MERES
PARTIE 4 :
Auteur : Jarleen
Notes de l'auteur : Ici aussi je vais encore faire appel à votre indulgence concernant la chronologie des événements. La fic se passe dans la saison 7, mais Carol est encore aux urgences, ses filles sont encore bébés (sinon, ça m'arrangeait pas ;-) mais Doug est bien à Seattle. Bon, pour cette fois, il n'y aura pas d'erreurs médicales possibles, parce que le médical est quasi inexistant dans cette partie… -)
Droits : Je n'ai pas acquis les droits sur Carter, ni sur aucun des personnages depuis le dernier chapitre…C'est toujours la WB, Amblin et les autres… idem pour la musique...
CAROL
"Tu l'entends, y'a du bruit
en dedans,
Elle nourrit l'humanité
de la vie qu'elle répand,
Qu'elle soit calme
ou agitée elle fait naître des enfants,
Qui pourront enfanter
si elle en fait des mamans..."
Le jour se levait, une fois de plus sous la grisaille et avec le vent. La pluie berçait Chicago depuis maintenant près d'une semaine, et dans les rues, les parapluies et les cirés étaient de rigueur.
La maison de Carol était silencieuse, encore endormie. Seul le bruit des gouttes s'écrasant contre les vitres résonnait dans la maison. Il était près de 7.00. Kate jouait tranquillement dans son lit, et Carol dormait encore profondément avec Tess à ses cotés. Sa garde ne commençait qu'à 9 heures, et elle avait passé la moitié de la nuit debout à essayer d'endormir sa fille, qui faisait ses dents. Elle avait encore des heures de sommeil à rattraper. Mais le bruit de la sonnette la réveilla soudain en sursaut. Elle enfonça la tête sous son oreiller en espérant que la personne qui était à la porte allait se fatiguer avant elle, mais la sonnette insistait et retentissait à intervalles réguliers. Alors elle fut obligée de se lever.
Carol (bayant à tout rompre) : Voilà, voilà, j'arrive...
Elle posa doucement Tess dans son petit lit en faisant attention à ne pas la réveiller, puis elle alla jusqu'à la porte, ouvrant à peine les yeux, trébuchant au passage sur quelques jouets des filles, et lâchant de ce fait une paire de jurons. Cette matinée commençait décidément bien. Si jamais c'était encore un de ces démarcheurs de tapis ou d'encyclopédies, elle allait lui passer un sacré savon. Qui que ce soit qui était à la porte, il y avait plutôt intérêt à ce que ce soit très important...
Elle arriva péniblement à la porte, donna un tour de clé pour la déverrouiller, et l'ouvrit.
Les yeux éblouis par la lumière du jour, Carol ne distingua sur le moment qu'une silhouette dont la tête était cachée derrière d'imposants paquets. Elle ne savait absolument pas de qui il s'agissait, mais elle reconnut sa mère à l'accent Russe des premières paroles qu'elle prononça.
Mme Hathaway : Carol, ma chérie, comment ça va ?
Comme Carol, encore sur le seuil de la porte, mettait du temps à réagir, Mme Hathaway, Yelena de son prénom, lui força le passage pour entrer dans la maison.
Yelena : Alors, où sont mes petites filles que je les couvre de cadeaux ?
Mais Carol n'eut pas le temps de répondre que sa mère était déjà dans la chambre des filles et tournait autour du lit de Kate, qui éclata de rire en voyant sa grand-mère. Tess se réveilla aussitôt. Yelena leur sourit et commença à leur faire toutes sortes de grimaces pour les amuser. Carol, en pyjama, observait la scène adossée à la porte de sa chambre. Elle souriait. Depuis la naissance des jumelles, sa mère était devenue complètement gâteuse. Yelena ouvrit les cadeaux qu'elle avait amenés à ses petites filles et sortit des paquets deux magnifiques ours en peluche, énormes, l'un marron clair et l'autre marron foncé, qu'elle donna à ses petites filles. Carol se demandait bien à qui cette distribution de cadeaux faisait le plus plaisir : Sa mère ou ses filles ?
La mère de Carol était d'origine Russe. Elle avait grandi entre Moscou et Léningrad, et elle avait fui l'URSS au moment de la guerre froide pour aller vivre aux Etats Unis, pour tenter sa chance avec "l'American way of life" dont elle avait lu tellement d'articles élogieux dans les livres. Elle avait presque été lynchée par sa famille pour être partie en Amérique du Nord à cette époque là. Mais arrivée à Chicago, elle s'était trouvé un petit boulot, temporaire pensait-elle, en attendant de grandes propositions, et elle avait rencontré le père de Carol. Mais leur idylle avait été de courte durée. Il avait dû partir un peu après la naissance de sa fille, parce qu'il avait trouvé du travail à Houston. Yelena n'avait pas voulu le suivre, parce qu'elle n'avait pas voulu quitter son travail et le peu de choses qui la rattachait tout de même à Chicago.
Quand elle s'était retrouvée seule avec Carol, et avec un job minable au lieu de toutes les propositions qu'elle avait imaginées, Yelena avait regretté d'avoir quitté sa Russie natale, regretté de ne pas avoir suivi le père de Carol, et du coup elle avait toujours gâté et surprotégé sa fille, parce que c'était tout ce qui lui restait. Mais de ce fait elle s'était toujours immiscé dans la vie de Carol, cherchant à prendre les décisions à sa place, cherchant à diriger sa vie...Elle voulait garder sa petite fille pour elle le plus longtemps possible, parce qu'elle avait peur de se retrouver seule...Et si Carol n'avait rien dit pendant son enfance, elle s'était rebellée et avait fugué plus d'une fois à l'adolescence, en reprochant à sa mère de l'étouffer. Mais Yelena voulait seulement son bonheur. Elle voulait juste que sa fille soit la plus heureuse, pour prendre elle-même une revanche sur la vie et sur les erreurs qu'elle avait commises par le passé. Et au fond Carol le savait bien. Mais malgré sa gentillesse et toute ses bonnes intentions, Yelena restait pour Carol une mère envahissante...
Carol soupira en voyant les deux énormes ours en peluche. Sa mère venait la voir environ tous les quinze jours, mais à chaque fois c'était la même histoire, elle couvrait les jumelles de cadeaux...
Carol : Maman, tu les gâtes trop...
Yelena : Mais non, une grand-mère c'est fait pour ça...(puis elle ajouta d'un ton sarcastique) Surtout qu'elles n'en ont qu'une...
Carol (soupire, lève les yeux au ciel) : Oh, maman, ne recommence pas s'il te plaît...
Yelena : Très bien, j'arrête. N'empêche que tu m'enlèveras pas de l'idée que...
Carol (d'un ton supplicateur) : S'il te plaît...
Carol reconnaissait bien là sa mère. Quelle que soit la conversation qu'elles engageaient, Yelena en revenait toujours au même point : casser du sucre sur le dos de Doug. Quand Carol était sortie avec lui, Yelena avait bien vu que ce n'était qu'un coureur de jupons, et elle avait dit à Carol qu'elle méritait mieux qu'un imbécile qui la laisserait tomber tôt ou tard. Quand Doug avait quitté Carol, la laissant enceinte, Yelena l'avait maudit plus encore que le propre père de Carol lorsqu'il les avait quittées. Depuis elle le détestait et elle ne perdait pas une occasion pour dire du mal de lui, ce qui agaçait Carol parce qu'au fond elle aimait toujours Doug et parce qu'elle ne voulait pas que ses filles entendent dire du mal de leur père.
Doug avait fait des erreurs, oui, mais ils s'étaient aimés, et Carol était sure qu'un jour ils finiraient par se retrouver...D'ailleurs elle pensait de plus en plus sérieusement à aller le rejoindre. Elle n'avait plus d'attache à Chicago sans lui. Il y avait bien les amis, mais ce n'était pas pareil…La seule chose qui la retenait c'est qu'elle ne savait pas ce qu'il était devenu, là-bas, à Seattle. Elle avait tellement peur qu'il ait recommencé sa vie avec quelqu'un, qu'il ne pense plus à elle…Alors elle restait à Chicago. Yelena arrêta alors ses sarcasmes, et laissa ses petites filles jouer avec leurs ours en peluche. Carol la fit s'asseoir à la cuisine et lui proposa un café.
Yelena : Tu n'as pas très bonne mine, Carol. Est-ce que ce sont les filles qui te posent des problèmes ?
Carol : Non, c'est juste que Tess fait ses dents, et à cause de cela ça fait quelques nuits que je dors mal.
Yelena but une gorgée de café : C'est sûr que si leur père était là...
Carol : Maman, arrête un peu avec Doug !
Yelena : Comment veux tu que j'arrête ? Tu trimes toute seule pour élever tes filles parce que Monsieur Doug est parti sur un coup de tête.
Carol : Ca suffit, maman, j'aimerais qu'on parle d'autre chose que de Doug. Je n'ai pas envie de me disputer une fois de plus avec toi.
Yelena (ayant quand même le dernier mot de la conversation) : Tu n'es pas heureuse, Carol, et c'est à cause de lui...
Carol se leva de sa chaise et soupira. Elle regarda un instant la pluie tomber à travers la fenêtre. A chaque fois que sa mère venait, elles étaient obligées de se disputer au sujet de Doug, et Carol commençait à en avoir assez de devoir encore se justifier auprès de sa mère. Cette fois, elle n'avait trop rien dit parce qu'elle était fatiguée, mais bien souvent le ton montait entre mère et fille parce que chacune voulait avoir le dernier mot.
Sa mère se rendit compte qu'elle avait peut-être exagéré un peu avec Doug, alors elle tenta de changer de sujet.
Yelena : Tu ne travailles pas aujourd'hui ?
Carol : Si, je commence à 9 heures. D'ailleurs il va falloir que je me prépare.
Yelena : Ecoute, puisque je suis là, je vais te garder les filles aujourd'hui. Ca fait longtemps que je les ai pas vues, et je voudrais bien rester ici avec elles.
Carol réfléchit un instant : Bien, c'est d'accord. Je vais appeler la crèche pour leur dire que les filles ne viendront pas aujourd'hui.
Yelena sourit, et se rendit dans la chambre des filles pendant que Carol se préparait. Puis Carol dut partir pour le County, et elle laissa sa mère s'occuper des jumelles. La discussion qu'elle avait eue avec elle continuait quand même de trotter dans sa tête. Ses filles la comblaient de joie, c'est vrai, mais il lui manquait encore quelque chose pour être vraiment heureuse. Quelque chose ou plutôt quelqu'un...
La journée de Carol, comme celle des autres membres du County, ne fut pas des plus gaies. Dès son arrivée elle s'occupa avec Maggie Doyle de la petite Lily Lane, mais il était déjà trop tard quand les ambulanciers l'amenèrent. Préparer le kit mortuaire sur une si petite fille lui était particulièrement pénible, surtout parce qu'elle ne pouvait cesser de s'imaginer que ça aurait pu être l'une de ses filles. Comme Peter, Carol ne réagissait plus pareil face à des cas pédiatriques si durs depuis qu'elle était mère. Ses sentiments prenaient toujours le pas sur sa conscience professionnelle, et des cas comme celui de Lily l'affectaient énormément.
Ensuite, elle s'était occupée avec Mark de Shana. C'était également une patiente qui la touchait particulièrement, et elle ne pouvait s'empêcher de s'identifier à elle. Cette femme vivait seule avec ses deux enfants, comme elle, et aujourd'hui à cause d'un stupide accident...Plus rien. Elle ne cessait de réfléchir : Qu'adviendrait-il de ses filles si un jour elle venait à mourir? C'était des choses auxquelles elle ne voulait pas penser, mais elle devait reconnaître qu'elle n'était pas à l'abri d'un accident, comme Shana aujourd'hui. C'est aussi pour ça qu'elle voulait retrouver Doug. Ses filles avaient besoin d'un père.
Après s'être occupée de Lily et Shana, elle s'accorda une pause pour reprendre un peu ses esprits. Elle s'assit dans la salle de repos, ferma les yeux et essaya de s'imaginer ailleurs. C'était un truc qu'elle avait appris pendant les cours de relaxation qu'elle avait suivi avant l'accouchement de Kate et Tess. Elle laissa son esprit vagabonder pour s'efforcer d'oublier Lily et Shana. Et la première chose qui lui vint à l'esprit fut...Doug. Elle en eut un pincement au coeur. Elle voulait être à ses cotés, elle l'aimait vraiment… Mark entra à ce moment dans la salle de repos et elle rouvrit les yeux.
Mark : Carol ? Ca ne va pas ?
Carol (lui adressant un sourire pour tenter de le rassurer) : Si, c'est juste que j'avais besoin de récupérer un peu.
Mark : Oui, ça a été dur ce matin.
Elle fait oui de la tête.
Mark : Comment vont tes filles ?
Carol : Ca va... Tess fait ses dents en ce moment.
Mark : Oh ! Je me rappelle quand Rachel a fait ses dents...
Carol : Et c'est ma mère qui les garde aujourd'hui...
Mark (en souriant) : Elle va encore essayer de leur apprendre le Russe en accéléré...
Carol sourit. Elle se sentait plus détendue maintenant. Mais Mark avait perçu qu'il y avait autre chose qui la tracassait. Il la regarda, attendant qu'elle dise quelque chose... Elle hésita encore un instant, puis se lança.
Carol : Dis moi, Mark, quand Susan est partie...Tu n'as pas hésité à la suivre ?
Mark (il avait compris où elle voulait en venir) : Si. J'ai hésité, et je ne peux pas te dire le nombre de fois où j'ai regretté de ne pas être monté avec elle dans ce train.
Carol : Pourquoi tu l'as pas fait ?
Mark : Parce que j'étais un imbécile. Je n'ai pas osé, et après il était trop tard... Et puis, Susan n'était peut-être pas mon âme soeur comme Doug est la tienne...
Carol releva la tête et le regarda dans les yeux à ces mots : Alors... ??
Mark fit 'oui' de la tête : Je suis certain qu'il t'attend...
Carol regarda Mark un instant, puis elle retira sa blouse et repris ses affaires dans son casier. Mark la regardait, en buvant son café. Il avait toujours su que Carol finirait par aller le rejoindre.
Carol (fermant son casier, sur le point de partir) : Tu diras à Kerry...
Mark ne la laissa pas finir sa phrase : Oui, je lui dirais.
Carol : Merci, Mark...
Puis Carol quitta les urgences et retourna chez elle. Elle était décidée à aller retrouver Doug, avec ses filles. Plus elle y pensait, plus elle se rendait compte qu'il était l'homme de sa vie, et le père de magnifiques petites filles qu'il n'avait encore jamais vues. Ils étaient faits l'un pour l'autre, et elle était sure qu'il l'attendait. Elle devait aller le rejoindre. Pour ses filles. Pour elle...
Il ne restait plus qu'à l'annoncer à sa mère…
Lorsqu'elle arriva chez elle, il n'y avait personne. Sa mère était partie faire un tour, et elle avait emmené les jumelles avec elle. Carol en profita pour rassembler toutes ses affaires et commencer les bagages. Elle ne cessait de se répéter qu'elle avait déjà trop attendu, et qu'elle aurait dû aller le rejoindre depuis longtemps. Elle savait qu'avec ses filles et aux cotés de Doug elle serait enfin heureuse.
Au bout d'une heure, Yelena rentra avec les jumelles. Elle avait vu la voiture de Carol devant la porte, donc elle savait que sa fille était là, mais elle trouvait la maison bien calme et silencieuse. Elle posa Tess et Kate à terre, et s'avança dans le salon. Elle vit soudain Carol, assise tranquillement sur un fauteuil, trois énormes bagages à coté d'elle, et un billet d'avion dans les mains. Le visage de Yelena changea de couleur. Elle avait bien peur d'avoir compris ce que signifiait tout ceci.
Carol (elle se leva du fauteuil, se retrouvant ainsi face à face avec sa mère) : Maman, je pars...avec mes filles.
Yelena ne répondit rien. Elle se tenait debout juste en face Carol. Sa respiration était lente et lourde. C'était un coup de poignard en plein coeur, mais elle se doutait déjà de ce que sa fille allait dire.
Carol : Tu ne me demandes pas où je vais ?
Yelena (avec une pointe de colère dans la voix) : Je sais très bien que tu vas le retrouver.
Yelena n'était pas en colère après Carol, mais elle en voulait à Doug. Elle était jalouse de cet homme qui lui volait sa fille et ses petites filles. Et elle était déçue. Déçue du comportement de Carol, déçue qu'elle ait décidée de partir. Mais d'un autre coté Carol osait faire ce qu'elle avait toujours regretté : Rejoindre l'homme de sa vie…
Carol : Je l'aime, maman. Tu comprends ce que je ressens ?
Yelena (haussant les épaules) : Tu fiches ta vie en l'air avec lui !
Carol : Mais je l'aime vraiment, et j'ai besoin de lui. Et Kate et Tess aussi.
Yelena (se radoucissant) : Je savais que tôt ou tard tu finirais par aller le retrouver. Tout ce que j'espérais, c'est que ça serait le plus tard possible...
Carol (très calmement) : C'est avec lui que je veux faire ma vie. Que tu le veuilles ou non. Tu m'a toujours dicté ma conduite, maman, et je t'ai toujours écoutée. Mais aujourd'hui, c'est mon coeur à moi que je veux écouter. Alors j'ai assez attendu, j'ai assez perdu de temps...Je pars...
Yelena regarda Carol dans les yeux. Sa petite fille avait bien grandi. Elle ne pouvait plus empiéter sans cesse sur sa vie. Chacun avait la sienne. Carol sortit de la maison et commença à mettre les bagages dans le coffre de sa vieille voiture. Puis elle revint voir sa mère.
Carol : Bon, il faut qu'on y aille. Notre avion part dans une heure.
Yelena s'approcha de Carol et elles se serrèrent dans leurs bras. Mme Hathaway respectait finalement le choix de Carol, même si ça ne lui plaisait pas vraiment. Carol avait l'air tellement bien avec Doug, elle était si heureuse avec lui…Elle ne voulait pas s'interposer et lui gâcher ce bonheur.
Yelena : Je t'aime Carol !
Carol : Je t'aime aussi, maman.
Yelena : Sois heureuse avec lui, c'est tout ce qui m'importe…
Carol : Je le serais, ne t'inquiètes pas...
Elles se libérèrent de leur étreinte. Yelena ne put s'empêcher de verser quelques larmes. Elle embrassa ses petites filles, qui sourirent en la voyant. Puis Carol installa ses filles dans la voiture, fit un dernier signe à sa mère, et se mit en route pour l'aéroport...
~ fin du chapitre ~
