CONVOITISE

Dictionnaire :

- noona : cela signifie "grande sœur". Ce terme est utilisé par les garçons pour désigner ou s'adresser à une amie plus ou moins proche plus âgée qu'eux (source : /blogs/vivre-en-coree-du-sud/oppa).

- dating ban : certaines agences interdisent à leurs recrues de sortir avec quelqu'un sur une durée déterminée.

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Il sentit l'orgasme arriver, tandis que les gouttes d'eau de cette douche apaisante ruisselaient sur sa peau. Debout dans la baignoire, en appui sur une main contre le carrelage mural, Hajun accéléra les va-et-vient sur sa verge. Il songea à Jiu, qu'il avait découverte assoupie dans un bain moussant, un peu plus tôt dans la soirée. Son plaisir augmenta en se remémorant le rebondi de ses seins, qu'elle lui avait dévoilés par mégarde en se redressant. L'instant d'après, le paroxysme de cette masturbation se manifesta, lorsqu'il imagina les caresser et les sucer. Le jeune homme ne put contenir un long gémissement, alors qu'il éjaculait en abondance.

Si la vision de sa poitrine lui procurait une telle satisfaction sexuelle, coucher avec elle serait la promesse d'une jouissance inégalée.

Je veux attendre, avant de…

Tremblant encore d'excitation, il rinça son sperme avec le jet du pommeau de douche et entreprit de se laver. Puis il repensa à ces paroles qu'elle lui avait murmurées, peu avant de repartir dans sa chambre.

— Attendre, hein ? prononça-t-il tout haut, sans s'en rendre compte.

Hajun le ferait, comme il avait désespérément patienté, en vain pendant cinq ans, qu'elle lui donnât des nouvelles une fois à l'étranger. Mais aujourd'hui qu'ils vivaient sous le même toit depuis son retour en Corée, qu'elle avait répondu par la positive à sa confession, devenant ainsi la compagne qu'il cachait farouchement aux médias, la patience était une lutte aussi difficile que ses années de débutant, au sein de l'univers K-pop.

Il s'était entiché d'elle dès l'enfance, pour finir par lui vouer un amour inconditionnel. Et maintenant qu'il était en couple avec elle, sa passion avait amplifié ses envies. Son corps la désirait ardemment : sa bouche avait soif de ses tétons et sa langue de goûter à son sexe. Il pratiquait dorénavant l'onanisme avec assiduité, dès lors qu'il avait une érection à la moindre vue d'une parcelle de sa peau nue.

— Jiu…, soupira-t-il, en sortant de la baignoire.

Le jeune homme dissimulait sa frustration, respectant parfaitement son choix, mais se languissait d'un signe de consentement. Il ne comprenait pas réellement pourquoi cette femme de vingt-sept ans semblait parfois gênée par ses baisers et ses rapprochements. Il n'était pas sa première conquête et lui connaissait un ancien petit ami, Wurin, avec lequel elle avait séjourné dans un hôtel. Sans compter qu'elle avait peut-être fréquenté quelqu'un durant ses cinq années aux États-Unis.

Robin, un membre de son groupe de musique, la trouvait « aussi sexy que n'importe quelle idole féminine » et nombreux étaient les passants qui la dévisageaient dans la rue, appréciant indiscutablement sa plastique. Elle avait dû avoir pléthore d'admirateurs à l'étranger, et rien ne l'avait empêché d'accepter des rendez-vous. Il était évident qu'elle avait plus de pratique que lui en matière de relations amoureuses. La raison de cette pudeur excessive demeurait donc un mystère.

De son côté, Hajun recevait souvent des déclarations passionnelles, des numéros de téléphone glissés dans sa loge, ou des demandes en mariage. Il avait même déjà eu des propositions particulières de parrainage, bien connues dans son milieu, mais toujours niées publiquement : des personnes influentes, qui promettaient une plus grande visibilité et de l'argent à un artiste, en échange de faveurs intimes. Heureusement pour lui, son manager rejetait systématiquement ces offres.

Il restait cependant inexpérimenté quant à la gent féminine, puisque le contrat qui le liait à son agence comportait une clause de dating ban*, levée tout récemment. Il aurait pu saisir l'opportunité de relations d'une nuit, comme il suspectait Robin d'en avoir profité, mais aucune de ses prétendantes ne l'avait intéressé, à l'époque. Son esprit était alors torturé par le départ de Jiu, l'absence de ses nouvelles, et accablé à l'idée qu'elle fût possiblement fiancée.

Il éprouva sur-le-champ de la jalousie en l'imaginant embrasser et toucher un autre homme, mais ce sentiment fut à brûle-pourpoint remplacé par la crainte de ne pas être à la hauteur, pendant leurs premiers ébats.

Plongé dans ses réflexions, il ne remarqua pas immédiatement que son aînée était là, tandis qu'il sortait de la salle de bain, nu, en s'essuyant les cheveux. Jiu n'avait finalement pas résisté à la tentation de dormir à ses côtés, dans une tendre et chaste étreinte, et était revenue auprès de lui.

Il se figea en percevant soudainement un petit cri, découvrit sa compagne en relevant la tête, et fut embarrassé en constatant qu'elle fixait intensément ses parties intimes.

— Tu pourrais t'annoncer ! s'exclama-t-il en cachant son pénis avec sa serviette.

Puis il se dirigea rapidement vers sa penderie, tandis qu'elle se confondait misérablement en excuses. En passant un bas de pyjama noir, il l'écouta bégayer qu'elle avait frappé plusieurs fois, qu'elle avait signalé son entrée, et n'avait certainement pas souhaité l'importuner. Il la vit enfin se précipiter hors de la pièce en formulant de nouvelles excuses.

Depuis combien de temps était-elle là ? s'interrogea-t-il. Il ne comprenait pas comment il n'avait pas pu discerner sa présence, car les portes coulissantes de sa salle de bain n'étaient pas complètement insonorisées. Il n'y avait qu'un seul moment où, effectivement, son attention avait été diminuée. Prenant conscience de cela, il plaqua une main contre sa bouche, rouge de honte.

— C'est pas vrai, murmura-t-il, consterné. Elle est arrivée quand j'étais en train de…

oOo

Jouir. Jiu l'avait clairement entendu atteindre l'orgasme sous la douche, à peine un pied posé dans la chambre. D'abord affreusement gênée de l'avoir surpris en pleine séance d'onanisme, elle avait senti une merveilleuse chaleur naître dans le creux de ses reins. Le gémissement de plaisir qu'il avait poussé l'avait troublée ; son corps avait refusé de bouger. Et en songeant au spectacle de sa nudité, offert bien malgré lui, et surtout à la vision de ses fesses musclées lorsqu'il s'était tourné vers sa penderie, la jeune femme perdit le contrôle. Quelle hypocrite ! Je ne pourrai jamais tenir plus longtemps ! s'avoua-t-elle, en enfonçant la tête dans son oreiller, le visage cramoisi.

Elle avait vingt-sept ans, n'avait pas encore vu le loup, sortait avec l'incarnation de ses fantasmes et avait déjà eu des rêves érotiques à son sujet. Pourquoi s'infligeait-elle l'attente d'un jour « exceptionnel » pour passer à l'acte, puisque sa patience désertait ? D'autant qu'elle avait lu dans la rubrique « sexo » d'un magazine féminin, que les hommes étaient souvent au summum de leur libido à cet âge. En outre, l'endurance de son futur amant n'était plus à démontrer, étant donné sa carrière dans la K-pop et ses performances sur scène.

Elle eut une délicieuse sensation dans le bas-ventre en se figurant Hajun haletant au-dessus d'elle, transpirant sous l'effort de va-et-vient intensifs entre ses cuisses. Et ses dernières hésitations à consommer leur union s'effritèrent, en s'apercevant qu'il devait sûrement s'imaginer un tableau identique en se masturbant. Jiu ne souhaitait plus vraiment retarder l'évènement.

Que redoutait-elle ? Qu'il l'estime « femme facile », car elle libérait ses envies ? Non, ça ne lui traverserait même pas l'esprit, se dit-elle. Qu'il la quitte après avoir obtenu ses faveurs ? Il n'a pas attendu plus de cinq ans, pour me larguer le lendemain. Il n'y avait donc plus d'obstacle à coucher avec celui qu'elle aimait et désirait réellement.

Quand les partenaires étaient le plus disposés à le faire, n'était-ce pas également cela, un jour « exceptionnel » ? Un week-end sur une île, dans un hôtel hors de prix, avec un cérémonial parfaitement inutile pour elle, désormais, ne lui laisserait pas de meilleurs souvenirs que de choisir le moment le plus propice.

Et c'était maintenant.

Car en cet instant, dans cet appartement qui lui était familier, dans ce lit qui était dorénavant le sien, elle se sentait totalement en sécurité, apaisée dans ses angoisses antérieures de ne pas être à la hauteur. Elle voulait franchir l'étape suivante de la relation qu'elle partageait avec l'homme qui n'avait pas cessé de l'aimer durant toutes ces années.

Noona* ? entendit-elle soudain, en provenance du couloir.

Son cœur bondit dans sa poitrine. Elle savait très bien pour quelle raison Hajun se présentait à sa chambre ; elle ne pouvait pas le repousser une fois de plus. Certitude qui se concrétisa lorsqu'elle découvrit son apparence sur le pas de sa porte : il n'avait jamais été aussi beau.

Les cheveux bruns encore mouillés, des gouttes d'eau glissant sur son visage pour mourir dans son cou, il se tenait face à elle, imposant, superbe de sensualité. Sa bouche entrouverte et ses lèvres, roses et humides, étaient une invitation à de profonds baisers. Son torse nu, en proie à une respiration saccadée, était un chef-d'œuvre irrésistible de la nature. Mais ce fut son regard qui hypnotisa Jiu.

Ses iris, auparavant d'un bleu qui inspirait la douceur, pétillaient de concupiscence. Ses yeux posaient sur elle une convoitise, impérieuse, et ne souffriraient d'aucun refus. Son désir était si ardent, presque palpable, qu'elle en frissonna d'effervescence. Sans un mot, elle l'autorisa à entrer et le laissa s'approcher d'elle. Elle sentit ensuite le souffle chaud de son compagnon sur sa peau, tandis qu'il contemplait son visage et se penchait vers elle.

Il caressa la lèvre inférieure de la jeune femme et introduisit légèrement son pouce dans sa bouche. Puis il lui lança une œillade d'une lascivité soutenue et soupira de plaisir, comme elle suçait son doigt en plongeant ses prunelles dans les siennes.

Jiu n'aurait pas cru être capable d'une telle audace ; le message qu'elle lui transmettait était sans équivoque. Et à sa surprise, cette attention coquine la transporta d'excitation. Elle comprit qu'il en était de même pour son vis-à-vis, de par sa réaction : il la dévorait littéralement des yeux et paraissait être sur le point de se jeter sur elle.

Soumis à une pulsion irrépressible, Hajun la fit reculer jusqu'au mur, s'empara de ses poignets et les maintint au-dessus de sa tête. La seconde suivante, il enfonça profondément sa langue dans sa bouche, étouffant son petit cri d'étonnement. Il l'embrassa sans retenue, mêla généreusement sa salive à la sienne, et ne lui donna presque pas le temps de reprendre sa respiration. Il lui faisait déjà l'amour à travers ce baiser passionnel.

Il la saisit alors par les cuisses et la plaqua contre la cloison, l'amenant à enrouler ses jambes autour de sa taille. Elle s'accrocha au cou de son amant et gémit d'envie, lorsqu'il effectua une simulation de l'acte charnel, en pressant son sexe contre le sien. Le souffle court, ils échangèrent un dernier regard, enfiévré, signe d'un accord mutuel, et s'abandonnèrent à la luxure.

À suivre…