Le Dr Samuel Beckett n'est jamais rentré chez lui…

Chapitre 1 : Un nouveau départ

Janvier 2020, centre du projet Quantum, désert du Nouveau-Mexique.

Sur le toit d'un petit bâtiment isolé et délabré, un vieil homme, est allongé sur une chaise longue et il regarde le coucher du soleil.

Il est là, seul, un chapeau vissé sur la tête assortit à son costume bariolé, un verre de whisky dans la main droite et un énorme barreau de chaise dans l'autre.

« Et bien nous y voilà, Sam"… souffle-t-il. "Vingt ans que je monte sur ce toit, tous les ans, pour porter un toast à notre amitié. Je ne sais pas si tu me vois ou si tu m'entends... J'espère que non… » dit-il en pensant que si c'était le cas, ça voudrait dire que Sam était décédé.

L'homme porte le cigare à sa bouche et tire une bouffée.

« Je suis désolé Sam, c'est la dernière fois que je reproduis notre petit rituel… Je quitte le centre. Beth veut profiter de moi pour les années qu'il me reste et je me vois mal lui refuser ça. »

Il se tait, soupire et boit une gorgée d'alcool.

"Elle a été si patiente pendant tout ce temps. Elle a accepté que je passe toutes ces années à te chercher et il faut avouer que je l'ai un peu négligé. Elle mérite de prendre du repos, elle aussi.

J'ai tout fait pour te retrouver Sam, je me suis battu. Mais rien n'y fait… J'ai échoué… Pardonne-moi…"

Emu, Al leva son verre en direction de l'horizon avant d'en boire à nouveau une gorgée.

La porte en métal qui mène à l'escalier s'ouvrit alors lentement avec un horrible grincement. Une belle jeune femme, passa le pas de la porte. Elle portait une longue robe bleue qui jurait incroyablement avec sa couleur de cheveux.

« Je savais que tu serais là … Oh ! Grand-père, si mamie te voit avec ce cigare, tu vas te faire remonter les bretelles ! » le taquine-t-elle.

Al tourna lentement la tête en direction de sa petite fille et sourit.

« Ne m'appelle pas comme ça ! » dit-il avec un sourire en coin. « Tu sais bien que c'est l'anniversaire de la disparition de Sam aujourd'hui. Je devais lui dire au revoir… » murmura-t-il.

« Oui je sais Grand-père » dit-elle en s'asseyant sur une autre chaise longue à côtés de lui.

"Elia ! Qu'est-ce que je viens de te dire"

« Oh ça va ! Je suis trop vieille pour t'appeler Papi ! »

« Tu ne seras jamais trop vieille et moi, surtout, jamais assez vieux pour que tu m'appelles Grand-père. Déjà que tu m'appelles Amiral devant les autres, tu vas me faire le plaisir de ne pas changer nos habitudes quand on est seul »

Elle rit...

« Les autres t'attendent... PAPI… Ils t'ont préparé une petite fête surprise pour ton départ, dans la salle de repos du 15éme sous-sol… »

« Ah … » sourit Al, « J'aurais dû m'en douter… »

Elia attrapa le verre de son grand-père et sentit l'odeur de l'alcool, elle fit une grimace :

« Tu penses bien qu'on n'allait pas te laisser partir comme ça ! L'Amiral Al Calavicci ne peut pas partir à la retraite sans une super fête de départ ! »

Al sourit mais son regard vide restait immanquablement dirigé vers l'horizon.

« Allez, ne soit pas triste… » dit-elle en lui rendant son verre.

« Je ne suis pas triste de partir » dit-il.

« Je sais. Tu ne dois rien regretter. Tu t'es battu pour Sam pendant 20 ans. Tu as fait de ton mieux. Beaucoup aurait laisser tomber depuis longtemps, c'est d'ailleurs ce que certains ont fait. Tu as porté le projet Quantum à bout de bras, c'est mon tour maintenant de suivre ton exemple. Je te jure que je continuerais à me battre pour notre oncle Sam... »

« C'est fou que t'ai autant envie de te battre pour quelqu'un que tu as si peu connu » dit Al en regardant sa petite fille.

« Je me souviens très bien de mon parrain et je sais parfaitement ce que je lui dois. Et puis, aussi j'ai envie de tout faire pour te rendre heureux. Je sais qu'il n'y a que ça qui te permettra de vivre en paix… »

« Elia, je ne veux pas que tu gâches ta vie pour moi ... »

« Gâcher ma vie ? Mais enfin, pas du tout. Reprendre la main est la meilleure chose qui puisse m'arriver. Je te jure que je ferais tout pour trouver celui ou celle qui nous aidera à retrouver Sam, si c'est possible.

Al s'était battu comme un fou pour Sam.

Dans un premier temps, il s'était battu pour qu'après la disparition du docteur Beckett, le projet Quantum ne tombe pas à l'eau. Il avait cherché des subventions, s'était démené pour que l'armée ne réquisitionne pas leur énorme bâtiment souterrain de vingt-cinq étages. Pour cela, il avait dû ruser et diversifier les activités du centre. Après la disparition de Sam, l'armée ne voulait plus subventionner le projet. Al leur a alors proposé de leur louer les vingt premiers étages de la structure pour d'autres projets et de garder les cinq derniers étages pour le projet quantum exclusivement. Ça a permis au projet de s'autofinancer. La plupart des gens qui travaillaient-là ne savait même pas qu'il y avait cinq étages de plus cachés en dessous d'eux... Les salariés du projet, cohabitaient avec toute un tas d'autres employés sans que personne ne se doute qu'ils avaient une tout autre mission.

Une fois les problèmes d'argent résolu, Al chercha quelqu'un pour remplacer Sam. Il avait rencontré les plus grands physiciens, en avait embauché certains mais rien à faire, personne n'arrivait à la cheville du docteur Beckett ? Aucun d'entre eux n'avait réussi à redémarrer l'accélérateur temporel et ils finissaient toujours par abandonner et partir. Au fur et à mesure, il restait de moins en moins de monde...

Même Donna, la femme de Sam, avait fini par les quitter pour continuer sa vie. Al ne pouvait pas lui en vouloir, elle avait le droit de vivre et d'être heureuse après tout... Elle n'allait pas rester là à attendre ce qui n'arriverait peut-être jamais. Mais Les filles d'Al avaient suivi leur père. Elles avaient toutes travaillé à un moment ou l'autre de leurs vies dans le complexe et maintenant c'était l'une de ses petites filles qui allait en prendre la direction…

Al était fière de ce qu'il avait réussi à accomplir même si l'aigreur de ne pas avoir réussi à retrouver Sam le consumait toujours.

Il lui devait tout. Toute sa vie, sa famille.

Bizarrement, et contrairement aux autres personnes dont Sam avait modifié le destin, il se souvenait de tout. De son ancienne vie et de sa nouvelle… C'était grâce à Sam qu'il avait trouvé un but dans sa vie après avoir quitté l'armée. C'est encore grâce à lui que Beth l'avait attendu lorsqu'il était prisonnier au Vietnam. Et c'était toujours grâce à lui qu'il avait eu quatre merveilleuses filles et deux fois plus de petits enfants. Il lui devait bien ça…

Et maintenant, Elia allait prendre sa suite.

Elle lui ressemblait tellement. La fille ainée d'Al et Beth, Anna, était tombée enceinte à 16 ans. Son imbécile de petit copain avait pris la poudre d'escampette en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Anna s'était retrouvée seule avec sa petite fille. Eliane Elisabeth Calavicci était née en 1991. Mais Anna rêvée d'être médecin et elle devait continuer ses études... C'est donc Al et Beth qui avaient élevé la petite Elia. Al était fou d'elle et passait tout son temps libre avec elle. C'était plus qu'un grand-père, Al avait aussi le rôle du père et maintenant même celui du mentor. Leur relation été fusionnel.

A 18 ans, Elia a décidé de suivre les traces de son grand-père et s'est engagée dans l'armée, au grand désespoir de Beth et Anna. Mais Al, lui, débordait de fierté pour sa petite fille chérie. Elia gravit les échelons, très vite, et elle atteint facilement le grade de capitaine. Elle décolla pour l'Afghanistan en 2018. Deux ans d'horreur sur une zone de combat et une grave blessure plus tard, c'était terminé. Elia décida alors de quitter l'armée, elle ne voulait plus être témoin de la haine et la violence.

Al fut alors fou de joie de l'accueillir au centre. Il l'avait aidé à surmonter son stress post-traumatique et elle reprit ses marques très vite. Après tout, elle avait grandi en parti dans les couloirs du centre. En quelque mois, elle gagna sa place de bras droit et maintenant, c'était le grand jour.

Al avait maintenant 81 ans et il se demandait comment il avait réussi à tenir si longtemps. Peut-être qu'inconsciemment il attendait Elia. Quelle fierté pour Al...

Il n'y avait pas que professionnellement qu'Elia ressemblait à Al. Comme son ancien lui, elle était incapable d'avoir une relation stable. Elle ne cherchait pas à garder ses petits copains, quand elle prenait le temps d'en avoir un... Al se disait que comme pour lui, c'était sans doute parce qu'elle n'avait pas rencontré la bonne personne.

« Allez Papi, vient, il est temps... »

Al sortit de sa rêverie :

« Oui ma chérie, de toute façon si on ne descend pas tout de suite, ta grand-mère va monter nous chercher… » dit-il en riant et en écrasant son cigare dans le cendrier.

« Merde, je viens de réaliser que je n'allais plus avoir d'excuse pour fumer… »

Elia rie en aidant son grand-père à s'extirper de la chaise longue et ils se dirigèrent tous les deux vers l'escalier... Avant de passer le pas de la porte, Al se tourna une dernière fois en direction de l'horizon en disant :

« Au revoir Sam, mon ami... »

Il leva son verre et le vida. Elia se pencha vers lui et lui déposa un baiser sur la joue. Elle prie sa main et l'entraina vers les escaliers...

« Je t'aime, tu vas me manquer horriblement » dit Elia

« Toi aussi ma belle..." » soupira Al