Treize
Chapitre VII : Souvenirs du Continent Mère
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.
Note de l'auteur : Kerry Weaver la tyrannique à l'honneur dans ce chapitre. Etant donné le peu d'infos que les scénaristes ont voulu lâcher sur son passé, je m'en donne à cœur joie pour lui créer des souvenirs nostalgiques bercés par une Afrique que malheureusement trop de gens ont tendance à oublier.
¤°¤°¤°¤ ¤°¤°¤°¤
11:00
" _Et bien, il n'y a jamais plus de deux otages morts, et croyez-moi c'est une très bonne moyenne. "
Sur ce, il sortit du fourgon. Les flocons de neiges vinrent lui gifler le visage et le pâle soleil blanc gagnait du terrain dans le ciel gris de Chicago. Dieu que cette journée commençait mal. Son talkie-walkie se remit à grésiller. Husser porta l'appareil près de ses lèvres :
" _Alors ? "
" _On a un p'tit problème, " répondit Younberg. " Les malfaiteurs avaient déjà prévu le coup, ils ont bouché les sorties des conduits d'aérations. On a plus la vue mais on a encore le son. C'est confus mais on entend une femme qui parle. "
" _Oh merde… " Soupira Husser déjà à bout de forces. " Bon, il va nous falloir chercher un autre moyen de coincer ces salops ! Est-ce que quelqu'un a fait des recherches sur ce Michael Banner ? "
" _C'est Billy qui s'en occupe, tous les mecs qui ont participé au braquage avec lui sont soient en prison, soient morts. Il cherche actuellement du côté de sa famille. "
" _Quand il trouve quelque chose, qu'il m'appelle tout de suite et directement ! Compris ? "
" _Reçu cinq sur cinq. " Répondit Younberg avant de raccrocher.
Husser jura et eut envie de jeter le talkie-walkie au sol. Il s'aperçut alors qu'il était couvert de neige. Il secoua les longs pans de son manteau noir et se dépêcha d'entrer dans un fourgon pour se mettre à l'abri.
¤°¤°¤°¤
Kerry tremblait comme une feuille. Qu'allait-elle dire ? Sa vie était un grand trou noir où dérivaient les épaves de ce qu'elle avait crût être sa vie. Toutes ses convictions s'étaient écroulées peu à peu et pourtant il y a bien longtemps, Kerry avait crû tenir sa vie entre ses mains. Dans cette époque lointaine et révolue, ses parents l'aimaient et vivaient en bonne santé dans un petit village tranquille de la campagne américaine, son mari était à ses côtés et ensemble ils avaient dédié leur passion au continent oublié : l'Afrique. Mais maintenant elle n'était plus sûre de ses convictions passées. Elle s'était découverte des parts de son être dont elle ne soupçonnait pas l'existence : la véritable Kerry Weaver.
Joffrey commençait à en avoir marre de voir tous ses otages hésiter à chaque fois. Qu'est-ce que celle-là avait à dire ? Luka et John gardaient le regard bas. Leurs révélations successives résonnaient encore dans leurs crânes.
" _Beau.. Beaucoup de rumeurs circulent sur moi aux urgences. Je le sais, " commença Kerry en hésitant. La plupart des infirmières se sentirent confuses à ce moment précis. " La plupart ont une base vraie mais ce que les rumeurs ne pourront jamais dire, c'est comment j'en suis arrivée là. "
" _Arrivée où ? " Demanda subitement Joffrey qui ignorait tout des rumeurs des urgences.
" _Célibataire, boiteuse, découvrant à peine mon homosexualité, et à la tête de ce service débordé des urgences, ne connaissant rien de mes origines. Ma vie n'a pas toujours été comme ça, loin de là. " Il y eut quelques murmures et quelques regards fuyants parmi les otages. Kerry croisa le regard de Luka et elle se rappela leur discussion quelques heures plus tôt. Cela lui redonna quelques forces. Elle remarqua aussi Romano qui se sentait de plus en plus mal à l'aise. " Avant je vivais mariée en Afrique, je ne boitais pas et je m'occupais du mieux que je pouvais d'un centre de soins. Là-bas, un banal traitement est un vrai parcours du combattant à accomplir à cause du manque de moyens. Et je croyais savoir d'où je venais et donc qui j'étais. Tout cela a bien changé, ma vie est digne d'un roman. Tout n'a pas basculé d'un coup. J'ai d'abord eu ce maudit accident de Jeep dans la brousse. Mon mari et moi devions nous rendre dans un village pour un enfant très malade. Sur le chemin des éléphants ont barré la route. Contrairement à l'image très enfantine que la plupart des gens en ont, cela n'en reste pas moins des animaux sauvages et qui peuvent avoir des réactions très violentes. "
Elle s'arrêta un instant et regarda tout le monde autour d'elle. Ils étaient déjà tous en Afrique avec elle. Joffrey lui-même était fasciné. Les clichés des reportages du " National Geographic " avaient déjà inondé leurs esprits. Réconfortée par cet auditoire passionné, elle reprit :
" _Il n'y a rien de plus majestueux qu'un éléphant qui se détache à contre-jour d'un soleil couchant flamboyant, rien de plus fascinant et terrifiant à la fois. On se sent ridiculement petit. Nous admirions en silence le troupeau quand une grande femelle a surgi, sûrement la patriarche. Elle a foncé droit sur notre véhicule qu'elle a interprété comme une menace pour ses congénères. Nous nous sommes senti soulevé et nous avons basculé en arrière. La voiture est retombée sur nous et un dossier a coincé ma jambe. Nous sommes restés ainsi coincer plusieurs heures avant que des gens du village ne nous trouvent. Ils nous ont aussitôt amené à la ville la plus proche. Mais ma jambe ne s'en ait jamais remise et depuis je boite. Ce n'est pas cette malheureuse aventure qui m'a fait quitté l'Afrique, non ce n'était qu'un accident. Ce qui m'a fait quitter ce continent c'est mon mari. Cela n'avait rien à voir avec notre accident avec l'éléphant, mais à partir de ce moment là nos relations ont commencé à se détériorer et nous a mené jusqu'au divorce. Mon ex-mari avait malheureusement pour moi des relations avec de hauts placés dans l'administration, et il a réussi à ordonner mon expulsion du pays dans lequel nous étions. Alors je suis retournée aux Etats-Unis chez mes parents et j'ai recommencé ma vie. "
" _Comment il a osé faire ça ! ? ! " S'indigna Joffrey à propos de l'ex-mari de Kerry.
Weaver baissait toujours la tête, elle ne voulait pas la relever pour voir les autres, pour croiser leurs regards. Et encore, ils n'avaient pas tout entendu.
¤°¤°¤°¤
Kim sentit quelqu'un qui lui prit le bras. Elle se retourna et vit que c'était Abby. Les deux femmes se connaissaient grâce, ou plutôt à cause de la mère de l'infirmière. La psychologue s'inquiétait tellement pour Kerry, elle se souvenait encore de quelques lignes de la lettre que la directrice des urgences lui avait écrit. De plus, elle savait par certaines rumeurs que Kerry avait avoué son homosexualité à Romano. Ses sentiments étaient si confus qu'elle ne savait plus où elle en était.
Kim se retourna et vit tous les visages inquiets des gens présents. Abby était repartie s'asseoir à côté de Mark et Susan, visiblement très proches. Cleo Finch et Carla Reese se trouvaient chacune à l'opposé de l'autre dans la fourgonnette. Kim s'assit sur une place libre à côté de Maria si elle se souvenait bien de son prénom, et commença à essayer de faire rire la fillette dans ses bras. Mais l'enfant fatigué gardait son visage ensommeillé contre la poitrine de sa mère.
" _Vous devriez l'amener chez quelqu'un pour qu'elle dorme un peu, " suggéra Kim à Maria sur un ton doux. La mère lui adressa un faible sourire.
" _Oui je sais. Pour ne rien arranger elle est malade. Mais je ne connais que peu de monde dans cette ville et ils travaillent tous à cette heure-ci. " En disant cela elle caressa avec tendresse le front de la fillette, dégageant son visage légèrement mat de ses longs cheveux ébènes.
" _Comment elle s'appelle ? "
" _Elena. Et vous, vous avez de enfants ? " Demanda Maria avec naïveté.
" _Non, ce n'est pas que je n'en veux pas mais.. Mais disons que mes préférences sexuelles ne me permettent pas d'en avoir autrement que par l'adoption, si vous voyez ce que je veux dire. " Répondit Kim avec un sourire grimaçant. Maria s'aperçut de sa maladresse et détourna le regard gênée.
" _Ah oui… " Répondit la jeune mère un peu confuse. " Et votre amie est à l'intérieur ? "
" _Oui, mais en fait ces derniers temps nous avons eu quelques sujets de discorde. "
" _Je suis sûre que tout va s'arranger quand cette prise d'otage sera finie. " Voulut la rassurer Maria.
Mais elle même n'était pas convaincue que tout finisse bien. Les deux femmes s'échangèrent un regard bercé d'espoir puis observèrent en souriant la petite Elena qui s'était endormie.
¤°¤°¤°¤
Le talkie-walkie se mit à grésiller :
" _Inspecteur Husser ? "
Le policier délaissa son gobelet de café et se précipita pour lui répondre :
" _Alors Billy, t'as trouvé quelque chose ? " Demanda Husser plein d'espoir.
" _Oui j'ai trouvé quelque chose de très très intéressant. Banner a de la famille à Chicago. Et notamment un petit frère de quatorze ans qui s'appelle Joffrey. Il a disparu et par tout hasard j'ai interrogé les derniers ambulanciers qui ont amené un patient aux urgences. C'était un jeune adolescent afro-américain avec une blessure par balle, cela se pourrait bien que ce soit notre petit Joffrey Banner, surtout que sa mère dit ne pas l'avoir vu depuis tôt ce matin. "
" _Bon boulot, Billy. " Le remercia Husser.
Il reposa le talkie-walkie sur la table et se frotta énergiquement les yeux. Ils avaient peut-être enfin découvert l'identité d'un des preneurs d'otages. Joffrey Banner était bien trop jeune pour mener tout seul ce genre d'expédition, et tous leurs efforts se concentraient maintenant sur ses possibles " collègues ". Mais en attendant, il fallait trouver un autre moyen de découvrir leur nombre exact sinon les troupes de choc ne pourraient jamais intervenir. Husser reprit son gobelet à la main et se mit à réfléchir.
¤°¤°¤°¤
" _Et c'est quoi la suite d'l'histoire ? " Demanda Joffrey.
" _La suite est que peu de temps après, j'ai découvert que mes parents n'étaient pas mes véritables parents biologiques, " reprit Kerry. " Je crois que c'est ça qui a été le véritable tournant de ma vie plus que mon divorce, je me suis aperçue que toute mon identité était construite sur de fausses bases. Et il n'y a rien de pire que ça. C'est comme si après que ma vraie mère m'ai abandonné, on m'abandonnait une seconde fois. Pour une personne qui ne l'a pas vécue c'est très dur à décrire. C'est comme essayer de décrire la guerre à qui n'en connaît que les images de la CNN, " dit-elle en jetant un rapide coup d'œil à Luka.
" _Moi j'sais c'que c'est, " admit Joffrey qui pour une fois laisser apparaître un détail de sa vie. " Mon père s'est tiré quand j'avais qu'cinq ans. "
Tous les otages observèrent un instant le jeune preneur d'otages. Il n'avait rien d'un malfaiteur, il ressemblait plus à une victime en fait. Joffrey parut un instant plongé dans un autre monde l'arme toujours à la main, puis se reprit rapidement.
" _Bon Kerry, j'crois qu't'as assez parlé. J'vais choisir quelqu'un d'autre maintenant. " Son ton était plus doux envers elle, comme si le point commun qu'ils venaient de se trouver les avaient rapproché. Il réfléchit un instant, puis pointa subitement son arme vers Elisabeth qui sursauta. " Toi la fille au bipeur, à ton tour ! C'est quoi ton nom ? "
" _Elisabeth Corday Greene. "
" _Bien, à toi ! "
" _Mais moi je n'ai rien à dire ! " Protesta la chirurgienne avec son accent anglais. " Pour être franche, tout va bien dans ma vie. "
" _Y'a toujours un truc ! " Répliqua Joffrey en colère, il n'aimait pas qu'on lui résiste.
" _Je ne vois pas ce que je pourrais dire, " renchérit-elle après que Peter lui ait lancé un regard réprobateur. " Je viens d'avoir un jolie petite fille, je suis mariée depuis peu, mon travail me plaît, ma vie est comme je l'ai toujours souhaité. "
" _T'as jamais été malheureuse, t'as jamais souffert ? C'est pas possible. " Dit Joffrey en s'approchant de la femme. Il la tira en arrière par les cheveux et plaqua le canon de l'arme sur sa tempe. Tout le monde retint son souffle. " Et maintenant, tu n't'rappelles de rien ? "
Elisabeth roulait des yeux effarées, puis avec difficulté elle parvint à articuler :
" _Si.. Si. "
" _J'préfère entendre ça, " rétorqua le garçon en la lâchant et reprenant sa place au bureau des admissions.
Maintenant tout le monde savait à quoi s'attendre si jamais ils refusaient d'obtempérer. Les arguments de Joffrey étaient plutôt convaincants : parle ou crève !
La chirurgienne reprit calmement son souffle, c'était si effrayant de voir la mort de si près. Incapable de réfléchir objectivement, elle n'arrivait pas à trouver une histoire à raconter, hormis la vérité. Elle sentait peser sur elle le regard de Peter, il voulait qu'elle parle, lui seul savait combien Elisabeth souffrait ces derniers temps. Elle frissonna en se remémorant quand il l'avait pris dans ses bras tout à l'heure, cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas senti sa chaleur. Cela lui avait manqué.
" _Il y a quelque chose qui me tracasse en ce moment, " admit-elle. Joffrey eut un sourire victorieux.
¤°¤°¤°¤
A suivre…
Adeline, j'espère que tu m'en voudras pas d'avoir repris le même prénom pour la fille de Malucci que dans ta fic " Hayastan ", mais c'est vraiment un prénom que j'adore et qui colle bien je trouve ;o)
Chapitre VII : Souvenirs du Continent Mère
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.
Note de l'auteur : Kerry Weaver la tyrannique à l'honneur dans ce chapitre. Etant donné le peu d'infos que les scénaristes ont voulu lâcher sur son passé, je m'en donne à cœur joie pour lui créer des souvenirs nostalgiques bercés par une Afrique que malheureusement trop de gens ont tendance à oublier.
¤°¤°¤°¤ ¤°¤°¤°¤
11:00
" _Et bien, il n'y a jamais plus de deux otages morts, et croyez-moi c'est une très bonne moyenne. "
Sur ce, il sortit du fourgon. Les flocons de neiges vinrent lui gifler le visage et le pâle soleil blanc gagnait du terrain dans le ciel gris de Chicago. Dieu que cette journée commençait mal. Son talkie-walkie se remit à grésiller. Husser porta l'appareil près de ses lèvres :
" _Alors ? "
" _On a un p'tit problème, " répondit Younberg. " Les malfaiteurs avaient déjà prévu le coup, ils ont bouché les sorties des conduits d'aérations. On a plus la vue mais on a encore le son. C'est confus mais on entend une femme qui parle. "
" _Oh merde… " Soupira Husser déjà à bout de forces. " Bon, il va nous falloir chercher un autre moyen de coincer ces salops ! Est-ce que quelqu'un a fait des recherches sur ce Michael Banner ? "
" _C'est Billy qui s'en occupe, tous les mecs qui ont participé au braquage avec lui sont soient en prison, soient morts. Il cherche actuellement du côté de sa famille. "
" _Quand il trouve quelque chose, qu'il m'appelle tout de suite et directement ! Compris ? "
" _Reçu cinq sur cinq. " Répondit Younberg avant de raccrocher.
Husser jura et eut envie de jeter le talkie-walkie au sol. Il s'aperçut alors qu'il était couvert de neige. Il secoua les longs pans de son manteau noir et se dépêcha d'entrer dans un fourgon pour se mettre à l'abri.
¤°¤°¤°¤
Kerry tremblait comme une feuille. Qu'allait-elle dire ? Sa vie était un grand trou noir où dérivaient les épaves de ce qu'elle avait crût être sa vie. Toutes ses convictions s'étaient écroulées peu à peu et pourtant il y a bien longtemps, Kerry avait crû tenir sa vie entre ses mains. Dans cette époque lointaine et révolue, ses parents l'aimaient et vivaient en bonne santé dans un petit village tranquille de la campagne américaine, son mari était à ses côtés et ensemble ils avaient dédié leur passion au continent oublié : l'Afrique. Mais maintenant elle n'était plus sûre de ses convictions passées. Elle s'était découverte des parts de son être dont elle ne soupçonnait pas l'existence : la véritable Kerry Weaver.
Joffrey commençait à en avoir marre de voir tous ses otages hésiter à chaque fois. Qu'est-ce que celle-là avait à dire ? Luka et John gardaient le regard bas. Leurs révélations successives résonnaient encore dans leurs crânes.
" _Beau.. Beaucoup de rumeurs circulent sur moi aux urgences. Je le sais, " commença Kerry en hésitant. La plupart des infirmières se sentirent confuses à ce moment précis. " La plupart ont une base vraie mais ce que les rumeurs ne pourront jamais dire, c'est comment j'en suis arrivée là. "
" _Arrivée où ? " Demanda subitement Joffrey qui ignorait tout des rumeurs des urgences.
" _Célibataire, boiteuse, découvrant à peine mon homosexualité, et à la tête de ce service débordé des urgences, ne connaissant rien de mes origines. Ma vie n'a pas toujours été comme ça, loin de là. " Il y eut quelques murmures et quelques regards fuyants parmi les otages. Kerry croisa le regard de Luka et elle se rappela leur discussion quelques heures plus tôt. Cela lui redonna quelques forces. Elle remarqua aussi Romano qui se sentait de plus en plus mal à l'aise. " Avant je vivais mariée en Afrique, je ne boitais pas et je m'occupais du mieux que je pouvais d'un centre de soins. Là-bas, un banal traitement est un vrai parcours du combattant à accomplir à cause du manque de moyens. Et je croyais savoir d'où je venais et donc qui j'étais. Tout cela a bien changé, ma vie est digne d'un roman. Tout n'a pas basculé d'un coup. J'ai d'abord eu ce maudit accident de Jeep dans la brousse. Mon mari et moi devions nous rendre dans un village pour un enfant très malade. Sur le chemin des éléphants ont barré la route. Contrairement à l'image très enfantine que la plupart des gens en ont, cela n'en reste pas moins des animaux sauvages et qui peuvent avoir des réactions très violentes. "
Elle s'arrêta un instant et regarda tout le monde autour d'elle. Ils étaient déjà tous en Afrique avec elle. Joffrey lui-même était fasciné. Les clichés des reportages du " National Geographic " avaient déjà inondé leurs esprits. Réconfortée par cet auditoire passionné, elle reprit :
" _Il n'y a rien de plus majestueux qu'un éléphant qui se détache à contre-jour d'un soleil couchant flamboyant, rien de plus fascinant et terrifiant à la fois. On se sent ridiculement petit. Nous admirions en silence le troupeau quand une grande femelle a surgi, sûrement la patriarche. Elle a foncé droit sur notre véhicule qu'elle a interprété comme une menace pour ses congénères. Nous nous sommes senti soulevé et nous avons basculé en arrière. La voiture est retombée sur nous et un dossier a coincé ma jambe. Nous sommes restés ainsi coincer plusieurs heures avant que des gens du village ne nous trouvent. Ils nous ont aussitôt amené à la ville la plus proche. Mais ma jambe ne s'en ait jamais remise et depuis je boite. Ce n'est pas cette malheureuse aventure qui m'a fait quitté l'Afrique, non ce n'était qu'un accident. Ce qui m'a fait quitter ce continent c'est mon mari. Cela n'avait rien à voir avec notre accident avec l'éléphant, mais à partir de ce moment là nos relations ont commencé à se détériorer et nous a mené jusqu'au divorce. Mon ex-mari avait malheureusement pour moi des relations avec de hauts placés dans l'administration, et il a réussi à ordonner mon expulsion du pays dans lequel nous étions. Alors je suis retournée aux Etats-Unis chez mes parents et j'ai recommencé ma vie. "
" _Comment il a osé faire ça ! ? ! " S'indigna Joffrey à propos de l'ex-mari de Kerry.
Weaver baissait toujours la tête, elle ne voulait pas la relever pour voir les autres, pour croiser leurs regards. Et encore, ils n'avaient pas tout entendu.
¤°¤°¤°¤
Kim sentit quelqu'un qui lui prit le bras. Elle se retourna et vit que c'était Abby. Les deux femmes se connaissaient grâce, ou plutôt à cause de la mère de l'infirmière. La psychologue s'inquiétait tellement pour Kerry, elle se souvenait encore de quelques lignes de la lettre que la directrice des urgences lui avait écrit. De plus, elle savait par certaines rumeurs que Kerry avait avoué son homosexualité à Romano. Ses sentiments étaient si confus qu'elle ne savait plus où elle en était.
Kim se retourna et vit tous les visages inquiets des gens présents. Abby était repartie s'asseoir à côté de Mark et Susan, visiblement très proches. Cleo Finch et Carla Reese se trouvaient chacune à l'opposé de l'autre dans la fourgonnette. Kim s'assit sur une place libre à côté de Maria si elle se souvenait bien de son prénom, et commença à essayer de faire rire la fillette dans ses bras. Mais l'enfant fatigué gardait son visage ensommeillé contre la poitrine de sa mère.
" _Vous devriez l'amener chez quelqu'un pour qu'elle dorme un peu, " suggéra Kim à Maria sur un ton doux. La mère lui adressa un faible sourire.
" _Oui je sais. Pour ne rien arranger elle est malade. Mais je ne connais que peu de monde dans cette ville et ils travaillent tous à cette heure-ci. " En disant cela elle caressa avec tendresse le front de la fillette, dégageant son visage légèrement mat de ses longs cheveux ébènes.
" _Comment elle s'appelle ? "
" _Elena. Et vous, vous avez de enfants ? " Demanda Maria avec naïveté.
" _Non, ce n'est pas que je n'en veux pas mais.. Mais disons que mes préférences sexuelles ne me permettent pas d'en avoir autrement que par l'adoption, si vous voyez ce que je veux dire. " Répondit Kim avec un sourire grimaçant. Maria s'aperçut de sa maladresse et détourna le regard gênée.
" _Ah oui… " Répondit la jeune mère un peu confuse. " Et votre amie est à l'intérieur ? "
" _Oui, mais en fait ces derniers temps nous avons eu quelques sujets de discorde. "
" _Je suis sûre que tout va s'arranger quand cette prise d'otage sera finie. " Voulut la rassurer Maria.
Mais elle même n'était pas convaincue que tout finisse bien. Les deux femmes s'échangèrent un regard bercé d'espoir puis observèrent en souriant la petite Elena qui s'était endormie.
¤°¤°¤°¤
Le talkie-walkie se mit à grésiller :
" _Inspecteur Husser ? "
Le policier délaissa son gobelet de café et se précipita pour lui répondre :
" _Alors Billy, t'as trouvé quelque chose ? " Demanda Husser plein d'espoir.
" _Oui j'ai trouvé quelque chose de très très intéressant. Banner a de la famille à Chicago. Et notamment un petit frère de quatorze ans qui s'appelle Joffrey. Il a disparu et par tout hasard j'ai interrogé les derniers ambulanciers qui ont amené un patient aux urgences. C'était un jeune adolescent afro-américain avec une blessure par balle, cela se pourrait bien que ce soit notre petit Joffrey Banner, surtout que sa mère dit ne pas l'avoir vu depuis tôt ce matin. "
" _Bon boulot, Billy. " Le remercia Husser.
Il reposa le talkie-walkie sur la table et se frotta énergiquement les yeux. Ils avaient peut-être enfin découvert l'identité d'un des preneurs d'otages. Joffrey Banner était bien trop jeune pour mener tout seul ce genre d'expédition, et tous leurs efforts se concentraient maintenant sur ses possibles " collègues ". Mais en attendant, il fallait trouver un autre moyen de découvrir leur nombre exact sinon les troupes de choc ne pourraient jamais intervenir. Husser reprit son gobelet à la main et se mit à réfléchir.
¤°¤°¤°¤
" _Et c'est quoi la suite d'l'histoire ? " Demanda Joffrey.
" _La suite est que peu de temps après, j'ai découvert que mes parents n'étaient pas mes véritables parents biologiques, " reprit Kerry. " Je crois que c'est ça qui a été le véritable tournant de ma vie plus que mon divorce, je me suis aperçue que toute mon identité était construite sur de fausses bases. Et il n'y a rien de pire que ça. C'est comme si après que ma vraie mère m'ai abandonné, on m'abandonnait une seconde fois. Pour une personne qui ne l'a pas vécue c'est très dur à décrire. C'est comme essayer de décrire la guerre à qui n'en connaît que les images de la CNN, " dit-elle en jetant un rapide coup d'œil à Luka.
" _Moi j'sais c'que c'est, " admit Joffrey qui pour une fois laisser apparaître un détail de sa vie. " Mon père s'est tiré quand j'avais qu'cinq ans. "
Tous les otages observèrent un instant le jeune preneur d'otages. Il n'avait rien d'un malfaiteur, il ressemblait plus à une victime en fait. Joffrey parut un instant plongé dans un autre monde l'arme toujours à la main, puis se reprit rapidement.
" _Bon Kerry, j'crois qu't'as assez parlé. J'vais choisir quelqu'un d'autre maintenant. " Son ton était plus doux envers elle, comme si le point commun qu'ils venaient de se trouver les avaient rapproché. Il réfléchit un instant, puis pointa subitement son arme vers Elisabeth qui sursauta. " Toi la fille au bipeur, à ton tour ! C'est quoi ton nom ? "
" _Elisabeth Corday Greene. "
" _Bien, à toi ! "
" _Mais moi je n'ai rien à dire ! " Protesta la chirurgienne avec son accent anglais. " Pour être franche, tout va bien dans ma vie. "
" _Y'a toujours un truc ! " Répliqua Joffrey en colère, il n'aimait pas qu'on lui résiste.
" _Je ne vois pas ce que je pourrais dire, " renchérit-elle après que Peter lui ait lancé un regard réprobateur. " Je viens d'avoir un jolie petite fille, je suis mariée depuis peu, mon travail me plaît, ma vie est comme je l'ai toujours souhaité. "
" _T'as jamais été malheureuse, t'as jamais souffert ? C'est pas possible. " Dit Joffrey en s'approchant de la femme. Il la tira en arrière par les cheveux et plaqua le canon de l'arme sur sa tempe. Tout le monde retint son souffle. " Et maintenant, tu n't'rappelles de rien ? "
Elisabeth roulait des yeux effarées, puis avec difficulté elle parvint à articuler :
" _Si.. Si. "
" _J'préfère entendre ça, " rétorqua le garçon en la lâchant et reprenant sa place au bureau des admissions.
Maintenant tout le monde savait à quoi s'attendre si jamais ils refusaient d'obtempérer. Les arguments de Joffrey étaient plutôt convaincants : parle ou crève !
La chirurgienne reprit calmement son souffle, c'était si effrayant de voir la mort de si près. Incapable de réfléchir objectivement, elle n'arrivait pas à trouver une histoire à raconter, hormis la vérité. Elle sentait peser sur elle le regard de Peter, il voulait qu'elle parle, lui seul savait combien Elisabeth souffrait ces derniers temps. Elle frissonna en se remémorant quand il l'avait pris dans ses bras tout à l'heure, cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas senti sa chaleur. Cela lui avait manqué.
" _Il y a quelque chose qui me tracasse en ce moment, " admit-elle. Joffrey eut un sourire victorieux.
¤°¤°¤°¤
A suivre…
Adeline, j'espère que tu m'en voudras pas d'avoir repris le même prénom pour la fille de Malucci que dans ta fic " Hayastan ", mais c'est vraiment un prénom que j'adore et qui colle bien je trouve ;o)
