-être, et si tu acceptes de te lier au sort.
Palin réfléchit un instant et un grand sourire apparut sur ses lèvres.
Il embrassa le petit elfe sur le haut du crâne.
- Myraël, je t'adore! Tu es un génie!
L'enfant rougit sous le compliment et baissa la tête.
L'apprenti mage ouvrit le rabat de la tente. Un soldat se précipita.
- Je voudrais voir Hicks...
- T'en a pas assez fait ! Gronda le type.
- Justement, je veux réparer, et j'ai peut-être une solution.
Le soldat le fixa un long moment d'un regard lourd.
- Suis-moi.
Palin se glissa dans la tente des elfes. Hicks bassinait le front d'Apher et Exers lui tenait la main.
Le demi-elfe lui jeta un coup d'œil haineux.
- Qu'est ce que tu veux ? T'excuser ?
- Non... Je voudrais réparer...
Declan cracha un mot obscène.
- Ah oui ? Et comment ?
Palin lui explique rapidement les grandes lignes.
- C'est ridicule ! S'emporta le demi-elfe. Il faudrait bien plus d'énergie qu'il n'en reste à Exers...
- Justement, c'est pour ca que je suis là.
Exers releva la tête.
- Tu excepterais ?
- C'est ma faute, non ?
Declan fronça les sourcils.
- Holà, du calme. Ca veut dire quoi ?
- Qu'il servirait de "batterie" au sort, en quelque sorte.
- C'est pas dangereux ?
- Si, bien sûr...
- Tu es sur de toi ?
- Oui.
- Alors approche.
Kilwan reposa Sirdal sur sa couche et fouilla dans l'un de ses grimoires.
- Place tes mains sur sa poitrine.
Palin s'exécuta.
Exers incanta.
Palin eut du mal à respirer. Une douleur sourde lui déchira les poumons.
Un froid intense envahi le jeune homme et il se sentit claquer des dents.
Un voile noir passa devant ses yeux.
Il s'évanoui.
Sirdal ouvrit les yeux.
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Antre de Samaël, Varune.
Le dragon était content. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait plus formé d'apprenti. Depuis le noviciat de la mère du jeune homme en fait, et le dragon était content.
Son élève progressait à la vitesse grand V. En quelques semaines, il avait compris les principes de base du contrôle élémentaire de l'æther et s'amusait maintenant à fabriquer de tout pièce de petite statues d'air.
Le jeune homme dispersa sa concentration et lança un grand sourire au dragon.
L'animal tendit une patte au jeune humain qui l'utilisa comme marche-pied pour se nicher entre les ailes du dragon.
C'était le moment de la journée que tous les deux aimaient le plus : l'heure du bain.
Samaël prenait une forme humanoïde plutôt qu'humaine (jamais il ne pourrait passer pour humain avec les yeux, les cheveux et les ailes que lui laissaient le sort de transformation) et tous deux allaient batifoler comme des enfants dans les chaudes et riches eaux qui courraient au fond de l'antre de l'animal. Samaël avait même trouvé le temps d'apprendre à nager à Estéhaulan !
Le jeune homme se laissa couler le long du flanc doux et écailleux.
Samaël se transforma, plongea dans l'eau et refit surface bien vite.
'Lan le suivit plus lentement et attrapa au vol le savon.
Le dragon se rapprocha de lui et lui tourna le dos.
Le jeune homme frotta, intérieurement toujours aussi stupéfait de l'odeur de cannelle et de jasmin que diffusait le dragon, quelque soit sa forme.
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Volkinord
Varzil enfonça la pointe de son stylet à la base de la nuque de son client.
L'arme s'enfonça dans le cerveau avec un bruit de succion assez répugnant et l'homme glissa à terre.
L'assassin retourna le cadavre pour s'assurer qu'il avait été servit puis posa une botte sur le dos et tira. L'arme vint avec un désagréable bruit de clou rouillé sur une ardoise.
Varzil haussa les épaules. Il DETESTAIT utiliser ses talents à la surface. Mais le Trône l'avait payé...
Il quitta la maison sans bruit et se glissa dans la forêt.
Il récupéra sa monture et se permit de se détendre.
Un rameau de bois mort craqua derrière lui. Il se retourna, épée à la main.
Un vieux mage rigolard, perché sur une mule aux étranges yeux dorés le fixait, un sourire mystérieux au lèvres.
- Salut, mon garçon. Tu es bien Varzil Kh'aa Sélianna ?
Un peu décontenancé, l'assassin ne put que répondre.
- Heu...Oui...
- Bien, très bien. Tu veux bien venir avec moi ? Dersandre et Damon nous attendent...Entre autres choses...
L'assassin ne put même pas s'étonner de l'incongruité de la situation.
- Si...Si vous voulez.
Il monta en selle et suivit le vieillard qui semblait avoir toutes les peines du monde a retenir son chapeau.
- Heu...Vous êtes qui ? Osa demander Varzil.
- Fizban, mon garçon. Tu peux m'appeler Fizban. Mais il nous faut nous hâter...
2 ème Epoque : Chapitre XX
Sylvanesti
Sylvanost
Dalamar soupira misérablement en regardant autour de lui. Une grosse boule dans la gorge l'empêchait de parler et il lança un regard malheureux à Raistlin qui le prit par les épaules, aveugle aux regard scandalisés de Rivebise et Tanis.
Porthios menait la colonne, le front haut et fier.
Il ne jeta pas même un coup d'œil à sa sœur.
Enfin ils entrèrent dans Sylvanost
- Archers, emmenez ce traître. Ordonna Porthios en désignant Dalamar.
Raistlin resserra son étreinte autour de son apprenti.
- Et qu'est ce que tu lui veux. Demanda-t-il d'un ton un peu frais.
- Mais le faire exécuter, bien sûr. Répliqua l'elfe avec un rictus carnassier comme des gardes se jetaient sur les deux hommes pour les séparer.
Dalérion en désarma un et lui prit sa lame.
- Je ne croit pas, Porthios...
- Je suis ton roi ! Fulmina l'elfe.
- Je ne m'incline que devant ma reine. Contra Dalérion. Et devant Pyra aussi. Mais pour d'autre raisons. Ajouta-t-il après quelques instants. Mais c'est pas tes oignons.
Porthios rougit furieusement avant de devenir blême. Près à ordonner l'exécution de tout le monde.
Pyra secoua la tête d'accablement.
Elle porta ses doigts à se bouche et siffla.
Tout le monde sursauta et les quelques instants de flottements lui suffirent pour s'approcher de Porthios et lui glisser Koran sous la gorge.
Le Roi du Qualinesti bafouilla quelque chose à propos de crime de lèse-majesté mais se tut lorsque la pression de la lame s'accentua.
- Du calme tout le monde ! C'est pas le moment de jouer aux héros. On veut juste rencontrer la reine du lieu.
- Alhana Astrevent... Lui souffla Tanis.
- Ouais, voilà, machinlanavent
Raistlin, Caramon et Rivebise collectèrent soigneusement les armes des elfes.
- Bien, c'est par là le centre-ville ?
Porthios acquiesça de la tête.
- Oui. Miaula-t-il d'une petite voix étranglée.
- Parfait.
Raistlin se rapprocha de Pyra.
- Dites moi ma chère ?
Pyra haussa un sourcil interloqué.
- Vous êtes bien Héritière de Varune, il me semble...Insinua-t-il en se frottant l'aile du nez d'un air finaud.
- Plus si ma sœur à un rejeton, mais je suis en bonne place pour le Trône, pourquoi ?
- Allons, il serait normal qu'une Dame de Haute Naissance, Héritière d'un Empire de surcroît, rende visite à ses homologues...Tu ne croit pas ?
Pyra se fendit d'un sourire et Dalamar, comme Caramon et Tanis, eurent un rictus pervers.
Raistlin s'inclina.
- Votre Altesse...
Pyra se redressa, chassa une mèche de cheveux, tendit le plus sérieusement du monde son épée à Laurana qui l'accepta avec un sérieux identique et une joie mauvaise au cœur.
Raistlin lança un âpre murmure qui toucha loin.
- Attention les enfants, Dévadoris Kh'aa Sélianna entre en scène...
************************
Dersandre et Damon observèrent, assez étonnés, la petite troupe encadrée de garde qui remontait la rue principale jusqu'à la demeure de L'Orateur du Soleil.
Damon hoqueta.
- Qu'y a-t-il ? S'interrogea Dersandre.
- Déva !
- Quoi ?
- La grande rouquine, en tête de cortège, c'est Dévadoris...
- Quoi ? Mais elle est morte quand j'avais quatre ans !
Damon secoua la tête.
- Non, elle n'est pas morte, elle à quitté Varune pour une raison connue d'elle seule et d'oncle Sandor. Mais c'est bien elle. Je reconnaîtrai entre milles la femme qui m'a appris à monter à cheval et à lire, petite sœur.
Dersandre rangea sa harpe, au grand dam des elfes qui l'écoutaient, dans son étui et se leva.
- On les suit ?
- Ca marche, fillette !
************************
Dévadoris, flanquée de Sharn et Ekalaka, marchait à grand pas, vivante incarnation de la dignité outragée.
Un bon remue-ménage se fit entendre et Alhana sortit sur la pas de sa porte.
Elle écarquilla un peu les yeux en voyant la troupe hétéroclite qui s'avançait vers elle, mais son regard revint automatiquement à la femme de tête. Un frisson désagréable lui fouailla l'échine.
- Dalérion, que me vaut ce tapage ? demanda-t-elle au seul des elfes qu'elle connaissait vraiment dans le petit groupe.
L'elfe s'approcha, s'inclina respectueusement et présenta la petite troupe.
- Vous connaissez mes hommes et les héros de la Lance, voici de plus Dalamar, Maître des Robes Noires de Krynn et accessoirement mon frère, son maître et compagnon, l'Archimage et Maître de la Tour de Haute Sorcellerie de Palanthas Raistlin Majere, que vous avez rencontré il me semble, et enfin, la plus belle de toute, Son Altesse Impériale, Dévadoris Kh'aa Sélianna, également archimage pyromancienne.
Pyra inclina très légèrement la tête et se fendit d'un petit sourire très calme.
Alhana resta un instant sans voix. Elle s'attendait à tout sauf à ça !
Porthios se dégagea et Laurana rendit Koran à Pyra qui la glissa au fourreau avec la dextérité née de l'habitude.
Le roi du Qualinesti se rua au côté de sa femme et tenta tant bien que mal de se redonner une contenance.
- Ma chère, cet elfe est un traître. Il doit être exécuter de suite.
Alhana lança à son époux un regard dénué de chaleur.
- Nous somme ici chez moi, mon ami, il en sera fait comme JE le souhaite. Rappelez vous en, si vous y arrivez. Grinça la jeune elfe d'un ton aussi insultant que possible. Ma sœur, c'est un plaisir que de vous recevoir ici, vous et vos...amis. Sourit-elle en présentant son bras à la magicienne.
Pyra l'accepta gravement.
- Merci, ma sœur. Il y a longtemps que je voulais revenir dans votre magnifique royaume. Oh, et ne vous en faites pas, nous ne resterons guère. Et je suis sur que Raistlin et Dalamar se montreront discret quand à leurs petits escapades...
La reine des elfes se détendit visiblement et eut son premier vrai sourire.
- Que me vaut l'honneur de votre visite ?
- Vous savez ce que c'est, les rigueurs du pouvoir sont parfois très astreignantes, et il est toujours utile de nouer de bonne relations avec ses voisins...
- Quelle actrice ! S'extasia Tanis en se penchant vers Raistlin.
L'archimage lui renvoya un petit regard totalement ambiguë.
Le visage de Pyra se fit soudain très grave, sans la moindre trace de badinage.
- Il est pourtant des nouvelles dont il vaut mieux en parler en privé...
- Suivez moi...Tous. Ajouta-t-elle en voyant Porthios s'apprêter à protester.
************************
Varzil cligna des yeux à plusieurs reprises et secoua la tête pour s'éclaircir les idées.
- Mais qu'est ce que je fait ici ?
- Tu as des choses à y faire et des gens à voir.
- Où sommes nous ?
- Sylvanost...
- QUOI ? Mais c'est l'autre côté du monde !
Le vieux mage rigolard remonta sur sa mule qui renâcla un peu sous son poids.
- Va plutôt par là, que de râler... Ordonna-t-il avant de disparaître dans le sous-bois.
Il fit avancer sa monture, encore un peu ahuri lorsqu'une voix l'appela.
- Varzil ?
L'homme se retourna.
- Damon ! Qu'est ce que tu fait là ?
- Et toi ?
- Un vieux mage m'a amené ici. Je ne sais pas pourquoi.
Le regard de Dersandre s'embrasa.
- Fizban ?
- Oui, tu le connais ?
- C'est lui qui nous a guidé ici.
- Pourquoi ?
- Je croit que la raison en ai liée à Dévadoris.
- QUOI ? MAIS ELLE EST MORTE !
- Non, nous venons de la voir. Contra Dersandre
L'homme blêmit
- Par les Abysses.
- Que signifie ?
- Ce foutu Régent n'en a plus pour longtemps...
- Quel Régent ?
- Sélianna est morte depuis il y a des années et Vanda aussi. Vous aviez quittés Varune à cette époque...
- Qui règne.
- En l'absence de Déva, c'est Méléria qui a été couronnée. Et depuis qu'elle est malade, c'est son époux qui contrôle plus ou moins l'Empire.
Les trois frères et sœurs s'entre-regardèrent.
Le même sourire pervers naquit sur leur visage.
- Faut lui parler...
************************
Alhana s'assis et fit signe à ses invités de l'imiter.
Tanis prit la parole le premier.
- Je suis étonné que tu ai accepté de nous recevoir Alhana...
- Elle n'aurait manqué pour rien au monde une occasion de rabaisser Porthios, Tanis. Renifla Raistlin d'un petit ton supérieur.
La reine des elfes eut un petit rire sans joie.
- C'est bien vrai...Mais comment sais-tu cela Raistlin ?
- Les femmes n'ont plus guère de secret pour moi... Expliqua-t-il d'un ton sibyllin.
Rivebise et les autres échangèrent une petite moue dubitative.
- Trêve de badinage Alhana. Reprit-il. Nous sommes là parce que nos enfants ont été enlevés et que la piste des kidnappeurs nous a menée ici.
- QUOI ?
- Il dit vrai, Alhana. Insista Laurana. Nous les suivons pour récupérer nos enfants...
- Le chef de la Garde est grand, avec de longs cheveux bleutés. Continua Pyra.
- Ripper ?
La magicienne bondit par dessus son fauteuil.
- C'est lui !
- Vous le connaissez ?
- C'est mon petit frère...
- Quel dommage ! Se désola Alhana. Il était si gentil, si bien élevé...
- C'est normal, c'est moi qui l'ai éduqué. Remarqua Pyra.
- Pyra, ce type est ton frère ? S'exclama Dalamar avec colère...
- C'est un mercenaire Dalamar. Il fait ce pourquoi on le paye ! Ce que je voudrais surtout savoir, c'est pourquoi le Trône a fait enlevé vos enfants...
- PARDON ?
Pyra se mordilla la lèvre.
- En tant que rejeton de Varune, nous disposons d'un moyen de rester en contact. Il s'agit d'un artefact dressé à peu de distance de la grotte qui nous permet de renter. Quand l'un de nous rentre ou sort, nous avons l'habitude de laisser un message pour le reste de la fratrie décrivant ce qu'on a à faire, où on va, ce genre de chose. Je vous avait dit que je voulais rentrer chez moi, lorsque j'ai voulu laisser un mot sur l'artefact, j'ai lu celui d'Hariel et de la Garde Noire et ...
- Hariel ?
- Ripper, Hariel est son vrai nom. Donc, j'ai lu son message. Et je suis revenue plein pot à la Tour, mais comme Dalamar boudait et avait protégé les environs contre moi, je n'ai pas put me téléporter et je suis arrivée trop tard...
- Ce qui signifie...
- Que nous allons devoir aller à Varune. Conclue Caramon.
Raistlin acquiesça de la tête.
- La Garde Noire, c'est quoi ? Demanda Alhana, étrangement fascinée.
- Un groupuscule terroriste à la botte de la Couronne, spécialisé dans le meurtre, l'enlèvement, l'espionnage...
Pyra frémit et elle pâlit un peu.
Raistlin le nota mais ne dit rien.
- La direction de La Garde est toujours confiée à un rejeton de la famille impériale. Pour pouvoir gagner le poste, il faut éliminer le Chef précédent...
Un serviteur toqua et entra.
- Ma reine ? Trois personnes demande à rencontrer Dame Dévadoris...
Alhana lança un petit regard interrogateur à Pyra qui secoua négativement la tête.
- Je ne sais pas, ma chère...
- Faites entrer.
Damon, Dersandre et Varzil entrèrent dans la pièce.
Sans un regard pour les autres personnes présentes, il se dirigèrent résolument vers Pyra qui les avaient intantanément reconnus.
Contrairement à ce que la jeune femme attendait, il ne se jetèrent pas dans ses bras.
Les trois jeunes gens s'agenouillèrent devant elle.
- Impaerlath ! Murmurèrent-ils en chœur.
Pyra blêmit tout a fait et dût s'asseoir, plus livide qu'un cadavre.
Caramon se tourna vers son frère.
- Que signifie ?
- Impaerlath...Impératrice en Haut Varunois... Murmura l'Archimage.
Imitant les trois jeunes gens, Raistlin s'inclina.
- Majesté...
Dalamar et Dalérion furent les suivant à lui témoigner respect.
2 ème Epoque : Chapitre XXI
Haine
Campement de la Garde Noire, deux jours plus tard
Palin but avidement le grand bol de thé que Hicks lui avait apporté. Il reposa son bol et le Garde s'assit à côté de lui.
- Comment va Apher ?
- Mieux, il va bien mieux...Je dois dire que j'ai été étonné de ton geste.
- Je ne voulais faire de mal à personne. Se désola Palin.
Hicks lui lança un long regard.
- Oui, je te crois...Et Shandra, comment va-t-elle ?
- Elle ne devrait pas tarder à reprendre conscience. Palin se tut et hésita avant de reprendre. Pourquoi nous avoir enlevé ?
Hicks hésita à son tour.
- Parce qu'on en a reçut l'ordre. Mais tu sais, tu n'as rien à craindre. La Garde Noire n'a acceptée le contrat qu'a la condition expresse qu'il ne vous soit fait aucun mal.
- Ca me fait une belle jambe. Grimaça l'apprenti avec aigreur.
- Si tout ce passe bien, vous serez vites rendus à vos familles...
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Sylvanost.
- Comment va-t-elle ? Demanda Dalamar à Raistlin.
- Elle ne veut toujours voir personne. Elle a même chassée Eka et Sharn de son esprit...
Dalamar soupira bruyamment.
- Combien de temps pour qu'elle reprenne le dessus ?
- Tu la connais aussi bien que moi. Elle est fragile.
- Tu peut pas faire quelque chose.
- Et qu'est ce que tu veux que je lui dise ? "C'est pas grave ma vieille, haut les cœurs, on va aller te le récupérer ton trône" ?
- Ben oui, ce serai un début...
L'archimage lança un long regard qui ne cillait pas à son apprenti.
- Elle ne veut PAS régner !
- Il FAUT qu'elle nous guide jusqu'à Varune !
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Shandra se réveilla avec un mal de tête carabiné. Jamais de toute sa courte vie elle ne s'était sentie aussi nauséeuse. Malade, oui, mais ça...
Elle se concentra sur sa respiration pour garder le contrôle de son estomac puis ouvrit les yeux.
Elle balaya la tente du regard, ne reconnaissant rien ni personne.
Autour d'elle, une cinquantaine d'enfants et de jeunes adultes attendaient, visiblement déprimés.
Shand se redressa. Myraël la vit et poussa un petit piaulement de joie avant de se jeter dans ses bras. Elle sera l'enfant contre elle.
Une jeune femme vient la voir.
- Bonjour, je m'appelle Dezerel Majere. D'après ce que nous a dit Myraël, nous sommes cousines. Comment te sens-tu ?
- Pas trop mal. J'ai encore eux une crise ?
Dezerel l'observa, intriguée.
- Une crise ?
- Fièvre, convulsion...
- Oui, ca t'arrive souvent ?
- Parfois, quand il y a trop de magie dans l'air. Où sommes nous ? Et où sont mes parents ?
- Tu...Tu a été enlevée, il y a près de deux semaines, comme nous tous.
- Enlevée ? Comment ça enlevée ?
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Varune
Hamelet faisait les cent pas dans son cabinet de travail. Malgré les certitudes de Striker, l'état de Méléria ne s'était pas aggravé, bien au contraire, et Sandor c'était décidé à reprendre sa place au Conseil...
Le Régent était furieux. Les choses n'allaient pas comme il le voulait, loin de là, et Takhisis commençait à s'impatienter.
Pour passer ses nerfs, il décida d'aller voir sa fille.
Dévadoris jouait dans le patio de ses appartements. D'une braise ardente dans la main droite qui ne semblait pas la brûler, elle faisait jaillir de vivantes sculptures de flammes et riait de les voir s'égailler autour d'elle.
La colère de son père n'en fut qu'attisée.
Sans réfléchir, il souleva l'enfant par le col et la jeta contre le mur.
Déva s'écrasa contre les pierres de taille et glissa au sol. Elle leva un regard paniqué à son père et tenta, bien futilement, de se protéger.
Une pluie de coups s'abattit sur elle.
Hamelet retira sa ceinture.
Le serpent de cuir mordit cruellement les chairs fragiles de la fillette.
Avec un sanglot, elle feignît l'inconscience.
Les coups s'arrêtèrent.
Un dernier coup de pied dans les côtes la fit frémir.
Le Régent sortit du patio.
Dévadoris resta de longues minutes incapable de bouger.
Tout son corps lui semblait brisé.
Un long moment passa.
Des bras d'homme la soulevèrent doucement.
Elle gémit.
Sandor jura à la petit fille qu'il aurait la peau d'Hamelet
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Porthios rongeait son frein.
Le roi du Qualinesti n'avait pas du tout apprécié la façon dont sa femme l'avait congédié, pas plus qu'il n'avait apprécié de voir trois robes noires, dont un ELFE mettre les pieds dans le berceau de la race elfique.
Il repoussa le monceau de parchemins qu'il devait contre-signer et se laissa aller en arrière.
Jetant un coup d'œil par la fenêtre, il ne put retenir un grondement de rage.
Dalamar se promenait dans la ville, aussi a l'aise que si les rues lui appartenait.
Porthios tira sa dague de son fourreau, lui imaginant une autre place, bien plus esthétique.
Un sourire froid lui retroussa les lèvres.
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Estéhaulan se contraint au calme en comptant jusqu'à vingt.
Pour la trentième fois, Samaël lui redemandait le même exercice. Le dragon avait pourtant bien vu qu'il n'arrivait pas à le contrôler !
Le jeune homme serra les dents, ferma les yeux et relança le sort une trente et unième fois. Encore une fois, la tornade de feu lui échappa et lui brûla les mains.
Avec un sanglot de rage, 'Lan jeta le parchemin par terre.
- SUFFIT ! Ramasse ce parchemin et recommence ! Tonna le dragon.
- Je n'y arrive pas, j'en ai assez !
Samaël lança un regard dur à l'humain.
- Recommence. Tu ne prendra aucun repos jusqu'à ce que tu maîtrise ce sort.
Estéhaulan cria de rage et se jeta sur le dragon.
Un coup de queue le cueillit en pleine poitrine et l'envoya taper contre le mur.
Un flot de sang coula de la bouche du jeune homme qui revint à la charge.
Perdant tout contrôle de lui même, il invoqua une tempête élémentaire et la lança sur son maître.
Imperturbable, Samaël en repris le contrôle et le renvoya sur l'humain.
La tempête heurta 'Lan de plein fouet qui hurla de douleur.
Le dragon ne fit pas un geste pour l'aider.
Enfin, le flammes élémentaire se dispersèrent.
'Lan se redressa avec difficulté et jeta un regard méchant à son maître.
- Voilà ce qu'il te manque, Estéhaulan. La contrôle de toi.
- Tu as fait exprès...
- Evidement.
- Je te hais...
- Certainement...pour l'instant. Va donc faire un tour et réfléchir un peu.
L'humain se releva en s'appuyant au mur et quitta la salle d'entraînement.
Une fois seul, Samaël pris forme humaine. Il gagna la salle d'eau et se laissa couler dans l'eau. Flottant au milieu de l'énorme bassin naturel, loin des regard de son élève, il se permit de pleurer.
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Pyra réfléchissait, seule, dans le noir. Depuis deux jours, elle refusait de voir qui que ce soit.
Elle ouvrit une énième fois le précis de protocole varunois qu'elle avait retrouvé dans ses affaires et le compulsa une fois de plus.
Elle le referma et scella le parchemin qu'elle venait de signer.
Contente d'elle, elle chercha la présence mentale de ses familiers.
- Eka ? Sharn ?
- Pyra ? Ca va ? Demandèrent en même temps les deux voix mentales.
- J'ai réglé mes petits problèmes à ma convenance.
- A savoir ?
- Que Grand-mère Varune devait être une sacré législatrice. Tu sais où sont Raistlin et Dalamar ?
- Dalamar se promène avec son frangin et Raistlin... Le loup renifla. Où veux-tu qu'il soit ?
- A la nourricerie ?
- Dès qu'il y a des bébés quelque part...
Pyra ricana et enfila sa robe.
Elle sortit de la chambre qui lui avait été prêté et faillit marcher sur Rivebise et Tanis.
Le barbare ouvrit la bouche mais la magicienne ne lui laissa pas le temps de parler.
- Prévenez les autres voulez-vous, nous pourrons partir dès demain matin.
Le demi-elfe et l'humain échangèrent un regard. Décidément, ils ne comprendraient jamais les femmes.
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Takhisis hurlait tout ce qu'elle savait.
Devant elle, Sargonnas et Nuitari se faisaient tout petit.
- Comment a-t-il été au courant ? Qui l'a prévenu ?
- Je ne sais pas, ma chère. Tu sais parfaitement que je suis aussi coincé que toi ici. Remarqua Sargonnas.
La Reine de Toutes les Couleurs et d'Aucune se retourna sur sa fille.
- Et toi, qu'a tu as dire ?
- J'ai...J'ai bien vu Paladine s'en mêler...
La Tentatrice Noire s'immobilisa.
- Tu es sûre ?
La petit déesse de la magie hocha frénétiquement la tête.
Takhisis repartit dans une diatribe enflammée.
- DES INCAPABLES, JE SUIS ENTOUREE D'INCAPABLES !!!!
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Raistlin était assis par terre.
Une petit fille de trois ans sur les genoux, les autres enfants assis en demi-cercle autour de lui, les parents des enfants debout un peu plus loin.
L'archimage racontait une histoire aux enfants et les petits elfes l'écoutaient avec ravissement.
- ...Et le chef des lapins de guerre sauta sur le grand dragon rouge. Il fit signe à deux de ses soldats de le suivre et bondit jusqu'au museau du monstre...
Pyra entra dans la nourricerie.
Elle écouta l'histoire que racontait Raistlin et sourit.
Les petits elfes étaient si émerveillés par l'histoire de Raistlin qu'ils en oubliaient d'avoir peur de lui...Et leurs parents étaient eux-même si fascinés que plusieurs s'étaient assis par terre et avaient pris leur progéniture sur leurs genoux pour écouter plus confortablement.
- Le grand rouge se retourna de colère et vomit un nuage de flammes sur le chef des lapins. Les flammes l'entourèrent de toute parts...
Parents et enfants hoquetèrent de concert.
- Mais si petit était le lapin, qu'il parvint à se faufiler sous une écaille avant que les flammes l'atteignent.
Jeunes et adultes soupirèrent de soulagement.
Une main effleura l'épaule de Pyra et Dalamar s'installa à côté d'elle.
- Décidément, on arrivera jamais à le décoller des enfants...
- Ils l'adorent !
- Tu m'étonnes !
Raistlin acheva son histoire et chacun rentra chez soi.
L'archimage rendit le bébé à sa mère légitime avec un soupir résigné et rejoint son amant et son amie.
- Pyra, ca va mieux ?
- J'ai réglée les problèmes à ma convenance.
- On part demain ?
- Oui, allons dehors, j'ai des choses à vous expliquer.
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Au fur et à mesure que Dezerel lui expliquait les évènements de ces deux dernières semaines, la colère de Shandra augmentait.
Elle augmenta si tant qu'Exers le sentit et se précipita vers la tente des prisonniers.
- Qu'est ce qui se passe par ici ? Demanda-t-il avec un peu de crainte dans la voix.
Shandra était dans une telle rage que ses yeux noirs avaient pris la teinte dorée de ceux de sa mère. Le regard de pure méchanceté qu'elle lança à l'elfe le fit reculer.
Ripper entra à son tour accompagné de Taradon et Lebannon.
- Il faut la calmer...Commença Exers en sortant un flacon de somnifère d'une poche.
Les trois hommes entourèrent l'adolescente.
- Soit gentille, bois ca...
Shandra ne se sentit plus de colère lorsque devant son refus les trois hommes l'empoignèrent et que l'elfe lui fit couler la potion dans la gorge.
Elle hurla.
Physiquement et mentalement.
Et son hurlement déchira les tympans de tous les mages à deux cent lieues à la rondes.
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- Nous savons où ils vont, il est donc inutile de les suivre. Je pense qu'il serait préférable de gagner Costeneuve et de finir en bateau jusqu'à l'Allée de la Reine... Expliquait Pyra.
- Mais, nous allons les perdre de cette façon. Et puis pourquoi prendre par bateau, nous allons perdre un temps fous à contourner le continent.
Pyra soupira.
- Tanis, l'entrée de Varune est sur une île, et nous avons un arrangement avec une tribut d'elfes marins. Ils nous aiderons...
Tout d'un coup, Pyra, Raistlin et Dalamar se plièrent en deux de douleur, les mains sur les oreilles et mirent quelques secondes à se remettre.
- QUE DE LA MERDE DE DRAGON VOUS POURRISSE LES ENTRAILLES, QUE TAKHISIS CE FASSE DES CHAUSSURES AVEC VOTRE PEAU, BATARDS SANS PERE ! SUCEURS DE DRACONIENS! SERVANTS DE NAINS DE RAVINS !...
Rivebise lança un regard perdu aux mages.
- Qu'est ce que c'était ?
Un grand sourire fendait le visage des trois robes noires.
- Shandra ! Il n'y a qu'elle qui connaisse ce genre de vocabulaire.
- Au moins elle va bien.
- C'est pour Hariel que je vais commencer à m'inquiéter... Plaisanta Pyra, hilare.
- Shandra ? Redemanda Tanis.
- Notre fille. Expliqua Dalamar.
- Votre fille ?
- Ben oui, à moi et à Raistlin...
Un silence estomaqué et incrédule lui répondit, juste rompu pas les injures sporadiques que Shandra continuait à balancer à l'autre bout de la planète.
2 ème Epoque : Chapitre XXII
Chatons
Sylvanost
Raistlin referma son sac et enfila sa robe.
Encore affalé sur son lit, Dalamar révisait rapidement quelque sorts.
L'archimage lui chatouilla la nuque et l'elfe arqua le dos comme un chat.
- Raist ! Je travaille là !
L'humain sourit.
- Dépêche toi plutôt. Les autres ne vont pas nous attendre.
Dalamar pesta un peu mais se leva et jeta son sac sur son épaule.
Ils gagnèrent les écuries et y trouvèrent Varzil et Pyra en grande conversation.
- ...D'accord, le stylet est pas mal. Mais je préfère rompre la nuque d'un coup sec. C'est beaucoup plus sensuel et bien moins sale. Expliquai Pyra.
- Certes, mais ca ne vaut que pour quelqu'un qui a une force physique déjà imposante. Le poison est pratique.
- Ca laisse des traces !
- Pour un mage, mais pas pour le commun du mortel.
- Vous discutez de quoi ? S'enquit Laurana qui venait d'entrer.
- De nos méthodes préférés d'assassinat...
L'elfe verdit quelque peu.
- Ne fait pas attention. Renchéri Varzil. Entre professionnels, on a toujours tendance à papoter boulot.
La princesse s'enfuit en courant et les deux varunois ricanèrent de concert.
- C'était petit, vraiment, petit... Rouspéta gentiment Raistlin.
Pyra lui tira la langue et attrapa au vol le filet de Lance d'Acier. Elle harnacha la jument et rejoint les autres qui attendaient impatiemment dehors.
Dalamar et Raistlin la suivirent plus lentement.
Alhana les attendait.
- Dalamar. Exceptionnellement, j'ai fait une exception quand à ta venue ici, mais je te déconseille de retenter ta chance. Ce n'est pas que ta présence est désagréable, mais il y a des lois que je suis tenue de respecter. Expliqua la reine des elfes. Cela vaut également pour vous deux. Ajouta-t-elle en direction de Raistlin et Pyra. Je vous souhaite de tout cœur de retrouver vos enfants.
- Merci Alhana. La remercia Tanis.
Porthios lança un regard haineux à Dalamar et n'ajouta rien.
La petite troupe se mit en selle.
Pyra prit la tête avec ses frères et sœur et partit au pas.
Raistlin approcha son étalon de celui de Dalamar et les deux mages se préparèrent à voyager de concert.
Laurana embrassa son frère qui s'en fichait visiblement complètement et ne quittait pas Dalamar des yeux.
Tanis haussa un sourcil mais n'ajouta rien et vient se placer à la droite de sa femme. Rivebise et Lunedor vinrent ensuite, tirant les chevaux de bât qu'Alhana leur avait offert, Caramon et Tika fermaient la marche.
Dalamar et Raistlin bavardaient à voix basse lorsque Porthios parut prendre un décision et courut vers eux.
Arrivé à hauteur de Dalamar, il tira sa dague de son fourreau et la lança d'un geste fluide.
Tourné vers lui, Raistlin le vit lancer l'arme.
Avec un cri d'alarme, il se poussa Dalamar et le jeta au sol.
Les deux étalons se cabrèrent et fuirent au galop. Varzil et Pyra firent volter leur monture et flanquèrent les deux mages de part et d'autre, dans un attitude protectrice, avant même que l'un des gardes ai réagit.
Dalamar se releva en jurant et Porthios dégaina son épée en voyant que sa dague l'avait épargné.
Raistlin ne se releva pas.
Fou de rage, Dalamar lança un regard de pure haine au roi du Qualinesti.
Aveuglé par le colère, Porthios ne vit rien.
Au prix d'un effort énorme, l'archimage se retint de l'attaquer et porta secours à son amant.
Décontenancé, Porthios se sentit soudain très bête.
Les gardes d'Alhana se reprirent.
Une douzaine de lames menacèrent la gorge du frère de Laurana.
Pyra mit pied à terre et examina sommairement Raistlin. Elle enleva la dague fichée dans son épaule et referma proprement la blessure en faisant appel à la magie de la pierre.
Le voyant toujours inconscient malgré les soins de Pyra, Dalamar commença à paniquer.
La magicienne le calma très vite.
- C'est rien du tout. Il s'est juste assommé en tombant... S'esclaffa-t-elle.
Dalamar soupira de soulagement et remit son maître selle devant Pyra.
- Je vais m'occuper de lui. Lance est la seule à avoir suffisamment de force pour porter double charge.
Varzil s'approcha de Porthios.
- Mesquin, et très mal fait. La prochaine fois que vous voulez assassiner quelqu'un, faite le faire par un professionnel. Au moins, s'il se plante, vous pourrez toujours nier. Alors que là...Votre femme à l'air absolument "ravie".
Le prince de Varune eut un sourire pervers.
- Je suis persuadé que cette jeune dame saura vous apprendre le respect qui convient...
Alhana jeta un regard vierge de tout aménité à son époux.
- Gardes, reconduisez le dans ses appartements. J'aurai une petite discussion avec lui.
Les gardes s'inclinèrent et obéirent.
- Je suis navré. Continua la reine des elfes. Je ne pensait pas que son ressentiment était aussi fort.
Dalamar secoua la tête.
- Ce n'est pas vraiment grave. Cela n'a pas porté à de trop grosses conséquences. Mais nous devons partir.
- Je comprends. Faites attention.
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Varune
Estéhaulan se sentait vraiment malheureux. Il faisait la tête à Samaël depuis près de vingt quatre heures, et celui lui coûtait vraiment. Il n'était pas dans son caractère de se comporter de cette façon et il ne savait pas comment se faire pardonner.
Le jeune homme soupira tristement et repris le parchemin qui avait provoqué la dispute de la veille. Il le détailla longuement, l'étudia sous toutes ses coutures et tenta de le lancer.
A la vingt-huitième tentative, la tornade de feu lui obéit et il parvint à lui donner la forme et la consistance qu'il voulait. Il se força davantage et modela les flammes vivantes à sa convenance.
Après plus de trois heures d'entraînement acharné, il compris enfin ce que son maître voulait qu'il acquiert.
Content de lui, le jeune homme courut vers l'antre du dragon.
L'immense bête dormait, couchée sur le flanc, sa respiration soulevant ses ailes frémissantes à chaque inspiration.
'Lan s'approcha de lui sans bruit et lui caressa la jointure des ailes.
Le dragon se détendit dans son sommeil et soupira de contentement.
'Lan continua.
A près de longues minutes, Samaël ouvrit les yeux et planta son regard d'améthyste dans les yeux d'émeraude de son élève.
- Pour hier...Commença le jeune homme très mal à l'aise. Je suis désolé. J'ai été vraiment méchant avec toi, alors que tu ne fais que ton boulot. J'espère que tu pourras me pardonner...
Le dragon ne dit rien et ne bougea pas.
- J'ai finit pas comprendre ce que tu voulais que j'apprenne avec ce sort... Continua l'humain.
Samaël le fixait de ses yeux violets sans la moindre émotion.
'Lan baissa la tête et retint les larmes qui menaçaient d'envahir sa gorge.
- S'il te plait, pardonnes-moi ! Cria-t-il presque.
Le vieux dragon ne réagit pas.
Une larme coula sur la joue du jeune homme.
Il baissa la tête et se détourna pour quitter la salle.
Un bruit d'or brassé se fit entendre.
Deux bras chauds et de longues ailes fines entourèrent les épaules du bâtard.
- 'Lan, mon petit... Murmura Samaël en le serrant contre lui. Je ne voulais pas te faire de peine, mais il est des leçons qui ne peuvent s'apprendre que dans la souffrance...
Le jeune humain releva la tête.
Puis il ferma les yeux.
- Je comprends maintenant. Finit-il en se laissant aller sous l'étreinte du dragon.
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Une pluie torrentielle se mit à tomber, au grand désarroi de la petite troupe.
Raistlin se réveilla dès les premières gouttes et se comportait depuis qu'il avait récupéré sa monture comme un chat humide, pestant et râlant après tout un chacun. Dalamar était guère plus heureux et son épaisse crinière noire commençait à sentir le chien mouillé, engoncé comme elle l'était sous son capuchon. Pyra quand à elle, avait carrément abandonné ses rênes à Lance qui suivait gentiment la jument de Varzil. La pyromancienne détestait à ce point la pluie, que sans l'intervention in-extremis de Tanis qui ne voyait pas d'un bon œil un mage faire mumuse avec le temps, elle aurait depuis belle lurette désagrégée le nuage qui leur filait le train.
La pluie redoubla assez soudainement, et la petite troupe dut déjeuner froid, incapable qu'était un feu de brûler par ce temps.
En fin d'après-midi, Pyra était à la limite de l'hibernation sur sa jument, Raistlin à moitié congelé, et Dalamar ressemblait plus à un terre-neuve après une manœuvre de sauvetage en mer qu'à autre chose.
La petite troupe quitta enfin les terres du Sylvanesti et ils n'eurent à faire que quelques lieues pour tomber sur un village disposant d'une auberge.
Les trois mages se réveillèrent ensemble et Varzil talonna sa monture vers leur salut.
Rivebise se hérissa à l'idée de s'arrêter si tôt, mais du convenir avec une Pyra plus agressive qu'une mère blaireau sur le point de mettre bas que les chevaux étaient fatigués, qu'il n'y avait pas d'autres auberges à des heures à la ronde, qu'il faisait froid et faim et que si t'es pas content c'est pareil !
Prudent, le barbare laissa courir et s'aperçut que de toute façon aucune des femmes ne voulait faire un pas de plus et qu'en bon époux bien dressé, il savait parfaitement qu'il ne fait jamais mécontenté celle qui tient la queue de la casserole.
Maugréant dans sa barbe, Rivebise imita ses amis et démonta.
Reprenant les rênes du commandement, Pyra ordonna aux hommes de s'occuper des chevaux et entraîna ces dames vers l'intérieur et la chaleur réparatrice d'un bon feu.
Tika, Lunedor et Laurana ôtèrent leur cape dégoulinantes d'eau et les remirent à l'aubergiste. Pyra, Raistlin et Dalamar firent de même avec leur robe et tous les six se sentirent tout de suite bien mieux.
Sur ces entrefaites, Les hommes entrèrent à leur tour.
- Si ces dames veulent prendre un bain bien chaud ?
Six paires d'yeux brillants se tournèrent vers l'aubergiste.
- C'est par ici. Ces messieurs devront patienter un peu...
Tika, Lunedor, Laurana et Pyra emboîtèrent le pas du tenancier.
Dalamar retint Raistlin par la manche.
- Où tu crois aller là ?
- Au bain voyons.
Un petit sourire niais naquit sur les lèvres de Dalamar.
- Raist mon chou, je te rappelles que tu es un homme...
L'archimage réfléchit un instant.
- Tiens, mais c'est ma foi vrai. Parfois j'oublie. S'excusa-t-il.
Dalamar soupira bruyamment et l'embrassa dans le cou.
- Je t'aime. Murmura-t-il d'un ton qui en disait plus qu'une bibliothèque.
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Striker s'affala sur le divan.
Le Régent arpentait la pièce de long en large.
Un sourire sardonique sur les lèvres, Striker attendait que son hôte s'explique sur cette convocation en pleine nuit.
Hamelet parut retrouver un peu de calme .
- J'aimerai savoir. Commença-t-il pourquoi le poison, si soit-disant parfait n'a fait aucun effet à ma femme...
Striker se redressa et fronça les sourcils.
- il EST parfait ! Etes-vous sûr qu'elle l'a but ?
- Absolument. Et il me faudrait quelque chose pour me débarrasser de Sandor.
Vicero se renfrogna.
- Je me refuse à me mettre le Mage à dos.
- Si vous le tuez, il ne posera aucun problème.
L'ex Garde Noir renifla avec mépris.
- On vois bien que vous ne le connaissez pas. Il sentirait un poison à dix lieues à la ronde. Et de toute façon en tant que Maitre-mage, il est naturellement immunisé.
- Peut-être contre le poison, mais contre une dague effilée ?
Striker fronça de nouveau les sourcils.
- Je ne veux pas avoir à me frotter à lui. Si vous voulez le tuer, débrouillez vous !
Hamelet accepta sa défaite et passa à autre chose.
- Pour ce qui est de Ripper...
Les yeux de Striker s'illuminèrent.
- Lorsque lui et ses hommes reviendront, je veux que vous les tuiez tous et que vous me rameniez les prisonniers ici.
- Très bien. Sourit Vicero avec un rictus mauvais.
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Dalamar se laissa aller en arrière. Affalé sur un banc, confortablement habillé de velours épais et doux, et surtout sec ! L'archimage permit à ses pensées de dériver. Il sourit en voyant Pyra faire un bras de fer avec Rivebise et empocher toute la mise lorsqu'elle l'envoya au tapis, et ricana silencieusement en entendent Tanis, Lunedor et Laurana spéculer sur la réaction et les paroles de Raistlin juste avant le bain.
Son esprit revint sur son maître et un doux sourire rêveur naquit sur ses lèvres.
Comme les choses avaient changées, et comme ses préjugés également !
Et pourtant, l'elfe hétéro qu'il était se trouvait parfaitement à l'aise dans sa relation avec Raistlin.
Dalamar fronça les sourcils. Il faudrait qu'il pense à avoir une petite conversation à ce sujet avec Pyra. Elle pourrait peut-être l'éclairer.
Comme si son évocation l'avait fait apparaître, Raistlin se matérialisa à côté de lui.
- Regarde ce que j'ai trouvé en allant voir Eka !
L'archimage lui fourra dans la paume une petit boule de poils mouillé et crottée. Quatre autres petites boules semblables se nichaient contre sa poitrine.
Attirée par le tapage, Pyra vint voir.
- Des chatons ! Qu'ils sont mignons. S'exclama-t-elle.
- Tu en veux un ?
La magicienne hocha vigoureusement la tête et se précipita vers son éternel sac de voyage d'où elle tira une épaisse serviette et plusieurs petits biberons.
- Aubergiste ! Du lait de chèvre tiède !
L'homme obéit et en quelques minutes, les trois archimages noirs se retrouvèrent occupés à materner cinq petits chatons, guère âgés de plus d'un jour ou deux, et entourés par une petite foule de curieux, totalement abasourdis de voir de pareils monstres de puissance fondre d'amour devant de petites boules de poils crottées aux yeux encore fermés.
Pyra souleva le chaton au poil aussi roux que le sien que Raistlin lui avait donné et le serra contre elle en lui donnant le biberon. Le bébé se mit à ronronner comme toute une nuit d'orage, et fut rapidement imité par ses frères et sœurs qui se nichaient voluptueusement dans le velours soyeux des robes des mages.
2 ème Epoque : Chapitre XXIII
Un Vieil Ami
Varune, deux semaines plus tard, Nécropole impériale
L'Impératrice arpentait la nécropole des Reines. Un juron sur les lèvres et la colère au fond de ses yeux de braise, elle tapa bien inutilement dans un mur.
Kamara eut un petit sourire ironique.
- Allons, mère. Cela ne sert à rien. Vous ne pouvez même plus vous faire mal.
Varune renifla avec mépris et jeta un coup d'œil autour d'elle.
Sa fille et petites filles attendaient, tirées de leur sommeil millénaire par le seule force de sa volonté.
Le mur de la nécropole ondula et Kamara prit forme plus consistante.
La Reine qui était la Voûte s'assit sur le trône qui sortit de terre à son ordre.
- Si vous voulez bien nous expliquer pourquoi nous sommes là, mère ?
- Ne va pas me dire que de ta place tu n'as rien vu !
- Les manœuvres du Régent ? Si bien sûr. Mais je ne vois pas en quoi cela nous concerne. Après tout, nous sommes mortes...
Fiona se matérialisa.
- Samaël approche, Grand-mère.
- Il est seul ?
- Oui, Estéhaulan est resté dans son antre.
- Kamara, si tu voulait bien...
La Voûte haussa les yeux au ciel et la roche s'effaça devant le dragon.
- Merci ma chère.
Des dizaines de petits tourbillons colorés se jetèrent sur l'animal pour l'effleurer à la joie de revoir l'un de leurs meilleurs amis d'enfance
Samaël eut un petit rire amusé.
- Allons, mesdames, que diraient vos époux...
Varune tapa dans ses mains immatérielles.
- Mes filles, voyons, un peu de tenue !
Les âmes des Reines se calmèrent et reprirent sagement leur place près des cercueils de cristal qui enchâssaient leur corps morts depuis des siècles.
Sélianna demanda la parole.
- Oncle Sandor a plus ou moins repris en main Méléria. La pauvre enfant n'était pas préparée à régner...
- Elle n'était surtout pas capable de se choisir un époux. Remarqua Alathéa III.
- C'est Déva qui aurait dut monter sur le trône. Pas elle.
- Quelqu'un a put la localiser ? Demanda Siane
- Elle fait route vers Varune. Informa poliment Samaël.
- Qu'est ce qui l'a fait changé d'avis ? S'enquit Diviana
- Les manipulations du Régent. Avança Miranda.
- Celui là...
- Il a partie liée avec Takhisis. Se désola Varune.
Merine lâcha une juron bien sentit.
- Mais qu'est ce qu'il a dans la théière ?
- Il veut le pouvoir. Remarqua Kamari en haussant les épaules.
- Il drogue ma fille à cette fin. Ajouta Sélianna.
- Et avec l'aide de Vicero. Finit Alathéa IV en lançant un regard en coin à Merine.
- Ce n'est pas ma faute s'il est un peu dingue !
- Et ce qu'il a fait à Dévadoris alors ! Relança Diane.
- Sandor aurait dut l'achever il y a longtemps. Gronda Vanda.
- Mesdames, un peu de calme ! Demanda une fois de plus Varune. Cela tourne au n'importe quoi ! Nous ne sommes pas là pour nous lancer des griefs à la figure à qui mieux mieux. JE vous ai convoquées ici pour que vous m'aidiez à remettre Varune dans les mains de nos filles !
Les Reines baissèrent toutes le nez et le ton.
- Oui Grand-mère. S'excusèrent-elle toutes en cœur.
Varune lança un regard effondré à Samaël qui rit doucement.
- Tes filles te ressemblent trop, ma douce...
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Ergoth du sud
Rivebise descendit du petit bateau qu'ils avaient affrété le premier et tira l'embarcation sur le rivage.
Lance d'Acier regarda la mer écumante avec une réticence manifeste avant de sauter à l'eau, Pyra sur le dos.
Raistlin et Dalamar imitèrent leur consœur et tout trois montèrent rapidement quelques tentes.
A peine la plus grande des tentes fut-elle montée et les chevaux débarqués qu'il se remit à pleuvoir. Les trois mages se réfugièrent à l'abri et lancèrent un bon feu. Eka et Sharn ressortirent et partirent en chasse.
Laurana se glissa sous la tente à son tour. Tika et Lunedor la suivirent.
De petits miaulements désespérés se firent entendre et les trois mages sortirent les chatons de sous leur robe.
Raistlin fit rapidement réchauffé un peu de lait et d'énergiques bruits de succions se firent bien vite entendre.
Rassasiés, les cinq petites bêtes baillèrent, se roulèrent en boule et se rendormirent.
Les trois mages relevèrent le nez sur les regards hilares et un peu méprisants de leurs amis.
Une voix leur parvint du rabat de la tente et une grande volée d'eau entra dans la tente en même temps qu'un vieillard.
- Salut les jeunes...
- Vous ! Hoquetèrent de concert Varzil, Dersandre et Damon.
- Fizban... Sourit Raistlin. Bien le bonjour mon vieil ami. Il y avait bien longtemps que nous ne nous étions pas vu...
- Raistlin. Je suis ravi de voir que la maternité t'a réussi à ce point, et que je ne n'était pas trompé sur ton compte...
- J'ai été beaucoup aidé. Constata l'archimage.
- Je sais, mais ce n'est pas une raison. L'avatar de Paladine observa avec tant d'attention Dalamar et Pyra que les deux jeunes gens se surprirent à rougir de confusion. Peu orthodoxe famille, mais qui te convient à merveille.
- Vénéré Paladine, comment vont mes bébés. Coupa Lunedor avec appréhension.
Le vieux mage cessa de jouer les vieux fous.
- Ils vont bien. Pour l'instant tout du moins. Pyra avait raison quand elle vous à dit que tant que les enfants seraient encadrés par La Garde Noire il ne craindraient rien. D'ailleurs. Ajouta-t-il avec une petite lueur dans le regard, ce ne sont pas les enfants qui ont des problèmes en ce moment. Il se retourna vers Raistlin. Ta fille tient sacrément de toi tu sais. En moins de deux semaines, elle a fait plus d'une trentaine de tentatives d'évasion, avec Palin et Myraël d'ailleurs et a mordu Ripper si fort, qu'il se retrouve avec une grosse poupée autour de la main droite. Un sacré caractère...
- Nous sommes assez fier d'elle. Confirma Dalamar. Mais je subodore que ce n'est pas pour nous dire cela que vous êtes venus ici.
- C'est exact. Raistlin, je te rappelle qu'un certain robe blanche a été interné dans le coin.
Raistlin pâlit.
- Penses-y. Et, Dame Dévadoris, j'aurais un message à vous remettre, de la part de votre mère...
- Mais elle est morte ! S'étonna Laurana.
- Oui, et alors ?
************************
Camps de la Garde Noire, Entrée de l'Allée de la Reine.
Shandra fulminait.
Le collier d'acier que les Gardes Noirs -- Après plus de vingt minutes d'une lutte épique, la fillette avait sa fierté -- lui avait passé autour du cou annihilait ses dons magiques, mais il lui restait encore les petits enseignements tactiques que Koran et Pyra lui avaient appris, et elle ne s'était pas privée de les utiliser. Palin observait de loin les révoltes de l'adolescente et n'y prenait par que lorsqu'il n'y avait pas de risque de blesser qui que ce soit. Myraël lui, suivait avec enthousiasme sa "grande sœur" et n'était pas le dernier pour embêter les soldats qui les surveillaient. Ripper et ses hommes étaient au bords de la crise de nerf, et il y avait fort à parier que si Shandra n'avait pas sauvagement mordu Le Chef de la Garde à la main et à un autre endroit particulièrement sensible, la tension qui s'était installée entre les Garde et les prisonniers auraient été insupportable.
Mais voilà, bien malgré elle, Ripper l'adorait. La gamine lui rappelait trop deux siennes sœurs, toujours prêtes à faire des quatre cent coups, et Hariel se sentait incapable de sévir contre la fillette.
Shandra se força à se calmer et réfléchit pour la première fois depuis quinze jours.
Une lueur sadique passa dans son regard.
Elle se leva et sortit de la tente.
Instantanément, deux soldats se matérialisèrent et l'empoignèrent brutalement.
Un regard polaire, deux baffes et un coup de pied bien placé plus tard, les deux hommes se contentèrent de la suivre de loin.
Elle toqua à la tente des elfes et entra.
Imperturbable, elle attendit qu'ils daignent se rhabiller.
- M'enfin ! Glapit Sirdal.
La jeune fille renifla avec l'air supérieur que savent naturellement prendre les femmes devant des hommes.
- J'ai l'habitude, avec mes pères...Dites, si je vous promet que je ne tenterai plus de fuir, vous accepteriez de m'enlever ce fichu collier ?
Les deux elfes s'entre-regardèrent, pas plus convaincus que ca.
Ripper entra sous la tente à son tour, alerté par un des soldats.
- Pouvons nous vraiment te faire confiance ?
Shandra lui lança un sourire éblouissant.
- Bien, alors disons que nous t'enlevons ce collier... Mais à la moindre incartade, cette fois ci, je sévirai.
Shandra haussa les épaules.
- Et comme tu te fiches des représailles que je pourrai prendre, c'est Myraël et tout la famille Majere qui paieras tes pots cassés.
La jeune fille pâlit.
- Ca te convient ?
- Très bien, j'accepte le deal...
Exers fourragea un instant sur la serrure du collier et la bande de métal tomba au sol. Il la ramassa et la rangea dans un grand coffre de bois blond.
Shandra s'apprêtait à sortir de la tente lorsqu'elle lança à Ripper.
- Au fait, les morsures, ca va mieux ? Demanda-t-elle avec un sourire impudent et un coup d'œil délibéré à l'entrejambe du Garde.
Ripper se fendit d'un sourire un peu jaune.
- Dehors petit monstre !
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Varune, antre de Samaël
Le dragon regagna son antre et se vautra sur son lit d'or natif.
D'une pensée, il convoqua Estéhaulan.
Le jeune homme le rejoint et s'assit entre les antérieurs de la bête.
- J'ai un message de ton arrière grand-mère. Commença le dragon.
- Un message ?
- Ta mère va bientôt revenir à Varune pour réclamer son trône...
'Lan hoqueta.
- Je...Je pourrai la voir ? Demanda-t-il d'une toute petite voix. Je me tiendrai tranquille. Assura-t-il avec appréhension.
- Mon petit. Mais bien sûr que tu va la voir. Et je suis sûr qu'elle sera ravie de voir quel bel homme tu es devenu.
'Lan soupira et se serra contre la peau écailleuse du dragon.
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Temple de Daltigoth, Ergoth du Sud, le lendemain
Raistlin démonta.
Caramon l'imita.
- Je t'accompagne mon frère.
- C'est hors de question Caramon. J'ai des questions à lui pauser et je te connais. Tu serais capable de l'embrocher simplement pour ce qu'il a tenter de faire il y a quinze ans.
- Mais...
- C'est non Caramon. Tu restes avec les autres.
L'archimage lança un regard suppliant à Pyra et Dalamar qui mirent pied à terre.
- Et pourquoi eux ils t'accompagnes ? Demanda, intrigué, Rivebise.
- Parce que Dalamar est mon amant et le père de ma fille, et parce que Pyra est plus une grande sœur pour moi que n'importe qui d'autre. S'emporta l'archimage, visiblement à bout de nerf.
Rivebise lança un regard horrifié à Tanis qui était aussi effaré que lui.
Les allusions étranges de tout un chacun prenant enfin une vrai signification.
Lunedor, Laurana et Tika échangèrent également un regard tout aussi effondré, mais plus par l'aveuglement chronique que leurs époux respectifs que pour autre chose.
Les trois mages s'éloignèrent.
Il s'arrêtèrent devant l'un des plus petits Temple de Paladine qu'ils ai jamais vu.
Raistlin toqua à la porte.
Une vieille dame leur ouvrit et eut un mouvement de recul en voyant les robes noires.
- Oui ?
- Nous voudrions voir Valoran, s'il vous plait...
- Suivez moi. Soyez gentil avec lui, il est un peu...ailleurs.
- Nous le connaissons. Temporisa Dalamar.
- Oh !? Ah, c'est vous...Ne lui faites pas de mal. Il est gentil. Et il nous rends bien des services. Sans lui, nous aurions eut de nombreux décès ses dernières années.
- Comment cela ? S'étonna Raistlin.
- Dans un certaine mesure, il peut voir l'avenir. Vois allez le voir, il joue avec ses peluches, lève le nez et vous conseil de ne pas aller à la mine nord le lendemain. Ca ne rate jamais, vous pouvez être sur que des étais lâcherons le lendemain. Et c'est pareil pour les récoltes ou le temps...
- Je vois. Murmura l'archimage.
- Nous y sommes.
La vieille ouvrit une petite porte et les trois mages entrèrent dans une petit cour intérieure.
Assis par terre, jouant avec deux chiens en peluche, le mage blanc fixait la fontaine sans la voir, un petit sourire jouant sur ses lèvres pâles.
2 ème Epoque : Chapitre XXIV
Valoran
L'ex-mage fixait le bassin avec attention. Quelques carpes nageaient au fond et il pouvait rester des heures à les regarder tourner en rond.
Il serra contre lui les petites peluches que la prêtresse du temple lui avait donné et se pencha un peu en avant.
Un présence se fit sentir près de lui et il se rencogna un peu plus sur lui même, effrayé par les étrangers qui le fixaient sans la moindre aménité.
Raistlin lança un regard froid à Valoran et retint un bruit obscène. Les derniers lambeaux de la peur qui l'avait paralysé pendant des années s'évanouirent et il se sentit tout à coup très idiots d'avoir craint pendant quinze ans le souvenir d'un homme qui n'aurait même pas été capable de s'habiller tout seul.
- Il faudra que je pense à remercier ce vieux fou. Grinça-t-il
Il s'approcha de Valoran et s'accroupi près de lui.
- Bonjour Valoran...
Le plus petit des trois étrangers s'approcha de lui et Valoran sentit la panique l'envahir.
Il savait qu'il connaissait cet homme, mais le souvenir en était si douloureux qui le censura et se contenta de fixer le mage au cheveux blancs en serrant un peu plus ses peluches.
L'homme s'accroupit à sa hauteur et plongea un dérangeant regard d'or liquide dans le sien.
Valoran se sentait piégé, comme une souri devant un serpent, il ne pouvait faire un geste. Des souvenirs lointains l'assaillirent et il gémit.
************************
Rivebise bavardait à voix basse avec Tanis. Le barbare hésitait visiblement et le demi-elfe ne pouvait lui être que de peu d'aide car aussi hésitant que lui.
Finalement, les deux hommes se décidèrent.
- Caramon, on peut avoir quelques explications ?
- A quel propos ?
- Ton frère et Dalamar...
- Hé bien ?
- Hé bien explique nous !
- Vous expliquez quoi ? Ils vivent ensemble, ils ont une fille, c'est tout.
- C'est tout ! Tu plaisantes ! Je croyais que Raistlin était un homme pour commencer.
- Oui, c'est le cas.
Un kiwi nain passa un bout d'aile dans le décors. (1)
- Et, ca ne t'étonnes pas ?
- J'étais là quand Raistlin à accouché de Shandra, et Tika à aidée à la délivrance. Crois-moi, elle est bien de lui.
- MAIS QUI EST LA MERE ?! S'emporta Tanis.
- Raistlin, je viens de te le dire.
- MAIS C'EST PAS POSSIBLE CA !
Une jubilation mauvaise au cœur, Caramon parla comme s'il parlait à un demeuré.
- Tanis, Raist est un mage, tu suis jusque là ?
- N'en rajoutes pas !
- Bien, il peu plus ou moins faire ce qu'il veut grâce à sa magie. Il pourrait te transformer en ornithorynque s'il le souhaite...
- Epargne moi ce gag répétitif !
- Certes, mais en quoi est-il plus difficile pour un archimage de transformer quelqu'un en pingouin plutôt que de changer de sexe.
Le kiwi nain repassa dans l'autre sens. (2)
************************
Raistlin lança un regard désolé à Dalamar et constata que les pulsions homicides de l'elfe avait disparu aussi bien que ses propres peurs.
- Nous ne te voulons pas de mal, Valoran. Commença-t-il. Nous sommes juste venu pour voir comment tu allais.
Raistlin tendit la main et Valoran recula, la terreur au fond des yeux.
- Tu l'effrayes Raist. Si tu me laissais faire ? Demanda Pyra.
La magicienne s'accroupit à son tour devant le mage.
- Ils sont jolis tes chiots, ils s'appellent comment ?
Valoran ne savait pas où se mettre. Des souvenirs si douloureux qu'ils lui obscurcissaient toute pensées lui remontaient en mémoire et il ne pouvait le supporter.
L'homme ferma son esprit à toute pensée, se refusant à réfléchir, n'acceptant que de ressentir.
Le mage noir aux cheveux blancs se pencha vers lui et une terreur absolue l'étreignit. Il savait que cet homme ne pouvait que lui faire du mal. L'elfe derrière lui l'effrayait encore plus. Confusément, il sentit qu'il leur avait fait du mal et qu'ils avaient toutes les raisons de lui faire plus de mal encore. Il recula et se recroquevilla de son mieux. La femme au cheveux rouges s'approcha à son tour. Elle détourna son attention de lui et ne s'intéressa qu'a ses petits. Elle semblait gentille. Pas aussi âgé que la prêtresse du temple mais aussi gentille et patiente. Il leva les yeux et lui répondit d'une toute petite voix lorsqu'elle s'adressa à lui.
- Euthanos et Salys, Madame.
Pyra secoua la tête avec fatalité. Comme elle le craignait, l'homme refusait la mort de ses familiers et se raccrochait à toutes les possibilités pour les faire revivre. Il y avait fort à parier qu'il serait incapable de faire la différence entre les peluches qu'il serrait convulsivement et les vrais familiers.
Elle tenta une autre approche.
- Dis moi Valoran. Un ami à moi m'a dit que tu pourrais sans aucun doute m'aider. Crois-tu qu'Euthanos et Salys accepteraient que tu m'aides à récupérer mon petit ?
Valoran pencha la tête sur la côté et écouta avec attention la requête de la jeune femme qui lui souriait.
- Il est partit votre petit ?
- On me l'a pris, et je tiens à lui encore plus fort que tu tiens à Salys et Euthanos. Tu penses qu'ils vont m'aider ?
Le mage fronça les sourcils. Ses familiers étaient tout pour lui et il eut la fugitive impression qu'il oubliait quelque chose.
Les deux autres mages noirs s'agitèrent un peu à l'arrière.
La magicienne voyait que Raistlin et Dalamar s'impatientaient mais n'avait pas d'idée pour accélérer les choses. Elle jeta à ses deux amis un regard mauvais et les enjoignit silencieusement à se tenir tranquille. Elle passa un bras autour des épaules de Valoran. Le petit blond se tendit puis finit pas se détendre.
Il monta ses peluches jusqu'au niveau de ses yeux et sembla s'abîmer dans une profonde discussion avec eux.
- 'Dit, qu'est ce que je doit faire ? Demanda-t-il silencieusement à Salys.'
Comme à son habitude, le jouet ne répondit pas.
- 'Pourquoi vous me faites la tête ? Je n'ai rien fait de mal !'
Deux grosses larmes naquirent au coin des yeux du jeune homme.
Il leva une regard désespéré sur Pyra.
- Il ne veulent pas me répondre. Ils ne veulent plus me répondre... Ils ne m'aiment plus...
Pyra secoua la tête d'accablement. Incapable de consoler le magicien fou, elle fit la seule chose qu'elle pouvait, elle le serra fort, fort contre elle.
- Ne t'inquiètes pas, il arrivera bien un moment où ils voudront de nouveau ta parler...
Derrière elle, Raistlin en eut assez. Prenant sa décision, il s'approcha d'eux sans bruits.
************************
- Attends, tu veux dire que Raistlin s'est transformé en femme, est tombé enceinte de Dalamar, et a mit au monde un enfant puis est redevenu un homme.
Tika s'approcha à son tour suivit de Fizban. Tous les deux applaudirent Rivebise à tout rompre.
- Bravo, il a compris !
Le barbare leur jeta un regard un peu frais.
- Enfin, la transformation originelle de Raist n'était pas prévue, mais bon. L'un dans l'autre, il n'a pas trop mal tourné. Depuis qu'il a Dalamar pour le cornaquer, Pyra pour détourner ses pulsions homicides et Shandra à aimer, on peu dire qu'il est relativement stable. Ajouta Fizban.
- Vous y êtes pour quelque chose hein ?
- Il se peut que j'ai légèrement influé sur les préjugés naturels de Dalamar, mais c'est surtout Pyra qu'il faut remercier.
- Mais qui est cette fille à la fin ? Demanda à son tour Laurana en se joignant à la conversation, pas plus étonnée que ça par les aventures de Raistlin.
Dersandre de répondre.
- L'impératrice de Varune, la plus puissante magicienne de l'Empire, la première prêtresse de Llouwellyn, et un ancien membre de la Garde Noire. C'est pour cela qu'elle connaît si bien leurs méthodes. Elle nous a plus ou moins tous élevé, notre mère étant trop occupée par le trône et ses multiples grossesses pour s'occuper de nous.
Le nez de la princesse elfe s'allongea de deux aunes.
- Elle a pas grand choses d'une reine...
- Elle a quittée Varune un peu avant ses seize ans. Personne ne sait pourquoi. C'était juste après qu'Hariel ait tué Striker et ait pris sa place. Mais ne vous fiez pas à son sourire charmeur, elle est dangereuse...TRÈS dangereuse...
Tanis et Rivebise eurent une moue dubitative. Fizban secoua la tête avec accablement, Caramon et Tika hochèrent la tête avec approbation et Lunedor et Laurana ne semblaient guère convaincues.
Varzil porta la main à son épée et murmura d'une voix âpres qui portait loin.
- Nous avons de la visite...
************************
Raistlin passa devant Pyra qui lui jeta un regard étonné.
Avant qu'elle n'ai pu faire un geste, il arracha les peluches des mains de Valoran et tira sa dague. Dans un mouvement délibérément théâtrale, il posa la pointe de l'arme sous la gorge de tissu des jouets.
- Finit de jouer Valoran. Tu va gentiment répondre à nos question ou tes amis vont avoir de gros problèmes de santé.
Valoran se détendait sous la caresse de Pyra lorsque le mage noir aux cheveux blancs s'approcha de lui. Avant qu'il ne réalise, il lui avait arraché ses petits et les menaçaient d'une arme. Il fit mine de se lever mais la lame s'enfonça dans la peau délicate des familiers.
L'ex-mage gémit.
- Ne leur faites pas de mal, je ferai ce que vous voulez... Pleura-t-il
La vieille prêtresse s'insurgea. Ce n'était pas des façons de traiter un malade !
Elle fit deux pas en avant, mais un regard de l'elfe la dissuada de faire un pas de plus.
- Il ne va pas lui faire de mal. Je le connais assez pour savoir ce qu'il a en tête. Croyez moi. Valoran a beaucoup à gagner dans l'affaire. Murmura Dalamar en caressant distraitement la tête de son chaton qui dépassait du devant de sa robe en ronronnant.
- Répond à mes questions. Que va-t-il arriver aux enfants ? Que peux-tu me dire sur les événements à venir.
Valoran était au bords de la panique.
Le mage noir semblait près à tuer ses petits.
Il tenta bien de réfléchir, peut-être qu'en lui mentant, en inventant une histoire de toute pièce...
Il lança un regard suppliant à Pyra.
La jeune femme baissa les cils avec encouragements.
Il dit la vérité au mage noir.
- Je ne sais pas. Je ne vois rien. Ca ne marche pas comme ca... Je vous en prie, rendez moi Euthanos et Salys...
Raistlin fixa de longues secondes Valoran.
- Non, je ne te les rends pas. Ce ne sont pas Euthanos et Salys, ce ne sont que des jouet. Répliqua froidement l'archimage en déchiquetant les jouets sous le regard horrifié de Valoran. Essaye de te rappeler ce qui c'est passé avec les vrais. Rappelle toi comment Amiel les a égorgés. Ce ne sont que des peluches ! Insista-t-il implacablement en brûlant les reste des deux jouets.
Valoran poussa un gémissement d'absolu désespoir. Les évènements lui revenaient en mémoire sans qu'il puisse les bloquer.
Un sanglot convulsif éclata dans sa gorge.
Raistlin baissa un regard compatissant sur l'ex-mage et lui posa une main sur l'épaule. Plus doucement qu'il lui avait parlé jusque là, il repris, aveugle au regard furieux de Pyra.
- Tes familiers sont morts. Tu ne les fera pas revivre en jouant avec des peluches. Valoran, lève les yeux.
Le mage obéit.
Raistlin fouilla un instant dans sa robe et en sortit ce qu'il cherchait. Il posa deux boules de poils gesticulantes dans les mains de Valoran. L'homme cessa de pleurer, toute son attention fixée sur les chatons.
Raistlin profita de son immobilité pour lui prendre les mains et jeta un coup d'œil à Pyra qui compris son idée. La magicienne fouilla sa mémoire en quête du sort approprié et fit signe à Raist qu'elle était prête.
L'archimage murmura un sort qui trouva son écho dans celui de la magicienne.
Dalamar rit doucement.
- Un sort de familier. Expliqua-t-il à la prêtresse qu'il avait été obligé de retenir à bras le corps pour l'empêcher de se jeter sur Raistlin. A eux deus, ils ont put le contraindre entre Valoran et les chatons.
La vieille femme lui lança un coup d'œil intrigué.
- Qu'est ce à dire ?
- Vous allez voir...
Les chatons se turent et braquèrent un regard aussi humain qu'intelligent dans les yeux rougit de Valoran. Raistlin et Pyra reculèrent un peu. Les trois robes noirs purent assister à un spectacle qu'ils auraient eut peine à imaginer. Le regard du jeune mage blanc passa d'un statut presque animal à celui d'humain pensant.
Avec un petit piaulement de joie, il serra doucement les petits félins, visiblement aussi heureux que lui.
- Comme si on lui avait rendu la moitié de son âme. Constata Dalamar avec un grand sourire à Raistlin.
- Il devait accepter son deuil pour que le sort fonctionne...
- Tu nous a quand même fait peur !
Valoran était heureux. Les petits coups de têtes affectueux de ses deux nouveaux amis le remplissaient de joie et leur babillage enfantin emplissait son esprit d'amour.
Il se leva et s'approcha des trois mages.
Il posa une main sur le bras de Pyra.
Un voile obscurci ses pensées. Il secoua la tête.
- Merci murmura l'ex-mage.
Raistlin gratouilla la tête du chaton qui lui restait.
- Prends en soin.
- Je le ferai
Les robes noires repartirent.
Alors qu'ils allaient repartir, il saisit Pyra par la manche.
- Prenez garde à la Déchirure...
La magicienne pâlit affreusement.
************************
Fizban sourit pour lui même.
- Bien, il est temps de nous séparer annonça-t-il à la cantonade.
Une quinzaine de paires d'yeux surpris le fixèrent.
- Ton frère à fait ce que j'attendait de lui, Caramon. Tu peux être fier de ton jumeau, mon petit !
Sur ceux, il remonta sur sa mule et disparu.
Les hommes qu'avaient entendu Varzil s'approchèrent davantage
(1) les Daniels sont toujours en épuration ethnique, les Didier également et les Baalbérith s'en foutent. J'avais que ça sous la main.
(2) Auteuse cherche ange de bonne composition pour passer et repasser pour CDI temps partiel. Faire parvenir CV et photo.
2 ème Epoque : Chapitre XXV
Striker
Varune, tunnels extérieurs
Vicero dormait d'un sommeil agité.
Les doigts encore poissés du sang de son dernier meurtre, le cadavre de sa victime gisant sur la couche près de lui, il n'arrêtait de se tourner et de se retourner sous ses draps que pour enfoncer ses ongles dans le matelas avec rage.
Une main se posa sur son épaule et il se réveilla en sursaut.
Isander évita la dague avec l'aisance de l'habitude et un petit sourire pervers naquit sur ses lèvres.
- Crétin ! Grogna Striker. Un de ces jours, je vais finir par te tuer.
Un ricanement cynique lui répondit.
- On ne tue pas un mort, Vic !
Striker renifla.
- A propos de cadavre, où sont Wintor et Raël ?
- Ils nous attendent. Que te veux le Régent encore ?
- Ressusciter des morts, mon vieux, ressusciter des morts...
Salom eut une petite moue intriguée et suivit son chef hors de la petite grotte
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Dévadoris s'appuya sur les béquilles que lui avait donné Sandor et quitta la bibliothèque. Son maître voulait la voir dans ses appartements et il n'était son genre de faire attendre son professeur.
Elle négocia lentement une volée de marches et toqua à la porte de bronze de Sandor.
Elle entra sur son ordre et s'affala dans le fauteuil que le mage lui approcha.
La fillette posa son pied sur le cousin devant elle et attendit.
- Ta mère va bientôt nous rejoindre. Comment va ta jambe ?
- Ca va mieux. Sourit stoïquement l'enfant.
- Ne me ment pas. Dit le si tu as mal.
- Ca va aller. Affirma-t-elle.
Sandor secoua la tête.
- Décidément, je vais finir par croire que le prénom influence réellement le caractère. Tu es aussi bornée que ta tante !
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Hamelet s'impatientait.
Le Régent n'était pas connu pour sa patience et Striker prenait un malin plaisir à l'irriter au plus au point.
L'époux de la reine refreina son impatience. Il avait besoin de l'ex garde noir et de ses acolytes...pour l'instant.
Il sourit. La vie de ce monstre ne serai plus très longue lorsqu'il aurait ce qu'il voulait et que La Reine Noire l'aurait récompensé à sa juste valeur.
Il s'assit sur une grosse pierre et attendit.
Dans quelques minutes, Striker rencontrerait la Reine et devrait s'incliner devant son pouvoir...
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Méléria traversa les longs tunnels qui séparaient le Palais de la Tour de Sandor.
Elle repris son souffle devant le portail et entra. Elle grimpa le petit escalier et entra dans les appartements de son arrière grand oncle.
Sandor se leva et la salua.
- Méléria, mon enfant, cela faisait bien longtemps que tu n'étais pas venu ici. Je suis ravi.
- Pourquoi m'avoir fait venir.
- Pour ta fille.
- Ma fille ?
- Elle a été gravement blessée...
La Reine ne parut pas s'émouvoir outre mesure.
- Oh, ce n'est guère étonnant...
Sandor lança un regard dégoûté sur la jeune femme.
- Elle est ici. Recommença-t-il en aidant la fillette à ce lever.
- Bonjour mère. Murmura l'enfant.
Méléria haussa un sourcil.
- Qu'as tu donc encore fait ?
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Isander se glissa dans un recoin d'ombre, Renfern et Vandover l'imitèrent.
- Salut, Hamelet. Appela Striker.
Le Régent sursauta.
- Ha, Tout de même ! Vous avez près d'une heure de retard.
Vicero haussa les épaules.
- Quelle importance ?!
- ELLE ne sera guère satisfaite.
Une infime lueur de curiosité glissa dans les yeux du tueur.
- ELLE ?
- Vous la rencontrerez bien assez tôt. Suivez moi. Vos hommes peuvent venir.
Striker camoufla sa déconfiture. Jamais le Régent n'aurait du se rendre compte de la présence des autres.
Il ferma les yeux et murmura quelques mots. Une aura noirâtre, sale et malsaine visible pour ses seuls yeux entoura l'homme.
Pour la première fois depuis des années, un doute l'effleura.
Le Régent s'enfonça dans un petit boyau camouflé par la végétation.
- Attention la tête. Prévint-il un peu tard.
Striker tâta sa bosse.
- Merci de prévenir. Grinça-t-il
Hamelet renifla et avança.
Avec un aisance déconcertante, il parcourut un centaine de mètres et se retourna. Il patienta une longue minute que les ex-gardes noir l'ai rejoint puis poursuivi son avance, s'arrêtant souvent pour permettre aux hommes d'élite de le rejoindre.
Striker se sentait de moins en moins à l'aise. L'étroit boyau n'avait pas du être utilisé depuis des siècles et une impression oppressante, poussière, mais terriblement réel de pouvoir le faisait avancer avec une prudence qui n'était pas dans sa nature.
Salom se glissa près de lui.
- Ca pue la magie ici...et la magie noire. Rien à voire avec ce que pratique ton frère.
- Je le sent aussi. Confirma Renfern. Le pouvoir qui vit ici est ancien, et très puissant.
- Je le sent pourtant prisonnier. Contra Isander.
- Mais pas par le Régent. Il n'est que son intermédiaire.
Vicero acquiesce et ils reprirent leur avance, stupéfiés par la vitesse et l'agilité du Régent.
Enfin, Hamelet s'arrêta devant une lourde porte de bois noir.
- Où sommes nous ?
- Sous l'ancien palais... Dans les salles de torture pour être exact.
Striker eut un sourire pervers.
- Je sent que je vais me plaire ici...
Le Régent ouvrit un petite porte et se glissa dans l'alcôve dévoilée.
Il s'agenouilla devant la statue de métal et intima aux autres de faire de même.
Terrassés par l'impression de puissance qui se dégageait de la statue, ils obéirent.
Striker laissa son regard dériver autour de lui pendant que le Régent s'abîmait en actions de grâce pour la déesse.
Finalement, il reconnu l'odeur métallique qui lui embaumait les narines depuis qu'ils étaient entrés. C'était l'odeur du sang. Ce qu'il avait prit pour de la peinture marron était du sang séché. Etrécissant les yeux, il distingua les petits cadavres des enfants qui avait fournis la matière première à la décoration.
Un large sourire barra le visage de l'ex-garde noir.
************************
Sandor était outré, mais il se contint et porta Déva jusqu'au divan. Méléria se planta devant la fillette.
- Qu'as-tu donc fait, mon enfant ?
- Je n'ai rien fait mère. Murmura la petite. Père ma battu...
La Reine fronça les sourcils.
- C'est donc que tu as fait quelque chose de grave. C'est un homme trop gentil pour perdre son sang froid sans raison. Je suppose qu'il va falloir que je te punisse à mon tour. Continua la Méléria d'une voix polaire
Dévadoris sentit des larmes lui monter aux yeux.
- Mais je n'ai rien fait ! Je m'entraînais juste dans le patio et il a commencé à me frapper sans raisons.
- Ne me ment pas ! Ton père ne ferait jamais une chose pareille. Il a même été assez gentil pour me taire tes bêtises pour que je ne te punisse pas comme tu le mérite. Et toi, tu l'accuses ! Je ne supporterai pas cela encore très longtemps, mon enfant. Dit moi la vérité ! Qu'as-tu fait !
- Mais rien. Pleura Déva.
Sandor intervint.
- Il suffit Méléria. Ta fille te dit la vérité. Hamelet l'a battu sans raison. Ce n'était pas la première fois, mais il ne l'avait jamais battu à ce point. Il a faillit la tuer !
La Reine se redressa de toute sa faible hauteur.
- Ne soit pas ridicule mon oncle. Jamais il ne ferait cela. Je sais que tu ne l'aime pas. Dévadoris est un peu idiote. Qui me dit que ce n'est pas toi qui lui a mit de telles idées en tête ! Tu as toujours voulu que Hamelet parte.
- Cet homme est dangereux ! Il te drogue depuis des années ! Et je suis sûr qu'il n'est pas innocent de la mort de Vanda. Il veut ton trône. Il ne cherche que le pouvoir.
- Cela suffit ! Encore un mot de votre part sur le sujet et je fait interdire l'accès au Conseil. Dévadoris, enlève moi ces bandages ridicules, tu rentres au palais avec moi, et tu n'aura plus aucun cours avec Sandor.
- Il est hors de question qu'elle quitte cette tour. Gronda Sandor sur le ton le plus menaçant qu'il ai jamais utilisé avec ses petits-neveux.
Méléria recula d'un pas.
- Je ne savais pas que tu avais goût pour les petites filles, Sandor. Je comprends mieux pourquoi ma sœur passait son temps avec toi. Persifla-t-elle.
Le mage perdit son sang froid et une gifle retentissante envoya la jeune femme bouler à plusieurs mètres.
- Je pourrais te faire exécuter pour cela, mon oncle.
Sandor renifla.
- Je m'étais trompé sur ton compte Méléria. Je pensais que tu avais le cran et la lucidité nécessaire pour régner, mais il n'en ai rien... Profite bien des quelques années de règne qu'il te reste. Dévadoris reste ici avec moi. Lorsque le temps sera venu pour elle, elle montera sur le trône. Je te conseil de ne pas te mettre en travers de mon chemin à ce moment là. Je serai désolé d'avoir à te tuer. Mais ce ne serai pas le première fois que je tuerai pour le trône...
Méléria était livide. Avec un cri de rage, elle quitta la Tour en claquant la porte derrière elle.
Sandor prit Déva dans ses bras et la berça doucement.
- Là mon enfant. Tout va bien ce passer...
- Pourquoi elle me hait. Sanglota la fillette.
- Les drogues que lui fait prendre ton père altèrent son jugement. Mentit le mage. Elle t'aime, mais elle ne sais qu'obéir aux ordres induits par les poisons.
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Les yeux de la statue brillèrent.
- Hamelet... Qui sont ces hommes ?
Le Régent présenta rapidement Vicero et ses amis.
- Bien, très bien...Murmura la Reine de Toutes Les Couleurs et d'Aucune. Ripper ne se conduit guère comme je l'avait espéré. Je veux que vous vous occupiez de lui.
Un sourire avide s'afficha sur les lèvres des quatre ex-gardes.
- Ce sera avec le plus grand plaisir, Reine Noire. Confirma Striker.
- Tuez Les Gardes Noirs et les hommes qui les accompagnent. Personnes ne doit savoir. Ramenez les prisonniers ici....
- Oui ma Reine.
- Mais attention, je veux les enfants, TOUS les prisonniers, en parfait état.
Vicero et Wintor eurent une moue dépitée.
- Vous pourrez en faire ce que vous voudrez APRES que je les ai utilisés. Mais il me les fait intact...
- Comme vous voudrez. Bouda Striker.
- Par contre, les Gardes sont à vous...
Striker se fendit d'un nouveau sourire pervers.
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Samaël feuilleta le grimoire du bout des griffes et tomba sur le sort qu'il cherchait.
- Etudie bien celui-ci, 'Lan...'Lan ?? ESTEHAULAN !!?? Je te parle !!!
Le jeune homme sursauta .
- Pardon, je pensais à ma mère.
Le dragon referma le grimoire et le rangea sur son étagère. Il prit forme humaine et serra 'Lan dans ses bras.
- Qu'y a-t-il ?
- Et si elle ne m'aime pas... Et si elle ne veux pas de moi... Après tout, elle m'a abandonnée ! Et si je ne la reconnais pas ??
- Ecoutes, mon ami. Ta mère est partit parce qu'elle n'avait pas le choix. Et pour ce qui ai de la reconnaître, mets toi une robe, du rouge à lèvre et défait tes cheveux, regarde toi dans un miroir et tu saura à quoi elle ressemble. Sauf ses yeux qui sont gris acier.
- Mais et si...
- 'Lan, fait moi plaisir et fait moi grâce des "Mais" et des "Si". Il n'y aura aucun problème. Tu veux bien te remettre au travail maintenant ?
Le jeune homme se fendit d'une petite moue boudeuse.
- Pas envie...
- Et tu veux faire quoi alors ?
- Heu...Laisses moi réfléchir...Rester dans tes bras et ne pas bouger jusqu'à l'heure du dîner. Répondis Estéhaulan avec un petit sourire mutin.
- Espèce de petit monstre ! Rit le dragon en le serrant plus fort contre lui.
Varune sourit à son tour. Ses manœuvres n'étaient peut-être pas très jolies-jolies, mais elles portaient leurs fruits. Et Samaël méritait qu'elle se donne du mal pour infléchir les évènements.
La Reine saisit le fil qu'elle avait patiemment tissé et le renforça encore un peu plus, suffisamment doucement pour que ni "l'enfant" ni le dragon ne se doute de rien...
