MERES
PARTIE 2
Auteur : Jarleen
Note de l'auteur : Cette partie est donc une suite sans en être une du chapitre sur Benton. Je précise que dans cette fic, la mère de Liz ne connaît pas Mark, ni David son père. En fait on va dire qu'elle n'a jamais revu Liz depuis qu'elle est à Chicago...
Droits : Je n'ai aucun droits, ni sur les personnages ni sur la musique...(voir chapitre 1)
ELIZABETH
"Tu l'entends la mer quand
elle est en colère,
Pas du genre à
faire les choses par derrière,
Quand tu navigues
sur ta pauvre galère,
Elle est là
pour te rappeler où tu dois aller..."
9.00. Elizabeth était épuisée, lessivée, anéantie... Elle était de garde depuis 19.00 la veille, parce qu'elle avait accepté de prendre la garde d'un chirurgien qui lui avait déjà rendu service une fois précédente. Mais elle regrettait amèrement cette décision. A cause du mauvais temps, la chirurgie comme les urgences étaient surchargées, et elle n'avait pas pu se reposer beaucoup. C'est à peine si elle avait pu dormir 1 heure entre deux opérations. Mais elle tenait quand même le coup. De toute façon elle n'avait pas le choix. Elle profita d'un moment plus calme en chirurgie pour faire une pause quelques minutes. Elle prévint Romano et descendit aux urgences, puis se laissa littéralement tomber sur le sofa de la salle de repos. Dormir. C'était tout ce qui lui importait à ce moment là. Elle fut réveillée en sursaut un peu plus tard par Randy.
Randy : Docteur Corday, il y a quelqu'un au téléphone pour vous...
Liz (encore dans le cosmos) : Mais quelle heure est-il ?
Randy : 9.15
Elizabeth soupira. Elle n'avait dormi que 10 minutes.
Randy : Je lui demande de rappeler ?
Liz : Non, j'arrive...Merci Randy.
Randy : Pas de problème. (elle s'en alla)
Liz se leva, tituba un peu. Puis elle pris une grande inspiration, hocha la tête, et quitta la salle de repos. Elle arriva à l'accueil, et Randy lui tendit le combiné.
Liz : Allo ?
Mme Corday : Elizabeth !
Liz : Maman ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Mme Corday (un peu mal à l'aise) : Eh bien...je suis de passage à Chicago, et...je voulais venir te voir.
Liz (étonnée) : Ah...C'est...c'est très gentil...
Mme Corday (ajoutant timidement) : Et puis j'aurais quelques papiers à te faire signer.
Liz (comprenant alors le but de sa venue, et un peu déçue de l'attitude de sa mère) : Ah...
Mme Corday : Bon, je passerais dans la matinée.
Liz : Très bien. Tu n'auras qu'à m'attendre aux urg...
Mme Corday raccrocha sans qu'Elizabeth ait eu le temps de finir sa phrase. Elle poussa un soupir. Cette journée était vraiment la pire qu'elle ait eue depuis longtemps. Sa mère et elle n'avaient jamais été très proches, et elles ne s'étaient même encore jamais revues depuis que Liz était arrivée à Chicago. Leurs conversations se limitaient à des coups de téléphones à Noël et pour les anniversaires...et encore !
La mère de Liz, Isabelle, habitait à Londres, et elle ne vivait que pour son travail, animatrice de conférences sur du matériel médical. Cette femme avait toujours été passionnée par son job. Mais au détriment de sa relation avec Liz qui s'était dégradée au fil des ans. Liz lui avait longtemps reproché de ne pas s'être assez occupée d'elle lorsqu'elle était enfant. Et madame Corday reprochait à sa fille d'avoir fait médecine uniquement pour la contrarier, parce qu'elle avait espéré pour elle une grande carrière d'avocate...Bref, Elizabeth n'était pas vraiment réjouie par cette visite-surprise. Surtout que sa mère ne venait que pour lui faire signer des papiers, c'est à dire que sa visite était plus une obligation administrative qu'une visite de courtoisie...
Mark venait de terminer l'examen de Shana Lane, cette mère de famille dont la voiture avait été percutée par un chauffard. En passant devant le bureau des admissions il vit Elizabeth, assise, les yeux dans le vide, pensive. Elle avait de grosses cernes sous les yeux, et Mark savait que sa double garde devait vraiment être très dure. Il commença à se rapprocher d'elle, ce qui la tira de ses pensées.
Mark : Elizabeth ? Quelque chose ne va pas ?
Liz (soupirant à nouveau) : Oh, Mark, si tu savais !
Mark : C'est à cause de ta double garde ? Je t'avais pourtant prévenue qu'il fallait pas accepter les jours de pluie, c'est toujours l'enfer...
Liz : Non, ce n'est pas ça. Enfin, pas que ça disons !
Mark (légèrement inquiet) : Ah oui ? Alors, c'est quoi ?
Liz (soupirant une fois de plus) : C'est ma mère...Elle a téléphoné, elle est à Chicago. Et elle va venir me voir...
Mark (soulagé que ce ne soit que ça) : Mais c'est super ! Depuis le temps que vous ne vous êtes pas vues...Je suis sûr que vous avez beaucoup de choses à vous raconter !
Liz : Non, Mark, tu ne peux pas t'imaginer ce que c'est qu'une visite de ma mère...C'est tout sauf super !
Mark : Je croyais que les relations mère/filles étaient des relations spéciales et magiques !
Liz : Oui, c'est sûrement vrai chez les autres, mais chez les Corday c'est loin d'être magique... Ma mère déteste tout ce que je fais. D'après elle, j'ai tout raté dans ma vie !
Mark (ironique) : Oooh, mais j'ai hâte de la connaître...
Le biper de Liz se mit a sonner. Elle y jeta un rapide coup d'oeil. Ca venait de la chirurgie. Elle mit quelques secondes encore avant de réaliser qu'il s'agissait sûrement de Romano qui l'attendait pour une appendisectomie initialement prévue à 9h15. En plus, c'est elle même qui avait insisté pour faire cette opération, parce que Romano lui avait laissé le choix entre ça et une greffe de rein, et vu l'état dans lequel elle se trouvait, elle avait opté pour l'opération la moins délicate. Romano le grand chef n'allait sûrement pas être à prendre avec des pincettes...
Liz : Mon dieu, l'appendisectomie avec Romano, j'avais complètement oublié !
Mark : Oh, tu ferais mieux de te dépêcher alors...On se voit plus tard ?
Liz : Oui, je t'appelle dès que je peux...
Sur ce, elle monta assister le docteur Romano, qui ne cessa bien sûr de faire remarquer son retard tout au long de l'opération. Au bout de quelques minutes, une infirmière entra au bloc et prévint Liz que sa mère l'attendait en bas, aux urgences. Elizabeth commença à trembler rien que de penser que sa mère était là. Elle n'était pourtant pas du genre à se laisser impressionner, mais sa mère avait toujours été un symbole de puissance, hautain et intouchable pour elle. Alors même si aujourd'hui elle avait près de trente-cinq ans, elle se sentait encore une enfant face à sa mère.
Mais à peine cette nouvelle annoncée, Elizabeth fut rappelée par Kerry parce que les urgences venaient de recevoir deux cas graves qui nécessitaient tous les deux une intervention chirurgicale urgente, et Peter ne suffisait pas. Romano la laissa descendre, après avoir encore grommelé l'une de ses remarques si sympathique dont il avait le secret...
Liz se rendit donc aux urgences, pour s'occuper de Ryana Flanders, 28 ans, qui avait été amenée avec Cassy Bower parce qu'elles s'étaient tirées dessus pour savoir qui aurait la garde du petit Will, dont elle était la belle-mère et dont Cassy était la mère. Ryana était touchée très sérieusement à la tête. Mark et Dave s'en occupaient, mais ils n'avaient pas l'air de parvenir à extraire cette fichue balle logée dans le cerveau de cette pauvre jeune femme. La balle était en effet entrée par le front, mais elle était carrément entrée dans le lobe frontal de la jeune femme. Kerry avait donc appelé Elizabeth en urgence pour qu'elle tente d'extraire la balle. Lorsque Liz arriva, Mark et Dave s'écartèrent. Mark resta pour l'assister, et Dave en profita pour s'éclipser tant que Kerry n'était pas dans les parages...
Assise sur le banc des urgences, tenant dans une main son parapluie et dans l'autres sa pochette de documents, Isabelle Corday patientait depuis près de deux heures maintenant. Elle soupirait de plus en plus et venait souvent voir Randy en lui demandant si Elizabeth allait bientôt descendre. Elle commençait sérieusement à s'impatienter. Elle voulait juste une petite signature au bas de quelques formulaires. Cette attente la rendait folle. Elle finissait par se dire qu'elle aurait eu mieux fait de signer ces documents toute seule plutôt que de venir ici. Et plus elle réfléchissait, plus elle se disait qu'elle n'aurait jamais dû venir ici. Mais en réalité, c'est quand même elle qui avait voulu venir. Elle aurait très bien pu envoyer ces documents par courrier. Non, elle avait été inconsciemment poussée à retourner voir Liz à Chicago... Peut-être avait elle réalisé qu'après toutes ces années elle avait des tas de choses à rattraper avec sa fille...
***
Liz avait enfin terminée l'extraction de la balle. Elle enleva ses gants et poussa un soupir de soulagement et de déconcertation en même temps. A quoi avait servi son travail puisque Ryana n'allait sûrement pas survivre à une telle blessure ? En effet, la balle avait touché le lobe frontal, et donc il y avait de très grande chances pour que son cerveau ne s'en remette pas. Il était encore trop tôt pour estimer les séquelles qu'aurait Ryana, mais il était évident qu'elle ne serait plus jamais autonome parce que la balle avait complètement anéanti le cortex préfrontal, celui qui gère les mouvements volontaires. Liz avait fait de son mieux, mais ça n'avait pas suffit. Elle jeta ses gants dans la poubelle et sortit de la salle de traumatologie.
Cette journée ne finirait donc jamais...
Elle était cette fois vraiment crevée, et même les félicitations de Mark pour l'opération de Ryana la laissèrent de marbre. Elle ne voulait qu'une chose : Dormir, dormir, dormir...
En passant devant le bureau des admissions, Randy la vit et s'approcha d'elle.
Liz : Oh, non, Randy, dites moi que ce n'est pas Romano qui veut encore que je l'assiste...
Randy : Non, c'est juste que votre mère attends depuis au moins trois heures maintenant !
A ces mots, Liz sursauta. Sa mère. Elle lui était complètement sortie de l'esprit. Elle jeta un coup d'oeil dans la salle d'attente et vit sa mère, sagement assise, qui la regardait. Elle n'avait pas changée. Ca faisait trois ans qu'elle ne l'avait pas vu et elle n'avait vraiment pas changé. Toujours aussi hautaine, fière, et toujours aussi sure d'elle. D'ailleurs, après toutes ces années, elle lui faisait encore le même effet : Les mains de Liz devinrent moites et commencèrent à trembler. Elle ressentait exactement la même chose que lorsqu'elle avait six ou sept ans et qu'elle avouait ses bêtises à sa mère, le soir lorsqu'elle rentrait épuisée par son travail. Mais aujourd'hui, c'était différent. Elle n'avait plus six ans et il fallait qu'elle arrête de réagir comme ça face à sa mère. " Liz, tu est une grande fille, tu sais te débrouiller seule, et il ne s'agit que de ta mère, alors arrêtes de paniquer " Elle dût se répéter cette phrase au moins cinq fois avant de prendre une profonde inspiration et de se jeter enfin dans la gueule du loup...
Liz alla donc voir sa mère, et les deux femmes se saluèrent mutuellement d'un simple sourire accompagné d'une poignée de main qui feignait la convivialité. On aurait dit qu'elles se voyaient pour la première fois de leur vie. C'était une gestuelle solennelle digne des meilleurs camps disciplinaires anglais. Isabelle avait toujours su faire régner l'autorité à la maison, et elle aimait par dessus tout faire respecter ses règles. Elizabeth n'avait jamais été une enfant difficile, donc cela n'avait pas vraiment posé de problèmes, sauf peut-être à l'adolescence où elle s'était révolté ouvertement contre sa mère et toutes ses règles stupides. Une fois ce salut coutumier passé, Liz proposa à sa mère d'aller prendre un café chez Doc Magoo, ce que sa mère accepta volontiers. Elles sortirent donc de l'hôpital, sous cette pluie battante qui ne cessait de tomber depuis le début de la semaine.
***
A la table au fond du restaurant, il y avait deux tasses de café. Et deux femmes silencieuses. Elles auraient pu avoir des milliards de choses à se dire, mais ce n'était pas le cas. La colère pouvait se lire sur le visage d'Isabelle, et Elizabeth connaissait encore assez sa mère pour deviner que c'est l'attente qui l'avait mis dans un état pareil. Elle savait que sa mère n'avait aucune patience. Elle n'osait pas parler de peur que sa mère laisse déborder sa nervosité. Isabelle regardait par la fenêtre, comme si le paysage pluvieux et gris de Chicago pouvait la calmer. Elizabeth, les yeux dans son café, luttait pour ne pas dormir. Elle venait d'apposer sa signature sur les papiers de sa mère, sans même les lire, et tout ce qu'elle voulait maintenant, c'est que cette journée se termine. Mais assise là, avec sa mère, elle pouvait presque décompter chaque seconde qui passait.
Elle ne cessait de se demander pourquoi elle n'avait aucun point commun, aucun sujet de conversation avec sa mère...Puis, lassée de ce silence pesant, Elizabeth prit tout de même la parole.
Liz : Si tu savais la journée que j'aie eu !
Isabelle (faisant semblant de s'y intéresser) : Ah, vraiment ?
Liz : Oui, je suis de garde depuis sept heures hier soir, et en plus j'ai eu pas mal de cas difficiles...
Isabelle (regardant toujours par le fenêtre) : Ah, oui, tes patients...
Liz (continuant, emportée par le fil de sa discussion) : Oui, et puis je viens de terminer là avec une pauvre jeune femme qui avait une balle dans la tête. J'ai été obligée d'ouvrir la boite crânienne pour enlever la balle, et alors...
Isabelle (interrompant sa fille, d'un ton hautain) : La médecine, Elizabeth, il n'y a vraiment que ça qui t'intéresses ?
En temps normal, Liz n'aurait pas tenu compte de cette remarque, parce qu'elle détestait se disputer avec sa mère. Mais la fatigue et l'énervement la firent réagir violemment. Cette remarque fut " la goutte d'eau qui fit déborder le vase " Elle en avait gros sur le coeur, et cette fois elle avait bien l'intention de dire à sa mère tout ce qu'elle pensait.
Liz : Tu peux dire ! Ton job a toujours passé avant tout le reste... Tes conférences, tes colloques, tu ne vis que pour ça ! Toute ma vie nos conversations se sont limitées à des banalités. Pourquoi ? Parce qu'on ne se connaît même pas !
Isabelle (haussant le ton, s'énervant également) : C'est ton père qui t'as monté contre moi, c'est ça ?
Liz : Non, maman, mais j'ai trente-cinq ans, et j'estime pouvoir enfin te dire tout ce que j'ai sur le coeur. Pendant toute ma scolarité j'ai travaillé comme une malade pour être la meilleure, pour que tu sois fière de moi et que tu t'occupes un peu plus de moi...Mais tu étais toujours à ton travail. Tu n'y faisais pas attention, et tu n'as même jamais été a une de mes remises de diplômes !
Isabelle : Tu n'étais pas toute seule, il y avait Margaret, ta nurse. Elle s'occupait très bien de toi, et tu l'aimais beaucoup !
Liz : Maman, une nurse ce n'est pas une mère. Tu te rends compte qu'on n'a jamais parlé toutes les deux ? Aucune conversation sérieuse sur ma vie, sur la tienne...
Isabelle (devenant peu à peu rouge de colère) : Quoi, des reproches ? Après tout ce que j'ai fait pour toi ? J'étais seule pour t'élever, et je me suis tuée au travail pour pouvoir t'offrir tout ce que tu désirais...
Liz : Non, c'est de toi que j'avais besoin. Tous ces cadeaux ne t'ont jamais remplacé !
Le tonnerre grondait. Reproches et fausses excuses fusaient autour de la petite table. Elizabeth et sa mère se déversaient tour à tour des paroles blessantes, commençaient à se couper la parole et à parler en même temps. C'était une colère vieille de trente-cinq ans que Liz étalait là, et sa mère la reçut comme un coup de poignard dans le dos. Elizabeth ne cessait de faire des reproches à sa mère, en évoquant des événements précis de son enfance, et Isabelle ne l'écoutait presque plus tant elle était actionnée à tenter de se justifier. Puis Elizabeth , dans le feu de l'action lança à sa mère " Tu ne m'as même jamais dit que tu m'aimais... ". Elle s'arrêta de parler et sa mère se tut également. Elle changea de couleur, et sembla outrée par les propos de sa fille. Elizabeth avait quand même conscience d'être allée un peu loin, mais elle n'avait aucun intention de s'excuser.
Isabelle (rangeant toutes ses affaires): Ca suffit, j'en ai assez entendu comme ça ! (elle s'en alla)
Liz (haussant les épaules) : C'est toujours pareil lorsqu'on essaie de discuter...
Liz retourna travailler, mal à l'aise. Elle s'en voulait quand même d'avoir été aussi méchante et sans pitié avec sa mère. Après tout, elles ne se voyaient déjà pas souvent, alors des reproches n'étaient peut-être pas nécessaires... Mais quand même, il était temps que sa mère sache réellement ce qu'elle éprouvait.
Madame Corday marcha longuement dans les rues de Chicago, sous la pluie. Elle réfléchissait. Elizabeth n'avait pas tort, elle avait toujours été beaucoup trop prise par son travail pour s'occuper correctement d'elle, et bien souvent elle s'était trop reposée sur le travail de la nurse. Et elle savait bien que le travail n'était qu'une excuse. La vraie raison était qu'après le divorce, quand elle s'était retrouvée seule avec Liz, elle avait peur de mal s'y prendre pour l'élever, peur de mal l'éduquer, donc toutes ces années passées à travailler lui avaient permis d'éviter de se retrouver face à ce problème, puisque la nurse prenait tout en charge. De plus Isabelle avait toujours eu du mal à dire ses sentiments, à sa fille comme aux autres, et c'est en partie à cause de cela qu'elle avait divorcé d'avec Charles, le père d'Elizabeth. Et c'est aussi ce que lui reprochait Elizabeth. Elle avait été très vexée par la dernière remarque de sa fille, au café. Mais c'était pourtant la vérité. Elle aimait Liz, mais elle ne lui avait encore jamais dit.
***
Liz avait bientôt terminé sa journée. Il était 18 heures 30, les urgences désemplissaient un peu, et elle était en salle de repos, en train de terminer de remplir quelques dossiers importants. Ses pensées étaient confuses et désorganisées. Elle pensait à Ryana, à Mark, à sa mère. Elle poussa un soupir en se remémorant la scène qu'elle avait fait à sa mère au café. Elle posa son stylo, posa ses mains sur son visage, puis une faible voix qu'elle connaissait bien la fit sursauter.
Isabelle : Elizabeth ?
Liz : Maman ? Mais...
Isabelle : Mon avion part dans une heure. Je repart pour Londres, mais je tenais à te parler avant.
Liz (faiblement) : Ah oui ?
Isabelle (s'approchant de Liz) : La discussion que nous avons eu tout à l'heure m'a beaucoup fait réfléchir.
Liz semble très étonnée. Elle ne sait pas quoi dire.
Isabelle (regardant le sol, honteuse, pour ne pas croiser le regard de sa fille) : Je n'avais jamais pensé que tu avais pu souffrir de mes absences quand tu étais enfant...(elle ajouta en souriant un peu et en regardant sa fille) Je croyais que tu me détestait !
Liz : Non, ce n'est pas ça, mais...
Isabelle (regardant de nouveau le sol) : La conversation de tout à l'heure m'a fait beaucoup de mal, mais je suppose que ça n'est rien en comparaison de ce que tu as pu ressentir à cause de moi lorsque tu étais enfant. (elle marque une pause, soupire) Je n'ai jamais été une bonne mère, mais je n'ai jamais voulu me l'avouer...
Liz regarde sa mère. Elle est très émue par son discours.
Isabelle : Tu sais que j'ai toujours eu beaucoup de mal à exprimer mes sentiments, mais je t'aime Elizabeth, sois en sure.
Elizabeth se mord les lèvres, au bord des larmes.
Isabelle : Et même si j'ai du mal à l'admettre, tu es un bon médecin, et je suis très fière de toi...
A ces mots Elizabeth, qui pleure maintenant, se lève et serre sa mère dans ses bras. C'est une longue étreinte entre mère et fille, la plus longue de l'histoire des Corday. Isabelle, très émue également, ne peut retenir quelques larmes. Puis elles finissent par se lâcher, et Isabelle prend les mains de sa fille dans les siennes
Isabelle : J'ai été très heureuse de te voir, Elizabeth, mais je dois y aller.
Liz : J'ai été très heureuse moi aussi. Rappelle moi quand tu sera arrivée à Londres...
Isabelle (quittant la salle de repos) : C'est promis.
Elles se sourient une dernière fois, et madame Corday s'en va.
Il est 19 heures, Elizabeth quitte le County. Et malgré la fatigue, cette journée est la plus heureuse qu'elle ait eu depuis fort longtemps...
~ Fin du chapitre 2 ~
