MERES

Auteur : Jarleen

Date de création : Juillet/Août 2001

Sujet : Je me suis rendue compte que certains personnages avaient une relation particulière avec leur mère dans la série (d'ailleurs, bizarrement, c'est jamais l'amour fou entre eux...). Il y a 5 personnages dans cette fanfic : Peter, Elizabeth, Abby, Carol, et Carter.

Notes de l'auteur : Fanfic tout public. Cette fanfic se situe à la saison 7, sauf que Carol est encore aux urgences, avec ses filles (mais Doug est bien à Seattle), et que la mère de Peter est toujours en vie. De plus, comme on ne connaît pas la mère de Carter, la fanfic concerne ses relations avec sa grand-mère. Voilà. Sinon, je précise que les parties n'ont pas vraiment de lien entre elles, sauf qu'elles se déroulent toutes la même journée (donc, on retrouve les patients) Que tous ceux qui s'intéressent réellement à la médecine me pardonnent, mais je n'y connais absolument rien, donc il est possible que certains patients aient été très mal soignés par ma plume... Bref, n'en tenez surtout pas compte, car ce n'est pas l'essentiel de ma fic...

Droits : A mon grand regret, aucun des personnages figurant dans la série urgences ne m'appartient. (pourtant, j'aurais bien aimé que Carter m'appartienne...mais bon...hum...je crois que je m'égare ;o) ) Ils sont la propriété d'Amblin, de la WB et des autres. La chanson citée en illustration de la fanfic est "La mer" de Tryo et les paroles sont la propriété de Yelen Music, Sony Music Entertainement France et de tous ceux qui en ont les droits.

La fanfic appartient à son auteur. Merci de ne pas l'utiliser sans son accord.

PS : Je remercie beaucoup Aline et Carine pour leur aide ;-)
PS² : This story is only available in French for the moment, cause my english is not really good ! But if anyone is interesting in helping me with the translation, I'll be very happy ;-)

PARTIE 1 :

BENTON

"Tu l'entends, elle monte elle descend,
Elle change d'humeur avec le temps
Elle gonfle son ventre à la lune apparente
Pour poser son écume sur les terres qu'elle arpente..."

Tout avait pourtant bien commencé pour Peter Benton. Il s'était réveillé comme tous les matins depuis quelques mois dans les bras de Cléo. Ils avaient encore passé une nuit torride, et Peter avait même eu un peu de mal à se lever pour prendre sa garde à 7.00. Mais il était quand même arrivé aux urgences à l'heure, et de ce fait il avait eu le "privilège" de faire une splenectomie avec un Romano d'une humeur massacrante. La journée était grise et pluvieuse. En fait, ça faisait plus d'une semaine qu'il pleuvait presque sans discontinuer, et la météo ne prévoyait pas d'amélioration de sitôt... Peter avait été appelé en renfort aux urgences. Du fait de cette pluie, les urgences recevaient un surplus de victimes à cause des accidents de la route qui augmentaient. La prévention routière avait beau faire des campagnes de pub terribles pour la sécurité au volant par temps de pluie, ça n'arrêtaient pas les quelques cinglés qui fonçaient sur les routes, de peur d'arriver 5mn en retard au boulot, et qui se retrouvaient aux urgences parce qu'ils n'avaient pas eu le temps de freiner lorsqu'une mère de famille conduisant ses enfants à l'école avait ralenti pour tourner. Et c'est exactement ce qui s'était passé ce matin-là. Le chauffard en question s'appelait Matthew Desmond, il avait 35 ans. Il était rentré dans la voiture de Shana Lane, 30 ans, qui conduisait ses deux gamins à l'école. Bilan : Shana avait été réanimée plusieurs fois et était maintenant dans le coma. Elle était probablement en mort cérébrale. Sa fille Lily, âgée de 3 ans, était morte sur le coup, et son fils Ethan, âgé lui de 6 ans, avait de multiples fractures. Bien évidemment, Matthew s'en sortait avec à peine quelques côtes cassées et des contusions.

Peter était dégoûté des types comme ça. Il en avait trop vu, aux urgences. Des gars qui se croyaient toujours plus malins que les autres et qui pensaient que les accidents, c'était pas pour eux. Sauf que tous ces types finissaient tôt ou tard par se retrouver aux urgences, et le pire c'est que dans les accidents ce n'était jamais eux qui étaient les plus amochés...Bizarrement il craignait toujours pour Reese avec ces accidents de voiture. Il s'imaginait toujours Carla et son fils dans la voiture des victimes, et généralement ça ne faisait qu'accroître son ardeur au travail. Dans ces cas là, ils se déchaînait au bloc et se donnait au maximum. Même Romano était épaté.

Enfin... Ce matin, il venait d'être appelé pour un avis chirurgical sur le jeune Ethan Lane. C'est Carter qui l'avait examiné, et il avait senti que l'abdomen de l'enfant était un peu dur. Les clichés n'avaient rien montré, mais il voulait être sûr que le gamin n'avait rien. Ils avaient déjà perdu la soeur et probablement la mère, alors des précautions s'imposaient...Peter enfila ses gants et commença à palper l'abdomen du jeune garçon, le tout dans un silence presque funèbre. Il était très attentif au moindre signe de grosseur ou d'irritation...Il ne voulait surtout pas passer à coté de quelque chose sur ce pauvre gamin. Le gosse ne disait rien. Allongé, il se laissait faire sans broncher. Le grand Peter Benton l'impressionnait. Peter termina l'auscultation, et déclara finalement à Carter qu'Ethan n'avait rien. Carter poussa un gros soupir en signe de soulagement. Et si Peter ne laissait rien transparaître sur son visage, il n'en était pas moins soulagé aussi.

Il sortit de la salle d'examen et entendit qu'on l'appelait. Ca venait de l'accueil. Il se tourna et vit Randy, le combiné de téléphone sur l'épaule, qui lui fit signe de venir. Elle était au téléphone avec Jackie, la soeur de Peter, et cette dernière voulait lui parler. Peter s'approcha de Randy et poussa un soupir lorsqu'il sut que c'était Jackie. Il s'attendait à un coup de téléphone romantique de Cléo. C'était raté... Il prit le combiné.

Peter : Jackie ?

Jackie : Peter, comment tu vas ?

Peter : Bien...Hum...Tu as un problème ?

Jackie : Non, Peter, mais c'est plutôt à moi de te demander ça... Ca fait un moment qu'on t'a pas vu. Tu n'est pas venu chez nous depuis au moins 3 mois, et tu ne viens même pas voir maman à la maison de retraite.

Peter : Oui, c'est vrai...C'est parce que j'ai pas beaucoup de temps ces temps-ci...

Jackie : Tu es toujours avec Cléo ?

Peter (grimaçant. Il n'avait jamais aimé que Jackie se mèle de sa vie privée) : Oui, toujours.

Jackie : Bien... Ecoutes, j'aurais besoin de te parler de maman

Peter : Elle va mal ?

Jackie (ironiquement) : ah, tu t'inquiètes ?

Peter (s'impatientant) : Jackie, dis moi ce qu'il y a...

Jackie : Il y a que ta mère perd la tête, et que je voudrais en parler avec toi !

Kerry arriva en courant du parking des ambulances. Elle était suivie par les ambulanciers qui traînaient 2 brancards. Deux femmes s'étaient tiré dessus, et elles étaient toutes deux très mal en point. Elle appela Mark, Dave et Peter à la rescousse et elle fit biper Elizabeth.

Peter : Bon Jackie, y'a une urgence. Je passerai te voir un de ces jours !

Jackie : Non, Peter, passe chez nous aujourd'hui, où tu vas encore oublier !

Peter (très pressé, voulant en terminer au plus vite avec sa soeur) : Très bien, je passe tout à l'heure. Au revoir.

Et il raccrocha. Il courut aider Kerry, alors que Mark et Dave se chargeaient de l'autre femme. Les ambulanciers déposèrent le brancard en salle de trauma 1, et Kerry prit les choses en main. Peter enfila rapidement une blouse et s'approcha de la patiente.

C'était une femme d'une trentaine d'années. Elle était consciente.

Peter : Qu'est-ce qu'on a ?

Ambulancière : Cassy Bower, 35 ans, plaie par balle au thorax et dans l'abdomen. A perdu au moins 3 litres de sang. Elle a reçu 1 litre de physio et une unité de O négatif. Sa tension et ses constantes sont stables.

Kerry : Une unité seulement ? Mais qu'est-ce que vous avez foutu ?

Ambulancière : On est en rupture de stock, et l'autre femme a perdu plus de sang.

Kerry (a la femme qui ouvrait les yeux) : Cassy ? Cassy, je suis le docteur Weaver, et voici le docteur Benton. Nous nous occupons de vous. Où avez vous mal ?

Cassy : Oh mon dieu, tout ce sang...Elle m'a eu ?

Kerry : Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Cassy (ayant du mal à parler) : On s'est battu en duel. Vous savez, comme dans les westerns ! C'était pour Will.

Kerry (indignée) : Vous vous êtes tirées dessus pour un homme ?

Cassy : Will est mon fils.

Peter : Bon, ok, on fait nfs, chimie avec taux d'alcoolémie, iono, gazs du sang et je veux des clichés du thorax et de l'abdomen. Et magnez vous le train !

Kerry : Je vais l'intuber.

D'un coup l'état de Cassy se dégrada, et elle entra en fibrilation. Le bip strident du moniteur résonna dans la salle.

Peter : Qu'est-ce qu'il se passe ?

Lydia : Tension en chute libre, pouls filant...

Peter : Merde, la balle a dû perforer un poumon. Bon, je vais faire une thoracotomie pour l'extraire.

Kerry : Peter, vous êtes sûr ?

Peter : Oui, dépéchez vous de m'apporter le matériel...

Malik s'exécuta. Peter incisa le thorax de la jeune femme et retira doucement la balle de son poumon gauche. Par chance, le coeur avait été épargné. Il s'occupa du poumon et recousit la jeune femme avec le plus grand soin. Elle était tirée d'affaire. Encore un joli coup pour le docteur Benton... De leur coté, Mark et Dave avaient eu plus de mal ; leur patiente était touchée à la tête, et la balle était logée dans la boîte crânienne. Elle avait traversé le lobe temporal, et elle ne survivrait probablement pas.

Peter avait finalement appris la vrai raison de ce duel féminin. Cassy était divorcée et se disputait la garde de son fils avec Ryana, la nouvelle femme de son ex-mari. Elles avaient préféré régler ça en duel, avec 2 gros calibres. Maintenant, le gosse ne risquait plus de vivre avec l'une ou l'autre. Peter demanda un avis psychiatrique pour Cassy. Puis il s'accorda une pause en salle de repos. Il se laissa tomber sur le canapé de la salle de repos et s'ouvrit un soda. Il réfléchissait à ce que lui avait dit Jackie tout à l'heure au téléphone. L'état de sa mère s'aggravait, et entre l'hôpital, Reese et Cléo, il ne trouvait plus le temps d'aller la voir. Ni elle ni Jackie d'ailleurs. Il était bien conscient de délaisser un peu sa famille, et ça l'embêtait, mais lorsqu'il rentrait du County il préférait s'occuper de Reese ou rester avec Cléo plutôt que d'aller voir sa mère ou sa soeur et son beau-frère... Mais Jackie avait raison. Il fallait qu'il aille la voir à la maison de retraite. C'était tout de même sa mère. Sur ces belles pensées il se leva, jeta sa canette à la poubelle, et enleva sa blouse. Il monta en chirurgie et prévint Romano qu'il avait besoin de son après-midi pour une urgence familiale. Romano fit la grimace, mais Peter l'ignora et s'en alla.

***

Il se rendit tout d'abord chez Jackie, comme elle le lui avait demandé, pour pouvoir discuter de l'état de santé de sa mère. Jackie parut heureuse de revoir Peter.

Jackie : Peter, tu es venu ! Je dois t'avouer que je n'y croyais pas...

Peter : Comment va maman ?

Jackie : Elle ne va pas très bien. Depuis quelques temps, elle perd un peu la tête, elle a des troubles de mémoires, elle perd ses repères spatio-temporels.

Peter : Mais, il n'y a pas de médecins là-bas ? Ils ne s'occupent pas d'elle ?

Jackie : Si, Peter, mais ils n'y peuvent rien. C'est l'âge. Mais quelquefois, elle est très bien et peut presque suivre une conversation normale...

Peter : Mais alors la maladie est déjà avancée...Pourquoi tu ne m'as pas prévenu plus tôt ?

Jackie : Peter, je t'ai laissé des tas de messages sur ton répondeur : "rappelles moi, c'est urgent", et tu ne m'as jamais rappelé. Je veux bien croire qu'avec l'hôpital, ton fils, et aussi Cléo, ce soit dur à gérer, mais tu pourrais trouver un peu de temps pour nous. Surtout pour maman...

Peter (soupirant) : Je sais, Jackie. Je...Je n'ai pas fait très attention à vous ces derniers temps...Je vais aller la voir tout à l'heure, avec Reese.

Jackie : Avec Reese ?

Peter : Quoi ? Les enfants sont interdits ?

Jackie : Non, pas du tout. Mais je tiens à te prévenir qu'elle n'a pas reconnu mes enfants quand ils sont venus la voir...Alors, tu ne t'étonneras pas si...

Peter soupira. Il regretta de ne pas être allé voir sa mère plus souvent et d'avoir pu constater par lui même l'évolution de la maladie. C'est vrai, il était médecin, il aurait sûrement dû veiller sur elle un peu plus. Mais c'est exactement le contraire qui c'était produit. La dernière fois qu'il l'avait vue, elle avait juste quelques trous de mémoire. Et là...

Il remercia sa soeur de l'avoir forcé à venir, et aussi il la remercia de prendre toujours soin de leur mère. Jackie allait y passer au moins deux heures toutes les semaines, quelquefois avec Walt et les enfants. Elle s'était toujours occupée de leur mère, même si ça n'avait pas été facile tous les jours, et ça il n'en doutait pas. Lui, il avait toujours préféré la solution de facilité : la fuite. Il se cachait derrière ses obligations de travail pour ne pas avoir à s'en occuper. Ca lui faisait une bonne excuse... Après l'avoir remercié, il s'en alla, sous une pluie battante. Il retourna chez Carla pour aller chercher son fils. Ce n'était pas à lui de le garder normalement, mais Carla et Roger avaient une soirée, et il avait préféré garder Reese plutôt que de le laisser à une baby-sitter. En plus, ça le rassurait d'aller voir sa mère avec quelqu'un. Même si Reese n'était qu'un petit enfant, il se sentirait moins seul face à sa mère.

Il arriva à la maison de retraite. C'était une belle propriété, grande et bien aménagée, avec de nombreux espaces verts. Le personnel était très compétent, mais pour lui ça restait une maison de retraite, un endroit ingrat où le troisième âge finissait sa vie. Ca faisait quatre ans que sa mère était dans cette maison. A l'époque, Peter ne voulait pas l'y mettre. Il était persuadé que Jackie et lui pouvaient s'occuper de leur mère sans avoir recours à ce genre de centre. Mais il avait dû se rendre à l'évidence : il était beaucoup trop pris par son boulot, et Jackie ne pouvait plus s'occuper seule de leur mère dont la santé déclinait. Alors, il avait dit oui à contrecoeur pour la mettre dans cette maison de retraite. Il prit Reese dans ses bras, et ils entrèrent dans la maison. Deux auxiliaires médicales se tenaient près du bureau d'accueil, et discutaient. Lorsqu'elles reconnurent Peter, elles stoppèrent leur conversation.

Auxiliaire 1 : Docteur Benton, ça faisait un moment qu'on ne vous avait pas vu !

Peter soupira. Il détestait ce genre de remarque. Il savait très bien depuis quand il n'était pas venu, et il n'avait aucun besoin qu'on lui répète.

Peter : Est-ce qu'elle est là ?

Auxiliaire 2 : Oui, nous venons de terminer les soins, vous pouvez monter voir votre mère.

Peter : Et est-ce que...?

Auxiliaire 1 : Rassurez vous, elle va très bien aujourd'hui.

Peter : Merci.

Sur ce il monta les escaliers qui conduisaient aux chambres. Sa mère était dans la chambre 64. C'était tout au fond du couloir. Il parvint devant la porte de la chambre de sa mère, et soupira. Puis, dans un élan de courage, il frappa à la porte et entra, tenant toujours Reese dans ses bras. La pièce était sombre. Il n'était que 4 heures de l'après midi, mais avec ces nuages noirs et toute cette pluie on aurait dit que la nuit était déjà tombée. Et aucune lumière n'était allumée. Peter observa la chambre de sa mère. On aurait dit une chambre d'hôpital : blanche, froide, sans âme. Rien n'avait changé depuis qu'il était venu il y a 4 mois. Au milieu de la pièce trônait le lit, un vrai lit d'hôpital, avec une minuscule table de chevet blanche sur le coté, où étaient posées quelques photos de famille. Une petite commode, blanche aussi, se trouvait face au lit et accueillait les quelques affaires personnelles de Mme Benton. Il y avait aussi un petit cabinet de toilette qui était sur la droite en entrant dans la chambre. Deux grandes fenêtres s'étendaient sur tout le mur du fond, parallèlement au lit. Mais en regardant par ces fenêtres on ne voyait pas le magnifique jardin verdoyant de la maison de retraite. Non, c'était les immeubles de Chicago, salis par la pollution, qu'on voyait. Triste spectacle. Dans le coin au fond de la pièce, à coté des fenêtres, la mère de Peter était sagement assise sur une chaise et regardait couler la pluie le long des fenêtres. Elle se retourna quand elle vit Peter et lui sourit. Il lui sourit aussi, un peu mal à l'aise, et vint l'embrasser. Puis il s'installa sur le lit, face à sa mère. Reese était sur ses genoux.

Elle commença à lui parler. Sa voix était faible, comme si elle n'avait plus de forces. Sa respiration était un peu difficile.

Mme Benton : Peter, ça fait si longtemps...

Peter : Oui, maman, je...j'ai été assez occupé ces derniers temps avec l'hôpital.

Mme Benton (sourit) : Je comprends.

Peter (pour changer de sujet) : ...Alors comment tu te sens ?

Mme Benton : Allons, Peter, ne joue pas au médecin avec ta vieille mère. Je vais très bien !...(elle regarde Reese) C'est ton fils ?

Peter (se rappelant ce que lui avait dit Jackie) : Oui, maman, c'est Reese. Tu te rappelles de lui ?

Mme Benton (regardant Peter de travers) : Bien sûr Peter, je ne suis encore pas sénile !

Peter la regarda, incrédule. Elle reprit la conversation.

Mme Benton : Comme il te ressemble ! J'espère qu'il fera une grande carrière comme toi...

Peter : Oui, mais on a encore le temps d'y songer, il n'a que 2 ans...

Mme Benton (elle n'écoutait plus Peter. Elle regardait Reese en souriant) : Tu étais comme ça aussi à son âge. Je me rappelle que tu faisais des tas de bêtises...Et moi, je les cachais toutes à ton père pour ne pas que tu sois puni...

Peter la regardait et l'écoutait parler. C'est comme si elle était dans son monde. Le reste n'avait plus d'importance. Le monde pouvait s'écrouler...Elle parla longtemps de la jeunesse de Peter, des exploits qu'il avait accompli lorsqu'il était enfant, de son adolescence irréprochable et de la volonté qu'il avait mise dans ses études de médecine. Elle dressait là le portrait de "Saint Peter". Mais il savait très bien qu'elle occultait toutes les bêtises qu'il avait faites, comme la fois où il avait bousillé la voiture de son père, et toutes les fois où il s'était battu à l'école... D'un coup elle cessa de parler et regarda Peter, l'air très sérieux. Revoir son fils et ressasser tous ces souvenirs l'avait bouleversée émotionnellement, et elle avait les larmes aux yeux. Elle resta silencieuse un instant, puis annonça d'un air solennel "Tu as toujours été mon préféré, Peter"

Peter (très surpris par cette phrase) : Non, voyons, tu aimes autant Jackie et...

Mme Benton (ses nerfs commençaient à lâcher, elle sanglotait) : Non, Peter, c'est toi mon préféré. Mais pourquoi tu ne viens plus me voir...Tu ne m'aimes plus, c'est ça ?

Peter : Bien sûr que non, maman, je t'aime toujours...

Mme Benton : Tu es un bon fils. La seule personne sur qui je puisse encore compter...Déjà que ton père ne vient plus me voir, je ne sais pas ce que je lui ai fait...

Peter : Maman, papa est mort il y a 30 ans !

Mme Benton : Qu'est-ce que tu racontes ? Il ne veut plus me voir, voilà tout. Et ta soeur m'en veut encore...

Peter (ne comprenant pas) : Vous vous êtes disputées ?

Mme Benton : Tu sais bien, elle m'en veut parce que je ne lui ai pas offert cette robe bleue qu'elle veut mettre pour ses 18 ans. C'est dans un mois à peine...

Peter (essayant de la raisonner) : Maman, Jackie a plus de 40 ans.

Mme Benton : Arrêtes donc de raconter des bêtises... J'aurais dû lui prendre cette robe, qu'est-ce qu'il m'a pris de refuser...Elle m'en veut, je le sais... (elle se remit à pleurer de plus belle).

Peter resta sidéré par ce changement soudain de comportement. Il coucha Reese sur le lit et s'approcha de sa mère, puis il la serra dans ses bras. Il ne savait pas quoi lui dire. Il savait que de toute façon, elle était dans son monde et qu'elle était en train de perdre la tête peu à peu, et que ça ne servait à rien de la raisonner. Mais il était impuissant, et il le supportait mal. Il aurait tellement voulu faire quelque chose...

Dehors, le pluie tombait encore. Il faisait nuit maintenant. Dans la petite chambre 64 de la maison de retraite, Reese s'était endormi sur le lit. Madame Benton serrait son fils entre ses bras. Elle pleurait. Durant toute son enfance et son adolescence, Peter n'avait pourtant jamais vu sa mère pleurer. Après la mort de son mari, elle avait toujours traversé les épreuves de la vie la tête haute, silencieuse, et sans verser une larme, du moins pas devant ses enfants. En quelques années elle s'était véritablement transformée. Et Peter n'avait rien pu faire, trop occupé par sa belle carrière. Il s'en voulait beaucoup. Et ce soir, au fond de cette petite chambre, dans les bras de sa mère qui sanglotait, il pleurait lui aussi...

~ Fin du chapitre 1 ~