Treize
Chapitre VIII : Regards Croisés

Auteur : Lojie

Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.

Note de l'auteur : Et voici le tour d'Elisabeth, qui j'avoue est beaucoup plus torturée que dans les épisodes de la fin de la saison 7. Par contre, je conseille aux fans du couple Elisabeth-Mark de ne pas lire cette partie car je fais partie de leurs (rares) détracteurs. Je parle ici en tant que fan du couple Elisabeth-Peter qui m'a brisé le cœur quand ils se sont séparés, surtout quand on voit où ça a mené Peter (avec Cleo, non mais ! Quel idée !)


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12:00

Elle sentait peser sur elle le regard de Peter, il voulait qu'elle parle, lui seul savait combien Elisabeth souffrait ces derniers temps. Elle frissonna en se remémorant quand il l'avait pris dans ses bras tout à l'heure, cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas senti sa chaleur. Cela lui avait manqué.

" _Il y a quelque chose qui me tracasse en ce moment, " admit-elle. Joffrey eut un sourire victorieux. " J'ai quelques problèmes de couple avec Mark mon mari. J'ai peur qu'il ne m'ait demandé de l'épouser que parce que j'étais enceinte, et aussi parce que je l'ai soutenu quand il était atteint de sa tumeur, j'ai peur qu'en fait il pense me devoir plusieurs choses. J'ai toujours tenté d'ignorer tout cela en me disant qu'il m'aimait vraiment, mais je ne suis plus sûre de rien à présent. "

" _Pourquoi ? Qu'est-c'qui s'est passé ? " Demanda Joffrey en voyant Elisabeth stopper son monologue.

Elle surprit une fois de plus le regard pesant de Peter. Elle voulait qu'il arrête de l'observer, cela la rendait presque plus mal à l'aise que l'arme au poing de l'adolescent. Elisabeth se trouvait littéralement dans un autre monde, une dimension où il n'y avait qu'elle, Peter et le canon de l'arme, où seulement les gazouillements de Ella venaient interrompre un silence assourdissant de par sa nature. Les autres n'existaient pas.

" _Une ancienne amie vraiment très proche de Mark est revenue à Chicago. Normalement, elle reprend son travail ici dans quinze jours, c'est le docteur Susan Lewis. Il ne parle que d'elle et elle vient souvent manger à la maison. Il m'assure qu'ils ne sont plus qu'amis mais il n'a que son prénom à la bouche, Susan par-ci, Susan par-là, je craque ! Moi qui avant trouvais cette femme tout à fait charmante, je commence à la détester et je commence à détester Mark aussi. J'en suis arrivée à la fatale conclusion que lui et moi nous avons fait notre temps et que notre mariage fut une erreur. "

" _Et votre bébé aussi, " conclut trop rapidement Joffrey.

" _Ella ne sera jamais une erreur ! " Intervint Elisabeth. Elle reprit rapidement une attitude de dominée, elle venait de s'apercevoir qu'elle avait un peu trop haussé la voix. " Ella est mon soleil, et celui de Mark aussi je le sais. Quoique qu'il puisse arriver entre mon mari et moi, je m'arrangerais toujours pour que cela n'affecte jamais Ella. J'ai bien trop souffert du divorce de mes parents quand je n'étais encore qu'une adolescente. "

" _Qu'est-c'que tu vas faire ? " Demanda Joffrey se sentant curieusement concerné.

" _Je vais tout d'abord demandé des explications à Mark. Il y a longtemps que nous n'avons pas eu de grande discussion, il arrive toujours à les esquiver au dernier moment. Ensuite je verrais. "

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" _Je ne sais pas ce que je ferais si tu n'étais pas là, " murmura Mark à l'attention de Susan.

" _Je suis sûre que tu t'en sortirais très bien tout seul, Mark. Pour ça je t'ai toujours fait confiance. " Répondit-elle sur le même ton doux.

" _Je ne te l'ai jamais dit mais durant ma tumeur tes lettres m'ont été d'une grande aide. Curieusement, je n'ai jamais eu le temps de te remercier pour ça. "

Mark et Susan étaient sortis du fourgon. Le soleil de midi avait gagné un peu d'espace entre les trop nombreux nuages gris. Ils en profitaient pour manger un peu à l'air libre. Inquiet, Mark continuait de jeter des regards inquiets vers les urgences. Ella était chez une voisine. Il n'y avait pas que la prise d'otages qui l'inquiétait : il y avait aussi le comportement changeant d'Elisabeth… Et son propre comportement.

Elisabeth paraissait de plus en plus distante avec lui, leurs seules conversation se réduisaient à Ella et la météo. Il s'était aussi rapproché de Susan. Il avait conscience qu'elle l'attirait toujours autant et qu'il ne pouvait rien faire pour s'en préserver, c'était comme au premier jour. Il avait aussi remarqué la renaissance d'une profonde complicité entre Peter et sa femme. Connaissant leur passé commun, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une vive jalousie envers le chirurgien, pourtant un ami et un collègue proche. Susan remarqua son air distant et tendu.

" _Hé… Relaxe-toi un peu. Tu devrais faire du yoga, tu verras c'est super ! J'ai déjà prévu d'y emmener petit Carter, et je crois que je devrais t'y emmener toi aussi. "

Mark sourit en entendant Susan prononcer " petit Carter ". Elle le considérait encore comme le jeune étudiant en chirurgie. Mais elle s'apercevra rapidement que John n'est plus du tout cela, bien au contraire il avait gagné en maturité au détriment de sa naïveté malheureusement.

" _John a beaucoup changé. Petit Carter ne lui convient plus tout à fait, " fit remarquer le docteur Greene.

" _Oui, je sais. Toi aussi tu as beaucoup changé, " replia Susan sur un ton nostalgique.

Elle se rappelait encore des urgences le jour de son départ : Kerry voulant toujours avoir le dernier mot, Mark le meilleur ami et même plus que ça, Doug qui dès qu'il y avait une bêtise à faire la faisait, Carol partagée entre son remuant docteur et des hommes plus calmes, John le jeune étudiant gaffeur tiré à quatre épingles, Jing-Mei celle qui avait raccroché sa blouse, Maggie ayant toujours le don pour tout tourner en dérision, et enfin Peter l'armoire à glace ne se sentant nullement préoccupé par autre chose que son boulot.

Maintenant, les urgences lui étaient inconnues et elle devait s'y réintégrer. Il y avait toujours Kerry mais c'était maintenant une femme aux sentiments confus, Mark un jeune père marié rescapé d'une tumeur qui aurait dû être mortelle, Peter lui aussi devenu père mais aussi un être qui laissait beaucoup plus paraître ses émotions, John un médecin ancien toxicomane et plus distant qu'avant avec ses patients, Jing-Mei une revenante avec de grandes ambitions, Carol, Doug et Maggie étaient portés disparus. A la place se trouvait une pédiatre Cleo Finch bien ancrée à des idées sujettes à controverse, une infirmière Abby Lockhart souvent à côté de la plaque à cause de ses nombreux problèmes, un docteur Luka Kovac au passé torturé et à la présence imposante et enfin un autre docteur, Malucci plus souvent préoccupé par ses collègues féminines que par ses patients. Les urgences avaient changé de visage, à Susan de réapprendre à les connaître. C'était une autre génération mais l'esprit restait le même. Du moins, c'est ce qu'elle espérait.

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" _Qu'est-c'que tu vas dire à ton mari ? " Demanda Joffrey.

" _Je ne sais pas encore véritablement. Je pense que je lui demanderais de me dire sans mentir ses véritables sentiments envers moi et envers Susan, " répondit Elisabeth gênée que tout le monde l'écoute.

" _Et lui, s'il te demande c'que toi tu ressens ? " Rétorqua le garçon.

" _Je ne sais plus vraiment ce que je ressens pour lui. "

" _Menteuse, " répliqua Joffrey sur un ton dur.

Elisabeth resta un instant choquée par son toupet. Mais étant donné que c'est lui qui tenait l'arme, le moment de lui faire des reproches sur son éducation était plutôt mal choisi.

" _C'est vrai ", admit-elle finalement à la surprise générale. " Je mens. En fait, je me sens fautive d'avoir moi-même pousser Mark dans les bras de Susan. Je me suis aperçue un peu tard qu'il n'était peut-être pas l'homme avec qui je voulais vieillir. J'ai commencé à être distante avec lui et de plus Mark a changé. Depuis sa tumeur il n'est plus le même homme. Les détails ne trompent pas. Et aussi.. Et aussi il y a… "

Il y eut quelques murmures d'approbations. Tout le monde avait remarqué des changements chez le docteur Greene. Mais ce n'était pas ce que Joffrey avait retenu des dernières paroles d'Elisabeth.

" _Et aussi ? " Insista-t-il pour qu'elle continue.

" _Ca c'est trop dur à dire ! " Protesta la chirurgienne à bout de nerfs.

" _Tu veux quand même pas qu'j'repointe mon arme sur ton crâne pour qu'tu parles ? ! ? "

" _Non ! Non ! " Assura-t-elle de peur que Joffrey mette ses menaces à exécution. " Je vais continuer. Il y a autre chose qui m'a amené à reconsidérer mon mariage. Je n'ai pas réussi à oublier un autre homme. Voilà ! Tu es content ! "

" _Qu'est-c'qui s'est passé entre toi et cet autre homme ? "

" _Nous nous étions séparés car nous étions trop différents et que nous ne ressentions plus rien l'un envers l'autre, du moins c'était la version officielle. En vérité je sais que nous avions peur de continuer notre relation. Nous vivions dans deux dimensions différentes et vivre ensemble signifiait devoir affronter le monde de l'autre. En tous cas c'est ma version, lui je ne sais pas. Il pense peut-être autre chose. "

Le discours d'Elisabeth était flou pour beaucoup de personnes, sauf pour les " anciens ". Ils se souvenaient tous de la relation de la chirurgienne avec le docteur Benton. Elle avait eu beaucoup de courage d'avouer cela devant tant de personnes non concernées. Joffrey était un peu perdu. Il n'avait que vaguement compris de quoi elle parlait, et il ignorait que l'homme dont elle parlait était un de ses otages.

Peter Benton continuait de fixer Elisabeth. Il n'avait pas réussi à détacher ses yeux des siens depuis le début de son monologue. Après qu'elle ait décidé de rompre avec lui, Peter avait multiplié les déboires amoureux, premièrement parce qu'il n'était pas d'un caractère facile, et deuxièmement parce qu'il avait encore tendance à tout rapporter à Elisabeth. Cleo avait pourtant passé le cap difficile des premiers mois, la première depuis la chirurgienne anglaise. Mais Peter n'était pas tout à fait sûr de ses sentiments envers elle. Il savait aussi que Cleo se posait la même question et cela était mauvais signe pour l'avenir d'un couple.

" _J'ai pas tout compris, sûrement parc'que j'ignore pas mal d'choses de vot' p'tit service, " conclut finalement Joffrey. " Mais c'que tu dis a l'air vrai. Bon, on va passer à quelqu'un d'autre maintenant."

Une nouvelle fois il se mit à réfléchir longuement. Chaque otage avait l'impression de se retrouver à l'école, quand vint le moment de l'interrogation orale et que personne n'a appris son cours. Et c'était toujours à ce moment que la sonnerie annonçant la fin des cours retentissait, sauvant ainsi pas mal d'élèves des heures de colle. Et pareillement au moment où Joffrey allait désigner quelqu'un le téléphone sonna. Mais ce n'était pas pour autant que la tension retomba, bien au contraire.

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Derrière Husser, un vieux policier bougon répondait aux coups de fils d'un numéro vert mis en place. Ils avaient commencé à diffuser des annonces à la télévision pour qui pourrait fournir des renseignements, ou aurait des proches à l'intérieur et ne serait pas encore au courant. Le téléphone n'arrêtait pas de sonner, souvent des farces malheureusement. Ce policier passait son temps à raccrocher furieusement maugréant sur cette nouvelle génération de mal-élevés.

Un peu plus tôt, un couple avait téléphoné pour avoir des nouvelles d'une des otages : Jing-Mei Chen. C'étaient les parents adoptifs de son fils. Ce fut le seul et unique coup de fil sérieux qu'ils avaient reçu depuis le début. Husser désespérait. Billy piétinait dans ses recherches d'éventuels complices. L'heure tournait et les chances de survie des otages diminuaient au même rythme. Le pire était que le reste du Cook County continuait de travailler comme si de rien n'était aux étages supérieurs.

Husser savait qu'il n'avait plus le choix. Tous les autres moyens s'étaient avérés vain. Il fallait trouver un homme capable de descendre dans les urgences sans se faire remarquer. Et il avait déjà une petite idée de comment il allait procéder. En attendant il fallait gagner du temps.

Il décrocha le téléphone et attendit quelques instants. Puis il y eut un déclic et il entendit la voix de Luka :

" _Allô ? "

" _Vous pouvez dire aux preneurs d'otages que l'hélicoptère est en route. Il arrivera d'ici une heure. Pour Michael Banner, les négociations avancent, " mentit-il. " Je pense que maintenant, ils pourraient libérer quelques otages en gage de bonne foi. "

" _Ils veulent au moins voir l'hélicoptère avant de faire quoique ce soit… Et ils commencent à trouver le temps vraiment long aussi. " Prononça doucement Luka.

Husser sentait la tension du médecin dans sa voix. Il voyait bien que Luka mourrait d'envie de lui transmettre des informations, mais il avait poings et pieds liés. De nouveau l'inspecteur entendit la tonalité. Les preneurs d'otages limitaient au maximum les échanges au téléphone, et par la même occasion des indices. Les enregistrements des conversations ne donnaient aucun renseignement, même en étudiant minutieusement le fond sonore. On l'avait fait raccrocher. Il fallait agir vite maintenant.

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" _Ce policier est vraiment nul ! " S'exclama Joffrey après avoir ordonner à Luka de raccrocher. " Bon, reprenons notre jeu. Tiens, toi ! " Dit-il en pointant du doigt.

" _Moi ? " Demanda Dave.

" _Oui, " répondit le garçon. " C'est ton tour. David Malucci c'est ça ? " Ajouta-t-il en regardant sur son badge.

Le médecin hocha de la tête pour approuver. De toute façon il devait s'y attendre. A l'école les professeurs avaient toujours eut la fâcheuse tendance de toujours l'interroger, pourquoi cela devrait changer maintenant ? Sauf qu'en l'occurrence ici c'était un preneur d'otages et non un professeur, c'était encore moins rassurant. Il avait été un sacré cancre mais maintenant il n'avait plus le droit aux mauvaises réponses.

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A suivre