Treize
Chapitre VI : Le Purgatoire
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.
Note de l'auteur : Enfin la deuxième révélation sur John, oui je sais la première était pas très originale mais celle là je suis sûre que vous vous y attendiez pas ! Et je parle aussi un peu de Cleo dans cette partie (mais ne faites pas cette tête là ! J'en parle UN PEU).
¤°¤°¤°¤ ¤°¤°¤°¤
10:00
John inspira profondément. Chaque regard était posé sur lui à présent. Malheureusement il avait souvent été le principal sujet des rumeurs des urgences. Cela n'allait pas s'arrêter avec ce qu'il s'apprêtait à dire. Mais de toute façon, ça ne pouvait pas être pire que ce que Luka avait dit. Il ouvrit la bouche pour commencer à parler :
" _Un jour quand j'avais sept ans j'ai fait quelque chose, qui me réveille encore aujourd'hui la nuit. Une douleur et une culpabilité qui se sont brusquement réveillées en même temps que la perte de Lucy. " Dit-il la voix tremblante. " J'ai perdu ce jour là un autre être cher. "
John s'arrêta de parler. Il avait tant de mal à dompter ses sentiments. Son esprit était semblable à un capharnaüm où se querellaient les fantômes du passé. Face à son silence Joffrey s'impatienta, son menton posé sur le canon de l'arme qu'il tenait de la main droite. John sentit Malik lui donner un coup de coude pour qu'il continue à parler. Ils savaient tous que le garçon était parfaitement capable de leur tirer dessus pour n'importe quel motif, y compris parce que John avait du mal à continuer de parler. Carter aperçut Luka un peu devant sur sa gauche, lui adresser un regard encourageant.
" _Cet être cher était mon grand frère. "
¤°¤°¤°¤
Cleo appuyée contre l'une des portes arrières du fourgon, observait avec mélancolie l'entrée des urgences. Les véhicules de polices avaient remplacé les ambulances, les agents les médecins, les armes les scalpels. C'était un curieux spectacle. Elle entendit des pas derrière elle et se retourna vivement :
" _Carla ! Tu m'as fait peur.. "
" _Excuse-moi, " répondit la mère de Reese. Il y eut un silence entre les deux femmes, leurs relations étaient loin d'être roses. Cleo accusait Carla de vouloir récupérer Peter. Carla accusait Cleo de vouloir lui voler son fils. " Moi aussi je m'inquiète beaucoup. Je tiens à Peter, je l'ai aimé autrefois. Mais je doute que lui m'ai aimé ne serait ce qu'un seul instant. Je crois que c'est surtout pour ça que je lui en veux. "
" _Peter ne se dévoile que très rarement, " ajouta Cleo en connaissance de cause.
" _Et encore, tu ne l'as jamais connu avant la naissance de Reese ! " S'exclama Carla retrouvant brièvement le sourire.
" _Parce qu'on peut être pire que ça ? ! ? " Surenchérit Cleo amusée.
Les deux femmes rirent un instant mais retrouvèrent rapidement leur sérieux. Le rire était une façon de dissiper le malaise quelques instants, mais on ne pouvait l'ignorer éternellement. Carla prit un ton grave :
" _Comme je crois qu'en ce moment on est dans ce qui s'appelle un moment de vérité, j'aimerais te dire quelque chose qui me pèse, " commença-t-elle. Cleo concentra toute son attention sur l'ex-femme de Peter. Carla reprit : " J'ai souvent été dure avec toi et il y a une raison toute simple à cela. Contrairement à ce que l'on pourrait croire et je le répète, je tiens beaucoup à Peter. Il mérite d'être heureux et je sais qu'il tient beaucoup à toi. Mais toi j'ai l'impression que tu ne le prends pas au sérieux, que tu ne l'aimes pas vraiment.. "
" _Que je ne l'aime pas vraiment ? Mais comment oses-tu di.. "
" _Laisse-moi finir Cleo ! " Ordonna Carla en haussant la voix face à sa cadette. " Tu n'as pas l'attitude d'une femme amoureuse, tu ne le regardes pas de la façon dont il te regarde, et de la façon dont je l'ai regardé il y a bien longtemps. "
Cleo ne répondit et retourna la tête en direction des portes automatiques. Carla n'en rajouta pas et elle rentra à l'intérieur de la fourgonnette. Il gelait dehors mais malgré le froid Cleo ne suivit pas son exemple. Vêtue d'une veste légère, elle regardait toujours dans la même direction. Une larme coula le long de sa joue. Carla venait de lui dire ce qu'elle refusait de s'admettre à elle-même. Etait-ce vraiment de l'amour qu'elle éprouvait pour Peter ? Elle chassa rapidement ces pensées de son esprit. De la neige commença à tomber. Le temps s'adoucissait légèrement.
¤°¤°¤°¤
" _T'as tué ton grand frère ? " S'étonna Joffrey abasourdi.
" _Non ! Non.. Pas vraiment.. En fait, c'est un peu compliqué à expliquer. Il.. Enfin je.. " John s'emmêlait les pinceaux et ne savait plus comment reprendre le cours de son histoire. " Il avait une maladie incurable, il était condamné, il souffrait horriblement et n'avait sûrement plus que quelques jours, voire quelques heures à vivre. "
Il ne put retenir plus longtemps ses sanglots. Joffrey l'observa d'un air méfiant. Les révélations de ses otages étaient décidément très morbides.
" _Qu'est-c'qui s'est passé ? " Demanda Joffrey pour relancer John complètement anéanti.
" _J'étais seule dans la chambre d'hôpital avec lui. Je me rappelle il faisait beau dehors, ma mère avait ouvert la fenêtre une heure plus tôt. Il y avait des lilas pas loin et l'odeur entrait dans la pièce. C'était une journée magnifique, et ma mère m'avait laissé seul avec mon frère le temps de parler à un docteur. Mon frère m'a alors demandé de m'approcher. Je devais tendre l'oreille car il n'avait quasiment plus la force de parler. Il m'a.. Il m'a demandé de le débrancher… "
John s'arrêta une nouvelle fois. Les sanglots lui obstruaient la gorge. Il sentit la main de Malik se poser sur son épaule, et entendit Chuny lui murmurer quelques douces paroles. Joffrey la fit taire en sifflant. Du coin de l'œil, il pouvait aussi voir Jing-Mei qui malgré qu'elle soit sa confidente, n'avait jamais été mise au courant. Elle n'en semblait pas contrariée, mais s'inquiétait pour lui. John trouvait justement que trop de monde s'inquiétait pour lui. Peter l'observait lui aussi fixement. Le chirurgien aurait aimé pouvoir se lever et le prendre dans ses bras. Carter n'avait pas encore fini son histoire, que tout le monde déjà avait deviné la fin. Joffrey manifesta son impatience en soupirant et en regardant son arme. John se décida à continuer :
" _Il m'a demandé de le débrancher. J'ai pas voulu au début. Je voulais pas le faire car je savais ce que cela signifiait. Mais il insistait tellement. Il me disait qu'il avait mal, très mal, qu'il souffrait horriblement. Alors j'ai fermé la porte, et je me suis approché de la prise qui permettait encore à son cœur de battre. Mon frère m'a regardé une dernière fois, il a murmuré qu'il m'aimait et que de là-haut, il veillerait à ce qu'il ne m'arrive rien. J'ai débranché.. Tous les moniteurs se sont mit à produire pleins de sons bizarres en même temps. Cela couvrait le chant des oiseaux pas la fenêtre. J'ai eu la trouille et j'ai rebranché aussitôt. Mais cela n'a rien changé. Des médecins et des infirmières sont arrivés en trombe dans la chambre. J'ai été poussé sur le côté. Ce fut la dernière fois que je vis mon frère avant l'enterrement. Ils l'ont emporté vers le bloc et ma mère est arrivée. Elle m'a serré fort dans ses bras, puis elle est partit elle aussi au bloc. Quelque chose a changé en elle ce jour là. Elle ne m'a plus jamais pris dans ses bras par la suite, elle est devenue froide et distante, une inconnue. Je crois qu'elle sait comment mon frère est mort. Je crois qu'elle sait que j'ai débranché la prise, et même si sa mort était inévitable, malgré cela elle m'en veut terriblement car elle n'a pas pu dire en revoir à son fils une dernière fois. C'est depuis ce jour que j'ai voulu faire médecine. C'est une façon je crois pour moi de me racheter. En chaque patient je vois un peu de mon frère, je comprends leur douleur et je l'ai même vécu après l'agression de Sobriki. "
Peter comprenait maintenant mieux pourquoi du temps où John était encore en chirurgie, il s'intéressait tant aux patients. Il passait des heures à discuter avec eux. C'était une façon d'exorciser la mort de son frère dont il se savait responsable. Tout était si clair à présent.
Les destins tragiques se croisaient dans le service des urgences, comme si tous les gens torturés se donnaient rendez-vous dans ce service où la mort et la vie se côtoient continuellement, où les émotions sont parfois si fortes qu'elles en sont insupportables. Peut-être était-ce là le rôle des urgences : un purgatoire pour les âmes au lourd passé.
¤°¤°¤°¤
Husser s'arrachait les cheveux, rien n'allait comme il voulait. Ils avaient fait des recherches sur Michael Banner. Il était bel et bien incarcéré dans l'état de Géorgie. Il y était emprisonné pour vol à main armé et homicide volontaire. Jamais il ne pourra être libéré, et de toute façon Husser ne comptait nullement obéir à ces preneurs d'otages pour ce genre de requêtes.
A côté de lui, Younberg voyait les derniers préparatifs d'une autre voiture télécommandée. Celle-là était plus petite et plus silencieuse, les policiers la glisseraient dans les conduits de ventilation par le première étage, et l'engin muni d'une caméra pourra aller voir la situation dans les urgences. Cela leur donnerait une idée de la position des otages et des preneurs. Mais avant tout il fallait gagner du temps. Il décrocha le téléphone.
¤°¤°¤°¤
Le téléphone se mit à sonner. Joffrey fit signe à Luka de se lever et de répondre :
" _Allô ? "
" _Allô Luka, c'est Husser. Nous allons bientôt avoir l'hélicoptère dans une heure ou deux. Pour la libération de Michael Banner, nous sommes encore en pourparlers avec les autorités. "
" _Foutaises ! " Marmonna le garçon assez bas pour que Husser ne puisse pas l'entendre. Il prit le combiné et raccrocha aussitôt. " Va t'asseoir Luka ! " Le médecin obéit aussitôt. " Ces connards veulent gagner du temps ! Ils préparent un mauvais coup ! "
Joffrey furieux s'assit un instant sur le comptoir et regarda autour de lui avec suspicion. Il se demandait d'où viendrait le piège. Il remarqua alors les conduits d'aération présents un peu partout sur les murs. Joffrey se rappelait parfaitement dans les films quand les policiers envoient des caméras dans ces conduits. Le garçon fouilla sous le bureau des admissions tout en gardant un œil sur ses otages, et trouva plusieurs blouses et quelques punaises. Il se retourna triomphant vers le personnel médical :
" _On va faire un peu d'exercice ! " S'exclama-t-il en souriant. " Luka reviens, tu vas prendre ces blouses et ces punaises, et tu vas cacher toutes les bouches des couloirs d'ventilation. Et pas d'coups bas, sinon c'est même pas toi qu'je bute, mais un d'tes potes, capiche ? "
" _Capiche, " répondit à contrecœur le médecin.
Les autres comptaient sur lui pour qu'il ne fasse aucun geste dangereux. Kovac n'en avait de toute façon nullement l'intention. Il se leva et attrapa les blouses et les punaises que Joffrey avait posé sur le bureau. Alors qu'il se mettait au travail, il sentait la menace de l'arme dans son dos. Joffrey scrutait chacun de ses gestes et au moindre mouvement de travers, Luka savait qu'il appuierait sur la gâchette. Il se dépêcha de boucher les conduits d'aération avec les blouses et de les maintenir avec les punaises, puis alla se rasseoir. Joffrey reprit un air plus décontracté et observa Kerry un instant :
" _Je crois que John a assez parlé. A toi ! "
¤°¤°¤°¤
Encore un mauvais signe, les négociations s'annonçaient mal parties. Les malfaiteurs se doutaient de quelque chose sinon ils n'auraient raccroché si brusquement. Chaque prise d'otage était un pas de plus vers l'infarctus pour Husser. Toujours un gobelet à la main, la caféine remplaçait presque son sang dans ses veines à présent. Et les familles des otages n'arrangeaient rien, elles se méfiaient de lui alors qu'il était là pour les aider. Younberg en avait fini avec le petit véhicule téléguidé. Il était à présent avec une équipe réduite au premier étage. Husser l'avait en radio :
" _Younberg, t'en es où ? "
" _On vient de lâcher notre petit bébé dans la jungle, " répondit avec malice le jeune lieutenant.
" _Okay, préviens-moi dès que tu vois quelque chose. Je pars parler aux familles. "
" _Bonne chance inspecteur ! " Lui souhaita son collègue.
" _Je vais en avoir besoin, " marmonna l'inspecteur.
Husser remit son talkie-walkie à sa ceinture. Il se dirigea rapidement vers la petite fourgonnette. Toutes les familles s'étaient regroupées à l'intérieur à cause des petits flocons de neige sifflants, qui tourbillonnaient un peu partout dans la baie des ambulances. Il ouvrit l'une des portes arrières et se dépêcha d'entrer. Il se retrouva face au petit copain de Chuny, un homme imposant au regard perçant et aux biceps avantageux. Husser déglutit avec difficulté :
" _Je viens pour les dernières nouvelles. Je suppose que vous vous demandez pourquoi le véhicule télécommandé à fait demi-tour, et bien les malfaiteurs ne voulaient plus du cédé. Mais nous avons encore d'autres cartes en main, ne vous inquiétez pas. "
" _Qu'on ne s'inquiète pas ? Vous êtes un petit rigolo vous ! " Rétorqua durement Kim Legaspi.
" _Je sais, ce n'est facile pour personne. Croyez-moi, ce n'est pas la première prise d'otage dont je m'occupe. Nous avons actuellement glissé un autre petit engin téléguidé doublé d'une caméra dans les circuits de ventilation des urgences. Grâce à ça, nous allons pouvoir observer la position des malfaiteurs. "
" _Et intervenir mettant en danger la vie des otages ? " Renchérit Abby Lockhart.
" _Sans vouloir vous manquer de respect mademoiselle, la vie des otages est DEJA en danger je vous signale, ce n'est pas moi qui braque un flingue sur eux actuellement ! " Répondit Husser sans se démonter. " Et plus le temps passe, plus les dangers vont augmenter. Faites-moi confiance. "
Personne ne parla, ils conservaient tous un air proscrit et mal à l'aise. La grand-mère de John prit la parole :
" _La plupart du temps, comment se terminent vos prises d'otages, monsieur Husser ? "
C'était une question piège. L'inspecteur prit une grande inspiration avant de répondre :
" _Et bien, il n'y a jamais plus de deux otages morts, et croyez-moi c'est une très bonne moyenne. "
Sur ce, il sortit du fourgon. Les flocons de neiges vinrent lui gifler le visage et le pâle soleil blanc gagnait du terrain dans le ciel gris de Chicago. Dieu que cette journée commençait mal.
¤°¤°¤°¤
A suivre…
Je vous sens tendu ;o) Le chapitre suivant sera beaucoup centré sur Kerry, et oui il en faut pour tous les goûts ! (et puis moi je l'aime bien !)
Chapitre VI : Le Purgatoire
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.
Note de l'auteur : Enfin la deuxième révélation sur John, oui je sais la première était pas très originale mais celle là je suis sûre que vous vous y attendiez pas ! Et je parle aussi un peu de Cleo dans cette partie (mais ne faites pas cette tête là ! J'en parle UN PEU).
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10:00
John inspira profondément. Chaque regard était posé sur lui à présent. Malheureusement il avait souvent été le principal sujet des rumeurs des urgences. Cela n'allait pas s'arrêter avec ce qu'il s'apprêtait à dire. Mais de toute façon, ça ne pouvait pas être pire que ce que Luka avait dit. Il ouvrit la bouche pour commencer à parler :
" _Un jour quand j'avais sept ans j'ai fait quelque chose, qui me réveille encore aujourd'hui la nuit. Une douleur et une culpabilité qui se sont brusquement réveillées en même temps que la perte de Lucy. " Dit-il la voix tremblante. " J'ai perdu ce jour là un autre être cher. "
John s'arrêta de parler. Il avait tant de mal à dompter ses sentiments. Son esprit était semblable à un capharnaüm où se querellaient les fantômes du passé. Face à son silence Joffrey s'impatienta, son menton posé sur le canon de l'arme qu'il tenait de la main droite. John sentit Malik lui donner un coup de coude pour qu'il continue à parler. Ils savaient tous que le garçon était parfaitement capable de leur tirer dessus pour n'importe quel motif, y compris parce que John avait du mal à continuer de parler. Carter aperçut Luka un peu devant sur sa gauche, lui adresser un regard encourageant.
" _Cet être cher était mon grand frère. "
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Cleo appuyée contre l'une des portes arrières du fourgon, observait avec mélancolie l'entrée des urgences. Les véhicules de polices avaient remplacé les ambulances, les agents les médecins, les armes les scalpels. C'était un curieux spectacle. Elle entendit des pas derrière elle et se retourna vivement :
" _Carla ! Tu m'as fait peur.. "
" _Excuse-moi, " répondit la mère de Reese. Il y eut un silence entre les deux femmes, leurs relations étaient loin d'être roses. Cleo accusait Carla de vouloir récupérer Peter. Carla accusait Cleo de vouloir lui voler son fils. " Moi aussi je m'inquiète beaucoup. Je tiens à Peter, je l'ai aimé autrefois. Mais je doute que lui m'ai aimé ne serait ce qu'un seul instant. Je crois que c'est surtout pour ça que je lui en veux. "
" _Peter ne se dévoile que très rarement, " ajouta Cleo en connaissance de cause.
" _Et encore, tu ne l'as jamais connu avant la naissance de Reese ! " S'exclama Carla retrouvant brièvement le sourire.
" _Parce qu'on peut être pire que ça ? ! ? " Surenchérit Cleo amusée.
Les deux femmes rirent un instant mais retrouvèrent rapidement leur sérieux. Le rire était une façon de dissiper le malaise quelques instants, mais on ne pouvait l'ignorer éternellement. Carla prit un ton grave :
" _Comme je crois qu'en ce moment on est dans ce qui s'appelle un moment de vérité, j'aimerais te dire quelque chose qui me pèse, " commença-t-elle. Cleo concentra toute son attention sur l'ex-femme de Peter. Carla reprit : " J'ai souvent été dure avec toi et il y a une raison toute simple à cela. Contrairement à ce que l'on pourrait croire et je le répète, je tiens beaucoup à Peter. Il mérite d'être heureux et je sais qu'il tient beaucoup à toi. Mais toi j'ai l'impression que tu ne le prends pas au sérieux, que tu ne l'aimes pas vraiment.. "
" _Que je ne l'aime pas vraiment ? Mais comment oses-tu di.. "
" _Laisse-moi finir Cleo ! " Ordonna Carla en haussant la voix face à sa cadette. " Tu n'as pas l'attitude d'une femme amoureuse, tu ne le regardes pas de la façon dont il te regarde, et de la façon dont je l'ai regardé il y a bien longtemps. "
Cleo ne répondit et retourna la tête en direction des portes automatiques. Carla n'en rajouta pas et elle rentra à l'intérieur de la fourgonnette. Il gelait dehors mais malgré le froid Cleo ne suivit pas son exemple. Vêtue d'une veste légère, elle regardait toujours dans la même direction. Une larme coula le long de sa joue. Carla venait de lui dire ce qu'elle refusait de s'admettre à elle-même. Etait-ce vraiment de l'amour qu'elle éprouvait pour Peter ? Elle chassa rapidement ces pensées de son esprit. De la neige commença à tomber. Le temps s'adoucissait légèrement.
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" _T'as tué ton grand frère ? " S'étonna Joffrey abasourdi.
" _Non ! Non.. Pas vraiment.. En fait, c'est un peu compliqué à expliquer. Il.. Enfin je.. " John s'emmêlait les pinceaux et ne savait plus comment reprendre le cours de son histoire. " Il avait une maladie incurable, il était condamné, il souffrait horriblement et n'avait sûrement plus que quelques jours, voire quelques heures à vivre. "
Il ne put retenir plus longtemps ses sanglots. Joffrey l'observa d'un air méfiant. Les révélations de ses otages étaient décidément très morbides.
" _Qu'est-c'qui s'est passé ? " Demanda Joffrey pour relancer John complètement anéanti.
" _J'étais seule dans la chambre d'hôpital avec lui. Je me rappelle il faisait beau dehors, ma mère avait ouvert la fenêtre une heure plus tôt. Il y avait des lilas pas loin et l'odeur entrait dans la pièce. C'était une journée magnifique, et ma mère m'avait laissé seul avec mon frère le temps de parler à un docteur. Mon frère m'a alors demandé de m'approcher. Je devais tendre l'oreille car il n'avait quasiment plus la force de parler. Il m'a.. Il m'a demandé de le débrancher… "
John s'arrêta une nouvelle fois. Les sanglots lui obstruaient la gorge. Il sentit la main de Malik se poser sur son épaule, et entendit Chuny lui murmurer quelques douces paroles. Joffrey la fit taire en sifflant. Du coin de l'œil, il pouvait aussi voir Jing-Mei qui malgré qu'elle soit sa confidente, n'avait jamais été mise au courant. Elle n'en semblait pas contrariée, mais s'inquiétait pour lui. John trouvait justement que trop de monde s'inquiétait pour lui. Peter l'observait lui aussi fixement. Le chirurgien aurait aimé pouvoir se lever et le prendre dans ses bras. Carter n'avait pas encore fini son histoire, que tout le monde déjà avait deviné la fin. Joffrey manifesta son impatience en soupirant et en regardant son arme. John se décida à continuer :
" _Il m'a demandé de le débrancher. J'ai pas voulu au début. Je voulais pas le faire car je savais ce que cela signifiait. Mais il insistait tellement. Il me disait qu'il avait mal, très mal, qu'il souffrait horriblement. Alors j'ai fermé la porte, et je me suis approché de la prise qui permettait encore à son cœur de battre. Mon frère m'a regardé une dernière fois, il a murmuré qu'il m'aimait et que de là-haut, il veillerait à ce qu'il ne m'arrive rien. J'ai débranché.. Tous les moniteurs se sont mit à produire pleins de sons bizarres en même temps. Cela couvrait le chant des oiseaux pas la fenêtre. J'ai eu la trouille et j'ai rebranché aussitôt. Mais cela n'a rien changé. Des médecins et des infirmières sont arrivés en trombe dans la chambre. J'ai été poussé sur le côté. Ce fut la dernière fois que je vis mon frère avant l'enterrement. Ils l'ont emporté vers le bloc et ma mère est arrivée. Elle m'a serré fort dans ses bras, puis elle est partit elle aussi au bloc. Quelque chose a changé en elle ce jour là. Elle ne m'a plus jamais pris dans ses bras par la suite, elle est devenue froide et distante, une inconnue. Je crois qu'elle sait comment mon frère est mort. Je crois qu'elle sait que j'ai débranché la prise, et même si sa mort était inévitable, malgré cela elle m'en veut terriblement car elle n'a pas pu dire en revoir à son fils une dernière fois. C'est depuis ce jour que j'ai voulu faire médecine. C'est une façon je crois pour moi de me racheter. En chaque patient je vois un peu de mon frère, je comprends leur douleur et je l'ai même vécu après l'agression de Sobriki. "
Peter comprenait maintenant mieux pourquoi du temps où John était encore en chirurgie, il s'intéressait tant aux patients. Il passait des heures à discuter avec eux. C'était une façon d'exorciser la mort de son frère dont il se savait responsable. Tout était si clair à présent.
Les destins tragiques se croisaient dans le service des urgences, comme si tous les gens torturés se donnaient rendez-vous dans ce service où la mort et la vie se côtoient continuellement, où les émotions sont parfois si fortes qu'elles en sont insupportables. Peut-être était-ce là le rôle des urgences : un purgatoire pour les âmes au lourd passé.
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Husser s'arrachait les cheveux, rien n'allait comme il voulait. Ils avaient fait des recherches sur Michael Banner. Il était bel et bien incarcéré dans l'état de Géorgie. Il y était emprisonné pour vol à main armé et homicide volontaire. Jamais il ne pourra être libéré, et de toute façon Husser ne comptait nullement obéir à ces preneurs d'otages pour ce genre de requêtes.
A côté de lui, Younberg voyait les derniers préparatifs d'une autre voiture télécommandée. Celle-là était plus petite et plus silencieuse, les policiers la glisseraient dans les conduits de ventilation par le première étage, et l'engin muni d'une caméra pourra aller voir la situation dans les urgences. Cela leur donnerait une idée de la position des otages et des preneurs. Mais avant tout il fallait gagner du temps. Il décrocha le téléphone.
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Le téléphone se mit à sonner. Joffrey fit signe à Luka de se lever et de répondre :
" _Allô ? "
" _Allô Luka, c'est Husser. Nous allons bientôt avoir l'hélicoptère dans une heure ou deux. Pour la libération de Michael Banner, nous sommes encore en pourparlers avec les autorités. "
" _Foutaises ! " Marmonna le garçon assez bas pour que Husser ne puisse pas l'entendre. Il prit le combiné et raccrocha aussitôt. " Va t'asseoir Luka ! " Le médecin obéit aussitôt. " Ces connards veulent gagner du temps ! Ils préparent un mauvais coup ! "
Joffrey furieux s'assit un instant sur le comptoir et regarda autour de lui avec suspicion. Il se demandait d'où viendrait le piège. Il remarqua alors les conduits d'aération présents un peu partout sur les murs. Joffrey se rappelait parfaitement dans les films quand les policiers envoient des caméras dans ces conduits. Le garçon fouilla sous le bureau des admissions tout en gardant un œil sur ses otages, et trouva plusieurs blouses et quelques punaises. Il se retourna triomphant vers le personnel médical :
" _On va faire un peu d'exercice ! " S'exclama-t-il en souriant. " Luka reviens, tu vas prendre ces blouses et ces punaises, et tu vas cacher toutes les bouches des couloirs d'ventilation. Et pas d'coups bas, sinon c'est même pas toi qu'je bute, mais un d'tes potes, capiche ? "
" _Capiche, " répondit à contrecœur le médecin.
Les autres comptaient sur lui pour qu'il ne fasse aucun geste dangereux. Kovac n'en avait de toute façon nullement l'intention. Il se leva et attrapa les blouses et les punaises que Joffrey avait posé sur le bureau. Alors qu'il se mettait au travail, il sentait la menace de l'arme dans son dos. Joffrey scrutait chacun de ses gestes et au moindre mouvement de travers, Luka savait qu'il appuierait sur la gâchette. Il se dépêcha de boucher les conduits d'aération avec les blouses et de les maintenir avec les punaises, puis alla se rasseoir. Joffrey reprit un air plus décontracté et observa Kerry un instant :
" _Je crois que John a assez parlé. A toi ! "
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Encore un mauvais signe, les négociations s'annonçaient mal parties. Les malfaiteurs se doutaient de quelque chose sinon ils n'auraient raccroché si brusquement. Chaque prise d'otage était un pas de plus vers l'infarctus pour Husser. Toujours un gobelet à la main, la caféine remplaçait presque son sang dans ses veines à présent. Et les familles des otages n'arrangeaient rien, elles se méfiaient de lui alors qu'il était là pour les aider. Younberg en avait fini avec le petit véhicule téléguidé. Il était à présent avec une équipe réduite au premier étage. Husser l'avait en radio :
" _Younberg, t'en es où ? "
" _On vient de lâcher notre petit bébé dans la jungle, " répondit avec malice le jeune lieutenant.
" _Okay, préviens-moi dès que tu vois quelque chose. Je pars parler aux familles. "
" _Bonne chance inspecteur ! " Lui souhaita son collègue.
" _Je vais en avoir besoin, " marmonna l'inspecteur.
Husser remit son talkie-walkie à sa ceinture. Il se dirigea rapidement vers la petite fourgonnette. Toutes les familles s'étaient regroupées à l'intérieur à cause des petits flocons de neige sifflants, qui tourbillonnaient un peu partout dans la baie des ambulances. Il ouvrit l'une des portes arrières et se dépêcha d'entrer. Il se retrouva face au petit copain de Chuny, un homme imposant au regard perçant et aux biceps avantageux. Husser déglutit avec difficulté :
" _Je viens pour les dernières nouvelles. Je suppose que vous vous demandez pourquoi le véhicule télécommandé à fait demi-tour, et bien les malfaiteurs ne voulaient plus du cédé. Mais nous avons encore d'autres cartes en main, ne vous inquiétez pas. "
" _Qu'on ne s'inquiète pas ? Vous êtes un petit rigolo vous ! " Rétorqua durement Kim Legaspi.
" _Je sais, ce n'est facile pour personne. Croyez-moi, ce n'est pas la première prise d'otage dont je m'occupe. Nous avons actuellement glissé un autre petit engin téléguidé doublé d'une caméra dans les circuits de ventilation des urgences. Grâce à ça, nous allons pouvoir observer la position des malfaiteurs. "
" _Et intervenir mettant en danger la vie des otages ? " Renchérit Abby Lockhart.
" _Sans vouloir vous manquer de respect mademoiselle, la vie des otages est DEJA en danger je vous signale, ce n'est pas moi qui braque un flingue sur eux actuellement ! " Répondit Husser sans se démonter. " Et plus le temps passe, plus les dangers vont augmenter. Faites-moi confiance. "
Personne ne parla, ils conservaient tous un air proscrit et mal à l'aise. La grand-mère de John prit la parole :
" _La plupart du temps, comment se terminent vos prises d'otages, monsieur Husser ? "
C'était une question piège. L'inspecteur prit une grande inspiration avant de répondre :
" _Et bien, il n'y a jamais plus de deux otages morts, et croyez-moi c'est une très bonne moyenne. "
Sur ce, il sortit du fourgon. Les flocons de neiges vinrent lui gifler le visage et le pâle soleil blanc gagnait du terrain dans le ciel gris de Chicago. Dieu que cette journée commençait mal.
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A suivre…
Je vous sens tendu ;o) Le chapitre suivant sera beaucoup centré sur Kerry, et oui il en faut pour tous les goûts ! (et puis moi je l'aime bien !)
