CONVOITISE
Avertissement : ce chapitre est le préambule d'une relation sexuelle non protégée par un préservatif, car je désire l'écrire de la sorte. Cette conduite n'est absolument pas à suivre, premier rapport sexuel ou non. Je vous rappelle que ceci est une fiction qui n'engage que moi, et qu'elle ne fait pas office de modèle. Protégez-vous toujours avec un préservatif, même si votre partenaire vous assure être vierge, (sans compter que la pilule n'est pas fiable à 100%).
En vous remerciant pour votre attention.
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Un peu plus tôt…
L'intimité sexuelle dans un couple était un concept qui prenait du temps à se mettre en place, selon Hajun, d'autant plus qu'il n'y avait jamais été confronté. Cela suivait, pour lui, un cheminement précis : la complicité amoureuse, puis les baisers langoureux, les échanges de caresses tout habillé, la – très – lente découverte sensuelle du corps de l'autre, et la concrétisation. Malheureusement, rien ne s'était déroulé tel qu'il l'avait imaginé.
En quelques heures, Jiu lui avait montré sa poitrine, elle n'avait ensuite rien loupé de son entière nudité, et il avait conclu cette journée de manière magistrale, en lui offrant le spectacle sonore d'un orgasme. Si elle était entrée dans la salle de bain, l'humiliation aurait été absolue. Vivre sous le même toit posait un inconvénient : leur relation avait progressé de façon fulgurante, et la situation était terriblement honteuse pour lui.
Il n'abordait pas le sujet de l'onanisme avec les membres de son groupe de musique et veillait toujours à ce qu'ils fussent tous couchés, dans leur dortoir commun, pour le faire sous la douche quand le besoin était pressant. Se faire donc surprendre par sa petite amie, en train de se masturber, l'avait plongé dans l'embarras. Il n'oserait plus la regarder en face. Pire : il craignit qu'elle en fût choquée, au point de prendre ses distances avec lui.
— Et merde ! s'exclama-t-il, découragé, en se laissant tomber sur son lit.
Hajun avait bien conscience que certaines femmes pratiquaient, elles aussi, ces caresses intimes. Mais il ignorait à quelle fréquence et ne savait pas si cela concernait Jiu, puisqu'ils n'en avaient pas parlé. Ses seules connaissances en la matière se résumaient aux films pornographiques que téléchargeaient ses camarades de dortoir, sur un des ordinateurs fournis par l'agence – ordinateur qui était, en conséquence, régulièrement infecté par des virus. Il n'en avait cependant pas vus énormément, car il attendait d'être le dernier éveillé pour en profiter. Et il n'avait eu que très récemment la liberté de conserver son téléphone, en tout temps, sans que celui-ci ne fût inspecté par son manager pour contrôler le respect de son dating ban, avant son annulation.
Afin de se renseigner, il saisit son iPhone, tapa les mots-clefs « masturbation féminine » dans le moteur de recherche, et désactiva la SafeSearch. En une seconde, plusieurs milliers de résultats s'affichèrent, sans compter les photos explicites et les publicités pour des sextoys. Il s'engagea alors dans une rapide lecture de quelques sondages, qui le confortèrent dans l'idée que Jiu pouvait s'adonner à ce plaisir solitaire. Puis il continua en cliquant sur une vidéo, qui montrait un homme en train de masturber sa partenaire – il désirait apprendre ; son intention était louable. Et trois extraits de films cochonceteux plus tard, il sentit à nouveau l'excitation poindre son nez. Il ferma la page web et jeta son portable sur son lit.
Je fais quoi, là, maintenant ? se demanda-t-il. Plus il hésitait, plus ce serait difficile de se comporter naturellement à l'avenir. Elle était peut-être aussi gênée que lui ? Cela pouvait également l'avoir émoustillée. Cela aurait été son cas, si les rôles avaient été inversés, sans l'ombre d'un doute. Je me serais branlé jusqu'à ne plus pouvoir la lever ! s'avoua-t-il.
— C'est décidé, j'y vais ! dit-il tout haut, pour se donner du courage.
Il prétexterait un vague « tu souhaitais me parler de quelque chose ? » quand il lui ferait face. Cela permettrait d'engager la conversation et de briser la glace. Déterminé, Hajun alla jusqu'à la chambre de Jiu et l'appela doucement. Il fut soulagé en l'entendant se diriger vers la porte pour lui ouvrir ; elle n'était donc pas fâchée ou trop embarrassée. Il s'apprêtait à lui poser la question futile à laquelle il avait songé, mais ne put prononcer une parole en découvrant la jeune femme : ses joues étaient cramoisies et ses iris brillaient d'effervescence. Il devina qu'il l'avait interrompue dans des pensées érotiques, et se laissa submerger par la concupiscence.
Il voulut sur-le-champ lui ôter ses vêtements et s'étendre, nu, à ses côtés ; sa respiration s'accéléra brutalement. Il fut impatient de la posséder entièrement ; son regard pétilla de convoitise. Il éprouva le besoin impérieux de lui arracher des gémissements en s'introduisant en elle ; son pénis reprit vigueur. Il creva d'envie de jouir plusieurs fois en elle, de la remplir de sa semence ; son érection fut complète. Et il fut ravi lorsqu'elle le laissa entrer, sans mot dire. Elle avait appréhendé son désir et y consentait.
Il s'approcha d'elle, tout en contemplant la lueur lubrique dans ses yeux, et toucha avec langueur la bouche de sa compagne. Puis il écarta lentement ses lèvres et y glissa doucement son pouce. Il soupira de satisfaction quand elle commença à le sucer, les prunelles rivées sur les siennes. Son excitation monta d'un cran en imaginant Jiu lui faire une fellation. Quelques minutes auparavant, il n'aurait jamais cru qu'elle lui ferait une chose aussi coquine. Elle semblait soudain assumer totalement sa sexualité.
Ce changement le plongea dans un état extatique, qui l'affranchit de ses inhibitions. Il se soumit volontiers à cette pulsion qui lui réclamait la réalisation de leur union. Il ne put résister une seconde de plus à l'urgence de la pénétrer et d'éjaculer en elle. Cela relevait désormais d'une nécessité primaire, qui soulagerait son corps et son esprit, rongés par ces années d'attente.
Hajun l'incita à reculer, saisit ses poignets et les colla au mur, au-dessus de son visage. Il étouffa ensuite son petit cri de surprise en l'embrassant passionnément. Il lui donna un aperçu de la manière dont il rêvait de lui faire l'amour, en tournant sa langue autour de la sienne avec fougue. Leur salive se mêla dans un son érotique et impudique, qui enflamma la jeune femme. Elle le souhaitait ardemment dès à présent entre ses cuisses. Ce qu'il fit en les empoignant pour la soulever et la plaquer contre la paroi murale. Séance tenante, elle enroula ses jambes sur sa taille et s'agrippa à son cou, afin d'assurer son maintien. Elle ne put retenir un gémissement de plaisir, tandis qu'il pressait son sexe contre le sien ; leurs vêtements étant le dernier obstacle au délice d'un coït.
Transporté par la lascivité, il entama de légers coups de bassin contre son pubis, en la fixant d'une façon enfiévrée. Il cherchait à pousser l'appétit charnel de Jiu à son paroxysme, qu'elle lui accordât la permission d'entreprendre leurs premiers ébats, ce soir, dans cette chambre. Il fantasmait à l'idée de lire dans ses yeux la requête d'achever ce supplice orgastique, de lui enlever ses habits et de la posséder.
Le souffle court, elle lui lança finalement une œillade sans équivoque et opina de la tête, signe de son consentement le plus absolu : elle voulait le sentir aller et venir aux creux de ses reins. Maintenant. Il la déposa sur le lit et se coucha près d'elle.
— Attends, chuchota-t-elle. Il faut que je t'avoue que… je ne l'ai jamais fait.
Il marqua une pause et la questionna, étonné :
— Même pas avec Wurin ?
Jiu secoua la tête pour lui signifier un « non », en rougissant. Elle expliqua qu'elle l'avait quitté avant de passer à l'acte, et qu'elle n'avait pas eu de compagnon à l'étranger, trop absorbée par sa carrière.
— Tu as sûrement plus d'expérience que moi. Tu pourrais… être doux, s'il te plaît ?
Embarrassé, il se gratta le cuir chevelu et confia :
— Je ne l'ai jamais fait non plus.
— Quoi ? dit-elle, surprise, en se redressant. Tu n'as jamais eu de petite amie ?
— Non.
Son regard fut alors si ingénu, qu'elle se mordit la lèvre inférieure, attendrie. Son innocence le rendit d'autant plus attrayant. La jeune femme l'attira vers elle, parfaitement disposée à approfondir leur relation.
Il lui demanda soudain si elle avait des préservatifs, car il n'en avait aucun. Elle répondit par la négative, mais l'informa qu'elle prenait la pilule depuis des années, afin d'avoir un meilleur contrôle de son cycle menstruel, et elle lui faisait entièrement confiance quant à sa totale inexpérience. Ils pouvaient donc faire l'amour dès à présent.
Hajun éprouva une vague d'excitation. Des témoignages sur les réseaux sociaux affirmaient que le sexe était largement plus intense sans protection ; il pourrait davantage la sentir. Était-ce si chaud et accueillant que ce qu'il avait pu lire ? Il fut envahi par la convoitise et se plaça au-dessus de Jiu, en appui sur ses paumes. Il se pencha ensuite sur elle pour embrasser son cou, tandis qu'elle effleurait son torse.
Elle partit à la découverte de sa peau, de ses muscles, et continua son exploration en parcourant son dos. Lentement, elle descendit vers ses fesses, les caressa, et se dirigea vers son bas-ventre. Elle toucha son érection à travers le tissu et osa glisser une main dans son pyjama. Elle entendit son souffle s'accélérer lorsqu'elle commença à le masturber avec timidité.
Le jeune homme baissa alors son pantalon et posa ses doigts sur ceux de sa compagne, pour la guider. Il l'incita à serrer davantage son pénis et à augmenter la cadence. Puis il blottit son visage dans son cou et huma son parfum. Il apprécia son odeur, encore et encore, cherchant à se persuader qu'il ne rêvait pas, qu'il s'apprêtait réellement à s'unir à elle, et que rien ne disparaîtrait s'il rouvrait les yeux. Sa partenaire était bien là, allongée sous lui, et aussi impatiente que lui. Il ne la laisserait plus repartir.
Hajun s'agenouilla, releva Jiu, et l'amena à passer une jambe de chaque côté de sa taille pour la faire s'asseoir sur ses cuisses. Il partagea avec elle un baiser langoureux, tandis qu'il déboutonnait le dos de sa robe. Elle leva les bras quand il souleva son vêtement pour l'ôter, et embrassa son front, pendant qu'il dégrafait son soutien-gorge. Elle devint un peu nerveuse, comme il la recouchait sur le lit, mais s'offrit volontiers à lui à l'instant où il lui enleva le reste de sa lingerie. Il découvrit ainsi sa nudité, émerveillé.
Durant quelques éternelles secondes, il ne put détacher ses prunelles de ce corps aux courbes si gracieuses. Il adora tout en elle : de l'aréole à la carnation foncée de ses mamelons, à ses seins en forme de pomme ; de la petitesse de son bassin, à l'érotisme de son mont de Vénus ; de ses jambes fluettes, à la finesse de ses pieds. Il ne pourrait jamais se lasser de lui faire l'amour. Un toussotement l'arracha soudain à sa contemplation. Comprenant sa gêne, il s'excusa, avant de se déshabiller et de s'étendre à ses côtés.
Ils se tournèrent l'un en face de l'autre en se souriant, et échangèrent un regard complice. Le moment de réaliser leurs désirs était enfin arrivé. Chacun d'eux avait attendu de longues années avant d'être avec la personne qui leur conviendrait le mieux. Le premier avait patienté et espéré jusqu'à en avoir le cœur presque brisé de chagrin, et la deuxième n'avait pas reconnu à temps celui qui lui apporterait le bonheur, sans une seule fois lâcher sa main.
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Ce jour-là, en soulageant le cœur meurtri d'un garçon à l'enfance malmenée,
Jiu réussit à modifier le parcours d'une vie qui s'annonçait torturée.
Mais elle ne se doutait pas que son geste changerait également sa fortune,
À jamais bouleversée par la rencontre d'une âme, qui avec la sienne ne ferait qu'une.
Nul ne peut séparer deux âmes sœurs qui se sont trouvées,
Car le fil rouge du destin ne peut se sectionner, de toute éternité.
À suivre…
