Cela faisait près de huit mois que nous avions tous été transportés dans le digi-monde. Bien sûr, dans le monde réel, cela ne faisait en fait que huit jours. Mais je ne voyais pas les choses sous cet angle, j'avais l'impression d'une éternité passée dans ce petit groupe destiné à sauver quelque chose dont tout le monde à part nous ignorait l'existence. Je me sentais seul et mes parents me manquaient. J'évitais d'y penser en me disant que Takeru était sûrement bien plus affecté que moi par cet état de fait après tout, ce n 'était encore qu'un gamin tout comme Hikari, la petite sœur de Taichi. Mais elle avait bien plus de courage que mon frère et je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était ma faute que je ne faisais peut-être pas ce qu'il fallait pour Takeru. J'étais perdu dans ces pensées, rempli de colère à cette idée quand Miyako arriva dans mon dos me faisant sursauter par un  appel strident au possible comme elle seule savait le faire.

-yaaamaaaatooooooo !!!!!

-quoi ?!!

-on t'attend pour partir, viens !

-j'arrive…

Je regrettais de devoir déjà reprendre la route après seulement une heure d'arrêt. Le coin était plutôt joli et n'étant pas très bien dans ma tête, j'aurais aimé avoir le temps de jouer un air d'harmonica. Malgré tout, je ne dis rien de ces pensées au groupe quand je le rejoignis mais restais quand même un peu en retrait par rapport aux autres afin de pouvoir ruminer mes pensées jusqu'à m'en dégoûter, comme j'avais l'habitude de le faire. Personne ne me posa de questions mais takeru qui avait remarqué mon mal-être, vint me prendre la main ce qui me réconforta un peu. Je ne pus m'empêcher de penser que son amour pour moi lui serait peut-être nuisible un jour et quand il releva la tête pour regarder mes yeux, il me trouva en larmes. Mon orgueil me disait de ne pas pleurer devant lui et je m'apprêtais à lui dire de partir voire à partir moi même mais je n'eus rien le temps de faire d'autre que de m'effondrer sur le sol, et basculer dans le noir le plus total. Je finis quand même par émerger de mon état d'inconscience pour me trouver la tête sur les genoux de taichi et celui-ci en pleurs. J'ignorais pourquoi, je ne su que plus tard par Sora qui était la seule personne qui pouvait réussir à lui tirer les vers du nez que c'était le seul à avoir remarqué notre absence. Il a immédiatement rebroussé chemin en courant et en disant au reste du groupe de ne pas bouger de leur position car il ne voulait pas  que trop de monde soit présent au cas où ce serait quelque chose de trop dangereux ou d'horrible. C'est son côté « je suis le héros ». Quand il fut suffisamment prés pour nous discerner mon frère et moi, la première chose qu'il vit était un homme étendu sur le sol et un gamin le secouant de toutes ses forces. Il savait que c'était nous et sa première pensée fût : « Yamato est mort ». Ainsi, il entra sans s'en rendre compte dans un état second cette vision était pour lui trop insupportable, il continua pourtant à avancer ne pensant plus à rien : vide. Arrivé à ma hauteur, il vit Takeru en larmes hurlant mon nom de toute la force de ses poumons et ne cessant de me secouer comme si cette action lui donnait l'impression que je n'étais pas réellement inerte. Taichi avança à petits pas et regarda mon visage, il était blanc d'un blanc livide. De la bave me sortait de la bouche en minces filets et du sang me coulait du nez. Cette vision de son meilleur ami étendu là était pour lui un véritable cauchemar qui lui vrillait le cerveau. Il  avait l'impression que son cœur allait éclater et il ne put retenir ses larmes il n'y pensa même pas. Elles coulèrent, brûlantes, sur son visage d'abord en fines gouttes puis comme un torrent que rien ne pouvait plus arrêter. C'était trop dur, il hurlait, couvrant de sa voix celle de Takeru qui finit enfin par remarquer sa présence :

-Tai… Taichi. Il n'est pas mort, hein ? Dis-moi qu'il n'est pas mort !! Dis-le !!! DIS-LE !!!!!

Il faisait une crise de nerfs, il se mit à me frapper le plus fort qu'il pouvait. Il ne voulait pas que je l'abandonne.

Taichi approcha de moi et se mit à genoux, Takeru continuait à me frapper en hurlant tant et si bien que par un réflexe irréfléchi, Taichi lui mit une gifle qui n'eut pour effet que de le faire partir le plus vite qu'il le pouvait. Mon ami ne s'en aperçut même pas et pris ma tête entre ses mains puis la posa sur ses genoux le plus délicatement qu'il le pouvait. Je me réveillais à ce moment là, ouvrant les yeux avec difficulté. Je ne sentais plus mon corps mais réussi tout de même à articuler quelques mots :

-Que ? Qu'est ce que ? Taichi ?

-Yamato !? Yamato tu, tu es vivant ?

-ça se voit, non ?

Il ne me répondit pas et se contenta de me serrer dans ses bras en hurlant mon nom, puis comme si cela ne suffisait pas il posa ses lèvres sur les miennes et les retira aussitôt. Je finis par me libérer de son étreinte, un peu trop brutale à mon goût, et me relevait. Taichi continuait à me regarder comme si j'étais un fantôme quant à moi, je ne voulais voir qu'une personne : mon frère. Takeru, où est Takeru demandais-je d'un ton ferme ce qui sortit Taichi de sa stupeur. Il finit par comprendre le sens de ma question et se mit à chercher en tout sens, il se rappelait l'avoir giflé et il me le dit ce qui lui valu un coquard de la taille exacte de mon poing. Il ne répondit pas, se releva et se mit à le chercher avec moi. Nous avons cherché tous deux pendants trois heures avant de réussir à le trouver caché derrière le tronc d'un arbre gigantesque. Vous imaginez sa réaction. Il m'a littéralement sauté au cou m'étouffant presque, si bien que je dus le forcer à me lâcher pour pouvoir respirer. Taichi lui présenta ses excuses et il les accepta. Je pense qu'après ça, il pouvait tout pardonner à tout le monde. Il est tellement généreux.

Chapitre quatre