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Oui tu peux toi aussi commander une fiction en te rendant sur notre histoire "Commandes de fictions" ou sur notre forum, et review le mois en cours !


Cette commande a été passée par Marina : On sait que les anglais et les irlandais, c'est compliqué. Je voudrais un petit quelque chose sur comment Sybil a vécu en Irlande, comment elle s'est fait acceptée, si elle l'a été etc. OS ou plus long, au choix!

Note de l'auteur : Je n'ai pas vu la série depuis longtemps, donc mes souvenirs de leur vie irlandaise sont très flous, je vais donc faire ça à ma sauce ^^


Sybil plongeait dans l'inconnu, le bateau venait d'accoster au port de Dublin, ici ils allaient se marier et pouvoir vivre heureux. Gagner la bénédiction de Robert et Cora n'avait pas été une mince affaire, mais ils avaient réussi malgré tout, car le couple Crawley avait été forcé de constater que leur fille était réellement folle amoureuse de Tom. Leur ancien chauffeur n'avait rien fait de particulier pour que la plus jeune fille Crawley tombe amoureuse de lui, mais c'était arrivé. Il lui avait donc demandé de fuir avec lui en Irlande, et même si la jeune femme avait apprécié dans un premier temps, ses sœurs lui avaient fait entendre raison, et Sybil avait donc fait les choses dans les règles.

Aujourd'hui, la brune arrivait donc dans ce pays qui ne portait pas spécialement les anglais dans son cœur. Toutefois elle avait confiance, elle savait que Tom prendrait soin d'elle et qu'il la défendrait quoi qu'il arrive. Le couple allait habiter dans un petit appartement, le temps de trouver un bon travail et de gagner assez d'argent pour prendre autre chose. Tom avait réussi à trouver cet appartement grâce à l'aide de certains relations qu'il avait encore en Irlande. Sybil tourna la tête vers son fiancé et lui sourit, elle ne voulait pas montrer qu'elle avait peur. Tom prit sa main dans la sienne et la pressa doucement en lui souriant, pour lui montrer qu'il était à ses côtés et qu'il ne l'abandonnerait pas.


Le couple se maria quelques jours plus tard dans une petite église catholique de Dublin, puis ils se mirent à chercher du travail. Tom trouva un boulot de chauffeur de taxi, mais de son côté Sybil peinait à trouver un poste car les irlandais se braquaient dès qu'ils entendaient son accent anglais. Car depuis peu, une rébellion des irlandais pour gagner leur indépendance avait débuté, et les habitants du pays étaient donc formellement contre l'Angleterre ainsi que ses habitants. Alors même si Sybil souriait, se montrait douce et prouvait qu'elle était capable d'accepter les tâches les plus ingrates du moment qu'on lui accordait un travail, ça ne suffisait pas. Mais tout ce que voyaient les irlandais, était qu'elle était anglaise.

La jeune femme était pessimiste, habituellement elle avait beaucoup moins de mal à se faire accepter des gens. Là rien n'y faisait, même quand elle essayait de se montrer gentille au sein de la communauté en offrant des paniers garnis, ou en essayant simplement de se faire connaître.

Tom lui répétait d'être patiente, mais la brunette n'était pas spécialement connue pour cette qualité précise. Le blond rentrait donc le soir et trouvait sa femme abattue par le fait que personne ne voulait l'embaucher ou lui parler. Elle se demandait si elle n'avait pas fait une erreur en venant ici. Tom essayait de la rassurer du mieux qu'il pouvait, en répétant que les autres apprendraient à la connaître comme il l'avait fait lui-même. Après tout, il avait été comme eux pendant un temps.


Les semaines passaient et Sybil ne trouvait toujours pas d'emploi. Elle passait donc ses journées à tourner en rond en se demandant quand elle aurait enfin l'occasion de prouver ce qu'elle valait. Même les commerçants ne lui adressaient la parole que pour lui indiquer le montant qu'elle devait payer pour ses achats. Quand elle venait, les irlandais faisaient exprès de se taire ou de parler en gaélique pour lui montrer qu'elle n'était pas la bienvenue chez eux. Sinon, ils faisaient exprès de l'ignorer, de faire comme si ils ne la voyait pas quand elle approchait. Même les enfants avaient été entraînés par leurs parents, et Sybil se sentait plus seule que jamais. Si même les êtres les plus innocents sur Terre arrivaient à devenir aussi perfides que leurs parents, alors elle n'avait vraiment plus aucun espoir. Elle rentrait donc chaque fois plus abattue à la maison, au bord des larmes, mais essayant de garder sa dignité. Elle en venait à regretter sa décision d'avoir suivi Tom, car même si elle l'aimait, cela ne suffisait pas à rendre cet isolement moins douloureux et profond. Car le blond faisait tout ce qu'il pouvait pour la rassurer, mais avec son travail prenant, il était peu à l'appartement. La brunette devait donc affronter cette hostilité seule, et faire comme si tout allait bien quand son mari rentrait, car il était fatigué par de longues journées, donc elle ne voulait pas alourdir son fardeau avec ses problèmes.

Sybil n'aimait pas rester à la maison sans rien faire alors que Tom devait accomplir des horaires infernaux pour essayer de gagner assez d'argent pour les faire vivre correctement. Il voulait qu'ils ne manquent de rien, prouver à sa belle-famille qu'il était digne de Sybil et capable de lui offrir une belle vie, loin de la misère qu'on imaginait en pensant aux irlandais.

L'anglaise écrivait à sa famille régulièrement, en cachant toutefois son désarroi car elle ne voulait pas qu'ils s'inquiètent pour elle. Elle entretenait l'appartement, faisait la cuisine, soutenait son mari, essayait d'être une épouse modèle. Tom la trouvait admirable et pleine de courage car elle n'abandonnait pas, elle continuait de chercher du travail malgré tous les refus qu'elle essuyait. Sybil Crawley n'avait jamais été du genre à abandonner et à baisser les bras, elle continuerait de se battre tant que ce serait nécessaire. Elle continuait de faire de son mieux pour garder la tête haute malgré l'humiliation qu'elle ressentait.


Tom rentra un soir tout sourire et la prit dans ses bras :

-Ma chérie j'ai une excellente nouvelle !

-Vraiment ?

-Oui, je t'ai trouvé un travail dans l'agence qui m'emploie. Tu serais secrétaire, principalement pour répondre au téléphone et organiser les payes.

-Oh mon amour !

Sybil le serra dans ses bras et l'embrassa longuement, elle était si heureuse. Elle recula finalement et fronça les sourcils :

-Et ça ne leur pose pas de problème que je sois anglaise et de naissance noble ?

-Non, je leur ai juré que tu n'étais pas comme ceux de ton rang, et la preuve en est : tu as épousé un irlandais catholique sans le sou et socialiste !

Sybil sourit, il avait raison. Elle se blottit à nouveau contre lui et Tom la serra dans ses bras, il était si heureux de la voir si contente d'être enfin acceptée quelque part. Ils dînèrent, puis allèrent coucher car Tom était épuisé par ses horaires compliqués. Il avait dû user de tous les arguments possibles et faire ses preuves en acceptant toutes les missions sans rechigner pour que son patron lui fasse confiance et offre un poste à son épouse. Car dehors la guérilla continuait de faire rage, les irlandais étaient avides de sang anglais, mais Tom avait un certain statut auprès d'eux car il était un militant actif, alors ils le laissaient tranquille. Le blond repensa à sa discussion avec son patron tout en serrant sa femme dans ses bras. Il aimait la chaleur de son corps, le son de sa respiration régulière lorsqu'elle dormait, ses cheveux foncés étalés sur l'oreiller... Tom était fou de sa femme, jamais il n'avait été aussi amoureux par le passé. Elle était la première à lui avoir provoqué des sentiments aussi forts ! Tom resserra son étreinte et finit par s'endormir à son tour.


Sybil commença donc son travail à l'agence de taxi. Elle était très efficace, le patron n'avait pas à se plaindre de son travail, elle essayait même de camoufler son accent pour ne pas apporter une mauvaise réputation à la compagnie. Tom était heureux de voir sa femme si épanouie depuis qu'elle avait commencé à travailler. Elle semblait plus en forme, plus souriante et bien plus heureuse que ces dernières semaines. La brune continuait de bien jouer son rôle d'épouse et d'entretenir le foyer. Elle rentrait plus tôt que Tom tous les jours et préparait le dîner pour qu'ils puissent manger dès qu'il arrivait. En attendant qu'il rentre, pendant que la nourriture chauffait, elle faisait le ménage, se lavait, ou parfois même, allait faire quelques courses. Elle avait trouvé ses marques et s'en sortait à merveille pour une jeune femme qui avait été servie toute sa vie.

Les commerçants et voisins commençaient à s'habituer à elle, ils faisaient l'effort de lui dire bonjour lorsqu'elle croisait leur chemin. C'était peu, mais c'était déjà un excellent début. Sybil était contente de cette petite victoire, elle sentait que les choses allaient enfin s'améliorer, elle allait finir par se faire accepter dans ce pays. La brunette voulait leur prouver qu'elle n'était pas comme les anglais contre qui ils se battaient, qu'elle était une femme moderne, qui voulait l'égalité pour tous, riches ou pauvres, hommes ou femmes. Sybil n'était jamais totalement entrée dans le moule de la noblesse, elle avait toujours eu un esprit rebelle et indépendant, c'est pourquoi elle comprenait la lutte des irlandais pour que leur pays leur appartienne enfin.


La vie dans ce pays était bien différente de celle que Sybil avait connue à Downton. Ici des coups de feu étaient tirés en pleine rue, l'armée et la police frappaient des hommes qu'ils suspectaient d'être des révolutionnaires, et parfois les mettaient même à mort en pleine rue. Sybil savait par Tom qu'il aidait parfois certains partisans de l'indépendance en les transportant dans des cachettes sûres pour leur sécurité. Sybil n'aimait pas beaucoup que son mari prenne de tels risques puisqu'elle savait les retombées que pouvaient entraîner l'aide aux anarchistes, mais elle ne pouvait pas l'empêcher d'avoir des convictions. Sybil espérait simplement qu'elle ne se retrouverait pas veuve avant leur premier anniversaire de mariage. La jeune femme était très inquiète quand son mari lui racontait qu'il était venu en aide à « un camarade » dans le besoin. Elle savait ce que ça voulait dire, et elle n'aimait vraiment pas ça. Toutefois l'anglaise essayait de ne pas trop montrer son inquiétude à son mari, elle ne voulait pas donner l'impression qu'elle voulait le faire changer. C'était vraiment très complexe, la brune était totalement perdue dans ce contexte étrange. Elle avait si peur que Tom se fasse prendre, mais si c'était le cas, elle préférait encore qu'il soit envoyé en prison, car tous les révolutionnaires n'étaient pas forcément tués.

Les habitants du quartier acceptaient de mieux en mieux Sybil auprès d'eux, ils remarquaient que la jeune femme était une épouse aimante et qu'elle faisait de son mieux pour s'adapter à la culture irlandaise, elle avait même déjà appris quelques mots de gaélique, ce qui prouvait encore un peu plus sa volonté de s'intégrer chez eux. De plus, ils voyaient à quel point Tom, un enfant aimé du pays, était heureux avec elle. Ce n'était toujours pas l'amour fou, mais maintenant ils lui accordaient même des sourires en plus de la saluer.


Quelques mois plus tard la jeune femme se blottit contre son mari et lui murmura :

-J'ai vu un médecin tout à l'heure, je suis enceinte.

-Oh ma chérie, mais c'est une merveilleuse nouvelle !

Il l'embrassa tendrement et la serra dans ses bras. Il posa une main sur son ventre encore plat :

-Et dire que là, bien au chaud, est en train de grandir notre enfant.

-Je sais, c'est merveilleux. Je ne m'y attendais pas, mais c'est une chose fantastique.

La brune avait hâte de l'écrire dans une lettre à ses parents très prochainement. En même temps, dans chacune de leurs lettres, les Crawley essayaient de persuader leur cadette de revenir en sécurité en Angleterre avec eux. Toutefois Sybil ne voulait pas abandonner maintenant, après tout le mal qu'elle s'était donné pour avoir leur bénédiction et pour partir avec Tom. Alors la brune était prête à tout affronter pour prouver qu'elle pouvait y arriver, qu'elle réussirait à vivre sa vie seule, loin des domestiques et de la vie qu'elle avait avant. La guerre avait fait beaucoup de mal, mais elle avait aussi permis de faire progresser les choses. Sybil avait aimé sa vie jusqu'à sa rencontre avec Tom, mais elle avait été heureuse que les choses changent ainsi. Tout le monde méritait d'avoir sa chance, il n'y avait plus simplement les nobles d'un côté et les autres qui devaient se débrouiller pour trouver un emploi de l'autre ! À présent tout le monde était logé à la même enseigne, les titres de noblesses existaient toujours, mais ils n'avaient plus tous les privilèges qu'ils avaient eus avant. Sybil était heureuse de pouvoir travailler pour gagner sa vie, ça lui permettait de se sentir enfin utile et normale, elle faisait sa part pour la société. Sybil ne voulait plus que tout lui tombe tout cuit dans le bec comme avant, elle voulait mériter sa nourriture, la préparer elle-même, nettoyer l'appartement... tout faire elle-même autant que possible. Tom l'aidait aussi, il savait faire la cuisine et le ménage, donc il n'hésitait pas à mettre la main à la pâte lui aussi, et encore plus depuis qu'elle avait commencé à travailler elle aussi. Sybil se doutait aussi qu'il redoublerait d'efforts maintenant qu'il savait qu'elle était enceinte.


Les semaines passaient tranquillement et le ventre de la jeune femme s'arrondissait doucement. Elle continuait de travailler, et à mesure que sa grossesse se faisait de plus en plus visible, les gens du quartier se montraient de plus en plus agréables avec elle. Ils devenaient enfin amicaux car elle portait le fruit de son amour avec un enfant du pays, et ça, les irlandais aimaient ça. Ils voulaient que leur pays compte un nouveau beau garçon, car tout le monde espérait que ce serait un fils. Sybil faisait donc de son mieux pour continuer de tout mener de front, tout en essayant de rester calme malgré la menace permanente de cette guérilla. Les paroles de Tom ne suffisaient plus à la rassurer, les choses étaient allées beaucoup trop loin, elle avait peur pour le futur, pour leur enfant. Elle ne voulait pas se retrouver au milieu de ce conflit, après tout, la Grande Guerre venait tout juste de se finir, pourquoi les irlandais voulaient-ils en faire une autre si rapidement ? Après tout, ce n'était pas logique de vouloir faire de nouvelles morts après toutes celles qui avaient déjà été bêtement perdues face aux allemands.

Sybil était en train de faire le ménage quand Tom rentra. Il observa sa femme et la prit aussitôt dans ses bras :

-Ma chérie tout va bien ?

-Oui pourquoi ?

-Parce que tu pleures !

-Oh... je... oui, c'est juste que cette rébellion me fait peur. J'ai soigné les blessés à Downton pendant la guerre, je n'ai pas envie de me retrouver au milieu d'un nouveau conflit. Je peux comprendre que le désir d'indépendance puisse être puissant pour eux, mais est-ce que l'usage de la force est nécessaire ? Je ne m'attendais pas à vivre ça en venant ici avec toi Tom.

-Je sais ma chérie, je suis désolé. Moi non plus je ne savais pas qu'ils allaient prendre les armes. Je suis désolé de t'avoir traînée ici, tu veux retourner à Downton chez tes parents ma chérie ?

-Non, je veux montrer que je suis capable de me débrouiller, mais j'aurais préféré ne pas me retrouver au milieu de cette nouvelle guerre.

-Je sais ma chérie, je suis désolé que ça t'apporte de l'inquiétude alors que dans ton état il faut l'éviter à tout prix.

-Ce n'est pas de ta faute.

-Tu voudrais qu'on aille s'installer à la campagne ? Je suis sûr que louer une maison là-bas reviendra moins cher qu'un appartement dans Dublin.

-Tu crois que le conflit est aussi présent qu'en ville là-bas ?

-Je ne sais pas, je pense que c'est différent. Les gens sont plus rudes à la campagne alors peut-être que oui.

Sybil soupira et hocha la tête :

-C'est ce que je pensais. Ce n'est rien, ça se finira vite, j'en suis sûre !


Quelques mois plus tard, le couple repartit pour l'Angleterre pour célébrer le mariage de Mary et Matthew. Sybil n'était pas mécontente de retourner chez elle, loin de cette rébellion. De plus, même si Tom faisait des efforts pour ne pas trop y prendre part c'était plus fort que lui, il participer toujours de prêt où de loin à cette bataille. Toutefois pendant tout le trajet, l'irlandais fut clair : il ne porterait pas ces stupides vêtements officiels, même si il était marié à la fille d'un comte ! Sybil n'essaya pas de l'en dissuader, elle comprenait qu'il soit attaché à ses convictions. Elle porterait la tenue officielle car elle avait été habituée ainsi, mais elle refusait d'obliger son mari à quoi que ce soit. Son ventre était bien rond à présent, et Tom y posait souvent une main protectrice. Il aimait sentir leur enfant bouger sous la peau de sa femme, ça le rassurait.

Les Crawley étaient aussi très heureux de voir la benjamine enceinte, elle rayonnait, même si elle avait l'air fatigué. Cora observa sa fille :

-Qu'est-ce qui ne va pas Sybil ? Les gens là-bas ne sont pas gentils ?

-Tout va bien, ils ont enfin fini par m'accepter. Les gens de notre quartier sont enfin amicaux envers moi, ils ont fini par comprendre que je n'étais pas comme ceux qu'ils combattent. Car je suis anglaise c'est un fait, mais j'ai épousé un irlandais catholique et je porte son enfant, c'est bien la preuve que je ne suis pas leur ennemie. Ils ont fini par accepter cette évidence, et maintenant certains d'entre eux nous invitent même à dîner ou à des événements. Toutefois les occasions de se réjouir sont souvent ternies par cette nouvelle guerre.

Violet regarda sa petite-fille de ses yeux perçants :

-As-tu été personnellement menacée par ce conflit ?

-Disons que l'on entend des échanges de coups de feu dans les rues, des arrestations arbitraires et des exécutions parfois injustes. Je n'approuve pas que des convictions puissent mener à la guerre, mais une rébellion ne justifie pas que l'on tue ceux qui s'opposent à l'oppression.

-Sybil s'il te plaît, changeons de sujet. Tu sais bien que nous sommes attachés aux traditions ici. Nous avons accepté ton amour pour Tom, mais nous ne pouvons accepter que tu renies et insultes l'éducation que nous t'avons donnée.

-Ce n'est pas ce que je fais Père, mais je pense que tous les pays devraient être indépendants, voilà tout.

Elle sourit gentiment à son père et Edith demanda :

-Tu t'es fait de vrais amis là-bas ?

-Je peux dire que oui. Je suis amie avec Nelly O'Malley, la femme qui tient l'épicerie dans mon quartier, et avec Meredith Fitzpatrick, la femme d'un collègue de Tom. J'ai d'autres connaissances agréables, mais ces deux femmes sont les seules vraies amies que j'ai là-bas.

-C'est une bonne chose que tu aies su te trouver des alliées dans ce nouveau pays, c'est formidable.

-Et toi Edith, comment vont les choses pour toi ?

-Toujours pareil tu sais... je ne suis ni la plus belle ni la plus intelligente de nous trois, donc les prétendants ne se bousculent pas à la porte pour demander ma main à notre père. Mais j'ai fini par accepter mon sort, je suis heureuse de voir que tu es si comblée dans ton mariage et que tu vas avoir un enfant. Tu feras une mère merveilleuse ! Qui aurait cru que la dernière fille de la famille Crawley allait être la première mariée et la première à avoir un enfant ? Je suis fière que tu ai su trouver ton bonheur, vraiment.

-Merci, tes paroles me touchent. Tu sais que tu es la bienvenue chez nous quand tu le souhaites.

-Je sais oui, mais je vais éviter de venir dans un pays en guerre, ne m'en veux pas.

-Je comprends.

La brune sourit tristement, elle ne comprenait que trop bien la décision de sa sœur. Si elle avait un peu plus réfléchi elle-même, elle ne serait peut-être pas partie là-bas, et leur vie serait beaucoup moins inquiétante. Ici elle n'aurait pas eu peur pour la vie de son mari chaque jour qui passait. Toutefois, elle avait fait son choix et elle comptait bien s'y tenir. Sybil Crawley n'avait jamais reculé devant les obstacles, comme lorsqu'elle s'était fait faire ce pantalon, ou quand elle était devenue infirmière sans hésiter pendant la Grande Guerre, ou encore la fois où elle s'était rendue en secret à ce meeting dangereux et clandestin ! Malgré les conséquences possiblement dangereuses elle n'avait pas renoncé, et elle ne comptait pas le faire maintenant. Elle voulait que Tom soit fier d'elle, qu'il n'ait pas l'impression un jour en se réveillant qu'il avait épousé une hypocrite, qu'il vivait avec une parfaite inconnue. Ils étaient tombés amoureux parce qu'ils avaient des points communs, des convictions similaires, alors Sybil n'allait pas toutes les répudier maintenant simplement parce qu'elle avait peur d'une révolte ! De plus, elle avait réussi à se construire un foyer en Irlande, à se sentir chez elle, libre de choisir la décoration, de faire les aménagements qu'elle voulait, elle pouvait choisir ce qu'elle voulait manger, de ne pas faire le ménage pendant plusieurs jours... Sybil ne voulait pas renoncer à ce qu'elle avait trouvé en Irlande : la vraie vie avec l'homme qu'elle aimait et avec qui elle allait avoir un enfant. Et si pour cela elle devait vivre au sein d'un conflit qui, elle l'espérait, se terminerait rapidement, alors elle ferait avec. Sybil Crawley avait toujours été une forte tête, et aujourd'hui ne ferait pas exception, elle continuerait de se battre pour ce en quoi elle croyait comme elle l'avait toujours fait. En Irlande elle croyait en Tom, en leur mariage, en la famille qu'ils fondaient tous les deux, et pour ça, elle était prête à affronter tous les dangers et à faire tous les sacrifices. Surtout qu'elle était devenue une enfant du pays à présent, car il était évident qu'elle portait l'Irlande dans son cœur, et que la population locale avait fini par l'adopter. Alors malgré ses doutes et ses craintes, la brune était prête à retourner à Dublin après le mariage de sa sœur. Elle avait une vie à continuer de construire là-bas !


Fin.