Bjour tout le monde! (silence dans la salle vide) euh... pfou, je m'en fous si je parle dans le vent, mais je sais que quelques francophones passeront par là, et mettront un joli commentaire disant oh combien ils sont heureux que je n'ai pas fait une Daikari, ou d'autres trucs... bah, on s'en fout! J'écris ce que je veux, et je l'écris en français, parce que 1) C'est la plus belle langue du monde (héhé...) 2) Faut sauver l'honneur des français qui se font battre à plat de couture sur ffnet! Bon, assez parlé, faut lire maintenant! Pis laisser une review aussi... ce serait cool... un ptit encouragement... rien qu'un! siouplaîîîîîîîîîîîîîîît !

Chapitre 1 : Premières chutes

*** point de vue de Davis ***

Je baillai pour la millième fois. Quand ce dîner allait-il enfin se finir? Je regardai ma montre: déjà 10h. J'avais vraiment eu une journée crevante et il y avait cours demain. Il y avait de la famille chez moi ce soir, et ils n'en finissaient pas. Je faisais ce que je pouvais pour ne pas m'endormir sur ma chaise.

"Oh, mais vous avez vu l'heure! Quand je pense que Davis et Jun vont à l'école demain!"

Ah, enfin! Mon père venait d'avoir un sursaut d'intelligence. Je me levai précipitamment, criai un "bonne nuit" général et filai dans ma chambre. Il y avait sous ma couverture une petite boule endormie. Lui, au moins, il avait du bol. Je pris mon d-3, au cas où. Ah, j'avais un e-mail! Je l'ai lu:

Davis, c'est Kari. J'ai quelque chose de très important à te dire. Il faudrait que tu viennes dans le digimonde tout de suite, et seul.

Waaa! Kari voulait me parler? Seul à seul? Je suis monté sur un petit nuage... j'étais surexcité, quand j'ai réalisé...

"Quoi? Maintenant? Tout de suite? Il faut que j'aille dans le digimonde à 10h du soir? Et sans Veemon?"

Je tapais une réponse à Kari, disant que j'étais surpris de l'heure et du lieu. Mais elle me répondit aussitôt, en disant que c'était bien ça. Elle me suppliait de venir! Wahou!

Je n'hésitai plus, enfilai un manteau et me glissa discrètement hors de la maison. Avec une lampe de poche, on sait jamais. Je suis arrivé à l'école en 5 minutes et j'ai pas mis longtemps à me faufiler jusqu'à la salle informatique.

"Digiporte ouverte!"

En un éclair, j'avais disparu dans le digimonde.

Il faisait nuit là bas aussi.

"Kari? Kari, tu es là?"

On n'y voyait pas à deux centimètres! Heureusement que j'avais ma lampe de poche!

J'ai tourné le faisceau autour de moi, et j'ai vu du rose.

"Kari?"

Kari était bien là, assise sur une pierre. Dès qu'elle me vit, elle se leva. Son visage était joueur.

"Viens avec moi!" me cria t'elle.

Elle se mit à courir dans l'obscurité.

"Kari, attends moi!"

Même si je faisais tout pour plaire à Kari, je me posai quand même des questions. Pourquoi voulait-elle le voir? Le faire courir après elle?

Kari maintenait sa vitesse pour que je ne la perde pas de vue. Au fil de ma course, la terre devenait sable, et le bruit de la mer me parvint. Je respirai des efflux salés. Kari courait toujours.

"Tu peux me dire où on va?"

Elle riait et ne me répondait pas.

"Kari? Réponds moi!"

Toujours pas de réponse, mais un rire léger. Elle arriva finalement devant un immense château, à moitié en ruines. Elle s'engouffra à l'intérieur.

Je la suivit mais, une fois dans le château je perdis toute trace d'elle.

"Kari? Kari!"

Je criai son nom le plus fort possible, mais rien ne me répondait.

"A quoi tu joues? C'est pas drôle! Et c'est pas rassurant d'être là dedans , alors montre toi!"

Toujours rien. Je me décidai. Il fallait explorer cette vieille ruine. Tout en marchant, je recommençai à bailler. C'est vrai, l'idée de voir Kari m'avait complètement remonté, mais la fatigue se faisait à nouveau sentir.

J'entrai dans un long couloir au plancher vermoulu, en appelant Kari. Je sautai par dessus un trou béant et, relevant les yeux, je vis Kari droit devant. Mais elle n'était pas seule: il y avait Tk juste à côté d'elle. Encore ce minable! Je fus enflammé de jalousie. Ils me regardaient, et semblaient bien s'amuser.

"Vous pouvez me dire ce qu'il y a de drôle?"

Ils m'ignoraient. Je pouvais entendre des bribes de ce qu'ils disaient:

"Tu as vu ce pauvre Davis? La nature ne l'a pas comblé!"

"Tu l'as dit! Regarde le: qui pourrait dire qu'il ne fait pas pitié?"

"Et en plus, quand on le connaît, c'est encore pire!"

"Où trouver un gars encore plus bête que lui?"

Et ils rigolaient. J'étais paralysé. Désemparé. Comment osaient-ils se moquer de moi comme ça? J'avais envie de leur casser la figure, surtout à Tk, pour lui prouver que je n'étais pas un nul. N'écoutant que ma conscience, je courus sur lui, poings serrés, mais au moment de frapper mon rival, je ne traversai que de l'air. Je m'arrêtai: ils avaient disparu.

Furieux de n'avoir pas pu me venger, et blessé par leurs propos, je recommençai à errer dans le vieux château.

Davis, as-tu des amis?

Je venais d'entendre une drôle de voix me parler, ou quoi? On aurait dit qu'elle venait... de moi!

"Quoi?"

Je te demande si tu as des amis.

"Bien sûr que j'en ai!"

En es-tu si sûr?

"Et bien... Yolei, Cody, Kari... pour Tk... on est juste rivaux pour Kari..."

Mais tu viens d'essayer de le frapper! Et si tu l'as fait, c'était qu'il le méritait, non?

"Tout à fait!"

Tu vois, tu ne pourrais pas lui faire ça si c'était vraiment ton ami!

Je commençai à douter.

Regarde Kari, on voit bien qu'elle n'a d'yeux que pour Tk! Elle te considère comme un moins que rien!

Je m'arrêtai de marcher. Et s'il avait raison?

Cody éprouve simplement de la pitié. D'abord, ce n'est qu'un gamin égoïste qui joue dans la cour des grands!

"Comment oses-tu parler ainsi de mes amis?"

J'essaie de te faire voir la vérité. Ce que tu croie n'est pas forcément vrai. Je veux t'ouvrir les yeux.

"Yolei ne me considère pas comme un imbécile, au moins!"

Yolei passe son temps sur des ordinateurs. Qu'est-ce que tu crois qu'elle pense de toi, qui sait à peine t'en servir?

"Arrête!"

Et ton gentil Veemon, il est sympathique avec toi seulement parce que tu es son partenaire! Il se débarrasserait bien de toi s'il ne devait pas rester avec toi pour cette histoire de digivolution!

J'avais de plus en plus mal à la tête. Mais que me voulait cette voix? Me faire tomber du mauvais côté? Me rendre encore plus malheureux? Le pire, c'était qu'elle était suffisamment convaincante pour m'influencer. J'avais maintenant des gros doutes.

Tu vois bien que tu n'as pas d'amis!

"Arrête! Tu mens! Et qui es-tu d'abord?"

Je ne mens pas. Je suis ta conscience.

Ma conscience? MA conscience? Comment est-ce possible? Comment est-ce que je peux me retourner contre moi même? J'aurais préféré vivre dans le mensonge plutôt que de savoir tout ça...

Tout ce que je t'ai dit est vrai. A toi d'y réfléchir maintenant.

Je m'assis dans un coin, oubliant Kari, et posai mon front sur mes genoux, les yeux fermés.

Tout ce que je t'ai dit est vrai.

Ces mots résonnaient encore dans ma tête. Alors ce serait vrai? Je n'aurais pas d'amis? Ils me considèrent tous comme un raté. Ouais, Davis, le looser de première classe. Et il avait beau essayer d'être comme Tai, un gars qu'on respecte, qu'on admire, lui n'était qu'un perdant. Un vrai perdant. Même Veemon le considérait comme un perdant. J'avais l'impression d'avoir tout perdu. De ne pouvoir me raccrocher à rien pour survivre. L'image de mes parents qui s'éloignaient de moi, des regards sévères plantés sur leur figure. Jun aussi, qui m'envoyait un "aurevoir, looser!" en souriant. Non, Jun, t'en vas pas! Mais elle disparut dans le noir. Je vis ceux que je pensais être mes amis. Ils se moquaient tous de moi, comme Kari et Tk auparavant. Je vis Tai aussi. Il me regardait comme on regarde une expérience de laboratoire ratée, qu'on n'a plus qu'à mettre à la poubelle. Et lui aussi disparut dans les ténèbres. Il ne restait plus que ça. Les ténèbres. Mais il y apparut deux petits objets. Un bleu et un rouge. Mes symboles! Ils s'arrêtèrent de briller. J'étais dans un état second, entre la haine et la dépression. Je voulais en même temps faire payer à ces faux jetons leur façon de me traiter, et m'apitoyer sur mon propre sort. Le symbole du courage perdit sa belle couleur rouge, et devint noir. Il se brisa en deux, mais resta suspendu dans les airs. Il se réunifia, mais en conservant une trace à l'endroit de la déchirure. Je voulais tous leur faire payer... oh oui, leur donner une bonne correction... ces lâches... Le symbole de l'amitié vira au noir, se brisa, se recolla. Je les absorbai. Et tout d'un coup je me sentis bien. J'aimais ce sentiment de haine. J'aimais haïr mes "amis". J'avais des envies de tout casser, d'être enfin le plus grand, après avoir été le plus petit. Je me relevai, sûr de moi, plus fier que je ne l'avais jamais été. Veemon me traversa l'esprit; et je me surpris à avoir envie de lui donner des coups de pieds pour qu'il fasse mieux son travail. C'est alors que j'entendis une voix familière.

"Davis, je sais ce que tu ressens. Tu n'as qu'à venir avec moi!"

L'image de l'Empereur des Digimons apparut devant lui, ce qui le fit sourire.

"Kaiser. Je veux bien, mais seulement si j'ai du pouvoir sur des Digimons."

"Pas de problème. N'oublie pas que le digimonde est aussi grand que la Terre. Tu auras un grand continent à diriger, un grand bout de terre et des digimons pour ton plaisir personnel."

Le Kaiser fit un de ses fabuleux sourires mauvais et tendit la main vers Davis, qui la prit. Ils disparurent dans un flash.

*** point de vue de Tk ***

"Tiens, Davis n'est pas là aujourd'hui? Tu crois qu'il est malade?"

Je n'aimais pas l'inquiétude dans la voix de Kari. Elle avait raison de s'inquiéter pour Davis, mais pour une fois qu'i n'étais pas entre nous deux, on pourrait en profiter sans le ramener dans la conversation toutes les cinq minutes! D'accord, j'exagère, mais bon...

"Je ne sais pas. On pourra l'appeler à midi, ok?"

Elle me fit un merveilleux sourire. J'avais réussi à la remonter! Yes! La cloche sonna et nous sommes allés en cours.

A midi, Kari a appelé chez les Motomya. Ils n'avaient pas vu Davis depuis le soir dernier, et s'inquiétaient vraiment.

"Je sais que ce que je vais vous demander est bizarre, mais Davis a souvent une peluche bleue avec lui non?"

"Si, c'est même étrange qu'il l'emmène partout avec lui..."

"Est-ce que cette peluche est encore dans sa chambre?"

"Attends, je vais voir."

La maman de Davis revint quelques secondes plus tard au bout du fil.

"Oui, elle est toujours là..."

"Je vous remercie!"

"Si vous le voyez donnez-moi de ses nouvelles!"

"On vous appellera!"

Kari soupira et se retourna vers moi. J'avais tout entendu.

"Il a disparu, Tk! Et sans Veemon!"

"Tu crois qu'il est allé dans le Digimonde?"

"Il faut qu'on prévienne les autres!"

Nous nous sommes rassemblés dans la salle informatique, avec Cody et Yolei. Kari les a mit au courant de la situation, et Yolei s'est mise à chercher Davis dans le digimonde. Cinq minutes plus tard, elle annonça que Davis était allé dans la digimonde la veille au soir.

"Mais pourquoi?"

"On devrait demander à Veemon!"

"Quelqu'un m'a appelé?"

Veemon venait d'entrer dans la pièce, l'air inquiet.

"Tu ne saurais pas où est Davis?"

"C'est justement la question que je voulais vous poser!"

"Et bien, il est allé dans le digimonde hier soir, et depuis, plus de trace!"

"Il est revenu?"

On n'entendit plus que les doigts de Yolei contre le clavier.

"Non."

"Alors il faut aller le chercher!"

Nous sommes partis dans le digimonde. Il n'y avait personne, pas la moindre trace de Davis. La nuit tomba vit et nous sommes rentrés dans notre monde. Moi aussi je m'inquiétais pour Davis: seul dans le digimonde, sans digimon, c'était malsain... On avait décidé de reprendre les recherches le lendemain, jour de congé.

J'allais me coucher quand mon d-3 fit un bip.

"J'ai un mail? A cette heure? C'est sûrement Davis!"

Je n'avais pas tort.

"Tk, il faut que tu viennes tout de suite me retrouver dans le digimonde!"

Davis pouvait être en danger, je devais faire quelque chose! Il était tard et je ne voulais pas réveiller les autres; je pris donc l'initiative d'y aller seul. Une chance que Veemon soit resté avec Patamon et moi!

"Digiporte ouverte!"

Je fus absorbé dans le monde digital, et les lumières de la salle info s'éteignirent.

J'arrivai dans le Digimonde avec Patamon et Veemon, et nous nous sommes mis à hurler "Daviiiiiiiiiiiiiiiis!" en marchant dans le noir.

"Il est là!" cria Veemon.

En effet, Davis étais assis sur une pierre, et me regardai. Mais il me regardait bizarrement. Quelque chose n'allait pas. Veemon sauta joyeusement sur ses genoux. Davis sourit et me fit:

"Merci de m'avoir amené Veemon, Tk!"

Il y avait quelque chose d'amer dans sa voix. D'amer et d'acide.

"Davis, qu'est-ce qui ne vas pas?"

Apparemment, il s'attendait à une telle question. Il se leva, tenant Veemon contre lui. Puis soudain, il l'agrippa de ses deux mains et le jeta en l'air au dessus de lui.

"Mais qu'est-ce qu-"

A la vitesse de l'éclair, Davis avait sorti une spirale infernale de derrière son dos et l'avait lancé sur Veemon, qui s'était retrouvé emprisonné, et était retombé durement par terre, inconscient. Je le regardai, les yeux ronds. Je ne comprenais plus rien. Mais pourquoi faisait-il ça?

"Davis?"

"Ah oui, j'oubliais..."

Il sortit une autre spirale infernale et l'envoya droit sur Patamon, tellement vite que je n'ai rien vu venir. Patamon brilla noir et s'évanouit par terre. Je le pris dans mes bras.

"Mais Davis, qu'est-ce qui te prend?"

"Ce qui me prends? C'est très simple. J'ai réalisé quelque chose d'important: le Kaiser me traite beaucoup mieux que vous tous réunis."

"Le Kaiser? C'est lui qui te contrôle?"

"Non. Je suis contrôlé par ma propre volonté. J'ai décidé de passer d l'autre côté de la barrière, et ce soir, j'accomplis ma première mission!"

"Et c'est quoi cette mission?"

"Tu vas le découvrir par toi-même. Tu vois Tk, tu es le genre de gars que je déteste. T'es vraiment chouette. Regarde toi: tu es mignon, pas vrai? Regardez-moi ces beaux yeux bleus et cette magnifique tignasse blonde! En plus, tu es athlétique! Combien tu fais tomber de filles par jour? Un sacré paquet! Rien à voir avec ce pauvre Davis. Il fait pitié tellement il est nul."

"Davis, ce n'est pas vrai tout ça!"

"Tu as plutôt intérêt à me laisser finir!"

Il avait l'air mauvais, et bien déterminé. Même si je savais qu'il s'engageait dans une mauvaise passe, je préférais qu'il déballe son sac, même si ça me faisait mal qu'il se compare à moi comme ça.

"Comme je disais, je fais pitié tellement je suis nul. Comme je me suis rendu compte que personne ne tolérait mon existence, j'ai raccroché ma vie ici, et je me sens enfin respecté, maître, supérieur! Tu ne peux pas imaginer comme ce sentiment est bon!"

Il avait l'air d'être en extase. Je n'y croyait pas. Je le fixai avec des yeux ronds alors qu'il s'était mis à rire... ce rire... on aurait dit celui du Kaiser... Les lunettes de Tai qui reposaient sur sa tête s'évaporèrent, et adieu la veste enflammée, les chaussures oranges et le short brun: il y avait à la place un t-shirt noir et un short bleu, avec des chaussures noires. Ses gants étaient devenus bleus aussi. Il y avait quelque chose accroché à sa ceinture: c'était... ses deux digioeufs! Ils étaient... noirs... et avaient apparemment souffert...

"Alors, comment tu me trouves, comme ça? C'est bien plus pratique pour agir! Tu as vu la vitesse à laquelle je lance mes spirales?"

Je ne pouvais toujours pas y croire. Davis...aurait vraiment basculé dans le camps adverse? Il retourna son attention sur moi.

"Et toi, tu n'es qu'un mauvais élève! Un sale joueur de basket! Tu n'as aucun talent! Tu n'as pas vu comment te traite Matt? Tu n'est que le rebut de la famille! Tes parents ont même divorcé à cause de toi!"

"Non, non, impossible... ce n'est pas moi le responsable, c'est eux!"

Je me sentais de plus en plus coléreux. Et Davis en parut heureux.

"Mais si... tu ne t'en est pas rendu compte... Tes parents ont divorcé parce que tu leur causait trop de souci! Mauvais garçon, va! Tu était tellement dur à vivre que tu as rendu le reste de ta famille dingue! Chacun de tes parents le reprochait à l'autre, et ça a finit par un divorce! Ta mère était bien courageuse de t'élever encore après tout ce que tu avais fait!"

J'avais l'impression qu'il me plantait un couteau dans le coeur. Ma vision se troublait, et je commençai à avoir mal à la tête. Et s'il avait raison? Si ses parents avaient vraiment divorcé à cause de ... moi? MOI?

"Je peux voir que tu es tourmenté... Mais c'est la vérité!"

"Non! Tu mens!"

Je n'en pouvais plus. Comment pouvait-il me raconter tout ça? Il voulait ma mort, c'est ça? Il savait que le divorce de mes parents était un sujet très sensible chez moi. Je ne pouvais plus me retenir et envoyai un bon poing dans la figure de Davis. Il n'opposa aucune résistance, et se laissa envoyer au tapis. Il se releva, toujours avec le même sourire cynique.

"Ca fait du bien, non? Vas-y, extériorise la, ta rage! C'est tellement bon!"

Tk regarda son poing. Il baissa le bras, honteux.

"Pourquoi tu fais ça?"

"Pour te faire ouvrir les yeux! Ce monde n'est qu'une grosse daube! Des valeurs telles que l'amour ou l'amitié ne mènent à rien! Tu n'es heureux que si tu as le pouvoir! Et je te l'offre! Nous te l'offrons!"

"Pourquoi à moi? Et d'abord, qui te dis que je ne vais pas résister?"

"Tu ne résistera pas longtemps... c'est déjà commencé... Tu n'as qu'à regarder au fond de toi la vérité! Elle y est, ce n'est qu'une question de volonté. Tu peux la voir... il suffit que je l'éclaire un peu!"

La confusion était le seul mot qui pouvait me définir. Tout cela était trop rapide pour moi. Davis, du mauvais côté, et essayant de m'y faire basculer? Et avec des arguments de poids. Il m'avait mis un couteau dans le coeur en me parlant de ce divorce. Il m'avait déjà causé tellement de souffrance...

"Oui, la souffrance..." reprit Davis comme s'il lisait dans mes pensées. "Aimer quelqu'un, c'est souffrir de ne pas pouvoir lui dire, souffrir car on a peur de souffrir. L'amour n'est qu'une souffrance. Tu penses avoir enfin trouvé la fille de ta vie; mais tu regardes anxieusement le nombre de couple qui divorcent. Tout cela n'apporte que de la souffrance, que de la souffrance... Souviens-toi du jour où tes parents se sont mis d'accord pour divorcer... quand ils te l'ont annoncé... souviens toi de ton coeur cassé en deux... tu souffrais tellement... de ne plus avoir de famille... et maintenant... tu souffres encore plus... parce que tu sais que c'est toi qui t'es infligé toi-même et qui a infligé aux autres cette souffrance..."

J'en pouvais plus... Il m'assassinait à force de répéter le mot 'souffrance', encore et encore...

"Stop, stop... ça fait trop mal!" criai-je presque.

"Oui, ça fait mal..."

Ce furent ses derniers mots. Il disparut, emmenant Veemon et Patamon, me laissant seul à moi même. Mes jambes ne pouvaient plus me soutenir, je m'effondrai par terre, et tout autour de moi, l'horizon devint noir, la lumière devint obscurité. J'étais seul, seul dans le noir. J'avais si mal... je voulais me débarrasser de cette douleur, ou elle allait me hanter jusqu'à la fin de mes jours. Je ne voulais plus résister, j'avais perdu espoir... j'entrevis une faible lueur jaune, mais elle disparut au bout de quelques secondes. Je ne voulais plus souffrir, c'était trop... je sentis quelque chose pénétrer à l'intérieur de moi même, et je me sentis plus léger, d'un coup. Après avoir tant souffert, je voulais que les autres sachent ce que j'ai ressenti. D'une façon ou d'une autre. J'avais enfin ouvert les yeux.

La grotte disparut autour de moi. J'ai appelé Davis. Il est venu, tout sourire. Il m'a tendu la main et ... je l'ai prise.

*** point de vue de Cody ***

Ce matin, au meeting au lycée, on n'était pas trois, mais quatre. Tk manquait à l'appel. Kari s'est mise dans tous ses états, et a tout de suite suggéré qu'il était parti de la même manière que Davis. Yolei confirma sa théorie: Tk avait été vu pour la dernière fois dans le digimonde, la veille au soir. Un coup de fil chez lui suffit à prouver que Patamon et Veemon étaient avec lui.

"Mais pourquoi ils ont disparu au même endroit, au même moment, à une journée d'intervalle?"

"Il n'y a qu'une seule façon de le savoir!"

Kari braqua son d-3 devant l'écran.

"Je vais rester ici, dis Yolei. Juste au cas où. Revenez aussi vite que possible."

Je n'aimais pas cette idée, mais elle avait raison. Kari hocha la tête et nous sommes partis dans le digimonde. Une fois arrivés là bas, nous nous sommes retrouvés dans une petite clairière; il y avait trois pierres en triangle, mais absolument personne, aucune trace de vie humaine.

"S'ils étaient ici, et bien ils ont du partir!"

"Mais c'est impossible! Vu les donnes de l'ordinateur, ils ne sont allés nulle par ailleurs, et ne sont pas rentrés chez eux! Ils sont donc forcément ici!"

Kari m'inquiétait vraiment. Je tentai quelque chose pour la rassurer.

"Te fait pas de bile, Kari. Je suis sûr qu'on va les retrouver. Qui sait, ça se trouve ils nous font une mauvaise farce!"

Mouais. Elle ne semblait pas très convaincue.

"Ou alors ils sont allés combattre un méchant digimon..."

"Et pourquoi eux et pourquoi pas nous?"

Je ne savais pas quoi répondre. Tout ceci était louche. J'avançai jusqu'au milieu du triangle formé par les pierres pour aller voir un peu les bois. Je posai le pied au milieu et je sentis que quelque chose allait arriver. Comme j'avais raison. Le sol s'est effondré sous moi et Armadillomon et nous avons amorcé une chute effrénée dans un long tunnel en métal gris. La chute me semblait durer des heures, et après un passage presque vertical, je suis atterri dans un gros paquet d'édredons, la tête la première. Quel bol, je ne me suis rien cassé. J'étais juste un peu étourdit. Armadillomon ne m'avais pas suivi. Je me suis relevé pour voir où j'étais et j'ai vu Davis et Tk, juste devant moi.

"Ah, vous voilà enfin! Kari s'inquiète mortellement pour vous!"

Ils échangèrent un sourire vague. Quelque chose n'allait pas. Il y avait un truc bizarre là dessous! Tout n'étais pas normal!

"Et, mais qu'est-ce qu'il y a?"

"Ce qu'il y a, c'est que..."

Je n'ai pas reconnu le timbre de voix de Davis. Il était... différent. Je commençai à avoir peur. Je me dégageai de mes coussins.

"C'est qu'on aurait bien besoin de toi ici! Mais on sait que tu es coriace... alors t'inquiète pas... on va s'arranger pour que tout se passe pour le mieux..."

"Mais de quoi vous parlez?"

Tk et Davis m'ont pris chacun par un bras et j'ai ressenti une violente douleur dans le cou. Et après, plus rien. Le noir total. Le néant. Puis une image, un peu floue d'abord, mais qui devint de plus en plus nette. Mon... grand-père?

"Cody, mon petit Cody... si tu ne joues pas dans la cour des grands, tu ne deviendras jamais quelqu'un... Tu dois prouver que tu es le meilleur, le plus fort! Tout doit être sous ton contrôle!"

"Mon contrôle? Mais pourquoi tu dis ça?"

Ces mots se répétaient dans mon esprit.

"Parce que c'est toi qui doit diriger, et les autres doivent se plier devant toi!"

Grand père n'avait jamais parlé comme ça avant!

"Tu as deux amis que j'aime bien... oui, le blondinet... et celui qui porte des lunettes sur la tête... eux, ils ont compris ce que je veux te faire comprendre! Ils sont maintenant heureux. Rien ne leur manque: ils ont le pouvoir, la satisfaction, l'honneur... ils vivent enfin! Ils sont sortis des concepts idiots que les gens adoptent pour vivre heureux, mais qui ne sont que des masques de ce qu'est la réalité..."

Je me sentais confus. J'avais toujours écouté et suivi les conseils de mon grand père, mais là il me disait presque... d'imiter le Kaiser? Cet être que je détestais de toute mon âme?

"Tu connais déjà la haine... c'est bien... tu dois la cultiver. Mais tu dois rester ferme et ne jamais te laisser aller."

Il me disait ça d'une de ces façons... comme s'il racontait une petite histoire... On ne pouvait que l'approuver. Je fis oui de la tête presque sans m'en rendre compte.

"Tu dois grandir avec de bons principes. Quelqu'un qui te désobéit, tu dois le punir. Quelqu'un qui n'accepte pas ton pouvoir, tu dois lui faire comprendre que c'est toi le maître. Tu dois sévir par la force, car les sentiments ne mènent à rien."

J'étais avalé par la doctrine qu'il m'enseignait. Je ne trouvais rien d'autre à dire que oui, et tous les mots qu'il prononçait se balançaient doucement dans ma tête, et je m'en imprégnait malgré moi. Et, même si je m'attendais à rejeter toutes ces idées, je les acceptais plutôt bien, et les faisait entrer comme des parties de moi-même qui m'aurait manqué. Je devenais de plus en plus... comblé. Je me sentais enfin rempli de tout ce dont j'avais besoin pour vivre. J'étais comme un puzzle dont il manquait des pièces, et je venais seulement de voir tout ce qui me manquait, et de l'obtenir. Mon grand père se mit à clignoter légèrement, et je vis le Kaiser à sa place. Il me regardait. Je le regardai. Je m'attendais à ressentir de la haine. Mais elle ne vint pas. Je le voyai sous un jour nouveau. Il était devenu... un grand frère, un modèle. Il m'attirait. Je voulais aller vers lui, pour qu'il me transmette son savoir, un peu de son immense pouvoir. Il tendit doucement le bras vers moi. Sa main était ouverte devant moi... et je l'ai prise.