Resurgam
Chapitre IV : La Prophétie.
Première partie : « Tant qu'il y aura de la haine dans le cœur des humains… »
« … Le sacré luttait contre la destruction que représentait le Météore. Mais bien qu'acharnée, c'était une lutte inégale. Perdant peu à peu du terrain, le bouclier sacré qui s'était élevé au-dessus de la ville n'a pu finalement empêcher le danger venu des étoiles d'atteindre son but ; la tour ShinRa, le plus haut bâtiment de Midgar, a été le premier à disparaître dans le tourbillon de mort que créait le Météore. Cid implorait encore et encore Dame Fortune de nous prêter sa chance, et soudain, alors que nous étions en train de perdre espoir à la vue de la fin irrémédiable de toute vie sur la Planète… Une chose belle, merveilleuse, incroyable est arrivée… C'était… une lumière – une lumière éclatante au milieu des ténèbres créées par l'ombre gigantesque du Météore tombant sur Midgar. Cette lumière d'espoir, d'amour et de compréhension nous entourait. Nous étions alors sortis sur le pont supérieur du Hautvent. Nous nous sommes penchés au-dessus de la rambarde et nous l'avons vue : la Rivière de Vie. Ou plutôt les âmes de la Rivière qui convergeaient vers Midgar en un flot magique et serpentant gracieusement sur la surface de la Planète. Arrivée à destination, la lumière est devenue encore plus intense, pure, aveuglante. Ma pupille a commencé à me faire mal – cette lumière portait une telle force en elle ! La force de la Vie… Lorsque c'est devenu insupportable, j'ai fermé l'oeil. »
A ce moment de son récit, le vieux Nanaki ferma aussi son œil gauche, son unique œil, l'autre étant borgne pour on ne sait quelle raison. Il soupira avec nostalgie et poursuivit :
« L'instant d'après, j'ai entendu la voix de Clad murmurer "Adieu Aeris" ; j'ai rouvert l'œil et… Aeris était là ! Son image, éthérée, belle, doucement lumineuse, planait à côté de l'aérostat. Elle m'a sourit en me voyant puis son image est devenue une petite lueur verte, phosphorescente, qui a rejoint le flot des âmes en train de se retirer, de retourner à la Planète. Le Météore avait disparu, vaincu par la Rivière de Vie. Midgar – surtout la partie haute de la ville – était en partie détruite mais miraculeusement, nous n'avons eu à déplorer que quelques blessés parmi les habitants qui avaient refusé de quitter leur ville pour se mettre à l'abri à Kalm. La stupéfaction a ensuite laissé place à l'euphorie. Rendez-vous compte : la fin du monde venait d'être évitée ! Devant les questions qui fusaient à notre égard, vos ancêtres et moi-même avons "expliqué" aux populations que la Planète avait décidé de se sauver elle-même et que nous n'y étions pour rien. Après tout, c'était vrai ; une vérité incomplète, mais une vérité tout de même. Nous avions décidé de ne rien dire à propos de notre implication dans cette histoire afin de ne pas avoir non plus à révéler la vérité à propos de Sephiroth et de la Réunion de Jenova. Cela nous mettait tous mal à l'aise, et nous ne voulions pas qu'une personne un peu dérangée aille déterrer à nouveau les restes de Jenova à la Grotte Nord, afin de s'emparer de son pouvoir et aller asservir le monde, par exemple ! Cependant, certains villageois, qui avaient été témoins lors de nos multiples combats de nos pouvoirs disons "hors du commun", ont échafaudé l'incroyable théorie selon laquelle nous aurions arrêté le Météore grâce à notre magie, juste avant qu'il ne percute la Planète ! D'où cette statue commémorative érigée en notre honneur qu'ils ont exigée quelques années plus tard du nouveau maire de Neo-Midgar, Reeve, notre allié qui dirigeait Cait Sith du temps d'AVALANCHE. Peu de gens connaissaient bien nos visages, ils se souvenaient surtout de nos silhouettes, nos habits et de l'incroyable lueur de Mako qui brillait dans les yeux de Clad ; alors nous avons préféré ne pas poser pour le sculpteur, nous lui avons envoyé des petites photos de nous, en pieds, prises de loin, et plutôt floues… alors le pauvre homme, incapable de distinguer nos figures, a tenté de faire sensation en ne sculptant pas les visages des statues ! Hahaha, si vous aviez vu la tête que faisaient les gens qui ont assisté à l'inauguration de cette "Statue des Héros" !!! conclut Nanaki en gloussant de rire à ce souvenir.
- Wow ! fit Anthea Strife après ce long mais passionnant récit de Nanaki.
- Hum… » se contenta de dire Ichabot Wallace d'un air détaché. Il porta la main à son front et se mit à contempler ses chaussures, partagé entre l'envie de bailler ou de s'enfuir avant de mourir d'ennui.
« Finalement, mon aïeul n'était pas si pitoyable après tout ! se rassura Zeon Highwind avec un grand sourire.
- Après ça, poursuivit Nanaki, nous avons continué chacun de notre côté, ayant chacun des choses différentes à faire, mais nous promettant de nous revoir tous ensemble un jour. Cid est bien sûr retourné au village Fusée. Clad est parti vivre à Costa del Sol où il avait acheté une villa. Tifa a ouvert un nouveau bar, à Kalm cette fois-ci. Barret et Marlène sont allés à Corel Nord pour encourager la reconstruction de la ville en y apportant une large contribution financière. Yuffie est rentrée chez elle à Utai, s'est à nouveau disputée avec son père, est repartie sur les routes, est revenue quelques semaines plus tard pour se réconcilier avec son père le seigneur Godo – tout ça, plusieurs fois de suite ! Reeve, lui, avait dès la fin de notre aventure supervisé les travaux de construction d'une nouvelle ville, Neo-Midgar, à plusieurs dizaines de kilomètres de l'ancienne Midgar et il y est resté en tant que maire. La nouvelle ville avait été construite sur le modèle de l'ancienne mais il n'y avait plus la plaque séparant les sections hautes et basses de la cité, les réacteurs à Mako avaient été bannis et partout on réintroduisait peu à peu d'autres sources d'énergie moins nocives à l'équilibre de la Planète. Après une dizaine d'années d'adaptation, au début assez laborieuse on doit l'avouer, la vie s'organisa finalement autour de l'énergie solaire et éolienne sur le continent Ouest (surtout de l'énergie solaire dans la région de Costa del Sol), de l'énergie éolienne et du gaz naturel sur le continent d'Utai, de la fusion thermo-nucléaire sur les continents Est et Nord, et Mideel se spécialisa dans l'électricité hydraulique. Tout ceci marqua le déclin des matérias. En effet, comme je vous l'ai expliqué tout à l'heure, ces pierres mystiques donnaient à leur détenteur des pouvoirs psycho-paranormaux car elles concentrent en elles l'essence de la Rivière de la Vie. Et une matéria a une durée de vie assez courte – à peine quelques mois si son détenteur fait appel à ses pouvoirs régulièrement – et chaque matéria ne croît qu'une seule et unique fois en "donnant naissance" à une autre matéria. Or, en cessant de nuire à notre mère la Planète et en bannissant l'utilisation des réacteurs à Mako, plus aucune nouvelle matéria ne fut extraite de la Rivière à partir de la fin de la crise du Météore. Au bout d'une centaine d'années, le peu de matérias qui restaient devinrent obsolètes et inutiles, la population de monstres ayant beaucoup décru car la Planète avait retrouvé son équilibre et n'en produisait plus, de ces monstres qui n'étaient en fait que des sortes de mutations nées d'une Rivière de Vie à l'agonie. Les monstres devenant de moins en moins nombreux, de moins en moins puissants, fuyaient au lieu d'attaquer les humains et finirent par se cacher dans les endroits les plus reculés. La population civile n'avait plus besoin de savoir se battre pour n'oser ne serait-ce que mettre un pied hors de la ville, les échanges commerciaux purent alors se développer, les marchands allant et venant sans plus risquer d'être mangés par des monstres à présent. Les échanges culturels s'étendirent grâce à ces liens commerciaux tissés entre pays. Grâce à ces échanges, la compréhension et les compromis prirent le dessus sur les jalousies et la peur de l'inconnu. Alors les guerres entre humains s'espacèrent de plus en plus, et c'est ainsi qu'on a pu connaître une grande ère de paix depuis plus de 300 ans…
- Hourra !! Bravo ! »
On se tourna vers celui qui venait de crier ainsi. C'était Ichabot Wallace qui était en train d'applaudir, un air sinistrement ironique sur le visage. Il cessa d'applaudir et se leva prestement de sa chaise.
« Votre histoire est passionnante, Maître Nanaki ! déclara t-il froidement en insistant un peu trop sur l'adjectif "passionnante". Mais malgré mon amour indéfectible des histoires qui se finissent bien, j'ai d'autres choses à faire voyez-vous, que de suivre vos cours d'Histoire de la Planète. Alors venez-en au but. Ou bien laissez-moi repartir à Junon afin que je puisse m'occuper de mes entreprises !
- J'allais venir "au but" comme vous dites, répondit Nanaki en s'efforçant de garder son calme. Il se trouve que le contexte est très important à la compréhension de ce qui va suivre.
- Nous sommes tout ouïe ! lança le PDG de la Wallace corp. en regardant ostensiblement sa montre.
- Pour cela, il nous faut revenir aux premières années qui ont suivi la chute du Météore…
- Et c'est reparti pour un tour… » soupira Ichabot en se laissant tomber sur sa chaise, une main posée sur son front fatigué.
Anthea jeta un regard en coin au jeune homme, la désapprobation se lisant facilement sur son visage sérieux. Elle rectifia ses lunettes qui étaient en train de glisser sur l'arête quasi-inexistante de son petit nez fin, et elle continua à suivre avec intérêt l'histoire de Nanaki, en ignorant royalement le jeune antipathique qui soupirait et marmonnait quelque chose à propos de ses entreprises à Junon et de la démence sénile qui guettait un certain fauve roux de Cosmo Canyon.
Le fauve roux de Cosmo Canyon dont il était question se contenta d'ignorer ces marmonnements peu flatteurs (qu'il avait d'ailleurs parfaitement entendus grâce à son ouïe fine), et il se mit à marcher en rond devant l'assemblée d'humains, essayant de trouver comment annoncer tout ça de la manière la plus claire et "logique" possible. Les pendentifs. Oui, il valait mieux commencer par leur parler des pendentifs, ce serait plus aisé pour leur parler de la Bête une fois la question des pendentifs abordée. Il prit une grande inspiration comme s'il allait se jeter – littéralement – à l'eau et parla :
« Parmi tous les membres de notre groupe, Vincent Valentine est la seule personne que je n'aie pas encore évoquée dans mon récit de la période post- Météore. Vincent avait parfois un humour… hum… particulier qui nous mettait mal à l'aise. Mais la plupart du temps, il était sérieux et professionnel tout en continuant à être rongé intérieurement par ses remords et en fait, il était si… »
Nanaki se retint de dire "bizarre", et compléta par un adjectif plus approprié : « … si solitaire que lorsqu'il a disparu de la circulation durant plusieurs années, nous avons tous pensé que finalement… il était mort de sa propre main… »
Anthea Strife et Chrystal Azel élevèrent la main vers la bouche, réprimant un hoquet d'inquiétude ; elles étaient pendues aux lèvres de Nanaki, attendant la sentence que ce dernier allait énoncer pour Vincent.
« Quelle ne fut pas ma surprise…, continua Nanaki en fronçant les sourcils d'un air cependant amusé à ce souvenir, … ma surprise de tomber un jour sur Vincent, en parfaite santé, et surtout, avec un grand sourire sur les lèvres. Ce n'était pas la première fois que je le voyais sourire ; Vincent avait souri – rarement, mais souri tout de même, pendant les quelques mois qu'il avait passés dans notre groupe AVALANCHE. Mais j'avais toujours pensé que ses sourires d'antan étaient…
- Tristes ? se risqua Chrystal.
- Non, répondit Nanaki d'une voix grave. Ses sourires étaient plutôt… déments… et ses rires dangereux… »
Un silence perplexe se fit dans la salle, bientôt interrompu par une voix : « Mais ce jour-là, Vincent souriait joyeusement et je peux vous dire que ça m'a surpris. Plus que de le revoir vivant. C'est tout vous dire ! fit le fauve en riant nerveusement. Et lorsque les autres ont découvert que Vincent était parti refaire sa vie sans rien leur dire, sans donner aucune nouvelle depuis plusieurs années, le pauvre solitaire a subi quelques… "accolades amicales" qui l'ont laissé entre la vie et la mort, héhéhé ! »
Nanaki s'arrêta dans son récit pour glousser de rire, les autres le regardèrent en clignant les yeux d'un air hébété, Ichabot levait un sourcil perplexe en le fixant.
« Quoi ?! demanda Nanaki avec la désagréable impression de se tenir devant un banc d'huîtres humaines.
- …………….……………….. Rien, répondirent les huîtres en chœur.
- …… Vous avez mal compris ! Nous n'avons pas tué Vincent !
- ……………… Bien sûr.
- Argh, vous ne comprenez pas l'exagération comique de mes paroles ou quoi ?! s'exclama Nanaki en manquant s'étrangler de frustration. Les autres étaient furieux qu'il soit parti ainsi sans un mot en les laissant s'angoisser de ne pas le savoir mort ou vivant, alors nous avons tous débarqué dans la nouvelle demeure de Vincent, le lendemain du jour où ils m'ont harcelé de questions après avoir découvert que j'avais vu Vincent quelques jours auparavant. Là, Clad et Cid l'ont quasiment étouffé en le serrant dans leurs bras, Barret l'a envoyé valdinguer contre le mur en lui donnant une tape amicale dans le dos, Tifa a mouillé deux de ses chemises préférées en pleurant de joie sur son épaule, Yuffie l'a à moitié étranglé en se jetant à son cou pour lui dire bonjour puis elle a "emprunté" (discrètement et sans l'accord de Vincent) la matéria Phoenix qu'il avait gardée depuis la Crise du Météore et ensuite, Vincent nous a invités à prendre le thé… Bref, nous étions tous si heureux de le revoir vivant, en forme, et surtout de voir que lui-même semblait heureux de vivre !
- …….………. Ah, ouais ! Ok, d'accord… »
Un grand silence s'ensuivit, entrecoupé de quelques toux gênées. Puis Anthea prononça la formule magique : « Et que s'est-il passé ensuite ? demanda t-elle à Nanaki.
- Je n'aurais pas dû m'appesantir sur le sujet de Vincent, marmonna t-il en réponse, et en arriver tout de suite à la conclusion de nos retrouvailles avec lui : le jour de son mariage.
- … Huh ? Avec qui ?
- Avec Lucrécia.
- Mais on croyait qu'elle était morte, et que son esprit était dans la grotte derrière la cascade de Nibel, et que…
- Vous avez mal cru, répliqua Nanaki laconiquement.
- …
- C'était un très joli mariage, continua le sage de Cosmo. La mariée était ravissante et pour une rare fois, le marié riait aux éclats ! C'était la première fois depuis des années que tout notre groupe était réuni car même Reeve était présent malgré sa fonction de maire qui accaparait tout son temps. Ce jour-là, nous avons eu la surprise d'assister à une double cérémonie de mariage : celle de Lucrécia et Vincent, minutieusement préparée à l'avance et quasiment minutée à la perfection, et celle de Tifa et Clad, improvisée, décidée le matin-même et si touchante par sa maladroite imperfection. Il faut dire que ces deux-là nous avaient bien fait attendre, cherchant depuis de longues années à s'avouer (à l'un à l'autre autant qu'à eux-mêmes) qu'ils étaient plus que des camarades d'enfance ou des amis de combat. Je me souviendrai toujours du moment où Vincent s'est tenu les côtes de rire, tandis qu'il donnait à Clad un anneau de porte-clés sensé représenter la bague de mariée que Barret avait perdue dans sa précipitation de garçon d'honneur ! »
Nanaki s'arrêta un instant, savourant avec un sourire le souvenir d'un Clad vert de rage que Cid et Reeve retenaient par les épaules afin de l'empêcher de se jeter sur Barret pour l'étrangler, tandis que Tifa s'interposait en hurlant qu'elle ne laisserait personne se battre le jour de son mariage.
- Clad, je te préviens ! Tu gâches MON mariage, et tu auras affaires avec MOI !! menaça Tifa en brandissant un poing puissant sous le nez de son futur-mari.
- … Gloups. Entendu, Chérie…
« C'est ce même jour que j'ai offert à chacun de mes amis un petit cadeau, symbole de notre esprit d'équipe, qui rappellerait chacun au souvenir des autres, même si nous vivions si éloignés les uns des autres, éparpillés sur différents continents de la Planète. »
Tout en disant cela, Nanaki désignait un pendentif, qui semblait en porcelaine blanche ou en céramique, qu'il portait autour du cou sur un lien de cuir tressé. Anthea, Zeon et les Azel eurent la même réaction : ouvrant la bouche pour parler tous en même temps, ils se turent pourtant et refermèrent les lèvres sans avoir prononcé un mot, en se regardant les uns les autres avec perplexité. Ichabot, lui, se mit à fixer le pendentif en fronçant les sourcils, se demandant où et quand il avait bien pu avoir vu cette babiole traîner. Nanaki, trop absorbé par son propre récit, et surtout par ses souvenirs qui refaisaient surface, les ignorait et continuait : « Chacun a promis de donner à son enfant aîné, garçon ou fille, ce pendentif en lui recommandant de le transmettre ensuite à l'aîné de ses enfants qu'il ou elle aurait plus tard, et ainsi de suite… J'avais offert mon pendentif à mon fils Seto, qui l'a ensuite donné à son premier fils, qui l'a légué à sa fille, la mère de Luna. Mais dernièrement, je n'ai pas voulu qu'elle le transmette à Luna. Alors le pendentif m'est revenu. Je ne voulais pas que Luna soit mêlée à cette affaire : elle est non seulement trop jeune mais aussi trop impulsive et méfiante envers les humains. Nous devons nous entraider, et non nous laisser aveugler par la méfiance. C'est un… luxe que nous ne pouvons nous permettre à cause de l'imminence du Réveil de la Bête…
- Pardon ??
- Je vais vous expliquer : il y a environ 50 ans, nous avons découvert, l'un de mes petits-fils et moi, une plaque de pierre gravée. Elle était dans une des grottes pullulant dans la chaîne de montagne au nord de Junon. L'inscription que la pierre portait était dans une langue disparue depuis bien longtemps : la langue des anciens Cetras.
- Les légendaires Cetras qui pouvaient "communiquer" avec la Planète – du moins d'après ce que vous avez rabâch… euh, raconté depuis des heures. C'est ça ?
- Oui, monsieur Wallace, répondit Nanaki d'un air détaché. Les Cetras, protecteurs de la Planète et nos -VOS- ancêtres à tous d'une certaine manière, nous avertissaient d'un danger. Mon fils Seto et moi avons passé des années à déchiffrer l'inscription, poussés par la curiosité et par notre instinct, ou simplement par un mauvais pressentiment peut-être. Quoi qu'il en soit, une fois l'inscription déchiffrée, nous avons été partagés entre l'angoisse, la perplexité, l'incrédulité et la foi. Alors nous avons fait des recherches supplémentaires. Mais avant de vous parler des découvertes que ces recherches supplémentaires ont permises, voici la traduction de la plaque trouvée dans la grotte. Ainsi que la plaque elle- même… »
A ces mots, il se dirigea vers le tableau qui dissimulait les commandes du téléviseur géant sur lequel ils avaient visionné ce reportage fort intéressant d'AVALANCHE. Nanaki appuya sur un autre bouton, un coffre-fort apparut sur le mur qui était jusqu'alors si lisse que personne n'aurait pu soupçonner l'existence de ce coffre secret. Il ouvrit la porte blindée et en sortit une feuille de papier ainsi qu'une étrange tablette de pierre d'un noir profond. Il déposa le tout sur la table basse du salon. Anthea s'approcha de la table pour observer la tablette de plus près. "Faite de roche volcanique d'après sa couleur et sa texture extérieure…" conclut-elle intérieurement après avoir retourné la pierre dans ses mains. "Mais les montagnes au nord de Junon ne sont pas volcaniques…" songea t-elle soudain "… or c'est là-bas que cette pierre a été retrouvée. Mais le volcan le plus proche est… à des milliers de kilomètres de là ! La tectonique des plaques n'a certainement pas pu affecter l'emplacement de cette tablette, si elle ne date que de l'ère des Cetras, il y a 2000 ans. Et elle ne semble même pas si ancienne que ça…"
Les inscriptions et signes sur la pierre lui étaient parfaitement inconnus. Assez normal après tout : elle ne pouvait parler couramment que trois langues, et le Cetra ancien ne faisait pas partie de la liste !
Ichabot Wallace se pencha par-dessus son épaule pour observer la pierre qu'Anthea venait de reposer sur la table basse, devant laquelle elle s'était finalement agenouillée. Malgré elle, la promiscuité avec cet homme lui fit monter le rouge aux joues : elle le trouvait parfaitement détestable !
Il s'empara du papier sur lequel se trouvait la traduction de la tablette, comme s'il lui appartenait, sans demander à qui que ce soit son avis puis, d'une voix qui déplut fortement à Anthea sans même qu'elle en sache la raison, Ichabot annonça sa décision : « Je vais faire la lecture. Ça me permettra de ne pas mourir d'ennui et de désœuvrement, ajouta t-il avec sarcasme tout en s'éclaircissant la gorge. Voyons voir… Hum, c'est écrit en Centralien…
- Assez logique, remarqua Anthea avec dédain. Maître Nanaki l'a écrit, il habite sur le Continent Ouest, et c'est le Centralien qu'on parle sur cette partie de la Planète. Mais venant de Junon, vous ne savez certainement pas lire le Centralien, n'est-ce pas ?
- Ce n'est pas parce que la langue officielle sur cette Planète est MA langue natale que je ne sais pas parler les autres dialectes, Miss ! » répliqua Ichabot d'un air pincé.
Pour prouver ce point, il se mit à lire le texte sans aucune difficulté, mettant les intonations là où il fallait et allant même jusqu'à imiter l'accent Centralien d'Anthea – ce qui ne fit qu'empirer la situation, la jeune femme ne supportant pas qu'on se moque d'elle. Au bout d'une minute de lecture qui était entrecoupée de répliques cinglantes sous couvert de politesses extrêmes fusant entre Anthea et Ichabot, Christobald Azel se mit à toussoter pour attirer leur attention.
« Désolé de vous déranger, mais moi, je ne comprends pas le Centralien, fit- il. Quelqu'un pourrait traduire ? Euh, s'il vous plait ? »
Ichabot et Anthea étaient en train de se lancer des regards glaciaux. Nanaki les regardait en soupirant avec lassitude et Chrystal faisait de même. Zeon voulut se lever pour se porter volontaire mais avant qu'il n'ait pu prendre la feuille des mains d'Ichabot, ce dernier qui continuait à lorgner Anthea d'un air mauvais alla se rasseoir sur sa chaise, déplia la feuille d'un geste brutal et frustré, et il se mit à traduire :
« Les présages furent néfastes dernièrement ! dit-il, assénant chaque mot comme s'il s'agissait d'une massue avec laquelle il aurait pu cogner en rythme sur la tête de quelqu'un (Anthea Strife de préférence). Les anciens de notre clan ont décidé qu'il fallait aller voir ça de plus près. Alors un groupe de nos plus vaillants guerriers est parti vers le grand Glacier. Nous attendons donc leur retour pour connaître peut-être enfin la cause de ces bouleversements géologiques et météorologiques… »
"Baka arrogant !" Anthea rumina t-elle intérieurement en se renversant contre le dossier de sa chaise, les jambes croisées et les bras de même.
« Il manque des mots après ça, annonça ensuite Ichabot qui était plus calme à présent.
- La tablette a subi des dégradations au fil du temps, expliqua Nanaki. Certains mots ont été rendus illisibles, et certains étaient incompréhensibles pour nous alors nous les avons soit laissés de côté soit traduits au mieux de nos capacités.
- Bon, je poursuis : Les guerriers ne sont pas revenus ! Mais (…) Et notre peuple est en train de s'éteindre lentement mais sûrement. Pas seulement d'un point de vue physique, mais aussi mental. Notre volonté est… attaquée. La menace n'est plus à prendre à la légère… Alors hier, en qualité de détenteur de notre mémoire, j'ai accompagné les Anciens jusque sur le Glacier.
- "Détenteur de notre mémoire", répéta Chrystal. Est-ce qu'il veut dire qu'il est le scribe de cette tribu ?
- Sûrement, répondit Nanaki. Mais il a utilisé précisément ces mots "Détenteur de notre mémoire" ; pourquoi ? Je n'en sais rien.
- Alors (…) nous avons vu la Créature, cause de tous nos soucis ! continuait Ichabot en levant un sourcil. Les Anciens ont essayé de s'opposer à elle mais ils ont perdu la vie durant l'affrontement. Tout espoir semblait perdu, j'ai commencé à fuir, ma couardise prenant le dessus… Lorsque… (…) plusieurs (…) apparus. La bataille a fait rage et moi, simple observateur impuissant de cette fantastique lutte, ai été blessé malgré la distance. Pendant ma perte de connaissance, j'ai entendu une voix glaciale annoncer d'un ton tonitruant et menaçant : "Tant qu'il y aura de la haine dans le cœur des humains, des peurs et des désirs, des rêves et des cauchemars… Je renaîtrai et je détruirai. Car tel est l'unique moyen de reconstruire"… »
Ichabot s'interrompit un instant, lâchant un "Ha !" ironique. « Cette "Créature" a un superbe sens de la contradiction, aucun doute là-dessus ! » ajouta t-il avant de poursuivre sa traduction du papier de Nanaki : « Puis plusieurs autres voix se sont élevées au-dessus de la tempête, me révélant une vérité effrayante : "La Bête a été vaincue mais le Mal ne peut mourir. La désolation, le chaos et la mort ne peuvent mourir, seulement renaître en un cycle perpétuel depuis la Nuit des Temps. Le pouvoir de destruction de la Bête a été scellé, puis à la fin de cette période, (…) un être différent mais foncièrement identique. Pour y faire face, d'autres Elus seront désignés par leur sang: ceux qui ont le pouvoir de menacer ce qui est, autant que celui de déterminer ce qui sera par leurs choix. Ainsi est leur destinée car la destinée humaine est ainsi : éphémère vie, funeste avenir, insupportable conscience. Mais la volonté de vivre peut renverser la menace du futur. Car la vie est l'espoir et l'espoir se conjugue au présent"… Dites donc, un peu plus et j'en pleurerais ! » commenta Ichabot à voix basse.
Il prononça les dernières lignes de la prophétie telle une sentence de mort : « Voilà ce que j'ai entendu. Et voici ce que j'ai compris : la créature responsable de la destruction de mon peuple est la Bête. Après son sommeil forcé, seuls des humains particuliers, déterminés par leur sang c'est à dire leur hérédité, pourront la vaincre – hélas seulement d'une façon temporaire. Malgré cela, il est de notre devoir de croire et le devoir des Elus sera de persévérer. Comme le cycle de la Vie est perpétuel, celui de la Mort le sera de même. Et ainsi, après chaque cycle de cinq fois cent années, la Bête se réveillera, prenant à chaque fois un visage différent, faisant peser une hideuse menace sur le monde ; et il est dit que l'équilibre de la planète sera rompu, à moins qu'un groupe de guerriers, courageux descendants directs des précédents Elus, ne se manifeste et ne fasse leur choix. A présent mon récit s'achève avec ma vie, puissent les générations futures décider au mieux… »
*****
Notes : J'ai vraiment abusé. Pour cette histoire comme pour mes autres fanfics en plusieurs chapitres, cela fait des mois que je n'avais pas écrit un mot. Pardon à ceux qui attendaient la suite impatiemment (vous n'êtes pas très nombreux mais quand même…) Enfin bon, je me suis sérieusement remise à l'écriture de Resurgam et voici que mes craintes sont fondées : ce chapitre sera long, très long. Je pensais pouvoir le faire tenir en deux parties mais finalement, je vais opter pour trois parties car les explications sont encore loin d'être terminées et que j'ai peur de nous ennuyer profondément (vous et moi-même) si j'écris des chapitres trop longs. Alors je ferai des chapitres plus courts, mais plus nombreux.
Voici les notes à proprement parler, à propos de ce chapitre :
Le titre de cette sous-partie « Tant qu'il y aura de la haine… » est tiré de la fin du jeu Final Fantasy 4, ce sont les paroles que Zeromus (ou est- ce Zemus ? Non, je crois bien que c'est Zeromus, la seconde forme de Zemus) prononce avant de disparaître, après sa défaite. Ce choix de ma part n'est pas fortuit : non seulement ce titre illustre assez bien l'inimitié qui éclate soudain entre Ichabot et Anthea, mais on reparlera aussi de FF4 plus tard. Quand, comment et pourquoi ? me demanderez-vous. Eh bien… Himitsu desu ! ;-)
(NB : si cette phrase vous laisse perplexes, sachez que je suis dans ma période Slayers en ce moment, et l'un des personnages de cette série japonaise, l'adoraaaaable -^_^- démon Xelloss, prononce souvent cette phrase qui signifie "C'est un secret !". C'est la réponse qu'il donne lorsqu'il ne veut pas en dire plus.)
J'ai adapté un peu la géopolitique et les mœurs du monde dans lequel mon histoire se passe (le monde de FF7, 500 ans après) afin de rendre tout ça un peu plus… logique. Donc, la planète sur laquelle ils vivent s'appelle tout simplement la Planète, comme notre terre s'appelle tout simplement la Terre. Il y a cinq continents principaux qui constituent cinq états-nations sur la Planète :
1) Mideel et les îles du sud
2) Le Continent Nord avec ses neiges éternelles
3) Le continent d'Utai, tout à l'Ouest, qui rappelle un peu notre Asie et où le dialecte principal est l'Utaien (je ne me suis pas foulée pour trouver les noms !). Kaoru et Kenny habitent la capitale de ce continent, Utai, d'où le prénom japonais de Kaoru et le costume asiatique de Kenny (des croquis des personnages de Resurgam sont disponibles sur mon site : http://shinra.corp.free.fr)
4) Le continent "central" est le Continent Ouest (à l'est d'Utai) et on y parle le Centralien : Nanaki et Anthea y habitent (d'où la mention qu'Anthea a un accent Centralien) car l'un est le Sage de Cosmo Canyon et l'autre, comme il l'a été mentionné dans le chapitre 1 de Resurgam, est guide à Costa del Sol (sur la côte Est du continent)
5) Ichabot Wallace et les Azel habitent Junon (tous ces détails et bien d'autres encore, se trouvent sur la page « Description des personnages » qui est publiée en même temps que les chapitres de Resurgam) et Junon est sur le Continent Est, au sud des montagnes où Nanaki a retrouvé la tablette de la Prophétie. Je vous rappelle aussi que dans FF7 ces montagnes sont un peu au sud de Midgar. Midgar ayant été détruite en partie par le Météore à la fin du jeu, c'est devenu une ville-fantôme recouverte de jungle vierge (cf. vidéo de fin de FF7 après les crédits)
Néo-Midgar a été construite à quelques dizaines de kilomètres de l'ancien emplacement de Midgar, mais du temps de mon histoire (500 ans après FF7, dois-je vous le rappeler ?) cette ville n'est pas la capitale du continent ; Junon a pris la place de capitale du Continent Est, mais aussi de ville principale de ce monde et à présent l'agglomération de Junon s'étend sur la majeure partie du sud-ouest du continent (jusqu'à l'ancien emplacement du fort Condor. C'est vous dire comme cette ville est devenu gigantesque !)
La ville est devenu bien plus grande qu'elle ne l'était dans FF7 et son emprise se fait sentir dans le monde entier. C'est pourquoi, comme Ichabot le dit, la langue de Junon est devenue langue officielle sur toute la Planète, même si sur chaque continent, les dialectes régionaux et continentaux sont encore permis et utilisés.
Anthea et Ichabot ayant fait des études supérieures (Anthea est d'ailleurs encore étudiante, elle le dit elle-même dans le chapitre 3 ; et si Ichabot n'avait pas fait d'études, il ne serait pas capable de diriger sa multi- nationale comme il le fait…), ils parlent plusieurs langues. Généralement, les gens un peu instruits parlent deux langues : celle de Junon et leur langue natale. Ainsi, ils peuvent se comprendre partout où ils vont sur la Planète… ça ne vous était jamais venu à l'esprit que c'était illogique que dans les RPG où les héros voyagent dans le monde entier, tous les habitants qu'ils rencontrent parlent la même langue qu'eux ?! … Okay, je réfléchis peut-être trop… mais avec le système que j'ai établi pour cette fiction, je ne tiquerai plus devant l'illogisme de la situation ! Heh, j'y peux rien si je suis maniaque des détails.
Pour en revenir aux personnages : Christobald Azel étant plus manuel qu'intellectuel, il ne connaît que sa langue natale, et comme c'est la langue parlée à Junon – donc la langue mondiale – il n'a pas eu besoin d'apprendre une autre langue (Pratique !). Voilà pourquoi dans ce chapitre il ne comprend pas le Centralien et demande une traduction à Ichabot.
Je crois que c'est tout pour ces notes… Normalement, je ne ferai pas de longues notes pour cette fiction mais celles-ci étaient nécessaires, je pense.
Pour finir, je voudrais dédier ce chapitre à Eikoko qui m'a envoyé dernièrement un magnifique ficart (c'est à dire un fanart directement inspiré d'une fanfiction) représentant un personnage de Resurgam. Ce personnage n'est pas encore apparu dans l'histoire, elle n'a même encore été mentionnée nulle part (il s'agit en fait de la méchante de cette histoire, mais qui n'est PAS la Bête) et c'est un horrible spoiler que d'avoir dévoilé son prénom. Mais il se trouve que j'avais déjà parlé d'elle sur mon site et donné son nom – ayant complètement oublié que ce serait un spoiler de ma part… ^^;; Héhé, je suis un peu gênée d'avoir donné le prénom de la méchante, mais en même temps si contente du dessin d'Eikoko. Alors, voilà : ce chapitre t'est dédié, Eikoko ! :-)
Chapitre IV : La Prophétie.
Première partie : « Tant qu'il y aura de la haine dans le cœur des humains… »
« … Le sacré luttait contre la destruction que représentait le Météore. Mais bien qu'acharnée, c'était une lutte inégale. Perdant peu à peu du terrain, le bouclier sacré qui s'était élevé au-dessus de la ville n'a pu finalement empêcher le danger venu des étoiles d'atteindre son but ; la tour ShinRa, le plus haut bâtiment de Midgar, a été le premier à disparaître dans le tourbillon de mort que créait le Météore. Cid implorait encore et encore Dame Fortune de nous prêter sa chance, et soudain, alors que nous étions en train de perdre espoir à la vue de la fin irrémédiable de toute vie sur la Planète… Une chose belle, merveilleuse, incroyable est arrivée… C'était… une lumière – une lumière éclatante au milieu des ténèbres créées par l'ombre gigantesque du Météore tombant sur Midgar. Cette lumière d'espoir, d'amour et de compréhension nous entourait. Nous étions alors sortis sur le pont supérieur du Hautvent. Nous nous sommes penchés au-dessus de la rambarde et nous l'avons vue : la Rivière de Vie. Ou plutôt les âmes de la Rivière qui convergeaient vers Midgar en un flot magique et serpentant gracieusement sur la surface de la Planète. Arrivée à destination, la lumière est devenue encore plus intense, pure, aveuglante. Ma pupille a commencé à me faire mal – cette lumière portait une telle force en elle ! La force de la Vie… Lorsque c'est devenu insupportable, j'ai fermé l'oeil. »
A ce moment de son récit, le vieux Nanaki ferma aussi son œil gauche, son unique œil, l'autre étant borgne pour on ne sait quelle raison. Il soupira avec nostalgie et poursuivit :
« L'instant d'après, j'ai entendu la voix de Clad murmurer "Adieu Aeris" ; j'ai rouvert l'œil et… Aeris était là ! Son image, éthérée, belle, doucement lumineuse, planait à côté de l'aérostat. Elle m'a sourit en me voyant puis son image est devenue une petite lueur verte, phosphorescente, qui a rejoint le flot des âmes en train de se retirer, de retourner à la Planète. Le Météore avait disparu, vaincu par la Rivière de Vie. Midgar – surtout la partie haute de la ville – était en partie détruite mais miraculeusement, nous n'avons eu à déplorer que quelques blessés parmi les habitants qui avaient refusé de quitter leur ville pour se mettre à l'abri à Kalm. La stupéfaction a ensuite laissé place à l'euphorie. Rendez-vous compte : la fin du monde venait d'être évitée ! Devant les questions qui fusaient à notre égard, vos ancêtres et moi-même avons "expliqué" aux populations que la Planète avait décidé de se sauver elle-même et que nous n'y étions pour rien. Après tout, c'était vrai ; une vérité incomplète, mais une vérité tout de même. Nous avions décidé de ne rien dire à propos de notre implication dans cette histoire afin de ne pas avoir non plus à révéler la vérité à propos de Sephiroth et de la Réunion de Jenova. Cela nous mettait tous mal à l'aise, et nous ne voulions pas qu'une personne un peu dérangée aille déterrer à nouveau les restes de Jenova à la Grotte Nord, afin de s'emparer de son pouvoir et aller asservir le monde, par exemple ! Cependant, certains villageois, qui avaient été témoins lors de nos multiples combats de nos pouvoirs disons "hors du commun", ont échafaudé l'incroyable théorie selon laquelle nous aurions arrêté le Météore grâce à notre magie, juste avant qu'il ne percute la Planète ! D'où cette statue commémorative érigée en notre honneur qu'ils ont exigée quelques années plus tard du nouveau maire de Neo-Midgar, Reeve, notre allié qui dirigeait Cait Sith du temps d'AVALANCHE. Peu de gens connaissaient bien nos visages, ils se souvenaient surtout de nos silhouettes, nos habits et de l'incroyable lueur de Mako qui brillait dans les yeux de Clad ; alors nous avons préféré ne pas poser pour le sculpteur, nous lui avons envoyé des petites photos de nous, en pieds, prises de loin, et plutôt floues… alors le pauvre homme, incapable de distinguer nos figures, a tenté de faire sensation en ne sculptant pas les visages des statues ! Hahaha, si vous aviez vu la tête que faisaient les gens qui ont assisté à l'inauguration de cette "Statue des Héros" !!! conclut Nanaki en gloussant de rire à ce souvenir.
- Wow ! fit Anthea Strife après ce long mais passionnant récit de Nanaki.
- Hum… » se contenta de dire Ichabot Wallace d'un air détaché. Il porta la main à son front et se mit à contempler ses chaussures, partagé entre l'envie de bailler ou de s'enfuir avant de mourir d'ennui.
« Finalement, mon aïeul n'était pas si pitoyable après tout ! se rassura Zeon Highwind avec un grand sourire.
- Après ça, poursuivit Nanaki, nous avons continué chacun de notre côté, ayant chacun des choses différentes à faire, mais nous promettant de nous revoir tous ensemble un jour. Cid est bien sûr retourné au village Fusée. Clad est parti vivre à Costa del Sol où il avait acheté une villa. Tifa a ouvert un nouveau bar, à Kalm cette fois-ci. Barret et Marlène sont allés à Corel Nord pour encourager la reconstruction de la ville en y apportant une large contribution financière. Yuffie est rentrée chez elle à Utai, s'est à nouveau disputée avec son père, est repartie sur les routes, est revenue quelques semaines plus tard pour se réconcilier avec son père le seigneur Godo – tout ça, plusieurs fois de suite ! Reeve, lui, avait dès la fin de notre aventure supervisé les travaux de construction d'une nouvelle ville, Neo-Midgar, à plusieurs dizaines de kilomètres de l'ancienne Midgar et il y est resté en tant que maire. La nouvelle ville avait été construite sur le modèle de l'ancienne mais il n'y avait plus la plaque séparant les sections hautes et basses de la cité, les réacteurs à Mako avaient été bannis et partout on réintroduisait peu à peu d'autres sources d'énergie moins nocives à l'équilibre de la Planète. Après une dizaine d'années d'adaptation, au début assez laborieuse on doit l'avouer, la vie s'organisa finalement autour de l'énergie solaire et éolienne sur le continent Ouest (surtout de l'énergie solaire dans la région de Costa del Sol), de l'énergie éolienne et du gaz naturel sur le continent d'Utai, de la fusion thermo-nucléaire sur les continents Est et Nord, et Mideel se spécialisa dans l'électricité hydraulique. Tout ceci marqua le déclin des matérias. En effet, comme je vous l'ai expliqué tout à l'heure, ces pierres mystiques donnaient à leur détenteur des pouvoirs psycho-paranormaux car elles concentrent en elles l'essence de la Rivière de la Vie. Et une matéria a une durée de vie assez courte – à peine quelques mois si son détenteur fait appel à ses pouvoirs régulièrement – et chaque matéria ne croît qu'une seule et unique fois en "donnant naissance" à une autre matéria. Or, en cessant de nuire à notre mère la Planète et en bannissant l'utilisation des réacteurs à Mako, plus aucune nouvelle matéria ne fut extraite de la Rivière à partir de la fin de la crise du Météore. Au bout d'une centaine d'années, le peu de matérias qui restaient devinrent obsolètes et inutiles, la population de monstres ayant beaucoup décru car la Planète avait retrouvé son équilibre et n'en produisait plus, de ces monstres qui n'étaient en fait que des sortes de mutations nées d'une Rivière de Vie à l'agonie. Les monstres devenant de moins en moins nombreux, de moins en moins puissants, fuyaient au lieu d'attaquer les humains et finirent par se cacher dans les endroits les plus reculés. La population civile n'avait plus besoin de savoir se battre pour n'oser ne serait-ce que mettre un pied hors de la ville, les échanges commerciaux purent alors se développer, les marchands allant et venant sans plus risquer d'être mangés par des monstres à présent. Les échanges culturels s'étendirent grâce à ces liens commerciaux tissés entre pays. Grâce à ces échanges, la compréhension et les compromis prirent le dessus sur les jalousies et la peur de l'inconnu. Alors les guerres entre humains s'espacèrent de plus en plus, et c'est ainsi qu'on a pu connaître une grande ère de paix depuis plus de 300 ans…
- Hourra !! Bravo ! »
On se tourna vers celui qui venait de crier ainsi. C'était Ichabot Wallace qui était en train d'applaudir, un air sinistrement ironique sur le visage. Il cessa d'applaudir et se leva prestement de sa chaise.
« Votre histoire est passionnante, Maître Nanaki ! déclara t-il froidement en insistant un peu trop sur l'adjectif "passionnante". Mais malgré mon amour indéfectible des histoires qui se finissent bien, j'ai d'autres choses à faire voyez-vous, que de suivre vos cours d'Histoire de la Planète. Alors venez-en au but. Ou bien laissez-moi repartir à Junon afin que je puisse m'occuper de mes entreprises !
- J'allais venir "au but" comme vous dites, répondit Nanaki en s'efforçant de garder son calme. Il se trouve que le contexte est très important à la compréhension de ce qui va suivre.
- Nous sommes tout ouïe ! lança le PDG de la Wallace corp. en regardant ostensiblement sa montre.
- Pour cela, il nous faut revenir aux premières années qui ont suivi la chute du Météore…
- Et c'est reparti pour un tour… » soupira Ichabot en se laissant tomber sur sa chaise, une main posée sur son front fatigué.
Anthea jeta un regard en coin au jeune homme, la désapprobation se lisant facilement sur son visage sérieux. Elle rectifia ses lunettes qui étaient en train de glisser sur l'arête quasi-inexistante de son petit nez fin, et elle continua à suivre avec intérêt l'histoire de Nanaki, en ignorant royalement le jeune antipathique qui soupirait et marmonnait quelque chose à propos de ses entreprises à Junon et de la démence sénile qui guettait un certain fauve roux de Cosmo Canyon.
Le fauve roux de Cosmo Canyon dont il était question se contenta d'ignorer ces marmonnements peu flatteurs (qu'il avait d'ailleurs parfaitement entendus grâce à son ouïe fine), et il se mit à marcher en rond devant l'assemblée d'humains, essayant de trouver comment annoncer tout ça de la manière la plus claire et "logique" possible. Les pendentifs. Oui, il valait mieux commencer par leur parler des pendentifs, ce serait plus aisé pour leur parler de la Bête une fois la question des pendentifs abordée. Il prit une grande inspiration comme s'il allait se jeter – littéralement – à l'eau et parla :
« Parmi tous les membres de notre groupe, Vincent Valentine est la seule personne que je n'aie pas encore évoquée dans mon récit de la période post- Météore. Vincent avait parfois un humour… hum… particulier qui nous mettait mal à l'aise. Mais la plupart du temps, il était sérieux et professionnel tout en continuant à être rongé intérieurement par ses remords et en fait, il était si… »
Nanaki se retint de dire "bizarre", et compléta par un adjectif plus approprié : « … si solitaire que lorsqu'il a disparu de la circulation durant plusieurs années, nous avons tous pensé que finalement… il était mort de sa propre main… »
Anthea Strife et Chrystal Azel élevèrent la main vers la bouche, réprimant un hoquet d'inquiétude ; elles étaient pendues aux lèvres de Nanaki, attendant la sentence que ce dernier allait énoncer pour Vincent.
« Quelle ne fut pas ma surprise…, continua Nanaki en fronçant les sourcils d'un air cependant amusé à ce souvenir, … ma surprise de tomber un jour sur Vincent, en parfaite santé, et surtout, avec un grand sourire sur les lèvres. Ce n'était pas la première fois que je le voyais sourire ; Vincent avait souri – rarement, mais souri tout de même, pendant les quelques mois qu'il avait passés dans notre groupe AVALANCHE. Mais j'avais toujours pensé que ses sourires d'antan étaient…
- Tristes ? se risqua Chrystal.
- Non, répondit Nanaki d'une voix grave. Ses sourires étaient plutôt… déments… et ses rires dangereux… »
Un silence perplexe se fit dans la salle, bientôt interrompu par une voix : « Mais ce jour-là, Vincent souriait joyeusement et je peux vous dire que ça m'a surpris. Plus que de le revoir vivant. C'est tout vous dire ! fit le fauve en riant nerveusement. Et lorsque les autres ont découvert que Vincent était parti refaire sa vie sans rien leur dire, sans donner aucune nouvelle depuis plusieurs années, le pauvre solitaire a subi quelques… "accolades amicales" qui l'ont laissé entre la vie et la mort, héhéhé ! »
Nanaki s'arrêta dans son récit pour glousser de rire, les autres le regardèrent en clignant les yeux d'un air hébété, Ichabot levait un sourcil perplexe en le fixant.
« Quoi ?! demanda Nanaki avec la désagréable impression de se tenir devant un banc d'huîtres humaines.
- …………….……………….. Rien, répondirent les huîtres en chœur.
- …… Vous avez mal compris ! Nous n'avons pas tué Vincent !
- ……………… Bien sûr.
- Argh, vous ne comprenez pas l'exagération comique de mes paroles ou quoi ?! s'exclama Nanaki en manquant s'étrangler de frustration. Les autres étaient furieux qu'il soit parti ainsi sans un mot en les laissant s'angoisser de ne pas le savoir mort ou vivant, alors nous avons tous débarqué dans la nouvelle demeure de Vincent, le lendemain du jour où ils m'ont harcelé de questions après avoir découvert que j'avais vu Vincent quelques jours auparavant. Là, Clad et Cid l'ont quasiment étouffé en le serrant dans leurs bras, Barret l'a envoyé valdinguer contre le mur en lui donnant une tape amicale dans le dos, Tifa a mouillé deux de ses chemises préférées en pleurant de joie sur son épaule, Yuffie l'a à moitié étranglé en se jetant à son cou pour lui dire bonjour puis elle a "emprunté" (discrètement et sans l'accord de Vincent) la matéria Phoenix qu'il avait gardée depuis la Crise du Météore et ensuite, Vincent nous a invités à prendre le thé… Bref, nous étions tous si heureux de le revoir vivant, en forme, et surtout de voir que lui-même semblait heureux de vivre !
- …….………. Ah, ouais ! Ok, d'accord… »
Un grand silence s'ensuivit, entrecoupé de quelques toux gênées. Puis Anthea prononça la formule magique : « Et que s'est-il passé ensuite ? demanda t-elle à Nanaki.
- Je n'aurais pas dû m'appesantir sur le sujet de Vincent, marmonna t-il en réponse, et en arriver tout de suite à la conclusion de nos retrouvailles avec lui : le jour de son mariage.
- … Huh ? Avec qui ?
- Avec Lucrécia.
- Mais on croyait qu'elle était morte, et que son esprit était dans la grotte derrière la cascade de Nibel, et que…
- Vous avez mal cru, répliqua Nanaki laconiquement.
- …
- C'était un très joli mariage, continua le sage de Cosmo. La mariée était ravissante et pour une rare fois, le marié riait aux éclats ! C'était la première fois depuis des années que tout notre groupe était réuni car même Reeve était présent malgré sa fonction de maire qui accaparait tout son temps. Ce jour-là, nous avons eu la surprise d'assister à une double cérémonie de mariage : celle de Lucrécia et Vincent, minutieusement préparée à l'avance et quasiment minutée à la perfection, et celle de Tifa et Clad, improvisée, décidée le matin-même et si touchante par sa maladroite imperfection. Il faut dire que ces deux-là nous avaient bien fait attendre, cherchant depuis de longues années à s'avouer (à l'un à l'autre autant qu'à eux-mêmes) qu'ils étaient plus que des camarades d'enfance ou des amis de combat. Je me souviendrai toujours du moment où Vincent s'est tenu les côtes de rire, tandis qu'il donnait à Clad un anneau de porte-clés sensé représenter la bague de mariée que Barret avait perdue dans sa précipitation de garçon d'honneur ! »
Nanaki s'arrêta un instant, savourant avec un sourire le souvenir d'un Clad vert de rage que Cid et Reeve retenaient par les épaules afin de l'empêcher de se jeter sur Barret pour l'étrangler, tandis que Tifa s'interposait en hurlant qu'elle ne laisserait personne se battre le jour de son mariage.
- Clad, je te préviens ! Tu gâches MON mariage, et tu auras affaires avec MOI !! menaça Tifa en brandissant un poing puissant sous le nez de son futur-mari.
- … Gloups. Entendu, Chérie…
« C'est ce même jour que j'ai offert à chacun de mes amis un petit cadeau, symbole de notre esprit d'équipe, qui rappellerait chacun au souvenir des autres, même si nous vivions si éloignés les uns des autres, éparpillés sur différents continents de la Planète. »
Tout en disant cela, Nanaki désignait un pendentif, qui semblait en porcelaine blanche ou en céramique, qu'il portait autour du cou sur un lien de cuir tressé. Anthea, Zeon et les Azel eurent la même réaction : ouvrant la bouche pour parler tous en même temps, ils se turent pourtant et refermèrent les lèvres sans avoir prononcé un mot, en se regardant les uns les autres avec perplexité. Ichabot, lui, se mit à fixer le pendentif en fronçant les sourcils, se demandant où et quand il avait bien pu avoir vu cette babiole traîner. Nanaki, trop absorbé par son propre récit, et surtout par ses souvenirs qui refaisaient surface, les ignorait et continuait : « Chacun a promis de donner à son enfant aîné, garçon ou fille, ce pendentif en lui recommandant de le transmettre ensuite à l'aîné de ses enfants qu'il ou elle aurait plus tard, et ainsi de suite… J'avais offert mon pendentif à mon fils Seto, qui l'a ensuite donné à son premier fils, qui l'a légué à sa fille, la mère de Luna. Mais dernièrement, je n'ai pas voulu qu'elle le transmette à Luna. Alors le pendentif m'est revenu. Je ne voulais pas que Luna soit mêlée à cette affaire : elle est non seulement trop jeune mais aussi trop impulsive et méfiante envers les humains. Nous devons nous entraider, et non nous laisser aveugler par la méfiance. C'est un… luxe que nous ne pouvons nous permettre à cause de l'imminence du Réveil de la Bête…
- Pardon ??
- Je vais vous expliquer : il y a environ 50 ans, nous avons découvert, l'un de mes petits-fils et moi, une plaque de pierre gravée. Elle était dans une des grottes pullulant dans la chaîne de montagne au nord de Junon. L'inscription que la pierre portait était dans une langue disparue depuis bien longtemps : la langue des anciens Cetras.
- Les légendaires Cetras qui pouvaient "communiquer" avec la Planète – du moins d'après ce que vous avez rabâch… euh, raconté depuis des heures. C'est ça ?
- Oui, monsieur Wallace, répondit Nanaki d'un air détaché. Les Cetras, protecteurs de la Planète et nos -VOS- ancêtres à tous d'une certaine manière, nous avertissaient d'un danger. Mon fils Seto et moi avons passé des années à déchiffrer l'inscription, poussés par la curiosité et par notre instinct, ou simplement par un mauvais pressentiment peut-être. Quoi qu'il en soit, une fois l'inscription déchiffrée, nous avons été partagés entre l'angoisse, la perplexité, l'incrédulité et la foi. Alors nous avons fait des recherches supplémentaires. Mais avant de vous parler des découvertes que ces recherches supplémentaires ont permises, voici la traduction de la plaque trouvée dans la grotte. Ainsi que la plaque elle- même… »
A ces mots, il se dirigea vers le tableau qui dissimulait les commandes du téléviseur géant sur lequel ils avaient visionné ce reportage fort intéressant d'AVALANCHE. Nanaki appuya sur un autre bouton, un coffre-fort apparut sur le mur qui était jusqu'alors si lisse que personne n'aurait pu soupçonner l'existence de ce coffre secret. Il ouvrit la porte blindée et en sortit une feuille de papier ainsi qu'une étrange tablette de pierre d'un noir profond. Il déposa le tout sur la table basse du salon. Anthea s'approcha de la table pour observer la tablette de plus près. "Faite de roche volcanique d'après sa couleur et sa texture extérieure…" conclut-elle intérieurement après avoir retourné la pierre dans ses mains. "Mais les montagnes au nord de Junon ne sont pas volcaniques…" songea t-elle soudain "… or c'est là-bas que cette pierre a été retrouvée. Mais le volcan le plus proche est… à des milliers de kilomètres de là ! La tectonique des plaques n'a certainement pas pu affecter l'emplacement de cette tablette, si elle ne date que de l'ère des Cetras, il y a 2000 ans. Et elle ne semble même pas si ancienne que ça…"
Les inscriptions et signes sur la pierre lui étaient parfaitement inconnus. Assez normal après tout : elle ne pouvait parler couramment que trois langues, et le Cetra ancien ne faisait pas partie de la liste !
Ichabot Wallace se pencha par-dessus son épaule pour observer la pierre qu'Anthea venait de reposer sur la table basse, devant laquelle elle s'était finalement agenouillée. Malgré elle, la promiscuité avec cet homme lui fit monter le rouge aux joues : elle le trouvait parfaitement détestable !
Il s'empara du papier sur lequel se trouvait la traduction de la tablette, comme s'il lui appartenait, sans demander à qui que ce soit son avis puis, d'une voix qui déplut fortement à Anthea sans même qu'elle en sache la raison, Ichabot annonça sa décision : « Je vais faire la lecture. Ça me permettra de ne pas mourir d'ennui et de désœuvrement, ajouta t-il avec sarcasme tout en s'éclaircissant la gorge. Voyons voir… Hum, c'est écrit en Centralien…
- Assez logique, remarqua Anthea avec dédain. Maître Nanaki l'a écrit, il habite sur le Continent Ouest, et c'est le Centralien qu'on parle sur cette partie de la Planète. Mais venant de Junon, vous ne savez certainement pas lire le Centralien, n'est-ce pas ?
- Ce n'est pas parce que la langue officielle sur cette Planète est MA langue natale que je ne sais pas parler les autres dialectes, Miss ! » répliqua Ichabot d'un air pincé.
Pour prouver ce point, il se mit à lire le texte sans aucune difficulté, mettant les intonations là où il fallait et allant même jusqu'à imiter l'accent Centralien d'Anthea – ce qui ne fit qu'empirer la situation, la jeune femme ne supportant pas qu'on se moque d'elle. Au bout d'une minute de lecture qui était entrecoupée de répliques cinglantes sous couvert de politesses extrêmes fusant entre Anthea et Ichabot, Christobald Azel se mit à toussoter pour attirer leur attention.
« Désolé de vous déranger, mais moi, je ne comprends pas le Centralien, fit- il. Quelqu'un pourrait traduire ? Euh, s'il vous plait ? »
Ichabot et Anthea étaient en train de se lancer des regards glaciaux. Nanaki les regardait en soupirant avec lassitude et Chrystal faisait de même. Zeon voulut se lever pour se porter volontaire mais avant qu'il n'ait pu prendre la feuille des mains d'Ichabot, ce dernier qui continuait à lorgner Anthea d'un air mauvais alla se rasseoir sur sa chaise, déplia la feuille d'un geste brutal et frustré, et il se mit à traduire :
« Les présages furent néfastes dernièrement ! dit-il, assénant chaque mot comme s'il s'agissait d'une massue avec laquelle il aurait pu cogner en rythme sur la tête de quelqu'un (Anthea Strife de préférence). Les anciens de notre clan ont décidé qu'il fallait aller voir ça de plus près. Alors un groupe de nos plus vaillants guerriers est parti vers le grand Glacier. Nous attendons donc leur retour pour connaître peut-être enfin la cause de ces bouleversements géologiques et météorologiques… »
"Baka arrogant !" Anthea rumina t-elle intérieurement en se renversant contre le dossier de sa chaise, les jambes croisées et les bras de même.
« Il manque des mots après ça, annonça ensuite Ichabot qui était plus calme à présent.
- La tablette a subi des dégradations au fil du temps, expliqua Nanaki. Certains mots ont été rendus illisibles, et certains étaient incompréhensibles pour nous alors nous les avons soit laissés de côté soit traduits au mieux de nos capacités.
- Bon, je poursuis : Les guerriers ne sont pas revenus ! Mais (…) Et notre peuple est en train de s'éteindre lentement mais sûrement. Pas seulement d'un point de vue physique, mais aussi mental. Notre volonté est… attaquée. La menace n'est plus à prendre à la légère… Alors hier, en qualité de détenteur de notre mémoire, j'ai accompagné les Anciens jusque sur le Glacier.
- "Détenteur de notre mémoire", répéta Chrystal. Est-ce qu'il veut dire qu'il est le scribe de cette tribu ?
- Sûrement, répondit Nanaki. Mais il a utilisé précisément ces mots "Détenteur de notre mémoire" ; pourquoi ? Je n'en sais rien.
- Alors (…) nous avons vu la Créature, cause de tous nos soucis ! continuait Ichabot en levant un sourcil. Les Anciens ont essayé de s'opposer à elle mais ils ont perdu la vie durant l'affrontement. Tout espoir semblait perdu, j'ai commencé à fuir, ma couardise prenant le dessus… Lorsque… (…) plusieurs (…) apparus. La bataille a fait rage et moi, simple observateur impuissant de cette fantastique lutte, ai été blessé malgré la distance. Pendant ma perte de connaissance, j'ai entendu une voix glaciale annoncer d'un ton tonitruant et menaçant : "Tant qu'il y aura de la haine dans le cœur des humains, des peurs et des désirs, des rêves et des cauchemars… Je renaîtrai et je détruirai. Car tel est l'unique moyen de reconstruire"… »
Ichabot s'interrompit un instant, lâchant un "Ha !" ironique. « Cette "Créature" a un superbe sens de la contradiction, aucun doute là-dessus ! » ajouta t-il avant de poursuivre sa traduction du papier de Nanaki : « Puis plusieurs autres voix se sont élevées au-dessus de la tempête, me révélant une vérité effrayante : "La Bête a été vaincue mais le Mal ne peut mourir. La désolation, le chaos et la mort ne peuvent mourir, seulement renaître en un cycle perpétuel depuis la Nuit des Temps. Le pouvoir de destruction de la Bête a été scellé, puis à la fin de cette période, (…) un être différent mais foncièrement identique. Pour y faire face, d'autres Elus seront désignés par leur sang: ceux qui ont le pouvoir de menacer ce qui est, autant que celui de déterminer ce qui sera par leurs choix. Ainsi est leur destinée car la destinée humaine est ainsi : éphémère vie, funeste avenir, insupportable conscience. Mais la volonté de vivre peut renverser la menace du futur. Car la vie est l'espoir et l'espoir se conjugue au présent"… Dites donc, un peu plus et j'en pleurerais ! » commenta Ichabot à voix basse.
Il prononça les dernières lignes de la prophétie telle une sentence de mort : « Voilà ce que j'ai entendu. Et voici ce que j'ai compris : la créature responsable de la destruction de mon peuple est la Bête. Après son sommeil forcé, seuls des humains particuliers, déterminés par leur sang c'est à dire leur hérédité, pourront la vaincre – hélas seulement d'une façon temporaire. Malgré cela, il est de notre devoir de croire et le devoir des Elus sera de persévérer. Comme le cycle de la Vie est perpétuel, celui de la Mort le sera de même. Et ainsi, après chaque cycle de cinq fois cent années, la Bête se réveillera, prenant à chaque fois un visage différent, faisant peser une hideuse menace sur le monde ; et il est dit que l'équilibre de la planète sera rompu, à moins qu'un groupe de guerriers, courageux descendants directs des précédents Elus, ne se manifeste et ne fasse leur choix. A présent mon récit s'achève avec ma vie, puissent les générations futures décider au mieux… »
*****
Notes : J'ai vraiment abusé. Pour cette histoire comme pour mes autres fanfics en plusieurs chapitres, cela fait des mois que je n'avais pas écrit un mot. Pardon à ceux qui attendaient la suite impatiemment (vous n'êtes pas très nombreux mais quand même…) Enfin bon, je me suis sérieusement remise à l'écriture de Resurgam et voici que mes craintes sont fondées : ce chapitre sera long, très long. Je pensais pouvoir le faire tenir en deux parties mais finalement, je vais opter pour trois parties car les explications sont encore loin d'être terminées et que j'ai peur de nous ennuyer profondément (vous et moi-même) si j'écris des chapitres trop longs. Alors je ferai des chapitres plus courts, mais plus nombreux.
Voici les notes à proprement parler, à propos de ce chapitre :
Le titre de cette sous-partie « Tant qu'il y aura de la haine… » est tiré de la fin du jeu Final Fantasy 4, ce sont les paroles que Zeromus (ou est- ce Zemus ? Non, je crois bien que c'est Zeromus, la seconde forme de Zemus) prononce avant de disparaître, après sa défaite. Ce choix de ma part n'est pas fortuit : non seulement ce titre illustre assez bien l'inimitié qui éclate soudain entre Ichabot et Anthea, mais on reparlera aussi de FF4 plus tard. Quand, comment et pourquoi ? me demanderez-vous. Eh bien… Himitsu desu ! ;-)
(NB : si cette phrase vous laisse perplexes, sachez que je suis dans ma période Slayers en ce moment, et l'un des personnages de cette série japonaise, l'adoraaaaable -^_^- démon Xelloss, prononce souvent cette phrase qui signifie "C'est un secret !". C'est la réponse qu'il donne lorsqu'il ne veut pas en dire plus.)
J'ai adapté un peu la géopolitique et les mœurs du monde dans lequel mon histoire se passe (le monde de FF7, 500 ans après) afin de rendre tout ça un peu plus… logique. Donc, la planète sur laquelle ils vivent s'appelle tout simplement la Planète, comme notre terre s'appelle tout simplement la Terre. Il y a cinq continents principaux qui constituent cinq états-nations sur la Planète :
1) Mideel et les îles du sud
2) Le Continent Nord avec ses neiges éternelles
3) Le continent d'Utai, tout à l'Ouest, qui rappelle un peu notre Asie et où le dialecte principal est l'Utaien (je ne me suis pas foulée pour trouver les noms !). Kaoru et Kenny habitent la capitale de ce continent, Utai, d'où le prénom japonais de Kaoru et le costume asiatique de Kenny (des croquis des personnages de Resurgam sont disponibles sur mon site : http://shinra.corp.free.fr)
4) Le continent "central" est le Continent Ouest (à l'est d'Utai) et on y parle le Centralien : Nanaki et Anthea y habitent (d'où la mention qu'Anthea a un accent Centralien) car l'un est le Sage de Cosmo Canyon et l'autre, comme il l'a été mentionné dans le chapitre 1 de Resurgam, est guide à Costa del Sol (sur la côte Est du continent)
5) Ichabot Wallace et les Azel habitent Junon (tous ces détails et bien d'autres encore, se trouvent sur la page « Description des personnages » qui est publiée en même temps que les chapitres de Resurgam) et Junon est sur le Continent Est, au sud des montagnes où Nanaki a retrouvé la tablette de la Prophétie. Je vous rappelle aussi que dans FF7 ces montagnes sont un peu au sud de Midgar. Midgar ayant été détruite en partie par le Météore à la fin du jeu, c'est devenu une ville-fantôme recouverte de jungle vierge (cf. vidéo de fin de FF7 après les crédits)
Néo-Midgar a été construite à quelques dizaines de kilomètres de l'ancien emplacement de Midgar, mais du temps de mon histoire (500 ans après FF7, dois-je vous le rappeler ?) cette ville n'est pas la capitale du continent ; Junon a pris la place de capitale du Continent Est, mais aussi de ville principale de ce monde et à présent l'agglomération de Junon s'étend sur la majeure partie du sud-ouest du continent (jusqu'à l'ancien emplacement du fort Condor. C'est vous dire comme cette ville est devenu gigantesque !)
La ville est devenu bien plus grande qu'elle ne l'était dans FF7 et son emprise se fait sentir dans le monde entier. C'est pourquoi, comme Ichabot le dit, la langue de Junon est devenue langue officielle sur toute la Planète, même si sur chaque continent, les dialectes régionaux et continentaux sont encore permis et utilisés.
Anthea et Ichabot ayant fait des études supérieures (Anthea est d'ailleurs encore étudiante, elle le dit elle-même dans le chapitre 3 ; et si Ichabot n'avait pas fait d'études, il ne serait pas capable de diriger sa multi- nationale comme il le fait…), ils parlent plusieurs langues. Généralement, les gens un peu instruits parlent deux langues : celle de Junon et leur langue natale. Ainsi, ils peuvent se comprendre partout où ils vont sur la Planète… ça ne vous était jamais venu à l'esprit que c'était illogique que dans les RPG où les héros voyagent dans le monde entier, tous les habitants qu'ils rencontrent parlent la même langue qu'eux ?! … Okay, je réfléchis peut-être trop… mais avec le système que j'ai établi pour cette fiction, je ne tiquerai plus devant l'illogisme de la situation ! Heh, j'y peux rien si je suis maniaque des détails.
Pour en revenir aux personnages : Christobald Azel étant plus manuel qu'intellectuel, il ne connaît que sa langue natale, et comme c'est la langue parlée à Junon – donc la langue mondiale – il n'a pas eu besoin d'apprendre une autre langue (Pratique !). Voilà pourquoi dans ce chapitre il ne comprend pas le Centralien et demande une traduction à Ichabot.
Je crois que c'est tout pour ces notes… Normalement, je ne ferai pas de longues notes pour cette fiction mais celles-ci étaient nécessaires, je pense.
Pour finir, je voudrais dédier ce chapitre à Eikoko qui m'a envoyé dernièrement un magnifique ficart (c'est à dire un fanart directement inspiré d'une fanfiction) représentant un personnage de Resurgam. Ce personnage n'est pas encore apparu dans l'histoire, elle n'a même encore été mentionnée nulle part (il s'agit en fait de la méchante de cette histoire, mais qui n'est PAS la Bête) et c'est un horrible spoiler que d'avoir dévoilé son prénom. Mais il se trouve que j'avais déjà parlé d'elle sur mon site et donné son nom – ayant complètement oublié que ce serait un spoiler de ma part… ^^;; Héhé, je suis un peu gênée d'avoir donné le prénom de la méchante, mais en même temps si contente du dessin d'Eikoko. Alors, voilà : ce chapitre t'est dédié, Eikoko ! :-)
