MERES
PARTIE 5 :
Auteur : Jarleen
Note de l'auteur : J'ai quelques précisions à donner (eh oui, encore !) concernant cette partie. Tout d'abord, comme on ne connaît pas la mère de Carter, la fic concerne sa relation avec Millicent, sa grand-mère. Ensuite, je rappelle pour ceux qui ne le savent pas que Carter avait un frère, Bobby, plus âgé que lui, qui est mort quand John était enfant, et qu'il a aussi une sœur, que j'ai appelée Sara (comme dans une certaine fanfic…;-)). Bon, encore désolée pour les incohérences, qu'elles soient médicales, chronologiques ou autres. Donc, ceci est le dernier volet de ma fic sur les mères, l'apothéose avec notre petit Carter…j'espère en tout cas que ça vous aura plu, et un petit mail pour me donner votre avis serait aussi sympa ;-)
Droits : Rien à moi...Juste les mots ;-)
CARTER
"Tu n'l'entends pas la mer,
quand elle est calme,
C'est qu'elle fait
tout pour pas que tu rames,
Pour pas que tu crèves,
pour pas que tu te cames,
Ca pour une mère,
c'est tout un drame..."
4.00. La nuit était encore noire, et il faisait froid. La pluie tombait sur Chicago. John, qui était revenu habiter avec sa grand-mère après son retour d'Atlanta, s'était réveillé une fois de plus en sursaut et en sueur après un cauchemar. C'était encore cette vision obsédante de Lucy, couverte de sang, et qui l'appelait à l'aide. Les cauchemars de John avaient cessé lorsqu'il avait commencé sa cure à Atlanta, mais ils étaient revenus dès qu'il était rentré à Chicago. Le psychiatre qu'il s'était décidé à aller voir lui avait dit que c'était normal, et que seul le temps pourrait vraiment les apaiser.
Carter se leva de son lit, éclairé par le faible rayon de lumière qui venait de la rue, et regarda par la fenêtre. Il poussa un soupir lorsqu'il vit qu'il pleuvait encore. La pluie. C'est grâce à ça qu'il avait vraiment conscience d'être rentré à Chicago...Durant tout son séjour à Atlanta il n'avait pas plu une seule goutte, mais depuis qu'il était rentré, c'était le déluge à Chicago. Il se dirigea dans la pénombre vers la salle de bains, et une fois qu'il y fut arrivé il alluma la lumière et se regarda dans le miroir. Il était pâle, ses yeux étaient cernés et vitreux. Il n'avait plus d'allure, il se sentait comme un fantôme, un mort-vivant. Il prit une douche pour se débarrasser de toute cette sueur collante mais aussi pour tenter d'apaiser son angoisse et de chasser ces images cauchemardesques de son esprit. Puis il enfila un jogging propre et se dirigea lentement vers la cuisine, où il se servit un verre de jus d'orange. La maison était silencieuse, et il supposait que sa grand-mère devait dormir encore profondément.
Quand il était rentré de sa désintoxication, John avait voulu reprendre un appartement pour lui seul, mais sa grand-mère, Millicent, avait insisté pour qu'il reste un peu avec elle, le temps pour lui de faire le point. Elle se sentait un peu coupable de ne pas avoir réellement remarqué sa descente aux enfers, alors elle était bien décidée à prendre soin de lui.
Ca faisait maintenant près d'une semaine que John était rentré d'Atlanta, mais c'était aujourd'hui son grand retour aux urgences. Malgré les conseils de Millicent, il avait voulu se remettre très tôt à travailler, le plus tôt possible même, parce qu'il pensait que cela lui éviterait de se morfondre sans cesse sur son sort et sur le passé. Mais surtout il n'avait pas encore totalement confiance en lui et il avait peur de replonger s'il était seul. Les urgences, son travail, lui semblaient être une bouée de sauvetage. Parce qu'il était rentré de cure, oui, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il était guéri. Les médecins lui avaient expliqué que la guérison serait longue et difficile, et il en avait bien conscience, mais il était prêt à faire tous les efforts nécessaires pour retrouver au plus vite une vie normale...
La lumière de la cuisine avait réveillée Millicent, qui avait le sommeil très léger depuis que Carter était revenu parce qu'elle craignait toujours qu'il ne recommence à aller mal. Elle entra donc dans la cuisine, et s'approcha de John.
John : Grand-mère ? Tu devrais dormir...Est-ce que c'est moi qui t'ai réveillée ?
Millicent : Non, je ne dormais pas de toute façon...C'est encore tes cauchemars ?
John : Oui, mais ne t'inquiètes pas pour moi, le psychiatre a dit que ça allait passer...
Millicent s'assit en face de lui. Le psychiatre. Comment pouvait-il déballer toute sa vie à un inconnu et ne rien lui dire à elle, qui était quand même sa grand-mère... Elle avait toujours su que John n'était pas très expansif. Il parlait peu, et évitait les sujets personnels. Mais elle savait que c'était un trait caractéristique des Carter. Elle non plus n'était pas du genre à exprimer ses émotions facilement, et elle le savait bien. John ne lui avait jamais raconté son accident, et ce n'est que par le biais de Carol à la consultation qu'elle avait appris comment ça s'était produit. C'est également comme ça qu'elle avait appris que Lucy était bien plus qu'une 'collègue' pour John, contrairement à ce qu'il lui avait toujours laissé sous-entendre...
Millicent n'avait jamais parlé non plus à John de son problème de drogue. Le sujet était devenu un tabou chez les Carter après l'incident de Chase. Et jamais elle n'aurait pu imaginer que John, le plus raisonnable de tous ses petits-enfants, puisse se faire prendre dans un tel engrenage... C'est pourtant ce qui s'était produit, et sous ses propres yeux en plus. Elle n'avait rien remarqué de la déchéance de son petit fils durant les mois qui avaient suivi son accident. Elle avait bien remarqué ce comportement étrange, mais elle avait mis ça sur le dos des séquelles psychologiques liées au traumatisme.
Elle n'avait même pas cru John sur le coup quand il l'avait appelé de l'avion Chicago/Atlanta pour lui annoncer qu'il ne rentrerait pas à la maison avant trois mois parce qu'il partait en cure de désintoxication... Et elle avait été tellement troublée par cette nouvelle qu'elle en avait même oublié de lui demander de plus amples détails sur son histoire...
Depuis, ils n'en avaient jamais reparlé. Mais cette fois elle voulait qu'il lui explique une fois pour toutes. Elle voulait comprendre.
Millicent (commençant sa phrase, cherchant ses mots) : John...je...enfin...
John : Je sais ce que tu vas me demander grand-mère. Mais je ne sais pas moi-même comment j'en suis arrivé là, et je n'ai pas très envie d'en parler...
Millicent : Mais est-ce que c'est à cause de moi ?
John la regarda dans les yeux. Sa grand-mère paraissait inquiète. Mais comment pouvait-elle se remettre en cause ? Elle n'y était pour rien dans tout ça...
John (d'une voix rassurante) : Non, ce n'est pas à cause de toi... Ce sont les événements qui ont fait que...j'ai basculé.
Millicent : Mais alors pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? John, je suis ta grand-mère, tu sais que je ne t'aurais pas jugé. Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
John fixait son verre de jus d'orange. Il était plongé dans ses pensées.
Millicent continuait : Je sais que la mort de ta jeune collègue t'as beaucoup touché, et...
John ne la laissa pas finir : Grand-mère s'il te plaît...
Il détestait qu'on lui parle de Lucy comme ça. Sa "jeune collègue". Lucy était bien plus que ça, et sa grand-mère ne pouvait pas comprendre ce que sa mort représentait à ses yeux. Il avait perdue une amie, son externe qui plus est, et il se sentait encore affreusement coupable.
Millicent (d'une voix très maternelle) : John, il est peut-être encore trop tôt pour que tu retournes travailler, tu es encore fragile.
John : Non, grand-mère, ça va très bien, je t'assure. Et j'ai vraiment envie d'y retourner.
Millicent (elle était déçue que Carter réagisse comme ça. Elle monta un peu le ton) : La médecine, prendre soin des autres, c'est tout ce qui t'importe. Mais regarde où ça t'a mené !
John : Ca n'a rien à voir, c'était un accident...
Millicent : Bien sûr que si ça a à voir ! Tu aurais repris les affaires familiales, John, rien de tout cela ne serait arrivé...
John (énervé parce que sa grand-mère ne le comprenait pas) : Les affaires ?!?...Bon sang, il n'y a vraiment que ça qui compte pour vous ! (il se leva brusquement) La médecine, c'est toute ma vie. Je croyais que tu me comprenais, grand-mère...De toute évidence, je me trompais !
Millicent (désolée que les choses prennent une telle tournure) : John !
Mais il était déjà trop tard. John était parti de la cuisine en claquant la porte. Millicent soupira. John avait vraiment un caractère de Carter...
***
7.15. John sortait de la salle de réunion avec Kerry et Mark. Ils venaient de le fixer sur son sort : Il ne pouvait pas se charger de traumas seul, tous ses dossiers devaient être contresignés par Kerry ou Mark et il devait faire également signer les ordonnances pour des narcotiques par quelqu'un d'autre. Mais Kerry et Mark étaient content qu'il soit de retour aux urgences. Et malgré toutes ces restrictions, John souriait en sortant de la salle, parce qu'il avait quand même retrouvé son job et c'est tout ce qu'il voulait...
Il saisit une paire de dossiers au bureau des admissions et commença à travailler. Les dossiers peu importants lui permettaient de se refamiliariser doucement avec les urgences. Ce n'est pas qu'il avait perdu l'habitude, mais ça lui faisait tout drôle de revenir travailler ici, et il était peut-être un peu moins sûr dans ses gestes.
Il venait de terminer avec une fracture de la jambe lorsque les ambulanciers amenèrent la famille Lane. Carter se précipita sur Shana, mais comme c'était une trauma grave, Kerry le rappela à l'ordre et il laissa Mark s'en charger, un peu à contre coeur. Kerry lui demanda de venir l'aider sur Ethan, le fils de Shana. L'enfant présentait quelques fractures et des plaies assez importantes, mais aucun organe vital n'avait été touché et ainsi ses jours n'étaient pas en danger.
Carter fit un examen complet du jeune garçon, demanda tous les clichés et les analyses nécessaires, le tout sous les yeux experts de Kerry. Il n'avait normalement pas besoin d'elle pour traiter ce genre de cas, mais elle préférait le surveiller, pour pouvoir juger l'état de ses compétences. Et même si Carter trouvait ça ridicule, il n'avait de toute façon pas le choix. Mark et Kerry lui avaient déjà fait un beau cadeau en le réintégrant à l'équipe des urgences, alors il n'allait pas non plus jouer les difficiles et se heurter aux principes de Kerry...
Ethan était en état de choc, et ne parlait pas. Carter imaginait très bien ce qu'il pouvait ressentir, parce qu'un accident et une agression avaient finalement quelques points similaires au niveau psychologique, surtout qu'Ethan avait vu sa mère et sa soeur couvertes de sang, comme John avait vu Lucy quelques mois auparavant. Il demanda à ce qu'un psychiatre vienne lui parler.
Lorsqu'il sentit que l'abdomen du garçon était légèrement enflé, il demanda tout de suite un avis chirurgical, bien que les clichés n'aient rien révélé d'anormal. Il fit descendre Benton, et lorsque ce dernier, après avoir longuement examiné Ethan, déclara qu'il n'avait rien, Carter poussa un soupir de soulagement, et sourit en l'annonçant à Ethan. Mais le gamin sembla ne pas comprendre, il continuait à fixer le plafond de la salle. Carter n'insista pas. Son examen était terminé, et Kerry était assez contente de son évaluation. Elle dit à John qu'elle allait demander à Abby de s'occuper des sutures d'Ethan, et elle lui tendit une pile de dossiers.
Kerry : Luxation de la hanche, céphalées, et vomissements...Vous vous en chargez, Carter ?
Carter (avec un sourire) : Bien sûr.
Kerry : Mais attention, si jamais il faut des narcotiques...
Carter (ne la laissa pas finir) : Oui, Kerry, je vous appelle...
Elle sourit. Il avait bien retenu la leçon.
Carter se dirigea lentement vers la salle d'examen où l'attendait un homme d'une soixantaine d'années avec une luxation de la hanche.
En marchant dans les couloirs, il regardait avec attention tout ce qui l'entourait, les murs, les lumières, le personnel... Il ressentait à peu près la même chose que lorsqu'il était revenu travailler après son accident : il lui semblait que le service était encore baigné par cette ambiance triste et morose qui avait suivi l'agression de la saint Valentin et son esprit se plongea soudainement dans une sorte de mal être. Il fut pris d'un haut-le-cœur, sa vue se brouilla, il n'entendit plus rien…Un tourbillon vertigineux l'emportait alors que tout autour de lui lui rappelait Lucy. C'était un cauchemar éveillé...
Il revint à lui brusquement en entendant les hurlements d'une femme, probablement la mère d'Abby, qui résonnaient dans sa tête. C'était comme s'il entendait Lucy l'appeler de très loin, et les images de l'accident se mirent à défiler sous ses yeux...
Il se rendit compte alors qu'il était loin d'être guéri, qu'il lui faudrait encore beaucoup de patience et de courage pour affronter tous les jours ces images horribles qui brouillaient encore sa vision et son esprit. Il se demanda si au fond Millicent n'avait pas raison : il avait peut-être voulu reprendre le travail un peu trop tôt...
Il décida alors de s'accorder une pause avant de reprendre ses dossiers. Il bifurqua vers la salle de repos et s'assit sur le sofa. Il ferma les yeux, cherchant à chasser ces images néfastes et funestes de sa tête. Il resta là quelques minutes, puis Randy vint le trouver.
Randy (le voyant les yeux fermés) : Docteur Carter ? Est-ce que ça va ?
Carter (toujours les yeux fermés) : Oui, Randy, je me repose juste 5 minutes...
Randy : C'était juste pour vous dire que votre grand-mère vient d'appeler.
Carter ouvrit les yeux et regarda Randy : Ah vraiment ? Et qu'a-t-elle dit ?
Randy : J'ai pas trop compris, elle voulait vous parler, mais comme vous étiez pas là, elle m'a juste dit de vous dire qu'elle s'excusait.
Carter : Qu'elle s'excusait ?
Randy (haussant les épaules) : Oui, elle a rien dit d'autre...
Carter : Merci Randy.
Randy : Pas de quoi...(elle quitte la pièce).
Carter resta songeur. Il avait été un peu dur avec sa grand-mère ce matin, et c'est elle qui venait s'excuser... C'est vrai, elle s'était toujours occupé de lui quand ses parents n'étaient pas là, c'est à dire tout le temps, et même si elle aurait préféré qu'il reprenne les affaires familiales, elle l'avait toujours soutenue et épaulée dans ses études de médecine... Elle avait été comme une mère pour lui. Une vrai mère.
Carter se leva du sofa, reprit sa pile de dossier et quitta la salle. Il examina les patients que Kerry lui avait donné, mais il eut besoin d'une ordonnance de narcotiques pour une femme qui avait de fortes migraines. Il arpenta les couloirs à la recherche d'un docteur qui pourrait lui signer son ordonnance, et il tomba sur Mark.
Carter : Docteur Greene !
Mark : Oui, Carter ?
Carter : C'est pour une ordonnance...
Mark lui prit l'ordonnance des mains : Qu'est-ce qu'on a ?
Carter : Femme, 50 ans, avec fortes migraines.
Mark hocha la tête : Ok, je garde ça, j'irai dès que j'aurais 5 minutes, parce que là, je dois aller voir comment va Ethan. Il a demandé à voir sa mère, et il va falloir que je lui dise la vérité...
Carter : Je n'ai rien à faire, si vous voulez, je peux...
Mark : Tu es sûr ?
Carter : Oui...
Mark : Bon, alors je te laisse avec lui. On se voit plus tard ?
Carter : D'accord !
***
Ethan avait été installé dans une chambre au premier étage. Carter se dépêcha d'y monter, et resta un instant sur le pas de la porte à observer l'enfant. Ethan scrutait toujours le plafond, comme s'il y voyait des milliers d'étoiles. Il était pensif plus que choqué, mais Carter savait que c'est parce qu'il ne réalisait pas encore. Ethan avait 6 ans, l'âge qu'avait Carter quand son frère Bobby était mort. Il savait bien ce que pouvait ressentir Ethan. Il entra.
Carter : Bonjour Ethan. Je suis le docteur Carter, tu te souviens de moi ?
Ethan ne dis rien, mais cessa de regarder le plafond.
Carter : Ethan, j'ai quelque chose à te dire...
Ethan tourna la tête et regarda Carter gravement.
Carter (il était plutôt mal à l'aise d'annoncer cela à un si jeune enfant) : Ta...Ta mère et ta soeur étaient très blessées à cause de l'accident... Tous les docteurs ont fait ce qu'ils ont pu, mais ils n'ont pas réussi à les sauver.
Ethan (d'un ton solennel) : Est-ce qu'elles sont mortes ?
Carter hocha la tête en signe de oui.
Ethan ne pleura pas, ne cria pas. Sa seule réaction fut de demander, de sa douce voix enfantine : C'est quoi, "être mort" ?
Carter fut très surpris par cette question. Il était toujours étonné de la spontanéité des enfants, même dans des situations pareilles. Il ne savait pas quoi lui répondre, parce qu'il n'avait jamais été un spécialiste quand il s'agissait de s'adresser à des enfants...
Carter commença : Et bien, c'est quand...quand on est au ciel...
Ethan le regarda, intrigué : Au ciel ?
Carter (content d'avoir enfin établit un contact avec l'enfant) : Oui, les gens qui sont morts ne sont plus avec nous sur terre. Mais ils vont au ciel, et là, une nouvelle vie les y attend...
Ethan ne fut pas satisfait de cette réponse, il resta songeur.
Carter ajouta alors : Mais ils nous voient encore de là-haut, ils nous écoutent, et ils savent qu'on les aime...
Le visage d'Ethan s'illumina, et il sourit : Quand je vais dire ça à Lily...
Carter le regarda, et ne dit rien. Il fit "oui" de la tête pour ne pas briser les douces illusions d'Ethan. De toute façon, il était trop jeune pour comprendre ce qui venait de se produire.
Lui non plus n'avait pas compris quand Bobby était mort. Il ne savait pas pourquoi tout le monde était triste. Lui, il continuait à jouer et à rire... Il était encore trop innocent pour savoir ce qu'était la mort, et il ne se rendait pas compte. Ses parents lui avaient beaucoup reproché de ne pas avoir pleuré la mort de son frère, de ne pas avoir été triste. En réalité John avait pleuré. Il avait été triste... Mais plus tard. Quand il avait compris. Seule sa grand-mère avait été capable de comprendre cela, et c'est la seule qui avait su apaiser ses pleurs lorsqu'il avait compris des années plus tard.
Il se releva, sourit une dernière fois à Ethan, et s'approcha de la porte. Il remarqua alors que sa grand-mère se tenait derrière les fenêtre de la salle, et qu'elle l'observait, sûrement depuis un moment déjà...
Carter : Grand-mère ?
Millicent (sur un ton très calme) : Je suis venue m'excuser, John...Je ne me rappelais plus combien la médecine est importante à tes yeux...
Carter la regarda : Non, grand-mère, c'est moi...J'ai été idiot de m'emporter comme ça, et je regrette de t'avoir parlé ainsi, je ne sais pas ce qui m'a pris...Je ne voulais pas te faire de peine, j'étais...
Millicent (hochant la tête pour lui montrer qu'elle avait compris) : Tu n'étais pas très bien, je sais John. Je te connais...
Carter (il la regarda dans les yeux et termina la phrase qu'elle venait de commencer) : ...Oui, tu me connais comme une mère.
Elle sourit à ces mots. Elle était très flattée, mais ça la gênait aussi que John la considère comme sa mère, parce qu'elle savait qu'elle ne l'était pas.
Millicent : John, ta mère est une femme très occupée, il faut la comprendre.
Carter : Grand-mère, maman ne s'est jamais occupée de nous. Elle nous en veut, à Sara et moi, pour la mort de notre frère... Elle a cessé de s'occuper de nous lorsque Bobby est mort. Et elle s'est plongée dans le travail. Il n'y a que toi qui te sois occupée de nous. Ce que nous sommes aujourd'hui, c'est à toi que nous le devons.
Millicent : Ne sois pas si dur avec ta mère. Tu ne sais pas ce que c'est que de perdre un enfant...
Carter la regarda : Et tu sais ce que c'est que de perdre une mère ? Nous en avons beaucoup souffert, Sara et moi...
Millicent se tut. John avait raison, sa mère avait cessé de s'occuper d'eux quand Bobby était décédé. John et Sara étaient venu passer quelques mois avec elle, le temps que leurs parents récupèrent du choc émotionnel, mais ces quelques mois avaient finalement duré quelques années, et lorsque Sara était repartie vivre avec ses parents, John avait préféré rester avec sa grand-mère. Ils étaient devenus très proches.
Millicent regarda son petit fils dans les yeux. Il avait beaucoup changé, il n'était plus ce petit garçon indécis qu'il fallait toujours guider. Il avait maintenant ses idées, ses objectifs, et son caractère...
Millicent (d'un ton solennel) : Ne change surtout pas, John. Ne laisse personne te dicter ce que tu dois faire. Même pas moi... Je t'aime tel que tu es...
Carter (en souriant) : Je t'aime aussi telle que tu es, grand-mère...
Millicent sourit, et John la serra dans ses bras…
"Allez, j'vous laisse avec
la mer,
Que toute sa beauté
fasse naître des rivières,
Allez vous y baigner,
sans trop les polluer,
En sachant apprécier
les moments partagés
Avec ta mère,
Avec la mer..."
~ FIN ~
