Treize
Chapitre I : Mortel Ennui


Auteur : Lojie

Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.

Note de l'auteur : Maintenant que j'ai fini " Après " (même si je n'ai pas publié tous les chapitres encore), je peux me consacrer à cette nouvelle fanfiction, je n'ai pas encore d'idée précise de la fin, mais je vous promets qu'elle sera beaucoup moins longue que " Après " :o) Remarque, ça sera pas très compliqué de faire plus court et pareillement, le début est plutôt calme. Mais cela ne durera pas longtemps, ça aussi je vous le promet ! (rires machiavéliques)

Normalement je devais commencer à la publier en janvier, mais je n'y tiens plus de vous la faire partager ! ! ! ;o)


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05:00

Le soleil étirait ses premiers rayons au dessus de Chicago. Quelques nuages noirs flottaient en banc à l'horizon. La ville grise et polluée peinait à sortir de sa torpeur, les diurnes voulaient demeurer à jamais dans leurs draps chauds, les nocturnes avaient hâte à l'inverse de les retrouver. Une petite pluie cinglante agrémenté d'un vent changeant, giflait les visages de ceux qui osaient s'aventurer dehors. Une journée morne commençait pour tout le monde, et le service des urgences n'échappait malheureusement pas à la règle.

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Randi mâchait lentement son chewing-gum le regard perdu. Immobile au bureau des admissions, aucun téléphone ne sonnait, aucun patient ne l'interpellait. Le calme plat.

" _RANDI ! On se réveille ! Je ne vous paye pas pour rêvasser ainsi !"

Kerry venait d'interrompre ses songes brutalement. La standardiste maugréa quelques injures à voix basse, puis répondit au téléphone qui commença soudainement à sonner, comme si l'arrivée de sa supérieur avait réveillé tout le monde.

Le docteur Weaver prit le premier dossier dans le râtelier : maux de tête. Elle soupira... Ce cas ne semblait guère passionnant mais cela faisait aussi parti de son travail. La journée qui commençait s'annonçait mortellement ennuyante.

Kerry regarda le tableau pour voir qui était là et qui faisait quoi. Au rideau deux, Luka examinait le poignet d'un jeune enfant qui s'était cru pendant un instant un as du skateboard, au rideau quatre John tentait de convaincre un fan de métal de ne plus s'auto-mutiler, en salle trois Jing-Mei s'occupait d'un clochard avec de nombreuses gelures, en salle un Dave avait affaire avec une centenaire sujette à de nombreux évanouissements. Elisabeth et Peter étaient en chirurgie, prêts à répondre présent pour les urgences nécessitant des interventions chirurgicales. Mais justement, le service était cruellement désert, seulement peuplées de quelques patients aux troubles les plus souvent bénins et sans surprise.

Mark était de congé, Cleo exténuée par son exposition au virus du sida, avait eu le droit de se reposer un peu, tandis qu'Abby avait subitement été appelée dans le Minnesota car sa mère avait soi-disant besoin d'elle. Ceux là ne manquaient pas grand chose...

Kerry se motiva un instant mentalement, agrippa le dossier de sa main gauche, la droite soudée à sa béquille. Tout était trop calme, et cela pressentait quelque chose, ce service ne dormait jamais bien longtemps.

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Ereinté, Luka se dirigea vers les toilettes, posa son stéthoscope sur le rebord du lavabo, et se passa un peu d'eau sur le visage. Il n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, et il n'arrivait toujours pas à croire que tout était fini entre Abby et lui. Cela avait été si soudain. Elle lui avait reproché de ne jamais se confier, de ne jamais savoir ce qu'il pensait, de ne jamais être jaloux... En résumé, beaucoup trop de " jamais ".

Mais elle ne savait pas comme il était dur pour lui d'aller de l'avant. Il était aigri de la vie, il ne connaissait que trop bien ses revers, les mauvais endroits et les mauvais moments. Son coeur n'avait pas encore fait le deuil de son bonheur passé, de sa femme et de ses enfants, de son pays mutilé par les problèmes ethniques. Abby avait peut-être eu une enfance difficile, elle connaissait elle aussi l'injustice et en cela Luka la respectait. Mais il avait souvent l'impression qu'elle se complaisait dans ce malheur, qu'elle avait trop besoin du regard des autres, de la compassion des autres. L'exemple le plus flagrant en était John, même si sa compassion et son dévouement furent intéressés.

La porte s'ouvrit et Dave entra lui aussi tout autant fatigué. Il se passa pareillement de l'eau sur le visage. Luka l'observa amusé :

" _ Qu'est-ce qui te fais rire ? " Demanda Malucci sur un ton rude.

" _Je crois qu'on tous eu une dure nuit apparemment, " répondit le croate.

Dave sourit un instant. Puis il sembla soudainement se rappeler quelque chose :

" _Au fait, Weaver te cherche. Je ne sais pas ce qu'elle veut mais ne la fait pas trop attendre. Déjà que quand elle est de bonne humeur c'est une vraie de carne, alors quand elle est énervée... "

Il laissa sa phrase en suspens. Les deux médecins s'échangèrent un regard blasé. Ce n'était pas la peine d'en dire plus sur Kerry. Luka s'essuya les mains puis remit son stéthoscope autour de son cou. Il laissa Dave et sortit des toilettes pour homme.

En sortant, il faillit rentrer dans un Peter Benton visiblement furieux. Le grand homme lui bouscula l'épaule sans s'excuser ni même se retourner. Luka n'y prêta pas attention. Il savait le chirurgien les nerfs à vif en ce moment. D'après les rumeurs colportées par les infirmières, ce serait à cause de problèmes avec Cleo et son ex-femme. Comme quoi, personne n'échappait aux problèmes de couple en ce moment.

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Peter entra avec fracas dans la salle d'examens. Elisabeth en compagnie de Jing-Mei, s'occupaient d'un clochard. Il était d'abord venu pour des gelures mais il était apparu qu'il s'était fait agressé. Il se pouvait fort bien qu'il ait des lésions internes et le docteur Chen avait demandé un avis chirurgical. Mais même si ce clochard était en quelque sorte ce qui avait fait descendre le docteur Benton, le cas qui l'intéressait en priorité était Elisabeth Corday.

Les deux femmes se retournèrent vers lui. Il s'approcha de l'anglaise et la prit par le bras pour l'attirer dehors.

" _Peter ! " S'indigna-t-elle. " Mais qu'est-ce qui te prends ? "

Il la poussa dans la pièce voisine et referma la porte derrière lui. Elle voyait qu'il contenait sa colère, elle le connaissait bien et savait reconnaître les quelques signes qui trahissaient ses pensées.

" _Elisabeth, pourrais-tu m'expliquer ce que tu faisais ? " Demanda-t il sur un ton faussement calme.

" _Le docteur Chen voulait un avis ch.. "

" _Je sais ça ! " La coupa-t-il. " Mais aujourd'hui c'est moi qui suis chargé des urgences, pas toi ! Depuis que tu ai revenu de ton congé maternité, tu te jettes littéralement sur chaque demande, chaque opération, tu me voles tous mes patients ! "

Les yeux furieux et les mains crispés, il avait maintenant laissé exploser sa colère. Elisabeth eut un mouvement de recul, les emportements de Peter étaient souvent impressionnants, mais en vérité l'homme était quelqu'un de très doux. Il ne fallait pas le provoquer c'est tout.

" _Désolé, " s'excusa-t-elle. " Mais en ce moment j'ai besoin de bouger, j'ai besoin d'action ! Je ne supporte plus la routine... "

Une larme coula le long de sa joue. La fureur se dissipa aussitôt dans les yeux de Peter. Il se doutait bien qu'Elisabeth n'allait pas très bien en ce moment, mais il avait supposé que c'était le blues de la jeune mère et s'était conforté dans cet idée. Benton pris de remords, attira Elisabeth effondrée dans ses bras :

" _Qu'est-ce qui se passe ? " Demanda-t-il avec tendresse dans un souffle.

" _C'est Mark, " dit-elle en sanglotant. " Depuis qu'il a appris que cette Susan Lewis allait revenir il n'est plus le même. Je l'ai entendu prononcer son prénom dans son sommeil. J'ai l'impression qu'il ne m'aime plus. Dis moi Peter, dis-moi qui est cette femme ? "

" _Susan est un docteur très compétent, elle fait très attention à ses patients et possède beaucoup de connai.. "

" _Peter ! " L'interrompit-elle en se dégageant de ses bras. " Ne joue pas à ça avec moi. Que s'est-il passé entre elle et Mark ? "

Il hésita un instant. Devait-il lui vraiment lui dire ? Finalement, il craqua et confia ce qu'il savait à sa collègue.

" _Ils étaient amis, très amis. Tellement que l'ex-femme de Mark soupçonnait que Susan était sa maîtresse. Beaucoup de rumeurs circulaient sur eux deux. Mais en fait il n'y a jamais rien eu, sauf... Sauf le dernier jour, celui où elle est partie. Mark l'a rejoint à la gare, ils se sont avoués qu'ils s'aimaient, se sont embrassés, mais elle est quand même partie. Je sais tout ça à cause d'une soirée un peu trop arrosée où Mark m'a tout raconté. "

Les pleurs d'Elisabeth reprirent. Les sanglots agitaient son corps fatigué esclave du travail. Peter leva les yeux au ciel, il ne savait pas vraiment quoi faire. Finalement il s'approcha et la reprit dans ses bras. Les mains de la jeune femme s'accrochèrent à sa blouse et elle cala son visage au creux de son épaule. Il passa sa main sur ses cheveux en lui murmurant des paroles réconfortantes.

Si Cleo voyait ça, elle sauterait au plafond. Mark idem.

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Jing-Mei s'affala sur le vieux canapé de la salle de repos. Elle ferma les yeux et posa sa tête en arrière sur le dossier. Malgré ses traits fatigués, un petit sourire apparut sur ses lèvres. Il y a une semaine ce fut la fête des mères, et les parents adoptifs de Michael lui avaient envoyé un dessin de l'enfant. L'oeuvre était maintenant plaquée grâce à un aimant sur la porte de son frigo. Avec le recul, elle savait qu'elle avait pris la bonne décision.

La porte s'ouvrit soudainement et un John tout aussi fatigué qu'elle entra. Il la salua d'un petit hochement de tête et se servit un gobelet de café.

"_Journée passionnante, n'est-ce pas ? " Dit Jing-Mei avec sarcasme.

" _Tu l'as dit, " soupira John. " On se plaint quand on a trop de patients et on se plaint quand il y en a pas assez à notre goût. Nous ne sommes décidément jamais content. "

Elle sourit légèrement puis se leva pour se servir elle aussi du café. Ils en avaient vraiment besoin s'ils voulaient tenir le coup durant toutes leurs heures de garde.

" _Et sinon en dehors des urgences, ta vie est un peu plus passionnante ? " Reprit John en souriant.

" _Une catastrophe, " rétorqua-t-elle avec un large sourire ironique. " Boulot, métro, dodo résume assez bien ma vie. Je n'ai pas fait une seule véritable rencontre depuis l'accouchement. Je dois faire trop vieille. "

" _Ca me rassure, " reprit John. " Je ne suis pas le seul dans ce cas. Depuis que Rena m'a jeté, je collectionne les déboires. "

" _On fait vraiment pitié à entendre ! " Rétorqua Jing-Mei dans un éclat de rire auquel se joignit Carter.

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Dave observa avec étonnement le râtelier pour les dossiers. Il était vide. Randi assise sur sa chaise, les coudes posés sur le bureau, luttait contre le sommeil. C'était la première fois que le jeune médecin voyait le râtelier vide. Et il restait debout face à l'objet. La standardiste blasée interrompit sa silencieuse béatitude :

" _Remets-en toi, " dit-elle en étouffant un bâillement.

" _Je pensais pas qu'un jour ce serait capable, pas d'hémorroïdes, de migraines, de morsures, de blessures par balles, rien ! Que dalle ! C'est.. C'est... "

" _Hallucinant, " répondit Randi à sa place. " Effarant, inimaginable, je sais ! Et mortellement ennuyant aussi... Je ne sais plus comment m'occuper, même cette salopris de téléphone refuse de sonner. "

" _Si tu t'ennuies, moi j'ai bien quelques idées, " rétorqua Dave souriant en s'approchant d'elle.

Randi plaqua ses deux mains sur son torse et le repoussa doucement.

" _Arrêtez votre char, docteur Dave, je me suis déjà fait prendre au piège une fois. " Le prévint-elle.

" _Tu ne t'en plaignais pas sur le moment. Tu me semblais même très coopérative. " Lui rappela Malucci toujours tout sourire.

" _Et au fait, comment va ta fille ? " Demanda la standardiste pour changer de sujet.

Etant la seule femme du service à être entrer chez Malucci, elle était la seule à être courant pour son enfant.

" _Elle a la grippe, " répondit-il en reprenant son sérieux. " Cette nuit, j'ai accepté qu'elle dorme avec moi. Mais elle avait un sommeil agité à cause de la fièvre, je suis resté quasiment tout le temps éveillé. C'est pour ça que je tiens pas debout ce matin, je lutte contre l'envie de piquer un somme depuis que je suis arrivé. Malheureusement la carne rôde. "

" _Tu l'as laissé à une baby-sitter ? "

" _Non, sa mère a spécialement pris un congé. "

Dave avait toujours un ton grave et un visage responsable quand il parlait de sa fille. Randi sourit en remarquant que peu de personnes ne connaissait cet aspect de lui. C'était dommage.

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Kerry observa Luka entrer et venir s'asseoir face à elle dans la salle de réunion. Cela se voyait à son attitude qu'il n'était pas tranquille, qu'il se demandait pourquoi elle voulait le voir.

"_Vous vouliez me voir, docteur Weaver ? " Dit-il un peu anxieux.

" _Oui, ne vous inquiétez pas. Cela n'a rien à voir avec le travail. En fait, je vous ai fait demander pour raisons personnelles. " Avoua Kerry en prenant son courage à deux mains.

" _Pour raisons personnelles ? " S'étonna Luka.

" _Oui, à propos de.. De mon homosexualité. Je l'ai dit à Romano et des rumeurs vont sûrement commencer à circuler. J'aimerais que vous démentiez... S'il vous plaît. "

" _Pas de problème, " répondit-il avec franchise. Il allait se relever quand finalement il se rassit. Kerry le regarda étonnée. " Mais pourquoi ? " Ajouta-t-il.

" _Pourquoi quoi ? "

" _Pourquoi cacher votre homosexualité ? Je pense qu'en la cachant, vous la reniez et donc vous vous reniez ! Au contraire si vous la dévoileriez, vous vous sentirez mieux avec vous-même et donc avec les autres. Peu importe que cela ne plaise pas à certaines personnes. Et tout particulièrement au docteur Romano, qui comme chacun sait, ne tolère pas grand-chose. "

" _C'est facile à dire, pas à faire, " rétorqua Kerry.

"_Mais vous avez déjà fait le plus dur, vous l'avez dit à Romano. " Ajouta Luka. " Ce n'est pas une mince affaire. "

" _Peut-être... " Répondit-elle pensivement.

Il hésita un instant puis face au silence pesant, il se leva finalement et sortit de la pièce. Après avoir refermer la porte, il soupira soulagé. Luka venait de s'apercevoir, et ce avec une pointe d'amusement mais aussi de l'inquiétude, qu'il était devenu en quelque sorte un confident de la tyrannique docteur Weaver. Il ne savait pas s'il devait en être content ou au contraire s'en affoler.

Il regarda distraitement autour de lui. Les urgences plongées dans une léthargie profonde, ne semblaient toujours pas vouloir se réveiller. Au bureau des admissions, les murmures de la conversation de Randi et Dave lui parvenaient. Elisabeth et Peter devaient sûrement être en chirurgie. A quelques pas de lui, il pouvait voir à travers les stores de la vitre, les silhouettes de Jing-Mei et John en pause forcée. La plupart des infirmières et des infirmiers avaient envahi la cafétéria à l'étage du dessus. Seuls Chuny, Haleh, Yosh et Malik discutaient un peu plus loin assis sur des brancards, des gobelets et des petits gâteaux dans les mains.

Vivement que quelque chose se passe ! Maugréa-t-il intérieurement. Ne pouvoir rien faire était terriblement frustrant.

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Soudainement la radio grésilla. La voix de Moralez un ambulancier interrompit la discussion de Randi et Dave.

" _Cook County, appel pour un patient grave, blessures par balle, perte de sang importante, PC depuis quinze minutes, pouls faible mais régulier. Vous pouvez prendre ? "

Malucci se rua pour leur répondre :

" _Bien sûr qu'on le prend ! "

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A suivre...

Nota Bene : Je vous avais prévenu qu'il ne se passait vraiment RIEN dans le premier chapitre. Mais dans la suite, vous allez voir que tout va s'enchaîner à la vitesse grand V ;o)



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