Le Bout Du Tunnel
La Dernière Leçon
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété des grands manitous du petit monde télévisuel américain.
Note de l'auteur : Désolé d'avoir un peu délaisser cette fanfiction, mais j'ai porté tous mes efforts sur la fin de « Après » et le début d'une nouvelle fanfiction, mais que vous ne découvrirez pas avant janvier :o) Ah que j'adooooore torturer mes lecteurs ! ! ! En plus, je sais que certains d'entre vous désespéraient de pouvoir lire un jour la fin.
Nota Bene : Je ne pense pas qu'il y ait une 142ème rue à Chicago et encore moins un Latino Coco Bar, mais pour le bon déroulement de l'histoire, faîtes comme ci svp !
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Les portes de l'ambulance s'ouvrirent en grand, et on en descendit rapidement le brancard de John. Le jeune docteur vit au-dessus de lui les visages de Jing-Mei et de Kerry. Elles lui parlaient toutes deux mais il ne les entendait pas. Son corps était secoué par le brancard furieusement poussé par l'équipe médical. On l'amena dans le deuxième bloc, et il fut aussitôt transfusé, on lui mit une sonde, on lui aveugla les yeux avec une lampe stylo. Une fois de plus il était à la place du patient. A travers les portes entrouvertes, John pouvait voir Mark et Elisabeth qui s'occupaient de Peter.
Le temps de quelques secondes, il eut l'impression de voir deux yeux bleus, quelques mèches blondes tâchées de rouge, une peau pâle, des gémissements de douleur et de peine, puis ce fut de nouveau Peter. John avait refusé de voir le patient de Lucy, John avait refusé de laisser son patient dans le tunnel. Il avait l'impression de toujours faillir à ce qu'il fallait faire.
Quelqu'un lui tourna la tête et le fixa droit dans les yeux. Jing-Mei. Elle lui parlait, ses lèvres s'agitaient et son regard était inquiet, mais il n'entendait pas et retourna la tête vers la salle où se trouvait Peter. Soudainement sa vision se troubla, des parasites vinrent faire siffler ses oreilles, il n'avait plus la perception de l'espace, il avait le goût du sang dans la bouche, son corps commença à convulser sans qu'il puisse le stopper. Puis noir complet.
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« _Mais nan ! C'est trop grillé d'emmener une fille dans cette boite ! Si elle est vraiment canon et que t'as qu'une envie c'est conclure, fais-moi confiance, emmènes-la au Latino Coco Bar sur la 142ème. Y a une trop chaude ambiance et t'es sûr de l'impressionner, sauf si t'assures pas ensuite bien sûr. »
Il y eut des rires. Mais John n'arrivait pas à ouvrir les yeux. Deux voix familières discutaient à côté de lui depuis quelques instants. Et la conversation volait bas...
« _Ouais mais faut être sûr de pouvoir entrer ! On m'a dit que c'était sélect à l'entrée. »
« _Dis au courtier que tu viens de ma part, il te fera entrer sauf si t'es vraiment trop mal fringué ! C'est le cousin de la soeur d'un pote de mon oncle. Entre italianos, on aime faire jouer nos relations. »
John réussit enfin à ouvrir les yeux. Sa respiration était gênée par un tube dans sa gorge. Que s'était-il passé ? Combien de temps avait-il dormi ? Sa vue devint plus nette et il put voir à côté de son lit Dave et Malik qui discutaient. Ils remarquèrent son réveil.
« _Tiens ! Voilà notre grand héros qui se réveille ! » Dit Malucci en s'approchant. « Tu sais que la mémé que t'as protégé des éboulis s'en est sortie, bon boulot doc ! Je vais prévenir mister tumeur de ton réveil. »
John voulut demander des nouvelles de Peter et gémit à travers son tube. Sa gorge était enflammée et ça le grattait horriblement. Il commençait à respirer contre la machine. Malik posa une main amicale sur son épaule :
« _ Calmes-toi. On va te l'enlever, t'inquiètes ! »
Mais ce n'était pas ça qui l'inquiétait ! Il fit un rapide signe de la main et Malik comprit aussitôt ce qu'il voulait.
« _Je vais te chercher ça, » répondit l'infirmier avant de sortir de la pièce.
John resta un instant seul dans la pièce. Puis Mark entra. Le jeune docteur avait l'impression d'assister à un défilé devant son lit. Mark lui expliqua son cas mais Carter ne l'écoutait pas. Son esprit entier était focalisé sur Peter, commenta allait-il ? Le docteur Greene ne le mentionnait pas, quelque chose de grave était sûrement arrivé. Mark lui retira le tube de sa gorge mais John ne pouvait toujours pas parler, sa gorge lui faisait trop mal.
Finalement, Malik revint avec un bloc notes et un crayon. Il les tendit à John qui les prit aussitôt et commença à écrire. Puis il montra la feuille à Mark. Ce dernier remonta ses lunettes avant de parler :
« _Comment va Peter... Et bien , il avait plusieurs hémorragies internes mais Elisabeth a réussit à toutes les suturer. Malheureusement il a fait un arrêt. Depuis il est dans le coma. Désolé. »
Le monde s'écroula une fois de plus sous les pieds de John. C'était encore de sa faute. Comme Lucy, Peter allait mourir de sa faute, ou pire rester dans un état végétatif éternellement. Il était maintenant convaincu que de n'apporter que du malheur. Carter ferma doucement les yeux. Mark et Malik le laissèrent seul dans la pièce.
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Les roues du fauteuil roulant grinçaient sur le sol des couloirs du service des soins intensifs. Une infirmière poussait John complètement léthargique vers la chambre de Peter. La jeune femme ouvrit la porte et le poussa doucement à l'intérieur. Peter était étendu sur un lit, relié à un respirateur, un moniteur cardiaque et plusieurs sondes. Cette vision brisa le coeur déjà ravagé de John. Voir cet homme d'habitude si puissant dans un état d'impuissance totale était insensé.
A côté du lit, Cleo était assise sur un tabouret, Reese sur ses genoux. Elle avait les yeux rouges et sembla ne pas remarquer l'arrivé de John. Seul Reese fit un petit signe de la main au jeune docteur. John lui répondit de la même façon. L'infirmière repartit et Carter s'approcha du lit. Il prit la main de Peter dans la sienne et la serra fort. Ce ne fut qu'à ce moment que Cleo sembla le remarquer.
« _Que s'est-il passé exactement ? » Demanda-t-elle la voix tremblante.
« _J'ai pas voulu sortir du tunnel, » répondit John. « Du coup, Peter est resté aussi. Il a toujours veillé sur moi, toujours. Mais moi je n'en fait toujours qu'à ma tête et voilà le résultat. »
Il se maudissait, portant sur lui toute la douleur du monde. Cleo ne fit pas de commentaires. Elle et lui ne s'étaient jamais vraiment entendus, et ce n'est pas aujourd'hui que cela allait commencer. Ils restèrent ainsi en silence autour de Peter inconscient. Mais ce dernier ne se réveillait toujours pas. Les miracles sont toujours si durs à attendre.
Finalement au bout d'une heure, l'infirmière vint rechercher John. N'ayant même pas la force de protester, il ne dit rien quand elle commença à le pousser vers la sortie de la chambre. Soudainement, Reese taqua dans ses mains pour qu'on le regarde.
« _Arrêtez ! » Demanda John.
L'infirmière tourna le fauteuil roulant vers Reese. Le petit garçon fit une série de gestes mais John ne les comprenait pas. Il adressa un regard interrogateur à Cleo :
« _Il a dit que ce n'était pas ta faute, » répondit-elle d'un ton las.
John observa le petit garçon qui lui souriait. Reese ne lui en voulait pas. Il venait de dire que ce n'était pas sa faute. Le médecin ne pouvait pas y croire. Cela suffit à lui redonner un faible sourire :
« _Merci Reese, c'est gentil. » Dit-il avant que l'infirmière ne le pousse vers la sortie.
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Le noir complet.
Peter commença à paniquer. Puis la montée d'adrénaline passée, il essaya de se calmer et de savoir où il était. Des bruits, des froissements de vêtements, une chaise grinçante aussi, un soupir. Les oreilles de Peter captaient chaque son, il n'y avait qu'eux pour le raccrocher la vie. Quelqu'un posa sa main sur la sienne, on lui caressa le visage, c'était soit Cleo soit Carla. Un parfum féminin vint s'accrocher à ses narines, il l'identifia rapidement comme celui de la pédiatre. Tous ses sens étaient en éveil sauf ses yeux qui refusaient de s'ouvrir, ses muscles ne voulaient pas bouger. Il luttait pour essayer d'ouvrir ses paupières mais c'était si dur. Son esprit était aussi rongé par John. S'en était-il sortit ? Il entendit Cleo parler à Reese en articulant pour qu'il puisse lire sur ses lèvres. Le tube lui grattait horriblement la gorge. Il priait pour que quelqu'un s'aperçoive qu'il pouvait respirer sans et qu'on le lui enlève. Ses paupières tressaillirent, il y arrivait presque. Il entendit le souffle de Cleo devenir court, son parfum était plus fort, il sentait qu'elle s'était approchée de lui. Peut-être avait-elle vu ses paupières bouger ? Il réessaya.
Peter entrevit la lumière pendant une fraction de seconde. Le cri de joie de Cleo lui déchira les tympans. Il entendit ses pas sortir de la pièce, puis sa voix dans le couloir demander un médecin.
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Mark entra dans l'obscure chambre d'hôpital de John. Ce dernier faisait semblant de dormir enfoncé dans les draps de son lit. Le docteur Greene soupira et vint lui secouer l'épaule. Le jeune médecin se déconnectait volontairement de la vie depuis l'accident du tunnel, et Mark se sentait en partie responsable. Après tout, c'est lui qui l'avait envoyé là-bas le jour même de son retour. John grogna mais daigna quand même ouvrir les yeux.
« _J'ai deux bonnes et une mauvaise nouvelles à t'annoncer ! » Claironna Mark dans la chambre.
John voulut se remettre sous les couvertures et se boucher les oreilles, mais l'autre médecin attrapa les draps et les retira du lit. Carter se mit à protester et se cacha les yeux quand Mark tira les rideaux.
« _Tu veux les savoir ces trois nouvelles ou pas ? » Redemanda Greene en souriant.
« _Dis-les rapidement et vas-t'en, » répondit John de très mauvaise humeur.
« _Quel accueil chaleureux, » rétorqua Mark cynique. « Bon, la première nouvelle c'est que tu sors demain matin. Ta grand-mère passera te chercher. La deuxième c'est que Peter est réveillé. Et enfin la mauvaise nouvelle c'est qu'il veut te voir demain matin pour te passer un savon. »
Il observa un instant le visage sans réaction de John. Puis ce dernier se mit à sourire. C'est bien la première fois que Mark voyait quelqu'un heureux, à l'idée de se faire tirer les oreilles par Peter Benton.
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« _Docteur Benton ? » Demanda la voix geignarde de John.
Benton ouvrit aussitôt les yeux et vit Carter à côté de son lit. Il ne l'avait pas vu depuis l'accident du tunnel. John avait maigri, il était pâle et semblait encore moins confiant en lui qu'avant.
« _Carter, c'est pas trop tôt. Je pensais que tu ne viendrais plus. » Rétorqua Peter en souriant. Mais la remarque ne fit pas sourire John. Il se sentait trop coupable de tout ce qui était arrivé. Il baissait la tête comme un enfant fautif. Le chirurgien soupira de désespoir. Dieu qu'il n'aimait pas voir son jeune collègue dans cet état ! « Ecoute Carter, je ne vais pas t'engueuler. Ce qui s'est passé dans le tunnel n'était la faute de personne. Ce n'est pas toi qui a provoqué ces fissures. Je dis ça car je sais que tu te rend coupable. »
« _Mais vous avez failli y rester par mon inconscience ! » Répliqua Carter violemment.
« _Mais je suis aussi un grand garçon ! Je décide moi-même de mes actes. Je savais qu'en allant te rejoindre je courrais un risque. Tu n'y es absolument pour rien... Comme pour Lucy. »
« _Comme pour votre neveu. » Ajouta John en détournant le regard.
Peter hésita à répondre. Il se reprochait encore la mort de Jessy, et comprenait combien il était dur de réussir à se pardonner.
« _Oui, comme pour Jessy aussi. Et puis, tu as quand même sauvé la vie à cette dame et ça tu l'oublies un peu vite. »
« _Oh vous savez, sauver une vie en plus ou en moins, j'ai arrêté de compter depuis le temps, » plaisanta John dont le sourire était un peu revenu.
Peter se mit à rire lui aussi. Il aimait retrouver cet aspect de la personnalité de John. Le jeune étudiant naïf était encore présent en lui, et c'était sa force. Carter puisait ses ressources dans son innocence encore intact et ce même si elle avait été tâchée de coûts durs, pareillement Benton puisait ses ressources dans le regard de son fils.
« _Au moins avec cette histoire de tunnel, on pourra raconter à nos petits enfants comment on a survécu coincé entre d'immenses blocs de béton ! » S'exclama Peter.
« _Où se faire mousser à la maison de retraite ! » Ajouta John tout aussi hilare.
« _Je vous dérange ? » Demanda poliment Milicent qui avait passé la tête dans la pièce. Son apparition jeta un grand froid, et les docteurs cessèrent de rire.
« _ Grand-mère ! » S'étonna John. « Excusez-moi, je ne vous attendais pas si tôt. Je suis prêt à partir. » Puis il se retourna vers Peter. « Bonne convalescence docteur Benton. » Dit-il sur un ton très conventionnel.
« _Pitié, arrête de m'appeler docteur Benton, appelles-moi Peter et tutoies moi, d'accord ? » Supplia le chirurgien blasé.
« _Oui doc.. Enfin Peter. »
John allait quitter la pièce pour suivre sa grand-mère déjà dans le couloir, quand Benton l'interpella une dernière fois :
« _Hé John ! Surtout ne laisse personne te dire que tu n'es pas un bon docteur ou que tu attires le malheur. Jamais, tu m'entends ? »
« _Oui, Peter. Jamais je ne laisserais quelqu'un dire cela. » Répondit-il.
« _Considères cela comme la dernière leçon que je te donnes. » Ajouta finalement Peter avant de fermer les yeux.
John sortit de la chambre pressé par sa grand-mère. Quand il fut sorti, Peter rouvrit les yeux. Il regarda la porte close et se mit à sourire. Carter était sur la bonne voie pour se remettre de la disparition de Lucy. Et par la même occasion, Peter savait qu'il commençait lui aussi à enfin accepter la mort de Jessy.
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FIN
La Dernière Leçon
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété des grands manitous du petit monde télévisuel américain.
Note de l'auteur : Désolé d'avoir un peu délaisser cette fanfiction, mais j'ai porté tous mes efforts sur la fin de « Après » et le début d'une nouvelle fanfiction, mais que vous ne découvrirez pas avant janvier :o) Ah que j'adooooore torturer mes lecteurs ! ! ! En plus, je sais que certains d'entre vous désespéraient de pouvoir lire un jour la fin.
Nota Bene : Je ne pense pas qu'il y ait une 142ème rue à Chicago et encore moins un Latino Coco Bar, mais pour le bon déroulement de l'histoire, faîtes comme ci svp !
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Les portes de l'ambulance s'ouvrirent en grand, et on en descendit rapidement le brancard de John. Le jeune docteur vit au-dessus de lui les visages de Jing-Mei et de Kerry. Elles lui parlaient toutes deux mais il ne les entendait pas. Son corps était secoué par le brancard furieusement poussé par l'équipe médical. On l'amena dans le deuxième bloc, et il fut aussitôt transfusé, on lui mit une sonde, on lui aveugla les yeux avec une lampe stylo. Une fois de plus il était à la place du patient. A travers les portes entrouvertes, John pouvait voir Mark et Elisabeth qui s'occupaient de Peter.
Le temps de quelques secondes, il eut l'impression de voir deux yeux bleus, quelques mèches blondes tâchées de rouge, une peau pâle, des gémissements de douleur et de peine, puis ce fut de nouveau Peter. John avait refusé de voir le patient de Lucy, John avait refusé de laisser son patient dans le tunnel. Il avait l'impression de toujours faillir à ce qu'il fallait faire.
Quelqu'un lui tourna la tête et le fixa droit dans les yeux. Jing-Mei. Elle lui parlait, ses lèvres s'agitaient et son regard était inquiet, mais il n'entendait pas et retourna la tête vers la salle où se trouvait Peter. Soudainement sa vision se troubla, des parasites vinrent faire siffler ses oreilles, il n'avait plus la perception de l'espace, il avait le goût du sang dans la bouche, son corps commença à convulser sans qu'il puisse le stopper. Puis noir complet.
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« _Mais nan ! C'est trop grillé d'emmener une fille dans cette boite ! Si elle est vraiment canon et que t'as qu'une envie c'est conclure, fais-moi confiance, emmènes-la au Latino Coco Bar sur la 142ème. Y a une trop chaude ambiance et t'es sûr de l'impressionner, sauf si t'assures pas ensuite bien sûr. »
Il y eut des rires. Mais John n'arrivait pas à ouvrir les yeux. Deux voix familières discutaient à côté de lui depuis quelques instants. Et la conversation volait bas...
« _Ouais mais faut être sûr de pouvoir entrer ! On m'a dit que c'était sélect à l'entrée. »
« _Dis au courtier que tu viens de ma part, il te fera entrer sauf si t'es vraiment trop mal fringué ! C'est le cousin de la soeur d'un pote de mon oncle. Entre italianos, on aime faire jouer nos relations. »
John réussit enfin à ouvrir les yeux. Sa respiration était gênée par un tube dans sa gorge. Que s'était-il passé ? Combien de temps avait-il dormi ? Sa vue devint plus nette et il put voir à côté de son lit Dave et Malik qui discutaient. Ils remarquèrent son réveil.
« _Tiens ! Voilà notre grand héros qui se réveille ! » Dit Malucci en s'approchant. « Tu sais que la mémé que t'as protégé des éboulis s'en est sortie, bon boulot doc ! Je vais prévenir mister tumeur de ton réveil. »
John voulut demander des nouvelles de Peter et gémit à travers son tube. Sa gorge était enflammée et ça le grattait horriblement. Il commençait à respirer contre la machine. Malik posa une main amicale sur son épaule :
« _ Calmes-toi. On va te l'enlever, t'inquiètes ! »
Mais ce n'était pas ça qui l'inquiétait ! Il fit un rapide signe de la main et Malik comprit aussitôt ce qu'il voulait.
« _Je vais te chercher ça, » répondit l'infirmier avant de sortir de la pièce.
John resta un instant seul dans la pièce. Puis Mark entra. Le jeune docteur avait l'impression d'assister à un défilé devant son lit. Mark lui expliqua son cas mais Carter ne l'écoutait pas. Son esprit entier était focalisé sur Peter, commenta allait-il ? Le docteur Greene ne le mentionnait pas, quelque chose de grave était sûrement arrivé. Mark lui retira le tube de sa gorge mais John ne pouvait toujours pas parler, sa gorge lui faisait trop mal.
Finalement, Malik revint avec un bloc notes et un crayon. Il les tendit à John qui les prit aussitôt et commença à écrire. Puis il montra la feuille à Mark. Ce dernier remonta ses lunettes avant de parler :
« _Comment va Peter... Et bien , il avait plusieurs hémorragies internes mais Elisabeth a réussit à toutes les suturer. Malheureusement il a fait un arrêt. Depuis il est dans le coma. Désolé. »
Le monde s'écroula une fois de plus sous les pieds de John. C'était encore de sa faute. Comme Lucy, Peter allait mourir de sa faute, ou pire rester dans un état végétatif éternellement. Il était maintenant convaincu que de n'apporter que du malheur. Carter ferma doucement les yeux. Mark et Malik le laissèrent seul dans la pièce.
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Les roues du fauteuil roulant grinçaient sur le sol des couloirs du service des soins intensifs. Une infirmière poussait John complètement léthargique vers la chambre de Peter. La jeune femme ouvrit la porte et le poussa doucement à l'intérieur. Peter était étendu sur un lit, relié à un respirateur, un moniteur cardiaque et plusieurs sondes. Cette vision brisa le coeur déjà ravagé de John. Voir cet homme d'habitude si puissant dans un état d'impuissance totale était insensé.
A côté du lit, Cleo était assise sur un tabouret, Reese sur ses genoux. Elle avait les yeux rouges et sembla ne pas remarquer l'arrivé de John. Seul Reese fit un petit signe de la main au jeune docteur. John lui répondit de la même façon. L'infirmière repartit et Carter s'approcha du lit. Il prit la main de Peter dans la sienne et la serra fort. Ce ne fut qu'à ce moment que Cleo sembla le remarquer.
« _Que s'est-il passé exactement ? » Demanda-t-elle la voix tremblante.
« _J'ai pas voulu sortir du tunnel, » répondit John. « Du coup, Peter est resté aussi. Il a toujours veillé sur moi, toujours. Mais moi je n'en fait toujours qu'à ma tête et voilà le résultat. »
Il se maudissait, portant sur lui toute la douleur du monde. Cleo ne fit pas de commentaires. Elle et lui ne s'étaient jamais vraiment entendus, et ce n'est pas aujourd'hui que cela allait commencer. Ils restèrent ainsi en silence autour de Peter inconscient. Mais ce dernier ne se réveillait toujours pas. Les miracles sont toujours si durs à attendre.
Finalement au bout d'une heure, l'infirmière vint rechercher John. N'ayant même pas la force de protester, il ne dit rien quand elle commença à le pousser vers la sortie de la chambre. Soudainement, Reese taqua dans ses mains pour qu'on le regarde.
« _Arrêtez ! » Demanda John.
L'infirmière tourna le fauteuil roulant vers Reese. Le petit garçon fit une série de gestes mais John ne les comprenait pas. Il adressa un regard interrogateur à Cleo :
« _Il a dit que ce n'était pas ta faute, » répondit-elle d'un ton las.
John observa le petit garçon qui lui souriait. Reese ne lui en voulait pas. Il venait de dire que ce n'était pas sa faute. Le médecin ne pouvait pas y croire. Cela suffit à lui redonner un faible sourire :
« _Merci Reese, c'est gentil. » Dit-il avant que l'infirmière ne le pousse vers la sortie.
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Peter commença à paniquer. Puis la montée d'adrénaline passée, il essaya de se calmer et de savoir où il était. Des bruits, des froissements de vêtements, une chaise grinçante aussi, un soupir. Les oreilles de Peter captaient chaque son, il n'y avait qu'eux pour le raccrocher la vie. Quelqu'un posa sa main sur la sienne, on lui caressa le visage, c'était soit Cleo soit Carla. Un parfum féminin vint s'accrocher à ses narines, il l'identifia rapidement comme celui de la pédiatre. Tous ses sens étaient en éveil sauf ses yeux qui refusaient de s'ouvrir, ses muscles ne voulaient pas bouger. Il luttait pour essayer d'ouvrir ses paupières mais c'était si dur. Son esprit était aussi rongé par John. S'en était-il sortit ? Il entendit Cleo parler à Reese en articulant pour qu'il puisse lire sur ses lèvres. Le tube lui grattait horriblement la gorge. Il priait pour que quelqu'un s'aperçoive qu'il pouvait respirer sans et qu'on le lui enlève. Ses paupières tressaillirent, il y arrivait presque. Il entendit le souffle de Cleo devenir court, son parfum était plus fort, il sentait qu'elle s'était approchée de lui. Peut-être avait-elle vu ses paupières bouger ? Il réessaya.
Peter entrevit la lumière pendant une fraction de seconde. Le cri de joie de Cleo lui déchira les tympans. Il entendit ses pas sortir de la pièce, puis sa voix dans le couloir demander un médecin.
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Mark entra dans l'obscure chambre d'hôpital de John. Ce dernier faisait semblant de dormir enfoncé dans les draps de son lit. Le docteur Greene soupira et vint lui secouer l'épaule. Le jeune médecin se déconnectait volontairement de la vie depuis l'accident du tunnel, et Mark se sentait en partie responsable. Après tout, c'est lui qui l'avait envoyé là-bas le jour même de son retour. John grogna mais daigna quand même ouvrir les yeux.
« _J'ai deux bonnes et une mauvaise nouvelles à t'annoncer ! » Claironna Mark dans la chambre.
John voulut se remettre sous les couvertures et se boucher les oreilles, mais l'autre médecin attrapa les draps et les retira du lit. Carter se mit à protester et se cacha les yeux quand Mark tira les rideaux.
« _Tu veux les savoir ces trois nouvelles ou pas ? » Redemanda Greene en souriant.
« _Dis-les rapidement et vas-t'en, » répondit John de très mauvaise humeur.
« _Quel accueil chaleureux, » rétorqua Mark cynique. « Bon, la première nouvelle c'est que tu sors demain matin. Ta grand-mère passera te chercher. La deuxième c'est que Peter est réveillé. Et enfin la mauvaise nouvelle c'est qu'il veut te voir demain matin pour te passer un savon. »
Il observa un instant le visage sans réaction de John. Puis ce dernier se mit à sourire. C'est bien la première fois que Mark voyait quelqu'un heureux, à l'idée de se faire tirer les oreilles par Peter Benton.
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« _Docteur Benton ? » Demanda la voix geignarde de John.
Benton ouvrit aussitôt les yeux et vit Carter à côté de son lit. Il ne l'avait pas vu depuis l'accident du tunnel. John avait maigri, il était pâle et semblait encore moins confiant en lui qu'avant.
« _Carter, c'est pas trop tôt. Je pensais que tu ne viendrais plus. » Rétorqua Peter en souriant. Mais la remarque ne fit pas sourire John. Il se sentait trop coupable de tout ce qui était arrivé. Il baissait la tête comme un enfant fautif. Le chirurgien soupira de désespoir. Dieu qu'il n'aimait pas voir son jeune collègue dans cet état ! « Ecoute Carter, je ne vais pas t'engueuler. Ce qui s'est passé dans le tunnel n'était la faute de personne. Ce n'est pas toi qui a provoqué ces fissures. Je dis ça car je sais que tu te rend coupable. »
« _Mais vous avez failli y rester par mon inconscience ! » Répliqua Carter violemment.
« _Mais je suis aussi un grand garçon ! Je décide moi-même de mes actes. Je savais qu'en allant te rejoindre je courrais un risque. Tu n'y es absolument pour rien... Comme pour Lucy. »
« _Comme pour votre neveu. » Ajouta John en détournant le regard.
Peter hésita à répondre. Il se reprochait encore la mort de Jessy, et comprenait combien il était dur de réussir à se pardonner.
« _Oui, comme pour Jessy aussi. Et puis, tu as quand même sauvé la vie à cette dame et ça tu l'oublies un peu vite. »
« _Oh vous savez, sauver une vie en plus ou en moins, j'ai arrêté de compter depuis le temps, » plaisanta John dont le sourire était un peu revenu.
Peter se mit à rire lui aussi. Il aimait retrouver cet aspect de la personnalité de John. Le jeune étudiant naïf était encore présent en lui, et c'était sa force. Carter puisait ses ressources dans son innocence encore intact et ce même si elle avait été tâchée de coûts durs, pareillement Benton puisait ses ressources dans le regard de son fils.
« _Au moins avec cette histoire de tunnel, on pourra raconter à nos petits enfants comment on a survécu coincé entre d'immenses blocs de béton ! » S'exclama Peter.
« _Où se faire mousser à la maison de retraite ! » Ajouta John tout aussi hilare.
« _Je vous dérange ? » Demanda poliment Milicent qui avait passé la tête dans la pièce. Son apparition jeta un grand froid, et les docteurs cessèrent de rire.
« _ Grand-mère ! » S'étonna John. « Excusez-moi, je ne vous attendais pas si tôt. Je suis prêt à partir. » Puis il se retourna vers Peter. « Bonne convalescence docteur Benton. » Dit-il sur un ton très conventionnel.
« _Pitié, arrête de m'appeler docteur Benton, appelles-moi Peter et tutoies moi, d'accord ? » Supplia le chirurgien blasé.
« _Oui doc.. Enfin Peter. »
John allait quitter la pièce pour suivre sa grand-mère déjà dans le couloir, quand Benton l'interpella une dernière fois :
« _Hé John ! Surtout ne laisse personne te dire que tu n'es pas un bon docteur ou que tu attires le malheur. Jamais, tu m'entends ? »
« _Oui, Peter. Jamais je ne laisserais quelqu'un dire cela. » Répondit-il.
« _Considères cela comme la dernière leçon que je te donnes. » Ajouta finalement Peter avant de fermer les yeux.
John sortit de la chambre pressé par sa grand-mère. Quand il fut sorti, Peter rouvrit les yeux. Il regarda la porte close et se mit à sourire. Carter était sur la bonne voie pour se remettre de la disparition de Lucy. Et par la même occasion, Peter savait qu'il commençait lui aussi à enfin accepter la mort de Jessy.
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FIN
