Treize
Chapitre III : Coupable ou Victime ?
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.
Note de l'auteur : C'est enfin à partir de ce chapitre, que cette fanfiction va enfin s'inscrire dans la lignée des moments de vérité. La tension monte et Joffrey va sûrement devenir pour vous un personnage de plus en plus troublant et ambigu. La plupart des épisodes d'urgences comportent un élément critique de la société (plus ou moins réussi à chaque fois), alors j'ai tenté de faire un peu pareil en présentant le destin de Joffrey.
¤°¤°¤°¤ ¤°¤°¤°¤
Les images des personnes qui leur étaient chers en même temps que celle de la mort, vinrent envahir les esprits apeurés du personnel pris en otage. Les ronronnements des chats de Randi. Les gazouillements de bébé Ella. Le dessin de Michael sur le frigo. La mère biologique de Kerry. Le sourire du petit-fils de Haleh. La bague de fiançailles de Chuny. Les cheveux nattés de Betty MacGrath. Les sushis de la mère de Yosh. La famille perdue de Luka. Les mains agiles de Reese. Les yeux pétillants de grand-mère. La fièvre de la fille de Dave.
Une question commune les inquiétait.
Qu'est-ce qui allait se passer maintenant ?
¤°¤°¤°¤
07:00
" _METTEZ-VOUS TOUS A TERRE ! " Ordonna Joffrey sévèrement. " ET LES MAINS BIEN EN VUE ! "
Ils obtempérèrent tous. Tous accroupis devant le bureau des admissions, ils n'osaient échanger une seule parole ni même un regard. Ils restèrent ainsi un bon quart d'heure avant que rien ne se passe. De temps en temps, les ambulanciers appelaient par radio mais personne ne leur répondait. L'anxiété rongeait les esprits de chacun. Aucun ne regardait en direction de Joffrey, assis face à eux sur le comptoir du bureau des admissions. Lui aussi ne semblait pas vraiment savoir ce qu'il fallait faire.
Soudainement une sonnerie retentit. Le garçon sauta du comptoir et se plaça debout face à eux en les menaçant de son arme :
" _C'EST QUOI CA ! ? ! " S'énerva-t-il furieux. Elisabeth se releva doucement. " RESTE ASSISE TOI ! "
" _Mais c'est mon bipeur qui sonne.. " Tenta-t-elle de protester.
Il la fit taire d'un geste de la main et s'approcha d'elle pour lui arracher le petit appareil. Tout le monde eut un soupir de soulagement quand Joffrey partit se rasseoir. Elisabeth était toujours pâle de peur et son coeur battait fort. C'était dans ce genre de situation qu'elle regrettait l'Angleterre, où les cas de prises d'otages et les poursuites de voitures étaient exceptionnelles. Elle surprit le regard inquiet de Peter.
John assis quasiment derrière tous les autres, pouvait voir l'extérieur à travers les vitres des portes automatiques. A côté de lui Malik d'un calme pourtant apparent, avait les mains qui tremblaient et il n'arrivait pas à les calmer. Soudainement ils virent dans la baie les éclairs rouges d'une sirène d'ambulance. John jeta un rapide coup d'oeil à Joffrey. Mais celui-ci ne regardait pas en leur direction, il avait enlevé son pansement et observait ses points de sutures, l'arme toujours au poing. Malik et lui virent arriver Doris et Zaro qui poussaient un brancard.
Les deux ambulanciers stoppèrent en les voyant ainsi assis à travers les vitres. John tenta discrètement de leur faire signe de fuir. Chuny remarqua aussi l'arrivée de l'ambulance.
" _Qu'est-c'qui vous arrive au fond ? " Demanda soudainement Joffrey qui avait relevé la tête.
Il s'avança en pointant son arme vers John. Il jeta un coup d'oeil par les vitres des portes automatiques, et vit les silhouettes hésitantes de Doris et Zaro. Il leva son arme et tira deux coups. Les vitres volèrent en éclats et tous les otages eurent un bond de frayeur. Les deux ambulanciers remontèrent le brancard dans leur véhicule, et partirent en vitesse de la baie du Cook County. Maintenant au moins, des personnes de l'extérieur savaient ce qui se passait dans le service des urgences.
Joffrey attrapa John par le col et plaquant le revolver contre sa tempe droite. Tout le monde retint son souffle et Carter voyait toute sa vie qui défilait sous ses yeux :
" _Alors ? On voulait jouer au plus malin avec moi ? " Dit l'adolescent avant de le repousser en arrière.
De nouveau, ils poussèrent tous un soupir de soulagement alors que John reprenait docilement sa place.
¤°¤°¤°¤
Furieux, Romano appuya sur le bouton pour descendre aux urgences. Elisabeth et Peter étaient descendus il y a maintenant une demi-heure pour un simple malheureux avis chirurgical, et ils n'étaient toujours pas remonté. Le planning des opérations était serré et ils ne pouvaient se permettre de trop rester aux urgences. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur un service désert. Le chirurgien eut une pointe d'hésitation avant de sortir. Il y avait quelque chose de pas clair. Une alerte à la bombe ? Une contamination ? Il fit quelques pas en avant, et vit tout au bout du couloir, près du bureau des admissions, la plupart du personnel assis. C'était un sitting de jour de grève ou quoi ? Il s'avança vers eux d'un pas rapide mais silencieux, prit son air machiavélique, puis se mit à hurler comme un beau diable :
" _Mais bon Dieu, qu'est-ce qui se passe ici ? Lizzie ! Peter ! Je vous bipe depuis tout à.. "
Romano ne termina pas sa phrase en voyant l'arme de Joffrey brusquement pointée vers lui.
" _ASSIS LE VIEUX ! " Ordonna le garçon.
Romano s'assit aussitôt sans rien dire le regard surpris et effrayé. En d'autres circonstances cette scène aurait été très comique, mais personne n'avait ni la force, ni l'envie de rire au moment présent. Joffrey se rassit sur le comptoir, un oeil plongé dans un magazine féminin de Randi, un autre sur ses otages. Avec un surligneur, il se mit à gribouiller sur le visage de la fille de couverture, le garçon n'avait apparemment pas l'air de se rendre compte de la gravité de la situation.
Assis depuis maintenant trois bons quart d'heures, les treize otages commençaient avoir des crampes aux muscles et certains se tortillaient. L'attente devenait pénible surtout quand l'issue était incertaine.
¤°¤°¤°¤
Des flashs bleus et rouges se reflètaient contre les vitres des fenêtres du service des urgences. Malgré les stores fermés, quelques traits de lumières passaient. Joffrey tournait en rond de plus en plus en nerveux. Et cela était contagieux. Des tics nerveux apparaissaient de plus en plus chez chacun des otages. La police était dehors, la police était à l'étage du dessus, la police les cernait. Mais ce n'était pas pour autant qu'ils étaient rassurés.
Haleh d'une humeur pourtant si joyeuse, avait cédé aux larmes qui coulaient abondamment le long de ses joues. Peter avait discrètement éteint son bipeur. Yosh crispé remontait sans cesse ses lunettes. Randi avait par mégarde avalé son chewing-gum et avait failli s'étouffer avec. Romano passait sans cesse sa main sur son crâne stérile. Malik avait toujours les mains qui tremblaient. John sentait ses cicatrices de la St Valentin qui le démangeaient. Dave avait la main fermé sur une madone qui lui pendait autour du cou. Chuny avait rongé tous ses ongles vernis. Jing-Mei ressemblait à une petite fille qui avait perdu ses parents dans la foule. Elisabeth ne cessait d'observer l'heure qui défilait à sa montre. Seul Luka gardait son sang-froid et restait imperturbablement immobile, attendant que ça se passe.
Ils sursautèrent tous quand le téléphone sonna. Joffrey observa un instant l'appareil sans réagir. Au bout de la troisième sonnerie il s'approcha du groupe d'otages et parcourut son regard sur tous les visages apeurés :
" _Toi ! Va répondre ! " Dit-il en pointant son arme vers Luka. Le médecin se releva avec difficulté, ses articulations prostrées depuis trop de temps lui faisaient mal. " DEPECHES-TOI ! " S'énerva Joffrey.
Kovac ne lui répondit pas mais lui lança un regard noir. Il n'était nullement impressionné par ce jeune preneur d'otage, lui qui avait déjà dû faire faces à des tirs de mortiers. Il posa sa main sur le combiné qui continuait toujours de sonner, prit une inspiration et décrocha :
" _Allô ? "
A côté de lui Joffrey mit le haut-parleur, puis lui plaça l'arme à la base du crâne pour éviter que Luka ne parle trop.
" _Allô, je suis l'inspecteur Husser. Avec qui suis-je en train de parler ? " Demanda une voix formelle à l'autre bout du fil.
Luka hésita à répondre mais Joffrey lui donna un léger coup de coude.
" _Je suis le docteur Kovac. " Répondit-il simplement. Il sentait le regard des autres dirigés vers lui.
" _C'est vous le preneur d'otages ? "
Joffrey eut un large sourire en entendant cette phrase.
" _Non, je suis l'un des treize otages, " répondit Luka en glissant discrètement leur nombre.
" _Bien. Veuillez dire au preneur d'otages de nous faire parvenir ses requêtes. Nous rappellerons dans une demi-heure. "
Luka raccrocha en entendant la tonalité. Joffrey lui ordonna d'un simple geste d'aller se rasseoir. Le garçon était visiblement en train de réfléchir, il cherchait sûrement quelles requêtes il pourrait faire, il n'avait rien prévu. Tout le monde avait la certitude que cela finirait mal.
Mais pour qui ?
¤°¤°¤°¤
L'inspecteur Husser raccrocha le combiné. Il massa ses tempes un instant puis sortit du fourgon où il avait établi sa base. Autour de lui inspecteurs et policiers s'agitaient autour des véhicules. Les bandes jaunes avaient déjà été établies et les caméras et les badauds se pressaient de toutes parts. Il attrapa le bras de Younberg, son lieutenant visiblement occupé à ses tâches :
" _Je vais parler aux familles. C'est un otage malin qui a répondu, ils sont treize là-dedans plus le ou les preneurs d'otages. Pour l'instant dis aux hommes de ne pas bouger, on fera le point dans une demi-heure quand j'aurai rappelé. "
" _Oui, inspecteur. " Répondit son jeune collègue avant de repartir.
Husser s'approcha d'une fourgonnette blindée de monde. Ils avaient tous les traits tirés et un gobelet de plastique à la main, emmitouflés dans de grands et épais manteaux. A cet heure matinale il faisait encore très frais. Quand il arriva à leur hauteur, ils lui jetèrent tous des regards inquiets et pleins d'interrogations.
Il y avait un grand avec des lunettes, une calvitie précoce et des gestes nerveux, c'était un docteur qui avait sa femme à l'intérieur. Une petite brunette se tenait à côté de lui, les bras serrées contre son torse à cause du froid, elle était infirmière dans le service et y avait aussi son copain pris en otage. A côté deux femmes une sûrement métisse et une autre plus âgée, qui attendaient blotties ensemble les visages graves. Un couple asiatique d'un certain âge discutait d'une façon peu naturelle avec une femme d'environ soixante-cinq ans ayant un certain goût pour le luxe. Une jeune femme blonde bouclée aux yeux bleues en tailleur se tenait à l'écart des autres. Une autre blonde en manteau de fourrure se maintenant le regard hautain mais inquiet, les doigts crispés recouverts de bagues. Il restait encore d'autres personnes installées plus au fond du fourgon, dont une jeune femme brune tenant une fillette emmitouflée contre elle.
Husser se décida enfin à commencer son discours tout en prenant des pincettes, car il savait fort bien que les prises d'otages se terminaient rarement sans qu'il y ait une effusion de sang :
" _Il y a treize otages à l'intérieur. Nous avons eu le docteur Kovac au téléphone mais nous ne savons pas combien sont les preneurs. Les ambulanciers ont dit avoir vu un jeune adolescent soit afro-américain soit latino, ils n'ont pas bien vu de loin s'il était seul ou pas. Dans une demi-heure je pourrais vous en dire plus. "
" _Et en attendant ? " Demanda Mark.
" _Tentez de calmer vos nerfs, nous prenons la situation en main, " mentit avec assurance Husser.
En vérité la situation était catastrophique. D'après leurs estimations le docteur Kovac aurait dû signaler quatorze otages : trois chirurgiens, cinq médecins, quatre infirmiers, une standardiste et un policier. Cela voulait dire qu'il y avait sûrement déjà un mort.
" _En attendant, je suis rassurée que Luka aille bien, " ajouta Abby en se frottant énergiquement les bras pour chasser le froid.
" _Les ambulanciers ont aussi clairement identifié John Carter, Malik MacGrath et Chuny Marquez, " insista Husser pour faire paraître la situation moins alarmante. " Maintenant, si vous voulez bien m'excuser. "
Sur ce, l'inspecteur repartit en direction de son fourgon. Malgré ses paroles rassurantes le scepticisme régnait dans le petit groupe. Ils avaient la claire impression que Husser ne leur avait pas tout dit.
¤°¤°¤°¤
Joffrey était toujours perdu dans ses pensées sur le comptoir. Face à lui, les otages commençaient à trouver le temps de plus en plus long, comme si chaque seconde suivante était plus longue que la précédente et plus courte que la prochaine. Aucune geste n'était possible sans que Joffrey ne relève la tête, aucune parole possible sans que le garçon ne les entende.
Et pourtant cet adolescent n'avait pas du tout l'air méchant. Pire ! Avait-il seulement au moins conscience qu'il faisait du mal ? Quels avaient été les épisodes de sa vie qui l'avaient conduit devant autant d'indifférence ? Les mains moites, les lèvres tremblantes, chacun se faisait sa propre opinion de Joffrey.
Le garçon les regarda soudainement avec un intérêt soudain. Il les observa chacun longuement scrutant ce qui pouvait se cacher derrière leurs yeux.
" _J'm'ennuies, " conclut-il en prenant un air blasé. " J'sais c'que j'vais faire comme requête, mais comme ça risque d'prendre du temps pour qu'les policiers la réalisent, on va jouer à un jeu en attendant. " Ses otages le regardèrent sans cacher leur surprise, mais aussi avec beaucoup de hantise. Quel serait ce jeu ? La roulette russe ? Paint-ball à balle réelle ? " On va jouer au jeu d'la vérité. J'vous explique : chacun d'entre vous va dire c'qu'il a jamais osé dire, et quand j'poserais des questions, faudra m'dire la vérité ! C'est marrant comme jeu. On apprend trop d'trucs sur les gens qu'on soupçonnait même pas ! C'est toi qui commenceras ! Ton nom ? "
" _Luka Kovac, " répondit le croate non sans appréhension.
Joffrey était à présent hilare, ignorant totalement le bruit des hélicoptères au-dessus de l'hôpital, des sirènes à une centaine de mètres d'eux. Des snipers devaient déjà être posté sur les toits des immeubles alentours, des équipes d'interventions prêtes au combat à l'étage au dessus.
Le téléphone se remit à sonner.
" _Bon, " soupira Joffrey mécontent, " Luka, va répondre à c'putain d'téléphone avant. "
¤°¤°¤°¤
A suivre…
PS : Je paris que vous avez tous hâte de jouer au " Jeu d'la Vérité " vous aussi ! ;o)
Vos Commentaires
Chapitre III : Coupable ou Victime ?
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.
Note de l'auteur : C'est enfin à partir de ce chapitre, que cette fanfiction va enfin s'inscrire dans la lignée des moments de vérité. La tension monte et Joffrey va sûrement devenir pour vous un personnage de plus en plus troublant et ambigu. La plupart des épisodes d'urgences comportent un élément critique de la société (plus ou moins réussi à chaque fois), alors j'ai tenté de faire un peu pareil en présentant le destin de Joffrey.
¤°¤°¤°¤ ¤°¤°¤°¤
Les images des personnes qui leur étaient chers en même temps que celle de la mort, vinrent envahir les esprits apeurés du personnel pris en otage. Les ronronnements des chats de Randi. Les gazouillements de bébé Ella. Le dessin de Michael sur le frigo. La mère biologique de Kerry. Le sourire du petit-fils de Haleh. La bague de fiançailles de Chuny. Les cheveux nattés de Betty MacGrath. Les sushis de la mère de Yosh. La famille perdue de Luka. Les mains agiles de Reese. Les yeux pétillants de grand-mère. La fièvre de la fille de Dave.
Une question commune les inquiétait.
Qu'est-ce qui allait se passer maintenant ?
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" _METTEZ-VOUS TOUS A TERRE ! " Ordonna Joffrey sévèrement. " ET LES MAINS BIEN EN VUE ! "
Ils obtempérèrent tous. Tous accroupis devant le bureau des admissions, ils n'osaient échanger une seule parole ni même un regard. Ils restèrent ainsi un bon quart d'heure avant que rien ne se passe. De temps en temps, les ambulanciers appelaient par radio mais personne ne leur répondait. L'anxiété rongeait les esprits de chacun. Aucun ne regardait en direction de Joffrey, assis face à eux sur le comptoir du bureau des admissions. Lui aussi ne semblait pas vraiment savoir ce qu'il fallait faire.
Soudainement une sonnerie retentit. Le garçon sauta du comptoir et se plaça debout face à eux en les menaçant de son arme :
" _C'EST QUOI CA ! ? ! " S'énerva-t-il furieux. Elisabeth se releva doucement. " RESTE ASSISE TOI ! "
" _Mais c'est mon bipeur qui sonne.. " Tenta-t-elle de protester.
Il la fit taire d'un geste de la main et s'approcha d'elle pour lui arracher le petit appareil. Tout le monde eut un soupir de soulagement quand Joffrey partit se rasseoir. Elisabeth était toujours pâle de peur et son coeur battait fort. C'était dans ce genre de situation qu'elle regrettait l'Angleterre, où les cas de prises d'otages et les poursuites de voitures étaient exceptionnelles. Elle surprit le regard inquiet de Peter.
John assis quasiment derrière tous les autres, pouvait voir l'extérieur à travers les vitres des portes automatiques. A côté de lui Malik d'un calme pourtant apparent, avait les mains qui tremblaient et il n'arrivait pas à les calmer. Soudainement ils virent dans la baie les éclairs rouges d'une sirène d'ambulance. John jeta un rapide coup d'oeil à Joffrey. Mais celui-ci ne regardait pas en leur direction, il avait enlevé son pansement et observait ses points de sutures, l'arme toujours au poing. Malik et lui virent arriver Doris et Zaro qui poussaient un brancard.
Les deux ambulanciers stoppèrent en les voyant ainsi assis à travers les vitres. John tenta discrètement de leur faire signe de fuir. Chuny remarqua aussi l'arrivée de l'ambulance.
" _Qu'est-c'qui vous arrive au fond ? " Demanda soudainement Joffrey qui avait relevé la tête.
Il s'avança en pointant son arme vers John. Il jeta un coup d'oeil par les vitres des portes automatiques, et vit les silhouettes hésitantes de Doris et Zaro. Il leva son arme et tira deux coups. Les vitres volèrent en éclats et tous les otages eurent un bond de frayeur. Les deux ambulanciers remontèrent le brancard dans leur véhicule, et partirent en vitesse de la baie du Cook County. Maintenant au moins, des personnes de l'extérieur savaient ce qui se passait dans le service des urgences.
Joffrey attrapa John par le col et plaquant le revolver contre sa tempe droite. Tout le monde retint son souffle et Carter voyait toute sa vie qui défilait sous ses yeux :
" _Alors ? On voulait jouer au plus malin avec moi ? " Dit l'adolescent avant de le repousser en arrière.
De nouveau, ils poussèrent tous un soupir de soulagement alors que John reprenait docilement sa place.
¤°¤°¤°¤
Furieux, Romano appuya sur le bouton pour descendre aux urgences. Elisabeth et Peter étaient descendus il y a maintenant une demi-heure pour un simple malheureux avis chirurgical, et ils n'étaient toujours pas remonté. Le planning des opérations était serré et ils ne pouvaient se permettre de trop rester aux urgences. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur un service désert. Le chirurgien eut une pointe d'hésitation avant de sortir. Il y avait quelque chose de pas clair. Une alerte à la bombe ? Une contamination ? Il fit quelques pas en avant, et vit tout au bout du couloir, près du bureau des admissions, la plupart du personnel assis. C'était un sitting de jour de grève ou quoi ? Il s'avança vers eux d'un pas rapide mais silencieux, prit son air machiavélique, puis se mit à hurler comme un beau diable :
" _Mais bon Dieu, qu'est-ce qui se passe ici ? Lizzie ! Peter ! Je vous bipe depuis tout à.. "
Romano ne termina pas sa phrase en voyant l'arme de Joffrey brusquement pointée vers lui.
" _ASSIS LE VIEUX ! " Ordonna le garçon.
Romano s'assit aussitôt sans rien dire le regard surpris et effrayé. En d'autres circonstances cette scène aurait été très comique, mais personne n'avait ni la force, ni l'envie de rire au moment présent. Joffrey se rassit sur le comptoir, un oeil plongé dans un magazine féminin de Randi, un autre sur ses otages. Avec un surligneur, il se mit à gribouiller sur le visage de la fille de couverture, le garçon n'avait apparemment pas l'air de se rendre compte de la gravité de la situation.
Assis depuis maintenant trois bons quart d'heures, les treize otages commençaient avoir des crampes aux muscles et certains se tortillaient. L'attente devenait pénible surtout quand l'issue était incertaine.
¤°¤°¤°¤
Des flashs bleus et rouges se reflètaient contre les vitres des fenêtres du service des urgences. Malgré les stores fermés, quelques traits de lumières passaient. Joffrey tournait en rond de plus en plus en nerveux. Et cela était contagieux. Des tics nerveux apparaissaient de plus en plus chez chacun des otages. La police était dehors, la police était à l'étage du dessus, la police les cernait. Mais ce n'était pas pour autant qu'ils étaient rassurés.
Haleh d'une humeur pourtant si joyeuse, avait cédé aux larmes qui coulaient abondamment le long de ses joues. Peter avait discrètement éteint son bipeur. Yosh crispé remontait sans cesse ses lunettes. Randi avait par mégarde avalé son chewing-gum et avait failli s'étouffer avec. Romano passait sans cesse sa main sur son crâne stérile. Malik avait toujours les mains qui tremblaient. John sentait ses cicatrices de la St Valentin qui le démangeaient. Dave avait la main fermé sur une madone qui lui pendait autour du cou. Chuny avait rongé tous ses ongles vernis. Jing-Mei ressemblait à une petite fille qui avait perdu ses parents dans la foule. Elisabeth ne cessait d'observer l'heure qui défilait à sa montre. Seul Luka gardait son sang-froid et restait imperturbablement immobile, attendant que ça se passe.
Ils sursautèrent tous quand le téléphone sonna. Joffrey observa un instant l'appareil sans réagir. Au bout de la troisième sonnerie il s'approcha du groupe d'otages et parcourut son regard sur tous les visages apeurés :
" _Toi ! Va répondre ! " Dit-il en pointant son arme vers Luka. Le médecin se releva avec difficulté, ses articulations prostrées depuis trop de temps lui faisaient mal. " DEPECHES-TOI ! " S'énerva Joffrey.
Kovac ne lui répondit pas mais lui lança un regard noir. Il n'était nullement impressionné par ce jeune preneur d'otage, lui qui avait déjà dû faire faces à des tirs de mortiers. Il posa sa main sur le combiné qui continuait toujours de sonner, prit une inspiration et décrocha :
" _Allô ? "
A côté de lui Joffrey mit le haut-parleur, puis lui plaça l'arme à la base du crâne pour éviter que Luka ne parle trop.
" _Allô, je suis l'inspecteur Husser. Avec qui suis-je en train de parler ? " Demanda une voix formelle à l'autre bout du fil.
Luka hésita à répondre mais Joffrey lui donna un léger coup de coude.
" _Je suis le docteur Kovac. " Répondit-il simplement. Il sentait le regard des autres dirigés vers lui.
" _C'est vous le preneur d'otages ? "
Joffrey eut un large sourire en entendant cette phrase.
" _Non, je suis l'un des treize otages, " répondit Luka en glissant discrètement leur nombre.
" _Bien. Veuillez dire au preneur d'otages de nous faire parvenir ses requêtes. Nous rappellerons dans une demi-heure. "
Luka raccrocha en entendant la tonalité. Joffrey lui ordonna d'un simple geste d'aller se rasseoir. Le garçon était visiblement en train de réfléchir, il cherchait sûrement quelles requêtes il pourrait faire, il n'avait rien prévu. Tout le monde avait la certitude que cela finirait mal.
Mais pour qui ?
¤°¤°¤°¤
L'inspecteur Husser raccrocha le combiné. Il massa ses tempes un instant puis sortit du fourgon où il avait établi sa base. Autour de lui inspecteurs et policiers s'agitaient autour des véhicules. Les bandes jaunes avaient déjà été établies et les caméras et les badauds se pressaient de toutes parts. Il attrapa le bras de Younberg, son lieutenant visiblement occupé à ses tâches :
" _Je vais parler aux familles. C'est un otage malin qui a répondu, ils sont treize là-dedans plus le ou les preneurs d'otages. Pour l'instant dis aux hommes de ne pas bouger, on fera le point dans une demi-heure quand j'aurai rappelé. "
" _Oui, inspecteur. " Répondit son jeune collègue avant de repartir.
Husser s'approcha d'une fourgonnette blindée de monde. Ils avaient tous les traits tirés et un gobelet de plastique à la main, emmitouflés dans de grands et épais manteaux. A cet heure matinale il faisait encore très frais. Quand il arriva à leur hauteur, ils lui jetèrent tous des regards inquiets et pleins d'interrogations.
Il y avait un grand avec des lunettes, une calvitie précoce et des gestes nerveux, c'était un docteur qui avait sa femme à l'intérieur. Une petite brunette se tenait à côté de lui, les bras serrées contre son torse à cause du froid, elle était infirmière dans le service et y avait aussi son copain pris en otage. A côté deux femmes une sûrement métisse et une autre plus âgée, qui attendaient blotties ensemble les visages graves. Un couple asiatique d'un certain âge discutait d'une façon peu naturelle avec une femme d'environ soixante-cinq ans ayant un certain goût pour le luxe. Une jeune femme blonde bouclée aux yeux bleues en tailleur se tenait à l'écart des autres. Une autre blonde en manteau de fourrure se maintenant le regard hautain mais inquiet, les doigts crispés recouverts de bagues. Il restait encore d'autres personnes installées plus au fond du fourgon, dont une jeune femme brune tenant une fillette emmitouflée contre elle.
Husser se décida enfin à commencer son discours tout en prenant des pincettes, car il savait fort bien que les prises d'otages se terminaient rarement sans qu'il y ait une effusion de sang :
" _Il y a treize otages à l'intérieur. Nous avons eu le docteur Kovac au téléphone mais nous ne savons pas combien sont les preneurs. Les ambulanciers ont dit avoir vu un jeune adolescent soit afro-américain soit latino, ils n'ont pas bien vu de loin s'il était seul ou pas. Dans une demi-heure je pourrais vous en dire plus. "
" _Et en attendant ? " Demanda Mark.
" _Tentez de calmer vos nerfs, nous prenons la situation en main, " mentit avec assurance Husser.
En vérité la situation était catastrophique. D'après leurs estimations le docteur Kovac aurait dû signaler quatorze otages : trois chirurgiens, cinq médecins, quatre infirmiers, une standardiste et un policier. Cela voulait dire qu'il y avait sûrement déjà un mort.
" _En attendant, je suis rassurée que Luka aille bien, " ajouta Abby en se frottant énergiquement les bras pour chasser le froid.
" _Les ambulanciers ont aussi clairement identifié John Carter, Malik MacGrath et Chuny Marquez, " insista Husser pour faire paraître la situation moins alarmante. " Maintenant, si vous voulez bien m'excuser. "
Sur ce, l'inspecteur repartit en direction de son fourgon. Malgré ses paroles rassurantes le scepticisme régnait dans le petit groupe. Ils avaient la claire impression que Husser ne leur avait pas tout dit.
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Joffrey était toujours perdu dans ses pensées sur le comptoir. Face à lui, les otages commençaient à trouver le temps de plus en plus long, comme si chaque seconde suivante était plus longue que la précédente et plus courte que la prochaine. Aucune geste n'était possible sans que Joffrey ne relève la tête, aucune parole possible sans que le garçon ne les entende.
Et pourtant cet adolescent n'avait pas du tout l'air méchant. Pire ! Avait-il seulement au moins conscience qu'il faisait du mal ? Quels avaient été les épisodes de sa vie qui l'avaient conduit devant autant d'indifférence ? Les mains moites, les lèvres tremblantes, chacun se faisait sa propre opinion de Joffrey.
Le garçon les regarda soudainement avec un intérêt soudain. Il les observa chacun longuement scrutant ce qui pouvait se cacher derrière leurs yeux.
" _J'm'ennuies, " conclut-il en prenant un air blasé. " J'sais c'que j'vais faire comme requête, mais comme ça risque d'prendre du temps pour qu'les policiers la réalisent, on va jouer à un jeu en attendant. " Ses otages le regardèrent sans cacher leur surprise, mais aussi avec beaucoup de hantise. Quel serait ce jeu ? La roulette russe ? Paint-ball à balle réelle ? " On va jouer au jeu d'la vérité. J'vous explique : chacun d'entre vous va dire c'qu'il a jamais osé dire, et quand j'poserais des questions, faudra m'dire la vérité ! C'est marrant comme jeu. On apprend trop d'trucs sur les gens qu'on soupçonnait même pas ! C'est toi qui commenceras ! Ton nom ? "
" _Luka Kovac, " répondit le croate non sans appréhension.
Joffrey était à présent hilare, ignorant totalement le bruit des hélicoptères au-dessus de l'hôpital, des sirènes à une centaine de mètres d'eux. Des snipers devaient déjà être posté sur les toits des immeubles alentours, des équipes d'interventions prêtes au combat à l'étage au dessus.
Le téléphone se remit à sonner.
" _Bon, " soupira Joffrey mécontent, " Luka, va répondre à c'putain d'téléphone avant. "
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A suivre…
PS : Je paris que vous avez tous hâte de jouer au " Jeu d'la Vérité " vous aussi ! ;o)
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