Victor était posé dans le canapé, chez sa mère. Celle-ci était partie en ville faire des courses, le laissant seul dans la maison. Le téléphone en silencieux, les écrans éteints et personne à part lui, il pouvait enfin avoir la paix. Beaucoup de choses s'étaient passées récemment, entre les rendez-vous pour organiser le tournoi, les interviews, les shooting photos, les combats Pokémons et les rendez-vous chez le psy, il avait l'impression de ne plus avoir un moment pour lui. Il soupira avant de regarder l'heure. Son dernier rendez-vous chez le psy était hier et il n'avait pas l'impression d'avancer. Il ne comprenait pas ce qui le dérangeait : il avait tout pour être heureux. La richesse, la notoriété, le pouvoir, la passion, la famille, les amis… Et pourtant il était mal. Il avait cette impression d'être scindé en deux. Il avait toujours eu une légère impression de ne pas être entier, mais jamais cela n'avait été aussi fort. Jamais il n'en avait été dans un tel état.

Ce qui détruisit son instant de paix fut la sonnette. Il pesta, encore fatigué, se leva mollement et pesta de nouveau en voyant que la personne ne s'arrêtait pas. Il soupira et pria pour que ce ne soit pas un fan qui venait lui rendre visite. Il commençait à en avoir assez. Quelle ne fut sa surprise quand il vit un homme du même âge que sa mère devant lui. Grand, blanc et blond, il était dans le même état que lui : des cernes, un air fatigué avec des cheveux en pagaille. La seule chose qui changeait été les yeux, bleus et pétillants, avec une lueur d'espoir. Les deux se regardèrent, surpris.

Hum, excusez moi, je suis bien chez Maggie ?

Oui, c'est ici… Vous êtes ?

Eu… Le père de Gloria. il y eut un blanc, Je suppose que vous êtes le fils

Hein ? Ah, oui, je suis le fils de ma mère. Eu de Maggie. Vous voulez quelque chose en particulier ?

Je, il réfléchit un instant, je suis juste venu pour savoir si Gloria était ici, mais je devrai peut-être revenir plus tard, si elle n'est pas là…

Victor cligna des yeux alors qu'il tentait de comprendre ce qu'il se passait. Au vu de son accent, l'homme venait de Kalos. Le Galarien tenta de se souvenir d'une Gloria, mais rien ne lui revenait. Il reprit ses esprits quand l'homme commença à partir.

Excusez moi ? le blond se retourna, Hum, qui est Gloria ?

Il y eut de nouveau un silence. Le visage de l'homme se décomposa sous la question et pendant un instant, Victor s'en voulut d'avoir posé cette question. Le blond se reprit, passa une main dans ses cheveux alors qu'un rire nerveux lui venait, et sourit.

Ce, enfin… Vous savez quoi ? Oubliez. Ce n'est pas la peine de dire à Maggie que je suis passé, je ne pense pas qu'elle appréciera. Victor se sentait complètement largué, Simplement, si jamais une fille, enfin, une femme de… 21 ? Si jamais elle passe et s'appelle Gloria, vous pouvez lui dire que son père la cherche s'il vous plaît ? Je vous en serai reconnaissant.

Oui, bien-sûr…

L'homme commença à partir et quelque chose se bloqua dans la gorge du jeune homme. Il ne comprenait pas pourquoi mais il avait le sentiment qu'il ne devait pas le laisser partir. Que s'il le faisait, il allait perdre quelque chose de précieux, quelque chose auquel il tenait. Il fit un pas en dehors de la maison, cherchant un moyen de le retenir. Il lui fallait quelque chose, peu importe ce que c'était.

Eu, attendez ! le blond se retourna encore vers lui, Eu, vous voulez peut-être une petite tasse de thé ?

– … C'est vraiment sympathique de votre part, mais je crains n'être de trop. Je ne pense pas que votre mère apprécie ma venue jeune homme, nous ne sommes pas revus depuis vingt-et-un ans, et elle m'a bien fait comprendre qu'elle ne voulait plus de moi.

Pardon ?

Maggie se trouvait à deux mètres du Kalékois (?), deux sacs de courses remplis. Elle le regarda avec indignation, laissa tomber ses sacs et s'approcha de lui énervée.

TU, m'as laissé comme une pauvre conne ! Et t'es même pas venu me le dire en face, t'as envoyé ta mère !

Quoi ?

Quoi « Quoi ? » ? Parce que peut-être tu ne le sais pas ? Tu étais le premier à me dire des mots doux et le premier à partir la queue entre les jambes !

Pardon ? MOI, je t'ai laissé ?

Comme une pauvre chaussette oui ! J'avais personne, mes parents étaient morts et t'en as rien eu à foutre de moi !

Tu te fous de moi là ? TU m'as laissé parce que soi-disant le fait que Victor était mort t'as complètement ruiné, comme quoi j'ai été le pire et que j'avais qu'à gardé Gloria car après tout, la seule chose qui m'intéressait été notre fille plutôt que notre couple !

Victor était à la ramasse complet alors que sa mère tenta de parler, coupé par l'homme.

Non ferme là ! Est-ce que tu sais comment je me suis sentie quand ma mère est arrivée avec Gloria dans les bras et une lettre ? Une lettre dans laquelle TU m'as dit que j'étais le pire ! J'étais non seulement au plus bas, mais en plus j'ai perdu notre fils, MON fils, et ensuite je t'ai perdu TOI ! J'ai souffert putain, alors ne vient pas me dire que tout ça est de ma faute ! Ne vient pas me dire que j'ai tout foutu en l'air et que j'étais pas là quand j'ai attendu douze heures pour l'accouchement, j'étais là pour toi, je me suis démené pour te rendre heureuse putain !

L'homme plaça sa main devant ses yeux et se retint de pleurer alors que Maggie sentait l'émotion la prendre. La colère, la tristesse, la rancune mais aussi l'amour qu'elle lui portait. Tout revenait en même temps alors qu'elle voulait garder la tête froide.

Merde Maggie, je t'ai aimé, je t'aimes et je t'aimerai, c'est assez non ? Tu veux quoi de moi à la fin ? Je demande rien, je reste dans mon coin, je veux juste pouvoir retrouver Gloria… Je veux juste voir ma fille et me racheter, tu comprends ça ?

Il éclata en sanglot et la femme le suivit, le prenant dans ses bras.

Victor, lui, était complètement paumé.